N° 878 ter 5 Décembre 1918 INFORMATIONS BELGES (xx) — Une première évaluation des dommages causés par les Allemands à l'industrie belge. — D'après une première enquête du Comité central industriel de Belgique, les dommages causés à l'industrie belge par l'enlèvement du matériel, do l'outillage et des matières premières^ sont évalués à 6 milliards 560 millions. Cette somme ne contient aucune évaluation des destructions d'immeubles particuliers, des amendes et des contributions de guerre imposées, par millions à la fois, aux villes et aux provinces aussi bien qu'aux simples citoyens. (xx).— Le leader du Centre allemand, Erzberger, voulait bien céder Berlin aux Alliés, mais leur rendre la Belgique, jamais. — Un des inculpés dans l'affaire Cavajlini, le pseudo-ingénieur Lorenzo d'Adda, a adressé, le 2 avril 1915, à M. Sonnino, un mémoire sur les tentatives laites par l'Allemagne pour conclure une paix séparée avec la France. D'après le correspondant particulier du Matin, (4 décembre 1918), àllome, on y apprend que dans la seconde moitié de décembre 19-14, d'Adda eut une entrevue, en Allemagne, avec le député Erzberger, leader du centre catholique qui lui dit notamment ; «. Je vous parle en mon'nom et au nom de mes amis. Vous savez que nous travaillons activement à faciliter la paix avec la France. Jagow suit nos efforts avec sympathie, mais il doit rester dans l'ombre. Vous comprendrez pourquoi. Voici ce dont il s'agit : Vous allez à Paris. Vous avez beaucoup de connaissances dans les milieux politiques, ministres, anciens ministres, etc. Eh bien ! demandez-leur s'ils sont disposés à entamer dos négociations secrètes pour chercher et préparer un terrain propice sur lequel on puisse plus tard discuter officiellement les premières conditions de paix. Vous ne pouvez pas refuser votre coopération : il s'agit d'un but noble et saint. » D'Adda déclara accepter avec grand plaisir mais vouloir connaître auparavant les bases sur lesquelles l'Allemagne serait d'accord pour traiter. Vous pouvez dire, en lignes générales », répondit Erzberger. « que nous tontines disposés à donner à la France ïAlsace-Lorraine et que nous ne demandons aucune indemnité de guerre. Par contre, la France doit reconnaître notre souveraineté sur la Belgique. D'Adda faisant remarquer que la domination de la Belgique constituait un formidable obstacle à la conclusion de la paix, Erzberger répliqua : « Ecoulez, nous pour- • rions donner Berlin à nos ennemis, mais libérer le territoire belge, jamais ! Il nous faut la Belgique contre VAngleterre. Nous pensons à l'avenir ! » Un instant plus tard l'ingénieur italien allait saluer von Jagow quil lui souhaita bon voyage et ajouta : « Revenez bientôt avec quelque nouvelle encourageante. Dans une demi-heure je recevrai quelques Américains, amis du président Wilson, qui sont venus en Europe pour travailler çn faveur de la paix. Tous les efforts sont bons et tous nous sont précieux. ■> D'Adda arriva à Paris le 3 janvier 1915 et y séjourna jusqu'au 24. Il approcha des ministres, d'anciens ministres,, des journalistes influents, des banquiers, des industriels, mais tous lui firent comprendre que le destin de la Belgique était lié à celui de la France. De retour à Berlin, d'Adda rendit compte de ses conversations en France à von Jagow. Celui-ci, pensif, répondit : « C'est impossible, nous continuerons la guerre et advienne que pourra ! Ne savez-vous donc pas que notre état-major est déjà contraire à l'idée d'une cession pure et simple de l'Alsace-Lorraine ! Comment pourrions-nous le persuader d'abandonner aussi la Belgique ! » Vers le milieu de février 1915, d'Adda se préparait à retourner à Paris lorsqu'il fut confidentiellement informé par un membre du gouvernement français que le général Galliéni le ferait arrêter dès son arrivée. Il eut alors l'idée d'y envoyer son ami, le commandeur Cavallini, qui avait habité la'capitale de la France pendant dè longues années et y avait de nombreuses relations dans tous les milieux. Ce dernier continua, en effet, les démarches commencées par d'Adda. Au milieu de mars, Cavallini, accompagné de Bolo, vint rejoindre d'Adda à Zurich, où arriva également Erzberger. Celui-ci déclara que l'état-major allemand était toujours contraire à la cession de l'Alsace-Lorraine et que, pour la Belgique, l'Allemagne maintenait son point de vue intransigeant. >

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