Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 16 Juni. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Konsultiert 19 April 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/s46h12zq72/
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Mercredi 16 juin 11)15 IE5> cenlimes le numéro 59me année - N° 167 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; t fr. pour six mois ; 3 fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, RUE JDE FI_,^2STiJK.IÏiJ 3, G^HST-L TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. Avis officiels de l'autorité allemande Gand, le 14 juin 1915. Etappen Inspection 4. AVIS. A la commune d'Erpe. sur le territoire de laquelle la tombe d'un soldat allemand tué a été profanée par l'arrachement de la croix tombale etla destruction du tertre, une amende de 3000 marks a été imposée par décision du commandant supérieur de l'armée. Ceci est porté à la connaissance du public par le chef du gouverne-nien. civil, von Keudell, Regierungsrat. AVIS. Dorénavant toutes les peaux de vaches, génisses, hœufs, taureaux et chevaux, de même que les peaux de veaux, moutons et chèvres doivent être livrées à la succursale de la ,i Kriegsleder-Aktieniesellschaft » rue des Bœufs, 17, Gand. Gare-Gand-Est, par l'entremise ses syndicats et marchands du rayon de la Cominandature de l'Etape. I.e paiement des peaux se fera immédiatement lors de la livraison ef au comptant par la société ci-dessus men-tionnée. (Et. T. Bef. 361 3). Gand, le 9 juin 1915. Le Commandant de l'Etape. Epidémies et hygiène Les pessimistes, — et qui de nous, depuis quelques mois, ne l'est plus souvent qu'à ses heures? — les pessimistes se plaisent à remarquer avec amertume que le progrès est une chimère, puisque tout l'effort humain tourne, !en tin de compte, au profit de la guerre. 11 est [vrai :la navigation sous-marine, la télégraphie sans fil et l'aviation elle-même, que des utopistes acclamaient jadis comme l'instrument de Il'harmonie universelle, concourent aujourd'hui à rendre plus atroces les moyens de carnage. Pourtant, la science n'a pas complètement failli à ses promesses, et si elle aggrave aujourd'hui certains maux, elle en atténue et en éloigne beaucoup d'autres. Dans les guerres passées ce n'était pas sur les champs de bataille qu'il tombait le plus de victimes, c'était plus loin, et plus tard. Le manque de soins aux blessés et aux malades, l'absence d'hygiène dans 'es camps et dans les villes faisaient que, pendant des années, des épidémies et des infirmités de tous genres décimaient les populations : là où passaient des armées surgissaient aussitôt le typhus, la petite vérole noire, la dysenterie, le choléra, la peste.... Or, voici que, depuis des mois, à quelques lieues de nous, se livrent les combats les plus meurtiers de l'histoire, et la santé publique demeure excellente. Félicitons-nous que, sur ce point du moins, l'humanité ait réalisé un progrès véritable, et que nous n'ayons pas connu les terreurs folles par où passèrent nos pères à chacune des grandes épidémies. Nous pouvons à peine nous faire une idée de ce qu'étaient ces paniques. La crainte de la mort arrêtait partout la vie : plus de travail, plus de commerce, plus de projets, plus de plaisirs. Dans les villes, et par les campagnes, c'était «ne fuite éperdue; mais la contagion allait plus vile que les fuyards, et elle frappait également riches et pauvres, citadins et paysans. Durant le moyen-âge, c'était la pesle qui répandait le plus de ravages; au XVII' et au XVIIIe, ce fut la petite vérole noire : elle sévit sur-lout épouvantablement pendant les guerres de la Révolution; et, au XIX1' siècle ce fut le choléra. Il ne faut pas être très vieux pour se souvenir de la dernière apparition du fléau en Belgique, -c'était en 1865, — et de l'insuffisance des pratiques médicales de ce temps. Impuissants, les plus célèbres docteurs eux-mêmes s'en remettaient à des remèdes de bonne femme. Depuis, la médecine et l'hygiène ont réalisé des prodiges, si bien que le choléra, la petite vérole, la Mort rouge, le typhus lui-même peuvent être presque infailliblement évités ou tout au moins combattus. Pourtant, l'éducation publique n'est pas parfaite sous ce rapport et trop de gens méconnaissent encore, notammenl, les bienfaits de la vaccine. A ses débuts celle-ci fut accusée, avec quelque raison, de faire autant de mal que de tfien ; on avait pu constater, par exemple, de nombreux cas de tuberculose vaccinale. Mais depuis l'adoption de la méthode inaugurée par le docteur Warlomont, de Bruxelles, tout danger de contamination par le vaccin a disparu. Cette méthode consiste, on le sait, dans l'inoculation des génisses avec du « cow-pox » naturel, des passages successifs permettant d'entretenir des foyers vaccinifères ne présentant aucun danger. La lymphe ainsi obtenue est ensuite mélangée à de la glycérine qui assure sa conservation en même temps que sa purification. L'efficacité de la vaccine comme agent préservatif de la variole n'est, pour ainsi dire, plus mise en doute par personne. Elle s'affirme d'ailleurs puissamment par les chiffres. En Allemagne, avant 1875, la mortalité par la variole était de 24 pour cent mille habitants. Après 1875, époque où la vaccination devint obligatoire, cette mortalilé tomba à 2,23 pour cent mille habitants et devint nulle dans l'armée. Quant à la fièvre typhoïde, sa contagion peut être facilement enrayée par les précautions hygiéniques : épuration des eaux, désinfection, par le sulfate de fer, des linges et ustensiles servant à des typhiques, aération et ventilation abondantes, etc. C'est pourquoi nous pouvons attendre avec plus de tranquillité qu'autrefois les menaces d'épidémie qui sont l'inévitable conséquence des guerres. Rappelons nous pourtant qu'en cette matière surtout « prévenir vaut mieux que guérir », et redoublons de vigilance pour que nous soient épargnés de nouveaux maux. ECHOS Juges consulaires Un arrêté du gouverneur général décrète que les élections pour le renouvellement des membres des tribunaux de commerce n'auront pas lieu cette année. Les mandats prenant fin en 1915 seront prolongés juqu'à nouvel avis. Les huiles de graissage Un arrêté du gouverneur général en Belgique décide que les fournitures d'huiles de graissage se feront,en Belgique, par l'entremise du << Bureau central des huiles de graissage » à Anvers, qui dépend du chef de l'administration près le gouverneur général. La répartition de ces huiles se fait avec l'aide de la direction des mines à Liège, Mons et Charleroi. Le « Bureau central des huiles de graissage» désigne un certain nombre de maisons du pays qui, seules, ont le droit et l'obligation de livrer des huiles de graissage aux consommateurs.Les noms de ces maisons seront publiés dans le << Bulletin officiel des lois et arrêtés pour le territoire belge occupé » par les soins du « Bureau central des huiles de graissage ». - Ces maisons doivent observer les prescriptions du « Bureau central », spécialement celles concernant le traitement et la répartition des huiles et l'obligation de vendre aux prix fixés Les détenteurs d'huiles de graissage qui ne sont pas au nombre des maisons mentionnées à l'article 2 ne peuvent vendre leurs huiles qu'à ces maisons. Les frais nécessités par le fonctionnement du « Bureau central » seront couverts par les maisons désignées conformément à l'article 2, selon les instructions spéciales du « Bureau central ». Les contraventions seront punies d'une amende de 5.000 francs au plus et l'huile, ob-jut de la contravention, pourra être confisquée. La peine sera déterminée par le gouverneur général qui décidera également s'il y a lieu de confisquer l'huile. Si la confiscation n'est! pas possible, elle sera remplacée par le versement de la contre-valeur de l'huile ou, si cette valeur ne peut être établie, par le versement de la somme qui semblera équivalente. LA GUERRE Sur ie front occidental Communiqué officiel allemand W. f. B. Berlin, 14 juin. — Entre Liévin et An as les Français ont subi de grandes pertes, l'ondani ia journée, des colonnes d'attaque turent a plusieurs reprises refoulées par notre feu d artillerie. Le soir suivirent deux violentes attaques en lignes compactes contre nos positions sur la hauteur de Lorette et sur ie Iront Neu-vnte-Koclincourt.L'ennemi fut partout repoussé avec des pertes sérieuses, loutes tes positions sont restées dans nos mains. De faibles attaques au canal de i'Yser furent facilement repoussées. Au sud-est de Hébuterne les combats d'infanterie n'ont eu que peu de résultats. Les assauts contre les positions conquises par nous en Champagne ont é.é entravés dès le début. Communiqués officiels français Paris, 12 juin (15 heures). — 11 n'y a rien à ajouter au communiqué d'hier soir. Au Nord de Loretie, dans la région du fond du Buval et dans la région du « Labyrinthe », nos troupes ont fait de nouveaux progrès. Ce matin un brouillard épais a régné dans le secteur au Nord d'Arras. Paris, 12 juin (23 heures). — Dans la région au Nord d'Arras, lutte d'artillerie particulièrement violente sur le plateau de Lorette. L'ennemi, dans tout le secteur d'Aix-Noulette-Ecurie, a cherché par un bombardement continuel à gêner l'organisation des positions que nous avons conquises. Notre artillerie a riposté sur les tranchées et les batteries ennemies. Dans la région de la ferme Toutvent, au Sud-Est de Hébuterne, l'ennemi a lancé une contre-attaque qui a été enrayée. Rien à signaler sur le reste du front, si ce n'est une action d'artillerie assez vive dans le secteur à l'Est de Reims et sur le front de Perthes-Beau-Séjour. Bombardement de Pont-à-Mousson Paris, 13 juin. — D'après une nouvelle du Temps, Pont-à-Mousson a été violemment bombardé avant-hier. De grands dégâts ont été causés. Plusieurs personnes ont été tuées et blessées.Sur le front orientai Communiqué officiel allemand W. T. B. Berlin, 14 juin. — Près de Kuczo-winia, au nord-est de Szawle, nous avons pris quelques positions à l'ennemi. 3 oftciers et 300 hommes prisonniers. Au sud-est de la route Mariampol-Kowno nous avons attaqué les premières lignes russes, 2 officiers, *313 hommes prisonniers. L'armée Mackensen a pris l'offensive sur un front de 70 km. de ses positions entre Czerniawa et Sieniani.Elle a commencé l'at taque contre les positions ennemies sur tout le c front et a pris 16.000 Russes. Les attaques de 1 Linsingen et de Marwitz ont également été c couronnées de succès. « . $ Communiqué officiel autrichien Vienne, 14 juin. — En Galicie sud-orientale, les troupes de l'armée Pflanzer progressent c toujours victorieusement. Après des combats j acharnés, les localités de Tysmenica, Tlumacz j et les hauteurs au Nord d'Olesza ont été prises. l Au Sud de Czernelica, le combat est en cours. j De nouvelles attaques russes contre Zaleszi- r zyki ont été repoussées avec des pertes san-glantes pour l'ennemi. Avançant de la Buko- r vine, au delà de la frontière de l'Empire, nos troupes refoulèrent les Russes hors de leurs j fortes positions préparées le long de la frontière. Dans la poursuite, plusieurs endroits de É la Bessarabie furent occupés. Hier, 1,500 prisonniers sont tombés dans les mains des poursuivants.( Au Dnjetr supérieur, les troupes coalisées attaquent efficacement dans la direction vers Ly- ' daczow, où des forces considérables russes dé- ( tiennent le Dnjestr méridional. En Galicie centrale, une attaque de troupes 1 austro-hongroises et allemandes amena la prise de Sieniawa et, après une défense contre de vigoureuses attaques ennemies, tous les points d'appui au Nord-Est de la ville furent pris d'assaut. A cette occasion, nous fîmes 3,500 prisonniers. Pour le surplus la situation est inchangée.Communiqué officiel russe Pétrograde, 12 juin. — Dans la nuit du 10 juin et le lendemain matin, les Allemands ont renouvelé, après un bombardement violent, leurs attaques acharnées à l'Ouest de Schaulen, b contre la ligne du front qui s'étend du village • Koujy au lac Dan Rakiewoo jusqu'au village de Einoretzi. Pendant la nuit les Allemands parvinrent à plusieurs reprises à quelques endroits jusqu'à nos abatis de fil de fer barbelé. Dans la région au Nord de Schaulen un ■] détachement ennemi, composé principalement r de cavalerie, et arrivant de l'Ouest, s'avança ^ un peu dans la direction de Schokinowo. [ A la rive gauche de la Dubissa, nous primes l'offensive, depuis Schauliany jusqu'à Belygola, contre des forces allemandes qui s'avancèrent sur ce front et nous obtînmes un succès dans la matinée du 10 juin. 1 L'ennemi bombarda Ossowiecz dans la soireé [ du 9 juin. En Galicie l'ennemi continua le 9 et le 10 juin ses attaques dans la région de Mosziska. Sur la rive droiie du Dnjestr, nous pressâmes, dans les mêmes journées du'9 et 10 juin, l'en-nemi sur la ligne du front entre les rivières de Tismenicza et Siwka. L'ennemi envoya dans cette région, dans la direction de Stryj-Mikola-sow, un train blindé et cinq automobiles blindées appuyés par de i'infanterie ; mais ceux-ci 1 durent se retirer. ' ' A la rive gauche du Dnjestr des combats acharnés se sont développés dans la nuit du 10 juin, sur le front Goleschow-Bukachowec, ' autour des villages de Goleschow, Lapcine, ' Nowochierce, Wischnuwe et Koszara et qui, comme nous l'avons déjà annoncé, se sont terminés par un recul de l'ennemi. Il fut jeté au delà j du Dnjestr. < Des attaques de l'ennemi le 9 juin, contre la : tête de pont près d'Halicz, ont été repoussées. ( Le déploiement de nos troupes sur la ligne du ' Dnjestr,en amont de Halicz, nécessita une modi- 1 fication correspondante du front de nos troupes, ' qui occupaient la ligne du Pruth. Pendant l'exé- ' ution de cette manœuvre, nos troupes opérant à Est de Stanislau, évacué sans combat par nous, éfirent une attaque allemande près de Podlug. êur ie front italo-autrichien Communiqué officiel autrichien A l'isonzo, il y a eu de sérieux combats ces leux derniers jours, notamment près de i-'iawa. .a tentative y exécutée le 11 juin par la brigade ?avenna, afin de prendre les hauteurs riverai-les, se termina par la retraite de l'ennemi, -lier tôt les Italiens passèrent de nouveau la ivière. Après de vioients combats, nos troupes larvinrent à refouler l'ennemi qui fut constam-nent renforcé et à conserver solidement dans es mains ses propres positions devant lesquei-es gisent plus de 400 tués italiens. Aux territoires de frontière de la Carinthie t du Tyrol, les combats d'artillerie commuent. Exploits d'aviateurs Rome, 13 juin. — Télégramme de l'Agence s.efani : Samedi après-midi, à 1 h. 30, deux ivions ennemis ont jeté des bombes sur Mola li Bari et ensuite sur Poligerana. Les aviateurs urvolèrent alors Monopoli et jetèrent égale-nént des bombes. (Les trois villes prénommées ont situées entre Bari et Brindisi, sur la Médi-enrannée. ) Aux Dardanelles Communiqué officiel turc Constantinople, 13 juin. — Dans la nuit du ; 1 au 12 juin, l'ennemi, qui tenta à diverses eprises d'attaquer près de Sedd-ul-Bahr notre lile droite, a été refoulé sur ses anciennes posi-ions avec des pertes considérables pour lui.Le natin du 12 juin, l'artillerie ennemie prodigua >:ès de Ari-Burnu une grande quantité d'obus, ans obtenir le moindre résultat. En Albanie Proclamation de la république dans l'Albanie centrale L'Italia apprend de Scutari que le mufti de 'irana, Mossa Effendi, qui avait été à la tête du riouvement insurrectionnel contre le prince de Vied, vient de se faire proclamer président de a république de l'Albanie du Centre. En mer Londres, 12 juin. (Reuser). — Le vapeur de lèche anglais « Sabwin » a été coulé hier à 'embouchure de la Tamise par un sous-marin illemand. L'équipage a débarqué à Northshield. * * Londres, 11 juin. — Le vapeur « Otago » est orpillé. L'équipage a été débarqué à Shields. Le vapeur russe « Dania », venant d'Archan- ;el, a été torpillé dans la mer du Nord. # * # Londres, 13 juin. — Le bateau de pêche < Waagi », de Grimsby, a été torpillé dans la ner du Nord par un sous-marin allemand. /équipage a été sauvé. # • Grimsby, 13 juin (Reuter). — Le toueur i Plymouth » a été torpillé par un sous-marin. /équipage a été sauvé. * * Ipswich (Suffolk), 13 juin. — Le « East An-llian Daily Times » annonce qu'un navire avec les marchandises en ballots a été torpillé il y a luelques jcurs près d'Aldeburgh, à la côte «rientale de Suffolk, par un sous-marin ennemi, -e navire jaugeait 3,000 à 4,000 tonnes et ve-lait de Buenos-Aires. Une auje nouvelle dit |u'il s'agit du « Lenetra », déplaçant 3,027 onnes. * * Feuilleton du Journal de Gand 18 Le Comte DE Monte-Cristo par ALEXANDRE DUMAS Une violente secousse éloigna le ba.eau du bord, quatre rameurs nagèrent vigoureusement vers le Pilon. A un cri poussé de la barbue, la chaîne qui ferme le port s'abaissa, et ûantès se trouva dans ce qu'on appelle le Prioul, c'est-à-dire hors du port. Le premier mouvement du prisonnier, en se •rouvant en plein air, avait été un mouvement de joie. L'air, c'est presque la liberté. Il respira ^nc à pleine poitrine cette brise vivace qui apporte sur ses ailes toutes ces senteurs inconnues de la nuit et de la mer. Bientôt cependant " poussa un soupir; il passait devant cette Réserve où il avait été si heureux le matin même Pendant l'heure qui avait précédé son arrestation, et, à travers l'ouverture ardente de deux fenêtres, le bruit joyeux d'un hal arrivait jusqu'à lui. Dantès joignit ses mains, leva les yeux au ciel et pria. La barque continuait son chemin; elle avait dépassé la Tête de Mort, elle était en face de l'anse du Pharo; elle allait doubler la batterie, c'était une manœuvre incompréhensible pour Dantès. — Mais où donc me menez-vous? demanda-t-il à l'un des gendarmes. — Vous le saurez tout à l'heure. — Mais encore... — Il nous est interdit de vous donner aucune explication. Dantès était à moitié soldat; questionner des subordonnés auxquels il était défendu dè répondre lui parut une chose absurde, et il se tut. Alors les pensées les plus étranges passèrent par son esprit : comme on ne pouvait faire une longue route dans une pareille barque, comme il n'y avait aucun bâtiment à l'ancre du côté où l'on se rendait, il pensa qu'on allait le déposer sur un point éloigné de la côte et lui dire qu'il était libre; il n'était point attaché, on n'avait fait aucune tentative pour lui mettre les menottes, cela lui paraissait d'un bon augure; d'ailleurs le substitut, si excellent pour lui, ne lui avait-il pas dit que, pourvu qu'il ne prononçât j point ce nom fatal de Noirtier, il n'avait rien à craindre? Villefort n'avait-il pas en sa présence anéanti cette dangereuse lettre, seule preuve qu'il y eût contre lui. 11 attendit donc, muet et pensif, et essayant de percer avec cet oeil de marin exercé aux ténèbres et accoutumé à I espacé dans I obscurité de la nuit. On avait laissé à droite l'île Ratonneau, où brûlait un phare, et tout en longeant presque la côte, on était arrivé à la hauteur de l'anse des Catalans. Là les regards du prisonnier redoublèrent d'énergie ; c'était là qu'était Mercédès, et il lui semblait à chaque instant voir se dessiner sur le rivage sombre la forme vague et indécise d'une femme. Comment un pressentiment ne disait-il pas à Mercédès que son amant passait à trois cents pas d'elle? Une séule lumière brillait aux Catalans. En interrogeant la position de cette lumière, Dantès reconnut qu'elle éclairait la chambre de sa fiancée. Mercédès était la seule qui veillât dans toute la petite colonie. En poussant un grand cri, le jeune homme pouvait être entendu de sa fiancée. Une fausse honte le retint. Que diraient ces hommes qui le régardaient, en l'entendant crier comme un insensé-? Il resta donc muet et les yeux fixés sur cette lumière. Pendant ce temps la barque continuait son chemin; mais le prisonnier ne pensait point à sa barque, il pensait à Mercédès. Un accident de terrain fit disparaître la lumière. Dantès se retourna et s'aperçut que ia barque gagnait le large. Pendant qu'il regardait, absorbé dans sa pro pre pensée, on avait substitué les voiles aux rames, et la barque s'avançait maintenant poussée par le vent. Malgré la répugnance qu'éprouvait Dantès à adresser au gendarme de nouvelles questions, il se rapprocha de lui. et lui prenant la main . — Camarade, lui dit-il, au nom de votre conscience et de par votre qualité de soldat, je vous adjure d'avoir pitié de moi et de me répondre. Je suis le capitaine Dantès, bon et loyal Français, quoique accusé de je ne sais quelle trahison ; où me menez-vous? dites-le, et, foi de marin, je me rangerai à mon devoir et me résignerai à mon sort. L egendarme se gratta l'oreille, regarda son camarade. Celui-ci fit un mouvement qui voulait dire à peu près : Il me semble qu'au point où nous en sommes il n'y a pas d'inconvénient, et le gendarme se retourna vers Dantès : — Vous êtes Marseillais et marin, dit-il, et vous me demandez où nous allons? —• Oui, car, sur mon honneur, je l'ignore. — Ne vous en doutez-vous pas? — Aucunement. — Ce n'est pas possible. — Je vous le jure sur ce que j'ai de plus sacré au monde. Répondez-moi donc, de grâce! — Mais la consigne? — La consigne ne vous défend pas de m'ap-prendre ce que je saurai dans dix minutes, dans une demi-heure, dans une heure peut-être. Seulement vous m'épargnez d'ici là des siècles d'incertitude. Je vous le demande comme si vous étiez mon ami, regardez ; je ne veux ni me révolter ni fuir; d'ailleurs je ne le puis : où allons-nous ? — A moins que vous n'ayez un bandeau sut les yeux ou que vous ne soyez jamais sorti du port de Marseille, vous devez cependant deviner où vous allez? — Non. — Regardez autour de vous, alors. Dantès se leva, jeta naturellement les ye-' sur le point où paraissait se diriger le bateau, et à cent toises devant lui il vit s'élever la roche noire et ardue sur laquelle monte comme une supe^fétation du silex le sombre château d'If. (A suivre).

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire gehört zu der Kategorie Liberale pers, veröffentlicht in Gand von 1856 bis 1923.

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