Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 20 Juni. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Konsultiert 28 März 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/0p0wp9x88g/
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Dimanche 20 el lundi 21 juin 1915 JE> centimes I numéro .. . » S»*8 année — !\° 171-172 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; \ fr. pour six mois ; 2 fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, ïtU-fcL. J_ LU "b S-I-À- in bt.tr , 3, GaN i. TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journf LA GUERRE Sur ie front occidenfaS Communiqué officiel allemand W.T.B. Berlin 18 juin. — Les efforts en vui de rompre nos lignes au nord d'Arras ont conti nué vainement. Les Anglais subirent au non du canal La Bassée une nouvelle défaite. Leur1 troupes d'attaque furent anéanties. M'est d'Angres, près du cimetière au sud di Souchez, et au nord d'Ecurie les Français si sMl introduits dans de petites parties de no: positions. Immédiatement au nord de la hauteur de Lo retle, nous avons abandonné volontairement ui morceau de tranchée qui était cerné par le feu di l'artillerie ennemie. Partout ailleurs, toutes le: attaques ont été repoussées. Depuis le 7 juin, au nord d'Arras, nous avon: pris 17 officiers et 647 soldats. En Champagne les alliés subissent égalemen des pertes graves. Dans PArgonne nous avons repoussé de fai bles attaques. Près de Vauquois se livrent d< petits combats locaux. Les combats dans les Vosges à l'ouest di Metzeral continuent. Communiqués officiels français Paris, 15 juin (23 heures). — Suite. — El représailles du bombardement par les Allemand: de villes françaises et anglaises, l'ordre a éti donné de bombarder la capitale du Qrand-Duchi de Bade. A 3 heures du matin, 23 avions son partis pour Karlsruhe. Bien que gênés par li vent du nord est, ils sont arrivés au-dessus di la ville. Ils ont lancé 130 projectiles sur le: objectifs qui leur avaient été indiqués, notam ment sur le château. Les appareils ont ét< violemment canonnés. Tous sont rentrés, sau deux. Paris, 16 juin (15 heures). — Les troupes bri tanniques ont enlevé, dans la journée du 15 une ligne de tranchées à l'Ouest de la Bassée Ken à signaler sur le reste du front. Paris, 16 juin (23 heures). — Au norc d'Ypres, les troupes britanniques se sont empa rées d'une ligne de tranchées ennemies. Le? gains réalisés à l'ouest de La Bassée n'ont pi êire maintenus. Dans le secteur au nord d'Arras, nous avon: gagné du terrain sur divers points, notammen ! à l'est de Lorette. Au sud d'Arras, l'ennemi à violemment boni bardé les positions qu'il a perdues dans 1< région de la ferme Toutvent, mais sans pronon cer d'attaque d'infanterie. A la ferme Quennevières, après avoir repoussf plusieurs contre-attaques ennemies, nous avon< étendu nos gains. La ville de Reims a été bombardée, i'ennein a lancé une centaine d'obus dont plusieurs incendiaires. Dans les Vosges, nous avons réalisé des progrès sur les deux rives de la Haute Fecht. Nous nous sommes rendus notamment maîtres de l« hauteur du Braunkopf. Au cours de la journée du 15, quelques bombes ont été lancées sur Nancy, St.Dié et Belfor par des avions ennemis opérant isolément. A Nancy, quelques personnes appartenant à la population civile ont été atteintes. La guerre aérienne Paris, 17 juin. — Les journaux annoncenl qu'un aéroplane allemand a survolé Baises-les-Bains, près d'Epinal, et y a jeté des bombes. Des aviateurs allemands ont jeté cinq bombes sur Gérardmer. Le dégât matériel ici a été relativement considérable. Comme l'annoncent les journaux de Nancy, une escadrille de Taubes allemands tenta de survolerNancy. Deux Taubes durent s'en retourner; les deux autres jetèrent dix bombes sur divers quartiers de la ville. Trois personnes ont été tuées et quatre blessées. Paris, 17 juin. — .Le « Temps » annonce : un avion allemand a jeté 4 bombes sur Belfort, les dégâts causés sont insignifiants. Des aviateurs allemands ont lancé 6 bombes sur Lunévi'le, occasionnant des dégâts peu importants.; Le-casque pour l'aimée française ; Lyon, 16 juin. — On annonce de Paris aux journaux : L'introduction du casque daus l'ar-- mée française sera décidée dans les premiers i jours. Des essais d'un caspue en acier ont donné : des résultats satisfaisants. Le casque offrirait i une protection contre les éclats d'obus. Le casque aurait une nuance gris-bleu clair, adéquate i à l'uniforme. Communiqué officiel anglais Londres, 16 juin. — Le feld maréchal Sir John French publie en date du 16 juin : Le 15 juin, nous nous sommes emparés d'une ligne de tranchées d'une longueur de 1 1/2 kilomètres sur le front allemand près de Festubert. Nous n'avons toutefois pu la maintenir en raison d'une contre-attaque vigoureuse. Dans la région d'Ypres, nous avons attaqué ! la position ennemie près de Hooge. Nous avons ; occupé la première ligne de tranchées sur s un front de 900 mètres. La contre-attaque alle- > mande a été repoussée. Sur îe front oriental > Communiqué officiel allemand WTB. Berlin 18 juin. — La cavalerie alle- ; mande rejeta des divisions russes à l'est de la route Cykowiano-Szwale. Une forte attaque russe contre la ligne de la Dwina écnoua. Nos troupes repoussèrent l'ennemi contre le secteur Tanew. Les autres divisions de l'armée Mackensen jetèrent les Russes battus jusque dans leur posi-I tion préparée de Grodeck. (Ligne Narol-Miasta- Nagierow-Wereszycabach). ; Au Dniester (nord-est deStryj), la-situation n'a i 'p'as~cha'nge7~ Communique officiel autrichien Vienne, 18 juin. — Hier aussi, les armées ' russes défaites ne purent se maintenir nulle par;. Dans la Galicie centrale, elies continuèrent sur tout le front, couvertes par une ar-1 iëre-garde considérable, la retraite dans la direction nord-est et est. Les armées coalisées les poursuivent vigoureusement. Au nord de ! Sieniawa. nos troupes avanceni par Cieplice et i Çewkow et refoulèrent hier des lorces considérables russes qui se trouvaient encore sur le territoire galicien, au delà de la frontière de i'empire, en leur infligeant des pertes considérables. En contact à l'est, les troupes coalisées a;teignirent hier Lubaizow, prirent aux Russes, après un violent combat, Niemirow et avancent plus loin vers Janow. A la route de Lemberg, les troupes de l'armée Boehm refoulèrent encore dans la soirée des arrière-gardes russes considérables près de Wc.lczuchy. au delà de la Wereczyca et prirent d'assaut à minuit la partie occidentale de Gra-dek. Au sud de Gradek, la rive occidentale de la Wereszyca fut également débarrassée de l'ennemi. Au sud du Dnjetr, la situation est généralement inchangée. Communiqué officiel russe Pétrograde, 16 juin. — Dans la région de Szawle par de changement essentiel: les combats continuent. Au front du Narew, l'ennemi exécuta dans la nuit du 14 juin une attaque, dans la direction de Myschinetz et Walk, e entreprit également dans le courant de la jour née plusieurs attaques locales dans la régioi de Praschnisch, attaques que nous avons toute fois repoussées. Les Allemands ont repris l'offensive en Gali cie, après avoir amené de nouveaux renforts qu parurent pour la première fois au front, dans 1: région de Jaroslaw et sur la rive droite du San appuyés par une artillerie très considérable Après des combats acharnés de trois jours, nou: abandonnâmes à l'ennemi un peu de terrain su la rive droite de la Lubaczowka et de la Wiezna Au Dniester, nous avons exécuté, le 13 juin des contre-attaques sur la rive gauche de 1; Tysmienitza et du Strij. Le même jour, les Allemands attaquèrent li secteur au sud de la tête de pont d'Idaschow e prirent la localité de Rtjguzno. Aux heures ma finales du lendemain, nous exécutâmes uni contre-attaque et reprîmes les localités de Ro guzno et Luzarkow. L'ennemi continua soi attaque contre la tète de pont, près de Nizniow en y mettant des forces considérables et un< nombreuse artillerie. Entre le Dniester, le Pruth et la ville d< Czernowitz, nous nous sommes retirés au-deli de la frontière de l'empire. Sur te front itaio-autrichier Communiqué officiel autrichien Sur le front de l'Isonzo, nos troupes repous sèrent près de Plava plusieurs attaques avec de; pertes considérables pour l'ennemi. Dans l( territoire rocheux du Krn, les combats dei troupes de montagne continuent. A la frontièri de la Cannthie, rien d'essentiel ne s'est passi hier. Au Tyrol, des poussées en avant enne mies contre Tillia-Cher-Joch, dans le territoin de Tofane, près de Tre, Sassi, Buchenstein e au Mont-Coste, à l'est de Folgaria, ont étt repoussées. Communiqué officiel italien Rome, 16 juin. — A la frontière du Tyrol, di Trentin et du district de Cadora, nous procédons peu à peu à l'occupation des points dominants Abstraction faite du feu à longue distance d< son artillerie et de deux-i"attaques contre le sommet de Valone, dans la vallée supérieure di Piave, entreprises le 13 juin, l'ennemi n'a pas donné dans ce secteur des signes appréciable; d'activité. - Les efforts de l'ennemi ont été plus vifs e plus puissants pour percer près de Garnia e pour s'emparer des cols que nous occupons, L'action a été spécialement intense contre le sommet du Mont-Avostavis et contre celui dt: Monte-Croce. A cet endroit, l'ennemi a effectué, dans la matinée du 14 juin, une attaque. Il a été repoussé. Des combats d'artillerie à longue distance ont eu lieu dans la région du Monte-Nero, contre San Locno et Kosliak, et le long de l'Isonzo. Près de Podgora, sur le Mont-Forlino et sur le canal de Monfalcone, des reconnaissances exécutées ensuite ont montré avec plus de précision combien sont importants les travaux de défense que l'ennemi a faits sur l'Isonzo. Ces retranchements comprennent plusieurs séries établies les unes dernière les autres et sont formés par des murs de pierres ou de béton ; ils sont, en outre, blindés et possèdent des réflecteurs et des fusées. L'ennemi dispose enfin d'un réseau très étendu de communications téléphoniques, télégraphiques et optiques. De fortes pluies sont tombées hier. Elles ont modifié les conditions de vie dans les camps et ont provoqué un abaissement sensible de la température. 1 Aux ûardarîeiies ; Communiqué officiel turc Constantinople, 17 juin. — Au front des Dardanelles, notre aile gauche a détruit, le matin du 15 juin, par son feu d'artillerie, un aéroplane ennemi qui fut endommagé en survolant notre position en face d'Ari-Burnu et fut forcé d'atterrir derrière les tranchées ennemies. Hier, rien d'important ne s'est passé près d'Ari-Burnu et près de Sedd-ul-Bahr. Nos batteries de la côte au détroit ont bombarde près de Sedd-ul-Bahr les positions de l'artillerie ennemie, ainsi que ses troupes et ses colonnes de transport. Elles firent sauter une voiture de cette colonne. De source anglaise Londres, 15 juin. Reuter. — Dépêche particulière de source anglaise sur les Dardanelles : « La situation à Gallipoli s'est développée en une guerre de tranchées. La situation est favorable, mais les progrès, étant données les difficultés du terrain, sont lents. £n mer t Londres, 15 juin. — (Reu.er). — Le vapeur « Argyll », aiiant de Hu!I à Londres, ayant du poisson à bord, a été torpillé et coulé dans la mer du Nord. Quatre hommes de l'équipage ' sont arrivés à Harwich; ils onî amené le cadavre du capitaine. # * ; Londres, 17 juin. — On annonce de Milford-! haven à Lloyd : Le vapeur anglais « Strathnaïrn », 2,812 ; tonnes nettes, a été torpillé la nuit dernière, en route de Penarth à Archangel, à la côte de Pembrokesniri. Le capitaine et 12 hommes se j sont noyés. Londres, 17 juin. (Reuter). — Le vapeur anglais « Trafford », en route de Cork à Sydney, a été coulé hier dans la mer d'Irlande par ' un sous-marin allemand. L'équipage a été sauvé. * ! * * Londres, 16 juin. — Lloyd annonce : Les vapeurs de pêche « Pitrel », « Explorer ». et « Japonica », d'Aberdeen, onî été coulés le 4 et 5 juin par dès sous-marins. Londres, 16 juin. — Le ministre Asquidi a déclaré aujourd'hui à. la Chambre des communes que les pertes de la flotte anglaise s'éièvent depuis le commencement de la guerre à : officiers : tués, 519; blessés, 181; manquants, 74; — homnes : tués, 7,696; blessés, 2,262; manquant, 2,785. L'Etna an activité On a constaté à l'Observatoire d'Uccle que le volcan Etna est en activité. A Catane - et à Messine on redoute une catastrophe semblable à celle qui en 1906 a dévasté la Sicile et la Calabre. Après le tremblement de terre qui, il y a quelques semaines, a ravagé Avezzano el a amoncelé des ruines en plein centre de l'Italie, la nouvelle menace n'est pas de nature à calmer les inquiétudes des Italiens. En Sicile, la lerre tremble et les secousses sont observées dans lous les observatoires du monde par le sismographe. Celui consiste en une série de quatre appareils placés dans les caves d'une dépendance de l'observatoire. On sait que, grâce à la sensibilité des sismo graphes, le moindre trouble qui se manifeste sur n'importe quelle partie du globe est immédiatement connu dans tous les observatoires. Le prix de huit mois de guerre Le D Elementos Hantos, qui compte parmi les plus hautes personnalités du monde financier, a établi un tableau montrant l'augmentation de la dette des différents pays dans la période comprise entre 1er août de l'année dernière au 31 mars dernier. L'Autriche-Hongrie a vu sa dette s'augmenter de 5,850,000,000 de fr. (£ 234,000,000). La dette de l'Allemagne, au début de la guerre,était de £ 1,284,000,000 et est montée de 579 millions à la fin de mars sans comp^r un emprunt de 9 milliards de marks. La Turquie a vu monter sa dette de £ 121,000,000 à 143,000,000. La dette nationale anglaise, en ne comptant pas la dette des colonies, atteignait 732,000,000 £ au début de la guerre et s'est augmentée de 430,000,000 à la fin de mars. La France avait une dette de 1,250,000,000 livres qui s'est augmentée de 446,000,000 livres sterling. La Russie avait une dette de £ 955.000,000 qui s'est augmentée de 550 millions de livres. La det;e nationale belge s'est augmentée de 40,000,000 livres; celle de la Serbie de 17,000,000; celle du Japon de 33,000,000 et celie du Monténégro de 125,000 livres sterling. Le total de l'augmentation des dettes des différents pays en guerre se montj à 2,250,000,000 de livres sterling, soit plus de 56 milliards de francs! En Russie Impôt de guerre sur les couvents On parle en Russie d'instituer un impôt de guerre sur les couvents. Ceux-ci possèdent de grandes richesses et ont d'immenses revenus, ce qui permet d'espérer une rentrée de 2,000 millions de roubles dans les caisses de l'Etat. En Albanie Les progrès des Serbes Des nouvelles arrivées de Durazzo annoncent que les troupes serbes ont occupé Tirana après un combat qui a duré plusieurs heures. A Haïti Mouvement révolutionnaire Le consul norvégien à Port-au-Prince (Haïti) télégraphie que le gouvernement haïtien a déclaré en état de blocus les ports du cap Haïti et du Fort Liberté, à raison d'une révolution qui a éclaté dans la partie méridionale de l'île. ECHOS Les Conseils provinciaux La disposition de l'article 44 de la loi provinciale du 30 avril 1836, selon laquelle les Conseils provinciaux se réunissent de plein droit en ses-s on ordinaire le l'juillet, à 10 heures du matin, est mise hors de vigueur cette année par l'autorité allemande. Les machines-outils monstres 11 paraît, d'après une revue allemande consacrée aux questions techniques, que ce n'est nullement en Amérique, mais en Allemagne que l'on construit les machines-outils les pius gigantesques. Ainsi, une fabrique de Berlin a fourni des machines à tourner le fer — désignées sous la dénomination de « Karusseldreh-baenke » — qui ont 12 mètres de diamètre et pèsent 400,000 kgr. La paroi transversale —n———■—a Feuilleton du Journal de Gand 20 Le Comte r\ ir Monte-Cristo PAR ALEXANDRE DUMAS — Voici votre chambre pour cette nui;, dit-il; '' est tard, et M. le gouverneur est couché. Demain, quand il se réveillera et qu'il aura pris connaissance des ordres qui vous concernent, peut-être vous changera-t-il de domicile; en attendant, voici du pain, il y a de l'eau dans cette cruche, de la paille là-bas dans un coin : c'est tout ce qu'un prisonnier peut désirer. Bonsoir. Et avant que Dantès eût songé à ouvrir la '"uche pour lui -répondre, avant qu'il eût remarqué où le geôlier posait ce pain, avant qu'il * fût rendu compte de l'endroit où gisait cette wuche, avant qu'il eût tourné les yeux vers le c°in où l'attendait, cette paille. destinée à lui servir de lit, le geôlier avait pris le lampion, et, ''fermant la porte, enlevé au prisonnier ce re-"c! blafard qui lui avait montré comme à In j lueur d'un éclair les murs ruisselants de sa prison.Alors il se trouva seul dans les ténèbres et dans le silence, aussi muet et aussi sombre que ces voûtes dont il sentait le froid glacial s abai-ser sur son front brûlant. Quand les premiers rayons du jour eurent ramené un peu de clarté dans cet antre, le geôlier revint avec ordre de laisser le prisonnier où il était. Dantès n'avait point changé de place. Une main de fer semblait l'avoir cloué à l'endroit même où la veille il s'était arrêté, seulement son œil profond se cachait sous une enflure causée par la vapeur humide de ses larmes. 11 était immobile et regardait la terre. Il avait ainsi passé toute la nuit debout et sans dormir un seul instant. Le geôlier s'approcha de lui, tourna autour de lui", mais Dantès ne parut pas ie voir. Il lui frappa sur l'épaule, Dantès tressaillit et secoua la tête. — N'avez-vous donc pas dormi? demanda le geôlier. — Je ne sais pas, répondit Dantès. Le geôlier le regarda avec étonnement. — N'avez-vous pas faim? continua-t-il. — Je ne Sais pas, répondit encore Dantès. , — Voulez-vous quelque chose? — Je voudrais voir le gouverneur. Le geôlier haussa les épaules et sortit. Dantès le suivit des yeux, tendit les mains vers la porte entr'ouverte, mais la porte se referma.Alors sa poitrine sembia se déchirer dans un long sanglot. Les larmes qui gonflaient sa poitrine jaillirent comme deux ruisseaux; il se précipita le front contre terre, et pria longtemps, repassant dans son esprit toute sa vie passée, et se demandant à lui-même quel crime il avait commis dans cette vie, si jeune encore, qui méritât une si cruelle punition. La journée se passa ainsi. A peine s'il mangea quelques bouchées de pain et but quelques gouttes d'eau. Tantôt il restait assis et absorbé dans ses pensées, tantôt i! tournait tout autour de sa prison comme fait un animal sauvage enfermé dans une cage de fer. Une pensée surtout le faisait bondir : c'est que. pendant cette traversée, où, dans son ignorance du lieu où on le conduisait, il était resté si calme et si tranquille, il aurait pu dix fois se jeter à la mer, et, une fois dans l'eau, grâce à son habilité à nager, grâce à cette habitude qui faisait de lui un des plus habiles plongeurs de Marseille, disparaître sous l'eau, échapper à ses gardiens, gagner la côte, fuir, se cacher dans quelque crique déserte, attendre un bâtiment génois ou catalan, gagner l'Italie ou l'Espagne, et ds là écrire à Mercédès de venir le rejoindre. Quant à sa vie. dans aucune contrée il n'en était inquiet : partout les bons marins sont rares; il parlait l'italien comme un Toscan, l'espagnol comme un enfant de la Vieiile-Castille ; il eût vécu libre, heureux avec Mercédès, son père, car son père fût venu le rejoindre; tandis qu'il était prisonnier, enfermé au château d'If, dans cette infranchissable prison, ne sachant pas ce que devenait son père, ce que devenait Mercédès, et tout cela parce qu'il avait cru à la parole de Villefort : c'était à en devenir fou; aussi Dantès se -roulait-il furieux sur la paille fraîche que lui avait apportée son geôlier. Le lendemain, à la même heure, le geôlier rentra, — Eh bien ! lui demanda le geôlier, êtes-vous plus raisonnable aujourd'hui qu'hier? Dantès ne répondit point. — Voyons donc, dit celui-ci, une peu de courage ! désirez-vous quelque chose qui soit -, n;;. disposition? voyons, dites. — Je désire parler au gouverneur. — Eh ? dit le geôlier avec impatience, je vous ai déjit dit que c'est impossible. — Pourquoi cela, impossible? — Parce que. par les règlements de la prison, il n'est point permis à un prisonnier de le demander. — Qu'y a-t-il donc de permis ici? demanda Dantès, ' — Une meilleure nourriture en payant, la promenade, et quelquefois des livres. — Je n'ai pas besoin de livres, je n'ai aucune envie de me promener et je trouve ma nourriture bonne; ainsj je ne veux qu'une chose, voir le gouverneur. — — Si vous m'ennuyez à me répéter toujours la même chose, dit le geôlier, je ne vous apporterai plus à manger. — Eh bien ! dit Dantès, si tu ne m'apportes plus à manger, je mourrai de faim, voilà tout. L'accent avec lequel Dantès prononça ces mets prouva au geôlier que son prisonnier serait- heureux de mourir; aussi, comme tout prisonnier, de compte fait, rapporte dix sous à peu près par jour à son geôlier, celui de Dantès envisagea le déficit qui résulterait pour lui de sa mort, et reprit d'un ton plus adouci : -— Ecoutez : ce que vous désirez là est impossible; ne le demandez donc pas davantage, car il est sans exemple que, sur sa demande, le gouverneur soit venu dans la chambre d'un prisonnier; seulement, soyez bien sage, on vous permettra la promenade, et il est possible qu'un jour, pendant que vous vous promènerez, le gouverneur passe : alors vous l'interrogerez, et, s'il veut vous répondre, cela ie regarde. — Mais, dit Dantès, combien de temps puis-je attendre ainsi sans que ce hasard se présente?(A suivre).

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire gehört zu der Kategorie Liberale pers, veröffentlicht in Gand von 1856 bis 1923.

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