L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1914, 20 November. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Konsultiert 23 April 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/hq3rv0f21m/
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jêr© Année N». 28. ÎO Centimes Vendredi 20 Novembre 1914 L'ECHO BELGE L'Union fait la Force. •Journal Quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées su bureau de rédaction : N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chel: Gustave Jaspaers. ( Charles Bernard, Charles Herbiet, Comité de Rédaction: ] Gustave Peellaert, René Chambry, ( Emile Painparé- Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du journal: N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: I77S. Abonnement I En Hollande fl. 1.50 par mois, payable par anticipation J Etranger fl. 2.00 „ „ Une Mauvaise Cause. C'est, nous qui avons attaqué l'Allemagne». Il n'y a rien de tel que de répéter un mensonge pour qu'il devienne la vérité, si, bien entendu, on entend par vérité tout ce qui est généralement admis. C'est nous qui avons attaqué l'Allemagne.., Telle est la vérité allemande. De la vérité allemande, nous, Belges, n'avons cure. Mais il y a les neutres, certains neutres, qui, participant dans une mesure plus ou moins grande de la ©ulture allemande, admirant cette culture et ne pouvant admettre que le peuple dont elle émane puisse faillir, font chorus et disent; ce sont les Belges qui ont attaqué l'Allemagne. Entendons-nous: La petite Belgique ne s'est pas jetée sur le colossal empire germanique à la façon dont un roquet fonce sur un mâtin. Notre rôle a été moins he-roïque et moins ridicule, plus perfide et plus intéressé. Nous avons consenti à servir d'instrument à la politique de revanche dô la France, aux ambitions démesurées et à la haine sournoise de l'Angleterre. Et si le peuple belge a été dupe, son gouvernement, certes, a été complice. Nous croyions avoir à satiété démontré l'inanité de cette thèse qui ne tient pas un instant devant la réalité des faits. Mais c'est encore un des secrets de la force de l'Allemagne que cette foi absolue, candide, dans tout ce qui peut servir la cause allemande, fut-ce l'absurde et l'odieux. Encore une fois ce ne sont pas les Allemands que nous voulons convaincre mais ces neutres qui ont fait de la conviction allemande leur conviction. Et o'est pourquoi nous relèvons ce nouveau racontar auquel la très officielle ,,Norddeut-sche Allgemeine Zeitung" veut bien prêter l'appui de sa publicité; .Donc, un ingénieur allemand, directeur d'une usine française (Ah! combien Léon Daudet avait raison dans son Avant-Guerre!) à Onnaing près de Valenciennes, a fait cette déclaration: „Jusqu'au 1er août, tout demeura tranquille dans les environs de l'usine. J'appris la nouvelle de la mobilisation de mon caissier. Je m'adressai aussitôt au bourgmestre pour lui demande quelles mesures il comptait prendre pour notre protection. „Une réunion du conseil municipal eut lieu le soir même, à 8 heures. Un conseiller général du département du Nord y assista. Là on m'assura que je pouvais être provisoirement tranquille. Le conseiller général dit que 150.000 hommes se trouvaient à Maubeuge et qu'il y en avait également 150 000 à Givet, prêts à envahir l'Allemagne en passant par la Belgique. Le conseiller ajouta qu'il n'avait pas à se gêner pour moi, vu qu'il croyait que je n'aurais plus pu partir." Admettons un instant que le propos soit vrai et qu'il ait été fidèlement rapporté. Ceci prouverait tout simplement que ce conseiller général n'a pas dit vrai ou qu'il a pris ses désirs pour la réalité. Le 3 août, quand les premiers uhlans ont franchi la frontière belge, il n'y avait pas 150.000 Français à Maubeuge; il n'y avait pas non plus 150 000 Fiançais à Givet. Ils n'y étaient pas même huit jours plus tard, alors que pour le salut je la Belgique, pour le salut de la France, ils auraient dû être, non plus à Maubeuge et à Givet, mais à Louvàin et à Namur. Ce n'est qu'à partir de ce moment que quelques corps d'éclaireurs, de la cavalerie principa- j lement, s'avancèrent le long de la vallée de la Meuse, dans la provincede Namur, etdansle Luxembourg. Le gros des forces françaises se trouva massé le long des Vosges, face à l'Alsace et à la Lorraine annexée, où l'état major français croyait qu'allait se développer le principal effort allemand. Selon lui l'attaque de flanc des Allemands à travers la Belgique ne devait avoir qu'une importance secondaire et revêtait plutôt le caractère d'une leinte. Même lorsque l'ennemi passa la Meuse et qu'il fût devenu évident après le combat de Haelen que l'armée belge massée à Louvain n'avait pas devant elle qu'un simple corps d'observation ou une flanc-garde mais des corps d'armée entiers les Français ne crurent pas encore que le plan des Allemands était de le^j attaquer à la fois sur la rive gauche et sur la rive droite de la Meuse avec le gros de leurs forces. Ceci ne devint évident pour eux que dans cette journée désastreuse du 22 août où l'héroïque armée du général French et l'aile gauche française durent céder le terrain à Mons et à Charleroi devant un ennemi cinq fois supérieur en nombre. Seulement une inspi-> ration de génie du général Joffre put-sauver les alliés. Il fit opérer à toute son armée une conversion qui, de l'Alsace, reportait son front vers le nord-ouest. Ceci n'alla point sans céder à l'ennemi une grande partie du territoire. La conversion était opérée le cinq septembre, le six l'armée française prenait l'offensive, du sept au douze les Allemands furent rejetés de la Marne sur les positions qu'ils occupent encore actuellement.Tels sont les faits et les racontars de tous les ingénieurs allemands, directeurs d'usines en France — et, malheureusement, ils étaient nombreux — n'y changeront rien. La preuve que les Français n'étaient pas intentionnés de jeter 300,000 hommes en Belgique, c'est qu'ils ne l'ont pas fait alors même qu'ils vtfaimt dû le faire, Mais l'évidence même ne peut rien contre des arguments dictés par la passion. Les Allemands montrent autant de ténacité dans la défense de leur mauvaise cause que dans celle, plus héroïque nous en convenons volontiers, de leurs tranchées sur l'Aisne et sur l'Yser. Charles Bernard. ,^4 — Leurs Lettres. Ce que j'ai rencontré de plus pénible, m'affirma cet ami, qui avait visité les champs de bataille en Belgique, ce sont les pauvres lettres, trouvées sur les cadavres abandonnés au milieu des campagnes dévastées. Je me souviens d'une de ces lettres, souvent relue sans dftute et toute froissée, imprégnée encore de sang frais, trouvée sur un soldat allemand, aux environs de H.... Cette lettre, que je déchiffrai péniblement, me déchira le coeur, car il s'en exhalait une souffrance infinie. Elle débutait ainsi; ,,\Varum schreibst du nicht?—" et plus loin: ,,Bitte, vorsicht; ich schicke dich hierbei zwei Mark".... Songez à la misère profonde de celle qui épargna, sans doute, bien péniblement, ces pauvres 2 marks,, pour les envoyer au malheureux, tombé loin des siens, perdu dans la foule des martyrs obscurs, pour une cause sans grandeur et sans éclat, dans un coin isolé de la Cam-pine.... Ali! ce cri déchirant me poursuivra longtemps: ,,Warum schreibst du nicht?..." ; Misère, misère Et mon ami, furtive- j ment, essuyait une larme. Leurs lettres, en effet, clament haut la détresse des pauvres êtres, entraînés par on ne sait quelles forces obscures et mauvaises dans l'horrible cataclysme qui bouleverse actuellement toute l'Eifrope. Cartes, elles dénotent toutes une vaillance rare, un courage surhumain, principalement celles des soldats des armées alliées. Ceux-ci, en effet, combattent pour un idéal frémissant, ils défendent le patrimoine de leurs pères, le sol sacré de la Patrie. Le soldat allemand n'a pas, et ne pourrait avoir cet enthousiasme. Malgré les fantasmagories politiques, dont on essaya de l'éblouir, un obscur instinct subsiste en lui, des voix sourdes lui crient que la cause servie n'est pas celle du bon droit et de la conscience nette. Cet état d'âme transparaît clairement dans les lettres des prisonniers allemands. Chez les officiers, principalement, domine cette idée: l'envahissement de la Belgique fut une faute. ,,Nous avons attaque un pays neutre et devons, maintenant, en subir les conséquences" écrit l'un d'eux; un autre dit: ,3Lorsque nous débarquâmes, nous reçûmes ,,l'ordre d'envahir le territoire belge. Cet ,,ordre n'avait ni mes sympathies, ni celles ,,de me3 camarades. Mais il était formel, ,,et force fut bien de l'exécuter". Les officiers souffrent de ne pas savoir, de ne pas être au courant des phases de la guerre qui se déroulent durant leur captivité. Chacune de leurs lettres implore des nouvelles. La guerre les obsède, c'est leur Dieu, c'est l'idée fixe qui les tourmente sans répit. Les soldats allemands, eux, semblent au contraire se désintéresser complètement des opérations militaires. Chez eux, la joie d'être encore en vie et de se sentir en sécurité jusqu'à la fin de la guerre prime tous les autres sentiments. L'un d'eux a exprimé cet état d'âme de façon lapidaire et caractéristique. En travers d'une carte postale, en lettres cambrées, il inscrivit ces simples mots: ,,Hur-rah ! wir leben noch!" La plupart semblent coulées dans le même moule, expriment, de la même manière, des pensées identiques: ,,Je vous fais savoir que je suis prisou-,,nier de guerre en Belgique. A part cela, ,,je vais tout à fait bien. Je n'ai pas été ,,blessé et nous sommes fort bien soignés. , Nous mangeons et buvonA à suffisance. ,,Espérons que la guerre se terminera bien-,,tot, et que nous nous retrouverons tous „en bonne santé." La plupart écrivent à leurs parents et à toute la famille. Plusieurs aussi à leur femme, ou à leur bonne amie. Le nombre des Friedel, Gretel, Annchen, Gustel ou Bertha en larmes, doit être considérable en ce moment. Tous insistent sur la façon bienveillante dont on les traite. D'aucuns expriment l'espoir que les prisonniers belges seront traités de la même fa-çon en Allemagne. Il y en a même qui parlent de leurs... camarades belges! La bonne nourriture semble particulièrement les émouvoir. L'un d'eux écrit, ingénûment: ,,Les 'eus sont fort aimables ici, car nous mangeons et buvons à satiété." Ce ,,car" amusant exprime bien toute l'essence de l'âme illemande; âme lourde de matérialité; âme i l'étroit dans un corps trop nourri. Ce 3car" explique bien des choses.... Cela explique peut-être aussi, que pas un d'eux n'aspire à la gloire de retourner nux boucheries, d'offrir sa misérable ,,guenille' ' en holocauste à- l'orgueilleuse Patrie. G. P. En Belgique. A Bruxelles» Le 15 novembre, un registre avait été déposé rue Bréderode aux fins de rècueillii les signatures de tous les Bruxellois désireux de témoigner de leur loyalisme enven notre souverain. Il était à peine à la disposition du public que deux officiers allemands firent irruption dans le local et ee saisirent du registre. Un fonctionnaire présent, dans un élan de profonde indignation, cria: ,,Vive le Roi !" Il fut arrêté sur le champ. Mais tous les Belges ce jour là, malgré cette défense, ont communié dans la même ferveur patriotique. Jamais cette flamme ne s'éteindra, •— voilà ce qu il appert de tout ce que nous entendons? de tout ce que nous voyons. Notre patriotisme s'est trouvé grandi, fort comme roc, indéracinable.* * * Extraits des nouvelles officielles publiées par le gouvernement( ?) allemand à Bruxelles. Ces notes ont été copiées des proclamations affichées journellement sur les murs de Bruxelles depuis le 23 octobre. 23 octobre. — Nos troupes ont avancé avec succès dans la direction d'Ypres. 25 id. — A l'Est d'Ypres nos troupee ont avancé au milieu de violents combats. . 26 id. — Au N." E. d'Ypres l'ennemi^ re çoit des renforts, ce qui n'empêche pas nos troupes d'a-vancer en plusieurs endroits. 27 id. Près d'Ypres le combat est indécis au s. o. d'Ypres nos troupes ont fait de bons progrès. 18 id. Près d'Ypres les troupes allemandes ont fait encore hier des progrès. 29 id Près d'Ypres la situation reste la même que le 27 oct. îO id. Près d'Ypres la bataille reste indécise tout en continant. 1 novbr. L'avance contre Ypres avance également (sic). 2 id. Près d'Ypres nos troupes conti nuent à marcher en avant. 3 id.- Au cours de l'attaque- contre Ypres nous avons encore gagné du terrain. 4 id. Nos attaques contre Ypres avan cent toujours. 5 id. Près d'Ypres nos attaques ont pro gressé. 6 id.. Nos attaques contre Ypres ont été poursuivies lentement, mais avec succès. 7 id. Notre offensive ou N. O. et au S. O. d'Y'pres fait de bons progrès. 9 id. Nos attaques près d'Ypres ont été continuées hier. 0 id. Malgré la plus vive résistance nos attaques contre Ypres ont progressé lentement, mais sans interruption..1 ïd. Nos attaques contre Ypres ont encore progressé lentement. [2, id. Au S. d'Ypres nous avons délogé l'adversaire du village St. Eloy. 3 id. Dans la région à l'Est d'Ypres nos troupes ont fait des progrès. * * ♦ Nous croyons êtrt agréables à nos lecteurs, en eur communiquant le texte des deux procla-nations ayant trait aux gardes-civiques de la capitale. Avis. 1. Tous les membres de la garde civique de 'agglomération bruxelloise qui ont pris part 1 la guerre, sont sommés à se présenter le Feudi 29 Octobre 1914, entre 10 heures du natin et 2 heures de relevée, dans la cour do a nouvelle Ecole Militaire, rue Léonard de finei. Les gardes civiques auquel il serait >rouvé par les listes se trouvant en possession le l'autorité allemande, qu'ils ne se sont pas jrésentés, seront punis d'après le droit de guerre. 2. Tous les habitants de l'agglomération >ruxélloise sont sommés encore une fois par a présente à remettre jusqu'au 1 Novembre 914, toutes les armes qu'ils possèdent, à 'hôtel de ville de leur commune respective; es armes doivent être munies d'une étiquette >ortant le nom du propriétaire. Ceux qui, ontrairement aux instructions antérieures .vaient gardé jusqu'à présent leurs armes, nais qui les remettent maintenant, ne seront >as punis. Quiconque sera attrapé en posses-ion d'une arme après le 1 Novembre 1914 sera ugé d'après les lois de la guerre. Bruxelles le 27 Octrobre 1914. Le gouverneur de Bruxelles, Baron VON LUTTWITZ, Général. Six jours plus tard, le même gouverneur L'ayant pas ses apaisements, du fait des rapports de divers espions, publiait l'avis complé-nentaire suivant: Des doutes ont été exprimés, lesquels des lembres de la garde civique sont à considérer omme ayant pris part à la guerre. Par conseillent, il est arrêté: Tous les membres do la ;arde civique, aussi ceux qui n'ont pas pris art à la guerre, se présenteront à la cour de î. nouvelle école militaire dans l'ordre suivant. Jeudi le 5 novembre, ceux dont le nom commence de A, à F. Vendredi le 6 Do. ceux de G, à M. Samedi le 7 Do. ceux de N, à S. Lundi le 9 Do. ceux de T, à Z. Les heures de présentation sont de 10 h. du îatin à 2 h. de relevée (heure allemande). Bruxelles le 2 novembre 1914. A Anvers. Le correspondant particulier du ,,Cou-ant" écrit à son journal; ^Naturellement la fête du Roi Albert ne fut pas célé-rée, ici, en public. Personne même n'a osé rborer le drapeau national, à cette occa-ion. Mais du fond du cceur tous les Anver-ris, ce jour là, sans distinction, furent avec otrg ieuue «i .vaiUattt souverain* a.vçc l'ass» gracieux qui partage son trône et avec nos pauvres, pauvres soldats, qui là bas, en Flandre Occidentale, disputent pied à pied à l'envahisseur le dernier coin du sol . Belge Et à l'intérieur de mainte habitation, bien à l'abri des indiscrets, on fêta sans doute, bien tristement, la fête Royale, tandis qu'au dehors la neige, en rafales, ensevelissait la ville dans son blanc linceul... * * * Les nouvelles sont rares, à Anvers. Les communiqués officiels — ceux des alliés s'entend — que les journaux sont autorisés à ieproduire, paraissent avec un retard régulier de cinq à six jours... Les journaux eux mêmes, au moment de paraître, sentent le moisi. Certains privilégiés parviennent à se procurer des journaux du dehors, et s'empressent de les passer, sous le manteau, à leurs intimes. On les envie, mais on ne les trahit pas. * £ M » La ,,Presse" va enoourir la juste colère des autorités allemandes ! Dans un des derniers numéros de cet honorable journal, nous lisons que ,,les mortiers de 42 c.m. sont desservis (sic) par des ingénieurs de Krupp." ,,Desservis", le mot est heureux, mais il pourrait avoir des suites! * «- » Il est fortement question de ne pas recon-», struire les maisons du Marché aux Souliers, anéanties par le bombardement, suivant l'ancien alignement et de donner suite aux propositions qui avaient été faites jadis, de redresser cette tortueuse artère. * * * Un enfant de six mois à Boom, est mort d'inanition. Sa mère n'avait plus de quoi le nourir. Les docteurs Van Deuren et Van Bever, après autopsie, ont confirtné les dires de la pauvre femme. * # * Et ce pont de bateaux, nous demandez-vous? Ahi ce pont de bateaux, il fait le désespoir des Allemands ! Il est obstiné, calme, intraitable. L'Escaut est un fleuve franco-belge ; ses eaux n'ont aucun respect pour les ordres allemands. Et vous pensez si l'on en rit, sous cape, de ces essais infructueux. Comment, dit-on, les Allemands sont les premiers cavaliers, les premiers fantassins, les premiers artilleurs, les pre- i miers pontonniers du monde et ils ne sont pas capables de jeter un pont sur l'Escaut? * Les vieilles femmes de la rue Pierre Pot } disent qu'il y a un phénoijiène, une sorte de -miracle qui empêche les Allemands de me- ? ner leur oeuvre à bien. Car un pont de • bateaux, çà n'est pas difficile à établir, que j diable! Efc nos hommes des polders nous 3 l'ont bien fait voir. Ce pont était établi en ] un rien de temps et merveilleusement •-établi. Toute l'armée y a passé: il n'a pas • bougé d'un yard. Voilà ce que disent les commères dans leur grand bon sens. Mais les Allemands, qui sont très vexés . de leurs insuccès, prétendent que c'est le • manque d'ancres seul qui ne leur permet pas de mener leur tâche à bien. . ,,-Ces : ancres, disent-ils, les bateliers belges les ont laissé couler au fond du fleuve; ils en con- ^ naissent parfaitement l'endroit; seulement, ils se refusent à nous aider". Et là-dessus, les bateliers qui entendent ces propos «le s'en amuser discrètement! — Cependant, dit l'un d'eux à un Allemand, voilà plus d'un mois que vous tra- < vaillez à ce pont; il vous eût été facile, me ; semble-t-il, de faire venir des ancres de Brème ou de Hambourg1? J'ai cru, à ce moment, que le soldat ' allait le manger vif 1 II reprit pourtant ses explications, ajoutant qu'il fallait deux ancres par bateau, mais qu'on s'en passerait, j dorénavant, que d'ailleurs un gros obusier ] avait franchi le pont sans encombre. Ah I oui, sans encombre! J'étaiè présent et je vous prie de croire qu'il dansa un effroyable tango, d'autant que le fleuve, battu jjar un vent violent, se couvrait de crêtes blanches. Arrivé à mi-chemin, il s'en fallut de peu que le pont se séparaten deux tronçons égaux. Enfin, après des efforts héroïques, la pièce parvint à Ste-Anne. Mais je vous prie de croire que les soldats avaient eu chaud ! 1 Et lorsque la marée haute eût atteint i son maximum, le pont se tordit, se rompit, 1 deux de ses allèges s'en allèrent vers < Burglit, doucement, tout doucement, accompagnées du haut du promenoir de retentissants ,, D on nerwett e r ", Tout était à refaire, une fois de plus. i -y. ( A Namur. I La ville prend chaque jour un aspect plus ( calme et plus triste. Non pas que les Namurois J désespèrent le moins du monde. Après avoir vu combattre les Belges avec le courage qui ] leôr est coutumier et les ,,culottes rouges", ( comme disent les Allemands, ils no doutent . pas un seul instant du succès final. Mais, en attendant, ils sont sous le joug. La race^ wallonne, si latine, ne peut pas faire bon ménage ; avec la race teutonne; c'est d'une impossibilité totale, sans qu'on puisse jamais trouver le moindre terrain d'entente, ' Et l'on souffre en silence, à Namur Déjà, on prévoit pour bientôt la fabrication , dy, p^iûi §n qu&fttité i£suffisag.teA ce qui nous amènera scu rationnement. L'éclairage, faute do pétrole, atteindra nombre d'ouvriers et de petits commerçants, déjà si malheureux et que la misère guette impatiemment. Les soldats allemands commencent, eux aussi, à trouver le temps long. Ils n'osent pas protester, mais leur solde a été réduite de moitié! Jugez de leur mécontentement! Les travaux de réfection des fortifications se poursuivent activement. Nos forts ayant peu souffert, relativement, les Allemands espèrent les remettre en état un jour prochain. Et, en attendant, ils y travaillent avec acharnement, quasiment sans repos. La population namuroise a appris avec joie que l'Amérique lui envoyait du ravitaillement, mais on tremble, que les Allemands prélèvent des parties importantes, car on dit, — mais je ne vous donne cette nouvelle que sous toutes réserves, — on dit que dans le pays de Charleroi ils se seraient appropriés 35.000 sacs de blé destinés à la population belge. Au représentant des EtatsjUnis d'enquêter sur place. Car il faut que de'tels faits soient controuvés ou affirmés et qu'une solution définitive intervienne qui apaiserait les inquiétudes ou serait pour les coupables le commencement d'un châtiment auquel leurs chefs mêmes Poseraient pas les soustraire* • • A Nous lisons dans ,,L'Ami de l'Ordre" : Tout colportage ou mise en vente de journaux étrangers, non allemands, ou de journaux belges qui ne sont pas expressément admis à la vente, est défendu, de même que toute autre diffusion de ces journaux sans autorisation spéciale du gouvernement. Tout particulièrement, il est strictement interdit de répandre le ,,Times" le ,,Daily Mail", le .,Courrier de la Meuse" et 1' ,,ExÙ". Toute contravention à cette disposition sera punie d'une amende pouvant s'élever à 5000 francs ou d'une peine do prison pouvant atteindre la durée d'un an: éventuellement, la confiscation des biens du délinquant sera ordonnée. (Communiqué du Gouvernement.) Communiqué du Gouvernement? Est-ce que ça ne vous fait pas réfléchir? Du Gouvernement! On s'imagine qu'il doit s'agir du gouvernement belge, de ,,notre'* gouvernement. Pas du tout! C'est du gouvernement impérial allemand qu'il est question! Ah! ça! Certains journalistes seraient-ils donc faits déjà à cette situation qui n'est que temporaire? Lés Namurois, croyez-m'en, blâment, on ne I peut plus, ceux qui ont oourbé la tête. Et ils pensent que si le „Timés" est interdit et ,,L'Ami de l'Ordre" approuvé dans ce qu'il imprimo, c'est que la loyauté et la vérité se trouvent dans le journal anglais. Voilà ce qu'on pense à Namur. * A O s t e n d e. On se plaint vivement des réquisitions allemandes qui deviennent de plus en plus pressantes. En un seul jour, l'autorité réquisitionna 30,000 bouteilles de vin, 40,000 pains, un demi-million de cigares et de cigarettes, etc... Les blessés do l'Yser sont arrivés en quantité si considérable qu'on ne peut évaluer, même approximativement, leur nombre. Dos jours et des nuits entiers, ils sont arrivés empilés dans des charrettes et des automobiles. Beaucoup d'entre eux muraient en route. Dans les ambulances, la mortalité a été si forte que l'autorité militaire dut réquisitionner les hommes valides de certains quartiers pour assurer l'inhumation. Le bombardement a endommagé l'Hôtel Majestic, ou soupaient les officiers allemands, et l'Hôtel de Lyon. lies Allemands qui se promenaient en ville au premier coup de canon ont été pris d'une telle... frousse qu'ils sô sauvèrent de toutes parts, entrant dans les magasins les plus proches pour trouver asile. C'était vraiment comique... Aussi, revenus de leur frayeur, ils ne décolèrent plus contre les Anglais. Mais les habitants restés à Ostende en ont bien ri! A Liège. Voici les prix de quelques denrées.. On se rendra compte, par ces renseignements, du renchérissement lent mais progressif du coût de l'existence : pétrole, 1 fr. 25 le litre ; le pain gris, 35 à 45 c. le kg. ; pommes de i>erre, 13 à 15 fr. les 100 kgs. ; froment moulu, 50 à <52 c. le kg.; sel, de 0.7-5 à 1 fr. 10 le kg.; œufs, 5 fr. le quarteron ; lard, 2 fr. 50 le kg, ; saindoux, 2 fr. 40. * * * Les Allemands deviennent de plus en plus rigouiiMix.' Ne peuvent, sortir de Liège que les personnes allant acheter d*?s vivres aux environs. L'approche des ponts et des forts est sévèrement gardée. Ceux qui veulent quitter la ville doivent être munis de passe-ports tout à fait en règle et il est malaisé de les obtenir. m ii mm La Vraie France. Nous nous faisons un plaisir d'insérer la îèttre suivante, qui a le double mérfte d'être inédite et d'avoir été écrite, dans un style très vivant, par une jeune dame hollandaise denaissance habitant Paris et mariée à un Français. * * * On a souvent tort de juger la France sur une soi disant „élite" de snobs et d'imbéciles qui, faisant beaucoup de bruit et remplissant les journaux de leurs petits scandales, font passer leur pays, aux yeux des étrangers, pour une nation d'assez tristes individus ! Il ne faut pas croire à ces hurleurs de mauvaise vie, minorité infime qui fait beaucoup de bruit pour faire croire qu'elle est nombreuse. La vraie France, silencieuse et calme, fait son oeuvre sans tapage. Elle ne daigne même pas lever les yeux sur cette écume. Si vous l'aviez vue, la vraie France, pendant la mobilisation! Si vous voyiez tous les jours les prodiges de courage, de dignité, de charité, d'amour qu'elle déploie! Si vous voyiez les yeux sans larmes des mères et des femmes, le sourire des blessés, la sérénité des soldats qui vont partir au feu... Si* vous lisiez les lettres de ceux qui sont dans les tranchées comme mon cousin Th..., qui se bat depuis le lr octobre et qui écrit ù sa femme: „On s'amuse comme des gosses dans mon palais, mais il faut y entrer à quatre pattes!" Son palais? c'est la tranchée qu'il a aménagée j,avec le dernier confort moderne", — comme il dit! Toute cette gaîté française au milieu de la mort, et, dans les villes, cette charité fraternelle qui tend toutes les mains les unes vers les autres, abolit les distances, unifie les situations, — quelle splendide leçon d'amour et de sacrifice! J'ai deux cousines infirmières de la Croix-Rouge : il n'y a plus^pour elles ni fêtes, ni dimanches, ni repos, ni familles. Ces femmes accoutumées à une vie douillette et luxueuse sont à leur poste, sans une heure d'interruption; moi qui n' ai malheureusement pas fait d'études qui me permettent d'être infirmière, je vais voir les blessés et leur porter des douceurs. Ces chers enfants de France sont si fins, si gentils qu'on ne sait parfois si on a affaire à des hommes du monde ou à des gens du peup le. Le titi parisien, lui, est un article spécial, mais, si charmant dans la douleur! Parmi les derniers blessés, il y en avait un qui, presqu3 guéri et déjà levé, n'attirait pas mon attention autant que ses camarades, encore très malades. Et bien! il était tout à fait vexé! Ces braves sont fiers de leurs blessures. Il faut qu'ils racontent comment „ça leur est arrivé". Beaucoup brûlent de retourner au feu, surtout les jeunes. Nous avons aussi beaucoup de Belges et je dois dire que si l'on retient ses larmes devant les familles des mobilisés et devant nos soldats, nul n'a pu les retenir devant les arrivées successives de ces malheureuses victimes d'un être sans foi dans la parole donnée. Notre reconnaissance et notre admiration pour la Belgique et son grand Roi sont sans bornes. "Une de nos amis a chez lui un soldat belge convalescent. Cet après-midi il m'a reconduite au métro (il était en uniforme) et c'était touchant de voir les enfants qui jouent dans la rue l'arrêter au passage et lui tendre leurs petites menottes: „Bonjour, Monsieur, bonjour Monsieur I" On était arrêté à chaque pas! L'uniforme belge est salué avgo presque plus de respect que le nôtre. Us ont tant souffert! Je ne puis raconter ici toutes les ^atrocités dont je connais des témoins, mais la guerre turco-bulgare n'était que de l'eau de rose à côté de celle-ci. Où certains hommes vont-ils puiser de tels germes de barbarie et de cruauté? Je revois, en y pensant, la douce %ure d'un petit blessé français me disant : „Oh non madame! Nous ne pourrons jamais faire cela chez eux! On peut se tuer entre i hommes, mais les femmes, les vieillards et les enfants, — c'est sacré!" Oh! la guerre! Quelle chose maudite! Et cependant, quelle grande, quelle noble leçon ! Il a fallu cette guerre pour prouver à la France ce qu'elle valait, pour faire jaillir de son âme populaire toute la , beauté, la fierté, la fraternité qu'elle | récelait et dont on ne pourrait se douter aux heures habituelles, affadies par le tango, les potins, les scandales et les moeurs douteuses d'une littérature cosmopolite ! Si elle ne coûtait si cher en larmes et en sang, il faudrait presque la bénir pour la régénération qu'elle apporte, au milieu des souffrances. Je suis fière d'être Hollandaise. Je suis très fi ère aussi d'être Française par mon mariage, à cause de la beauté de la France, dans la douleur, à cause aussi de tout ce que j'y ai découvert d'ignoré jusqu'à ce .jour. Rien ne reste à présent de tous ces petits travers, de tous ces défauts qui surnageaient jusqu'ici. La France a la pudeur de ses vertus comme d'autres de leurs vices. Il faut une grande circonstance comme celle-ci pour qu'enfin elle se dévoile, débarrassée de ses oripeaux, nue, simple et fière! Vous savez' sans doute, que nous avons reçu à Paris plusieurs bombes allemandes? Ces messieurs montés sur „Taube" s'amusent volontiers à venir tuer*quelques femmes et quelques enfants ! Seulement, ce qui est inénarrable, c'est l'aspect de Paris à l'heure des „Taube"! Le troisième jour, lorsqu'il fut avéré que ce devenait une habitude, la Place de l'Etoile et la Concorde étaient pleines de gens qui, dès trois heures de l'après-midi, avaient apporté leurs lorgnettes et leurs pliants pour voir l'avion allemand. Si bien que nos aviateurs chargés de la chasse ne pouvaient pas tirer de peur de blesser la foule! C'est tout l'effet moral que ces randonnées ont produites sur nous! L'heure passe.... On entend parfois le canon, exercices de tir autour de Paris — Paris! Il est méconnaissable, si tranquille! Plus de luxe voyant, plus de belles mada-mes ridicules et excentriques. Nos Parisiennes soi# toujours élégantes (elles ne peuvent être autrement), mais simples et dignes! Le soir peu de lumières. Le jour, presque pas de voitures. Nos autobus sont le garde-manger de l'armée. L'autre jour, j'en ai vu passer une cinquantaine ! Quelle belle silure ils vous ont sous leur poussière et leurs grillages ! Ils venaient du front et on les saluait avec respect! Tout ce qui vient du jjfVont", de cette frontière vivante qui défend nos vies, noa foyers est devenu chose sacrée et sainte ! M. G,

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam gehört zu der Kategorie Oorlogspers, veröffentlicht in Amsterdam von 1914 bis 1918.

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