La patrie belge

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— 18 -t- f A +■ i reste bonne. Je ne savais que trop que le premier point fût vrai, mais j'ai été ravi d'apprendre le reste. On est soi-même assez mauvais juge de ces sortes de choses et il n est pas iudifférent de les entendre attester par un journal aussi sérieux et aussi bien informé que le Temps. Celle-Schloss, 17 juillet 1916. . . La monotonie de notre existence vient d'être rompue et de grands changements se sont accomplis dans la vie du château. Nous avons eu la semaine dernière une inspection minutieuse qui a duré plusieurs joui s. Puis notre commandant est parti. Le camp est placé sous une nouvelle direction. Le château est une très vieille bâtisse, dont certaines parties même out dù être étançonnées : des barrages et des sentinelles empêchent maintenant l'accès de tous les endroits où il pourrait y avoir du danger pour les prisonniers; on a muré des portes qui occasionnaient des courants d'air; des égouts ont été maçonnés; une équipe d'ouvriers fait je ne sais quel travail autour des latrines. Bref, puisque tu te préoccupes si fort de ma santé, tu apprendras avec joie que pour tout ce qui concerne l'hygiène et la sécurité, nous sommes désormais àrcliiprotégés. . Le temps ne cesse pas d'être exécrable. Cela influe beaucoup sur le moral de nombre de mes compagnons d'infortune. Mais la plupart restent fermes et courageux et attendent, patiemment, des jours meilleurs. Prison militaire. — Berlin, 13 octobre 1916. Changement à vue hier matin : le commandant du Scliloss m'a annoncé que je devais changer de résidence et que, comme il y avait urgence, le train partant à 9 h. o5, mon bagage me suivrait. J'ai « fourré » rapidement dans deux de mes valises les objets qui me tombaient sous la main et je suis parti en compagnie d'un liauptmann, d'un lieutenant et d'un sous-officier. Nous sommes arrivés à Berlin à i3 h. 1/2 et j'ai été conduit à la prison militaire, que je connaissais déjà et qui est dénommée « Nordliche militâr Arrestanstalt », Lelirterstrasse. Je croyais d'abord qu'il s'agissait d'une simple étape dans un voyage trop long pour être fait sans interruption, mais le commandant de la prison, que j'ai demandé à voir aujourd'hui, m'a dit qu'il n'en était pas ainsi. Il ignorait combien de temps je resterais interné dans son établissement. J'espère que ce ne sera pas trop long, car le fait d'être enfermé à double tour dans une cellule n'est pas précisément très gai. Le temps de la promenade dans la cour est très limité (hier une demi-heure), parce qu'il y a beaucoup de prisonniers et qu'ils ne peuvent prendre l'air qu'à tour de rôle, afin de ne pas se rencontrer. Je n'ai aucune idée du paysage environnant, car pour atteindre ma fenêtre, je devrais grimper sur la commode et je n'ai pas envie de me casser le cou. Une bonne aventure : mes valises étant restées en consigne à la gare, je n'ai pu les avoir qu'aujourd'hui; tu vois d'ici le tableau : aucun objet de toilette et rien de ce qu'il me fallait pour passer la nuit. Et encore maintenant, il me manque bien des choses qui n'arriveront qu'avec le surplus de mon bagage. Par exemple, je viens de prier l'autorité de bien vouloir me faire acheter un peigne. Tu ne peux te figurer combien il est gênant d'être privé de peigne, surtout quand on a la prétention d'être bien coiffé. N'ayant pas dormi très fameusement, je suis assez fatigué, mais bien portant et, malgré tout, de bonne humeur. P.-S. — Je viens d'être autorisé à me promener aujourd'hui La chambre de M. Max à Celle-Schloss. dans la cour pendant une heure entière, de 14 à i5 heures Le temps était bon et cela m'a fait beaucoup de bien. Prison militaire. —Berlin, 21 octobre 1916 Rien de nouveau dans ma situation. J'ignore encore pour quoi mon déplacement a dù s'exécuter d'une manière s> rapide... Je profite de mou inaction et de mou isolement poui piocher la langue allemande ; le geôlier m'a procuré les oeuvres de Schiller et je me passionne pour Guillaume Tell, pour la Pucelle d'Orléans, pour Marie Siuart et pour Wal-lenstein, dans le texte original, comme je l'avais fait à 20 ans dans de vagues traductions. Si j'avais le moral abattu, cela suffirait à me le remonter. Kurz ixt (1er Schmerz und ewig ist die Freude. Prison militaire. — Berlin, 1C novembre 1916. Depuis que je suis entre les quatre murs blancs qui encadrent présentement mon existence, il ne m'est survenu aucun événement désagréable. Il ne s'est rien passé, absolument rien. Les jours se suivent, pareils les uns aux autres. Je n'ai jamais échappé d'une manière aussi complète à la monotonie du changement. J'ai beaucoup de temps le matin, mais les après-midi sont courts. La marche autour de mon petit jardin, sous la surveillance de mon sous-officier et d'un l'actionnaire, m'occupe déjà pendant une heure (de 2 à 3 h.), et 66/100 par minute. Il n'a plu que deux ou trois fois pendant cet exercice indispensable: quelques gouttes seulement et j'avais d'ailleurs mon imperméable. Après ma promenade, je me fais une tasse de café ou de thé. Vers le soir, je prépare moi-même mon souper. (Je continue à prendre la nourriture officielle à midi, afin de pas me mettre exclusivement au régime des conserves.) Puis, comme le couvre-feu est à 10 heures, j'arrange avec soin ma couchette, sur laquelle je passe d'excellentes nuits. A cet égard, je dois me réjouir des changements qui avaient été apportés au régime de Celle-Schloss, car ils m'ont servi de transition,— comme

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