Le soir

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s.n. 1918, 22 November. Le soir. Konsultiert 19 April 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/xp6tx36430/
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I Sa» AIMEE YE1VDBK»! 22 STOVEHIBRE 1»18. FDITinn AR t- „„mû, . «*» _ ILE Sont a été particulièrement frappé par les Allemands, qui lu! ont enlevé la presque totalité de son matériel. Des 80 bons de réquisition qu'il a ou devrait avoir en sa possession, un seul constate l'enlèvement de près de 50 moteurs électriques; d'autres de 200,000 kilos de papier, qui ont été pris pour être livrés aux journaux censurés. Nous paruîtrons donc Jusqu'à nouvel ordre avec des moyens de fortune. Nos lecteurs nous excuseront. Des machines, un outillage complet ont été commandés il y a six mois aux Etats-Uaïs, et nous permettront de paraître bientôt dans des conditions meilleures que celles de 1914. Les abonnements sont provisoirement suspendus, l'ennemi nous ayant enlevé nos approvisionnements. Ils seront rétablis sous peu, notre papier arrivant à la suite de l'armée. Nous déduirons du prix de l'abonnement nouveau la valeur des mois non servis en 1914. LE SOIR iiéro provisoirement : IO centimes. 5 Demandes d'emplois (tari! réduit) . ' . 8 petltesUgnea^^a Toute ligne en plus ' Toutes autres rubriques ou annonces commerciales ' ' * o 60 Faits Dlrera (I- partie) J, * — (2»« partie) — 6.00 — (3»' partie) — 4.00 Sport et Réparations Judiciaires .... _ à 00 Nécrologies ss0 Réclames avant les annonces j'qq ■ Théâtres et Spectacles _ 8"oo Téléph. : Annonces : A 591 — Administ. : A 4738 — Réd. : A 196 et A 3549 Rédaction et Administration : 23, Place de Louvain, Bruxelles. lieux édition* , IR à 2 11. Et h ii h Notre Magistrature Notre victoire est le triomphe de la Justice Malgré le guet-apens longuement prémédite par l'Allemagne, malgré l'organisation extra-ordinairement puissante qui semblait devoir écraser deux pays inférieurs en force et attaqués lâchement à I'improviste, au mépris des traités, le salut est venu. Les peuples de l'Entente so sont jetés dans la mêlée pour tenir l'agresseur en respect, et, par leurs efforts communs, ils sont arrivés à le mettre, enfin, hors d'état de nuire. Les victimes de l'assassin sont blessées, mais 6auvées. Est-ce l'intérêt politique seul qui a poussé nos alliés à nous venir en aide? Certes, nous savons que les nations dont le gouvernement n'émane pas du peuple n'obéisst t que trop fréquemment à l'intrigue et à des intérêts d'ambition. Mais il est à l'honneur de l'Humanité de constater que dans la guerre qui prend fin le mobile qui, après l'agression de la Belgique, a fait prendre les armes aux pays qui ont assuré sa délivrance est d'essence plus haute et plus noble. N'est-ce %as du reste la gloire de notre Patrie, d'avoir, malgré son incontestable infériorité, opposé à la horde des barbares implacables et cruels la barrière héroïque de sa petite armée ? Etait-ce par intérêt qu'elle refusait à l'Allemagne le passage sur son territoire ? Personne — pas même l'Allemagne — n'a jamais osé tenter de le soutenir... Non, c'est pour la Justice et pour le Droit qu'elle est allée au-devant du martyre. Si la Justice et le Droit n'avaient pas été cyniquement défiés, nous n'aurions pas obtenu les lourds sacrifices que se sont imposés ces peuples qui, un à un, sont devenus nos alliés, nos alliés de l'Ancien et du Nouveau Monde. Car si la Justice, dans son application sociale et législative devient une notion utilitaire, elle est, dans son essence, un des apanages les plus nobles et les plus incoêrcibles de l'âme humaine; sa violation révolte la conscience des individus et des nations. Et c'est un spectacle réconfortant de voir que dans la lutte la plus gigantesque à laquelle le monde ait assisté, l'Idéal de la Justice a triomphé de la Force et des intrigues. Cet idéal a aussi trouvé des serviteurs zélés ®n dehors des champs de bataille. Combien de citoyens n'ont-ils pas été fusillés, martyrisés ou déportés pour avoir, en dépit d'un ennemi impitoyable, réalisé les ordres implacables de leur conscience ? Je ne veux g'orifler ici qu'un geste qui, en raison de la nuit et du chaos dans lesquels nous avons erré pendant l'oppression, fut diversement interprété par ceux qui ne parvenaient pas à dominer les événements. Ce geste est celui de notre magistrature. Après avoir pendant trois ans et demi, en dépit de l'arbitraire et de la tyrannie, continué à proclamer dans ses jugements ce qu'elle considérait comme, la loi, qui est l'émanation concrète, l'expression sociale, partant fugitive et parfois erronée de l'immanente Justice, notre magistrature n'a pas hésité, en février dernier, à abdiquer son rôle, parce qu'une atteinte grave y avait été portée, et parce qu'on voulait la ravaler au rang de ces fonctions serviles, Inhérentes à la psychologie odieuse de nos maîtres passagers. Elle n'a pas hésité, car cette fois le Droit violé n'était plus cette expression mobile et sujette à des interprétations, souvent byzantines, de la pensée des législateurs; il était le Droit par devant lequel toutes les consciences s'inclinent.♦ % * Quelle avait été l'attitude des tribunaux avant lévrier 1918 ? Esclaves de la loi — c'est leur mission — nos magistrats avaient cru devoir s'incliner devant l'arrêté de l'ennemi, en date du 10 février 1915, créant des tribunaux d'arbitrage appelés à trancher les conflits entre propriétaires et locataires, tribunaux dans lesquels siégeaient un Juge de paix et un représentant de chacune de ces deux classes d'intéressés. Certes, au point de vue juridique, la question pouvait être discutée, et l'on peut soutenir encore, malgré l'arrêt de la Cour de cassation, que cet édit, qui bouleversait notre système législatif sur la matière et consacrait une iniquité flagrante en interdisant aux propriétaires absents du pays de faire valoir leurs droits, ne devait pas être appliqué par nos tribunaux parce que contraire à la Constitution. Les juges de paix ont cru devoir s'incliner devant l'arrêté allemand. La Cour de cassation leur a donné raison. Mais il est regrettable de constater que parmi les magistrats il en est qui n'ont pas cru, dans certains de leurs jugements heurtant l'équité, devoir esquiver les conséquences néfastes d'un texte que leur conscience patrioti-, que eût pu assouplir, sans danger pour eux, c'est la circonstance atténuante de leur attitude dogmatique de déformés professionnels. Rares exceptions que ces pontifes inconscients. Encore importait-il à l'impartialité de cet exposé de signaler qu'elles existèrent. Mais, par contre, combien de magistrats ne révélèrent-ils pas la fermeté de leur caractère en protestant fièrement dans leurs jugements contre cet arrêté, qu'ils considéraient comme arbitraire ? A Liège, la Cour d'appel le proclame anticonstitutionnel.A Bruxelles, M. le vice-président Benoidt fut suspendu de son mandat pour avoir librement exprimé son opinion de jurisconsulte; dans de petites villes de province, là où le contact immédiat avec les kommandantur rendait plus périlleuse une interprétation indépendante d'un arrêté qu'il eût fallu appliquer sans discussion, des juges n'hésitèrent pas, au risque de leur liberté, à faire échec aux traîneurs de sabre qui prétendaient contrôler les actes de leur magistrature. L'arrêt de la Cour de cassation, en date du 20 mai 1916, donna raison aux juges de paix et décida que le décret du 10 février 1915, instituant les tribunaux d'arbitrage devait sortir ses effets en territoire belge. Qu'on ne se méprenne pas sur notre pensée ; nous avons dit qu'au point de vue du* Droit, cet arrêté pouvait être discuté ; la Cour d'appel de Liège l'avait condamné, la Cour d'appel de Bruxelles en avait admis la validité. Controverse de jurisconsultes. Et M. le procureur général Terlinden, appelé à donner son avis sur la question devant la Cour de cassation, tout en s'inclinant devant cet arrêté, considéré par lui comme légal — Dura lex sed lex — protesta, avec un tel dédain, contre la nécessité impitoyable qu'il était forcé de subir, que la morgue du patriote pour l'ennemi écartait du magistrat, contraint d'en faire respecter la loi, le fantôme même d'une apparence de pleutrerie. * * * Mais au début de cette année, lorsque surgit l'incident du sinistre Conseil des Flandres, la Cour d'appel, dans son assemblée générale, toutes chambres réunies, du 7 février, montra avec tant dé sérénité son mépris de la crainte et son imperturbable amour de la justice, que son attitude souleva, dans le monde civilisé, un tollé d'admiration, et que la presse des pays libres lui consacra des articles dithyrambiques.« Quelle 6cène, écrivait le Figaro du 11 avril, quand ces hommes en toge, assemblés en séance plénière, délibèrent et jugent dans Bruxelles occupée, comme si les Allemands n'existaient pas ! Quel spectacle incomparable de grandeur intellectuelle : les armées, la menace, l'omnipotence d'un empire ne troublent pas la Justice. Le Droit poursuit son cours imperturbable. La Force triomphante paraît un accident fortuit qui ne doit point altérer la gravité des juges... Notre jeunesse admira le Sénat romain mettant aux enchères le camp où campait Annibal. La Cour de Bruxelles égale la majesté romaine ! a Ni ces éloges, ni ces articles n'arrivèrent dans notre pauvre pays; l'opinion publique, mal informée, commenta parfois avec amertume le geste de notre magistrature, qui eut pour conséquence la suspension de l'exercice de la Justice.. Afin de dissiper jout malentendu, J1 convient —■naamin ■! ■■pbmbmbhhmuhiihi' ly wanii donc, en précisant les faits et les dates, de résumer, brièvement, les éléments du drame — ou mieux : de l'opérette cynique — dont l'apothéose fut le grand geste qui ennoblira l'histoire de notre magistrature. * * * Au cours d'un meeting organisé en janvier de cette année au théâtre de' l'Alhambra par les « aktivistes » flamands, ceux-ci, démasquant enfin leurs batteries, proclamèrent la déchéance du gouvernement du Havre, le principe de l'autonomie des Flandres, et procédèrent à un simulacre d'élection de députés et de conseillers provinciaux. Il s'agissait là, en réalité, d'un complot contre l'Etat, commis par des Belges, délit tombant sous l'application de la loi belge. Comme la Cour de cassation le fait remarquer dans sa délibération du 11 février, a ces infractions étaient d'autant plus coupables que l'occupation de la Belgique par des armées étrangères mettait obstacle à ce que l'immense majorité de la population flamande manifestât sa réprobation à l'égard de quelques particuliers sans mandat, qui cherchaient à détruire l'unité et l'indivisibilité de la patrie belge, occupée, mais subsistante... » A la suite du meeting du mois de janvier dont nous venons de parler, des sénateurs et des députés .flamands et wallons se rendirent auprès du procureur général près la Cour d'appel pour lui demander d'entamer des poursuites contre les aktivistes. N'ayant point réussi à le rallier à leur opinion, ils dénoncèrent les faits à la Cour d'appel elle-même, qui se réunit le 7 février. Elle rendit alors cet arrêt auquel fait allusion l'article du Figaro cité plus haut, arrêt aux termes duquel elle ordonne des poursuites et enjoint à son procureur général « de faire rechercher et poursuivre tous auteurs, co-auteurs et complices des faits dénoncés. » Le lendemain matin à la première heure, le procureur du Roi, M. Holvoet, accompagné d'officiers de police, procède à l'arrestation de Tack, président du Conseil des ministres des Flandres ; M. le substitut Parmentier à celle de Borms, ministre de la guerre, et M. le substitut Cornil se présente, dans le même but, chez le ministre Lambrechts, mais ne trouve pas ce personnage chez lui. Tack et Borms sont amenés au Palais de Justice et mis à la disposition du juge d'instruction Bilaut, qui interroge Tack immédiatement.Pendant cet interrogatoire, un officier allemand, en uniforme, se rend au Parquet de la Cour d'appel, et somme le procureur général de mettre en liberté les deux aktivistes. Le procureur général fait appeler dans son cabinet MM. Holvoet et- Bilaut, qui refusent d'obtempérer au injonctions du Schauer — c'est le nom de l'officier — les inculpés sont Belges, ils ont commis sur le territoire belge un délit prévu par les lois belges... Schauer se fait alors remettre les dossiers et va lui-même dans les sous-sols du Palais délivrer les deux prisonniers.Deux jours plus tard, un arrêté allemand, antidaté pour les besoins de la cause, était placardé sur les murs de Bruxelles, et apprenait à la population bruxelloise, qui n'en fut pas surprise, que les aktivistes flamands étaient placés « à la suite de l'armée allemande », et, par conséquent, à l'abri de toutes poursuites...Les événements se précipitent ; dans la soirée du 9 février les quatre vice-présidents de la Cour d'appel, MM. Lcvy-Morel, Ernst, Ca-rez et Jamar, sont arrêtés par la police allemande.Les trois premiers sont immédiatement déportés en Allemagne, tandis que le quatrième est remis en liberté pour motifs de santé. Le 11 février, à la première heure, tous les conseillers de la Cour d'Appel reçoivent un ukase du gouverneur général les suspendant de leurs fonctions. Pourquoi ces déportations, pourquoi cette suspension en mas6e ? Parce que les magistrats belgee, an poursuivant des Belges ayant commis un délit prévu par les lois belges, sur le territoire belge, s'étaient livirés — prétendait-on, rue de la Loi — à une manifestation politique ! Tels sont les faits. Quelle devait inéluctable-blement en être la conséquence. ? Un citoyen arrêté préventivement, ou condamné par un tribunal répressif, ou jugé par les tribunaux civils et de commerce, a le droit d'immobiliser l'action de la justice en interjetant appel de la décision qu'il estime arbitraire, contraire à ses intérêts, à la loi; c'est une garantie qui lui est conférée par notre constitution.Or, un des rouages de la machine judiciaire — la Cour d'appel — étant anéanti, les autres ne pouvaient plu6 fonctionner normalement. D'autre part, l'injure la plus grave était portée non seulement à la dignité de la magistrature, mais encore à cette indépendance dont la nécessité et le principe avaient été consacrés par Napoléon : a L'avantage sera de donner aux corps judiciaires une force égale à celle des autres corps et de les mettre en état de défendre l'ordre public et la liberté' civile contire l'administration, contre les militaires, contre les hommes puissants. » Aussi le 11 février, la nouvelle de la suspension par ordre des audiences de la Cour, étant arrivée dès le matin au Palais, toutes le6 audiences de tous les tribunaux, de toutes les justices de paix, de tous les conseils de prud'hommes n'ont elles été ouvertes que pour permettre aux présidents de protester contre la violence faite à la magistrature et contre rat-teinte portée à son indépendance, et pour déclarer qu'il serait sursis à toute auidience. Le même jour, la Cour de Cassation se réunit et charge son procureur général de transmettre au gouverneur von Falkenhausen P£x-pédition de sa délibération qui, en s'appuyant sur les textes de loi, proteste contre la violence faite aux membres de la Cour d'Appel et déclare que l'ingérence de l'autorité gouvernementale dans les actes judiciaires n'est compatible ni avec l'absolue indépendance des fonctions judiciaires, ni avec les lois qui continuent â régir celles-ci. Le 12 février, les juges du Tribunal de première instance se réunissent en assemblée générale et décident de suspendre leurs travaux sans abdiquer leurs fonctions. Tous les tribunaux du pays prirent la même décision. A Bruxelles il ne fut pas procédé à d'autres arrestations que celles des vice-présidents de la Cour, mais en province quelques magistrats payèrent de leur liberté le geste qui libérait leur conscience. Les barreaux, dès le début de la guerre, avaient, eux aussi, montré la plus grande indépendance vis-à-vis de l'ennemi ; et nombreux sont les avocats qui furent déportés en Allemagne pour avoir, dans des plaidoiries ou dans des correspondances avec des clients indésirables, exprimé leur opinion comme s'ils étaient en pays libre. Le bâtonnier du barreau de Bruxelles, M. Théorfor, fut ainsi banni pour avoir interdit à une brebis galeuse de l'ordre — il y a des traîtres dans tous les rangs de l'ordre social — d'accomplir pour un Allemand certains devoirs incompatibles avec la dignité professionnelle. Son successeur, M0 Botson, n'en continua pas moins, malgré la menace constante qui pesait sur lui, à défendre avec le même patriotisme et la même énergie, le privilège d'indépendance des avocats. Et c'est un hommage à rendre aux membres du barreau de Bruxelles qu'ils furent les premiers à proclamer, après le coup porté par les Allemands à nos institutions judiciaires, que l'exercice de la justice n'était plus possible. Beaucoup d'entre eux allaient cependanl ainsi au devant des plus dures privations. Alors que tous les citoyens eussent dû s'in cliner respectueusement devant le geste de la magistrature, il y en eût qui, considérant seu lement sa conséquence matérielle, la suspen sion de l'exercice de 1a. justice, le blâmèreni comme ayant porté atteinte à l'intérêt du pays. Peu nombreux furent heureusement ces gens à courte vue ; leur excuse réside dans leui ignorance des faits èxacts qui avaient entrai né la situation critiquée par eux. Tous ceux qui, dans notre pays*, avaient çon servé la notion exacte des choses, admirèrent, comme il convenait, la haute leçon que nos magistrats avaient donnée à l'oppresseur et à ses satellites. Comme en 1914, notre Patrie leur en avait donné l'exemple en répondant, malgré sa faiblesse, à l'ultimatum de ta puissante Allemagne : « Nous défendrons nos droits », tous ces hommes, malgré le rHe de l'arbitraire le plus odieux, malgré le trouble et le chaos dans lequel erraient bien des consciences obscurcies par de longues années d'oppression, avaient entendu l'appel solennel de leur conscience, et, au mépris des dangers et de la misère qui pouvaient les atteindre, ils avaient défendu nos droits avec la sérénité dont on se plaît à parer les serviteurs d'un idéal. A l'aube de ces jours de liberté renaissante, nous leur adressons notre salut d'admiration et de respect. % Maurice GILBERT. Le SOIR ne peut être vendu plus de 10 centimes. Nous prions nos lecteurs de nous signaler les vendeurs qui en demanderaient un prix supérieur. pf.tïtf. fi azëttf — ■ — — *-- • ■" » «-a La revision constitutionnelle. Puisque l'on va réviser la Constitution, il faut songer, et sans retard, à modifier les articles relatifs au traitement des ministres et à l'indemnité des députés. Comme au beau temps de 1830, les membres du gouvernement reçoivent une allocation annuelle de 10,000 florins, — 21,000 fr., — dont, depuis une décision prise par M. de Smet de Naeyer, alors ministre des finances, on déduit encore 1,500 fr. pour les contributions de l'immeuble gouvernemental occupé par le ministre ! Il serait superflu de dire que 19,500 fr. constituent pourunminïstre ayant charge de représenter le pays, de recevoir, de vivre, une allocation dérisoire. Quant aux députés, ils jouissent d'une indemnité de 4,000 fr. Or, le député gui veut bien remplir sa fonction ne peut, a moins qu'il ne soit Bruxellois, vaquer à d'autres occupations. Et s'il est juste et équitable de rémunérer convenablement ceux qui ont la mission de gouverner le pays et de légiférer, il est bon que, de manière générale, on relève chez nous l'échelle des traitements. Le jour où ministres et députés auront une indemnité convenable, fonctionnaires et employés, officiers et magistrats, eux aussi, devront être convenablement rémunérés. Ce sera donc, à tous points de vue, une mesure de sagesse, et de justice aussi. Le Te Deum. Le bruit avait couru qu'un Te Deum serait chanté samedi, à Sainte-Gudule. Renseignements pris, il n'en est rien. Le Te Deum sera vraisemblablement fl»é à un jour de la semaine prochaine. Les adieux du gouvernement belge au Havre et à Sainte-Adresse. M. Cooreman a adressé aux maires du Havre et de Sainte-Adresse la lettre suivante : .< Bruges, 16 novembre 1918. » Eloignés de leur pays par les tragiques exigences de la guerre, le gouvernement belge et plusieurs milliers de ses compatriotes ont reçu dans vos cités accueillantes une hospitalité dont le souvenir ne s'effacera ni de leur mémoire ni de leur cœur. » Grâce à l'asile que vous leur avez réservé, les réfugiés belges ont pu, sans oublier leur patrie lointaine, goûter au sein dYtnp atmosphère de sympathie un puissant réconfort dans les longues épreuves de la séparation. Chez vous, ils ont connu les joies et les tristesses de la vie; ils y ont fondé des foyers, ils y ont établi des berceaux, ils y laissent des tombes. » L'allégresse du retour au pays ne nous défend pas contre l'émotion que nous éprouvons à l'idée de quitter l'asile où nous avons passé quatre ans de notre vie. Nous ne partirons pas tout entiers. Notre gratitude vous reste : elle vous demeurera, défiant le temps» et l'oubli. Laissez-nous vous prier, messieurs les maires, de vous faire auprès de vos populations les interprètes de nos sentiments et de leur transmettre le salut de notre sympathie profonde et durable. » COOREMAN. » Rue Généra! Léman. Depuis hier, la rue des Rentiers, à Etter-beek, est devenue la rue Général Léman. Au cimetière d'Evere. Le collège échevinal a décidé de faire démolir le monument peu.esthétique dont les Allemands avaient commencé l'édification au cimetière de la ville, à Evere. Le ravitaillement des officiers logés chez l'habitant. Les Magasins communaux font savoir qu'au point de vue du ravitaillement, les officiers et les soldats logés chez l'habitant doivent être considérés comme faisant partie du ménage. La ligne Bruxelles-Anvers. On croit que le service entre Bruxelles et Anvers sera rétabli, dans des conditions évidemment restreintes, d'ici à quelques jours. Des soldats du génie ont commencé ï'examehNdes voies. Les mesures d'ordre. Il est entendu que, pendant quelque temps encore, jusqu'à ce que le calme nous ait été rendu, que le cours normal des choses ait repris, nous resterons sous le régime de • l'état de siège », c'est-à-dire qu'un général gouvernera la province ou la région, d'accord avec les autorités civiles. Nous croyons même savoir que, depuis longtemps déjà, c'est un des généraux les plus populaires de notre armée, un Bruxellois connu et aimé de tous les- Bruxellois, comme il était adoré de ses soldats, le général Jean Meiser, qui sera appelé au commandement militaire de Bruxelles. Il n'était pas possible de faire meilleur choix. Mais, en attendant l'arrivée de Meiser, qui est à Londres, l'autorité militaire a simplement laissé Bruxelles sous le régime de « l'état de guerre ». Et ceci nous a valu le placard dont nous avons parlé hier. Il date, nous le répétons, du 17 octobre dernier, date à laquelle la guerre battait encore son plein, alors que les avions sillonnaient les airs. A notre connaissance, l'armistice, signé le 11 novembre dernier, est entré en vigueur le 12, à onze heures. Ce n'est point parce que les Allemands n'en ont pas respecté les termes que nous devons continuer, maintenant qu'ils sont partis, à vivre sous le régime de « l'état de guerre ». Le peuple belge, dont l'armée triomphante a reconquis les libertés, voudrait bien, après quatre années de joug, en jouir un peu. Lui interdire de sortir après 9 heures du soir, l'obliger à éteindre les lumières, comme si l'on attendait encore des avions, ce sont là choses surannées. En attendant l'arrivée du général Meiser, nous espérons que le lieutenant-général Gillain, le chef distingué de notre état-major, qui, momentanément, viendra fixer son siège à Bruxelles aujourd'hui ou demain, abrogera, sans retard, ces décisions du 17 octobre. Notre bourgmestre lui exposera, d'ailleurs, que le bon sens et l'esprit d'ordre de la population bruxelloise, rendent superflues ces mesures extraordinaires. A notre nouveau ministre de la guerre. Des pères de famille nous écrivent : « Le Soir ne pourrait-il faire appel à l'Autorité Militaire en vue de rassurer les parent* sur le sort de leurs enfants, de nos héros? Depuis plusieurs années, nous sommes sans aucune nouvelle de nos fils qui servent à l'Armée belge, et-vous concevez l'anxiété dans la quelle nous nous trouvons. Puisque les services des chemins de fer et des postes ne sont pas encore rétablis, ne serait-il pas possible d'organiser un service de dépêches postales, tout au moins pour ies grandes agglomérations, par automobiles, voire même par aéroplanes? Beaucoup de familles voudraient pouvoir se réjouir de l'heureuse délivrance du pays, et n'osent se livrer à la joie, ne sachant si elles peuvent espérer que leurs enfants sont encore en vie. Nous serions bien reconnaissants envers le cher Soir s'il voulait attirer l'attention des autorités compétentes sur cè qui précède. » Pour ies soldats liégeois. Les officiers et soldats, qui désirent faire parvenir sans frais aucun, de leurs nouvelles à leur famille, peuvent déposer leurs lettres avec adresse bien exacte, au siège du Comité de Secours et d'alimentation de la province de Liège, rue de la Tribune, 9, Bruxelles. Nrs «vi pal'tots». Si nos glorieux soldats de Liège, d'Haelen, d'Anvers, de l'Yzer, se dénommaient communément « jass », les soldats de nos vieilles classes, eux, avaient reçu le surnom de « vi pal' tots »... Et l'on en devine bien la raison. Comme il uvait fallu d'abord équiper les combattants du front, .nos soldats que leur âge appelait dans les troupes d'étapes, ou le service de l'arrière, conservèrent pendant longtemps les vieilles tuniques, les vieilles capotes noir-bleuté du temps de paix. Il faut le reconnaître, à certain moment, ces vêtements avaient pris Taspect de défroques un peu fripées. D'où les « vi pal' tots ;> que leur avaient décoché aussitôt les Wallons gouailleurs. « Jass :> d'un cbté, » yi pal' xot » de l'autre, et ainsi s'affirma, une fois de plus le lien étroit qui unissait à l'armée Flamands et Wallons. A propos de troupes de l'arrière, rendons leur un éclatant hommage, à elles aussi, troupes d'étapes, de l'intendance, des magasins, travailleurs de nos usines de munitions, d'artillerie, d'automobiles, des poudreries, tous ont consacré au labeur de chaque jour, une ardeur que l'on ne pourrait assez louer. Les Liégeois à Bruxelles. Tous les sénateurs et députés de Liège sont partis dans des autos du Comité National, mercredi matin, pour venir à Bruxelles. Le voyage s'est effectué par Hannut, où ils ont été acclamés par la population, au milieu des troupes allemandes en retraite. A partir de Rocour, il n'y avait plus d'Allemands sur les routes. Tirleinont était vide d'Allemands, de-même que Louvain. On rencontrait seulement des autos transportant des officiers français et anglais. Chez l'avocat Kirschen. Au moment où il est question de demander des comptc-s aux juges de miss Cavell, de Bauck et de tant d'autres, il nous a paru inté-ressané de rendre visite à l'avocat Kirschen, qui fut le défenseur dévoué et généreux de ces Victimes de la tyrannie allemande. Au cours de l'entretien que nous avons eu avec lui, Me Kirschen nous a dit qu'il publierait sous peu un livre, où il relaterait les débats du procès de ces grand patriotes qui, derrière le front, ont sacrifié leur vie avec un héroïsme tout au moins égal à celui de nos soldats. Devant les Conseils de guerre allemands, tel sera le titre de cet ouvrage, où M® Kirschen nous donnera des détails aussi curieux qu'inédits, 6ur l'attitude des condamnés, sur les chefs de l'accusation, sur le caractère des membres du Conseil de guerre, sur les affaires d'espionnage et de recrutement, de collaboration à la Libre Belgique, les procès de Louis Bril, de Feyens, de l'Ecole Gatti de Gamorid. Nous avons obtenu de M® Kirschen l'autorisation de publier, dans les colonnes du Soir, un extrait de ce livre, un des plus sensationnels, puisqu'il s'agit des débats judiciaires, ou prétendument, tels, qj.ii amenèrent la condamnation à mort de miss Cavell, condamn "^'on qui eut un si grand retentissement dan, .jonde entier. Le « Moniteur des Intérêts matériels». Le monde financier et industriel a accueilli avec satisfaction la réapparition du Moniteur des Intérêts Matériels. Ce grand organe, qui était tri-hebdomadaire avant la guerre, devient quotidien. Il travaillera, avec les autres journaux sérieux, à l'épuration déjà commencée du marché financier. Cuivres et laines. A peine l'armistice fut-il signé que chacun se mit en devoir de sortir ses cuivres et ses laines des innombrables cachettes, heureux d'avoir passé par les mailles de l'administration allemande, pour se faire un titre de gloire ou même un moyen de réclame. Jeudi, déjà, quelques marchandes des quatre saisons, chantant la Brabançonne, traversaient la chaussée, de Waterloo, poussant devant elles une balladeuse chargée d'une montagne de laine, que suinmontait un drapeau belge. Comme bien l'on pense, elles obtinrent un vif succès. Un droguiste, de Saint-Gilles, expose à sa devanture, 6es cuivres « rescapés ». : une bouilloire, en cuivre, qui a conservé de son séjour dans le sol la belle patine des bronzes de Ver-rochio. A côté, un chaudron sauvé également, mais éblouissant, qui a fait peau neuve, grâce au produit sans rival X. W. Un habitant du quartier de la Chapelle expose devant ses fenêtres, un trophée ingénieusement combiné, dont les pneus de vélos, des clinches de porte en chapelet, et des laines teintes aux couleurs nationales, font les frais. Enfin, c'est à Woluwe que revient la palme. On peut voir près du boulevard de Grande Ceinture, tendu au travers de la rue, un solide fil de fer, qui soutient un vaste chaudron efi cuivre, contenant un portrait du kaiser avec cette inscription ; « A la ohaudière ! » ■ cai ii Le Nouveau Ministère est constitué LE DISCOURS DU TRONE M. Léon Delacroix est rentré mercredi de Bruges, où il avait conféré longuement avec le Roi, et arrêté définitivement la liste de ses collaborateurs.Le nouveau gouvernement comprendra : MM. Léon Delacroix, chef de cabinet, ministre des finances ; EmiTe Vandervelde, ministre de la justice: Paul Hymans, ministre des Affaires étrangères ; de Broquèvillc, ministre de l'Intérieur ; Jules Renkin, ministre des Chemins d£ fer, Postes, Télégraphes et Marine ; F. Masson, ou P.-E. Janson, ministre de la Défense nationale ; Harmignies, ministre des Sciences et des Arts ; Baron Ruzetle, ministre de l'Agriculture Joseph Wauters, ministre de rindustrie: du Travail et du Ravitaillement Edouard Anseele, ministre des Travau> publics ; H. Jaspar, ministre des Affaires économi ques ; Louis Franck, ministre des Colonies. Nous disons à Guerre : Masson ou P.-E. Jan son. En effet, à l'heure présente, et bien que depuis 48 heures, une «§.uto soit partie à sa re cherche vers la prison où l'ont relégué les Aile mands, on est sans nouvelles de M. Fulgenc Masson, qu'ont désigné tous ses amis au ohoi: du nouveau chef de Cabinet. Pour le cas où M. Masson refuserait le pos>t qui lui est offert, c'est M. Paul-Eanile Janso] qui, d'ores et diéjà, est désigné pour prendre 1 portefeuille de la Guerre. A la dernière minute, une substitution d portefeuille s'est effectuée entre MM. Jaspar * Harmignies. Celui-ci prend définitivement les Sciences ( les Arts, et M. Jaspar, les Affaires économique* Chaque ministre aura à ses côtés un coi seil de compétences, ahoisies parmi les homme spécialement qualifiés pour cet office. .. (ICI Le Roi prononcera, vendredi matin, devant les Chambres réunies, le discours du Trône, dans lequel figureront les grandes lignes du programme du gouvernement national qui entre en fonctions. La question du S.U. pur et simple à 21 ans, — le suffrage des femmes étant, nous l'avons dit, rendu possible par le texte constitutionnel, — est réservé pour la discussion de la loi électorale.Dans la séance de mardi prochain, M. Léon Delacroix, abordant la discussion du texte de la réponse au discours du Trône, prendra la parole pour exposer, dans ses détails, le programme du gouvernement. Un premier conseil de cabinet se tiendra cette après-midi, chez M. Léon Delacroix, rue de Stassart. Un détail intéressant concernant le nouveau chef du Cabinet : M. Léon Delacroix est père de 12 enfants, deux de ses fils ont été à la guerre. " C'est M. Masson qui sera ministre de la guerre „ C'est en ces tournes affirmatifs que M Paul-Emile Janson, rencontré ce matin, nous a déclaré qu'il ne pourrait accepter le portefeuille de la guerre. — C'est Fulgence Masson qui sera le ministre, nous a-t-il dit, et s'il n'est pas là à temps on l'attendra. NOUVEAUX MINISTRES D'ÉTAT M. Ad. Max, notre vaillant et admirable bourgmestre, vient d'être nommé ministre d Etat par le Roi. M. I" ranqui, qui s'est consacré avec une rare activité et une grande fermeté à la présidence du Comné National de ravitaillement, est également nommé ministre d'Etat. Le Comité National Nous avons adressé au Comité National un hommage mérité. Nous ne jugerions pas notre tâche terminée si nous ne précisions le rôle qu'il a joué, si nous ne Gitions pas les personnalités qui le créèrent et en assurèrent l'existence; On peut dire, sans exagérer, que c'est à eux que les Bruxellois durent pendant quatre ans leur subsistance et, par suite, leur sécurité. C'est encore notre grand bourgmestre, M. Adolphe Max, que nous retrouvons à l'origine de cette organisation. Dès le mois d'août 1914, M. Max avait constitué un comité international qui devait assurer l'alimentation de la capitale, puis ce fut M. Ernest Solvay qui eut l'idée d'élargir cet organisme et d'en faire bénéficier toute l'agglomération. De petits comités, sorte de succursales, s'étaient formés, qui immédiatement demandèrent l'aide du comité principal, destiné à pourvoir de vivres la Belgique entière. Celui-ci se composait d'un président, M. Emmanuel Janssens, et d'un vice-président, M. le chevalier Wouters d'Oplinter. Le comité de Bruxelles était fondé le 4 septembre. M. François dirigeait la section de secours et M. Wouters celle du ravitaillement. On fit appel aux ministres des Etats neutres, à M. Brand Whitlock, représentant des Etats-Unis, à M. van Vollenhoven, représentant des Pays-B^s. Le comité se mit en rapport avec le gouvernement anglais. M, Franqui se rendit à Londres, où il provoqua la création d'un organisme sous la présidence de M. Hoover, la «Commission for Relief», pour l'achat des denrées (comité américain). M. Franqui négocia avec M. Asquith, président du conseil des ministres, afin que les Anglais laissassent passer les vivres. A la fin du mois d'octobre, il avait obtenu du gouvernement anglais une somme de deux millions et demi et une autre de même importance, provenant d'un groupe d'Américains. Il fallait encore — et cela n'était pas la moindre difficulté — s'entendre avec les Allemands afin d'obtenir la garantie de l'immunité. On aboutit non sans peine. La « Commission for Relief » avait établi des bureaux à Londres, à Rotterdam, à New-York et à Bruxelles. Les vivres étaient achetés aux Etats-Unis et dans l'Amérique du Sud. Par Rotterdam on envoyait les marchandises aux comités provinciaux. Il existait deux sections bien différentes : la première, celle du ravitaillement, vendait tout ce qui lui était envoyé avec un léger bénéfice, et ce bénéfice était versé à la caisse de secours; l'a seconde avait pour mission d'aider les nécessiteux. Vers la fin décembre, M. Franqui se mit en relation avec le gouvernement belge. Il s'agissait de fonder le fonds de chômage, car le gouvernement belge avait des obligations à remplir : rémunération aux femmes de soldats sous les drapeaux, payement des fonctionnaires, etc. Un arrangement fut conclu : le Comité National se faisait le trésorier du gouvernement, lequel payait tous les vivres achetés. Grâce à ce revenu considérable on paya tout ce qu'il fallait payer. M. Ernest Solvay eut l'idée excellente de créer des cours dont la fréquentation assurerait l'obtention des secours. Cette idée ne put malheureusement être réalisée. L'occupant s'y opposa formellement. Quelques com-nnunes, comme Anderlecht, Molenbeek, la reprirent sous une autre forme plus atténuée. Dès le début on organisa divers services : le chômage aux ouvriers de l'industrie, la distribution des vivres, soupes, etc.- la rémunération aux familles de soldats, la remise de vêtements aux indigents. Cette dernière section se montra particulièrement active : elle donna des secours en travail et créa des comptoirs de couture, secours qui étaient plutôt un salaire. Ces comptoirs ont fait l'éducation professionnelle d'un grand nombre de prisonniers. Les ateliers ont fonc. 1 tionné jusque fin 1916. Les Allemands avaient vidé les ateliers, sous prétexte que les vêtements avaient été confectionnés avec des matières indigènes. On a constaté dans tous ces ouvroirs une offre de travail considérable, ce qui est un phénomène intéressant à noter. A Bruxelles, on occupait de 150,000 à 200,000 femmes, à Anvers 35,000. Nous citerons, parmi les autres sections, la Société coopérative d'avances et de prêts pavant les traitements des fonctionnaires; la section des abris provisoires pour les localités ravagées; l'œuvre de secours aux artistes; celle pour la protection des œuvres de l'enfance, qui a créé avec l'aide des Petites Abeilles les cantines pour enfants débiles, pour nourrissons et femimes enceintes; les œuvres des orphelins de la guerre, des réfugiés, des étrangers, des invalides de la guerre, des bibliothèques populaires. En 1916, les médecins signalaient l'augmentation des cas de tuberculose et de pré- - tuberculose. 'La Ligue contre la tuberculose - ne possédait que très peu de dispensaires et î moins encore de ressources. Le Comité Na-: tional s'inquiéta de cette situation ; il accorda à l'Œuvre de la préservation de l'en- 3 fance un subside annuel de 100,000 francs 1 d'abord, et le porta successivement à 200,000 3 et 300,000 francs. On créa partout des dispensaires, des sanatoria. Un service d'informa-+ tions fut organisé pour renseigner les autorités sur les cas dangereux. La suralimenta-l' tion fut l'objet de soins tout particuliers. ; Le Cpmité National porta tout spéciale-L1 ment son attention sur les œuvres de l'en-s fance. On généralisa les soupes, les repas scolaires, la distribution des couques de fa-I rine blanche. Grâce aux subsides distribués IX cauioiid : aïs a Z II. et u n tr h. en 1917, plus de cent mille enfants reçurent régulièrement des aliments. i On sait que les restaurants économiques furent soutenus par le Comité National, qui payait 20 centimes par repas; le complément, 40 à 60 centimes, étant versé par les comités locaux. Par les Gouttes de Lait qu'elle a créées, la Commission de protection de l'enfance secourait 80,000 enfants en bas-âge. Les cantines pour enfants débiles nourrissaient 40,000 et, en 1917, elles protégeaient 49,000 en. fants. L Œuvre des orphelins de La guerre est venue en aide la même année à 49,000 nécessiteux.On estime le nombre des gens qui ont tra^ vaillé pour l'Œuvre du vêtement à 50,000. Ce département avait à lui seul dépensé, à la fin mars 1&17, une somme de 44 millions. Le chiffre des vivres importés par le Co» mité National s'élevait à cette même date h un milliard deux cent millions... En réalité, la Belgique s'est suffi à elle-même.11 nous est venu de l'étranger, en ar^nt, 67- millions. Six millions des Ltats-Uniâ, plus des vivres et autres matières pour une sémme que ce pays estime à 62 millions. L'Angleterre a donné plus de 7 millions. L'Empire britannique, c'est-à-dire l'Angleterre et ses colonies ont fourni 55 millions au total. On voit que l'apport de ces dernières fut considérable.Les statuts du Comité National, qui furent rédiges à la suitj des négociations entamées avec les gouvernements anglais et allemand, n'autorisaient que la distribution des vivres importés. Seul le blé indigène faisait exception à cette règle. Telle fut dans ses grandes lignes l'activité du Comité National pendant les quatre ans de guerre. On ne saurait assez louer lé talent d'organisation, le dévouement cohstant des hommes d'élite qui collaborèrent à cettô œuvre humanitaire et>patriotique. Les critiques malveillantes qui lui furent adressées par des gens à la solde de l'ennemi ou par des esprits légers, incapables de faire la part des responsabilités et de distinguer l action des initiateurs de celle de leurs subordonnés. ne sauraient les atteindre. ■ > i inii n rm*-\ i\rn nni\ i\ i , n ii L AIuUtMj UL» lliUliilia La brigade des carabiniers 1er et 2e régiments, le 3e ayant pris une autre destination, a défllé ce matin, sous le commandement du général Lodts, dans les rues de la ville. Les soldats ont passé gaillardement, le tusil orné de fleurs, soulevant autour d'eux l'enthousiasme de la ioule. Les officiers à cheval répondaient par le salut de l'épée aux cris de « Vive l'armée I ■ qui retentissaient de toutes parts. Après l'infanterie venaient quelques batteries d'artillerie Les canons glorieux portaient, sur leur bouclier l'inscription « Yzer Passchett- L'excellente tenue des troupes, la bonne santé des- soldats faisaient l'objet des commet* taires admiratns de la touie. ■■ » *— — i h RMBfW Ail RURN B.IPS IlinstVlkbi MW Ce pendant que nous roulions à travers us» fin grésil, derrière les troupes britanniques qui s'étaient remises en marche, je me prenais d« temps en temps à fredonner la marche aw Rhin du Crépuscule des Dieux. Cette musiqui wagnérienne était de saison,puisque ces troupe* allaient à Cologne, mais ce n'esit pas la dépouille funèbre de Siegfried qu'elles transportaient. Elles chassaient devant elles les débris d'un® armée naguère encore monstrueusemeait puissante, qui s'est déshonorée pour toujours pafl ses cruautés et ses rapines. La ligne sur laquelle les opérations s'étaient arrêtées s'était mise à bouger le 17 novembre, Les troupes faisaient deux jours de marche pui* se fixaient sur une ligne jalonnée par l'est d'Ain* fixaient sur une ligne jalonnée par l'est d'An* vers, est d'Alost, est de Ninove, est de Haï, esC de Tubize, Obaix, Courcelles, ouest de Châle* let., Meitet. Voilà pour le front de Belgique toué au moins. Le 21, à 5 heures du matin,on repart pour atteindre une ligne passant à l'est de Tir* lemont et de Huy. Les soldats marchent all& grement dans le froid vif. Malgré leur désir d« regagner leur home définitivement, de reparv tir pour Blighty, il est certain que cette petite ex-cursion en Allemagne n'est pas pour leur dé^ plaire. Elle est la juste consécration de leur* durs efforts et comme le symbole de leur triomphe. Parmi les troupes britanniques qui voué au Rhin, je sais qu'il y a notamment les corps canadien, australien et néo-zélandais, la garde anglaise Black Watch et quelques belles divisions écossaises. Quand on vient de Sydney oa de Toronto, quelle différence sensible y a-t-il. je vous le demande, entre pousser une pointe jusque Amiens ou Cologne ? Tout cela c'est toujours l'Europe, la vieille Europe ! Voilà une division canadienne. Nous la suivons depuis un village borain où les Scotch canadians, les beaux gaillards, aux Jambes nues, ont dansé au « Grand Salon », avec des commères délurées, au son des accordéons. Depuis Frameries, où pendant les dernière» heures des hostillités les vaincus ont envoyé : P. P. C., pour prendre congé des obus à gaz . qui ont asphyxié des centaines de civils. A Mons, quel charmant spectacle de voir ies indigènes de toutes conditions sociales fraterniser, le soir, dans les cafés de la Grand'Place, avec les soldats libérateurs, dans le nuage bleu que (fait la fumée des pipes. Mons avait une place de Bavière, elle se nomme maintenant place du Canada. Dès à présent, la ville a décidé d'éiriger un monument aux Canadiens. Sur la route de Bruxelles les soldats britanniques passent dans les villages, sous des are» de triomphe de verdure, auxquels pendent de» pancartes naïves, rédigées dans un anglais touchant et plein de bonne volonté. Les vainqueurs qui entrèrent dans Soigniez Braine-le-Comte et Tubize, lundi matin, salué» par de folles acclamations, rencontrent, chemin faisant, les lamentables cortèges des évacués, français qui rentrent, des femmes, des hommes, de jeunes séminaristes attelés à des charrettes, 6ur lesquelles sont entassés de pauvres hardes, des vieillards hébétés, des enfanî$. Voilà le tri6te spectacle que nous voyons san. toutes les routes depuis deux semaines, tm1 jeune prêtre de Cambrai que nous avons transporté de Tournai à Lille, nous assurait; que du convoi dont il faisait partie, un des personnes étaient mortes en route. Le6 légions du citoyen Hindenburg, générai des armées révolutionnaires allemandes, «a1-. ront à rendre compte de cela, au mêrce tïite que les ignobles couards qui villégiaturent à Amerongen. Le peuple qui sous le coup de la défaite acclame la République rendra compte égate- ; ment des souffrances, des tortures enduite; ?" par les déportés wallons, ouvriers socialisé /.. .-dans les marais de Reck ou les mines, où oit1,* leur demandait de signer un contrat à caer-sure que montait lentement l'inondation. Républicains ou anarchistes, impérialistes ou tia-cifistes, les Allemands payeront aussi pour Ici, martyre de ces prisonniers anglais ou français, qui avaient été relâchés à Vouziers ou Braïnai le-Château, et que j'ai interrogés sur la pfcseà' de Mons ou dans la noble cathédrale de T<srri\ nai, que touchèrent deux obus. Ces prisonnïcràfj en capote brune, aux traits tirés, aux }ckmS; hâves, avaient reçu une nourriture immcœÏA et insuffisante. On les avait mis dans les rières à des labeurs de forçats. Quand parf&^J des civils belges compatissants leur apjt taient un peu de soupe, il arrivait que tM' sentinelles faisaient défiler cette soupe soi» nez des prisonniers affamés, puis la gardaàefl^ —■ pour eux. A Braine-le-Châteou, un officier allemaBdj^ voulut empêcher la libération Immédiate (Seë,

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel Le soir gehört zu der Kategorie Liberale pers, veröffentlicht in Bruxelles von 1887 bis unbestimmt.

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