Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique

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s.n. 1916, 30 Oktober. Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique. Konsultiert 28 März 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/m03xs5kj4d/
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Le salut au drapeau Cette fofs le drapeau était le glorieux étendard du 12° de Signe et parmi ceux qui présidaient à la cérémonie on voyait le général Meiser, l'héroïque soldat qui, du 15 au £5 octobre, commainia l'héroïque brigade qui arrêta l'es Allemands devant Dixmudte •— et le contre-amiral Varney qui, là-bas aussi, commandait ses sptencttetes fusiliers marins — et le généra! Wteteraans, chef d© ï'ôtat-major général de notre armé®. Et puis il v avait la musique de ce vaillant 12* de lingue, et une délégation des fusiliers marins et deux compagnies de nos grenadiers venus do Fécamp. Aux abords du ministère de la Guerre, tout le long du boulevard Altoert-I" et de l'&ve%U$ Désiré-Dehors, se. pressait une foute- «mite jamais on n'en vit à Sainte-Adresse.Officiers, soldats, hommes, femmes, enfants, Français, Anglais, Belges subirent stoïquement l'ondée pour acclamer ce drapeau glorieux et tous ces héros. Devant ta villa Louis-XVI, une estrade avait été dressée sur laquelle prirent place les autorités. Il y avait l'à., autour de l'amiral Lacaze, ministre de la Marine de France, tous nos ministres et ministres d'Etat, les membres du corps diplomatique au/ grand complet, parmi lesquels M. Ves-raiteh, ministre de Serbie près du roi Albert et du président de la République française, venu spécialement de Paris ; le préfet Talon, commissaire générai près le gouvernement belge ; le général Jungbluth ; M. In-genbleek; le sous-préfet B'enoiist ; le maire du Havre. M. Morgand ; le député Boval. commissaire général au ministère de l'a Guerre ; les députés Colaert, GiLlès de Pé-ltehy et Maurice Féron ; le général Servais ; le colonel baron Bmpain, les représentants des armées anglaises ; les autorités civiles et militaires françaises. Elles étaient entourées des commandants Biaise, Qutofin, Masure, Dupont, Bemetaans; les majors Btendiau, et docteur Smets ; le docteur Viaerte et de nombreux fonctionnaires et employés des départements ministériels. Bientôt, au milieu de vivats, survinrent les fusiliers marins, la musique, puis le drapeau du 12e, nos grenadiers de Fécamp, tous follement acclamés. Les généraux Wie'emans et Meiser, et le Contre-amiral Varney passèrent devant le front, puis vinrent se placer face au drapeau.La musique, tandis que les têtes se découvraient, salua le glorieux emblème des premières notes de la « Brabançonne » puis le contre-amiral' Varney ayant crié : — Vive la Belgique ! # ViVe te Roi ! les accents die la, « Brabançonne s'élevèrent de nouveau. Puis ce fut le général Wieiemans, chef d'état-major qui, a son tour, lança : Vive la France ! Vivent les marins de fYser ! Au milieu deis acclamations les accents dé la » Marseifflàfre » retentirent suivis du « God' Save The Ring ». Les généraux et le contre-amiral passèrent ensuite devant le front des troupes. Au passage, le général Meiser salua avec é*no-tten le drapeau du 12e, pute les troupes défilèrent, au milieu des vivats enthousiastes de la fouîe, que cette belle et simple cérémonie avait vivement émue. L'ass- mMée commémorât! ve L'après-midi devait être consacrée à une grande assemblée commémorative au Grand Théâtre du Havre. A trois heures, la vaste salle est arehi-oomhle. On y note la présence de tous les ministres et ministres d'Etat ; les membres du corps diplomatique ; les glorieux mutilés anglais, français et belges occupent le parterre ; au balcon, des officiels : plus haut, des soldats de nos armées alliées. Sur la scène, M. Schollaert préside, ayant à ses côtés les ministres de Broauevilte e* Lacaze, tes généraux Meiser et Wifelemaœ, tous les ministres. Discours de M. de Broquevilîe Chef du cabinet. Après une ouverture par la musique du 12e M. de Broquevilîe prononce te discours suivant, qu'il répète ensuite en flamand. Excellences, Mesdames, Messieurs, L'ne commune pensée, un même souvenir, êfreignent en ce moment nos cœurs, et nos lèvres émues murmurent avec respect un nom magique, évocateur d'impérissable gloire. Sans doute, chaque journée de la guerre nous apporte des récits de vaillance, dont l'écho mérite d'être transmis de génération en génération. Sans doute, le long de cette frontière vivante que constitue, de Nieuport aux Vosges, la ligne sinueuse de nos anniées, se multiplient sans cesse les actes de courage, les sacrifices sublimes, les dévouements obs-ours de milliers de combattants. Mais il est des heures où l'effort collectif emprunte aux circonstances une grandeur particulière, où la somme de vertus dépensées. s'affirntant en des luttes plus tragiques, produit des fruits particulièrement éclatants. C'est, pour ne parler que du front le plus proche, Liège, où l'armée allemande, fonçant sur la France, subit un arrêt dont les conséquences dominent la campagne ; combinée avec la ba.taille devant Anvers, c'est la Marne, où se produit le merveilleux rétablissement de la fortune française ; ce sont la Champagne et la Somme, où l'offensive des Alliés s'impose à l'ennemi ; c'était, hier, Verdun, la bataiàle des géants ; ce fut naguère l'Yser où. il y a de cela deux ans, la ruée sauvage de l'ennemi succomba sous l'héroïsme des défenseurs, accrochés au sol de la Patrie. Nous célébrons l'anniversaire de ces batailles, qui représentent à npa yeux le iustp# des armes au service du dttorIL HOMMAGE A LA FRANGE C'est ce qui, pour là première fais depuis le 4 août 1914, me détermine à prendre la parole en public. Je me réjouis grandement d'avoir à le faire ■ dans le bat d honorer les braves et de saluer à cette occasion le représentant du Gouvernement ami. La présence d'un membre si distingué du Conseil des Ministres de France est pour nous tin gage nouveau de cette inaltérable amitié dont chaque jour, à chaque heure, la France ne cesse de nous apporter le vi-: vant témoignage. Nous sommes honorés, Monsieur le Ministre, de vous souhaiter la bienvenue sur cette terre hospitalière, mise par la France à la disposition de la Belgique. Votre haute personnalité ajoute un éclat nouveau â cette solennité commémorative elle est le symbole de la fraternité qui se scelle dans le sansr des batailles; une fois de de plus, elle évoque le plus pur gentiment de gratitude chez ceux donc le baiser de la France adoucit les douleurs. Je vous prie, Monsieur 1e Ministre, de bien vouloir transmettre au Gouvernement français l'hommage des sentiments qui sont dans nos cœurs et rie lui dire combien nous lui savons gré du choix qu'il a fait en vous désignant pour le représenter ici. Messieurs., cette assemblée, qui réunit les représentants éminents des Puissances Alliées. en atteatç nous ne formons qu'un cœur et qu'une âme pour reporter l'honneur des grandes journées sur les braves qui sont tombés, sur ceux qui souffrent, sur ceux qui combattent. Déjà je crois entendre la voix de la Patrie, si lointaine et cependant si proche, rendre à l'Armée le témevgnage de l'admiration, de la reconnaissance, et prodiguer à ceux qui pleurent leurs morts, la suprême consolation de la gratitude publique. Nous savons, hélas, de quelles douleurs est faite cette glaire si pure. Nous ne sommes pas de ceyx qui, enivrés de la soif de conquêtes et insensibles aux larmes des pères et des mères, des femmes et des enfants, lancent les bataillons à de sanglantes boucheries, pour disputer à Attila le criminel fardeau d'une sauvage renommée. Pour nous, les joies du succès ne réussissent pas à voiler les larmes. Tous nous sommes atteints dans nos affections, et, parmi tes lourds soucis du pouvoir, il n'est pour les chefs rien de plus dur à supporter que le contre-coup des douleurs de tant de nos familles. C'est pourquoi nous parlons de ces victoires d'une voix grave. La Belgique n avait cherché que la paix. Peut-être eût-ehe le tort de croire à l'égale honnêteté de tous les garants qui lui imposèrent la neutralité perpétuelle. Frvrte de sa loyauté, elle se refusa toujours à prévoir, avec un garant quelconque, la violatiôn de son sol par l'un d'entre eux. L'histoire dira si ce fut une faute ; pour ma part je ne le crois pas. Nous avons accepté une guerre imposée; nous la poursuivons d'une "volonté tenace, que rien ne lasse, que rien n'arrête; mais l'ivresse des. plus nobles succès ne détour-ne pas nos regards des humbles tombes où lorment du dernier sommeil les soldats de la Patrie. SUR L'YSER Il ne nous est nas possible de commémorer la bataille de l'Yser sur les lieux mêmes m se déroula la grande lutte. Nieuport. Dixmude ne sont eue des ruines, sans ces-,e balayées par le souffle de la mort : 'inondation étend ses eaux calmes sur les •namps où s'enlisèrent les suprêmes efforts de l'ennemi. De Saint-Jaccrues-Ca.pelle, de ——M—M—BBB— Pervyse, de Ramscapelle, il ne reste rien. Pardon, ie me trompe : il y a le champ li/-gubre des ruines. A peine a-t-on franchi le canal de Loo, qu'aux lèvres viennent les mots du poète latin : « Sunt 'acrymae rerum ». Oui, le fier et riche pays de Fumes est aujourd'hui terre de désolation : de l'eau, des tranchées, des cimetières,, des églises écroulées où gît, tragique, un grand Christ, symbole du sacrifice, tel est l'aspect de cette Flandre sacrée où l'armée belge, sans désemparer, fait face à «l'envahisseur et monte la sarde autour du modeste abri d'un Roi indomptable, qui combat pour la liberté d'un peuple et pour l'honneur d'une couronne. Messieurs, les Belges qui ont reçu l'hospitalité généreuse de la France ou de 1'An-gileterre, ceux qui, sous l'uniforme, ont fait le serment de délivrer leurs foyers, comme aussi ceux qui souffrent en pays envahi, tous, en un mot, revivent par la pensée ce mois d'octobre 1914, mois de doul leur, mais épopée de gloire. Par-dessus les villes "et villages martyrs, sur cette terre flamande arrosée du sang de nos enfants, de celui de nos alliés, au bord du modeste fleuve dont le nom est entré dans l'histoire, l'âme de la Belgique meurtrie se recueille : c'est vers l'Yser que la population opprimée ee tourne pour défier l'insolence du conquérant d'un jour; c'est vers l'Yser aue tous nous regardons avec ferveur, car c'est là aue l'unité nationale s'affirme intangible, éternelle, plus forte que le destin, plus puissante que la mort, forgée par le fer et scellée dans le sang, comme tout ce qui dure ici-bas. UNE HEURE TRAGIQUE Vous souvient-il. Messieurs ! La course à la mer commençait. Echaooant à l'étreinte de l'ennemi- par une opération que ie crois unique dans les annales militaires, l'armée belge, après huit semaines de rudes combats, avait abandonné Anvers, le réduit national, transportant avec elle ses approvisionnements et ses munitions. Plus de six mille wagons avaient dû passer par l'unique ligne de chemin de fer encore disponible, ligne à simple voie que l'ennemi tenait déjà sous son feu. A Ostende. le Gouvernement se vit contraint de prendre la douloureuse résolution de quitter le sol de la Patrie. Il faut avoir vécu ces instants pour connaître toute l'étendue de la torture par laquelle peut passer le coeur humain. Toute âme de patriote sent ce que fut ce conseil tenu — ô ironie des choses, j r-daaïs un salon d'hôtel, jaéls théâtre des élégances de la saison. Ce fut dans le ca-dro des fêtes d'antan que la. grave détermination fut arrêtée, comme ce fut là aussi que le Gouvernement de la République mit un premier baume sur nos blessures par le témoignage chaleureux et réconfortant de sa sollicitude. A cette heure 1 armée se portait déjà sur la position de l'Yser qu'elle allait organiser en vue de la forte et suprême résistance. L'armée française et l'armée anglaise se rapprochaient; la soudure de nos lignes apparaissait comme possible et prochaine : nous savions que nos alliés n'épargneraient rien pour joindxe leurs nttorts aux nôtres pour arracher à la souillure de l'ennemi un lambeau de notre sol et nous aider à barrer cette route de Dunkerque-Calais, aue le Duc de Wurtemberg avait reçu ordre d'ouvrir à tout prix. Je ne vous ferai pas, Messieurs, le récit de la bataille. Vous le connaissez. L'armée belge, en campagne depuis le 4 août, était réellement épuisée. La tournure fâcheuse que les opérations avaient prise depuis le début des hostilités l'avait privée de la réconfortante impression du coude à coude des Alliés. La chute de nos places fortes, écrasées par uns artillerie d'une puissance presqu'insoupçonnée, 1 invasion déferlant comme un raz de marée sur le pays tout entier, la fatigue des marchas et des longues retraites, les pertes élevées en officiers, subies oar notre armée encore en pleine crise de croissance, tout conspirait pour abattre le moral et multiplier les difficultés au moment où l'annee, se retournant brusquement, avait à faire face à son propre pays. Quand, le 13 octobre, je quittai Ostende pour me rendre à Dunkerque afin de diriger le travail de formation des nouvelles bases de ravitaillement, d'organiser l'hospitalisation des blessés et d'assurer l'alimentation de l'année en hommes et en matériel, j'avais le cœur serré d'une indicible angoisse. Les routes étaient encombrées du charroi d'une nation en retraite. Des milliers de réfugiés fuyaient, emportant les débris de leur fortune ; pèle-mèle, à pied, à cheval, dans les véhicules tes plus disparates, les femmes, les enfants, les vieillards refluaient vers la France. Le chemin de fer, les trains étaient bondés de blessés, de malades, dé-clopés. Les troupes de forteresse, désorganisées, se dirigeaient vers Calais d'un pas triste et las. Mais, tout en mesurant tes difficultés de la tâche, l'espérance ne trahissait pas ma volonté. Je connaissais notre armée ; je savais tout ce qu'on pouvait exiger d'elle, et j'avais foi dans le miracle que l'inébranlable résolution prise par te Roi de livrer sur l'Yser une suprême bataille, ailaif. produire dans les âmes. LE SUPREME APPEL DU ROI A SES TROUPES Le 16 octobre, 1e Roi adressait une proclamation à ses troupes : « Que dans les posi-» lions où je vous placerai, disait-il, vos re-» gards se portent uniquement en avant et « considérez comme traître à la Patrie celui „ qUi prononcera le mot de retraite, sans » que fordre formel en soit donné, n L'armée comprit le mâle langage de Celui qui depuis le 4 août n'avait cessé de vivre sa vie. Notre armée comptait alors, ni guobo, 80,000 hommes environ ; elle disposait de 340 canons de 75 et de 24 obusiers de 150. L-a France voulut bien y adjoindre une brigade d'infanterie de marine ; ce furent les 6,000 fusiliers marins du contre-amira! Ronare'Ii, envers lesquels nous avons contracté une dette inoubliable de reconnaissance et que nous confondons avec les nôtres dans une même tendresse. Ces hommes furent des lions commandés par des héros. Et ici, Messieurs, permettez-moi de m'in-cltoer avec une respectueuse gratitude devant l'un des plus illustres d'entre eux. Il est dans cette assemblée même un glorieux soldat de France qui, à Dixmude, personnifia dans toute sa beauté l'héroïsme d'un grand peuple. Belges qui m'écOutez, je vous demande d'acclamer le contre-amiral Vamey, aujourd'hui gouverneur du Havre. Les fusiliers marins, dont M. Le Goffic $ conté l'épopée, sont des frères d'armes don; nos soldats gardent un émouvant souvenir, et le nom de « l'amiral », celui du capitaine de vaisseau Varney resteront indissoluble ment associés à ceux des colonels Meiser et Jacques dans l'histoire de cette défense de Dixmude, un des épisodes tes pius poignants de la bataille. Le 20 octobre la situation est redoutable ment grave. Nos six divisions, réduites par deux mois et demi de guerre, et dont tes effectifs fondaient sans que nous puissions les alimenter, sont en ligne, de la mer à St-J-acques Capelie, sur un front de vingt kilomètres. Depuis quatre jour» elles sont engagées sans répit. Nieuport et Dixmude sont les objectifs directs dé l'ennemi. Devant notre faible front, où n'existent que de hâtifs travaux de campagne, les Allemands ont amené sept divisions fraîches, au complet, avec plus de 509 pièces d'artillerie de tout calibre, du 77 au 210. Cent quarante mille hommes au moins se ruent contre la faible barrière qui les arrête sur la route de Dun-keraue. Nous nous étions engagés à tenir 48 heures avec nos faibles forces.Il est grand temps que l'on nous soutienne. Dans la nuit du 2! au 22, l'ennemi s'infiltre dans 'la boucle de Tervaete, mais des contre-attaques parviennent à Je contenir ; le 23, la tète de pont de Schoorbakke doit être abandonnée. Le général Foch, dont je vois encore le profil énergique, l'œil intelligent et décidé, fut en ces heures tragiques, un allié loyal et dévoué. Il faisait des prodiges afin dé nous soulager à notre droite et de former une nouvelle armée pour faire face au péril. Le 23, il peut enfin faire entrer en ligne la 42e division du général Grossetti, mais cette division héroïque était elle-même réduite à 7,500 baïonnettes. IL FAUT SAUVER DUNKERQUE ET CALAIS La vue des uniformes français, dont nos officiers annonçaient chaque jour l'arrivée, afin de soutenir te moral ~de leurs hommes épuisés, donne à tous un renouveau de courage.. Le générai Foch nous adjure de je^ir encore : il rie nous laissera ni envelopper, ni écraser. Il faut sauver Dunkerque et Calais, gagner du temps, des heures, dies jours si possible. Telle est notre tâche et notre armée.-^'y adonne sans compter. L'armés anglaise près d'Ypres, la, flotte du vaillant amiral Hood, sur' la côte, font des prodiges. Mais l'épuisement de nos troupes a atteint les l'imites des forces huimadïies ; les défenseurs de Dixmude sont restés parfois 72 heures consécutives arrêtant les attaques incessantes, contre-attaquant sous une pluiie de feu et de mitraille Nos pièces, dont certaines ont tiré &i:i miffite coups, donnent des signes de fatigue. Les munitions sauvées d'Anvers sont presque épuisées. Le 25, des mesures sont prises pour tpndire l'inondation. Je me souviens d'avoir contemplé du haut de la tour de Fumes cet horizon de bataille, éclairé pa.r les incendies, dans le roulement formidable du canon. Le brouillard d'automne tombait lourdement sur la contrée et ensevelissait ce' qui restait dé mon pays. J'avais dans l'oreille ce que le général Wielemans, chef de I'état-major général, organisateur de la défense de l'Yser, venait de me dire sur la durée de la manœuvre des eaux et sur l'état de nos malheureux régiments, dont certains n'étaient plus commandés que par des capitaines... Quel spectacle et quelles angoisses ! Le 30, l'ennemi, dont tes attaques avaâent un peu faibli, tente cependant un suprême effort. Il se rue en masse contre le remblai du chemin de fer, qui est devenu notre dernière ligne de défense, et parvient à percer à Ramscapelle. C'est le moment décisif. Tout sera perdu ou tout sera sauvé. Cinq bataiïïons belges et deux bataillons français se lancent à l'a.ttaque et, dans un merveilleux sursaut, vrai miracle de courage et d'énergie, refoulent l'ennemi au delà du remblai, brisant définitivement son offensive.Et l'eau montait... Comme l'a admirablement écrit M. Plierre Nothomb : « ...elle » venait sans bruit, remplissait tes canaux, » bientôt débordés, nivelait tes fossés, les » chemins, les trous d'obus. Elle glissait, » sTinsinuait, s'infiltrait. Elle était la cou- j » quérante silencieuse et d'abord presque » invisible... Elle était notre amie, notre <> protectrice, notre muette tranquillité. » Elle ne nous donnait pas la victoire, elle » assurait la permanence de notre vic-» toiire... unissant contre tes envahisseurs » du sol sacré tous les éléments et toutes » tes forces, l'aride et le feu, la terre et ia nuer ! »>. s LA BATAILLE DE L'YSER EST CARACTERISTIQUE DE L'EFFORT BELGE La bataille de l'Yser, Messieurs, est caractéristique de l'effort beiare. Le nom du paisible fleuve qui est brodé sur , les drapeaux de nos vaillants régiments évoque une lutté inégale, soutenue avec le plus mâle courage'et la confiance la plus robuste dans la parole de nos Alliés. L'armée belsre l'engagea avec 1e concours, de faibles forces françaises et l'appui de quelques monitors anglais ; mais la présence de ces braves, dont la valeur - compensait la faiblesse du nombre, avait galvanisé les nôtres et ressuscité en eux l'énergie que tant de malheurs auraient pu abattre • à 1 heure décisive, tes forces promises par le général Joffre vinrent soutenir nos trou-*pes ; l'armée du général d'Urbal et celle du maréchal Frenoh brisèrent les efforts de l'ennemi à notre droite et dans nos lignes mêmes mêlant leur sang à celui de nos soldats ; les troupes franco-anglaises furent fidèles au rendez-vous de l'honneur. v h bataille 5e ryser par ceux qui y étaient LE 7e DE LIGNE A SAINT-GEORGES Le Claque à fond, le très vivant organe du 7e de ligne, a publié, 4 l'occasion de l'armiversai'i e de (l'Yser, un magnifique numéro spécial très bien illustré. Nous en détachons deux pages que nos lecteurs liront certainement avec émotion ; C'ETAIT EN NOVEMBRE 1911... Au début du môés d'octobre 1914, les forts d'Anvers, cibles merveffieuses pour les monstrueux canons austro-aiiîemands, tom-baiient. La mort d-ans l'âme, désabusés, nous avions abandonné notre métropole et pris le chemin cte la côte. A étapes forcées, le régiment s'enfonçait dans lexil. Dans tes affres de notre exode devant la force et la férocité germaniques, nous fûmes accuei-lis à bras ouverts par 1er, populations de la West-Flandre. C'est au seuil de la France que vient l'ordre de faire v^lte-faioe et 41e tenir coûte que coûte, jusq.u'A la mort. Il fallait vaincre ou mourir ! Notre régiment fixa ses lignes de résistance devant le village de Saint-Georges. La position défendait le passage de l'Yser. Elle était la clé de Dunkerque, les Thermopyte<» d'un lambeau de îa Belgique. Valions-nous les Spartiates ? L'histoire nous le .dira un jour... Toujours e&t-ii qu'on avait dans la valeur de notre colonel et de ses soldats, braves parmi tes bravés, la plus sereine confiance*. On nous avait adjuré de « tenir'» au moins quarante-huit heures, malgré l'ex-tr'iordkiaire effort fourni pour s'échapper des tenailles allemandes prêtes à se refermer sur nous à Anvers. Les renforts français nous aideraient ensuite. Bon sang ne ' peut mentir ; 1e 78 de ligne résista dix jours et dix nuits aux assauts tes plus 'furieux, recevant comme renforts... tes brancardiers et quelques poignées de cartouches ! Que ceux qui ont reçu te baptême du feu, plus tard, k Dixmude ou à Steenstraete, s'informent auprès des anciens, ftaint-Geo<*ges fut Un enfer ou,, aidé par un cadre d'oi'ficiers et de sous-officiers d'élite, un colonel relevait tes volontés chancelantes, causant peu, donnant moins, volant partout où le danger était pressant. Le bombardement y était effrayant ; les assauts des Boches s'y succédaient infructueux, malgré tes hurlements fanatiques des assaillante. Des mitrailleuses allemandes, défilées dans les maisons die la rive gauche de l'Yser, causaient dtes pertes sensibles dans nos rangs : cent braves se présentèrent pour aller faire sauter tes habitations la nuit ! Un canon de 75 de la 21e batterie est amené derrière la digue et, dans le plus grand mépris de la mort, les artilleurs envoient l«urs abus dans le nid de mitrailleuses. Le régiment contre-attaque sur' Mannekens-vere, passant à la baionneitte les ennemis qui se trouvent à quelques mètres d'eux, déjà terres dans l'autre rive ! Des troupes du génie, portant des passerelles et faisant te coup de feu. avaient açcWtipagné.-jus-qu'aux postes avancés. L'ennemi lut refoulé; tes tranchées de l'Yser restaient inviolées ! Derrière la digue nous tenions toujours, malgré tes grosses bombes-qui ajoutaient leur effet démoralisant-au déluge de baltes et d'obus. Les vivres étaient ruTes, les biscuits pierreux et l'eau croupie des fossés calmaient lés douleurs des einrai-Mes. Parfois une boite de viande complétait cet ordinaire plus que Spartiate. Et ainsi nourris, accroupis dans des tranchées bouleversées, te» braves tinrent bon pendant dix jours qui furent autant de siècles ! Le 13 octobre, nous apprenions que le Boi décorait notre drapeau. Nous savions que la 7° de ligne était te premier à recevoir cette distinction suprême. Enfin ce fut la relève. Sales, hirsutes, dépenaillés et boueux, ils quittèrent leurs tranchées du pont de l'Union. L'A-fcaawad n'avait pu franchir l'Yser 1 Désormais ia croix dé l'Ordre de Léopold scktifffierail â la hampe de notre drapeau sans tache, dans te rouge, jaune et noir de lu soie flamboierait en lettres d'or ce mot à jamais célèbre : « Saint-Geor'ges-iEz-Nieuport ». Après les heures de fièvre et de deuM, ce fut }•& gloire dans l'exaltation du sentiment de te. Pair te. Le 3 novembre, sur la Grand-Place; de Fumes, dans. 1e décors des maisons espagnoles et par ùn temps superbe, eut feu' la'cérémonie de la décoration. Le régiment forma le carré, le Roi parut, la Eraba.n-conne secoua les cœurs, emperkt'l'ce?l d&n plus stoïques d'une larrae. Le défilé du régiment de fer fut une apothéose d'épop&t, îa marche à la gloire aux sons des cuivres triomphants, dans tes éclairs des baïonnettes, devanit notre valeureux souverain. Nos frères qui ont combattu à Saàirt-Georges, sont grands à côté de ceux de Dû-mude. Laur vaillance a complété te vifc-.toire de la Marne. Honneur à eux ! Ceux qui, depuis, montent ia garde glorieuse à. l'Yser saluent les héros disparus, et rien n'est sincèrement beau comme 1e salut die^i t( anciens » à ceux qui rue sorrt plus. Carlo TIBRE. LEGENDE VRAIE Il y avait une fois — dans un petit bourg noyé" dans les brumes de l'Yser — une grande bataille. Secoué par une main invisible, te sol tremblait et s'ouvrait de déchirures béantes. Les tonnerres de choc crachaient, dans un fracas terrifiant, des gerbes de feu. Le? soldats rivés à la dernière parcelle de terre de leurs aïeux, mouraient mais ne reculaient pas. Derrière eux,,les mesures du village s'écrasaient sur le sol ensanglanté, et, la nuit, sinistrement, dans tes ténèbres inquiétantes, tes meules blondes devenaient d'inrrnfsnses torches. ' \ Dans les. ruines fumant:'?s, si «t une ombre encore, noire, spectrale, l qui se meut. C'est te vieux curé de St-Georges que îa rafale n'a pas emporté. Il a vu, de ses yeux meurtris par les larmes, brûler tes maisonnettes de sa petite paroisse, chanceler et s'abattre la tour " en aiguille de sa Coquette église, s'écraser sur te sol tes joyeuses cloches de bronze qui jadis sonnaient aux jours de fête. Il a vu la mort partout- et sa pauvre raison s'en est, allée... Le vieux curé est devenu fou. Il va, maintenant, sans but, lamentable, inconscient.. Ses lèvres murmurent' des mots incohérents, où l'on distingue ries commandements militaires et des k Dieu vous bénisse » et ses longues mains déchar ■ nées, tracent dans te Vide de grands gestes mystérieux. Durant six longs iours, sa silhouette sombre se découpe sur tes restes croulante des chaumières et des fermes, sur la route surélevée de Nieuport, que battent les fusils et les mitrailleuses, sur la digue de l'Yser, près dés héros du 7° de ligné Partout il défie la mort qui 1e coudoie, la mort qui saute, danse et papillonne autour de lui comme les feux-follets dans te petit cimetière ravagé, la mort qui l'effleure toujours mais ne^l'atteint jamais. Un matin pourtant, un obus est venu frapper un' pan de mur, qui s'est, écroulé sur le pauvre vieux. La tête fracassée, il git sous un rnoulon de briques, la face contre terre, écrasé, mutilé comme son église, comme son village, comme sa raison... Il repose maintenant dans 1e cimetière", tout à côté de.son temple, près des héros du 7° qui tous l'ont connu et qui ont été les artisans de sa prophétie, lorsqu'il disait : « Les Altemands n'auront pas Saint-Georges ! » CARINE. En ces quelques jours, l'armée belg< e- avait perdu plus du quart de ses. effectifs 16 25.000 blessés encombraient les formations x sanitaires improvisées en quelques jours 's Nos pièces tirèrent plus de 260.000 coup: t, et nos fusils brûlèrent un,, nombre incal i- culable de cartouches. Mais le but 6ta.ii e atteint et la Belgiaue, opprimée, dont le; 'e maiheurs émouvaient le monde, frémi! -• d'orgueil et de fierté dans sa douleur mê e me. Nos troupes avaient répondu à soe "- attente. Depuis le 2 août 1914, sur le chamy "s de bataille ou sous l'occupation ennemie, 1< s peuple belge ne veut qu'une chose : fain a son devoir! remplir sa tâche dans l'œu vre de justice et de liberté qui s'est' impo sée à nous. Quand l'Allemagne l'a sommt avec insolence de. lui livrer les forteresses de la Meuse, il a répondu par la voix dr général Léman, ie glorieux défenseur d« Liège, fidèle à 'a consigne jusque sous les E ruines du fort de Loncin. Quand il fallut tenir coûte que coûte suj l'Yser, au risque de voir détruire l'année i,- sur ses positions, la Nation voulut remplii u jusqu'au bout sa tâche dans 1e plan con i- certé entre tes alliés. Nous pouvons nouî e féliciter de cette conduite crui nous a per s mis d'atteindre les résultats désirés et qu. )- a singulièrement resserré nos liens réci-•- proques d'amitié et de confiance. l! PELERINAGES SACRÉS e — 7 s Les champs de l'Yser, Messieurs, devien e dront au jour prochain de la victoire corn à me un sanctuaire où les foules viendronl e en 1-onps pèlerinages. t- Lis Belges d'abord ! .. . e Songez, Messieurs, à la joie triomphante s de ceux qui souffrent là-bas sous le joug l- de ceux qui ont assisté à ces entrées de e l'ennemi dans nos villes .de ceux qui Oii s vu profaner les monuments et les symbole; i- de ûos libertés, quand ils franchiront cf p-aiit fteuvo où s'est brisé un de» grands k ; élans de la puissance germanique. Songez ; à leur émotion poignante auand ils visite- > ront les ruines de nos cités flamandes, Nieuport, Dixrnuïte, Loo et Ypres qu'on > ne peut séparer de ses soeurs ; quand ils - verront ces humbles cimetières où dorment tant de ïeurs enfants dont aujourd'hui ils i ignorent jusqu'à la dernière demeure. De génération en génération, les Belges y ■ viendront célébrer les anniversaires de la grande Guerre, communier dans une pen- i sée d'union et de concorde hationalès, ac-1 quérir pleinement ia connaissance de ce s patrimoine commun de gloire, qui est une • des sources vives du patriotisme. Les ru* • nés accumulées leur seront une preuve ■ tangible de la vanité des rêves pacifistes, 1 qui trop souvent prennent, naissance dans : la tendance au moindre effort d'une civi-' lisation raffinée et en pleurant sur le; > décombres où s'ensevelirent tarii de merveilles. ils se souviendront du peuple de ' proie qui vit à leur frontière de l'est, et ' jureront de n'épargner aucun sacrifice ' pour l'empêcher de porter encore si loin ■ l'outrae-e et la dévastatioq. Nos amis de France y viendront aussi honorer leurs morts et revivre quelques ' heures communes, en souvenir des épreuves supportées ensemble. Ils viendront dans une Belgique reconstituée, qu'iîs auront t aidé h refaire moins désavantagée et plus forte. Ils verront ce qui fut un jour 1e boulevard de leur patrie et ils sentiront, la profondeur des liens que nos deux armées ont scellés quand elles combattirent ensemble dans ces champs, redevenus p&i-' si blés, et parsemés de monuments fraternels.>Et, en remontent, pour reconstituer par te pansée, ce qui est aujourd'hui, sur la carte te saillant d'Ypres, tes citoyens de l'Empire Britannique se Joindront aux Français et aux Belges pour commémorer tes gloires communes, pour célébrer ies grandes' choses qu© l'on sut ©sccffiissir *y 23e ANNÉE — Série Nouvelle.— Nd 722 1 Lundi 30 Octobre 1916

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique gehört zu der Kategorie Katholieke pers, veröffentlicht in Bruxelles von 1895 bis 1940.

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