Les nouvelles du jour: feuille luxembourgeoise d'informations

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s.n. 1914, 25 Dezember. Les nouvelles du jour: feuille luxembourgeoise d'informations. Konsultiert 28 März 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/r20rr1qg6q/
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Feuille Luxembourgeoise d'informations ARLON, LE 24 DECEMBRE 1914 Autour de Verdun Ên annonçant la prise d'un important point d'appui dans la forêt de l'Argonne, un des derniers communiqués allemands, constatait une fois de plus l'opiniâtreté de l'effort des Français autour de Verdun. Nous avons exposé déjà,dit la Belgique,qu& le plan des Allemands vise à l'investissement, puis à la chute de cette place forte, qui constitue, avec Toul, Epinal et Belfort, la formidable défense de la frontière française de l'Est. Entreprise combien difficile ! Plus de quatre mois se sont écoulés depuis qu'elle fut tentée, et Verdun n'est point investie encore. Le sera-t-elle jamais? Verdun est assise aux bords de la Meuse, à 41 kilomètres de la frontière d'Allemagne sur la grande route de Metz. La masse de ses fortifications semble un monument dressé à la gloire de la science moderne de la guerre, impossible à assiéger si l'on n'est au préalable en possession des hauteurs qui la dominent. Ce sont, au sud-est, les collines qui s'élèvent près de Hatton-Châtel à plus de 400 mètres d'altitude, et à l'ouest la chaîne montagneuse qui se dresse aux confins de la forêt de l'Argonne. En même temps que ces hauteurs, il s'impose que l'ennemi occupe cette forêt elle-même, qui, s'il l'omettait, constituerait en arrière, avec ses retranchements innombrables et ses points de rassemblement faciles, la plus sérieuse menace. Lorsque les armées allemandes envahirent pour la première fois le soi français, elles songèrent aussitôt à faire le siège de Verdun, aaalr '.eun^projet très vitç-, avorta et tout au pins parvinrent-elles vers la mi-septemBreT lorsqu'elles s'échelonnèrent sur le front de l'Aisne, à investir partiellement la place. Leur recul toutefois eut pour résultat de rendre la libre disposition de la forêt de l'Argonne aux Français, qui n'ont pas manqué d'en profiter pour s'y retrancher sérieusement; ils en ont fait une vaste redoute, dont on peut dire assurément qu'elle est bien plus facile à défendre qu'à enlever. Quand les hostilités furent reprises sur la nouvelle ligne de bataille, les Allemands s'efforcèrent tout d'abord de se rendre maître des collines de Hatton-Châtel. Le 21 septembre, ils réussirent, malgré la résistance héroïque du 8e corps français, à passer le défilé de la Côte Lorraine et à s'installer sur le haut plateau. Dominant de là la route de Saint-Mihiel, il leur fut possible, après que leur grosse artillerie eut réduit au silence quatre forts de la ligne de la Meuse, d'occuper cette petite ville .Depuis lors, on le sait, ils ont traversé le fleuve et se sont installés à Chauvencourt, village qui ne fut ensuite partiellement reconquis par les Français que pour leur être repris le lendemain. La position qu'ils y occupent est éloignée de Verdun de 35 kilomètres vers le sud. Du côté ouest de la place, ils n'ont plus tenté de faire avancer leurs troupes. Les Français ont constamment cherché, par de vigoureuses attaques de flanc, à mettre en danger et à couper de leurs communications les forces allemandes installées sur la ligne St-Mihiel et incessants combats, ils ne sont point parvenus à dépasser eux-mêmes la ligne Flirey-Hatton-Châtel: toutefois, malgré d'acharnés Seicheprey-Apremont. C'est à proximité de cette bourgade d'Apremont que se trouve le Bois-Brûlé ,où fut livré naguère un assaut particulièrement violent. Tandis que se déroulaient ces péripéties au sud-est de Verdun, les Français se maintenaient ,au nord de cette place, sur la ligne Mogeville-Haumont-Brabant sur Meuse. De l'autre côté du fleuve, les adversaires prennent actuellement contact dans la région de Malancourt et aux environs de Vauquois, à 2 kilomètres au sud de Varennes à la lisière de la forêt de l'Argonne. C'est au plus profond de la forêt que se succèdent les furieux combats dont il est presque journellement question dans les communiqués officiels, et dont l'acharnement prouve le violent désir qu'ont les Allemands de couper la très importante voie ferrée de Verdun à Châlon,; qui partage l'Argonne par le milieu en passant par Clermont, Les Islettes et Sainte-Me-nehould.S'ils y parviennent quelque jour,en dépit de la furieuse et opiniâtre résistance , qui leur est opopsée, Verdun sera aux trois ; quarts investie et ils pourront alors songer à lin siège efficace de la place. Cela ne voudrait du reste pas dire encore qu'il faille en prévoir la reddition. Verdun, répétons-le, est admirablement fortifiée et défendue: le remarquable système de signa-iisation qui la couvre englobe tous les villages de sa banlieue ,et toutes ses possibilités de défense ont été mises à profit dans un rayon extrêmement étendu. » ————— >—<a»cc» < LETTRES DE SOLDATS Dans les tranchées Extrait d'une lettre écrite à ses parents par un soldat français: — Je reviens des tranchees et je profite des quatre jours de repos accordes a notre régiment pour vous donner quelques breves nouvelles. ici, le ciel est clair, le soleil pourrait oien faire un petit tour aans le Midi ,pour nous rapporter un peu de cnaieur. 11 gèie à pierre tendre. La nuit ,ies hommes restent debout dans les tranchees, devant les créneaux, pour surveiller les moindres mouvements de l'ennemi, tendant ce temps, on oat la semelle sur le sol. Les tranchees allemandes nous rapportent le mcme roulement, tel un ecno. in os retranchements sont à une cinquantaine de métrés. On entend les commandements des chefs. Nos trancnées, parallèles à celles des Alle-mans, sont, à l'heure actuelle, confortables. Les hommes, la nuit, ont creusé des souterrains qui permettent de s'abriter et de se reposer, pendant que les sentinelles veillent. Les obus, les «marmites» peuvent pleuvoir, on se terre comme des lapins et on laisse passer la rafale. Le nombre des morts et des blessés est restreint. Nous avons l'ordre de tenir l'offensive sur ce point. ^ Ces jours derniers, j'ai assisté à un duel d'artillerie de part et d'autre.Les «marmites» voltigeaient avec un sifflement spécial, qui vous impressionne,-elles éclataient sur le sol en produisant un bruit de tonnerre et en soulevant des 'qiïànrifês eïfôfïnti. Gt itsrrîîrTsate la nuit, la fusillade crépite, pour eviter toute surprise pour empêcher l'ennemi de îortiner ses retranchements avec du fil de fer barbelé. On lui enlève ainsi l'idee de toute attaque nocturne. 11 riposte vivement, les balles sifflent à nos oreilles; mais nous ne les craignons point. On ajuste le mieux possible son fusil pour balayer la crête des tranchées. La relève des régiments s'effectue ,1a nuit, dans le plu» profond silence. Nous profitons de tous les mouvements du terrain pour noiis mettre à l'abri des obus et des Dalles qui fouillent constamment le flanc du coteau. Grâce à des boyaux profonds, creusés sous le feu de l'ennemi, on se rend sans danger dans les tranchées. Le moindre bruit éveille l'attention de l'ennemi, et je vous assure que les Allemands usent de tous les moyens pour nous détruire. Avec des petits canons, ils vous envoient des bombes qui éclatent en produisant un bruit infernal. Leur effet n'est pas des plus terribles, mais leur détonation est démoralisante. Par bonheur, la nuit, on voit ces engins décrire des courbes grâce à leur mèche incandescente, et on peut se garer.Le moral et le physique des hommes sont excellents. Le froid est plus craint que les balles; chacun supporte cette misère avec joie. Le sourire est toujours sur les lèvres». — • «>—< Le coût de la guerre et ses conséquences économiques —« o»— De la Belgique: Examinons les données officiellement four nies jusqu'ici par les principaux Etats intéressés, en commençant par l'Angleterre. Le premier ministre, M. Asquith, dans le récent exposé qu'il a fait au Parlement, a évalué les frais de guerre à 25 mililons de francs par jour. De son côté, le chancelier du Trésor a estimé qu'y compris toutes les dépenses secondaires et accessoires, les sommes qui seront absorbées par la participation de l'empire britannique à la guerre ^'élèveront pour une année à au delà de 11 milliards de francs, soit à une bonne trentaine de millions par jour. En ce qui concerne l'Allemagne, on a évalué ses dépenses à 3 1/2 millions par jour. La disproportion qui existe entre ces deux évaluations, et qui étonne au premier abord si l'on tient compte de ce que l'Allemagne a sous les armes un nombre d'hommes autrement considérable que l'Angleterre, s'explique, à la réflexion, fort logiquement. L'Allemagne ,en effet, n'a eu qu'à déclancher le ressort d'un instrument tout préparé, tandis que le Royaume-Uni se voit dans l'obligation, tout au contraire, d'en créer un presque de toutes pièces. Jusqu'à présent, aucune évaluation acceptable n'a été mise en avant pour les frais de guerre en France, en Autriche ou en Russie. Toutefois ,i! est possible, en procédant par comparaison d'estimer que le chiffre de 30 millions par jour pour la France est défendable. Pour l'Autriche, qui doit avoir mis sur pied un nombre d'hommes approximativement égal, nous serions tenté d'admettre un chiffre identique, et de le doubler pour la Russie, dont la formidable armée coûte relativement très cher d'entretien. Le total de çes .diverses évaluations s'élève, par jour à. guerre, à une somme de 16/ 1/2 millions; que nous pouvons largement arrondir à 200 millions — pour ne pas dire porter bie.i au-delà — si nous tenons compte des dép :nsci incombant à la Belgique a la SerDie, à u i urquie, ainsi que des irais considérables occasionnés à toutes ies nations neutres a l'Europe par F état de paix armée que le < "ii ! r déchaîné leur impose. Cet effroyaDe chiffre de 200 millions par jour n'a du re e, à la réflexion, rien d invraisemblable. . .es grandes puissances belligérantes ont en effet certainement mis en ligne de 20 à 22 alliions d'hommes,dont l'en-tretien peut être en moyenne estimé a 6 frs par jour et pat te.Jè. Or, à ces frais d'entretien il taut ajQuer les dépenses supplémentaires exigées parole ravitaillement en munitions de l'infai-terie et de l'artillerie, ia remonte de la cavalerie, le service des autos, celui des aéroplanes, etc., etc. Dans ces conditions, les 200 «aillions de dépense quotidienne que nous'venons de dire constituent un chiffre qu'i.. est raisonnable d'admettre, encore qu'il soit, répétons-le des plus appro- : ximatifs. » Ces deux cen*s millions ne sont que la première perte èche apparente ,ei peut-être la moindre. Ils çbèrent l'Etat, mais, somme toute, un grand nombre de particuliers en profitent. Mais qui calculera la perte causée dans les familles par la mobilisation, par la mort ? Qui évaluera le désastre économique provoqué par la guerre ? Qui, fera, notamment, la supputation des milliards dont le patrimoine bel^e a été diminué par l'arrêt du commerce et de l'industrie, par les destructions de villes, les incendies ?... >—» « ««—« Un épisode de la bataille de l'Yser LA MAISON DU PASSEUR , £ * - . —«O»— La «maison du passeur» , dont un communiqué français du 6 décembre signalait la prise, est une petite bâtisse de briques qui s'élevait au bord du canal de l'Yser et où habitait un paysan dont on empruntait la barque pour passer l'eau à cet endroit. La prise de cette bicoque par les Français est un des brillants épisodes de la guerre en Flandre. 11 s'agissait, en effet, de déblayer de la rive gauche de l'Yser, les Allemands qui avaient réussi à s'y installer sur une longueur de 1.800 mètres. La difficulté venait de ce que le canal est bordé par un marais infranchissable, si bien que l'attaque ne pouvait progresser qu'en longeant la berge et sur un front très étroit. En outre, la rive droite, où les Allemands étaient installés à moins de 150 mètres, domine la rive gauche ainsi tenue sous le feu des mitrailleuses. L'assaut de la maison du passeur a été donné par un détachement de cent volontaires des bataillons d'Afrique, qui se sont battus dans l'eau jusqu'à mi-jambe et sous une pluie violente. Les Allemands ont fait preuve du plus grand courage; on a dû tuer un officier et quinze hommes qui refusaient de se rendre. Dans la maison même du passeur, solidement organisée en fortin, on a trouvé trente-trois cadavres dont 2 officiers, morts sur place, à côté des débris de leurs projecteurs et de leurs mitrailleuses . L entrevue des rois scandinaves —«O»— Le communiqué suivant a été publié, après le départ des rois de Norvège et de Danemark: « L'entrevue débuta le 18 décembre par un discours du roi Gustave. Le roi y montrait la volonté unanime des monarchies du Nord pour ia neutralité, et comme il est désirable qu'un travail continu, commun entre les royaumes, soit la défense des intérêts communs, il déclarait ensuite que le mobile qui a fait appeler en conseil les monarques danois et norvégien est le sentiment vivant de la responsabilité, devant l'univers présent et futur, d'avoir négligé quoi que ce soit de ce qui peut être utile aux trois pays. Le roi Haakon et le roi Christian ont répondu au discours du roi Gustave. Tous deux ont montré leur vive joie de l'initiative du roi Gustave et ont émis l'espoir que cette entrevue aura des suites durables pour les peuples des trois nations. L'entrevue finissait l'après midi du 19 décembre. Les débats des rois et des ministres des affaires étrangères ont non seulement affermi les bons rapports entre les trois monarchies du Nord, mais on a aussi pu constater l'unité des vues d'ensemble et des questions particulières qui furent soumises de l'un ou de l'autre côté. Définitivement on était d'accord de continuer le travail commun si bien commencé et d'ordonner dans je but de nouvelles assemblées entre les représentants des gouvernements». Parmi les massacres et les carnages, l'Europe en armes va, par une macabre ironie des mots, «fêter» la Noël, symbole de paix, et d'humaine fraternité! Et pendant que dans nos églises .les âmes pieuses s'inclineront émues devant les crèches mystiques, le canon tonnera, les salves crépiteront, les années s'affronteront en de sauvages corps-à-corps, pour «commémorer.d l'avènement d'un monde meilleur! » Rarement .un aussi tragique contraste se sera offert à l'esprit humain! L'article que nous reproduisons ci-après et qui est dû à la plume alerte d'un officier français rend excellemment l'état d'âme de nos soldats, passant dans les tranchées, en face de l'ennemi la Noël de 1914: le lit de Noël an Maroc Noëls, Noëls d'exil! d'exil! J'en ai vécu déjà tant et tant de ces Noëls solitaires et mélancoliques, sur mer, en Cochinchine, en An-nam, au Cambodge, au Tonkin ,en Afrique. | mais toujours loin de France,loin du hameau landais qui est ma petite patrie d'adoption, loin du foyer familial ! Les dénombrer, ce serait faire l'appel des étapes qu'a fournies ma jeunesse ardente, agiter des cendres d'où jailliraient trop de flammes encore. Trop de paysages, qui ont vu passer le cortège délirant de mes rêves, m'offriraient leurs steppes et leurs brousses léthargiques sous l'im- • placable soleil, trop de cités lèveraient devant ' des dieux flamboyants les toits retroussés de leurs pagodes et les minarets quadrangulal-res de leurs mosquées. Trop de Fantômes, surtout, surgiraient en tumulte et je ne pourrais pas. je ne pourrais pas empêcher de se tendre vers eux mes mains désespérées... [e remuer, ces pensers peu folâtres, tout seul dans au .vaW«<»- J.x -icllr, y mourir la flamme jaunâtre de ia bougie sous le verre enfumé du photophore, en écoutant les aboiements enragés des chiens indigènes et le chant que glapit, sur un ton déchirant et suraigu, quelque berger marocain. Le vent tiède qui souffle du sud et qui a couru sur les plateaux des Rehama m apporte par bouffées des odeurs de terre sèche et de chaumes pourrissants. Ben-Guérir, le poste Isolé à quelque cinquante kilomètres de Marrakech, dort sur sa croupe rocheuse,pelée,dans son enceinte de fossés, de talus et de fils de fer. Les soldats coloniaux, les cavaliers du train des équipages, les artilleurs qui composent la garnison de Ben -Guérir sommeillent dans leurs baraques et dans leurs tentes-marabouts. Mes voisins, les tirailleurs sénégalais, assemblés par escouades sous leurs huttes de pisé,jacassent avec ce voix flûtées de tout petits garçons qu'Os prennent pour conter, les soirs de profondes ténèbres,d'épouvantables et enfantines histoires de sorciers. Je suis seul, tout seul, en cette veille de Noël. Voyageur nomade que le hasard a conduit vers ce coin perdu du Maroc,je suis seul dans ma maisonnette de toile que meublent un lit de sangle, une table et une chaise pliantes et ma malle-cantine. Samba Dialo, mon ordonnance bambara, mon fidèle compagnon de guerre et de voyage, a regagné le bivouacs de ses compatriotes noirs où l'attendent, m'a-t-il confié, quelques-uns de ses parents très proches, de ses innombrables «lui même chose mon frère». Impuissant à trouver le sommeil, je fini;-, par me lever et par sortir de mon gîte. Dehors, c'est la nuit d'encre ,sans clair de lune et sans étoiles, la nuit traversée de souffles humides et chauds, la nuit où l'on croirait sentir sur ses épaules le ciel lourd de nuées et de brumes. Je me heurte à des chameaux ; qui ruminent sans bruit, accroupis et les pattes liées, entre leurs bissacs gonflés de blé et d'orge, et qui m'insultent de leur gargouillements turibonds. J'évite à grand'peine les chameliers qui somnolent , roulés dans leurs misérables burnous et pareils, sous leurs linceuis de laine, à des cadavres. Des cordes d'attache s'accrochent à mes bottes et me font trébucher. Des haies de carabines en faisceaux s'écroulent comme des capucins de cartes au geste instinctif de mes bras étendus. Un mulet évadé de son piquet et qui grignotait les touffes d'herbe, prend peur et détale au triple galop, en agitant ses chaînes, avec un de ces cris ignobles qui | participent du hennissement, du braiemenl et du sanglot. D'autres mulets captifs dans , leurs entraves, répondent à la clameur de , leur camarade par des clameurs pareillement ! lugubres. » Qui vive! » A l'homme invisible qui vient de proférer , l'interpellation réglementaire je m'abstiens de répliquer. Après quelques minutes d'attente, une autre voix s'élève: « Ce n'est rien du tout... Encore une de ces sales bêtes qui s'est échappée. Le garde d'écurie n'y coupera pas de ses huit jours. —Tu penses!» Je parviens à distinguer, à quelques mètres, deux silhouettes de fantassins en armes lebout sur le parapet d'une tranchée et dans 'attitude classique des sentinelles, un pied. ;n avant et les doigts réunis sur les croisiè-•es des bayonnettes. Ils sont deux qui mon-ent ensemble la faction, comme le veut le décret sur le service des armées en campagne, 'À qui, de leur mieux, surveillent ies abords iu camp. Je m'insinue entre deux balles de oin presse et, confortablement assis, j'écou-e les propos qu'échangent les deux troupiers, non par curiosité vilaine de ce que peu /ent dire ces braves gens, mais par besoin mpérieux d'entendre des sons au langage lumain. Parce que ceux-là, «marsouins» jascons, bavardent avec le puéril accent bé-trnais, je me sens merveilleusement rasséréné ci mon angoisse et mon ennui, nés de la Jontuac, s évaporent. ils chuchotent, impressionnés par le silence effrayant de la ptame ou se sont tus les appemerits des chiens et la cantiiène arabe, ^ue disent-ils .■'Des riens, des mots prolonds ;t nails de terriens demeurés paysans sous a capote et le képi, ils se plaignent, Dien întendu, iis grognent courre les duretés du noment et du metier. « F; ;hue idée de signer un engagement ! Ah! ben sûr! Et qu on aurait mieux fait de rester ben tranquille dans son patelin ! On aurait tiré ses deux ans bien à l'aise à Hayonne.. j'ai un copain qui sert au 19e de ligne et qui m'a écrit l'autre jour. Mon vieux, ils s'en paient, du bon temps! Deux heures d exercice le matin, une théorie et une heure de gymnastique le soir. Une marche ,une séance de tir ou deux par semaine... Et c'est tout... — Et puis, tu parles qu ils ont la gamelle l>en remplie et ben chaude, servie toujours à la même heure dans des réfectoires. Nous autres, on mange quand on peut st le derrière dans les cailloux... Eusses, ils _ couchent dans de vrais lits, dans des casernes; nous autres, on a la terre pour s'étendre et, en guise de maisons, on a ia petite tente. --Ils ont des permissions de minuit, des congés pour aller voir les parents. -—Nous autres, on prend le quart une nuit sur trois... Nous autres, on ne connaît pas le dimanche des autres jours... Sale mé-tier !... Ah! oui, sale métier'^ Ce métier militaire, que de soldats de ri ance le maudissent, avec des paroles ardentes et l'ardente conviction qu'ils sont sincères, et ils y reviennent pourtant et toujours, fils de Gaulois en qui l'amour du risque et des folles aventures parle plus fort encore, plus fort infiniment que le goût atavique des âpres récriminations ! ils se plaignent, gamins dolents, du sac trop chargé qui meurtrit leurs clavicules et leurs omoplates et leurs reins, des étapes trop longues dans la poussière puante et dans le sirocco. Cette campagne est trop rude, vraiment ! On marche sans arrêt, on souffre de la chaleur, de la soif, de la faim, on ne dort pas tout son soûl ,on se bat avec des sauvages insaisissables qui vous canardent sans qu'on puisse les répérer sous leurs buissons de jujubiers et de lentisques, qui se faufilent .avec une adresse diabolique .jusque dans les lignes des campements et vous subtilisent votre fusii et votre épée-bayonnette (et c'est vous qui êtes puni!), qui mutilent et coupent en petits morceaux, les blessés. On est d'avant-garde aujourd'hui, de flanc-garde demain, d'arrière-garde après-demain et, quand les colonnes font halte ,il faut encore prendre son tour de faction. Jamais de repos, jamais de trêve, jamais de séjour dans une ville de la côte, où l'on goûterait les délices de mener l'existence du militaire en garnison; exquises palabres de la chambrée, tandis que l'on astique les cuirs du fourniment, honnêtes flâneries sur les places publiques et dans les squares où l'on fait la conversation avec des civils courtois et des bonnes d'enfants, enivrantes parties de manille et de piquet derrière les rideaux d'un estaminet enfumé. Et puis, il y l'inquiétude d'être là, dans l'obscurité fourmillante d'embûches insoupçonnables et innombrables .avec, autour de soi, l'espace aride où peut-être rampent, à cette heure, les Berbères muets et tout nus, le remington en bandoulière et le poignard courbe aux dents! « Ah! mon vieux, où est le pays? c'est Noël, demain, tu sais?» Celui qui a parlé, a dit tout d'un trait ces deux phrases auxquelles un soupir étouffé a seul fait écho. Et voilà mes deux bonshommes qui, sans s'être concertés, entonnent en sourdine, avec une gravité poignante, un vieux Noël de la vieille France: Il est né, le Divin Enfant! Jouez, hautbois, résonnez, musettes! Il est né, le Divin Enfant! Chantons tous son avènement! Les poings serrés sur les croisières des bayonnettes, face tous deux au désert qu'ils ont mission de surveiller, ils frappent du talon avec ensemble la pierraille du sol pour rythmer leur cantique. Depuis plus de quatre mille ans Nous le promettaient les prophètes... Je les devine, à leur intonation, prodigieu-t sement attendris. La mélodie surannée suscite dans leurs âmes simples tant de réminis^ retires ' nnfftS îno^mifxa ci r.njvMisnnff"» N* 5 H Le Numéro 10 centimes Vendredi 25 Décembre 1914^

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel Les nouvelles du jour: feuille luxembourgeoise d'informations gehört zu der Kategorie Liberale pers, veröffentlicht in Arlon von 1914 bis 1916.

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