Pourquoi pas?

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Pourquoi Pas? r QAZETTE HEBDOMADAIRE PARAISSANT LE JEUDI SOIR L. DUMONT-WILDEN — Q. GARNIR — L. SOUQUENET ADMINISTRATION : 4, rue de Berlaimont, 4 BRUXELLES Les abonnements pour la cinquième année partent du 16 avril 1914 et vont jusqu'au 9 avril 1915 ABONNEMENTS : Belgique. . . fr. 7.5O Etranger. . . . 12.00 L'abbé HENRI MOELLER Quelqu'un qui rêverait, non de réaliser l'accord des partis, projet chimérique, mais simplement l'accord, fût-il momentané, des citoyens des divers partis, et qui, pour cela, voudrait persuader à ces anticléricaux pointus dont la propagande rationaliste semble être la préoccupation constante — comme s'ils avaient envie de faire nombre au jour du jugement dernier, disait une femme d'esprit —-, qu'il est encore au monde des prêtres songeant à autre chose qu'à asseoir leur domination sur un univers terrorisé, pourrait leur montrer l'abbé Henri Moeller. Certes, nous n'insinuerons pas que cet abbé soit un catholique tiède — si nous ne nous portons pas garants de sa ferveur, c'est que nous manquons d'autorité pour cela —, mais ses devoirs de prêtre remplis, ses fonctions d'aumônier accomplies, l'abbé Moeller est, en vérité, le moins « clérical » des hommes. Ne lui demandez pas l'allure guindée, le langage dulciflant, les phrases à la guimauve et l'onction que les dévoies aiment à voir aux Messieurs prêtres; ne lui demandez pas davantage l'allure rogue et combattive de ces petits vicaires flamingants qui dégoûteraient le pape de la religion ; n'exigez pas non plus de lui qu'il considère M. Woeste comme un acolyte nécessaire de Sa Sainteté Pie X. Une fois sorti de son église et de son couvent, l'abbé Moeller n'est plus qu'un brave garçon d'homme de lettres, le meilleur garçon des hommes de lettres. 1 1 1 Ce n'est pas que l'abbé Moeller ait beaucoup écrit lui-même, mais il a beaucoup fait écrire autour de lui. Fondateur de Durandal,// s'est incorporé à Durandal. Qui ne connaît Durandal, revue catholique d'art et de littérature ? Aujourd'hui, cela n'a l'air de rien, fonder une revue catholique d'art et de littérature: l'art et la littérature sont très bien portés dans le monde catholique, et l'on admet même qu'un écrivain ait du talent sans qu'il ait à recourir à /'imprimatur. Mais en ce temps-là, — la fondation de Durandal remonte à vingt ans —, cela pouvait sembler une entreprise chimérique et d'une inconcevable hardiesse. Certes, il y avait un art et une littérature catholiques, mais cela ressemblait à la littérature et à l'art tout court, comme M. Armand Hubert à un grand orateur. La littérature catholique, c'était uniquement cette littérature de patronage, fadasse jusqu'à la nausée, qui mettait le bon ].-K. Huysrnans si fort en colère. Il semblait sévèrement interdit à tout catholique d'avoir l'ombre de talent, et le fait est que, pour peu qu'ils eussent du talent et qu'ils écrivissent en un style à peu près lisible, les écrivains qui se réclamaient du catholicisme, un Barbey d'AureJ villy, un Villiers de l'Isle-Adam, un Verlaine, un Hello, un Huysrnans, par exemple, étaient tenus pour dangereux et suspects : ils sentaient le fagot. Aux parpaillots et aux mécréants, cela importait assez peu. Mais pour de jeunes catholiques qui, pour être catholiques, n'en étaient pas moins jeunes, et qui partageaient, dans une certaine mesure, les fièvres de toute la jeunesse d'alors, c'était exaspérant : Durandal fut le produit de leur exaspération.1 1 1 Et Durandal fit scandale. Oui, jeunes gens, Durandal fit scandale dans le monde clérical. Et Henri Carton de Wiart,et Firmin van den Bossche, et Pol Demade, eurent à braver,de la part des bonzes du parti, beaucoup de froncements de sourcil. Mais pour l'abbé Moeller, ce fut bien autre chose. <( Un prêtre, ma chère amie! Il y a un prêtre parmi ces révolutionnaires! » disaient les dévotes. On sait à quel point un prêtre, dont l'activité s'exerce parfois en dehors du côté professionnel de son ministère, est désarmé dans les « batailles de la vie », comme dit Georges Ohnet... à moins, bien entendu, qu'il ne fasse de la politique orthodoxe. Mais l'abbé Moeller tint bon. Il continua de dé- Cinquième Année. — N° 218 JEUDI 18 JUIN 1914

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