N° 611 bis 20 Février 1918 Informations Belges La vérité sur les « élections » germano-activistes en Flandre. — Malgré l'évidence des faits la propagande allemande continue à prétendre qu'en Belgique occupée, on procède à des élections pour nommer les soi-disant délégués du peuple flamand au Pai'lement croupion des activistes flamingants C'est une vulgaire supercherie. 11 n'y a pas l'ombre d'une consultation électorale instituée en Belgique. Au contraire : à plusieurs reprises, les patriotes belges ont mis au défi l'autorité allemande de consulter les représentants réguliers du peuple belge, restés en fonctions : (conseils communaux, conseils provinciaux, députés et sénateurs), sur les sentiments de leurs mandants et d'oser instituer une véritable consultation populaire, c'est-à-dire une vota-tion organisée dans toutes les conditions de liberté et de secret qui sont le propre de la législation électorale belge. Ce défi a été porté publiquement, le 10 mars 1917, dans la lettre envoyée au chancelier impérial par les 70 notabilités flamandes signataires de la protestation contre le voyage à Berlin (3 mars 1917) de la délégation du soi-disant « Conseil de Flandre ». Il vient d'être renouvelé solennellement par tous les députés et sénateurs flamands et wallons présents en Belgique, dans leur protestation du 1er février 1918 au chancelier impérial contre la proclamation de l'indépendance de la Flandre. L'autorité allemande n'a eu garde de relever le défi de mars 1917 ; elle n'aura garde de relever celui du 1er février 1918. Ses complices sont d'ailleurs en aveu sur ce point. Le journal « aktiviste» anversois (n° 38 Het Vlaam-sche Nicuios du 8 février 1918) déclare ceci : « Après mûre délibération, les «aktivistes» se sont arrêtés à un système de vote par grandes assemblées populaires. » Or voici comment on procède dans ce système. Les meneurs « aktivistes », de concert avec l'autorité allemande, dressent d'avance une liste de candidats choisis par leur affidés et rédigent les motions à l'aire, soi-disant « voter » par le peuple. Puis, par avis individuels, suivis au dernier moment d'une apparence de publicité dans les journaux stipendiés des « Kommandanturen », on convoque la bande des comparses dans une salle de théâtre, dans un cirque ou même dans un café. Un orateur prononce un discours, et en guise de conclusion, donne lecture de la liste de candidats et delà motion fabriquée d'avance ; l'assemblée salue cette lecture d'acclamations de commande et « l'élection est faite », « la consultation accomplie » : la Flandre est dotée de « représentants authentiques » ! Ce n'est pas plus difficile ni moins bouffon que cela. On en a eu un bel exemple à Bruxelles même, le 20 janvier 19J8. Ce jour-là, à 10 heures du matin, un rassemblement annoncé seulement la veille et en termes énigmatiques par les journaux «aktivistes», eut lieu au théâtre de l'Alhambra : en tout 600 personnes environ (le contrôle exact a donné 607, badauds et protestataires compris). Cette poignée d'individus, complices de l'intrigue allemande « élurent » par acclamation une liste, lue par l'orateur du meeting, de 52 membres du Conseil provincial du Brabant et de tous les députés de l'arrondissement de Bruxelles. Or, la province du Brabant compte un million et demi d'habitants; Bruxelles,àlui seul,en compteplus de 3/4 de million ; l'arrondissement de Bruxelles comprend plus de cent cinquante mille électeurs. C'est là le type de ce qui s'est passé et continue de se passer ailleurs, dans un pays où d'ailleurs toutes les libertés publiques sont supprimées, sauf pour les comparses de l'occupant. On décore cela du nom de « consultation électorale ». Ce n'est, en réalité, que delà prestidigitation de parade foraine. (xx). — L'opposition aux menées séparatistes allemandes. — Un ordre du jour du Conseil communal de la ville de Gand. — Le 22 janvier 1918, le Conseil communal de la ville de Gand votait, à l'unanimité, un ordre du jour de protestation contre les menées aktivisto-allemandes. Ci-après on en lira les considérants traduits du texte flamand : Le Conseil communal de Gand, ayant pris connaissance par la presse et notamment par la Kolnische Zeitung, du 22 janvier courant, de la décision prise par un Comité qui s'intitule « Conseil de Flandre » ; Considérant que la manière d'agir de ce Comité constitue une violation décisive de la Constitution et des lois du peuple belge et qu'elle ne tend à rien moins qu'à détruire l'unité et l'inviolabilité de la Patrie ; Considérant que la très grande majorité delà population condamne cette action de toutes les forces de son amour pour la Patrie ; qu'elle émane de quelques personnes agissant sans aucune qualité et sans le moindre mandat légal, obéissant seulement à des manœuvres que le pays entier, de la manière la plus nette, a condamnées dès qu'il les a connues ; Considérant que les agissements de ce Comité doivent être d'autant plus critiqués qu'ils se produisent au moment où la Patrie est sous le joug de l'étranger et où la population est empêchée de faire connaître, publiquement, ses véritables sentiments ; Considérant que, en Belgique, en dehors de l'occupant, n'existent d'autres autorités légales que celles instituées par la Constitution ; Considérant qu'il est nécessaire de faire connaître au gouvernement allemand les sentiments de réprobation delà population gantoise ; Exprime, à l'unanimité, au nom de la population gantoise qu'il représente et dont il connaît les sentiments réels, sa protestation contre les agissements du soi-disant «'.onseil de Flandre ». Dénie à ce Comité toute autorité légale ou effective ; Condamne sévèremeut ses actes comme constituant une trahison envers les intérêts sacrés de la Patrie et afflrme.de toutes ses forces et avec la plus grande énergie, sa fidélité à la Nation, au Roi et au gouvernement du peuple belge ; Décide que la présente protestation sera transmise au chancelier de l'Empire allemand et aux représentants de l'autorité allemande en Belgique. »

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