Journal de Bruxelles: politique, littérature, commerce

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23 November 1918
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s.n. 1918, 23 November. Journal de Bruxelles: politique, littérature, commerce. Seen on 19 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/cc0tq5s86q/
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Direction el Rtotioa : 4, Impasse de la Fidélité, 4 Bruxelles Directeur: L. GILLE 1 ABONNEMENTS: Les prix seront fixé* très prochainement Administration : 4, Impasse de la Fidélité, 4 Bruxelles ANNONCES & RÉCLAMES Pour tout ee qui concerne la publicité s'adresser directement et exclusivement i U> / DIRECTION DU JOURNAL n° 4, impasse de 1» Fidélité, ï Brnxellct. » DIEU ET PATRIE La rentrée triomphale des armées alliées Le discours du Trône à la Chambre . A 2 heures de l'après-midi, le Roi s'est rendu au Parlement, où il a prononcé le discours que voici : Messieurs, Jo vous apporte le salut cle l'armée ï Nous arrivons de l'Yser, mes soldats et moi, à travers nos villes et nos campagnes libérées. • Et me voici devant les représentants du pays. Vous m'avez confié, il y a quatre ans, l'armée de la nation pour défendre la Patrie en d^njrer; jo viens vous rendre compte de mes actes. Je viens vous dire ce qu'ont été les soldats de la Belgique, l'endurance dont ils ont lait preuve, le courage et la bravoure qu'ils ont déployés, les grands résultats acquis par leurs efforts. Quelles sont les règles qui ont dirigé ma conduite au cours do cette longue guerre ! D'une part, remplir, en restant toujours dans le domaine du possible, la plénitude de nos obligations internationales, et sauvegarder le prestige de la Nation, devoirs auxquels tout peuple qui veut être considéré doit rester fidèle; d'autre part, ménagerie sang de nos soldats, assurer leur bien-être matériel et moral, alléger leurs souffrances. Dans la campagne de 1914, les opérations de l'armée belge turent décisives pour permettre aux grandes armées alliées d'arrêter la puissante offensive allemande sur la ligne où, pendant près de quatre ans, elle s'est stabi- lisée. C'est pendant cette campagne que se joue véritablement la liberté du monde ; la lutie gigantesque qui se livre en Belgique et en France doit décider si, vraiment, c'est l'hégémonie allemande qui régira l'humanité.,, Les na':"î!s de l'J-iatento n'étaient pas également prêtes, pour soutenir, de toutes leurs lorces, le formidable choc qui allait se produire. Deux d'entre elles seulement, la France et la Russie, étaient en mesure de s'opposer sur terre, sans grand délai, à l'entreprise des Empires centraux qu'une lougue et minutieuse préparation avait portés à l'apogée de leur force. A l'armée belge échut le magnifique, mais périlleux destin d'être placée au point où l'état-major allemand, sûr de la décision, allait lancer le plus gros et le meilleur de bes lorces. Lutiant seule pendant deux mois et demi sur l'entière prolondeur de son territoire, de Liège k Anvers, puis d'Anvers il l'Yser, l'armée belge d'abord brisa les premières et audacieuses tentatives de l'envaliisseur, puis ralentit et modéra les mouvements du puissant assaillant ; elle contribua enfin, par la longue et héroïque bataille qu'elle livra sur les bords de l'Yser, à l'arrêt définitif des troupes allemandes. (Longues acclamations.)La campagne de 1915 s'ouvrit sous de meilleurs auspices ; la Grande-Bretagne créait de puissantes armées et l'Italie apportait son important concours à l'Entente. Quatre grands peuples militaires allaient maintenant lutter contre les Etats centraux. Bientôt réorganisée, grâce surtout au patriotisme de cette jeunesse ardente qui, bravant tous les dangers, franchit les frontières pour se mettre aux ordres de la Patrie (bravos), l'armée commença dans les tranchées boueuses de l'Yser, dernier rempart où elle avait planté le drapeau national, la garde vigilante qu'elle devait mouter, sans trêve, inlassablement, pendant près de quatre années. Elle y soutint de nombreux et durs combats pour en maintenir intacte la possession, attendant patiemment le jour où il serait enfin possible da sortir de ces positions, de battre l'advefsaire et de le chasser. (Accla-"nations.)L'année 1918 amena ce jour tant désiré. L'Amérique, nouvel et puissant allié, ayant ajouté le poids de son effort grandiose et enthousiaste à celui des autres nations, le formidable adversaire chancela. Cest ce moment que l'armée belge choisit. Le 28 septembre, à l'aube, tendant toute son énergie, elle bondit il l'assaut des lignes ennemies et, d'un seul maisirrésistible élan, conquiert cette crête des Flandres qui avait jusqu'alors défié lés attaques des troupes les plus valeureuses. (Applaudissements.) Après ces journées mémorables, elle continua d'at-"taqeer et de pouptuivre l'ennemi à côté des armées alliées, jusqu'au jour où celui-ci fut lorcé de se déclarer vaincu. En terminant ce court récit de nos opérations militaires, je vous dis à tous ; la Belgique peut regarder av«! fierté la tâelie accomplie par son armée ; au cours de cette lutte sans précédent, l'armée a fait pleinement ion devoir, elle a porté à un haut degré le prestige national et la réputation de nos armes ; elle a rendu au monde entier un service inestimable. (Applaudissements prolongés. 'Ions les députés sont à leur banc et acclament le général Léman.) J'ai un autre devoir à remplir, celui de témoigner des belles vertus militaires des troupes alliées qui ont combattu sur le sol de la Patrie (nouvelles acclamations), fraternellement confondues avec les nôtres, toutes animées d'un même idéal et d'un même esprit de sacrifice. Honneur aux soldats do la France, de •^Angleterre et des Etats-Unis (longues acclamations) qui se sont portés à notre secours! Je m'incline respectueusement devant ceux qui sont morts et qui reposent dans notre terre à jamais sacrée : la Belgique reconnaissante entretiendra pieusement leur glorieux souvenir. (Applaudissements.) Honneur aussi à nos morts, à nos glorieux morts : à ceux qui sont tombés face à. l'ennemi sur les champs de bataille et devant le peloton d'exécution; à ceux qui ont "succombé dans les fils de ,1er le long de la frontière hollandaise ; à ceux qui ont été lâchement assassinés; (toute la salle se lèce et acclame) à ceux qui ont été martyrisés dans les prisons et les camps de concentration atroces; il ceux qui sont morts de douleur et de misère. Tous ont bien mérité de la Patrie. Que leurs noms soient ajoutés à ceux des combattants do 1830, à notre Panthéon, là-bas, à la Place des Martyrs! (Ap-■pin udissements. ) Messieurs, Il me tient à cœur de féliciter le pays occupé de la noble attitude qu'il a gardéo sous le joug allemand. (Bravos.) Une première pensée va d'abord aux parents des soldats qui sont demeurés presque sans nouvelles pendant quatre ans et demi. Tandis que les combattant-, des autres armées restaient en contact avec les leurs et qu'ils puisaient les uns et les autres dans l'entretien d'une correspondance affectueuse et, au cours des congés périodiques, un réconfort nécessaire, les Belges du dehors et ceux de l'intérieur se sont trouvés téparés par un mur de plus en plus infranchissable. En dépit des efforts ingénieux et admirables de ceux qui, au péril de leur liberté, se sjnt appliqués à maintenir de fréquentes relations, la guerre a infligé à nos enfants au front et leurs parents demeurés au foyer le supplice prolongé de vivre et île souffrir sans savoir ce que la destinée leur réservait. Avec quelle vaillance tout le peuple belge n'a-t-il pas supporté cette épreu\ e si longue et si cruelle ! Elle devait ajouter chaque |our quelque chose d'aigu aux privations matérielles, aux soucis du lendem >in, aux atteintes de la misère. La multiplicité des œuvres d'assistance, si magnifiquement éoloses au fur et à mesure des nécessités, a atténué la rigueur d'un pareil régime. On a vu touteii les classes de la société, animées d'un même souffle d'entente et d'affection, se rapprocher intimement pour apaiser les souffrances et les infortunes ; les femmes on! montré une fois de plus ce qu'il faut attendre de leur bonté et de cette intuition qui leur fait découvrir la f plaie à panser et la t-eine il soulager.-(Ci i> nombréu^. de « Vive la Reine! ») Les nobles sentiments de solidarité maintinrent dans tout le pays les liens les plus solides et constituent le témoignage vivant d'une union ' que l'on ne saurait briser dans l'avenir. La souffrance ' noblement partagée et subie d'un cœur ferme est de-' venue un patrimoine commun ; elle a maintenu, à travers le temps, dans toute la population, cetto confiance ■ sereine que les événements ont pleinement justifiée. Messieurs, On ne comprendrait pas que l'union féconde dont leb • Belges ont donné un si admirable exemple pendant la , guerre fit place, dès le lendemain de la libération du s territoire, il la reprise de querelles stériles. Cetto union , doit rester une réalité dans les circonstances présentes ■ (Applaudissements.) ! Telle est la raison d'être de la composition du nou-t veau ministère qui a accepté de reprendre, à son point • d'arrêt, la ticho ardue accomplie par les deux cabinets précédents dans des circonstances angoissantes et avec > un patriotisme qui n'a jamais faibli. s Le pays sera heureux de voir la représentation na-i tionale reprendre contact avec le Gouvernement en at-t tendant la date prochaine à laquelle il pourra être consulté par la voie électorale après le retour de ceux qui ! ont été éloignés du pays par la guerre et après l'accomplissement des préliminaires nécessaires. i L'égalité dans la souff'ranco et dans l'endurance a i créé des droits égaux à l'expression des aspirations pu- • bliques. (Très bien! et applaudissements sur tous les i bancs.) Le Gouvernement proposera aux Chambres i d'abaisser, dans un accord patriotique, les anciennes barrières et de réaliser la consultation nationale sur la i base du suffrage égal pour tous les hommes dès l'âge , de la maturité requise pour l'exercice des droits civils. (Applaudissei/ients.) En attendant cette consultation, le Parlement sera appelé à voter une série de lois urgentes qui auront pour but de conjurer les effets immédiats de la "lierre spécialement pour assurer le rapatriement rapide de tous ceux que des causes diverses tiennent éloignés du sol patrial. L'Administration du Pays,, bouleversée pendant la longue occupation, doit être reconstituée avec un élan digne de celui dont nos soldats laisaient preuve dans les ; heures critiques. Cette grande œuvre nécessitera la col-1 laboration — à côté des ministres et de leur département — de commissions gouvernementales de techniciens ou de spécialistes recrutés notamment parmi les i chefs de notre industrie et de la finance et au soin de la classe ouvrière. De cette coopération étroite des forces vives de la Nation, le Pays peutattendre le plein essor de sa vitalité et de son expansion économique ex térieure. Avec le concours de ces conseillers d'Etat, les 1 ministres compétents assureront, à la classe ouvrière si ■ éprouvée, les conditions nécessaires i son développe-: ment physique, moral et intellectuel, l'observation des principes d'une hygiène sociale bien comprise et des mesures efficaces pour la mettre à l'abri' du iléau de ' l'alcoolisme. La pratique de la religion, qui a été pour les croyants un grand réconfort aux jours des épreuves douloureuses, n'a jamais été dans l'armée un obstacle à la camaraderie ; comment dès lors des divergences dans ce domaine pourraient-elles être une source de divisions , dans la vie civile et politique ! Les lois et leur exécution doivent concourir il faire de ces principes une réalité, i (Applaudissements sur tous les bancs.) AU PRINCE LÉOPOLD • Salut, royal enfant grandi dans les combats ! L'âpre soleil des camps t'a bruni de son haie, 0 Et nous ne verrons plus ce front pensif et pâle Que ta mère embrassait en soupirant tout bas. Ses baisers étaient doux ; mais tu t'y dérobas : Car, te sentant marqué pour un destin plus mâle, Tu n'a\>ais pas en vain entendu le long râle De tant de blonds héros qui sont tombés là-bas. Beau prince de quinze ans sacré par la victoire, Qui dot\c se souviendrait, devant ta jeune gloire, Que tu fus le dernier des pages de Watteau? ?- • Adieu le satin blanc qui te paraît naguère : Tu nous reviens sanglé dans ton habit de guerre, Et le vént de l'Yser gonfle encore ton manteau! Franz ANSEL. La tâche si complexe d ^ravitaillement du pays pen- * dant la guerre qui, au milieu des difficultés de l'heure, ( a pu être réalisée grâce au précieux, appui des Etats- 1 s Unis, de l'Espagne et des Pays-Bas (Applaudisse- ■ v ment s), devra être poursuivie avec le concours des or-c' ganismes qui en ont assume la charge et qui voudront 5 bien continuer au Gouvernement leurs services si 2 dévoués et si éclairés en se rattachant au jMinistère de l" l'Industrie et du Travail. I)e même lo Comptoir na-: tional d'achat, qui fonctionne sous le contrôle de l'Etat et qui est rattaché au Ministère des Affaires Econo-" nuques, devra poursuivre son activité en vue du réou-'l tillage de l'industrie et du réapprovisionnement en •s matières premières. 0 Dans un intérêt collectif, les dommages et ]es destruc-r tions .^ans précédent causée par la guerre aux particu-' Iiers appelleront une réparation intégrale et rapide. r Les effets de ces ravages on démontré combien tout se •l tient dans la vie économique ^l'usine est aux ouvriers ' ce que les ouvriers soiuaîu^ commerçants et ce que - ceux-ci sont aux professions libérales.,, -s La ruine d'un rouage sulïït à atrophier tous les au-n très. Cette solidarité impose une alliance loyale du c Capital et du Travail, alliance de concours et d'efforts ~ avec répartition équitable et méthodique du fruit de - ces efforts communs pour mettre un frein à des luttes * qui, par leur âpre té -même, dess rvent les intérêts des deux parties. Lorsque le Législateur sera sollicité de sanctionner ces coalitions d'intérêts,notamment en vue de faciliter la concurrence sur les marchés étrangers, le Gouverne-a ment veillera à assurer en même temps et par les mè-u mes sanctions, notamment par la liberté syndicale, n l'équilibre des intérêts patronaux ot ouvriers qui pour-h raient être en dissidence. La nécessité d'une union féconde exige la collabora- - tion sincère de tous les enfants d'une même patrie sans it distinction d'origine et de langue ; dans ce domaine des langues, l'égalité la pius stricte et la justice la plus c absolue présideront à l'élaboration des projets que le gouvernement soumettra à la représentation nationale. - Ainsi se réalisera un accord destiné à perpétuer l'unité - et l'indivisibilité de la Patrie teile qu'elle s'est afïirmée - pendant la guerre par le sacrifice de tant de sang, li {Vifs applaudissements.) Un respect réciproque des - intérêts des Flamands et des Wallons doit imprégner l'Administration, donner à chacun la certitude d'être a compris eu sa langue et lui assurer son plein dévelop- - pement intellectuel, notamment dans renseignement s supérieur, s Que le lonctionnan'e, le magistrat, l'oflicier doivent ,s connaître la langue de leurs administrés est une règle a d'équité élémentaire. L'intérêt même du Pays com-e porie que chacune de nos deux populations puisse, dans . s»a langue, développer pleinement sa personnalité, son originalité, ses dons intellectuels et ses facultés d'art. a Le Gouvernement proposera au Parlement de créer dès 1 à présent les assises d'une Université flamande à Gand, sauf à réserver aux Chambres qui suivront la e consultation électorale le soin d'en régler les modalités u définitives# Les menées de ceux qui, à l'heure poignante où l'existence et l'avenir du Pays étaient en question a avaient pour but de consommer sa ruine, ne peuvent' 3 faire l'objet d'une amnistie (toute la Chambre, debout, 3 acclame ces paroles) ; les populations flamandes ont déjà elles-mêmes lléuri ces menées, mais les coupables devront subir les rigueurs d'une ;uste répression. (Nouvelles approbations.) h La suspension du fonctionnement de la justice impo-e sée au Pouvoir judiciaire pendant la dure période 's d'occupation a dù provoquer un arriéré considérable 11 que le bouleversement des affaires semble devoiraccen-tuer. Ces événements iont sonner l'heure de réformes * profondes dans l'organisation judiciaire, réformes qui, 1 depuis longtemps, étaient dans le vœu des juristes et des justiciables. (1res bien.) Messieurs, s c Pai- sa constance, son stoïcisme, l'héroïsme de son armée et de son peuple, la Belgique a conquis les s/m-patines et l'admiration du monde. Elle est devenue à ses yeux, dès les premiers / ours de la crise tragique où - elle a été jetée, l'expression sacrée de la cause du e droit. (Très bien !) s Invariablement fidèle à ses devoirs et injustement a attaquéo, elle a pris les armes pour défendre son hon-. ncur et son indépendance. Elle sort de la lutte meurtrie, mais fièro et couronnée de gloire. La Belgique victorieuse et affranchie de la neutralité (acclamaiions prolongées) que lui imposaient des traités dont la guerre a ébranlé les fondements, jouira d'une complète indépendance. Ces traités, qui déterminaient sa position en Europe, ne 1 ont pas protégée contre le plus criminel attentat. Ils ne peuvent survivre à la crise dont le Pays a été la victime. La Belgique, rétablie dans tous ses droits, réglera sps destinées suivant ses besoins et ses aspirations en pleine souveraineté. Elle devra trouver, dans son nouveau statut, des garanties qui Ja mettront à [ abri du péril de futures agressions. Eile prendra la place qui convient à sa dignité et à son rang dans l'ordre international qui s'annonce, fondé sur la justice. ('1res bien.) L invasion et l'occupation étrangères ont infligé au Pays, à ses populations et à leurs biens, à son industrie, à son commerce et à son agriculture, d'immenses dommages dont la réparation complète lui est due par i ennemi. (1 rès bien.) Dès le début des hostilités, la Belgique, en exécution de son devoir international, tenta d'éviter que la guerre s'étendit au territoire du Congo. Ce fut en vain. Ici encore l'agression de l'Allemagne nous imposa l'obligation de combattre. Notre armée coloniale fit tout son devoir dans des circonstances souvent très difficiles. Les événements de la guerre d'Afrique, le loyalisme des populations indigènes,les progrès accomplis ont créé entre la Belgique e| le Congo d'indestructibles liens. Ainsi que la Belgique l'a solennellement et spontanément proclamé lors de la reprise du Congo, la protection et le bien-être des indigènes, demeureront le premier de nos soucis, comme ils sont du reste la condition nécessaire du développement de la colonie ; et nous sommesjésclus à nous imposer tous les sacrifices nécessaires pour poursuivre et remplir notre mission civilisatrice en Afrique. La nation s'attachera à multiplier dans la colonie les moyens de transport, condition eseentielle de la mise en valeur de ses immenses richesses naturelles. Elle considère son domaine colonial comme partie intégrante du pays et comme un élément essentiel de son relèvement et de sa grandeur future. L'opinion publique, trop indifférente autrefois à la vie du dehors, s'absorbait dans la discussion des problèmes internes. Instruite par l'expérience et consciente de la position acquise par la Belgique dans le monde, elle s'intéressera désormais, avec une vigilance patriotique, aux questions extérieures, et donnera ainsi un appui solide à l'action gouvernementale. Les puissantes amitiés qui ont entouré la Belgique lui resteront fidèles, j'en ai l'assurance, dans la paix comme elles l'ont été dans les épreuves de la guerre. Elles aideront le pays à reconstituer son outillage et ses approvisionnements et à restaurer sa vie économique, t La Belgique devra, par des conventions commerciales avec les grands pays alliés, obtenir d'eux l'accès larj?e et facile do débouchés nouveaux et assurer l'avenir du port d'Anvers. (Vive approbation.) La Nation rend un hommage éclatant et unanime à toue les pays alliés et associés qui, avec elle, ont mené jusqu'à la victoire cette guerre héroïque pour la défense du Droit et de la Liberté ; à la France et l'Empire britannique, à leurs soldats et leurs marins dont les exploits ont fait passer dans le monde des frissons d'admiration. (Ovations.) A la nation américaine, qui a sauvé la Belgique de la famine (acclamations prolongées) et dont les fils ont traversé l'Océan pour mettre la Force au service de lajustice ; à l'Italie, où notre cause a suscité de si ardentes sympathies ; (acclamations au Japon, à la Serbie qui a tant soufîert et lutté. (Bravos répétés.) La communauté des sacrifices, des souffrances et des espérances a cimenté enrre eux et nous une amitié et une solidarité morale que le temps n'affaiblira pas. Messieurs, Parmi les grandes leçons de cette guerre, il n'en est pas de plus saisissante que 1e désordre politique et social de nations autrefois prospères. L'ordre est à la base de la vie sociale; sans lui, celle-ci ne peut se développer. Mais l'ordre fécond no consiste pas dans une soumi<|ion forcée ni dans les effets d'une contrainte extérieure; il doit être dans l'accord commun des cœurs et des volontés.(Très bien !) C'est ainsi que l'esprit de fraternité et d'entente apparaît comme un devoir civique au même titre que le souci du maintien de l'ordre* A l'œuvre donc, Messieurs 1 Que Dieu vous soit en aide pour faire de la Belgique une Patrie de plus en plus unie, de plus en plus digne d'être chérie par ses enfants. (.Longue salve d'acclamations.) * * * On trouvera, dans notre prochaine édition, le compte rendu complet de la séanee du parlement où le discours que l'on vient de lire a été prononcé ; on y trouvera également la relation des événements qui ont rempli l'après-midi de cette mémorab.# journée. La grande journée L'aspcct do la ville Vendredi matin, le Roi Albert est rentré à Bruxelles à la tête de la sixième division d'armée. Dès la première heure de la matinée tout Bruxelles est dans les rues par où va passer le cortège royal. Il sufiit de circuler parmi la foule, immense déjà, qui, dès les premières heures du jour anime les rues pavoisées où on-, doient les draperies rutilantes des étendards, ' pour se rendre compte que noire ville réserve auxSouverains qu'elle aiiOnd avec une s ferveur contenue, une manifestation gran-1 diose et un accueil inoubliable. On peut dira qu'aujourd'hui la population toute entier. • est là, entassée, écrasée, mais, henreuse et ivre de joie dans ces rues en fête où frémissent au vern les couleurs chatoyantes des orillammes. Les tramways sont restés dans les dépôts, les services publics chôment, les employés ont reçu congé. En dehors des artères où doit passer le cortège sensation, nel, la vie de la cité est suspendue. On n'imagine pas la gaité, l'exubérance de cette foule qui, dès les heures les plus matinales, en dépit d'un froid piquant, s'est mise en route pour aller occuper des fenêtres ou des balcons, objets des plus folles compétitions, ou pour se poster aux endroits. 5c-£ plus favarables !... Sur les soubassements, de tous les monuments; sur les degrés do pierre des maisons ; sur le seuil des magasins, des milliers de curieux battent la semelle, grelottants, mais heureux de s'être i assurés des places d'où ils pourront mieux t contempler le prestigieux spectacle. Les - étalages des magasins se garnissent de spec-s tateurs qui ont acquis, au pris de quelles - instances, le droit d'y prendre place. Dans - les rues, le public, pour passer le temps, t chante des refrains populaires ou patrioti-i ques. Les soldats passent, l'allure crâne; on t les acclame. L'air vibre des sonneries reten-! tissantes des clairons. Sur le fond bleu de ; l'azur, des avions évoluent, avec grâce, s éblouissants dans la lumière douce de co ! matin d'automne. L'automobile qui nous conduit au-devant i du Roi et qu'accompagnent les autos des s correspondants militaires arrivés en grand - nombre pour assister à la réception triom-i phale d'un Roi glorieux, a quelque peine à v se frayer un chemin dans la formidable cohue, Mais quel spectacle! D'immenses i colonnes de gens de toutes classes, de toutes • conditions arborant aux boutonnières dts 3 décorations ou des llotsde rubans tricolores, , montent des faubourgs, se dirigeant vers la - ville, des cortèges d'enfants portant de mi-i nuscules drapelets tricolores suivent le même chemin. Mais combien en est-il parmi 9 ces centaines de milliers de curieux qui, c perdus dans l'immense remous, ne verront . rien de cette fête ^ . s Le boulevard Botanique, avec ses arbres • chargés de grappes humaines, est prodigieux. 3 A chaque carrefour c'est un océan de têtes, 3 un entassement fou d'où émergent des échaf-1 faudages et des échelles surchargées, des plate-formes croulantes de spectateurs. Et \ partout en bordure de la voie, un peuple 3 d'écoliers et d'écolières, parés de rubans ou 3 de sautoirs tricolores, une accumulation do ■ bannières, un mouvement de mouchoirs et 3 de chapeaux agités au passage des oltlcicrs ■ des armées alliées, stupéfaits et ravis de cet 1 enthousiasme, de co brouhaha, de ce mou- ■ vement. 1 Dans toutes les rues c'est la mémo fièvre 3 de curiosité, de véritables murailles hu-l maines que les soldats areboutés sur leurs ' fusils cherchent à contenir. 3 Et tout cela bouge, se meut par vagues, , tout cela chante, frémit at vit. On vit comme on n'a plus vécu depuis quatre ans et demi. Après quatre ans et demi!... No pensons k plus à ces années terribles ! N'y pensons plus en ce moment. Demain, nous recommencerons d'y penser. Mais aujourd'hui, l'armée rentre avec le Roi. Le jour de gloire est arrivé 1 Le départ du cortàge A huit heures et demie, le Roi quitte le Palais de Laeken et prend la tête des troupes massées aux portes de l'agglomération bru-itnniA^iaiPjup.ni l'ordre de départ iO centimes le numéro SAMEDI 23 NOVEMBRE 1918 98° annee.

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