Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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21 November 1918
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Jeudi 21 novembre 1918 lO cen limes le numéro f»'2me anrée - N° 324 JOURNAL DE GAND ' JkiiCJlXrSLÇtJt X>JOL.èi lOJ^UESa HKDAC ! ION & A.DMINIS (RATION , Annonce, ir.o .W'1 la ligne, réclamés (avant les Annonces) 1 îr ABONNFMENTè la Iiirne Réclames en <:ii!oniqué' trahtoisa ou dan> je cor; .- du GAND — 3, RUE DË FLANDRE, 3 — GA journal 2 fr. la ligne. I «formations financières el. . épurations DEUX FRANCS PAR MOIS rci BPunNP f,« ' judiciaire a fr ta lighe On trait , t.», .!« pour a-.. hl.umxs TELEPHONE 6b5 smiveru ir]»eiees. ! Autorisé par la Censure !ouvenez-vous de Louvain! I- S uivenez-vous île Louvain-! C'était, le ;i île guerre que. poussait 1k Daily Mail i septembre 1914, et ce finit être «u'onr-.] iiiii le evi de revanche de tous les Belges! S luve.oez-.votis de Louvain! Souvenez-vous a Bîtéglises incendiée», des chefs-d'œuvre ané-i (1»- ,0.01m livres de. là l>i"'iothèq"° fflki -les civils martyrises et, enterrés \ -Hits ! ] -Sonvenez-vous de Louvain! Et n'essayez ijs, nar-Une fausse sensiblerie^, d'an été" l't [este vendeur de-ceux i|iii violent cliftiier les 1 mites c maables d'avoi - -nimandé et exè-mit ces massacres, au nom de la culture -1 lémande ! ' Soavi-n"«c-voti- -I ' Louvain ' S »uVenez-vous j i Dînant Sodv.-iie^-vous I' indenne ! ^ou-1 énez-vons de Dix-nftide ! il faut que .justice ] e fasse, il faut que l'Allemagne— empire ] m république on uiarc.liie. que nous ■liant ? ! - i'é|iaré tout ce qui se peut réparer • |Ja;ns toutes les nations d j l'entente. d'àïl-{ gui s, s'élèvent des voisf éloquentes et puis-; ajites pour réclamer «le piomptes. de i < >t a 1 .-s .1 l'efficaces réalisation^: de tons rôles se 'réent des organismes'destinés à évaluei les |sa-tres accumulés par la fage teutonne, " ar les AHiés ont, compris que pour venger io< martyres, relever nos ruine , raviver i jotre industiie.il faut autre clinse que des | Billions. « est pourquoi ils se disposent à ujïérde l'Allemagne des valeurs en nature : Ijliariions, machines, wagons, outils; matièrés Irëmièies, etc. liais nos richesses artistiques, nos vieilles ptliedrales. nos halles d ^ près, nos iiiati.ts-irjts et nos incunables de Louvain, les oliei»-ïœuvi-e de Tliieny Bouts, le merveilleux Jor-liHis de Dixtnude, nulle puissance au monde Lepeitt nous le- rendre, I Rli! bien que les Allemands remplacent les Bêls d'oeuvre détruits par d'autres cliefi l'œuvre issus de chez nous, et qu ils detieii-[ein en le» s musée-. Qu'ils nous cèdent au irix qu'ils leur ont coûté, ies volets du léta-lle de St-Bavon. iju'its remplacent It-s Bouts le Louvain pat ceux de la Pinacqtlièqii" de jluriic.ti, qu'ils iiou^ rendent 1 Honim a I oeil-ut et les \'«n Eyck du musée de-Dresde, et Van (1er W-eyden de Berlin et de Dresde, lie Jiudaens de Mayence. .Qu'ils payent œil poui œil, dent pour dent, livre pour œuvre, les stalles «ie nos églises, s sculptures de nos édifices, ies statues de os places publiques, les etains et les monze-e nos demeures, et que les cendres des soi-wmedix mille volumes incendies a Louvain émis sent a jamais la civilisation germa-iqae ! Souvenez-vous de Louvain! Souvenez-vous e Dînant ! !...— — » ..—.cf a réorganisation des chemins deîcr dans les Flandres Nous nous rendîmes hier chez M_Duwelz, directeur de service If, pour lut demander ' fs prévisions au sujet delà réorganisation il service des. chemins de fer dans les Fiantes. Nous donnons ci-api ès les détails l'av.ec sa lionne obligeance habituelle, il oulut bien nous communiquer. Tout d'abord il nous lit remarquer que rates les installations de chemins de fer eliant Gand à l'ouest et au nord ont été miplètement détruites par les Allemands, 'our. se rendre compte de leur façon de pro coder. il suffii de longer le Boulevard du St p jM-qu'a la gaie St-Pierre et l'on sera é 't : fi : i oli .-m; a ainsi Si taire une idée de tu.i ; es les tiifficul'é> q« • doivent surmonter les vaillantes troupes du génie pour remeiire notre réseau tant soit peu en étrft. La destruction des voies continua sur la ligne de Gand à Bruxelles jusqu'aux environs il.- WVtteien et '-ur la ligue de G'and-Anvers p.. le Pays de Waes jusqu'à Lokeren : à pariir de S Nicolas jusqu'à la ïète de Flan-iti la route est p aiiralde ainsi qu'àpaitir de Wé'lteien veis riiJféiîeur dit pays Dans ces conditions, la grande difficulté réside si m pietn ii i da ns la leçons' rue t ion d iv i é>.eatl des Fia nd r. s, les an 1.1 es voies du pays de vant restée intactes d'aprés les conditions de l'armistice. Toutefois nous avons appris que les Allemands ont taii sauter dernièrement la station d'Assche sur la ligne de Bruxelles, et le bruit circule que, maigre toutes les con-venlions. les .-tatinns de Bruxelles-Midi et de Bruxelles-Nord furent le théàtrede violentes explosions dimanche dernier. Comme nous le disons plus lia.it. le génie militaire fait des prodiges ; il s'occupe très activement de.» lenouvellements. tuais il ne fait que la grosse besogne. lai»:tnt aux services civils qui les suivent le soin des détails et des perfectionnements. Malgré toute l'activité déployée, l'on ne peut encore prévoir l'époque à laquelle les chemins de fer pourront, êtie utilises potît le service des voyageurs et les marchandises. La grande question pour nous est en ce moment celle de l'alimentation et il est, donc naturel que dans les premiers temps tout le matériel disponible soit mis à, la disposition du ravitaillement de lu population civile. Aussi espère-t-on que les trains pour le ravitaillement pouriont cii culer d'ici deux ou trois ion t s. Ceux-ci ne pourront toutefois arriver jusqu'à linnd qu'après de longs détours. Tous le» ponts et ouvrages d'art, donnant accès aux a a - es île-Grand-Sud et de Hand-St - Pie i e ont e - é dét uits et leur reconstruction exige des mois et des mois de, travail ; le trafic de la France et de la côte vers' Cand et, au delà seia assumé via Fin nés—Dixmnde— Bruges Èeeluii \Yundelgem — tien -Est et Mei-relbeke. A cet effet le pont-rail de Wondel-: gem- sera rétabli incessamment, s'il neJ'est ; pas encore. C'est.à, la gare de. t-fand-Est ijue ' se fera le .déclin > geme.hi et le transbordement de> marchandises èt il est à prévoir que pendant quelque temps encore le ravitaillement destiné aux piovinces d'Anvers et de Brabant passera par ici. le réseau du Nord d-- France et d'une, partie du Hainant ayant terriblement souffert: Les chefs de gaie, les employés r prennent uii a un leurs fonctions et s'occupent activement de la réorganisation du service. L'initiative ne leur fait pas défaut, comme beaucoup d'eut : e eux l'ont p: ouvé durant la guerre dans les différents comiiés où ils ont travaillé Aiism est il à espérer que d'ici peu nous verrons de nouveau passer à toute vapeur les monstres de fer et d'acier pot tant dans toute la Belgique le bonheur et la prospérité, Les Expositions A la Salie Taets III A côté des douces et harmonieuses marines d'Alph. l'oym, et des tranquilles paysages d II. Vif" MHl", les satires de F. ./> i.oerer apparaissent plus âpres, son démo- nisine plus troublant Ce ne sont plus ici de< vision s à réjouir les yeux, des rêveries à bercer l'âme : ce <-mt des symbole*, lourds de I en ée et de mystère, qui parlen6tragique-ment. à l'e - p rit. J. F. De Boever s'est fait dans l'école contemporaine une place unique, et dont récla-ira sans cesse grandissant, à mesure que s >n œuvre se ré, a dru dans le mon.s- Continuateur de Kops par la hardie»!» etjl' > ginali é de ses conceptions, émule de Forain par son expression nette, concise et incisive ii,synthétise en quelques traits le drame d'une vie, voire l'éternel destin de l'humanité « La Ciguè », « La proie », « Routes d. la passion » s'inspirent d'une douloureuse philosophie. Devant cette œuvre si expressive et si personnelle, on oublie presque de s'in èresser au métier dirpeî.otre, d'admirer son style élégant et hartti -lieux, sa couleur s ivoui eusc et raffinée, son imagination fertile et délicate Au point de vue de l'exécution, «Succube-est, de. toute les pages réunies ici par l'artiste lu plus puissante L'attitude est djune aisance et d'une, vérité parfaites, les chairs sont fermement modelées, les tons vigoureux et riciiem nt orchesti-és. « La fée -, sœur bénigne de a Sueeuue » ne lui cèle (oint en beauté : si elle a moins de force elle a plus de grâce. « Le Messager » est. d'un merveilleux rythme de. lignes et de tons: c'est une. œuvre d'art dans toute la force du terme Et quelle mélancolique grandeur; quelle ra e séduction dans les « Pantins» quelle sciencê du colo-ri-. quelle fantaisie, d'invention dans les • Sorcières », quelle entente dit stylé, quelle délicatesse de fouelie dans les « Gerbes » ! Le doute à présentn'est plus possiÉtîeTî J, F De Boever est un grand, très grand arti-tr. qui. pour èxprimerdes vérités profondes à du se créer une technique bien à lui Ses œuvres désormais trouveront place à des cimaises plus vastes que celles de la Salle Taets: Paris, et Londres leur feiont des cadres dignes d'elles, mais i-iand restera fière d'avoir vu éclore et progresser~Cé "gtorîetlï talent 11 faut que les aquarelles et gouaithes de De Hee-m aient un réel mérite pour n'être pas totalement éclipsées à cô é des pages de Cogen et vis à vis de celles de De Boever. Et de t'ait, chez ce peintre hier encore amateur, ! un tempérament d'artiste se révèle.en maint rnoiceau Ses deux études de Cité ouvrièie > ; n° 4, et surtout -n° 5, enlevées avec une /gtande liberté de facture, sont solidement clia'pentees et chaudement colorées; son < Escaut à Tamise ». li és habilement mis en j page.ades gris délicieux rappelant les maîtres anglais: ses Sous Bois et ses vues de (4a nd sont d'un irréprochable dessin et d'un agréable coloris. 0. V. i" I Le Ravitaillement de la Beigique Diverses mesures viennent, d'èire piises pour assurer le ravitaillement de la popula tiou civile Le dioit de réquisition, conféré aux. autorités militaires, peut être, le cas échéant, exercé par le Ministre de l'Intérieur. I' est, de plus, institué par province, un commissaire du gouvernement chargé d'assurer le ravitaillement de la population :'sont nommés en cette qualité : Pour la Flandre occidentale : M. Jean Maes. membre de la Chambre des Représentants - Pour'la Flandre orientale : M. Lionel Pussemier, membre dt la Dépuration permanente de la Flandre orientale; pour le Hainattt : M. Louis Brou- ' ckère, membre suppléant de la Chambre des ' Représentants D'autre part, on travaille avec ardeur à la mNft en état du port de Zeebrugge: quelques bateaux ont déjà pu y entrer. Bientôt il sera accessible aux navires de commerce. En attendant, la 0. R. B. s'efforce d'assurer le ravitaillement par l'Ecluse. Un représentant de la C R. B. est passé par cette localité, d'où il partit pour Bruges où il se mit. en rapport avec l'autorité belge. On-suppose qu'un certain nombre de bateaux qui se trouvent à l'Ecluse, seront réquisitionnés pour le compte de. la C. R. B, On s'efforce de rendre le canal de Bruges : de nouveau navigable : les Allemands ; l'avaient rendu inutilisable: .,4 Le Roi et la Reine à Paris Le Président delà République a adressé au Roi le télégramme suivant : « En adressant, à Votre Majesté mes meil-letus vœux de fête, je tiens à Lui dire la très grande, joie que j'eprouve à. la 'pensée qu'Elle va, dans quelques jours, rentrer triomphalement, avec Sa Majesté la Keine et avec les troupes belges victorieuses, dans les rues pavoiséesde Biuxelles. .Te i niercie de nouveau Votie Majesté d.'a voir bien voulu, la semaine dernière, me laisser espérer su prochaine visite à Paris, dont la population !era au Roi et à la Heine des Belges un accueil enthousiaste; (s.) Raymond Pninearé. » Le Roi a répondu : Son Excellence Monsieur. PoincatéJ Président de la République Française. Paiis. Vivemejnt touché de votre télégramme, je vous prie d'agréer mes plus sincères remerciements Ce sera pour la Reine et pour moi un grand plaisir de nous rendre à l'aimable invitation que vous avez faite. (s ) Albei t. La ville de Bruxelles à M. Poincaré M Maurice Lemonnier, échevin, faisant fondions de bourgmestre à' Bruxelles, a fait parvenir au Pi évident delà République française le télégramme suivant : La ville de Bruxelles, au moment de sa libération. adr-»e à .M p$inca.ré, Président de la République fiançaise. l'expression de son ardente affection pour la grande nai ion éprise d'un sublime idéal de iusiiee et dont la cause est la cause même de la liberté et de la eivili sation. Maurice L-monnier: M Poincaré a répondu : Je remercie de tout cœur la Ville de Bi u-xelles de l'affect ueux souvenir qu'elle adresse au peuple français et je vous exprime à vous et à vos concitoyens tues vives fe-licitations pour vo' re délivrance. Raymond l'oinca i é. t.*.--...— .— .o e,— Félicitations suisses Berne. 1S novembre. Le Président de la ' 'onfédér^tion a adressé au K I des Belges à l'occasion de son entrée à Bruxelles le télégramme suivant : Le peuple suisse, représenté par le Conseil Fédéral, tient à uni i sa voix à la voix dt tous les peuples de la ferre qui saluent au-joui d'ilui dans un frémissement d'admiration et d'allégresse la rentrée du Roi des Belges dan sa capitale. Pendant les premiers jours de'juillet ISH, vous aviez bien voulu donner à la Suisse et à son gouvernement nne preuve nouvelle et, particulière de votre amitié en nous honorant de votre auguste visite. Trois semaines plus tard, la loyale Belgique était violée. Depuis lors, vous avez personnifié; par-une épreuve acceptée jusqu'au martyre, l'idée de l'honneur et du droit de tous les Etats neutres Vous personnifiez aujourd'hui dans l'éclat, de la gloire, la justice réparée. Notre cœur bat à l'unisson du votre et la joie de tous les Belges-est la joie de. tous les Suisses. Le départ du Gouvernement Le Havre 18 novembre. M Paul Huysmans. notre ministre des affaires étrangères, a adressé ie télégramme suivant à l'amiial français gouverneur du Havre : . • Bruges. 16 novembre. Appelé d'urgence à Bruges, j'y suis retenu contrairement à mon attente et ne pourrai vraisemblablement, pas avant quelque temps aller en personne vous dire.les sentiments de profonde gratitude personnelle et ceux du gouvernement belge qui me charge d v.ots les exprimer. Nous n'oublierons jamais notre séjour an Havre, au milieu d'amitié si touchantes, Je salue en vous l'héroïque armée française et envoie avec ém f.ion à la noble et généreuse France l'hommage de ma reconnaissante admiration. La zône-frontière Le ministre de la guéri e a placé sous l'autorité du commandant de la Sûreté militaire, la zône-frontière comprenant, à la date du 20 octobre : 1° Lu région comprise entre le canal Léo-pold, le canal de Bruges à l'Ecluse, la frontière hollandaise et la mer dn Nord, 2° Le territoire des communes de : Oost-kerke. Houeke, Lapscheure. Dumme, Moer-kerke. Middelbourg, Maldegem, Saint-Laurent. Sainte-Marguerite.Saint-Jean-in-Eremo, Waterland Oudeman. Watervliét, Bassevelde, Bouchoute, Assenede, Ertvelde, Selzaete, Waehtebeke, Stekene, Saint-Gilles-Waes, La Ciinge. Moerdonck, Kieldonckr Doel. Mise sous séquestre des biens ennemis In An été-Royal, que publie le dernier numéro dut «Moniteur» rend obligatoire la déclaration et, la mise sous ? équestre de tous | les biens ennemis existant en Belgique, libérée : immeubles, meubles, parts, actions et : obligations dans les Sociétés anonymes, etc. ' Ce.s biens peuvent être exploités an bénéfice de l'Etat belge ou des créanciers de ces ' diverses Sociétés. ; — — A Bruxelles Dimanche dernier, au milieu de la joie de i la dêliviance, on a entendu de fortes explosions à Bruxelles et dans les environs. A là gare du Sud, un incendie a éclaté dans un wagon dç munitions. Deux trains ont explosé, l'un après l'autre, causant des dégâts considérables aux maisons environnantes principalement rue de France et rueFonsuy. Les explosions continuèrent tard dans la soirée; l'incendie menaça encore de s'étendre vers s h. du côté de la rue Joseph Claes Tout le quartier de la gare du Sud a dû être évacué; il y a de nombreuses victimes. ] :eLillfeton du luuinal de Oana 4 Ua Mène Patrie ROMAN PAR MAURICE MONTÉOTT Alors, Jérôme, en frappant trois fois ses ■ )rtes mains l'une contre l'autre, donna le ignal du départ. i La maison nouvelle était distante de deux lilles environ de Closed-House, l'habitation i es Bricogne, où le souper tout chaud devait j ttendre les hôtes de ce grand jour. En un instant, les chevaux furent détachés i es piquets : les voitures, enguirlandées, fleu-ies et pavoisées, s'emplirent d'un monde j lyeux ; lourds chariots à moissons, bas sur nues, où des épis oubliés de la dernière ; écolte parsemaient le plancher raboteux et lie traînaient quatre bœufs enjougués. Des incs de bois y étaient insrallés pour les gens ispectables ; dans la première. Bertrande Iricogne, l'aïeule, prit place et s'assit sur un luteuil d'osier. A ses côtés, derrière elle, érôme, Virginie, Hermanu et Tuècle s'alig naient sur des.bancs avec, les invités grisonnant- ou ventrus Dans la seconde voiture, les jeunes gens s'entassaient, pêle-mêle, après une bousculade; et l'on partit ainsi à travers la prairie, escorté par la rude chevauchée des chasseurs de fourrures et des coureurs des bois. Une dernière fois, les fusils détonnèrent ; puis, dans un chant rythmique, d'une mélancolie large, saluant la fin d'un jour la caravane s'éloigna sous les voûtes ombreuses de l'avenue jadis ouverte à coups de hache au ffanc de la forêt aimée et redoutable. Sur la grève où la mer montait il ne restait plus que des tonneaux vides, des cartouches brûlées ; et la maison neuve, qui attendait ses hôtes, s'endormait, mystérieuse comme l'avenir, sous la cendre violette des crépuscules polaires... Bertrande Bricogne était la descendante directe d'une famille de colons étalris en Acadie aux premiers temps de la conquête française A cette époque, vers 1615, quelques pionniers épris d'aventures entrèrent dans la : presqu'île et s'établirent à l'intérieur, au j coeur de la forêt. C'était un magnifique terri toire de chasse et d'exploitat;on : mais l'immigré devait y vivre du sol même, de sa cul u re «in de son gibier. Car 1 Acadie formait une impasse sans communication avec le centre du continent ; elle resta reculée, isolée ' de la sorte .jusqu'à la fin du dernier siècle ; c'est récemment que tut enfin construit 1e chemin de fer intercolonial qui relie Halifax i à Québec. Longtemps de larges solitudes entourèrent les habitations fortifiées contre l'Indien, espacées dans des carrefours défrichés en plein bois En 1713, le traité d'Utrecht livra l'Acadie aux Anglais. Alors la lutte commença entre les deux peuples en présence. Elle dura quarante ans et bien de crimes furent commis. En 1756, les premiers colons, les Français, furent dépouillés, chassés de leurs possessions anciennes, massacrés en route ou déportés vers la Louisiane. Les Bricogne, en ce temps-là, possédaient un vaste domaine, une sorte de ferme-manoir, à eux depuis cent ans, où les ancêties etaient nés, avaient vécu paisibles, étaient morts pleins de jours; où les jeunes gens d'alors croyaient mourir aussi. Ce manoir, défendu par la force, fut vaincu par le feu; ses habitants s'enfuirént, dispersés, au hasard. Onze ans plus tard, avec leurs anciens voisins, Français comme eux, les Bricogne. entêtés, r-vinrent au pays d'adoption. L'intérieur des teries, occupé par l'Anglais, leur restait interdit; ils se réfugièrent sur le littoral, et, non loin des gièves, à la lisière dit bois, él-vèrent en silence leur demeure nouvelle. Mais comme elle n'ouvrait pas ses portes à l'étranger, n'accue liait peisonfîe qui ne parlât la lange de la mère patrie, les Anglais la dénommèrent Cl ; ce nom, dans sa fierté faiouche. par l'isolement volontaire qu'il indiquait, plut au Français qui mirent leur orgueil à le conserver. Et, dans Closed-House. ils s'installèrent Le gouvernement lais-a faire; car. après l'exil des Français, les Indiens avaient reparu, dévastaient partiellement la colonie ; le ietour de ceux qui les avaient repoussés j ou pacifiés jadis devait les éloigner de nouveau ou les réndr.- plus sages Ce qui arriva. C'était, le grand-père de Bertrande qui, en : 1767. avait, ave les si-ns. bâti la seconde maison Sa race y continua l'es traditions anciennes. ie>tii fidèle à ,-eS oriçineS. i t n'oublia jamais ce qu'elle avait souffert de l'étranger. Bertrande savait tout cela, d'autres choses encore : toute l'histoire de sa famille, depuis son départ de Picardie pour la Nouvelle-France ; le voyage si long,alors ; l'arrivée ; le séjour au bord du Saint-Laurent : l'exode vers l'Acadie ; les guerres contre les Iroqttois, les Anglais toujours ; Champlain, Frontenac et- Montcalm : Vaudreuil, Villiers, Beaujeu (quand elle prononçait ces noms-là, la vieille femme saluait de la tête) ; la résistance des siens â la conquête anglaise, leur massacre, leur exil, leur retour, après des rnaux sans nombre, des étapes doublées, à la nouvelle patrie ; enfin la renaissance de la race et du foyer dans un pays plus âpre, au bord de l'Atlantique, Là, les Bricogne étaient devenus matelots et pêcheurs et s'étaient encore endurcis ; mais on avait vécu. Elle était née à la fin du dix-huitième siècle Ce qu'elle ne disait pas, c'est qu'elle avait été une enfant très farouche, puis une jeune fille hautaine, instruite, à force de lectures, promenant sa beauté légendaire comme une royauté ; que, jusqu'à vingt-cinq ans presque, en dépit des coutumes de,"la contrée, elle était restée fille, sans doute par orgueil, car-le. pré tendants de tous genres furent nombreux a J sa main. j (A suivre.)

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