Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

1183 0
30 December 1918
close

Why do you want to report this item?

Remarks

Send
s.n. 1918, 30 December. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 16 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/1j9765c15k/
Show text

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Lundi îiO décembre 1918 ±0 centimes le numéro (>'2me anné( N" 36ÎJ JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : DEUX FRANCS PAR MOIS REDACTION & ADMINISTRATION : GAND — 3, RUE DE FLANDRE, 3 - GAND TELEPHONE 665 Annonces fr. 0,80 la ligne. Réclames (avant les annonces) 1 fr. la ligne. Réclames en Chronique gantoise ou dans le eorps du journal 2 tr. la ligne. Informations financières et Réparations judiciaires 2 fr. la ligne. — On traite à forfait pour les annonces souvent répétées. Comment l'Allemagne pourra-t-eile payer? Les différents pays de l'Entente établissent hâtivement le cahier de leurs revendications; on voit surgir quotidiennement des requêtes qui font aux désirs respectables de leurs auteurs une place beaucoup plus grande qu'aux réalités. A réclamer des centaines de milliards ici, ou là, des intérêts composés, qui pourraient tout aussi bien remonter à l'arche de Noé, on ne risque pas grand'chose évidemment, mais on expose une partie du public à admettre des possibilités qu'exclut la situation du débiteur, et partant, à d'inutiles déceptions. 11 est parfaitement vain d'affirmer que l'Allemagne, que les pays allemands, paieront intégralement les charges qu'ils ont imposées aux Alliés en les contraignant à la guerre, lorsqu'il s'agit de sommes tournant, autour de mille milliards. 11 n'est pas moins certain que les vaincus ne pourront solder intégralement l'intérêt d'un tel capital, qui n'exigerait pas moins de 50 milliards par an, soit la totalité des revenus germaniques d'avant-guerre. Laissons donc le petit jeu des additions bénévoles, pour étudier davantage « les voies et moyens » et souvenons-nous aussi que nombreux sont les pays qui auront à faire valoir leurs réclamations. En peu de mots, sir Eric Geddes, premier lord de l'Amirauté britannique, vient de rappeler certaines vérités. Citons-les textuellement : « La question des indemnités est hérissée de difficultés. On veut que l'Allemagne paie les indemnités, mais la note se monte à quelque chose comme 50 milliards de livres sterling (1.250 milliards de francs). Cela peut seulement s'acquitter en or, marchandises ou main-d'œuvre. L'Allemagne ne possède pas d'or. Si nous recevons les indemnités en marchandises, l'inactivité de notre production et de notre main-d'œuvre s'ensuivra. Est-il convenable que l'Angleterre, avec sa grande population laborieuse, veuille importer des millions d'esclaves allemands en leur faisant acquitter leur dette par leur travail ? Il faut bien approfondir cette question des indemnités et voir jusqu'à quel point nous pourrons obtenir de l'argent de l'Allemagne, sans que cela nous soit nuisible. » Si l'on veut procéder avec méthode, il faut d'abord se placer en présence de l'Allemagne ou plutôt des Etats allemands, tels qu'ils seront reconstitués par les premiers articles du traité de paix : superficie, population, capital et revenus, et non compter avec les éléments d'un empire qui aura disparu de la carte d'Europe. Il convient ensuite de se demander si l'on entend faire des prélèvements, sur le capital ou sur les revenus seulement du débiteur, car nous nous excusons de le rappeler, mais le capital que nous nous serons approprié ne rapportera plus de fruits aux populations allemandes (ce sera le cas de l'Alsace:Lofraine, de la Pologne et du Schleswig, notamment) 11 sied encore de constater que, si nous entendons nous payer assez largement sur leurs revenus, il faudra laisser aux Etats germaniques un commerce extérieur suffisant pour que ces revenus puissent se constituer de façon à peu près normale. A nos yeux, le problème des indemnités se réclame de deux notions essentielles : de la balance économique quant à la nature des paiements, des revenus annuels, quant à leur importance. L'or, la main-d'œuvre, les valeurs mobilières étrangères et les produits, tels sont les éléments susceptibles d'échange de peuple à peuple, tels sont les moyens de libération de nos agresseurs. Le stock d'or qui subsiste en Allemagne ne permet pas d'en faire état en face de l'énormité de sa dette. La main-d'œuvre s'applique spécialement aux réparations des régions envahies. On la voit plus difficilement entrer en ligne de compte parmi les indemnités : les Etats-Unis et l'Angleterre n'en ont que faire. Les valeurs mobilières étrangères étaient évaluées de 25 milliards de marks avantlaguerre et des reventes au dehors, de titres de pays neutres, n'ont pas manqué de se produire. Il reste les marchandises, les produits annuels du capital et du travail allemands. C'est de ce :ôté seul que les Alliés trouveront en quantité, ;inon suffisante, du moins appréciable, la matière les indemnités légitimes. C'est donc, avant'tout, le revenu des Etats germaniques que nous devrons considérer pen-lant une longue période. De combien sera-t-il, :t dans quelle mesure les Alliés réunis, pour-ont-ils y opérer des prélèvements annuels, ;ans ruiner l'économie nationale ? Nous ne don-îerons pas de chiffre, d'abord parce que cela, îous le répétons, dépend, avant tout, des îouvelles frontières faites à ces Etats, du mon-:ant de leur population, de l'ordre ou du désor-Jre qui pourra y régner dans l'avenir immédiat; însuite, parce que les revenus allemands ne nanqueronf pas de s'élever régulièrement, lutomatiquement d'ici peu d'années, suivant me progression reconnue et qui pourra même ître dépassée. Mais à défaut de ce chiffre, nous rappellerons ni fait d'une très grande importance — c'est que es peuples sains — et les pays d'outre-Rhin ■ecevront la santé par la force des jeunes géné-■ations, — épargnent aisément chaque année 10 à 15 •/„ de leurs revenus. C'est cet excédent le revenu, que nous voyons pour notre part aire retour annuellement aux Alliés, sous la orme de marchandises spécialement appro-jriées aux besoins de chacun d'eux. Echos du palais 29 décèmbre. Décision intéressante en matière de détention préventive Un brasseur de ïermonde, accusé par un îoncitojen d'avoir fait avec les Allemands un commerce-aussi continu que rémunérateur, — ou d'avoir eu pour eux des complaisances )Our le moins coupables — s'était vu mettre m prévention par le parquet de Termonde, m vertu de l'arrêté-loi du 11 octobre 1916, jour avoir prêté aide à l'ennemi de l'Etat. Un mandat d'arrêt avait été décerné con-rele prévenu par le juge d'instruction, man-lat que la Chambre du com-eil du tribunal de lermonde avait confirmé dans les cinq jours, conformément aux dispositions de la loi sur la létention préventive. L'inculpé avait interjeté appel de cette or-lonnance, et c'est ainsi qu'il comparaissait levant la Chambre de mises en accusation de a Cour d'appel de Gand. Celle-ci avait à connaître pour la première 'ois de la question soulevée. Conformément au réquisitoire du ministère tublic, la Cour décide que l'art..7 del'arrêté-oidn 11 octobre 1916, ayant attribué compé-,ence formelle aux tribunaux militaires pour a répression des crimes et délits de l'espèce, eur connaissance échappe par conséquent lux tribunaux correctionnels. Les juridictions répressives ordinaires l'ont donc pas à statuer sur les mandats l'arrêt décernés par les juges d'instruction s'ils existent, en vertu d'une demande de .'autorité militaire; et partant la Chambre les mises en accusation met à néant l'ordon-îance de la Chambre du Conseil du tribunal le Termonde. En suite de quoi, l'inculpé a été remis en iberté. Ce qui ne veut pas dire que l'autorité mili-;aire ne puisse à nouveau se saisir de sa personne, ou de celle de ses congénères éventuels. Cette décision à. tous égards intéressante ;émoigne dn désarroi qui semble régner dans certains milieux judiciaires quant à l'application des arrêtés-lois pris par le gouvernement neige du Havre La matière est assurément délicate, et il semble qu'au Sénat aussi,, on s'en ait déjà jccupé. Nous aurons l'occasion d'y revenir, après plus ample informé... X. X. f»*-——»— .4, ÉCHOS D'flHT Au Grand Théâtre Traviata — Romeo Voilà deux représentations tout-à-fait soignées. Il ne sera plus nécessaire de revenir sur le détail de l'interprétation, dont nous avons déjà longuement causé d'antan dan notre chronique du Th. Néerlandais. Notons cependant que dans la première pièce, MlleDe Vis fut remplacée par Mlle Bovy qui s'acquitta fort bien de son rôle et qu nous avons revu avec plaisir M11' Delannoy dans son ancien rôle de soubrette. Dimanche dans Roméo, M"B Ida Corelli, I nouvelle chanteuse-légère, a fait bonne im pression. La voix est agréable, claire, le vocalises bien taillées, l'émission claire; d plus elle a chanté avec une justesse parfaite Voilà plus de qualités qu'il n'en faut pou trouver auprès de notre public un accuei favorable. M. Deshayes lut très applaudi, surtout a 2° acte, apiès son fameux air « Oh! lève-toi soleil! » Nous apprenons que notre ancienne con naissance, la basse profonde — oh ! combien — Sabellico, dont on avait déjà annoncé 1 mort est engagé en ce moment à Malte, a Royal Opéra House. Au Théâtre Néerlandais Concert du 28 décembre. Samedi dernier la Stè Gantoise de Musiqu avait organisé une grande fête patriotique a profit du Foyer du soldat belge à G and et d Nouvel An du ■ Soldat. Belle assemblé rehaussée par la présence de notre bourg mestre Mr. Braun. Au programme plusieurs morceaux de cil constance : Une marche Militaire Au Van geurs du Droit, dans laquelle se suivent le différents airs nationaux des alliés, même de plus petits — souvent sacrifiés — comm l'air portugais, serbe et monténégrin. Viennent ensuite le Domine Salvum fa Regem, pour chœurs sans accompagnement d'une noble tenue, de Mr. II. Van de Wattyne une Hymne d la Patrie, soliste M. Buycl< de beile envolée par M. E. Jacques Dalcrozt S une heureuse adoptation \mPsaume XXlpn Carlos Buysse. Le Beiaardslied de K. Léo. Moermans, jette sa note claire et vibrante a milieu des différents morceaux d'allur presque religieuse. Le morceau de consistance fut le Klolih Roeland, cantate pour soli, chœurs e \ orchestre d'Edg. Tinel. Cette œuvre, trop pe i connue, contient des pages remarquable* d'une orchestration très fouillée, spécialité u t notre maître belge. i L'introduction en est délicieuse dans tout | sa simplicité; le récitatif chanté avec goû i par M. Verniers est une phrase mélodiqu d'un grand souffle; dans le chœur des esprits aux multiples teintes,se rencontrent des auda ces harmoniques, d'un effet singulier; la chan son du tisserand, chantée avec émotion pa le baryton H. Coppejans, eut beaucoup d succès, qui s'accentua encore dans le du avec sa femme Mlle De Vos. La deuxièm partie de la cantate décrit la lutte, pour fini par une marche finale et un chœur triompha puissant. Cette œuvre, comme les précédentes sous 1 direction de M. Charles De Sutter, exécuté par 300 exécutants demande de longues e patientes études.En être venu à bout de faço si honorable constitue par le dirigeant u brevet de capacité enviable. La soirée se clôtura par une compositio de H. De Sutter, lui-même sur une poésie d notre confrère De Munnynck. Elle affecte 1 forme de cantate populaire avec solo, chœui et orchestre et finit par la Brabançone. Ell fut très favorablement acceuillie par le public Grande Fête Patriotique IjOEuwe de secours aux Prisonnier de Guerre eut son tour le dimanche 28 déi Cette fête était placée sous le haut patronag du Ministre Ed. Anseele, du lieutenant-gène ral Bernheim, du Général-major De Blauwt du gouverneur le baron R. de Kerkhov d'Exaerde, de M. Braun, député. La salle était archi-comble ; M. le lieuts nant-génèral Bernheim, avec son aide-camj assistait personnellement à la représentatior ainsi que M. Braun et tout le collège. Le programme comprenait une partie mus: cale arrangée par M. J. Vander Meulen tandis que l'excellente musique du 3® de ligne sous la direction experte de M, Vercau-ter, y prêtait son concours. M. G: Hamelinck s'est fait applaudir dans j l'air du comte de Rysoor de Pairie et le grand air d Hérodiade; Mm0 Fossaert-Wieme j a fait apprécier la netteté de ses vocalises j dans Bal du Printemps de V. d. Haeghen, ! avec accompagnement de l'orchestre sympho-j nique du 3° de ligne et a chanté avec succès, avec M. Hamelinck le duo d'Hamlet. M. Ast. Bogaert a tenu l'auditoire sous le charme de sa baguette en interprêtant Solitude, Rêverie et le bizarre Scherzo de Van Gœns, morceau excessivement périlleux. Le cercle Caritas, à son tour, a joué la célèbre pièce de Fabricius Dolle Hans. 11 est inutile de revenir encore sur le talent des divers interprètes, autant que sur l'ensemble parfaitement étudié. Qu'il soit permis cependant de joindre à nos félicitations à l'adresse de Mm" Irma Coppitters, tous nos remerci-i ments pour son aide talentueux et gracieux \ qu'elle n'a jamais marchandé à ses concitoyens quand il s'agissait, d'une bonne œuvre. Aussi fut-elle chaleureusement applaudie et abondamment fleurie. Voilà un fête qui rapportera certainement une belle somme à l'œuvre si intéressante de Secours d nos Prisonniers, qui, malgré l'armistice en ont toujours bien besoin ! H. B. Les traitements des professeurs d'Université Le projet de loi modifiant la loi organique de l'enseignement supérieur donné aux frais de l'Etat en ce qui concerne la rénumération des professeurs et administrateurs-inspecteurs des universités apporte les modifications suivantes à la loi du 15 juillet 1849. Les professeurs extraordinaires jouissent d'un traitement fixe de 7,000 francs, qui peut être majoré de 1,000 francs après cinq années de grade. Les professeurs ordinaires jouissent d'un traitement fixe de 9,000 francs. Ce traitement est majoré de 1,000 francs après chacune des trois premières périodes de cinq années de grade. Il y a près de chaque université un commissaire du Gouvernement, sous le titre d'administrateur-inspecteur de l'université. Ce fonctionnaire est nommé par le Roi et jouit d'un traitement de 9,000 francs qui peut être majoré de 1,000 francs tous les cinq ans, jusqu'à concurrence de 3,000 francs. Le produit des inscriptions aux cours est versé dans la caisse de l'Etat. A l'expiration de l'année académique, les professeurs reçoivent un sup plément de traitement à raison des heures de leçons qu'ils ont données au-delà de 90. Ce supplément est de 30 francs par heures pour les professeurs extraordinaires et de 40 francs pour les professeurs ordinaires. Il ne peut être calculé sur un nombre supérieur à 90 heures. Pour le rapatriement de nos prisonniers malades et blessés Un nouvel exemple des procèdes inhumains de l'ennemi Il a été constaté que les malades et blessés, détenus dans les camps de prisonniers en Allemagne, s'y trouvaient dans des conditions pitoyables. Les Allemands les y ont abandonnés, aux mains d'infirmiers volontaires belges et alliés,sans fournir à ces derniers les moyens de donner à ces malheureux les soins nécessaires. Les médicaments, entre autres, faisaient totalement défaut. Les camps ont été laissés dans un état de malpropreté indescriptible. Depuis tout un temps, les Allemands, avaient cessé de procéder au nettoyage des baraques ; pour finir, ils n'enterraient même plus les morts. A l'hôpital du camp de Soltau, des cadavres sont restés à la morgue pendant huit et dix jours sans recevoir de sépulture. Il était urgent de remédier à cette situation qui met en lumière, une fois de plus, l'odieuse mentalité et les procédés inhumains de l'ennemi. Dès qu'il a eu connaissance de cet état de choses, le Ministre de la Guerre a donné des ordres pour que des trains sanitaires fussent immédiatement équipés et dirigés sur l'Allemagne, en vue de ramener en Belgique nos prisonniers malades et blessés. Ces trains transportent non seulement le personnel, les vivres, le matériel de panse-mant et pharmaceutique indispensables, mais aussi du matériel sanitaire destiné à être distribué dans les camps où se feront successivement les chargements. Des ordres spéciaux ont été donnés pour que, _pes trains emportent les médicaments spécialement demandés pour les camps de prisonniers, tels que codéine, caféine, aspirine, salycilate de soude, pyramidon, digitale, créosote, urotropine, salol, ichtyol, calomel, diurétine, sparadrap, onguent souffré. Tout est mis en œuvre pour que les malades et blessés reçoivent sans tarder tous les soin» que nécessite leur état et soient ramenés en Belgique dans le plus bref délai possible. " Votes for Women „ Quand les femmes belges voteront pour la première fois, nous pourrons nous attendre à des scènes curieuses, des incidents nouveaux, des attitudes imprévues. Ainsi en a-t-il été Angleterre. A Kingston-sur-Tamise, par exemple, on a constaté une proportion de dix électrices pour un seul électeur. Plusieurs d'entre elles étaient si âgées qu'elles n'avaient pu venir qu'avec l'aide de cannes. A Walthanstow, le plus vieil électeur était une femme de 91 ans. A Newcastle, un homme demanda à voter pour sa femme malade; devant le refus qui lui fut opposé, il déclara : « Ce n'est pas juste, parce que nous aurions voté pour des représentants d'opinions absolument opposées ». A Kennington, c'est une femme qui a remplacé son mari,mais comme candidat.Mrs.Lucas s'est présentée à la place du colonel Lucas, mort quelques .jours après avoir été choisi pour représenter la Coalition. A Skegness, John Miller, âgé de 95 ans et sa femme, qui en a 93, votèrent ensemble. A Chelsea, des femmes se promenèrent dans les rues avec de grandes pancartes portant : « Votez pour Phipps, que Chelsea soit la première ville à élire une femme ! » A Paddington, une femme se montra indignée de ee qu'on lui interdit l'entrée du bureau avec ses quatre enfants. A Cashel, une électrice, très émue, vota, s'évanouit et mourut d'une embolie. Voter... et mourir !... La 132° division française à Gand On nous communique la lettre suivante : 132e Division. Gand, le 27 déc. 1918 Etat-Major. N* 2813/1. Le Général Sicre, commandant la 132e Divison d'Infanterie, à M. le Bourgmestre de la ville de Gand. Monsieur le Bourgmestre Braun, En quittant la jolie ville de Gand, au passé si glorieux, je tiens à avoir l'honneur de vous exprimer la profonde gratitude de tous les militaires de la 132° D. I. pour la réception enthousiaste, grandiose et profondément émouvante que la Municipalité et la population tout entière ont faite à ma Division. Tous les cœurs français seront pénétrés de la plus belle émotion reconnaissante en apprenant, par les braves poilus de la 132e D. 1. avec quelle sincérité les Gantois ont manifesté leur chaude sympathie pour la France, en accueillant aussi noblement ses fils victorieux. Je vous demande de bien vouloir offrir à la population Gantoise l'expression de nos re-mercîments les plus vifs, en l'assurant de notre éternelle amitié. Je salue en vous, Monsieur le Bourgmestre Braun, le très digne et très vénéré représentant de votre grande Cité et je m'incline avec le plus profond respect devant les glorieux étendards de la noble Belgique au grand cœur. Veuillez agréer, Monsieur le Bourgmestre, l'expression infiniment cordiale de mes sentiments les plus dévoués et reconnaissants. (signé) Général Sicre. Feuilleton du Journal de Gand. 30 Lia JVfère Patrie ROMAN PAR MAURICE MONTÉGUT Mais, sous le toit allemand, les journées, les soirées, traînaient plus lugubres encore, car ils abritaient la guerre dans leur maison. La flûte d'Hermann dormait, oubliée dans un tiroir ; Guillaume ne chantait plus, mais redoublait ses moulinets d'escrime ; Otlion évan-gélisait.Clorinde, restée irréductible, persistait à traiter Herbert en étranger, continuait à lui fermer sa porte, et ne laissait passer aucun outrage,aucune allusion, sans les relever aussitôt.Parfois, dans les attelages des longs courriers polaires, deux chiens ennemis, accouplés sous le même harnais, tirent, d'un même effort, le traîneau sur les routes; mais, à l'étape, à peine détachés, se jettent l'un sur l'autre, grognant, cherchant à mordre ; coups de gueule, coups de dents ; rancune inoubliée malgré la fatigue et la route. Ainsi, dans l'habitation allemande, ces personnages adverses que liait la vie, aussitôt rassemblés après les quotidiennes besognes, se défiaient du regard, du geste et de la voix. Alors, pour s'éviter en partie les fureurs de la Française, les Griffeld résolurent-ils de ne plus parler devant elles qu'un langage allemand.De la sorte, en surplus, il leur semblait se libérer d'une longue contrainte, d'une longue servitude ; se laver d'une honte imposée trop longtemps ; et, de la part de ses fils, c'était encore un reproche implicite adressé à leur père qui s'était montré, disaient-ils, lâche dans le passé. Donc toute joie et tout profit. A les écouter dans leur idiome étranger qui lui semblait barbare, qu'elle ne traduisait pas, la jeune femme, surprise, comprit sur-le-champ qu'elle devenait plus que jamais exclue de la famille. D'abord elle en tut presque contente; puis, à la longue, le sentiment de sa solitude, de son exil, de sa prison, s'en aggravait. Elle s'adressait en français à son fils et il lui répondait ; c'était un adoucissement à sa peine. Parfois, aussi, en l'absence des hommes, Thècle et Charlotte s'empressaient de reprendre avec elle leur langage habituel. Elle les en remerciait avec des mots profonds où résonnait l'accent de son cœur tant meurtri. Christine n'offrait pas ces bontés ; s'éloignait de plus en plus de son ancienne amie, de sa sœur d'adoption. Elle croyait toujours que c'était Roland et les siens qui avaient incendié la maison des fiançailles ; et, de cette, injure inoubliable, elle saignait en secret sans vouloir l'avouer. Elle avait rayé son amour, incertain d'ail leurs, de sa jeune mémoire, s'essayait à la haine et y réussissait. Hermann vieilli, de plus en plus circonvenu par ces fils, évitait avec soin la moindre complaisance vis-à-vis de sa triste belle-fille, qu'il aimait autrefois. Donc, pas d'appuis ou de bien fragiles, dissimulés, hélas ! par crainte des querelles. Et cependant, au début de l'hivernage, de-ci, de.-là, le père, poussé au bout, résistait encore à ses enfants rebelles. Il leur criait, un soir, dans une dernière explosion de justice indignée : — Ah çà ! vous êtes les maîtres, alors ? C'est vous qui commandez ? Voilà ce que l'on gagne à vouloir retenir autour de soi sa famille assemblée. Sitôt qu'ils ont des dents, les louveteaux cherchent à mordre. Que n'êtes-vous partis à des destins divers, me laissant seul chez moi, et libre dans mes guises? J'aurais dû vous dire à chacun, en vous mettant une pierre dans la main gauche, un briquet dans la droite ; « A présent, arrange-toi, mon garçon ; va faire ton feu plus loin ! » Mais à trop les aimer on perd ses créatures. Vous prenez toute la place comme si j'étais mort... et, encore ce jour-là, vous vous battrez entre vous. C'est facile de s'arroger les droits en refusant les devoirs. Prenez garde, je suis las ! Mais, du coin de la cheminée, montait, grinçante, la voix brisée de Gottlob. Livide, penché sur le feu ne pouvait arriver à guérir, ear, chaque jour, une nouvelle convulsion de colère rouvrait ses plaies mal fermées, il glapissait : — C'est cela, nous avons tort ; j'ai tort ! je regrette pour vous que Renaud m'ait manqué. Si j'étais enterré vous seriez plus tranquille. . A cet appel du blessé, du moribond peut-être, car le danger subsistait, le vieux Griffeld, confondu, ne savait pas répondre. La voix redevenue bonne, il suppliait bien vite : — Tais-toi, petit ; tu te fais mal, ne t'agite pas ! ton pansement se dérange. Et, de la sorte, avec un tel renfort, le parti de la haine avait toujours raison. Bientôt le vieillard renonçait à lutter, fermait les yeux et laissait dire. Et, quand Clorinde paraissait, un murmure d'aversion la saluait aussitôt. Elle vécut à part, enfermée dans sa chambre, refusant de s'asseoir à la table commune. Herbert, de plus en plus irritée à mesure que les jours et les jours, que les nuits et les nuits confirmaient son veuvage, rêvait aux moyens, quels qu'ils fussent, de réduire à merci l'épouse divorcée. Un jour, il crut trouver. Ce jour-là, il étonna les siens par sa mine brusquement joyeuse et les éclats de rire subits qui secouaient son grand corps. Thècle eut peur et le crut fou. Cela n'avait rien d'invraisemblable ; dans cette oisiveté forcée, cet énervement, ces luttes, ces chagrins continuels, un esprit mieux trempé que le sien eût pu défaillir à son heure. Mais il la rassurait bientôt. Le secret de sa I bonne humeur?... Hé! Hé! c'était bien simple... bien simple, en vérité ! 11 savait enfin comment venir à bout de Clorinde, la contraindre à se rapprocher de lui, complaisante, soumise, comme naguère. — Tant mieux ! approuva Otlion ; il n'est pas bon que l'homme soit seul. Herbert n'en dit pas plus long, retenu par la vanité d'accomplir seul le projet merveilleux qu'il avait seul conçu. Si Clorinde ne se mêlait plus à la vie de la maison, elle n'avait jamais songé à en retrancher Eitel ; car, malgré sa part de sang français. cet enfant conservait autour de lui des affections profondes. Dans la journée, il allait et venait en liberté par l'habitation entière ; sa mère ne le faisait rappeler qu'à l'heure du repas, qu'elle-même lui servait, ou à l'heure du coucher. Un soir, quand elle l'envoya chercher par une servante, celle-ci revint, la mine basse, sans Eitel, avec une lettre dans les mains. — De M. Herbert, dit-elle en tendant le papier. Avant de l'ouvrir, Clorinde avait pâli, pressentant un malheur ; les yeux troubles. (A suivre.j

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.
This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

Bekijk alle items in deze reeks >>

Add to collection

Location

Subjects

Periods