Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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06 December 1918
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s.n. 1918, 06 December. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 19 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/gq6qz2464j/
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Vcn-îredi 6 décembre IMS JLO 1'.- mmiéi'o mv.M — ÎN - 339 JOURNAL URNAL DE GAND BECHO DES FLANDRES ABONNEMENTS• DEUX FRANCS PAR M8IS ■.4ÉDACTION k ADMMl$n>:?AJiQï: : SAK® - 3, RU^ DE FLANDRE, 3 SAMB rf-Ltmimn ic.. AnnancM fr. t,$0 la s^é«iames (avait les apiMCtt) 1IV. la ligne. Réclames en Citroaiqse jjantoUs «m dans i» tiorjts du jttttrnaï 2 h', la ligne. I eformaUnni fjnarioières et Réparatisns judiciaires 2 fr. la ligne. •• On traite à forfait pour las .-inii9Bc.es souvent répétées. Autorisé par la Censure Mort d'Edmond Rostand La grippe qui a fuit tant du victime» dans tous îs pays de l'Europe parmi toute» les clisses de i société, vient de causer une nouvelle perte [ui sera vivement ressentie par tous les amis de a France : le grand poète Edmond Rostand dont es œuvres sont connuts du monde entier vient i'être emporté brutalomont lundi dsrnier des uites d'une congestion pulmonaire, suite de la ;rippe. Né à Marseille le 1 avril 1868 de l'économiste •ançais Eugène Rostand, membre de l'Institut, fit ses études au Collège Stanislas à Paris. Déjà, quand il préparait ses ex-amens de doc-»ur en droit, il s'adonnait avec succès à la loésie. 11 remporta son premier triomphe en 1894 vec les Romanesques joués au Théâtre français. L'année suivante, la Renaissance donnait i Princesst lointaine, une légende du Moyenne et plus tard en 1897, la Samaritaine, sujet iré de l'Evangile. Le 28 décembre 1897, la Porte Saint-Martin présenta Cyrano de Bergerac, le plus grand uccès de théâtre depuis V.Hugo et dont Coque-n aîné fit une création inoubliable. Rostand 'avait pas alors 30 ans. Le public français se lut à se reconnaître dans Cyrano, spirituel et loquent, fanfaron et héroïque. On aima cette mgue claire, cette poésie toute fraîche et toute euve ; on'sut gré à Rostand d'avSir fait luire cette glorieuse flambée «la soleil provençal qui rndit la France"à elle-même et à son génie ». Puis ce fut une autre des grandes œuvres 'Edmond Rostand, l'Aiglon, en 1900 où Sajah ernhardt trouva un de ses plus beaux suscès ins le rôle du fils de Napoléon. La fortune de îtte pièce, qui jusqu'aujourd'hui n'a pas cessé être reprise, égala presque celle de Cyranç. Après de si éclatants succès, l'Académie jnçaise i'appela à elle. Son élection fut cepen-int disputée : il ne fut élu contre Masson qu'au nquième tour par 17 voix contre 14. Le 30 ai 1901, il fit son discours d'entrée au milieu ! tonnerres d'applaudissements. Pendant quelques années, on ne vit paraître : lui que quelques pièces de vers isolées. Dstand préparait une nouvelle œuvre : Lucien uitry — à défaut de Coquelin aîné qui était ort — créa Chanteclcr le 7 février 1910 à la jrte St Martin. Rarement pièce divisa autant l'opinion. Nous en sommes pas assez éloignés pour rappeler j ; polémiques auxquelles elle donna lieu dans le jnde littéraire. Si la pièce est inégale, on y >uve en tout cas les meilleures pages lyriques l'auteur. Rostand continue d'affirmer bril- . nment son génie dramatique et poétique. Depuis plusieurs années, le grand poète s'é- ; t retiré à Cambo, sa résidence favorite, où il \ rivit quelques poèmes qui se rapportent à la | erre. Malgré 'a défense teutonne, ils parvin- j it jusqu'à nous et soutinrent notre foi dans la toire. ^es obsèques ont eu lieu mercredi, aucun dis-irs n'a été prononcé. Lettre de Bruxelles Bruxelles, lr décembre 1918. ^e discours programme qu'a prononcé notre jveau premier ministre lorsque la Chambre a ; iris ses travaux, est resté dans le vague des îéralités. Cela n'a rien d'étonnant; d'abord Léon Delacroix habitué à plaider devant nos iunaux pour qui l'on n'a pas l'habitude de jner beaucoup la forme oratoire, abordait : un auditoire nouveau pour lui «t ensuite, il ne j faut pas oublier qu'il est à la têts d'un ministère I d'Union patriotique. ! Or,parcequeles catholiques ont consenli àfairt place à leur côté à des libéraux et à des socialistes il ne s'en suit pas qu'il n'y a plus ni catholiques, ni libéraux, ni socialistes et que tous ces gens-li pensent aujourd'hui de la même façon et qu'ils soient d'accord sur ce qu'il convient de faire i pour réparer lts ruines de l'invasion. L'union ne peut résulter que des concessions récipro-1 ques, «t la question est d» savoir jusqu'où chacun voudra aller dans la voie de» concessions. Comme la presse a été muselée pendant quatre ans, qu'elle encore un peu désorientée en présence du nouvel aspect qu'ont maintenant les choses, que l'opinion publique elle-même est encore hésitante, il était très difficile à un premier ministre qui manque d'expérience, d'indiquer aux problèmes qui se posent de» solutions nettes et précises. 11 a pris attitude cependant sur la question essentielle, celle du droit de suffrage, et a déclaré sans ambages comme l'avait fait déjà le discours du Trône, que la future constituante serait élue par le suffrage universel à 21 ans. Voilà le vote plural mort et enferré. La Chambre a déjà montré par son attitude que ce n'est pas elle qui s'opposera à sa disposition ; elle a dans cette première séance posé ce principe que les constitutions ot les règlements ne comptent plus quand on est unanime pour y déroger. On a été unanime pour augmenter le nombre des vice-présidents et des secrétaires de façon à ce que chaque groupe puisse être représenté au bureau, on a été unanime pour les élire sans scrutin et par acclamations malgré les dispositions du règlement, mais la cause de toutes ces unanimités, c'était le désir ardent, et unanime, de tous les députés de province de pouvoir s'en retourner chez eux le jour même après avoir entendu le discours ministériel — ce qui ne leur eut pas été possible s'il eut fallu perdre un temps à observer des formalités réglementaires. Est-ce que ces unanimités se retrouveront quand il y aura en jeu des principes ou des intérêts électoraux ? Déjà, sur cette question du droit de suffrage, nous voyons la presse catholique faire campagne en faveur du suffrage des femmes. C'est ce que réclam® notamment le Patriote, devenu maintenant la Libre Belgique. Car il paraît que cette Libre Belgique qui faisait si fort enrager les policiers boches, se publiait sous les auspices de M.Jourdain, le directeur du journal qui aujourd'hui a fait peau neuve. On pouvait s'en douter, car le ton dfi la polémique de cette courageuse feuille clandestine rappelait assez bien celui de l'ancien Patriote. Vis à vis de nos ennemis,c'était du reste pain béni,et cela ne diminue en rien le mérite de cette publication qui malgré toutes les recherches, toutes les arrestations, toutes les condamnations, s'est prolongée pendant quatre ans, donnant l'exemple réconfortant de la désobéissance à l'oppression allemande. 11 est donc tout naturel que l'ancien Patriote tienne à profiter de la popularité qui s'attache à son titre nouveau, à qui l'opinion a sans hésiter décerné la croix de guerre. Si l'unanimité semble déjà disparaître sur cette question si claire du suffrage universel, il en est une autre où elle n'a certainement jamais existé. C'est la question linguistique. Tout le monde a été stupéfait lorsque, dans le discours du Trône, on a entendu affirmer que les Chambres actuelles devraient avant de passer la main à une Chambre nouvelle, jeter les bases de l'établisement d'une université flamande à Qand. On raconte même que d'après nne première | version, le texte du discours royal devait promettre expressément la flamandisation de l'unj-i versité de Gand; et ce n'est que sur les protes-; tations énergiques de deux ou trois ministres que M. Delacroix aurait conseuii à adoucir la phrase et à y substituer une formule permettant de croire qu'il s'agissait simplement de créer à Gand deux universités concurrentes. On avait même annoncé que la déclaration ministérielle compléterait sur ce point le discours du Trône, i II n'en a rie ; été ; mais l'embarras du ministro | on abordart ce point du programme gouvernemental était visible : il a bafouillé lamentablement; ce qui ne l'a pas empêché de dire que les nombreuses lois votées déjà en faveur des Flamands étaieni peut-être insuffissantes. Pour finir il a déclaré que la Chambre actuelle se bornerait à prendre les mesures sur lesquelles tout le monde est d'accord. Ces mesures, je ne les vois pas bien d'ici, car sur quoi sommes nous d'accord, je vous prie, avec ceux qui veubnt encore essayer de ressusciter le régime linguistique que les Allemands nous avaient imposé. Comme autre symptôme significatif, on peut relever aussi la motion faite par M. Woeste qui voulait, au lieu de faire voter les adresses en réponse au discours du trône par la Chambre et le Sénat, les faire rédiger par les bureaux des deux assemblées afin de ne pas provoquer des discussions que l'on pouvait éviter pour le moment. Le vieux parlementaire n'a pas confiance dans ie maintien de l'union sacrée; elle est trop contraire à son tempérament. #** Si ces indices peuvent faire craindre que les ancienne» mœurs politiques reprennent bientôt leur empire, nous voyons aussi que les théâtres bruxellois se préparent à renouer les traditions du passé.Pendant la guerre, ils ont tous, les uns après les autre»,entrebaillé leurs portes et lss ont bientôt après ouvertes toutes grandes devant les flots pressés de ceux qui ne craignaient pas d'y coudoyer les offieiers boches; ce qui n'était pas du goût de tout le monde. Les entrepreneurs de spectacles devaient compter avec les fantaisies de la censure allemande qui ne permettait, par exemple, de jouer ' les Dragons de Villars que si on les mettait à ' l'affiche sous le titre : Les Cloches de l'Ermitage; \ et qui n'autorisait un concert ou un spectacle | d'amateur que si le programme faisait large j place aux pièces flamandes ou à la musique alle-| mande. Elle était indulgente, cette censure, aux : faiseurs de revues qui, nombreuses et variées, faisaient le procès aux accapareurs et se moquaient des mesures de ravitaillement. Aujourd'hui ces messieurs changent leur fusil ; d'épaule, font du patriotisme à outrance et agitent le drapeau tricolore. - S'élevant un peu plus haut, M. F. Wicheler a donné à l'Olympia une véritable comédie dont la première représentation a eu lieu le jour de l'entrée du roi à Bruxelles. La guerre a séparé les deux irréparables auteurs du Mariage de Mlle Beulemans. M. Frantz Fonson, après avoir eu maille à partir avec ces messieurs de la Kommandantur, est parti pour la France où il a, nous dit-on, fait réapparaître sur la scène, en de nouvelles aventures, le héros de sa première comédie, l'immor-; tel Beulemans. Son camarade Wicheler, resté à Bruxelles, a : suivi son exemple et Belgique, la nouvelle j comédie que joue l'Olympia, nous montre un Beulemans patriote, incarna l'âme belge et subissant sans défaillance le jury odieux des allemands. Bien que le 3e acte qui devrait rendre, l'allé- 1 gresse de la délivrance soit un peu languissant, ■ la pièce est bien faite. Elle évite de tomber : '{ ■ ; dans la déclamation et elle a des incidents varies j qui se suivent et s'enchaînent naturellement. Evidemment, Beulemans, pour se mettre à la hauteur du rôle nou '«au qu'on lui fait jouer, a dû renoncer à quelques uns de ses amusants ridicules; son langage même se dépouille presque tout ; à fait de son savoureux accent de terroir; c'est un Beulemans un peu transformé, mais on a tou! de même plaisir à le retrouver si patriote et si courageux. 11 y a aussi dans celte pièce un type d'allemand où toute l'hypocrisie connue de ces soldats sans honneur est indiquée d'une façon très juste, et dans une note qui n'a rien d'exagéré, ce qui lui donne un air de parfaite vérité ! Parmi les théâtres de Bruxelles, il en es deux, les théâtres officiels de la municipalité, la Monnaie et le Parc, que les allemands avaientt confisqués à leur profit. Au Parc des comédiens allemands venaient donner des représentation» assez fréquentes. A la Monnaie, on jouait du Wagner et des opérettes viennoises pour la plus jrande joie des officiers de la garnison et des j professeurs de philosophie qui mettaient l'amour ! de la musique au-dessus du patriotisme. Ici I comme sur le reste du territoire, c'est l'armée ! belge qui s'est chargée de faire le nettoyage des J souillures dues à l'occupant. Donc l'armée belge a envoyé un détachement j spécial, l'orchestre symphonique de l'armée de campagne prendre possession de notre théâtre d'opéra. Et, sous la conduite du sergent Corneil de Thoran — qui dans le civil était le chef d'orchestre du théâtre — les soldats qui le composent ont montré aux bruxellois que malgré leurs uniformes khaki ils savent faire une musique plus délicate et plus agréable à entendre que celle du canon et des mitrailleuses. Au Parc on attend un autre détachement qui se chargera d'effacer de ce côté là aussi le souvenir de l'occupation allemande; c'e»t la troupe dramatique de l'armée de campagne que, si je ne me trompe, les Gantois ont pu applaudir déjà. On l'attend avec uns sympathique curiosité. H. D. Ecfios du paUaîs 5 décembre. Cour d'appel La 3« chambre correctionnelle a eu à connaître ce jour d'une affaire asse2 grave de vol commis dans la nuit du 2 au 3 mai dernier place du Grand Canon. Les voleurs, pincés sur le fait au moment où ilsOidaient un magasin de merceries, avaient déjà eu le temps de déposer dans « dulle griete » — où il fut retrouvé — une partie de leur larcin. La Cour s. confirmé pour deux d'entr'eux la peine de dix mois de prison prononcée par le premier juge, et a remis à une date ultérieure la cause du troisième, rappelé sous les drapeaux. Presoription A la même audience, la Cour s'est occupée d'une affaire d'incendie remontant à il y a environ quatre ans. On sait qu'en matière pénale, l'action publi- : que se prescrit après un laps de temps de trois ans, à moins qu'intervienne, durant ce temps, un acte interruptif. Celui-ci n'ayant pas été accompli, la Cour n'a pu que constater que la prescription était acquise, à la grande joie du prévenu, qui avait écopé trois ans en première instance... mais qui, heureusement pour lui, avait été laissé en liberté. Les cas de prescription ne sont pas rares, ' tant ont été nombreuses les entraves apportées par les Boches, ou par divers concours de i circonstances, à la bonne administration de la justice pendant la durée de l'occupation. Commerce de guerre Les transactions commerciales faites pendant j la guerre ont donné lieu à de multiples litiges. ... Comme ces opérations se traitaient d'ordinaire i sans écrit, il était souvent difficile aux parties j d'en obtenir l'exécution, faute de preuves suffisantes.Si l'on peut croire que parmi le» nombreux aigrefins qui se sont livrés à un commerce plus ou moins licite, il s'en est trouvé plus d'un que les scrupules n'étouflaient pas. Dès que le marché risquait de devenir désavantageux, l'on manquait à ses obligations sans vergogne. D'où de nombreux procès d'où le bon droit ne sortait pas toujours triomphant, et où l'équité était méconnue. Ceei pour engager le» négociants correets et honnêtes à s'as»urer plus que jamais par une preuve littérale, de la validité et de la bonne exécution de leurs contrats commerciaux. X. X. Les Expositions A la Salis Taets Trois aînés, riches de succès et de talent, et doux jeunes, riches d'avenir, c'e»t plus qu'il n'en faut pour illuster les cimaises d'une salle d'exposition. Alph. Cogen, le vénérable et sympathique doyen de nos peintres, se retrouve ici avec quelques marines d'un indicible charme poétique : on ne se lasse point de contempler les orehestrations irisées que sont la « Plage à Heyst », les « Barques de pêche », les « Temps gris ». Henri Van Melle nous dispense le spectacle ! de quatre beaux paysages : le dessin, d'une ! admirable sûreté, l'habile entente de la mise en page, la délicate harmonisation des tons, font des deux « Cours de ferme » (Eeckere st Orry la Ville), des œuvres du plus solide mérite et du plus sérieux attrait. Le «Plongeur» joint, aux mêmes qualités, une fraîcheur de vision toute printanière et une rare séduction de lignes. J. F. De Boever, à ces pages exquises et puissantes que sont «Le Message », « Succube», « La proie », on ajoute une autre d'une philosophie plus âpre encore et d'une plus audacieuse liberté : « La bête », qui symbolise l'humanité ; dans ces instincts primordiaux et éternels. « Attila II » emprunte aux récents événements une signification particulièrement tragique. René Callewaert accuse une personnalité originale dans ses esquisses et ses dessins. Autant sont fouillées et méditées les œuvres des | peintres dont nous parlions plus haut, autant celles de Callewaert, »ont rapides et de premier jet. Quelques unes ne sont vraiment que de piquantes taches de couleur, mais d'autres provoquent une impression d'art incontestable. Telles sont celles intitulées : « Paysage », « Fleurs », « Fleurs fanées », « Tournesols ». « Tomates », etc. Cette exposition marque pour le jeune artjste un progrès notable, par un certain sentiment du «tyle, — peut-être inconscient, — qui semblait lui marquer dans ces premières œuvres. Les dessin» de Callewaert sont tracés, en général, d'un crayon très ferme et vus par un œil exercé; quelques-uns sont excellents : « Portrait », « Moribond », «Esquisse » font prévoir, pour l'avenir, des œuvre» fortes et durables. J. De Heem se confine plus spécialement dans l'aquarelle et le pastel, mais des pages comme « l'Escaut à Tamise » ou les « Vieux cours d'eau à Gand » prouvent qu'il «aura enrickir ces genres en en élargissant les procédés. O. V. . jilieten du Journal de Gand 15 La Mère Patrie roman par MAURICE MONTÉGUT ies chevaux tiraient dur dans la terre rempée, et les charretiers attsntifs les lageaient, les encourageaient de la main, a voix, avec ane mélopée rythmique et ore, sans signification réelle, sortie des railles du temps. ie convoi tourna par la gauche des bftti-its, puis fila sur la peste des chantiers, tout cela s'éclairait d'une lune jaune et de, dégagée des futaie», passant au-des-des cour». t tout se transpesait, s'agrandissait jus-lux visions de rêve, dans cette lumière :ure. Elle baignait d'un reflet bleuâtre, jnté. les terrains défrichés la veille pour abours st les semences du prochain prin-P«-à à la place des arbres arrachés, se lèvent les moissons futures; le blé pousserait, ! | le blé sacré, aux ondulations d'or qui donne ; le pain et la sécurité des granges pleines. Le maître considéra ce paysage ami, ee eoin familier qu'il avait entrevu dès ses 1 premiers regards, avec ses yeux d'enfant. ; Depuis plus d'un demi-siècle, il encadrait ses | jours. Il avait rêvé, se croyait assuré d'y vivre, dans la paix, le bonheur simple, le contentement des cours paisibles d'y voir, patriarche biblique,-grandir et vieillir ses enfants comme Bertrande l'avait vu grandir et le voyait 1 encore vieillir lui-même. Mais voici qu'un \ vent de folis avait soufflé qui jetait bas ies ; espérances. La lutte allait recommencer, ; comme au temps des Anglais ou de.« Indiens , farouches, comme au temps des ancêtre». Et, pourtant, quelle douceur persistante dans ce décor enchanté... tout y célébrait les joies des sérénités longues, des tranquilles repos après la journée laborieuse. Et Bricogne murmura, se refusant à croire aux périls du lendemain : — Est-ce que cela ressemble, à la guerre ? Puis i! pénétra dans la maison, écartant, avec une rude caresse, ses chiens qui sautaient dans ses jambes. Les femmes vinrent j i I à, lui, d'un même mouvement empressé. Il ! marcha vers Bertrande et s'assit auprès j d'elle, et lui tenant la main. Et l'aïeule sou- j pira : — Est-ce que ce cauchemar va durer long- ! temps ? — Non, dit-il, voulant la convaincre ; je j crois sincèrement que tout s'arrangera. Puis les garçons rentrèrent à leur tour, et i dans cette occasion, encore une fois les carac- j tèies s'affirmaient. Kenaud parut, maussade comme d'ordinaire, ne regarda personne et ne souffla pas mot. Roland et Roger témoig- } naient d'un cœur plus affectueux, acceptaient ou provoquaient le* tendresses des j femmes. Puis, la cloche sonna, annonçant le souper. Il fut morne, rapide ; plusieurs assiettes res tèrsnt pleine* devant les convives attristés, 1 Au dehors, avec la nuit, le froid tombait dans le silenee des bois. Par les lointains, * un loup errant hurla vers la lune. De l'en- * ceinte, les dogues furieux répondirent, lui- s lançant le défi de leurs abois sonores. ! On entendit se fermer bruyamment les lourdes barrières de bois bouchant la palis- t sade.C'était l'ordre nouveau. La veille encore, c g tout restait ouvert autour de la maison. A ce bruit les femmes tressaillirent ; il les rappelait à la réalité. — L'état ria siège ! murmura Roger qui se leva de sa chaise et s'approcha d'une fenêtre. Soudain, les yeux fixés sur l'extérieur, il s'intéressait, marquait une surprise : — Qu'est-ce que c'est cela ? Nul ns faisait attention à lui. Il attendit, j observa; puis, brusquement retourné vers la | :able, il criait : — Père, venez donc voir. Le ciel s'em- i :rase ; il ost tout rouge ; on dirait une aurore \ )oréa.le. Bricogne haussa les épaules. — Tu rêvss... à cette éjmque-ci ?... c'est ;rop tôt... pas possible ! Mais déjà Roland se déplaçait, rsjoignait j ion jeune frèrs. A son tour, il s'étonna. En ! ifl'et, du côté de la grève, une lueur sanglante ; nontait, »«r l'horizon, accusait en noir com- j laet les einaes de la forêt. T' ouvrit violemment la. fenêtre malgré la I roidure, se pencha sur le balcon de boi.-;, ontempla une seconde. Derrière lui, curieux, inquiets peut-être, arrivaient son père, Kenaud, sa mère, ses sœurs. — Qu'est-ce donc ? Mais le jeune homme, étendant la main vers la clarté sinistre et mystérieuse, hurlait avec un sanglot rauque qui lui coupait lu gorge : — Ah ! les misérables ! Dès le matin, lesGrift'old.eux aussi, avaient tenu conseil, délibéré sans lin sur les évén»-msnts. Là aneore les avis étaisnt. coatradic-toires, dramatiquenumt divi»és. florman, assommé par l'alcool avait dormi sa nuit plein»; a» réveil, la tête encore loHrde, la lèvr« épaiss», l'œil noyé, il souffla quelque temps sans mémoire. Brusquement il se souvint. Et ce fut un rappel douloureux. Fuis, peu à peu lucide, il s'assit sur son lit, en bégayant : — C'est vrai... tout est cassé... nsus sommes en guerre !

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