Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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18 December 1918
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s.n. 1918, 18 December. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 29 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/np1wd3qw1z/
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Mercredi 18 décembre HH8 ÎC enlimes le numéro ii''2rne — N ■ ' l JOURNAL DE GAND t ■MWBB ■■ —' ————' ^Kinîwn T^fT.« ^T.AlVriFlES ABONNEMENTS : DEUX FRANCS PAR MOIS REDACTION & ADMINISTRATION : GAND — 3, RUE DE FLANDRE, 3 — GAMD"* Annonces fr. 0.80 la. ligne. Réclames (avant les annontes) 1 fr. la ligne. Réclames en Chronique gantoise ou dans le corps du journal 2 fr. la ligne. Infoi mations financières et Réparations judiciaires 2 fr. la ligne. On traite à forfait pour les annonces souvent répétées. L'administration communal! et les sans-travaiS La restauration de la vie économique de 1 Belgique est commencée. Toutefois les destrui tions organisées systématiquement par le allemands, les réquisitions de machines et d matières premières, les vols, etc. ont épuisé 1 Belgique à tel point que pour le moment elle e: hors d'état de reprendre le travail. La grande quantité de matériel à amener no seulement en Belgique, mais aussi dans le nor de la France, les reconstructions à effectuer e premier lieu ralentiront naturellement la repris du travail. Pour ne prendre qu'un exempli voyons ce qui se passe à Gand. Les fabrique sont vidées, le lin et le coton manquent poi les filatures et les tissages qui sont la principa source de notre richesse. Le temps qui s'écoulera encore avant que le stocks nécessaires à la fabrication soient impo: tés n'est pas encore à prévoir, les moyens d communication devant d'abord servir à l'armé et au ravitaillement de la population. Le résultat de tout ceci est que Gand e; encore toujours rempli de sans-travail. La ville qui durant toute la guerre a tant fa pour venir en aide,dans la mesure du possible, cette catégorie de gens, a de nouveau pris l'in tiative et elle s'efforce de procurer de la besogr aux ouvriers sans travail. A cet effet des adjudications de travaux c construction et d'amélioration de bâtimen communaux sont en préparation. La ville fa preuve de beaucoup de bonne volonté; ma heureusement de nombreux obstacles en pèchent l'exécution immédiate de certains pre jets. Le plus important de ces obstacles e: certainement le manque de matériaux de cor struction ou la difficulté de se les procurer. Malgré ces obstacles, l'administration mi tout en oeuvre pour entamer certains travaux n nécessitant pas des matériaux de premier choi) A cette catégorie appartiennent la construction c "„aveaux de sépulture au cimetière communa Jruction en matériaux durs des cabine et des dépendances du bassin de natatio « Overzet », la construction d'abris sur les pla nés de jeux, l'établissement d'appareils san taires dans les locaux de l'Hôtel de ville, etc. Ces différentes entreprises procureront d travail à une foule d'ouvriers.Elles appartiennei toutefois encore au domaine de l'avenir. Aus en vue de soulager la classe ouvrière, la vil a-t-elle déjà commencé des travaux n'exigeai pas ou presque pas de matériaux. C'est ainsi que pour le moment des cehtaine d'ouvriers travaillent sans interruption au ne toyage des écoles et d'autres bâtiments évacué par les allemands. Plusieurs de ces locaux sor même déjà prêts à recevoir leurs installation respectives. Pour donner une simple idée de l'importanc des déprédations commises par les allemand dans les bâtiments scolaires, qu'il nous suffis de dire que la remise en état de la nouvell école rue du Palmier nécessitera un crédit d t2.000 francs. Comme l'on peut s'en rendre compte, l'adm nistration ne recule devant rien pour venir e aide à l'ouvrier, lui procurer du travail et 1 laisser le moins possible dans l'oisiveté qui n peut manquer d'avoir une influence néfaste su son moral. Si de plus l'on tient compte d l'effort fait par les grands administration comme le Génie militaire, le service des chemin de fer et la direction des Ponts et Chaussées e vue de déblayer, de dégager et de remettre e état toutes les voies de communication tant pa terre que par eau, l'on peut être persuadé que I a situation de l'ouvrier à ce point de vue du travail s'améliore chaque jour dans de notables proportions. a Cette amélioration répond d'ailleurs à une urgente nécessité, notamment celle d'empêcher s l'émigration, l'exode de notre population ouvrière e vers des contrées où la vie économique s'orga-a nise plus rapidement. Ce danger existe déjà et on nous citait dernièrement le cas de certaines expirations et sociétés minières du Pas de n Calais qui tâchent de tirer profit de cette situation d en embauchant, à des salaires variant entre n 10 et 15 fr. par jour, les ouvriers sans travail de e notre contrée,pour aller travailler à la reconstruc-, tion des mines.Le danger est là, et il faut l'éviter. ,s Le seul moyen efficace de réagir est deprocurer lr à l'ouvrier du travail sur place et à un salaire en e rapport avec les rudes nécessités de la vie actuelle. Echos du palais e 17 décembre. e Et d'autres encore !... t L'on nous écrit : « Il est outre les activistes « que l'on poursuit, et les commerçants de guerre t « dont vous parliez hier, une autre catégorie de à « personnes dont le parquet — ou tout au moins « l'autorité compétente - ferait bien de s'occte-e « per. Ce sont les « donzelles » qui ont fait « commerce de leurs charmes, qui ont pris avec e « l'occupant le contact le plus intime, et qui, s « depuis que le refuge hospitalier Lousbergs it « leur a ouvert ses portes, courrent les rues I- « comme si de rien n'était, encombrent les trot-i- « toirs - théâtre de leurs exploits —, et se i- « montrent tout aussi provoquantes vis-à-vis it « des alliés qu'elles l'étaient aux plus beaux i- « temps — à leur point de vue bien entendu — « de l'occupation allemande. it « Toutes les mesures d'hygiène sont-elles e « donc suspendues et n'existe-t-il pas en faveur :. « de la salubrité publique quelque règlement e « dont on puisse reclamer la stricte application? 1, « Nous ne demandons pas qu'on les châtie... en s « lf;iir coupant les cheveux, mais tout de même n « Éju'on les-retire de la circulation en attendant i- « rriieux. Que au moins, on les oblige à prouver, i- « au besoin par l'examen du corps du déiit et « des pièces à conviction, qu'elles sont propres u « au service de la déesse à laquelle elles ont it « voué leur vie. >i « A ce compte là, on pourrait peut-être les e « tenir qu:ttes de véritables représailles. » it Transmis ces observations si fondées au chef de notre police; il existe sur la matière des s règlements qu'il n'y aurait aucun inconvénient t- à voir appliquer strictement aux quelques quatre s mille pensionnaires de Lousbergs, ne fut-ce que it dans un but de moralité et de salubrité publique. Dans le pays Les tribunaux de tous genres — civils, correctionnels, de commerce, prud'hommes, etc. — semblent avoir repris à Bruxelles, Anvers et ailleurs en Belgique petit à petit leur vie nor- 6 maie. e Les juridictions siègent même là où elles avaient cessé complètement leurs travaux en suite de conflits avec l'occupant, mais l'arriéré semble, par le fait même, devoir être partout considérable. g L'instauration du « juge unique » permettra ! de faire bientôt maison nette. X. X; e s * f s Lettre de Bruxelles ii , Bruxelles, le 14 décembre 1918. r II semble que notre gouvernement de recon- a stitution nationale n'ait pas des idées très nettes sur la façon dont il doit s'y prendre pour mener à bonne fin la tâche qui lui est imposée. Pour gagner du temps la gauche et la droite de la CHambre ont décidé — sauf M. Woeste — de voter sans mot dire le projet d'adresse en réponse au discours du trône, adresse qui pas plus que la déclaration ministérielle de M. Delacroix ne précise les solutions que l'on se propose d'apporter aux multiples prob'èmes que comporte la reprise des affaires politiques et économiques. La Chambre donc avotél adressesarsdébats; c'est vite pour gagner du temps, mais au profit de qui ? Au profit de la paresse parlementaire tout simplement, car la Chambre, une fois le vote émis, a renvoyé à huit jours sa p ochaine séance. Il y avait pour cela une bonne raison, un bon prétexte, tout au moins. C'est que le désarroi du chemin de fer et des automobiles [es empêche,Messieurs les dépulés de province, de rentrer confortablement chez eux après la séance comme ils en avaient jadis la douce habitude Ils auraient bien pu, semble-t-il, dans la situation encore troublée où nous nous trouvons, rester tout bonnement à Bruxelles et ne pas laisser en plan les, affaires publiques. Cela leur aurait épargné les ennuis du voyage de retour qui a été, paraît-il, fort mouvementé. Et ce n'est pas la besogne qui leur eût manqué, car les questions qu'ils ont à résoudre sont aus si graves qu'ingrates. Il y d'abord la question des arrêtés-lois. Il a fallu légiférer sans le concours des Chambres pendant la période de guerre ; mais maintenant que le territoire est libéré, cette législation de fortune est-elle encore en vigueur, ne doit-elle pas être revisée et ratifiée par des lois régulières ? Autre question non moins importante : comment vont se faire les élections à la Constituante D'après les échos du monde parlementaire, on compte que l'on pourra y procéder dans trois ou quatre mois d'ici. Et cependant, si l'on semble d'accord pour admettre i|ue ces élections se feront au suffrage universel i 21 ans, on entend d'autre part réclamer dcf modifications au système électoral et au fijnctionnement de la représentation proportionnelle. On réclame le vote immjédiat d'une loi électorale provinciale et comniunale qui permette de remplacer des conseillées dont je mandat, comme celui des députés eux-mêmes, est péri-rtié depuis longtemps. Et les budgets ? Va-t-on, maintenant qu'il est possible de remettre les choses en ordre, continuer à vivre sous le régime des décrets et sans j que les dépenses aient été autorisées par une loi ; régulière ? Si la Chambre doit régler toutes ces questions avant de déclarer qu'il y a lieu à revision constitutionnelle, il y en a, du train dont vont les choses, pour un an ou deux. Nos députés n'ont pas oublié la formule latine: otium cum dignitais — l'oisiveté au milieu des honneurs. S'ils semblent avoir perdu l'habitude du travail — l'ont-ils jamais eue ? — tout le monde n'est pas dans le même cas et nos législateurs pourraient prendre exemple peut-être sur M. Frantz Fonson qui vient de reprendre la direction du Théâtre des Galeries St-Hubert. Ce diable d'homme, trois semaines seulement après que le Roi et ses troupes sont rentrés à Bruxelles, nous expédie de Paris une troupe I complète conduite par de Féraudy et Mlle Gé-niat, ayant dans leurs bagages la dernière I pièce de Bernstein. On met à la disposition des députés des automobiles de l'Etat, les comédiens n'ont pas le même privilège, mais, supérieurs à ce qui J est officiel, s'ils risquent de rester en route arrêtés par une panne malencontreuse, ils finissent par arriver tout de même au moment précis où la représentation doit commencer. Cette pièce de Bernstein — qui a pour titre l'Elévation — a été écrite pendant la guerre, e la guerre sert de cadre au drame conjugal qu forme le sujet de la pièce ; la guerre qui sème partout le deuil et la désolation, mais qui élève et purifie les âmes. Et, comme indication di l'état des esprits de l'autre côté du front, il es intéressant de constater avec quelle précisior cette pièce, écrite il y a plus d'un an, annonce la victoire certaine de la cause du droit et 1. punition du criminel empereur qui a déchaîne le fléau. Bernstein n'a pas changé son ancienne ma nière ; les passions se heurtent violemment et de longues scènes où rien n'est inutile et qu paraissent courtes et brèves; et les pauvres gem qu'elles secouent en rentrent brisés et pante lants. Il fait bon marché de la morale courante et l'on trouve une pointe d'idéalisme lori que le capitaine Louis de Génois raconte sui son lit de mort comment la vue d'un champ de bataille désolé a changé en lui la fausse tendres se qu'il avait pour sa maîtresse,en un amour pui et prof»nd ; mais cet idéalisme est à peine sen-sible. Les personnages créés par Bernstein ne seront jamais des chanteurs de romances senti mentales. Pas n'est besoin de dire que l'interprétatioi était toute entière de premier ordre; c'est de tradition aux Galeries, comme aussi la perfec tion d'une mise en scène à la foig. sobre e luxeuse. Donc un grand et légitime succès, et vive émotion en reprenant contact avec cette littéra ture venue de France. H. D. . .. .i~.ii .. ■ t.-H Au Sénat Séance du mardi 17 décembre Le Sénat discute le projet d'adresse en réponsi au discours du Roi. M. MAGIS déclare que la gauche voter; l'adresse sans discussion, mais entend réserve toute liberté au sujet des grandes questions qu ! le Parlement aura à résoudre. i M. KEESEN explique pourquoi les catholique I se rallièrent au suffrage universel; l'égalité abso lue exige cependant qu'on donne le droit d vote également à la femme. La Constitutio ne peut être revisée que par une Constituant i élue par les électeurs actuels. ' M. HANREZ fait des réserves au sujet d passage ayant trait à notre colonie. 11 ne pet ' admettre que la Belgique supporte seule le poid de ce fardeau. Il s'étonne aussi que l'adresse soit muette a sujet de l'organisation de la défense nationale M. LEKEU votera l'adresse. Mais à la Com mission il s'est abstenu sur le passage revendi quant le Grand-Duché du Luxembourg. L'initia tive de cette décision devrait être laissée au Luxembourgeois. M. LIGY examinera dans un large esprit d .conciliation toutes les réformes à fur et à mesur qu'elles seront soumises au Sénat. M. COLEAUX regrette que l'adresse ne fassi pas une plus large place pour son hommage l'armée et surtout pour ceux qui sont mort là-bas. L'adresse est adoptée à l'unanimité. Chambre des Représentants Sènfine du, mardi 17 décembre Une séance solennelle eut lieu à la chambri en l'honneur de MM. Whitlock, Villalobar, Vai Vollenhoven, ministres protecteurs du ravitail lement en Belgique. Dans les tribunes on remar quait les représentants de tous les corps con-; slitués, une délégation des condamnés politiques durant l'occupation. M. LE PRÉSIDENT rappelle les malheurs de ; la Belgique, mais celle-ci fut entourée d'amis i fidèles et de puissants protecteurs. Aujourd'hui : nous tenons à exprimer notre vive reconnais-! sance aux trois grands amis Whitlock, Villalo-: bar et Van Vollenhoven. L'orateur retrace le 1 rôle joué par les ministres protecteurs et leur i assure que la manifestation d'aujourd'hui res-; tera gravée dans [es fastes du parlement Belge, i M. DELACROIX constate que le pays entier i a tenu à s'associer à cette manifestation ; il retrace à son tour le rôle des ministres protec-. teurs, soulignant toute l'énergie dont ils firent i preuve pour protéger l'industrie, particulière-i ment les charbonnages, il termine en assurant i les sentiments de gratitude de la Belgique aujourd'hui libérée. ; M. LE PRÉSIDENT annonce que les bureaux de ia Chambre et du Sénat décidèrent de faiie • placer dans les salles du Parlement les bustes , des trois ministres. Il rappelle l'œuvre de bienfaisance exercée par les trois amis de la ■ Belgique, rend hommage à l'attitude des Etats- Unis, champions de la victoire. : Les trois discours sont accueillis par des acclamations frénétiques. M. VILLALOBAR remercie et reporte sur le i souverain et le peuple espagnol les éloges : décernés. L'Espagne compatit aux souffrances du peuple Belge ; les deux pays sont unis par t des liens indissolubles. M. WHITLOCK, salué par une frénétique : ovation, remercie pour la distinction que le Par-. lement lui conféra; il ne peut y voir qu'un lien de plus entre les Etats-Unis et la Belgique. Nulle part l'attitude héroïque de la Belgique ne provoqua plus d'admiration qu'aux Etats-Unis. Le ministre retrace le rôle du roi Albert et de l'armée Belge qui enseigna au monde entier ce que veut dire le mot honneur. Au cours de cette lutte gigantesque, l'homme a appris que ce n'est 1 pas vrai que la force prime le droit. 1 M. VAN VOLLENHOVEN rappela les bons rapports qui existèrent toujours entre la Belgique et la Hollande ; il fit des voeux pour qu'ils 5 continuent à subsister. \ Pour les militaires internés 3 revenant de Hollande Le Ministre de la Guerre porte à la connais-j sance des militaires rapatriés de la Hollande et t d'Allemagne que le congé de dix jours qui leur s a été accordé à leur retour au Pays est prolongé de vingt jours. La durée totale du congé ac-j cordé aux rapatriés est donc de trente jours, non compris la durée du voyage. Ces militaires auront à se présenter à la Bri- - gade de Gendarmerie la plus rapprochée afin d'y - faire viser leur permission pour prolongation. i La d#stination à donner aux militaires qui jouissent de ce congé d'un mois sera portée ul-5 térieurement à leur connaissance, par la voie de 3 la Presse. j Les militaires qui se trouvent chez eux sans 3 : être porteurs d'un congé régulier se piesente-i ront, sans délai, à la gendarmerie, pour faire î régulariser leur situation. Les dispositions ci-dessus ne s'appliquent pas aux militaires des classes de 1899, 1900, 1901 1902, lesquels sont maintenus dans leurs foyers j en congé illimité, sauf rappel, jusqu'à la date de licenciement de leur classe. Ces militaires doivent se conformer aux prescriptions du régle-: ment pour les militaires en congé. 1 Les congés des officiers sont prolongés dans les mêmss conditions que pour la troupe. A l'expiration de leur permission, les officiers de- Feuilleton du Journal de Gand. 24 Lia Mère Patrie roman par MAURICE MONTERUT Il se rapprocha des bâtiments, ouvrit la porte d'une écurie et se laissa choir dans un box vide, an milieu de la paille fraîche. Pardessus les bat-flanc, les chevaux étonnés regardaient cet intrus qui troublait leur sommeil. Lui seul sut s'il dormit. Or donc, ce fut le lendemain qu'eut lieu la première rencontre ; et la provocation' vint encore des Griffeld ou du moins, comme toujours, de certains d'entre eux. Elle commença grossièrement par une querelle de bûcherons ; mais cette querelle était préméditée et les suites en furent sanglantes. Ce matin-là, quand les colons sortirent avec les précautions nouvelles, Griffeld indiquait à chacun, en phrases brèves, sa place de travail et la tâche à remplir'. Les équipes se dispersèrent ; mais il était convenu que toutes devaient se tenir à portée de voix du groupe principal. Aussitôt qu'il fut seul avee ses hommes Gottlob les rassembla d'un geste autour di lui, tout en marchant. Son équipe se compo sait de six bûcherons, allemands de race e de cœur. En premier rang. Catz et Burgen, deu: gaillards résolus ; puis Michel Fugger, avei Worms, enfin Guebwfller et Sandric. Cette escouade partageait les sentiments de soi chef; et celui-ci se félicita du hasard qui lu fournissait de tels compagnons. A voix basse il leur dit : — Voulez-vous que sous allions faire m tour du côté des Français ? Tous approuvèrent dans un grand rire l'offre était tentante, on allait s'amuser. Si voyant appuyé, Gottlob sentit encore grandi: son audace agressive. — En avant! eommanda-t-il. Vos fusili sont chargés ? Chacun secouait la tête en signe d'affirna tion. Alors, par des sentes de fauves, les sep aventuriers se glissèrent suis bois. Jamais, jusqu'à cette époque, personne de; Bricogne, personne des Griffeld n'avait songi à délimité exactement les bornes de chaqui • domaine. Cependant, depuis toujours, il étai ' entendu que les deux possessions étaien séparées, vers l'ouest, par un ru à sec l'été, i torrentueux l'hiver, qui sinuait sous les joncs. Ce fut de ce côté que se dirigea Gottlob ; les autres lui emboîtaient le pas. Sur le ru, deux planches parallèles formaient un pont de ' fortune. — C'est ici la frontière! murmura le jeune ' homme.. Eh bien, camarades, imitons nos î frères d'Europe, passons la frontière ! En trois emjam'oées ils sautaient en terre française. ! — Et maintenant, continua Gottlob debout au milieu d'une hêtrée profonde, travaillons, mes amis ! Je serais très surpris si nos coups , de cognée n'attiraient pas quelques curieux . i par ici. Auquel cas, les haches se tairont pour laisser parler la poudre. Chacun son 5 tour. L'ordre fut obéi, mais dans un grand si-- i lence; car chacun se rendait bien compte que, ; I pour être déguisée, la provocation n'en res-î tait pas moins flagrante et qu'ils pouvaient 5 tous d'une minute à l'autre, se voir recon-. duits aux limites par une volée de plomb. ; En effet, selon les prédictions de Gottlob, ; au premier arbre qui chut avec un ^i/and ï fracas sur l'humus séculaire de ce sol inviolé, 1 une, voix railleuse sortit des fourrés, à cent pas derrière ces bûcherons d'aventure. — Hé, là-bas! Têtes carrées ne vous gênez pas, faites comme chez vous. Voulez-vous qu'on vous prête des voitures : Gottlob, lâchant sa co?née, manifesta le plus grand étonnement. — Qui êtes vous ? Que voulez-vous ? Nous sommes partout chez nous. — Erreur! reprit la voix. Ce que je veux? vous voir tous dans la friture du diable ? Qui je suis? Planturon du nom de mon père, Plan-turon de Senlis. en vacances par ici. Et tout en parlant, le bûcheron français se dégageait des broussailles et s'avançait le fusil sous le bras. A vingt mètres, il ajoutait poliment : — J'oubliais de vous dire que, au cas où vous ne le sauriez plus, que j'appartiens, pour l'heure, à la maison Bricogne. — Il est seul, dit Gottlob, après un regard ! circulaire... tant pis pour lui. ça en fera tou-1 jours un de moins. 1 Planturon recommençait : ! —Un conseil; repassez vite le pont et ne me forcez point à vous donner la main. Comme réponse sept fusils s'abàttiivrit, ' visant le discoureur- innopportun Mais d'une i pirouette de singe, le Français s'était effacé derrière une hêtre et la mitraille passa sans lui coûter un cheveu. — Brave gens! sept contre un ! hurla une autre voix, furieuse celle là, dans son ironie méprisante ; feu ! les enfants ! Du couvert, les balles sifflèrent; et voici que Renaud émergeait des hautes herbes, suivi de quatre bons garçons qui étaient Nicolet de Nantes, Césaire de Narbonne, Barthélémy de Livourne et Gervais d'Alençon. Us se ruèrent, hache au poing, les fusils déchargés rejetés sur le dos. Du côté allemand, Sandric geignait à bas; Worms chancelait, livide, un bras inerte au flanc. A la vue de ttenaud, Gottlob bouleversé perdit toute raison. C'était son ennemi personnel. Enfants, ils se battaient à coups de poing, à coups de pied, à coups de dents, à coups de pierres ; jeunes gens, ils luttaient, de force égale, comme des ours en rut ; et chaque fois, dans ces joutes, les assauts, commencés pacifiques, finissaient par des étreintes de rages, des meurtrissures et des étranglements.(A ,*vii:TC.)

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This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

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