Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 01 June. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 25 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/7940r9qf26/
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Mar<li l juin I91.r> centimes le numéro 59me année — N0 15*2 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; 4 fr. pour six mois ; 3 fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, RUS IDE 3, GANE TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. Avis officiel allemand Les bureaux existant à Gand pour la délivrance des passe-ports ont été réunis à la Pass-Zentrale. Division I, place d'Armes, n° 2. Passe-ports [ pour l'étranger, dans le territoire du gouvernent et dans celui du corps de marine (Bruges). Division 11a, place d'Armes. Passe-ports pour I KsEtapes (A.-K.). [ Division 116, place d'Armes, 5. Passe-ports f pour les Etapes. (L.-Z. et tous les noms en VAN). Heures de service : avant-midi de 9 1/2 à I [2 i(2, après-midi de 4 à 7 heures (les jours de semaine). Toutes les demandes écrites pour obtenir des passe-ports doivent être adressées à la Pass-Zentrale-Gand, division 1, place d'Armes, 2. Envoi par la poste ou par la boîte aux lettres | je la maison place d'Armes, 2. Il ne sera plus délivré de passe-ports au Palais de justice. Nos Feuilletons Un certain nombre de nos abonnés n'ayant pas reçu le dernier numéro paru du JOURNAL DE QAND, nous reproduisons aujourd'hui le feuilleton n° 3 7 du Docteur Rameau et nous rééditerons demain le feuilleton w 12 du Comte de Monte-Cristo. Après quoi nous poursuivrons ta publication des deux œuvres. L'Œuvre de la Paix t Origine des Conférence* La guerre européenne appelle fatalement l'attention vers cet organisme mondial qu'on appelle tantôt « Conférence de la Paix », tantôt « Cour permanente d'arbitrage » et dont les travaux antérieurs ont été récemment résumés t dans la presse. i 11 sembla opportun de faire connaître com-I ment s'est constituée et organisée cette confé-I tence internationale qui sera probablement mê-I JÉ& au dernier -acte de la tragédie européenne, dont la solution finale est dans tous les vœux. Déjà en 1874 une Conférence dite de la Paix avait été réunie à Bruxelles et s'y était ! occupée de constater et de codifier sommairement les règles coutumières du droit de la guerre. Par rescrit du 28 août 1898 le Tsar de Russie Nicolas II demandait aux puissances de réunir une conférence « qui aurait pour but « d'assurer par des mesures définitives le 1 maintien de la paix générale et une réduction « des armements excessifs qui pèsent sur tou-« tes les nations ». L'idée d'un désarmement ^ n'était pas neuve,car les débats parlementaires de la plupart des nations, notamment en France, en Angleterre et en Belgique, l'avaient mise à l'ordre du jour en 1894, sans toutefois pouvoir y donner une solution quelconque. Le comte Mouraview, alors ministre des affaires étrangères, remit cette lettre impériale aux ministres étrangers accrédités en Russie. L'idée de Nicolas II reçut parmi les gouvernements d'Europe un accueil chaleureux, car tous sentaient combien'" les dépenses de la paix armée pesaient lourdement sur les budgets, au iétriment des besoins économiques et sociaux des peuples. Pour réaliser l'idée des mesures définitives désirées, les gouvernements s'empressèrent de désigner leurs représentants respectifs, et ils les choisirent parmi les notabilités du droit international et de la diplomatie. Les premiers délégués de 1899 furent, notamment: pour l'Allemagne, le comte de Muns ter, alors ambassadeur à Paris, le baron von Stengel et le prince Herbert de Bismarck-, pour la France, Léon Bourgeois, d'Estournelles de Constant et Bihourd; pour la Russie, le baron de Staal, le baron Mohrenheim et Martens, célèbre juriste de droit international; pour l'Autriche le comte Welsenheim; pour l'Angleterre. sir Julian Paunceforte; pour la Belgique, feu Aug. Beernaert, ministre d'Etat et ancien chef de cabinet. Le Siège des Conférences Le berceau de la Conférence de ia paix lut le ratais royal uu Bois de Là Haye, situé dans un parc admirable de quinze hectares. Chose curieuse, ce palais tut précisément édifié pour commémorer des taits de guerre et les épisodes du regne ce i-'rédénc Henri de Nassau-Urange, siadnouaer des provinces unies. La princesse Amélie de Soiens, qui eut l'idée de taire construire cette résidence de 1645 à 1650, voulait glorifier la paix de Munster qui venait tde mettre fin à la guerre de cinquante ans contre les Espagnols, guerre dans laquelle le prince Frédéric Henri avait montré le plus grand héroïsme. La salle principale de l'édifice, appelée salle d'Orange,fut décorée de peintures historiques confiées au talent des peintres flamands de l'époque, J. jordaens, Vanthulden, Houdfiorst et autres. La porte d'entrée de cette salle représente, sur toute sa surface plane, un sujet allégorique peint par Corneille Brizé, sujet bien suggestif pour la réunion historique qui se tint derrière cette porte. Le tableau représente Pallas et Hercule ouvrant avec force le sanctuaire à la Paix descendue de l'Olympe. « Celle-ci, disent « les descriptions de cette œuvre d'art, est « figurée par une jeune et bel^ vierge, la tête « ceinte d'une couronne rostrale en branches u de chêne et de lauriers, tenant un rameau « d'olivier et proclamant ainsi que le bruit des » armes a cessé tout à la fois sur les domaines « de Neptune et sur ceux de Cérés ». Nous ne rappelons ici ce détail artistique que pour mieux marquer que la réalité est aussi éloignée de cette allégorie que les trois siècles environ qui nous séparent du peintre Brizé. La Fondation Carnegie L'œuvre de la Paix universelle était bien conçue pour susciter l'enthousiasme; elle séduisit dès son origine la légendaire générosité d'une notabilité de l'industrie américaine : M' Andrew Carnegie, d'origine écossaise, surnommé le roi du fer. Il est né à Dumferline, en 1837. C'est en 1848 que sa famille alla s'établir à Pittsburg en Pensylvanie, où le milliardaire d'aujourd'hui fut successivement un modeste mécanicien, télégraphiste et employé de chemin de fer. Sa fortune a son origine dans une fonderie qui prospéra merveilleusement grâce à l'activité exceptionnelle de son chef. Carnégie a une idée particulière au sujet de la manière dont sa bienfaisance, aussi inépuisable que sa fortune, doit s'exercer; sachant mieux que personne ce que vaut l'effort humain, il estime que chacun doit demander et obtenir de ses forces personnelles le nécessaire de la vie. Son but philanthropique a toujours été de créer des organismes fournissant des agréments intellectuels de la vie aux laborieux. C'est pourquoi il a fondé des bibliothèques publiques dans plusieurs villes américaines, des musées d'art, des laboratoires, des établissements d'art et de science, notamment à Dumferline, sa ville natale. I Cette même compréhension de l'effort humain inspira la création du fond des Héros, qui est administré par un comité européen, comme la dotation faite par le célèbre philanthrope pour la Paix et la Conciliation internationale. Carnégie est l'auteur de plusieurs livres d'économie politique, notamment l'A.B.C. de l'argent qui fut traduit en plusieurs langues et contient l'Evangile de là Richesse. En 1902, le multimillionaire américain eut l'idée de témoigner sa sollicitude à l'œuvre de la Cour permanente d'arhitrage en y instituant à ses frais une bibliothèque; cette initiative était conforme à son programme de générosité. Cependant les délégués américains à la Conférence et le ministre hollandais à Washington parvinrent à décider M. Carnégie à doter l'œuvre de pacification universelle d'un million et demi de dollars, soit sept millions et demi de francs,pour l'érection d'un «Temple de la Paix» avec une bibliothèque comme accessoire indispensable. C'est ce qui constitue la Fondation Carnégie, dont l'acte fut signé en Ecosse, à Skibo, le 7 octobre 1903 et dont les dispositions furent approuvées par décret hollandais de mai 1904. En juillet 1905, le comité de la Fondation Carnégie reçut des Pays-Bas une donation de sept cent mille florins, pour acheter dans le parc de Zorgvliet un emplacement de cinq hectares sur lequel serait édifié le Palais projeté. A. V. B. ÉCHOS Les belligérants Depuis que l'Italie est entrée en guerre, on peut dire que les deux tiers de la population du globe sont devenus ennemis. La terre, suivant des statistiques datant d'avant la guerre, a 1 milliard 633 millions d'habitants. Les Etats belligérants en comptent 962 millions. Le prix de la viande Nous nè sommes pas seuls à subir le renchérissement de la viande. L.es Français sont logés à la même enseigne que nous sous ce rapport et, pour porter remède à cette situation, la Chambre des députés a autorisé le ministre de la guerre ît passer les marchés nécessaires à la fourniture de l'armée en vinade frigorifée de provenance étrangère. A Londres, même antienne; les prix sont également en forte hausse; les importations de bœuf y ont diminué de 28 p. c., celles du mouton de 19 p. c., celles du porc frais de 57 1/2 p. c. Une réunion des pouvoirs compétents et des intéressés vient d'avoir lieu pour examiner les moyens de remédier à cette situation. On s'y est préoccupé notamment du moyen de trouver les navires nécessaires à importer de la viande d'outre-mer. Timbres-poste de la guerre Pour la durée de la guerre, de nouveaux timbres-poste ont été édités en Autriche-Hon-grie. lis sont vendus avec une surtaxe de 1 à 3 hellers suivant leur valeur. Le rendement de ces surtaxes est destiné aux veuves et aux orphelins des soldats. Les timbres-poste de guerre austro-hongrois portent, en bas, dans un médaillon, le chiffre de la surtaxe, Les différents types sont ornés des vignettes suivantes : Timbre-poste de 3 hellers ; Fantassins dans une tranchée (brun-violet); Timbre-poste de 5 hellers : Patrouille de cavalerie (vert); Timbre-poste de 10 hellers; Pièce de batterie à moteur de 30.5 cm. (rouge); Timbre-poste de 20 hellers : Vaisseau de guerre Viribus unitis (bleu ardoise); Timbre-poste de 35 hellerfi ; Un aéroplane (bleu d'outremer). Les frais de la guerre Le Matin de Paris a calculé ce que coûte ia guerre aux nations belligérantes en dépenses purement militaires. Il est d'ailleurs impossible d'indiquer en chiffres les pertes du commerce et de l'industrie. D'après ce journal, les alliés ont dépensé jusqu'ici 50 milliards, l'Allemagne et l'Autriche 37 milliards, ce qui fait ensemble 87 milliards, soit 7 1/4 milliards par mois ou 242 millions par jour. Une nouvelle ligne de chemin de fer En janvier dernier, on a inauguré en Suède • une ligne de chemin de fer qui est bien la voie ferrée situee le plus au nord du monde entier. La ligne a une longueur de 130 kilomètres et va de Kiruna à Riksgransen. Son terminus se trouve à 140 kilomètres du cercle polaire. Ce chemin de fer sert principalement à transporter les minerais de fer au port norvégien de Narvik qui, malgré sa situation, est libre de glaces pendant toute l'année. Les trains de minerais se composent de 40 grands wagons traînés par deux locomotives. Comme la Suède n'est pas riche en charbon, mais qu'elle est par contre très riche en forces hydrauliques, le chemin de fer est actionné par l'électricité. Le courant est fourni par une usine érigée au-dessus du Por-gus, développant 80,000 volts, qui sont transformés dans les sous-stations. Cette usine a été construite par Siemens-Schuckert et l'Alle-mânna Svenska. Le chemin de fer dont il s'agit est le plus grand chemin de fer électrique à écarteinent normal existant. Grâce à lui, l'extraction des minerais pourra être largement développée.au plus grand bénéfice de la Suède. LE GUERRE Sur le front occidental Bulletin officiel allemand W. T. B. Berlin, 29 mai (midi). — Les Français, que nous avions repoussés près d'Angres en.leur prenant un certain nombre de prisonniers, ont essayé une contre attaque avec de gros effectifs, le long de la route de Béthune à Souchez. Ils ont été repoussés sur toute la ligne en subissant des pertes sérieuses. Pendant la nuit, nous avons, sans que l'ennemi s'en aperçut, retiré sur la ligne suivante, toute proche, le faible nombre de soldats qui occupaient la partie Est d'Ablain. Cette mesure a été prise afin d'éviter les sacrifices inutiles auxquels le maintien de cette position avancée nous exposait.Au Sud de Souchez, une tentative d'attaque des Français .a été entravée par notre feu. Au Sud-Ouest de Souchez, le chateau du Carceul, dont les Français prétendent s'être emparés, est toujours dans nos mains. Au Sud-Est de Neuville, nous avons repoussé sans peine des attaques préparées au moyen de mines et de grenades à main, Dans le bois Le Prêtre, au Nord-Ouest de Pont-à-Mousson, les Français semblent avoir voulu préparer une nouvelle grande attaque, comme le 27 au soir. Notre feu a empêché l'ennemi de quitter ses positions. Dans la nuit, nous avons repoussé des attaques partielles sanglantes. Nos aviateurs ont lancé des bombes sur les places fortifiées de Grave-lines et de Dunkerque, sur l'étape de St-Omer et sur un camp d'aviation au Nord-Est de Fismes, où ils ont touché plusieurs buis. Bulletin officiel français Paris, 28 mai. — En Belgique, le long du canal de l'Yser, combats d'artillerie intermittents. Dans le secteur au Nord d'Arras, la journée a été marquée par plusieurs actions. Dans 1^ région d'Angres, l'ennemi a entrepris deux contre-attaques. Plus au Sud, à l'Est d'Ablain, une attaque de nos troupes a enlevé les positions allemandes en avant de ce village. Plus tard, nous nous sommes emparés du cimetière lui-même où l'ennemi s'était puissamment organisé. Dans la région d'Ectirie-Roclincourt, très vifs combats d'artillerie. Entre Arras et les Vosges, journée calme. Sur le front oriental Bulletin officiel allemand Dans la région de la Dubissa supérieure, les Russes ont attaqué sans succès au Sud-Est de Kurtoviany et de Kielmy. Près de la Dubissa inférieure, à la suite des combats qui ont continué, l'ennemi a été rejeté au-delà du fleuve sur de nombreux points. Dans la poursuite nous avons fait 380 prisonniers. Nos troupes se sont rapprochées du front Nord de Przemysl. Sur le front entre les secteurs de la Wisznia et de la Lubaszowska (à l'Est de Radymno et de Jaroslav) les Russes ont entrepris diverses attaques partielles, mais ^ils ont été repoussés partout en subissant de fortes pertes. Le 179e regiment d'infanterie russe a été anéanti, A l'Ouest et au Sud de Sieniawa, l'ennemi n'a pas renouvelé ses attaques. Bulletin officiel autrichien W. T. B. Vienne, 29 mai. — Près de la Lubaczowka et à l'Est de Radymno les Russes tentèrent hier et cette nuit à plusieurs endroits de violentes attaques, toutes repoussées avec fortes pertes pour l'ennemi. Aux bords orientaux de la San les troupes allemandes-autrichiennes avancent sous des combats continuels. A la Dnieper supérieure, puis près de Drohobysz et Stryj, nos attaques ont été poussées aux endroits les plus proches. Des tentatives d'attaque des Russes ont été repoussées avec grandes pertes. Sur le front italo-autrichien Bulletin officiel autrichien Les troupes italiennes ont atteint la station Ala sur les frontières autrichiennes, de même Fiera di Primiero. Dans la région du littoral de petits combats ont commencé. Près de Carvo-letto un bataillon italien fut chassé; près de Piava une tentative d'attaque empêchée ; enfin au Nord de Gôrz cinq attaques de l'ennemi furent repoussées. La nuit dernière plusieurs aviateurs de la marine ont de nouveau attaqué Venise. Sous un feu acharné de fusils et de canons ils ont jeté un grand nombre de bombes, pour la plupai ' sur l'arsenal, causant plusieurs grands incendies et une explosion dans la forteresse Nicolo. Communiqué officiel italien Padoue, 27 mai (11 h. du soir). — Frontière tyrolienne ; Les comoats d'artillerie entre nos fortifications et celles de l'ennemi le long du Tonale et sur le plateau de Assiago continuent. L'occupation du terrain au-delà de la frontière, dans le voisinage de l'embouchure du Chiese, fut étendue jusqu'à la zone des montagnes entre le lac d'Idro et le lac Garda. Les généraux italiens Les commandants de l'armée italienne qui se trouvent sous te commandement en chef du roi sont : chef de l'état-major général, le général Cadorna; sous-chef d'état-major, le général Porro; commandants d'armée, les généraux Nava, Fruga, Luccari et Brusati. En mer Vapeur coulé Londres, 28 mai (Reuter). — Le vapeur anglais Cadeby allant u'Oporto à Caraitt, a été coulé par un sous-marm au large ues îles de oeiliy, L'equipage et 4 passageis qui se trouvaient à ooru om eie sauves. ï feuilleton du Journal de Gand. 37 LE DOCTEUR RAMEAU par GEORGES OHNET — A cela, je t'ai déjà répliqué : Qu'en sais-tu ? fit Talvanne. Comment,. toi, savant médecin, habile physiologiste, tu avances un pareil fait? Tu es bien hardi! Une femme a un amant : nécessairement l'enfant qui naît devra être de cet homme? C'est là un argument de drame et de roman ! Fiction commode, pour amener une situation. Mais la réalité est moins simole. Cette lemme, en effet, a un mari, lequel la possède aussi... Oh ! Je te révolte, mais laisse-moi Poursuivre!... Il faut avoir l'imagination d'un auteur, ou l'aveuglement d'un jaloux, pour af-i Armer que l'enfant ne sera pas du père. Qu'en sait-on? Et toi, le premier, qui t'autorise à nier Que ta fille soit tienne? Je ne te fournirai pas des raisons sentimentales. Je ne te dirai pas ; elle est la fille de ta pensée, il n'y a pas, dans son esprit, une sensation, dans son cœur, une émotion qui ne viennent de toi... Non, je me bornerai à invoquer la simple raison, je prendrai à témoin lt nature, et je te crierai de tou tes les forces de ma conviction: Tu te trompes, et ton erreur peut être mortelle pour cette enfant, pour toi, pour Robert, pour moi, pour nous tous enfin, qui t'aimons! — Et moi je te répondrai, fit Rameau, avec une exaltation nouvelle, que ma conviction est aussi forte que la tienne, et que rien ne saurait la changer. Non ! Cette en'ant n'est pas de mon sang et il suffit de la voir pour en être sûr. Tout en elle crie la fautë. Elle est l'émanation matérielle et morale du crime. Elle en a la grâce, la douceur et le charme. Enfant de l'amour, te dis-je, conçue dans l'ivresse et le frémissement des sens. Ce n'est pas dans un accouplement résigné et dolent que cette créature délicieuse a pu être incarnée. C'est la vie ardente et passionnée qui s'est épanouie en elle. Le plus redoutable témoin qui s'élève pour l'accuser, c'est elle-même. La fille d'un vieux mari et d'une jeune femme, cette enfant qui est le printemps en fleurs? Allons donc ! Quand bien même les circonstances, les dates, . ne s'accorderaient pas si bien pour prouver le contraire, il me serait impossible de croire que je suis son père ! Cesse donc de me traiter comme un vieux fou qui ne demande qu'à se laisser convaincre; tu as devant toi un homme assez courageux pour regarder la vérité en face. Cetie fois Talvanne comprit qu'il n'y avait plus un mot à ajouter. Rameau ne se lamentait plus, il avait repris possession de lui-même et sa pensée était aussi lucide que sa parole était claire. II continua : — J'ai dans ma maison une étrangère à laquelle la loi confère tous les droits, d'une enfant légitime. C'est la plus grande infamie de l'adultère de' créer la situation que j'ai à dénouer. Comment le ferai-je ? C'est ce que je ne sais pas encore, mais ce à quoi je vais réfléchir.— Ne prends pas de résolution extrême, supplia Talvanne. Ménage cette petite : si ce n'est pour elle, que ce soit pour moi. Tu sais combien je l'aime tendrement. Moi, aucun de mes sentiments n'a changé. Si tu ne veux plus la revoir, si sa présence à tes côtés te paraît insupportable, n'oublie pas que je suis prêt à me consacrer à elle... Je suis son parrain, j'habite presque la campagne... Pour colorer, aux yeux du monde, un changement d'existence aussi complet que celui imposé à Adrienne par tes préventions... Oh! tu n'obtiendras pas que je dise autrement!... Il nous est facile de dire qu'elle est malade, anémique, qu'elle a besoin de changer d'air... Nous pourrons ainsi gagner l'époque de son mariage, à moins que... Il s'arrêta et son visage prit une expression soucieuse. —A moins que? interrogea Rameau. —A moins que, poursuivit Talvanne d'une voix tremblante, nous n'ayons à la conduire au cimetière, tout simplement, la pauvre mignonne. La scène d'aujourd'hui a gravement ébranlé sa santé. Je redoute des complications. Un peu de tendrese et de bonté seraient les meilleurs remèdes à son mal et ce sont juste ment ceux dont tu me parais le plus décidé à la priver... Il regarda son ami et, avec une chaleur et une émotion auxquelles, avant le malheur, celui-ci n'eût pas résisté : —Allons! Rameau, je t'ai connu un brave homme, au cœur large et généreux, à l'esprit puissant et profond... Ne peux-tu dominer ère toi la faiblesse humaine ? Ne peux-tu, d'un coup d'aile, t'enlever bien haut, loin des misères qui te salissent, et, plus grand, plus pur, oublier tout ce qui n'est pas l'éternelle et souveraine équité? En ce moment, tu déchois, tu n'es pas digne de toi-même, et tu t'en rends compte : c'est de là que vient, ta colère. Redresse la tête, reprends ta place au-dessus des autres hommes. Sois supérieur par la bonté, copime tu l'es par le génie. Adrienne est une étrangère? Eh bien, au lieu de la repousser, adopte-la. Rameau hocha tristement la tête : — Autrefois, j'aurais dit comme toi. je me serais livré à de belles théories extra-humanitaires. Aujourd'hui, tout est changé. Je ne suis plus en face d'une idée qu'on peut disculer, développer en s'exaltant ! Je me heurte à un rait, e; on ne discute pas un tau ; on ie suou. reut-etre, a ma place, terais-tu ce que tu me conseilles. Alors, c est que tu es meilleur que moi. Je n'en ai pas la torce, et je crois bien que je ne l'aurai jamais, à moins d'un miracle !... —Eh bien ! dit Talvanne, s'il faut un miracle, Dieu l'accomplira! —Dieu! répéta sourdement Rameau, Dieu! Votre dernier argument à tous, quand vous ne savez plus que dire ! Il ajouta avec lassitude ; —Ah! Ton Dieu, qu'il se manifeste donc! Je lui en saurai vraiment gré. J'ai bien besoin d'une étoile, pour me guider dans l'obscurité où je me débats ! —Ce guide. Rameau, reprit, l'aliéniste, tu l'as, mais tu ne veux pas en ce moment le suivre. C'est ta conscience. Il ne donna pas à son ami le loisir de lui répondre, désirant le laisser sous l'influence de ses dernières paroles. Il lui serra la main avec force, lui dit : « A demain », accueillit comme un engagement le oui que le docteur fit entendre, et sortit du cabinet. Dans l'antichambre obscure, une ombre détacha du mur et vint à lui. Il reconnut Robert ; (A suivre).

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This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

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