Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

1356 0
07 December 1918
close

Why do you want to report this item?

Remarks

Send
s.n. 1918, 07 December. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 25 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/bz6154gf3m/
Show text

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Samedi 7 et dimanche 8 décembre iH8 ■■narrgmii mn\ i—m mi irrtmtn^jaagacrta 10 «mimes le numéro (>2we : ;:ée — N° 340-341 JOURNAL DE GAND njEasi ABONNEMENTS : DEUX FRANCS PAR MOIS RÉDACTION & ADMINISTRATION : GAME) — 3, RUE DE FLANDRE, 3 - GAND TELEPHONE 665 Annonces fr. 0,80 la ligne. Réclames (avant les annonces) 1 fr. la ligne. Réclames en Chronique gaatoise ou dans le «orps du journal 2 fr. la ligne. Informations financières et Réparations judiciaires 2 fr. la ligne. — On traite à forfait pour les annonces souvent répétées. ^Autorisé par la Censure Le secteur belge au Rhin Le secteur que nos troupes sont en train d'occuper à la rive gauche du Rhin «omprend une dos parties les plus intéressantes et les plus importantes d'Allemagne. Il s'étend depuis la frontière hollandaise jusque dans les environs de Cologne. .'."Échappé à l'étreinte des montagnes, le Rhin, au sortir de Bonn, n'entre point dans une plaine aux horizons sans limites. Quelques hauteurs accompagnent ses rives : à gauche, des ondulations de terrain; à droite les talus des montagnes westphaliennes qui; au-delà de Cologne, s'éloignent pour s'écartei définitivement à la hauteur d'Elberfeld. Elles forment alors l'encoignure de Wostphalie d'oi s'échappent la Ruhr et la Lippe, vers le Rhin, l'Ems, au nord, en doublant l'éperon du Teu-toburgerwald.Autrefois, dans cette région, le Rhin épanchait ses eaux par d'anciens lits. Aujourd'hui, ces lits sont effacés. Mais il ne se déroule entre des bords complètement unis qu'en aval de Cologne. C'est le bord gauche qu'occupera bientôt l'armée belge. La vraie plaine est à Diiiseldorf. Encore n'est-elle point sans obstacle topographiquo. Le Rhin doit franchii encore deux seails, comme deux larges portes, avant d'atteindre son estuaire : d'abord entre Clèves et Elten, en aval d'Emmerich ; puis, entre Arnhem et Nymweg. en Hollande. Clèves est tme petite ville agréablement située sur le versant de trois collines boisées que baignait autrefois le Rhin. Sa tour du Cygne évoque une légende que Wagner a traduite dans » Lohengrin ». Espérons que nos poilus s'y trouveront bien. Là, c'est déjà la Hollande. La plaine du fleuve l'annonce : grasses prairies, terres fertiles, maisons de briques, grandes villes industrielles. C'est la région la plus peuplée du Rhin. Dans l'espace entre Cologne et Dais-bourg, la population a monté de SO pour cent en vinçt ans. Plusieurs villes ont pins de cent mille habitants. Dusseldorf, en face de laquelle vont s'installer nos troupes, est une ville de 215.000 habitants. Des peintres de renom lui composaient dans le temps une atmosphère spéciale, favorable à la culture des arts. Aujourd'hui — nous ferions mieux, peut-être, de dire « il y a quelques semaines encore » — l'air y est — ou était — déchiré par les sifflets des machines. Fonderies, laminoirs, aciéries, filatures se hérissent de toutes parts. Quelle récolte si nous voulions y réquisitionner dans les usines, comme les Boches l'ont fait chez nous! Le port de Dusseldorf est très actif et sert habituellement d'intermédiaire au commerce de la Hollande avec l'Allemagne. Dusseldorf, ancienne capitale du grand-duché de Berg (1806), fut donnée à la Prusse en 1815. Henri Heine y est né. Le quartier-général belge va, parait-il, s'installer à Aix-la-Chapelle. Cette ville est marquée pour un aveair économique intéressant. Elle se trouve au carrefour de plusieurs voies terrées importantes. Elle possède environ 150.000 habitants. Ses filatures de laine, ses tissages de draps, les mines de son voisinage sont renommés. Aix-la-Chapelle fabriquait avant la guerre plus de 50 millions d'aiguilles par semaine. La ville est excessivement pittoresque. On y trouve de nombreux souvenirs de Charlemagne. Dumouriez s'en empara en 1792, et la ville resta française de 1794 à 1814. Elle fut la capitale du département de la Roer, à partir de 1800. Les traités de 1815 la firent passer à la Prusse. Les eaux sulfureuses d'Aix ont une antique réputation. L'essor industriel de la cité est dû aux mines de zinc, de houille et de plomb que recèle, dans le voisinage, le sol de l'Aachenerwald, dernier gradin du « Hohe-Venn ». Ce « Hohe-Venn •, où nos soldats feront probablement du tourisme, n'est pas une région très riante. Il s'appuie d'un côté aux Ardennes, et de l'autre s'adosse à l'Eifel. Son point culuminant ne monte pas plus haut que 700 mètres. Mais le terrain offre des bruyères pittoresques. Du « Hohe-Venn » descend la Roer, par un cours rapide dont la profondeur ne suffit pas à la rendre navigable. Son cours finit à Roermond, en Hollande. Le long de sa vallée nos vaillants soldats pourront s'installer dans d'assez jolis coins de pays. Echos du palais 6 décembre. Une charmante enfant!... Elle avait dix-huit ans seulement, et.. tous ses cheveux encore ; d'ailleurs, pas mal de sa personne, assez élegante, et plutôt à son aise lors de sa comparution en justice, où elle avait à répondre d'un assez vagse larcin : Tandis qu'elle allait rendre visite,pour le... bonmotif, à un officier « boche », elle visitait los tiroirs des meubles de l'appartement ■< garni », et était accusée d'y avoir soustrait certaines boîtes de conserves alimentaires appartenant à la locataire principale. Accmation contre laquelle elle protestait d'ailleurs vivement, expliquant qu'elle avait reçu en cadeau les boîtes de saumon, de lait, de pâtes... avec le restt —, et comme somme toute sa version n'était pas tout à fait invraisemblable. elle fut acquittée. Mais là n'était pas le piquant de l'avea-ture : les débats établirent cette fois à toate évidence, que non contente des satisfactions que pouvait lui offrir son lieutenant boche, la belle petite avait noué en même temps des relations aimables avec un siv.il boche — un des plus beaux ornements judaïques de la « Zivil Verwaltung » — dans un autre appartement, et que le civil, plu.^ large que le militaire,.faut-il croire, subvenait à ses besoins par une pension annuelle très convenable. Et il apparut aussi un troisième larcin : l'enfant avait un « ami » — dont le rôle ne fut pas autrement caractérisé que par ce fait qu'il consommait en compagnie de sa belle le lait, le saumon, les pâtes — l'histoire ne dit pas s'il s'y trouvait du macrau !... —■ et sans doute aussi les restes qu# lai apportait l'élue de son cœur. Le, tout dans l'appartement du ; civil boche, qui n'y passait pas ses nuits. Enfin — last not least ! — il fut également ■ allégaé que la donzelle et la famille étaient soutenues parle Comité !... Après celle là, on peut tirer l'échelle, et l'on comprendra que nous nous en tenons pour aujourd'hui strictement à cette histoire, dont retentirent ce matin les échos d'une salle ^ d'audience, et que déflorerait tout commentaire I... X. X. s e a » -«te» « a ts e •»-***- * • c¥ L'Université flamande M. L. Verhaeghe, bâtonnier de l'Ordre des avocats nous envoie la lettre suivante avec prière de la publier. Nous nous empressons de lui donner satisfaction avec le plus grand plaisir : Monsieur le Rédacteur en chef. J'ai l'honneur de vous communiquer le texte Ide la délibération prise par le Conseil de discipline de l'ordre des Avocats de Gand, dans sa séance du samedi 30'novembre 1918 Le gouvernement a agi, semble-t-il, soin l'empire d'une erreur profonde sur les senti ments vrais de la population flamande, e une enquête un peu sérieuse, l'eût immédiate ment édifié sur l'opposition unanime, qui de vait accueillir son déplorable, proiet de res susciter strns une autre forme, l'uaiversiti flamande que l'ennemi avait organisée ici comme «ne machine de guerre, contre l'unit! nationale. Le peuple gantois-, blessé dans ;e sentiments patriotiques les plus délicats considère ce projet comme une faute grave « comme un manque de tact, politique. D'autres mesures l'ont du reste pénible ment alï'ecté; comme les journaux locaux l'on fait remarquer avec raison, nous eussions ét heureux de pouvoir acclamer en même temp que l'armée nationale victorieuse, un déta ehemont de la vaillante arasée française, qu avait combattu aux portes de la ville. On ni nous l'a pas permis; cependant les officier français qui accompagnaient Sa Majesté, e que notre peuple tout entier a acclamés ave. enthousiasme, ont été témoins de l'aorniratioi qu'il professe pour leur nation à qui tant di liens nous attachent. Il semble aujourd'hu prouvé, que des informateurs incompétent ou malintentionnés, ont trompé ls Roi et l'Ar mée sur les dispositions de l'opinion publiqui de notre ville, et je me suis(permis de saisi cette occasion pour protester au nom di Barreau centre cette action' néfaste. Dan l'adresse qu'il a votée à S?, Majesté, le con seil de discipline a été heureux, de pouvoi rendre hommage aux sentiments patriotique unanimes de la population gantoise, qui de meure inébranlablement fidèle à l'unité de li Patrie. Malgré qu'on les ait méconnus, ell ne laissera passer aucune occasion de le manifester avec l'énergje propre à notre race Je serais heureux de voir reproduire mi ma lettre, dont j'ai communiqué le texte ai Conseil de discipline, en même temps qui celui de notre résolution. Agréez, Monsieur ie Rédacteur en chef l'assurance de mes sentiments distingués. Gand, 2 décembre 191S. Le Bâtonnier, L. Verhaeqhe. Le Conseil de discipline de VOrdre de Avocats près la Cour d'appel de Gand: Attendu que le projet de créer une univer sité flamande à Gand a ému toute la popula tion ; qu'il est une cause de déception pou tous ceux qui ont résisté courageusement au: menées perfides de l'ennemi, redresseur di prétendus griefs séculaires; que certains l'in terprètent'comme un désaveu de cette résis tance, une méconnaissance de l'attitudi patriotique du corps professoral, une réhabi iitation des traîtres, qui ont été les complice; de l'ennemi; Que ce projet semble avoir été improvisi sous l'empire d'une erreur profonde sur le: sentiments vrais du peuple flamand, et di peuple gantois en particulier; Que la presse de tous les partis repoussi ce projet comme compromettant l'union na tionale et comme aboutissant logiquement i cette séparation administrative contre la-quelle le peuple entier a lutté avec tani d'énergie ; Que depuis leurs plus lointaines origine; historiques, les Flamands ont toujours fait usage de la langue française comme d'uni . seconde langue maternelle, qui leur est deve nue d'autant plus chère aujourd'hui que l'ennemi a tenté de l'extirper par la contrainte Que la connaissance de cette seconde lan- . ; gue, plus répandue que le flamand, est consi-i dérée à juste titre par le peuple des Flandres . comme un moyen indispensable de maintenir ; ; le commerce avec l'ensemble de la population belge, les peuples étrangers et surtout la France, à laquelle les liens les plus étroits nous unissent, depuis qu'ensemble nous avons ; lutté et souffert pour la cause du Droit et de , la Justice ; i Qu'en ce moment sartout, où le génie latin s a reconquis sa légitime influence dans le , monde, toute tentative d'éteindre un foyer t de culture latine en Flandre ou d'en amoindrir l'importance est un péril grave pour - l'avenir intellectuel du peuple flamand; t Que la liberté du père de famille exige le i maintien intégral de l'université actuelle, où s l'enseignement se donne en français depuis la - restauration de l'indépendance nationale, et i qui, grâce au talent de ses maîtres et au suc- > cès de ses élèves, a acquis l'estime univër-: selle du monde savant ; t Que d'autre part, la juxtaposition de deux j univesltés rivales dans la même ville, est i pleine de dangers pour l'union patriotique qui î doit régner parmi les étudiants, et risque da i troubler gravement la tranquillité publique; j Qu'enfin l'intervention du Conseil de l'Ordre - est légitimée par cette considération décisive i qu'il a pour mission de mettre l'opinion en • garde contre des projets, menaçant l'avenir i et le recrutement des carrières libérales et du s barreau en particulier ; . Qu'en effet la science juridique, issue du :■ droit romain, a rencontré en Belgique et en s France son expression la plus parfaite dans - les travaux des jurisconsultes, et les décisions i des Cours et Tribunaux, qui ont trouvé dans > la langue française an instrument dont la 5 clarté la précision et l'élégance n'ont jamais . été surpassées; i Par ces motifs, statuant à l'unanimité, i émet le vœu que l'université actuelle établie i à Gand, soit maintenue intégralement sans aucune modification essentielle dans son . organisation, et qu'elle rouvre ses cours dès que les circonstances le lui permettront, fait appel au Barreau Belge tout entier pour le seconder dans son opposition aux projets qui peuvent, la mettre en péril. s Décide que la présente résolution sera envoyée à Sa Majesté le Roi, aux Chefs des Départements ministériels, aux Assemblées législatives, à l'Administration communale de Gand et aux journaux du pays. Ainsi fait et délibéré à Gand le 30 nov., 1918. Etaient présents : MM. Verhaeghe, Bâtonnier; Callier, Claeys-Boùùaert, Ceute-riek, ' Mechelynck, De Cuyper, Verbessem, Ballet, Fuerison, De Cnyf, Edmond De Saegher, H. Fraeys, G. Vanden Bossche, Secretaire. Nos Souverains à Paris ® Paris, 5 décembre. — Les Souverains bel-1 ges, accompagnés du Prince Léopold arrivèrent cet après-midi. La réception fut gran-! diose. Toute la ville est pavoisée aux couleurs belges. Dès midi une foule nombreuse se pres-- sait sur le parcours aeclamaat les troupes venues du front pour rendre les honneurs. Les ' Souverains furent reçus par M. et Mme Poin-cai'é et tous les ministres. La musique joua ' la Brabançonne. ■ Lorsque le eortège parut, une formidable 1 acclamation retentit; sur tout le parcours depuis la gare du Bois de Boulogne jusqu'au ministère des affaires étrangères, une foule i enthousiaste ne cessa pas d'acclamer les souverains. A 14.50 h. le cortège arriva au ministère des affaires étrangères où on avait hissé le pavillon royal. Après quelques instants de repos, les souverains allèrent à l'Elysée rendre visite à M. Poincaré. L'entrevue dura trois quarts d'heure, puis les souverains rentrèrent au ministère au milieu des acclamations de la foule. A 6.30 h. le roi Albert rendit à Clémenceau la visite qué celui-ci lui fit au quartier général. L» Roi eut un long ontietien avec le Ministre-Président. La foule acclama chaleureusement le souverain. En l'honneur des souvorains, un dîner de 200 couverts fut offert le soir. Le Roi et le Président prirent place au centre, à la partie supérieure de la table. La Reine était assise à droite du Président, le Roi à gauche, le prince Léopold était assis à gauche de Mme Poincaré. La musique de la Garde républicaine joua pendant le repas. Au cours du dîner, Poincaré s'adressa en ces termes aux souverains belges : « Depuis longtemps, la France aspirait à l'honneur de recevoir les Souverains pour lear témoigner sa gratitude et son admiration. Mais tant que ne fut pas terminé le long martyre de la Belgique, les Souverains restèrent prisonniers volontaires des grands devoirs qu'ils s'étaient assignés. Il les remercie d'être venus le lendemain même de la victoire visiter le peuple français. Il rappela la tragique soirée du 2 Août 1914 lorsque l'Allemagne somma le roi de livrer passage aux Allemands et le sublime refus qu'il y opposa. Dans le petit carré du sol belge que vous ave^ pu sauver de l'invasion, vous êtes resté debout l'épée à la main pendant que la Reine affrontait le feu des batailles et secourait les réfugiés. Le président rappela que pendant plusieurs années, la fortune des armes tournait dans j un cercle sans issue. Mais le Roi resta ferme, i la Belgique patiente et fidèle jusqu'aa jour où : les divisions belges et alliées commensèrent : vigoureusement l'off'ensiveet remportèrent la victoire sous les ordres.de Foch. Nous pouvons dire que de tous les forfaits dont l'Allemagne subit le châtiment, l'attentat contre la nation belge fut celui qui révolta le plus l'opinion du monde civilisé et contribua le plus à grouper autour de la Franee une si grande partie de l'humanité. Débarrassée demain des entraves de sa neutralité qui ne fut pas pour elle une garantie, la Belgique recouvrera son indépendance et sa souveraineté.Elles recevra de satisfactions auxquelles lui donnent droit ses supplices prolongés, elle poarra compter sur la reconnaissance éternelle de la Franco. Poincaré lève le verre en l'honneur des souverains belges et boit à la résurrection et à la prospérité de la Belgique. Le Roi des Belges remercia M. Poincaré en son nom, en celui de l'armée et en celui du j pays. Il dit que la Belgique fut étroitement | associée à la France dans la lutte pour la | défense du droit contre les entreprises arro-! gantes d'une puissance qui depuis longtemps s'organisait pour la conquête. Le roi fait ; l'éloge de l'armée française et de ses chefs, j notamment de Foch dont le nom restera ins-| ciit dans l'histoire parmi les plus illustres chefs. Il loua l'aptitude du peuple français dont le civisme admirable s'incarne dans la grande figure de l'homme d'Etat, Clémeneeau, j où la France entière se reconnut et où le ' monde retrouva tous les traits de l'esprit i français. Dans sa tâche, Clémenceau fut aidé ; par Foch, un des plas grands artisans de la ; libération du monde. Le Roi conclut en disant au Président Feuilleton du Journal de Garni. 16 La Mere Patrie ROMAN PAR MAURICE MONTÉGUT Alors il s'habilla rapidement et descendit de sa chambre, anxieax à l'idée de ce qu'il allait trouver en bas. Il redoutait ses fils, Herbert et Gottlob surtout. Au moment il pénétrait dans la salle commune, il en vit sortir violemment Clorinde, emportant dans ses bras le petit Eitel qm ouvrait de grands yeux surpris plus qu'efrayés. Devant lui, ses quatre fils fabriquaient des cartouches à ballos pour le gros gibier. C'était une réponse à ses questions intimes. Et, cependant, ces jeunes gens ne semblaient pas d'accord. Herbert-criait : — Vous vous défiez de moi, je le vois bien ! Je vous prouverai... oui, je vous prouverai !... L'entrée de son père coupa sa phrase : — Qu'est-ce qu'il y a ? dit celui-ci. Encore exaspéré, l'aîné répliquait d'une haleine : — Il y a que ces trois gamins doutent de mes sentiments, parce que j'ai pour femme une Française. Ils prétendent que je vois, que je ne pense que par elle, et que, dans ces conditions, je suis suspect de lâcheté. — Dame ! fit Gottlob, le passé est là... Depuis cinq ans, c'est Clorinde qui gouverne ; pourquoi croire que cela va changer ? . — Parce que je l'affirme, et cela suffit. Prenez garde ! à force de m'irriter, vous irez à l'encontre de vos intentions. — Tu vois ? murmura Othon. —■ Je ne vois rien ! Je suis aussi bon Allemand que vous autres, meilleur peat-être ; et, en cas de force, à moi seul, je vous vaux tous les trois. j Gottlob fit la moue; Othon poussa Gail-! laume du Goude ; Herbert continuait : j — Voici une heure que je leur rabâche mes j vraies idées; la preuve, c'est que Clorinde i est partie en tapant les portes... Ce n'était donc pas des propos tricolores. Hermann parla : — Vos façons à chacun ne me plaisent : guère. Hier soir, on a crié trop vite... l'émo-' tion, la surprise... et puis le vin. il faut bien le dire. Pourqaoi tant de tapage et de mena-j ces de notre part? Je comprendrais cela si a———————imammavK&aatra&Bx&xsMxxrnm'à l'Allemagne était vaincue et la France victorieuse. Mais c'est tout le contraire qui est la vérité. Alors, soyons bons princes. Réjouis-sons-nous, chez nous, du triomphe de notre pays. Mais à quoi bon vraiement bouleverser nos existences, risquer nos peaux dans une querelle qui ne peut modifier le fait accompli ? Une explosion de haine, des huées, des grognements, saluèrent cette péroraison. — Ainsi, tout ce que nous avons dit, hier soir, balivernes, billevesées, bavardages? interrogea Gottlob, rouge et serrants les poings. Mon père! mon père... vous vieillissez! — Gottlob ! clama Hermann, sévère, s'efforçant de ressaisir un lambeau de cette autorité i qu'il sentait lui échapper avec les jours; —• : Gottlob, est-ce là le langage d'un fils ? Prends garde? — A quoi ? répondit isolemment le jeune homme. Vous n'allez pas me donner le fouet, pourtant ? — Père, reprit Othon ; il y a des heures où l'on ne peut reculer. Et puis voici assez longtemps que ces Français maudits nous j traitent en laquais... Ce n'est pas la première dispute entre nous, n'est-ce pas? Les événe-: ments veulent que, cette fois, le mal soit j irréparable ; acceptons-les. Griffeld souffla, et, logique avec lui-même, il émit lentement des mots malencontreux. — Ces Français maudits, il y trente ans, nous ont accueillis. Thècle et moi, avec une bonté grave, nous ont secourus, aidés, aimés, je le crois; et. cependant il faudrait aussi se souvenir de cela... — J'attendais cette chanson, déclara Guillaume. De la sorte, jusqu'à la septième génération, nous devons leur rester soumis et tout accepter d'eux ruades ou torgnoles, en répondant : « Amen ! » C'est trop cher, mon père, trop cher payer un sevviee d'occasion. Et pnis, nous, nous ne voulons pas être solidaires et nous ne devons rien. — Essuie-toi la bouehe, morveux ! gronda l'Allemand furibond. Tes vingt ans sont stu-pides d'audace et de méchant orgueil. Je te défends de parler devant moi ! Qui donc est le maître ici, à la fin ? Suis-je mort ou fou ? Non. je ne veux pas la guerre ! Oui, je regrette nos violences d'hier. L'Allemagne n'a pas besoin de nous. Elle suffit à sa tâche. C'est prouvé. Non, je ne veux pas de bravades qui finiront en morts d'hommes et ruines; risquer mon bien, l'avenir de notre colonie. Les Bricogue ont des attaches profondes dans ce pays... on les estime... on les aime... Nous ii sommes les derniers venus. Toute la contrée se tournera contre nous et nous serons réduits à quitter notre terre en incendiant nos toits, nos moissons et nos barques. Après nous, de la cendre, des deuils. Et nous n'emporterons, avec quelques florins, que l'immense regret de la forêt perdue. On ne peut plus vivre ailleurs quand on a véeu ià. Voici la vérité la ° prophétie exacte de ce qui arrivera, si vous vous obstinez dans vos racunes absurdes. Si vous n'avez pas l'âge de là raison, j.'ai passé l'âge de la folie. Et, je vous le dis et redis, je ne me prêterai pas à vos projets barbares. Ses quatre fils avaient reculé, le regardaient, stupéfaits. Jamais il n'avait manifesté sa volonté avec autant d'éloquente énergie. Il reprenait, la voix toujours vibrante : — Je suis le père, je suis le chef! Je n'admets de vous tous que l'obéissance, la tête baissée et sans murmure. Vous entendez ? Alors Thècle qui s'était glissée dans la salle avec ;lorinde portant toujours Eitel entre ses bras, Christine et Charlotte attentives, .alors Thècle se jeta dans ses bras, en pleurant :

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Add to collection

Periods