Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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13 November 1915
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s.n. 1915, 13 November. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 19 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/qr4nk39k85/
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I,— Samedi 13 novembre 1913 £5> centimes le numéro. 59me année — N° tî!7 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : M fr. par an ; \ fr. pour six mois ; S fr. pour trois mois Pour Vétranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : CAND — 3, RUE DE FLANDRE, 3 — CAND TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif bu bas de lt dernière page du journal. Avis officiels de l'autorité allemande REGLEMENT 1. Tout propriétaire d'appareils photographiques, Je plaques non utilisées ou de nims doit èire en possession d'une carte d'autorisation de la Commandanture. I. Ces cartes doivent être demandées à la Commandanture, place d'Armes, 28, de 8 . Il heures du matin ou de 4,30 à 6,30 heures ^ l'après-midi. Les propriétaires de ces objets doivent se présenter aux dales suivantes : I; 12 novembre, lettres A et B. le-13 novembre, lettre C. |.;s 14 et 15 novembre, lettres D..Da.-l)cf. le 16 novembre, lettres Deg.-D, fin. le 16 novembre, lettres E., F., G. le 17 novembre, lettres H., ]., K. le 18 novembre, lettre L.. le 19 novembre lettre M. le 20 novembre, lettres N.,. O., P., Q. J; 21 novembre, lettre H. le 22 novembre, lettre S. le 23 novembre, lettres St., Sch., 1'., U. le 24 novembre, lettres V-Vanz. le 25 novembre, lettres Ven-V, lin. le 26 novembre, lettres W.-Z. Les intéressés, à l'exception des phoiagra-phies de profession, doivent apporter leurs appareils, plaques ou films. 3. Le fait de détenir des appareils, pla ques ou films sans autorisation écrite, est punissable après le 28 novembre 1915. 4. La possession du permis ne permet pas de photographier, l.a photographie est inter-diie à tous les habitants, sauf les professionnels du métier. 5. Les photographes professionnels qui désirent' obtenir l'autorisation de photographier doivent adresser, par écrit, une demande motivée à la Commandanture, place d'Armes, 28, au plus tard le 12 novembre. G. Tout échange d'appareils photographiques, plaques ou films doit être déclaré et soumis à la Commandanture par l'acheteur et le vendeur, c'est-à-dire par le nouveau propriétaire et l'ancien, avant que l'échange soit un fait accompli. 7. Toute infraction, intentionnelle ou par négligence, aux paragraphes 1 à 6 du présent règlement, et toute incitation à commettre une infraction, est passible d'une amende pouvant s'élever à 2.000 mark ou d'un emprisonnement de 3 mois au maximum, pour autant que des peines plus sévères ne soient pas applicables. Les deux peines peuvent être cumulées. En outre, les appareils, plaques et films peuvent être confisqués. Gand, lé 6 novembre 1915. Le Commandant de l'Etape. AVIS ; Pour la récolte et chargement de glands, chataignes et faînes, les prix suivants sont accordés, et seront payés aux troupes ou à la population au comptant ou en « bons de réquisition pour objets d'alimentation »: Pour les glands 14 mark pour 100 kilos. Pour les chataignes 11 mark pour 100 kilos. Pour les faînes 45 mark les 100 kilos. Les fruits doivent être délivrés à la « Gù-tersammelstelle » Gand-Porte d'Anvers. (Wi. T. N. 11748). Gand, le 4 novembre 1915. Lé Commandant de l'Etape. LA GlJKRIiK Sur le front occidental Communiqué officiel allemand Berlin, 11 nov. — On signale, en différents endroits du front, des combats d'artillerie ainsi que de vifs engagements à coups de bombes et de grenades à main. Un aéroplane anglais a été forcé d'atterrir de nord-ouest de Bapeaume ; les occupants ont été faits prisonniers. Communiqués officiels français Paris, 11 novembre. Rapport d'hier après-midi. " En Artois, les Allemands ont tenté une attaque de peu d'importance, à l'ouest du bois de Givenchy ; elle fut repoussée par notre tir de barrage. En Champagne, nos batteries ont répondu activement au bombardement violent de nos positions au nord-est de Tahure. A l'est de l'Argonne, à Vauquois et dans le bois Malan-court, les combats violents avec des bombes et des grenades à main ont été continués pendant la nuit. Rapport d'hier soir. En Belgique notre artillerie bombarda méthodiquement les environs de Devenen, dans le secteur de Boe-singhe. En Champagne, l'ennemi prononça, -après le bombardement annoncé ce matin, deux attaques violentes consécutives contre nos positions sur les flancs de la butte de Tahure. La première fut enrayée par notre feu de barrage et ne parvint pas jusqu'à nos tranchées. La seconde fut repoussée par une contre-attaque, après que les Allemands fussent entrés dans une position de nos tranchées. Entre Meuse et Moselle, nos batteries répondirent activement au feu de l'infanterie ennemie. Le général Hirschauer blessé Paris, 11 nov. — L'Auto dit que l'ancien chef de l'aviation militaire française, le général Hirschauwer, vient d'être blessé par un éclat d'obus. Sur le front oriental Communiqué officiel allemand Berlin, 11 novembre. — Armées du général feldmaréclial von Hindenburg. Près de Kem-mern, à l'ouest de Riga, nous avons repoussé hier trois attaques russes appuyées par le feu de l'artillerie de marine. Dans la nuit, nos troupes, se conformant aux ordres' reçus et sans être inquiétées par l'ennemi, se sont retirées de la région boisée à l'ouest et au sud-ouest de Schlock, que les pluies de ces derniers jours ont transformée en un marécage. Près de Bersemunde, au sud-est de Riga, un mouvement offensif de l'ennemi a été arrêté dès le déb'ut par notre feu. Dans une brève contre-attaque, nous avons fait prisonniers plus de 100 Russes. Armées du général feldmaréclial prince Léo-pold de Bavière. La situation ne s'est point modifiée. Armées du général von Linsingen. Secondées par l'artillerie allemande, des troupes austro-hongroises ont délogé les Russes de Koscin-chnowka (au nord idu chemin de ter de Kowel à Sarny) et de leurs positions voisines au sud; 7 officiers, plus de 200 hommes et 8 mitrailleuses ont été capturés. Au sud de la voie ferrée, des attaques russes ont échoué. Communiqué officiel autrichien Vienne, 11 novembre. — Une attaque russe à l'ouest.de Czartorysk a été rejetée au Styr par des troupes austro-hongroises, accompagnées de batteries allemandes; 7 officiers, 200 hommes et huit mitrailleuses sont restés entre nos mains. A part cela, rien de nouveau. Communiqué officiel russe St-Pétersbourg, 11 novembre. Rapport-du 1C novembre. — Dans les environs de Schlock, nos troupes, qui ont pris l'offensive à la rive gauche de l'Aa, se sont forilfiées près de Kemmern et occupent Oding (5 kilomètres au sud de Schlock). Dans le voisinage de Jacobstadt et à l'ouest de Duna-bourg les combats continuent. Plus loin au sud jusqu'au Pripei pas de changement.Aux environs de Kolki, la lutle acharnés conti nue. Toutes les attaques dirigées contre U village de Huta-Disowska ont été repous-sées.Près du village de Budka (9 kilomètre; de Czartorysk) nous occupons les bois ai nord et au sud. Sur le front des Balkans Communiqué officiel allemand Berlin, 11 novembre. — La poursuite de; Serbes dans les montagnes au sud de la Morav; occidentale a fait de bons progrès. Plus de 4,000 Serbes ont été faits prisonniers. L'armée du général Bogadjeff a franchi la Morawa ; plusieurs endroits. Communiqué officiel autrichien Vienne, 11 novembre. — Nous avons repousse une forte attaque monténégrine, à l'est dé Tre-binje. L'ennemi éprouva de grandes pertes. Le< troupes austro-hongroises qui avancent d'Uzice vers le sud sont à mi-chemin de Nova Baros. Ai nord-est d'Ivanjica, nous avons délogé l'ennem de plusieurs positions sur les crêtes du Semerno Les divisions allemandes du général von K&ves; ont chassé les Serbes du territoire de Stolov Planina. A l'est, les forces austro-hongroises on pris les abords sur le Kruja-Jela et le Pogled Mille Serbes tombèrent entre nos mains i Trstenik. A Brujacka Banja, au sud-ouest de Trstenik, les Serbes abandonnèrent un h&pifa de campagne contenant mille soldats blessés des officiers et un médecin. L'armée du généra von Galwitz se bat au nord-est de Brus et ai pied nord de la mon'agne de Fastrebac. Des forces bulgares ont passé la Morawa prè de l'Alexinac. Sur le front itaio-autrichier Communiqué officiel autrichien Vienne, 11 novembre. — Les efforts de: Italiens pour s'emparer de Gûrz recommencent [>ans l'intervalle après le troisième combat di l'Isonzo, ils ont amené des hommes de réservi et rassemblé de nouvelles troupes dans le terri foire de Gûrz. Après une préparation de l'artil lerie qui dura plusieurs heures, ils ont commenci l'attaque générale, avec de grandes forces, su tout le front depuis Plava jusqu'au Monle De Sei Busi. Nos courageux défenseurs ont rejeti tous les assauts, partiellement par le feu et auss par des corps-à-corps, avec de fortes perte: pour l'ennemi, paralysant son envie d'attaque pendant l'orage du soir. Communiqué officiel italien Rome, Il novembre. Rapport du 10 no vembre. —< Dans le secteur de Judicarie l'artillerie ennemie à rouvert un feu violen contre nos positions du mont Lavanesch, di rncjit Melino et de la cîme de Palone. Elli fut combattue activement par le feu bien di rigé de nos batteries. En haut Cordevole, les opérations de no tre offensive continuent. Nos troupes atta quèrenl la contrée montagneuse entre le; pcmmets du Sief et de Settea et parvinrent ; passer sur plusieurs points. Une attaqu: ennemie au Mrzli Brh, au front de l'Isonzo s'est écroulée. Dans le secteur de Plava l'activité de l'artillerie continue. Le voyage de Lord Kitchener Milan, 10 novembre. — Le Secoto publie qui Kitchener viendra à Rome et s'embarquer; ensuite à Brindisi pour l'Orient. L'Iden Nationale assure que Kitchener conférera à Romi avec des hommes d'Etat italiens au sujet d'ui accord nécessaire dans les opérations en Orient En mer Berlin, 10 novembre. Le 5 novembre, à l'en trée du golfe de Riga, le bateau éclaireur d'uni section de releveurs de mines et le 9 novembre, au nord de Dunkerque, un torpilleur français, ont été coulés par nos sous-marins. Le chef de l'Amirauté. Londres, 11 novembre. - L'Amirauté annonce: Le destroyer Louis est échoué dans la Méditerranée orientale. Ce n'est plus qu'une épave. L'équipage est sauvé. Copenhague, 11 novembre. — Le Nationalti-dende écrit : Récemment, nous avons annoncé que le vapeur Eidvisa, de Bergen, avait heurté une mine et avait coulé dans le voisinage de ' Douvres. Il annonça que cinq navires anglais, dont 3 navires éclaireurs, avaient heurté des mines et coulé en même temps, dans le canal entre Douvres et Calais. Le premier navire qui sauta était un vapeur de Glasgow, avec des marchandises en ballots. Le navire prit feu avant de couler. Ensuite un navire éctaireur heurta une mine ; il échoua en deux parties; lôhommes périrent. Un second navire éclaireur sauta ensuite ; deux hommes seulement de l'équipage ! furent sauvés. Des vapeurs de pêche marchands 1 ont également heurté des mines. Ce qui est arrivé à leurs équipages, le capitaine norvégien l'ignorait. I Londres, 11 novembre. — Lloy.d annonce : Les vapeurs Clan Macalisler, 4,835 tonnes; Californian et Moorina ont été coulés. Le regis-1 ter de Lloyd appelle deux vapeurs du nom de Caoifornian, un de 5,707 tonnes, l'autre de s 6,322 tonnes. Informations financières Brazilian Traction Light & Power Company Limited ; Le deuxième rapport annuel de cette > Compagnie, ainsi que le bilan et le compte . Profits et Pertes de l'exercice clôturant au 31 décembre 1914, viennent d'être publiés ; en Belgique. Le revenu de l'exploitation de l'année esl satisfaisant. Il laisse un surplus de Dollar; ; 809.412.69, porté à profits et pertes. ! A ce surplus s'ajoute le montant du report ' à nouveau au 31 décembre 1913, soit doll. ' 3,012,897.79, de telle sorte que le total reporté à nouveau en fin d'exercice atteini doll. 3,822,410.48. Ces résultats peuvent être considérés ■ comme très satisfaisants, si l'on tient comp-• te de ce qu'ils ont ont été obtenus au cours ' d'une année absolument anormale,durant la-1 quelle les affaires de la Compagnie et de ses : subsidiaires ont été sérieusement affectées iant par la crise financière particulière au Brésil, que par la crise mondiale provoquée par la guerre européenne. La situation financière au Brésil a, en 1 effet, été extrêmement trouplée en 1914.Les 1 négociations entamées avec diverses ban-: ques européennes, pour la conclusion d'un orêt an Gouvernement, étaient en bonne voie lorsqu'éclata la guerre européenne el furent ainsi suspendues jusqu'à une date indéterminée. Le resserrement monétairé devint très aigu et les usines commencèrent : à travailler à temps réduit. Un grand nombre d'entre elles suspendirent même complètement l'exploitation. L.es importations se , mirent à décroître rapidement et, en gér.é-, ral, les affaires furent. affectées à la foi = oar le manque de numéraire et par le sentiment d'incertitude. Au mois d'août, le Gouvernement fui obligé de déclarer un moratorium. Il procéda à une émission de papier monnaie qui : aida à soulager le resserrement monétaire, mais qui amena, d'autre part, de considérables fluctuations du change: pendant la deuxième semaine de septembre, la valeur du milreis tomba à 10 1/8 d. (*). Pendant plusieurs mois, il fut pratiquement impossible d'effectuer des remises du Brésil par les méthodes habituelles et, comme la situation ne s'améliorait pas, le Conseil d'administration de la Compagnie prit la décision, en octobre, de faire ses remises de fond — qui, pendant ce temps, s'étaient accumulées et formaient un montant très considérable — en café. Le, café étant un produit commercial assuré d'un marché constant, la méthode était saine et sûre et, à cette époque, la seule pratique. Comme la Rio de Janeiro Tramway, Light & Power Cy Ltd, l'une des sociétés englobées, dispose d'une flotte de steamers pour le transport du charbon et autres produits nécessaires à Rio de Janeiro et Sao Paulo, le Conseil d'administration utilisa ces steamers, aux voyages de retour, à transporter le café acheté au Brésil vers les marchés de New-York et d'Europe. A la fin de l'année, il avait été acheté ît embarqué, à Rio de Janeiro et à Santos, 278.400 sacs de café pour une valeur de 11,695 contos de reis, et ces sacs ont tous été vendus depuis à New-York à des prix oui on tpermis 'à la Compagnie de réaliser ses milreis au change moyen de 13 54;64 d., ce qui est sensiblement au-dessus du "ours moyen du change pendant la même époque, même s'il avait été possible d'ache-ier des lettres de change pour les sommes aussi considérables. La Compagnie a fait l'acquisition,au cours de l'exercice, de quelques-unes des actions restant en circulation de la Rio de Janeiro Tramway, Light & Power Cy Ltd, et .-.'est assuré un important intérêt de con-rôle dans la Companhia Rede Telephonica Bragantina, société exploitant un service de téléphone dans l'Etat de Sao Paulo. Cette dernière acquisition était très souhaitable.eu égard à l'entreprise des téléphones qu'exploite la Rio de Janeiro Tramway, Light S: Power Cy Ltd., par l'intermédiaire, de !a Rio de Janeiro & Interurban Téléphoné Cy. Ces titres ont été acquis sans qu'il ait été nécessaire d'en fournir le prix en es-oèces, Je règlement du prix d'acquisition des actions Bragantina s'étant opéré par l'émission d'un certain nombre d'actions ordinaires entièrement libérées du capital de la Brazilian Traction. La Compagnie a également fait l'acquisition d'un important intérêt dans la Companhia Telephonica de Estado de Sao Paulo. En janvier 1914, la Rio de Janeiro Tramway, Light & Power Cy Ltd et la Sao Paulo Tramway, Light & Power Cy Ltd, ont autorisé l'émission d'obligations 5 général mortgage garanties par une charge générale sur les entreprises de ces Compagnies, sous réserve des droits afférents aux obligations existantes, conformément aux stipulations d'actes de Trust en faveur de la National Trust Cy Lid. L'émission de la Rio de Janeiro Tramway, Light & Power Cy Ltd a été autorisée pour un montant de £ 2.000,000, et celle de la Sao Paulo Tramway, Light & Power Cy Ltd . pour un montant de £ 1,000,000. Ces obli-I bâtions ont été créées par les administra-'eurs de ces Compagnies pour être utilisées i titre de nantissement lorsqu'il serait nécessaire de lever des fonds pour es besoins en capital. Pendant l'année, une partie de ":es obligations a été émise par chacune des Compagnies dans le but ci-dessus spécifié et les sommes empruntées sur ces nantisse- (*) Cours actuel du change 12 3/8. Feuilleton du Journal de Gand 143 Le Comte DE Monte-Cristo PAR ALEXANDRE DUMAS Albert avait trouvé un excellent sujet de conversation: c'était Paris; il parlait à la comtesse de leurs connaissances communes. Franz comprit qu'il était sur le terrain. Il le laissa aller, et, lui demandant sa gigantesque lorgnette, il se mit à son tour à explorer la salle. Seule sur le devant d'une loge, placée au troisième rang en face d'eux, était une femme admirablement belle,vêtue d'un costurn grec, qu'elle portait aveç tant d'aisance qu'il était évident qeu c'était, son cdstume naturel.Derrière elle, dans l'ombre, se dessinait la forme d'un homme-donl il était impossible de distinguer le visage. Franz interrompit la conversation^ d Albert et de la comtesse pour demander à cette dernière si elle connaissait la belle Albanaise qui était si digne d'attirer non-seulement l'attention des hommes, mais encore des femmes.— Non, dit-elle; tout ce que je sais, c'est qu'elle est à Rome depuis le commencement de la saison ; car, à l'ouverture du théâtre, je l'ai vue où elle est; et depuis un mois elle n'a pas manqué une seule représentation, tantôt accompagnée de l'homme qui est avec elle en ce moment, tantôt suivie simplement d'un domestique noir. — Comment la trouvez-vous, comtesse? — Extrêmement belle. Medora devait ressembler à cette femme. Franz et la comtesse échangèrent un sourire. Elle se remit à causer avec Albert, et Franz à lorgner son Albanaise. La toile se leva sur le ballet.C'était un de ces bons ballets italiens mis en scène par le fameux Henri, qui s'était fait, comme chorégraphe en Italie, une réputation colossale, que le malheureux est venu perdre au théâtre nautique ; un de ces ballets où fout le mqnçle, depuis; le premier sujet jusqu'au dernier comparse, prend une part si active à l'action, que cent cinquante personnes font à la fois le même geste et lèvent ensemble ou le même bras ou la même jambe. On appelait ce ballet Poliska. Franx était trop préoccupé de sa belle Grecque pour s'occuper du ballet, si intéressant qu'il fût. Quant à elle, elle prenait un plaisir visible à ce spectacle, plaisir qui faisait une opposition suprême avec l'insouciance profonde de celui qui l'accompagnait, et qui, tant que dura le chef-d'œuvre chorégraphique, ne fit pas un mouvement, paraissant, malgré le bruit infernal que menaient les trompettes, les cymbales et les chapeaux chinois à l'orchestre, goûter les célestes douceurs d'un sommeil paisible et radieux Enfin le ballet finit, et la toile tomba au milieu des applaudissements frénétiques d'un parterre enivré. Grâce à cette habitude de couper l'opéra par un ballet, les entr'actes sont très-courts en Italie, les chanteurs ayant le temps de se reposer et de changer de costume tandis que les danseurs exécutent leurs pirouettes ef confectionnent leurs entreenats L'ouverture du second acte commença; aux premiers coups d'archet, Franz vit le dormeur se soulever lentement et se rapprocher de la Grecque, qui se retourna pour lui adresser quelques paroles, et s'accouda de nouveau sur le devant de la loge. La figure de son interlocuteur était toujours dans l'ombre, et Franz ne pouvad distinguer aucun denses traits. I La toile se leva, l'attention de Fianz lui nécessairement attirée par les acteurs, et ses yeux quittèrent un instant la loge de la belle Grecque pour se porter vers la scène. L/acte s'ouvre, comme on sait, par le duo du rêve: Parisina, couchée, laisse échapper devant Azzo le secret de son amour pour Ugo ; l'époux trahi passe par toutes les fureurs de la jalousie, jusqu'à ce que. convaincu que sa femme lui est infidèle, il la réveille pour lui annoncer sa prochaine vengeance.Ce duo est un des plus beaux, des plus expressifs et des plus terribles qui soient sortis de la plume féconde de Donizetti. Franz l'entendait pour la troisième fois, et quoiqu'il ne passât pas pour un mélomane enragé, il produisit sur lui un effet profond. Il allait en conséquence joindre ses applaudissements à ceux de la salle, lorsque ses mains, prêts à se réunir, restèrent écartées et que le bravo qui s'échappait de sa bouche expira sur ses lèvres. L'homme de la loge s'était levé tout debout, et, sa tête se trouvant dans la lumière, Franz venait de retrouver le mvsférieux habitant de Monte-Cristo, celui dont la veille il lui avait si bien semblé reconnaître la faille et la voix dans les ruines du Çolisée. Il n'y avait plus de doute, l'étrange voyageur habitait Rome. Sans doute l'expression de la figure de Franz était en harmonie avec le trouble que cette apparition jetait dans son esprit, car la comtesse le regarda, éclata de rire, et lui demanda ce qu'il avait. — Madame la comtesse, répondit Franz, je vous ai demandé tout à l'heure si vous connaissiez cette femme albanaise ; maintenant je vous demanderai si vous connaissez son mari. — Pas plus qu'elle, répondit la comtesse. — Vous ne l'avez jamais remarqué? — Voilà bien une question à la française! Vous savez bien que, pour nous autres, Italiennes, il n'y a pas d'ausre homme au monde que celui que nous aimons! — C'est juste, répondit Franz. — En tout cas, dit-elle en appliquant les jumelles d'Albert à ses yeux et en les dirigeant vers la loge, ce doit être quelque nouveau déterré, quelque trépassé sorti du tombeau avec la permission du fossoyeur, car il me semble affreusement pâle. — Il est toujours comme cela, répondit Franz. — Vous le connaissez donc? demanda la comtesse ; alors c'est moi qui vous demanderai qui il est. •— Je crois l'avoir déjà vu, et il me semble le reconnaître. | (A suivre).

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This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

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