Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 12 June. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 29 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/jm23b60q05/
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Samedi î'2 juin 11)11» centimes le numéro 59me année — N° JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; -î fr. pour six mois ; S fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, R,XJJ£1 XDIEJ 3, G^ISTr TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. LA GUERRE Sur le front occidental Communiqué officiel allemand 10 juin. — Près de Souchez et Neuville le | combat continue. Au nord-ouest de Souciiez les attaques des I français ont été enrayées dès le commence-I ment. A l'ouest de Souciiez,dans la région de 'a Su-I cretie, les Français n'ont obtenu aucun succès. I Dans le combat pour les tranchées au Sud I je Neuville, nous avons maintenu nos posi-I lions. L'attaque de l'ennemi au sud-est de Hébu-I terne échoua. S Dans la région Souain ëî au nord de Hurlus. I nous avons pris plusieurs tranchées. Au nord-est de Le Mesnil nous avons pris I J'assaut les'positions françaises sur une largeur I de 200 mètres et tenu tète aux attaques de nuit. A l'ouest du Bois le Prêtre une partie de I tranchée de notre première ligne est restée au I pouvoir de 1 ennemi. Communiqués officiels français Paris, 8 juin. — (15 heures). — Dans la région au nord d'Arras, quelques combats d'infanterie ont eu lieu le soir et pendant la nuit du | 7 au 8. Sur les pentes est du plateau de Lorette l'ennemi a exécuté plusieurs contre-attaques, qui n'ont cependant pas changé les positions des adversaires. I Nous avons progressé au nord-est de la sucrerie de Souchez, ainsi qu'à Neuville-Saint-I Vaastetdans la région du Labyrinthe. Des contre-attaques ennemies ont été repoussées au sud-est de Hébuterne. Vers le nord-est nous avons pris deux lignes I de tranchées ennemies. [ Paris, 8 juin. — (23 heures). — Dans la ré-I gion de Notre-Dame-de-Lorette, la lutte d'artil-I lerie a été très vive aujourd'hui. A Neuville-I St-Vaast, nous avons enlevé la totalité de l'îlot I ouest du village ainsi que de nouvelles maisons I dans la rue principale (îlot Nord). | Dans le Labyrinthe, nos troupes ont repoussé t une violente contre-attaque etlégèrement accen-I tué leurs progrès. Au sud d'Hébuterne, nous avons maintenu nos gains du 7 et de la nuit suivante malgré une forte attaque, menée par deux bataillons allemands. ! L'ennemi a violemment bombardé les tranchées que nous lui avons enlevées hier au nord I de l'Aisne, près de Moulin-sous-Touvent. Ce [bombardement, auquel notre artillerie a vive-: ment riposté, n'a été suivi d'aucune contre-altaque.Communiqué officiel anglais Londres, 9 juin. — L'agence Reuter annonce île communiqué suivant, publié par le général French : La situation n'a pas subi de changements. Le plus grand calme règne. Devant le bois de Ploegstaart, nous avons fait exploser une mine souterraine, posée au-dessous d'une tranchée allemande, détruisant les retranchements. Deux avions allemands furent obligés d'atterrir, l'un en face de notre aile droite, par le feu de l'artillerie, l'autre après un combat aérien avec un de nos aviateurs. Sur le front oriental Communiqué officiel allemand W. T. B. Berlin, 10 juin. — Au sud-ouest de Szawle notre altaque rencontra une résistance énergique; nous n'avons fait que de petits progrès. Le butin des deux derniers jours est de 2250 prisonniers et 2 mitrailleuses. Contre notre mouvement d'encerclement à l'est de la Dubissa l'ennemi amena du nord-est de grands renforts; nous avons retiré sans pertes notre aile sur la ligne Betygola-Zognie. Au sud du Njemen nous avons pris, par nos attaques et nos poursuites, 3020 Russes, 2 drapeaux, 12 mitrailleuses, plusieurs cuisines de campagne et chariots. A l'est de Przemysl la situation ne s'est pas modifiée. De la région au sud et au sud-est de Lein-btrg, Je nouvelles forces russes ont marché vers Sueden. Des divisions de l'armée Linsin-gen repoussent leurs attaques sur la ligne Lity nia-Prchobysz. A l'est de Stanislaw et près de Habacz la poursuite continue. Communiqué officiel autrichien Vienne, 10 juin. — Au sud du Dniester les Russes ont de nouveau perdu du terrain. Avançant victorieusement dans des combats de poursuite, les troupes coalisées ont atteint hier la ligne Kulacz-Kowe-Korszow au nord de Kolo-mea, atteignirent les hauteurs d'Ottynia, prirent le soir Stanislau et avancèrent plus loin, vers Halicz. Cette journée nous amena 5.570 prisonniers. Sur le restant du front en Galicie et en Pologne, rien d'essentiel. A la frontière serbe, il y a eu ci et là des escarmouches de tirailleurs, ainsi que des combats d'artillerie sans importance. Près de Ko-rite, une bande monténégrine, vêtue d'uniformes austro-hongrois, a été dispersée. Sur le front italo-autrichien Communiqué officiel autrichien La première grande attaque de l'ennemi avec des troupes d'une force équivalente à une division d'infanterie, contre la tète du pont de Goerz, a été repoussée hier, avec des pertes considérables pour les Italiens. Ils se retirèrent en hâte sous notre feu d'artillerie et durent abandonner plusieurs canons. Les tentatives d'attaques ennemies près de Gradisca et Mon-falcone eurent le même sort. Ls combats à la frontière de la Carinthie, à l'est du défilé de Plovk et le feu réciproque, dans le territoire de nos barrages fortifiés de la Carinthie et du Tyrol, continuent. Communiqué officiel italien Rome, 10 juin. — (Officiel.) Le matin du 10 juin, un de nos dirigeables survola Fiume et" laissa tomber plusieurs bombes sur des points de caractère militaire. Au retour, le dirigeable fut obligé, par une panne de moteur, à descendre sur la mer, dans le voisinage de l'île de Lussin et a été détruit. D'après un communiqué de l'ennemi, l'équipage a été sauvé et fait prisonnier. Aux Dardanelles Communiqué officiel turc Constantinople, 10 juin. — Le grand quartier général publie : Au front des Dardanelles, nous avons repoussé facilement, dans la nuit du 8 juin, deux attaques ennemies contre notre aile droite et nous avons infligé des pertes considérables à l'ennemi. Hier, feu d'artillerie et d'infanterie faible et continu avec intervalles. En mer Londres, 9 juin. — Le Dayly Chronicle donne le nombre de vaisseaux détruits par les sous-marins allemands en huit jours, jusqu a la fin -de la semaine; il y en a 21. Le journal y ajoute les noms des vapeurs loua de Dundée et Inls'um de Liverpool, le schooner George and Mary de Glasgow, le vapeur de pêche Ed. Ka- may de Peterhead et Bardolph de Leith. • » • Rotterdam, 9 juin. — On annonce de Londres au "Rotterdanische Courant» : La barque Superh.,en route de Buenos-Aires à Queen-tow, avéc 2,200 tonnes de grain, a été coulée par une bombe à 50 milles à l'Ouest de Fastnet, après que l'équipage avait abandonné le navire. Le vapeur Glitïeranii. faisant route de la Suède à Hartlepool, avec un «largement de bois, a été attaqué hier par un bateau-plongeur. Il tenta vainement d'échapper.Après que l'équipage eut eu un délai de dix minutes, le navire fut coulé. Londres, 10 juin ( Reuter). — Le vapeui Lady Satisbury, en retour de Hartlepool à Londres avec du charbon, a été torpillé près de Harwich. Plusieurs hommes de l'équipage ont été tués. Amsterdam, !) juin. — D'après des journaux de cette ville, un vapeur de pêche d'Vmuiden a sauté près du Doggersbank. On n'a plus rien vu de l'équipage. Le vapeur de pêche Ryndam est considéré comme pêrdu. On est très inquiet des vapeurs de pèche Texel 1 et Iron. parce qu'ils se trouvaient très près de la zone dangereuse anglaise. Dans le Luxembourg Quoique l'occupation du territoire belge par les armées allemandes date d'il y a plus de dix mois, nous sommes encore mal renseignés sur ce qui s'est passé dans.certaines provinces lors de l'invasion. Pendant des mois toute communication a été interrompue. Actuellement il est permis aux civils de se servir des trains de chemin de fer dans la plupart des directions, mais les voyageurs sont peu nombreux. La nécessité de se procurer un passe-port pour chaque déplacement, le prix élevé du tarif de transport en vigueur, enfin l'absence presque complète de transactions commerciales et industrielles, isolent les diverses régions du pays les unes des autres. ■ Ajoutons que la disparition de presque tous les journaux locaux contribue à nous laisser dans une ignorance à pju près complète des événements qui se sont produits dans certaines parties du pays. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne la province du Luxembourg, déjà peu favorisée, au point de vue des communications, en temps de paix. Un habitant de Bertrix, réfugié à Gand depuis quelques mois, nous a relaie une série de faits dont l'arrondissement de Neufchâteau a été le théâtre. Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en reproduisant son récit aussi fidèlement que possible. Les armées allemandes ont pénétré sur ie. territoire luxembourgeois de divers côtés. La génie militaire belge avait, dès le début des hostilités, fait sauter les deux viaducs qui passent au-dessus du chemin de fer à Basiogne; leurs débris barraient la voie, dont on avait enlevé les rails et les billes. D'autres viaducs avaient subi le même sort, notamment celui de Libramont, celui de Recogne, celui de Lavaut et celui de Mirwart. En divers endroiis, on avait provoqué des déraillemgnts de fourgons de marchandise et de locomotives hors d'usage, de manière à rendre les voies inutilisables. Rails et billes avaient été enlevés sur la ligne de Vir-ton à Marbehan et sur ceile de Virton à Aihus. Libramont se trouvait ainsi isolé de tous côtés depuis plus d'un semaine lorsque, le 15 août, le chef de gare entendit le signal annonçant l'arrivée d'un train venant de Bastogne : les Allemands avaient réparé la voie et expédiaient des troupes de patrouille. Celles-ci ne quittèrent Libramont que plusieurs jours plus tard, quand des renforts importants furent arrivés, et se dirigèrent vers Recogne, où elles rencontrèrent, le 22 août,des troupes françaises. Un combat s'engagea. Les Français constatant leur infériorité numérique, battirent en retraite dans la direction de Cari-gnan et de Sedan. De fortes patreuilles allemandes, venant du Grand duché du Luxembourg, pénétrèrent à Arlon, de là à Neufchâteau, puis à Bertrix, où elles arrivèrent le 10 août. Une rencontre avec des troupes françaises se produisit à Maissin, à mi-chemin entre Poix et Paliseul; elle dura deux jours. Les Allemands mirent en exploitation, pour le transport de leurs troupes, la ligne de chemin de fer Bertrix-St-Médard-Herbeumont-Ste Cécile Muno-Messempré-Carignan, tout récemment construite mais qui n'avait pas encore été utilisée par l'Administration des chemins de fer belges. ÉCHOS Les sans travail Les chômeurs involontaires secourus en Belgique sont au nombre de 764,222. En outre 269,300 mères de famille obtiennent du soutien, ainsi que 630,998 enfants de moins de seize ans. Le Comité Nalional paie de ce chef 3,102,115 francs par semaine. Un dixième de cette somme est à charge des Communes. Jusqu'ici le chiffre exact des subventions accordées aux travailleurs souffrant d'un chômage partiel n'a pas été établi. En temps de paix 1,359,945 hommes et femmes gagnent leur pain, en Belgique, dans le commerce et l'industrie. Pour les prisonniers de guerre . L'envoi d'objets divers aux soldats belges prisonniers de guerre en Allemagne n'est autorisé, que dans certaines conditions, sous peine de confiscation des dits objets. 11 est interdit d'expédier plus d'un paquet par mois. Le poids des paquets doit être inférieur à cinq kilos. Ils ne peuvent renfermer ni lettres, ni imprimés, ni armes, ni allumettes, ni liquides, ni produits sujets à décomposition. On est prié d'indiquer, à côté de l'adresse du destinataire, le contenu du paquet. JVécrologîe Théo Coopinan, le littérateur flamand bien connu, vient de mourir à Bruxelles, à la suite d'une longue maladie. Gantois de naissance, ancien élève de l'école communale rue St-Ma-caire, il publia plusieurs volumes de poésies, dont la plupart furent mises en musique par nos meilleurs compositeurs. Membre permanent de l'Académie flamande, il se consacra entièrement aux travaux de cette institution et publia une histoire de la littératnre flamande de 1830 à 1899. La seconde édition de cet ouvrage fut écrite en collaboration avec L. Scharpé, professaur à Louvain. Son recueil poétique Kinderlust fut couronné par l'Académie de Belgique et l'Académie flamande publia son ouvrage linguistique : Vcik- en Kunstwoorden. Over de Steenbak-kerij. En collaboration avec Edw. Qailliard, secrétaire perpétuel de l'Académie flamande, il fit paraître un intéressant travail toponymique : Over Plaatsnamen. L'ouvrage le plus important de Th. Coopman est la « Bibliographie van den vlaamschen Taalstrijd », en collaboration avec feu Jean Broeckaert. Le neuvième volume de cette publication (1883-1884) parut en 1911. Chronique Judiciaire Voleurs de vélos Les vols de vélos sont devenus assez fréquents à Gand, en ces derniers temps. La police a réussi à mettre la main sur quelques-uns des auteurs de ces larcins. Deux d'entre-eux viennent d'être condamnés par le Tribunal de première instance à des peines de dix-huit et huit mois d'emprisonnement. Abonnements Les personnes qui prendront un abonnement au Journal de Gand pour le trimestre prochain recevront le journal gratuitement jusqu'au 1" juillet. Prix de l'abonnement par trimestre, payable par anticipation : DEUX FRANCS. — Chronique Gantoise COMITE PROVINCIAL de Secours et d'Alimentation. Avis au Public.—- Puin. Par suite de retard dans l'arrivage des farines blanches dû aux circonstances actuelles, le Comité se voit obligé, contre toute attente, de modifier la composition du pain. A partir de lundi prochain 14 juin, le pain sera cuit uniquement de farine blutée à 80 %. Ceci constitue en tout cas un pain de qualité meilleure qu'il a quinze jours, la farine blutée à 90 % entrant alors à raison de 50 % dans la composition de la pâte. Dès que les farines blanches arriveront, le mélange actuel sera rétabli. Le prix du pain reste inchangé, la farine brute coûtant autant que la farine blanche. Son. — Une quantité minime de son vient d'être mise à la disposition de Gand-Agglomé-raîion. Avis aux intéressés qui ont introduit leur demande en temps utile. (Communiqué). AVIS aux Commerçants. — Le Comité local de Secours aux chômeurs pour Gand, Ledeberg, Gendbrugge et Mont-St-Amand fait connaître aux commerçants de ces communes que le secours aux chômeurs est payé en bons de 25 et 50 centimes. Ainsi qu'il est mentionné sur ces bons, ceux-ci ne sont valables que pour l'achat de vivres et autres objets nécessaires à l'entretien ou à l'alimentation du ménage. Ces bons sont valables dans tous les magasins.Ils doivent être présentés au remboursement avant le 15 juillet prochain. A cette fin, le Comité local prie les fournisseurs de présenter ces bons au remboursement au moins une fois par quinzaine au local Quai des Tonneliers, 4. Ce remboursement se fera tous les jours ouvrables, de 9 à 1 et de 3 à 6 heures (heure du Beffroi). Le Comité. ËhEGTIIIRITF réPar- soignées GENIETS 14, rue de Brabant, Gand (694) DOUCES colombes. — Quelques femmes habitant rue des Renardeaux se sont crêpé mutuellement ie chignon avec tant d'énergie, jeudi matin, que l'une d'elles, sérieusement blessée à la tête, a dû recevoir les secours d'un médecin. Feuilleton du Journal de Gand 42 LE DOCTEUR RAMEAU par GEORGES OHNET Et, pour l'arracher à ce sommeilqui semblait 'avant-coureur de la mort, le fiancé lui parlait, 'a priait, avec une tendresse ardente et désolée. Dans cette obscurité, au milieu de ce silence, c était un spectacle à la fois touchant et sinis-,re que celui de ce vivant, qui essayait de résilier cette demi-morte par des paroles d'amour. û une oreille avide, Rameau écoutait. Sûr dêtre seul, puisque Talvanne était parti. Rosa-''6 couchée, et le père obstinément enfermé dans sa haineuse abstention, Rohert, penché sur la main inerte d'Adrienne, laissait'déborr "fer son cœur : . li Est-ce possible que nous devions te perdre. toi si douce, si bonne, et si tendre? Que sera notre vie, lorsque tu ne seras plus là ? Que re regrets, quel désespoir, pour ceux qui t'auront laissée partir! On mesurera le vide que 'wa ton absence, on voudra te rappeler, te ra voir, mais tu n'entendras plus... F.t il sera trop tard! Cependant, il suffirait d'une lueur de raison, au travers d'une démence inexplicable, pour que tu sois sauvée... Si celui que tu appelles sans cesse, quand tu n'es pas immobile comme en ce moment, consentait à venir, s'i oubliait les torts, dont tu n'es pas responsable, pour ne se souvenir que de ta grâce et de ta tendresse, tu vivrais, car tu ne souffres que de sa colère et tu ne mourras que de son abandon. Et moi, je suis condamné à assister à cette injustice, à supporter cette iniquité, et je ne puis rien pour toi!... Tu m'aimes pourtant, mais l'amour que tu as pour celui qui te tue, est le plus fort- Chère petite, ta main est brûlante de fièvre. M'entends-tu? Réveille-toi, ne reste pas là, toujours, à murmurer des mots qu'on devine... Ton père viendra... Oui, je le supplierai à genoux... Ton parrain n'a pas su lui parler... Il a été violent et dur!... Ce n'était pas ainsi qu'il fallait prendre le maître... Il n'aurait pas résisté à des larmes... Et je l'attendrirai, moi. ou bien c'est qu'il n'aura plus de coeur dans la poitrine... Oh! chère Adrienne, devant quoi reculerais-je pour te procurer un apaisement?... C'est une telle torture pour moi de :c voir souffrir et d'être incapable de te soulager... Je paierais de ma vie le pouvoir de te sauver !.. .Te haïr, toi ... Pour je ne sais quelle ancienne folie ! Mais demain, guérie, vaillante, heureuse, tu m'abandonnerais, pour en aimer un autre, que je n'essaierais pas de te faire du mal... Je mourrais de douleur et de désespoir. voilà tout, en souhaitant ton bonheur et ta joie. Te haïr! Est-ce possible? Déraison passagère. Ne nous quitte pas, sois patiente, attends: il te reviendra et tu n'auras plus de chagrin, nous ne verrons plus, dans tes yeux, que de la gaîté, et, sur ta bouche, que des sourires... Exalté, il pressait la main de la jeune fille dans ses doigts, comme s'il eût voulu lui pren dre son mal et lui donner sa santé. M sentit cette main s'agiter dans la sienne, il se souleva et vit les yeux d'Adrienne ouverts dans la nuit. Elle se tourna avec effort et, reconnaissant son ami, elle dit : -— C'est toi, Robert !.. .Parrain n'est plus là? Elle eut une hésitation, puis, plus que faiblement : — Et papa, où est-il? Je voudrais bien le voir... — Il était là, tout à l'heure, ma chérie, mais tu dormais, réppndit le jeûné homme. Elle eut un navrant sourire : •— Oui, il vient pendant que je dors... Vous me le dites... Mais je ne le trouve jamais là. quand je me réveille... Elle se tut pendant quelquesr.seoondes, puis avec un accent déchirant ; — Et cela me fait tant de peine! Tant de peine... Hélas!... Ses yeux se troublèrent, sa tête retomba sur 1 oreiller, elle murmura plusieurs fois ; lié las!... et la délire la reprit. Robert désepéré pencha son front brûlant sur la main qu'elle n'avait pas retirée, et Rameau l'entendit qui sanglotait. Alors, plus courbé, plus sombre, plus malheureux, presque effrayé, fuyant le tableau de ces angoisses et de ces douleurs, dans l'ombre, comme un coupable, le docteur redescendit, du même pas, l'escalier et rentra dans son cabinet. Il marcha : il ne pouvait plus tenir en place et une agitation violente bouillonnait en lui. Sa pensée avait pris un autre cours. Elle n'évoquait plus Conchita et Munzei. Le couple adultère avait disparu, c'était la petite malade, dont il était si près matériellement et si loin moralement, qui occupait son esprit. Il voyait la chambre blanche et, sous les rideaux qui avaient tant de fois abrité le paisible et riant repos de l'enfant, il entendait l'halètement d'un sommeil douloureux et effrayant. C'était la même douce créature, si tendrement aimée, dont les baisers lui remuaient le coeur, qui souffrait, et il n'essayait pas de la guérir. Il tenta de discuter avec lui-même. Il se dit: Que m'importe celte fille? je ne la connais pas. S'il ne fallait pas donner au monde des explica tions, devant lesquelles je recule, je l'aurais mise hors de chez moi. Je ne l'aime pas, je :ie peux l'aimer. Ce serait une duperie ajoutée à tant d'autres. Aimer la bâtarde de cette misérable et de son amant? Accepter la honte, l'approuver? Ah! ah! Il ne manquerait plus que cela ! Mais je serais vraiment tombé en enfance ! Allons ! Pas de faiblesse ! On a pu me déshonorer, je ne me déshonorerai pas moi-même ! Une voix s'éleva, au fond de lui, pour la première fois et timide encore, qui répondit : «Qui le saura? Talvanne? Il t'a supplié d'être miséricordieux. Robert? Il passera sa vie à te bénir. » Mais aussitôt il se révolta contre cette lâche conseillère, il protesta qu'il ne suivrait pas ses perfides et doucereux avis. Il voulut se cuirasser plus complètement d'indifférence, mais il ne put y réussir. Vainement il s'efforça de penser à autre chose, d'attacher son imagination à un sujet différent, toujours il était ramené à ce tableau lamentable de la petite malade, brûlée par de fiévreux cauchemars, dans son lit blanc fait pour les songes heureux. L'obsession grandissait sans cesse, et d'une façon singulière. Il éprouvait un violent désir de savoir ce qui se passait. (A suivre)

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This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

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