Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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27 December 1918
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s.n. 1918, 27 December. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 28 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/930ns0nj78/
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Vendredi 27 décembre IÎM8 Jcentimes le numéro f>'2me année — >' ' ÎWO '4 JOURNAL DE GAND BCHO TZXtiS* ABONNEMENTS : DEUX FRANCS PAR M•I S S __ RÉDACTION & ADMINISTRATION : G A HO — 3, RUE DE FLANDRE, 3 — GAND TELEPHONE 065 T^n-wrrraaiii<-w'/.wr?gr.'ia«e^srs> ccaaœg<,w*:iMiii*i i IIIMIII w «'iiiMs«EJKaMaBBBaax«.«>)ii tmt i ia—w»ea— Annonces fr. 0,801a ligne. Réclames (avant les annonces) 1 fr. la ligne. Réclames en Chronique gantoise ou dans le corps du journal 2 tr. la ligne. Informations financières et Réparations judiciaires 2 fr. la ligne. — On traite à forfait pour les annonces souvent répétées. wKÊMammmmmmBmmmmmmKasmmmÊiÊiKaamÊmmmmÊ—mmiÊimÊÊmiÊBmmmiBKBaEBBsiBEmMiÊZBipnrKrr ni—11 un>«ca Quelques notes sur l'Est Africain allemand L'Est Africain allemand est situé entre les 1 Ie et 12e parallèles Sud. 11 touche au Nord à l'Est. Africain anglais et à l'Uganda, à l'Ouest au Congo belj^e, au Sud à la Rhodésie et au territoire portugais du Mozambique ; ies eaux de l'Océan Indien le baignent à l'Est. : La frontière traverse au Nord le lac Yicto- ! ria Nyanza ; elle longe à l'Ouest les lacs Kiwu et Tnnganyika et au Sud une partie du lac Nyanza. Cette colonie, l'orgueil des Allemands, est i actuellement occupée par les Belges et les Britanniques. Les Belges occupent la partie N, 0. de la colonie, c'est-à-dire le Ruanda, une partie de l'Ussuwi avec Namizembe, port du lac Victoria Nyanza, i'Urundi, le district d'Udjidji et la région de Kazema. Ces territoires forment une bande comprise entre la frontière du Congo belge et approximativement le 31e 1/2 méridien est, d'une part, entre l'Uganda et approximativement le 7e pari allèle Sud d'autre part. Un commissaire royal gouverne ces territoires ; des troupes coloniales belges en assurent la défense. Les Britanniques occupent tout le reste de la colonie ; comme on le sait, le district de Tabora, conquis par les Belges, leur a été remis par ceux-ci lin 1916. Les voies de communications Plusieurs ports naturels de l'Océan Indien ont été plus ou moins aménagés. Les principaux sont : du Nord au Sud : Tanga, Dar es-Salain (capitale de la Colonie), Kilwa et Lin-di ; au 16e siècle ces deux dernières localités servaient déjà de port d'escale aux Arabes qui s'y installèrent ; les Portugais y vinrent dans la suite. Le port de Dar-es-Salam, tête de la ligne ferrée qui traverse la colonie de l'Est à l'Ouest est constitué par une baie presque fermée ; les navires de haute mer peuvent y pénétrer, mais ils doivent ancrer au centre de la baie ; les Allemands étaient intentionnés d'y construire des quais d'accostage La situation est, à ce point de vue, la même à Kilwa et Lindi. Les lacs Victoria Nyanza, Kivu, Tanga-nyika et Nyassa sont sillonnés par des bateaux, dont certain, au Tanganyika notamment, ont un tonnage réel de plus de 300 tonnes. Le port principal du lac Victoria Nyanza est Muanza. Ce lac est réuni à l'Océan lndie n par un chemin de fer qui, partant de Kissumu, ville de l'Est Africain anglais, située sur le lac. aboutit à Membasa port et capitale de la colonie. Le trajet en chemin de fer est de deux jours. Une' autre voie ferrée relie le lac au Nil. Le lac Tanganycka a comme port principal dans l'Est africain allemand, Kigoma, localité actuellement au pouvoir des Belges, située au fond d'une baie bien abritée; des travaux assez importants y ont été effectués. Un service régulier de bateaux relie Kigoma à Albertville, port du Congo belge, où aboutit le 3e tronçon du chemin de fer des grands Lacs ; la traversée du lac demande dix heures.Wiedhafen est le port principal du lac Nyassa; ce lac est relié à l'Océan par un chemin de ter qui traverse le Mozambique. De nombreuses rivières arroient l'Est Africain allemand; peu sont navigables, sauf en pirogue on en baleinière; beaucoup sont complètement à sec pendant la saison sèche. Ainsi qu'il a été dit plus haut, un chemin de fer à simple voie traverse la colonie de l'Est à l'Ouest, partant de Dar-es-Salam sur l'Océan passant par Moragora, Kilassa, Mpa-pua; Kilimatinde. Tabora et aboutissant à Kigoma, sur le Tanganyika. Longueur du parcours : 1250 kiloms. Durée du trajet : 2 à 3 jours. Un autre chemin de fer relie Tanga, port de l'Océan Indien, à Moshi, localité située sur le versant du Kilimandjora, montagne de 6.010 m. d'altitude. Cette ligne ferrée est réunie à la ligne de l'Est Africain anglais (Kisumu-Membasa). am—nMHB' —iimii n mm——b— Un chemin de fer était en construction au début de la guerre, entre Tabora et Muanza, port du lac Victoria Nyanza; quelqies kilomètres de voie seulement ont été posés. 11 existe aussi des lignes Decauviile sur lesquelles roulent des trains lé2ers traînés par des locomotives ou des tracteurs automobiles.Les Allemand» ont tracé, dans leur colonie, d'assez nombreuses routes. Au cours de la guerre, plusieurs routes automobiles ont été construites par les alliés, mais la plupart de celles-ci sont inutilisables pour les autos pendant la saison des pluies. L'aspect du sol Le Ruanda est très montagneux; I'Urundi l'est un peu moins. Altitude moyenne du Ruanda : 1400 m.1 Les bords du lac Tanganyika sont également très montagneux. Le lac est à 800 m. d'altitude. Le restant des territoires belges t#t assez plat. Beaucoup de montagnes dans les territoires occupés par les Anglais ; seules les régions de Tabora et la partie S. E. de la colonie : sont plates. Les produits du s*l Les forêts n'ont pas l'aspect de la forêt équatoriale du Congo; ici pas de palmiers, essences petites. Pour la reconstruction des ponts de chemin de fer détruits par les Allemands, il a fallu faire venir tous les longerons du Congo, la colonie allemande ne pouvant fournir de pièces assez fortes. Les bois sont peu flottables. Le Caobab pousse dans les régions désertiques; on y renconta aussi l'euphorbe et le cactus. La pomme de terre douce et le manioc sont cultivés partout autour des villages, ceux-ci étant, en moyenne distants de 4 à 5 heures ; il existe toutefois d'immenses régions désertiques. On trouve aussi, un peu partout du sorgho. Le bananier se rencontre également partout.Le Ruanda et I'Urundi sont des pays de culture et d'élevage, les champs et prairies quasi ininterrompus; énormément de banane-ries ; bétail de grande taille en quantité. On y trouve aussi des forêts de bambous. Les marais sont couverts de papyrus. Sur les bords du lac Kiwu, région de haute altitude, on cultive le blé. On cultive aussi dans les territoires belges, mais en quantité moindre, le maïs, le canne à sucre,Je riz. Les lacs fournissent du poisson en abondance.Les Belges exploitent à Gottorp, entre Kigoma et Tabora, une saline à laquelle une source fournit le sel ; les sources salines sont nombreuses dans cette région ; les eaux des rivières y sont elles-mêmes saumâtre». Nous exploitons aussi, prés de Karema, une mine de mica. Il existe des gisements non exploités de fer et de cuivre, près du lac Kiwu. D'autre part la couche carbonifère de la rive occidentale du Tanganyika se prolonge vraisemblablement dans l'ex-colonie allemande.D'après des renseignements allemands on trouverait au Sud de Gottorp de l'agate et de l'améthyste. La région du Kilimandjaro, celle de Lindi, sont des régions de grande culture. Dans cette dernière on cultive sur une grande échelle l'agare qui fournit des fibres textiles, plantations d'excellent rapport. Il existe dans cette contiée, comme dans les régions de Kilwa et de Mahenge de nombreuses plantations d'arbres i caoutchouc. Vers Mahenge, forêts de bambou». Grandes plantations de cocottiers le long de la côte de l'Océan Indien. L'tucalyptus et certaines essences résineuses pous»ent très bien dans la colonie. A Morogoro, les Anglais exploitent une mine de mica très importante. La région de Mahenge est riche en roches micacées. ——a—wmmm——c—im i i 'TjtmmuBw D'après des renseignements allemands on trouve au lac Victoria Nyanza des gisemems d'or, de fer, du Kaolin. Il existerait, en outre, du fer à la pointe Sud du Tanganyika. au Sud du lac Rukwa, sur les bords du lac Nyassa et aux environs de Kilwa; du minerai de plomb vers Kondoa-Irangi, du graphite dans la région de Lindi ; de la houille piès du lac Nyassa ; du grenat à Mpapua et le long de la frontière du Mozambique ; de la pierre à chaux dans les enviions de Mahenge. La plupart deîces gisements ne sont pas exploités. Les eaux des lacs Nation. Manyara, tëyas-si, situés tous trois dans la partie N. E. de la colonie, sont chargées de sel de potasse. » — Echos du palais Condamnés par les Allemands Comme suite à notre articulet de mardi, disons'—pour être complet et véridique — qu'il a été récemment adressé, par le ministre de la Justice, aux divers parquets du royaume une circulaire, ordonnant de considérer comme non-avenues les décisions rendues en matière répressive par les soi-disant tribunaux correctionnels allemands, en violation du droit des gens et de la Convention de La Haye. Tous ceux qui ont été condamnés seront donc jugés à nouveau, et ceux qui ne sont pas détenus en vertu de mandats d'arrêts réguliers devront être remis en liberté. A la bonne heure!.,. Voilà qui remet les choses au point, et donnera satisfaction à tous les intéressés. Un malchanceux ! Nous avons raconté, sous ce titre, l'odyssée d'un individu qui, condamné par défaut — et sans jamais avoir été entendu — du chef de vol, à deux années de prison, après aroir déjà subi pour le même fsjit, autrement qualifié, six mois de détention en Allemagne, cherchait vainement des juges pour statu er sur son sort. Sa cause a enfin été appelée devant le Tribunal correctionnel mardi dernier, où après une minutieuse instruction, son innocence a été reconnu»; d'où la condamnation prononcée contre lui a été rapportée. Ce malchanceux, quoiqu'il eût subi environ douze mois de prison ne cachait pas sa satisfaction, tant il est vrai que tout est bien qui finît bien ! Dans la magistrature La nomination de M. le conseiller Van Zsylenaux fonctions d'auditeur général laisse vacante une septième place de conseiller à la Cour d'appel de Gand. Escrocs de marque ! Us ne manquaient pas de « culot » les deux individus, aux déplorables antécédents d'ailleurs, qui en mai dernier, s'étaient présentés, dans un hôtel bien connu de notre ville, sous prétexte d'y offrir des marchandises en vente, d'une valeur d'environ 30.000 francs, sans jamais avoir eu en leur possession un once de denrées come»tibles. La livraison devait avoir lieu — étant données qu'il s'agissait de choses à introduire en fraude — dans une petite villa sise aux envi-r#n de Gand, où elles se trouvaient soi-disant déposées et contre remise d'un fort déeompte. Or, a« lieu, au jour et à l'heure dits, les ci mpères vendeurs attendaient leurs acheteurs, qui avant même de voir les marchandises, remettent 6.000 franes à l'un des individus. lequel prend aussitôt le large, tandis que l'autre demande à se retirer quelques instants dans un endroit solitaire po»r... une affaire pressante, et ne reparaît plus ! Dans la villa, où l'on se rend ensuite; il n'y a évidemment trace de marchandises. Le tribunal avait condamné les deux escrocs à 18 mois de prison; la Cour confirme la peine de l'un d'eux, et ajourne l'affaire pour l'autre qui ne comparaît pas, ayant été emmené en Allemagne et ne paraissant pas en être revenu jusqu'orss. X. X. Lettre de Bruxelles Bruxelles, 24 décembre 1918. Le calme n'est pas encore revenu dans les esprits; nous avons été trop fortement secoués par la conclusion imprévue de l'armistice, par la délivrance, toujours espérée, mais que personne ne croyait aussi prochaine ; et à toute occasion vous entendez l'un ou l'autre se plaindre de la difficulté qu'il éprouve à se remettre à ses anciennes occupations. Et ce n'est pas seulement à cause du désarroi administratif qui rend la reprise de la vie norma-: le presque impossible ; on n'a pas le cœur à j l'ouvrage. Ce duit eue le cas aussi pour nos parlementaires qui sitôt réunis, ne songent qu'à se séparer en ajournant la suite de leurs délibérations. La Chambre est parvenue cependant à tenir deux séances la semaine dernière pour adopter presque saus discussion ie budget de 1919. Le budget me direz-vous ; où avez-Vous vu qu'on ait voté un budget? Evidemment ce n'est pas dan< les comptes-rendus des journaux, »iont les rédacteurs parlementaires se b >rnent souvent à condenser en quelques phrases les discours écoutés distraitement et dont ils ne comprennent pas toujours le sens; ce n'est pas non plus aux annales parlementaires, ni au compte-rendu analytique dont le service d'abonnement n'est pas encore réorganisé. Admettons donc que ce soit quelque magicien charitable qui m'ait dévoilé que la loi provisoire de finances qu'a fait voter le nouveau ministre des finances, est au fond une v ritable loi budgétaire, bien qu'elle ne soit accompagnée d'aucune évaluation de recettes ou de dépenses. Cette loi, en effet, contient trois dispositions essentielles : la première autorisé, comme le veut la Constitution, l'application des lois d'impôts qui existaient avant la guerre. ; la deuxième disposition, « eu égard aux faits accomplis, autorise le gouvernement à valider les perceptions d'impôts nouveaux ou supplémentaires au profit de l'Etat effectuées en vertu d'actes émanés de l'occupant pour autant que ces impôts soient légitime» dans leur essence, leur assiette, leur tarif et leur mode de recouvrement et que leur établissement ait été nécessité par les besoins du pays ». Et le gouvernement est autorisé aussi ■à décréter l'application de ces impôts aux contribuables qui sont restés en retard de les payer La troisième disposition, enfin, permet au gouvernement de décréter toutes les dépenses qu'il lui plaira en attendant que les chambres aient pu voter régulièrement un budget de dépenses. Cette loi, donc, contient tout ce qu'il y a d'essentiel dans une loi budgétaire normale : l'autorisation de percevoir les recettes et celle de faire les dépenses. Les articles de la loi relatifs aux impôts nouveaux ou supplémentaiies dont nous ont gratifiés les allemands pendant l'occupation ont été vivement critiqués par quelques députés. Etàjustre titre, car il n'y a pas un seul de ces impôts qui ait été légitime et dont l'établissement ait été nécessité par les besoins du pays; ils ont eu pour causer le désir des allemands de piller et de ruiner la Belgique. Donc, à prendre les choses au pied de la lettre aucune des perceptions qui ont été faites ne peut être validée, aucune perception nouvelle ne peut être ordonnée. Et si au contraire les impôts sont peiçus, ce qui n'est pas douteux, ce sera la proclamation officielle par le gouvernement belge — à ce autorisé par les chambres — que la politique financière des allemands dans nos provinces a été juste et légitime. On a passé outre, parce qu'on a besoin d'argent et parce que nous avons des ministres trop nouveaux dans le métier pour pouvoir se tirer d'affaire à l'aide d'expédients moins critiquables. Cette bes»gne faite, les députés se sont donnés trois semaines de vacances, reseuci-tant aux approches du jour de l'an l'ancienne trêve des confiseurs — bien que. les sucreries soient maintenant hors de prix et que le ministre du ravitaillement ait annoncé l'intention d'intendire de /aire et de verdie la pâtisserie. Nous avons de plus en plus le ministère des interdictions. Pendant que le parlement chôme, le théâtre de la Monnaie a rouvert ses portes. Réouverture entièrement brillante; sali' archicomble, avec beaucoup d'uniformes — le chef d'orchestre lui-même avait revêtu «a tunique de sergent. Dans ces soiré3s de gala, le spectacle est dans la salle plutôt que sur la scène. Les anciens habitués se retrouvent, échangent des conversations rapides pendant la longueur des entractes prolongés à desseins. Aussi le programme n'a-t il pas besoin d'être foi t copieux : Paillasse chanté par l'excellant baryton Albers. qui nous revient après une longue absence, et par le ténor Anseau. qui pendant l'occupation a chanié l'opéra sur divers théâtres ayant rouveit leurs portes à un public qui ne craignait par le contact des officiers allemands. Mais comment en faire grief à un jeune homme qui a une voix si fraîche et qui sait s'en servir agréablement ? Ce sont encore M. inseau et M Albers qui ont chanté le fameux duo de la Muette de Portici, de patriotique mémoiie; car les fragments du 2° acte de cet opéra révolutionnaire représenté, à la Monnaie, ne compie-naient que ce duo et ie motif qui le précède. Puis, pour finir le spectacle, un hommage aux armées aliées : Brabançonne, Marseillaise, hymne anglais et hymne américain; le drapeau anglais agité par la chanteuse était accompagné d'un détachement d'authentiques highlanders aux jambes nues avec joueurs de cornemuse; des poilus faisaient escorte au drapeau français et des américains coiffés du casque de guerre entourraient l'étendard étoile de la république. Grand enthousiasme, naturellement, qui n'a fait que «'accroître lorsque le char du Congo est apparu, traîné par les neufs provinces belges et a été salué par le chant «Vers l'avenir ». Combien tout cela nous éloigne déjà des mois sombres de la guerre. La victoire nous a fait oublier bien des choses, et voici renouées, comme si elles n'avaient jamais été interrompues, les relations mondaines d'il y a quatre aus. H. D —■—••— ÉCHOS D'ART Au Théâtre Pathé L'Ecole de Chant sous la direction de M. J. Willemot a donné mardi après-midi son 2e Concert d'abonnement. Au programme : L-i Fête a'Alexandre de Handel, compositeur de la première moitié du XVIIIe s. qui, quoique né à Halle (Allemagne) passa la plus grande partie de sa vie en Angleterre. Le linet conçu par le poète célèbre Diyden nous revient cependant dans une traduction assez banale. L'œuvre musicale, par laquelle on sent passer un souifie génial, doit être exécutée, pour en apprécier la beauté, par des masses imposantes Les moyens restreints dont disposait M. Willeinet ne peuvent évidemment pas satisfaire ces conditions. Seulement il y a de leur part, comme de celle du dirigeant une volonté de bien faire qui mérite des éloges. Il va de soi néanmoins que, s'il est possible dans ces conditions de rendre des couleurs, il devient plus difficile d'y mettre toutes les nuances voulues, surtout que la partie ténors sembfait trop mince et que de ce fait, la première partie ne pouvait contre-balancer la seconde. Malgré cela il y avait assez d'ensemble 'dans les choeurs. Un effort supplémentaire, un achèvement plus poussé, et le résultat ne s» fera guère attendre ! Les solistes se sont bien tirés d'affaires : MlleBevy et M. Verniers sont venus à bout des fioritures vocales, goûtées à cette époque, tandis que M. Buyck a cadencé les accents mâles du Conquérant. H. B. Feuilleton du Journal de Gand. 28 La Mère Patrie ROMAN PAR MAURICE MONTÉGUT Or, c'était toujours le même livre, Le Mémorial de Sainte-Hélène, où survit, ardente, la pensée de Napoléon ; son bréviaire à lui, fils de soldat. La grande voix d'outre-tombe, plus haute dans ce désert, racontait et chantait les gloires d'autrefois. Tous frémissaient en sourdine, le cou tendu, les yeux plus grands. « Quels temps ! quels hommes! ». Bertrande, renversée dans son fauteuil,les paupières closes,les mains vagean-tes, murmurait par instant : — Oui. je me souviens. Votre père, votre grand-père, m'a conté cela. Il y était... Murât chargeait, l'empereur criait : Bravo ! Mais quand, fatigué, la gorge sèche, Jérôme s'arrête, les doigts entre les pages du livre à demi fermé, l'éternelle hantise ressaisit ces captifs révoltés. Une voix hasarde : « Qu'est-ce qu'on fait, en France ? » Aussitôt, la peur de l'inconnu, la douleur des vaincus enfièvient les cerveaux. Une longue plainte remonte vers la mère patrie. Et Bertrande encore prononce dans aon rêve : — Le roi Guillaume de Prusse. . un vieillard, cependant... Il a presque mon âge... Comment, aussi prés de la tombe, ese-t-il assumer tant de charges sanglantes ? Que répondra-t-il, demain, quand Dieu lui demandera des comptes? Il n'aura plus ni sceptre, ni épée, ni couronne, ce jour-là. Non. Il sera tout nu devant son Créateur ; ses crimes hurleront derrière lui comme des chiens furieux et les morts par sa faute l'accuseront en face. Il y devrait songer. Roland s'émeut ; il prophétise : — Querelles de rois ! orgueil du droit divin qui rend fous tous les princes ! Intérêts dynastiques qui passent par-dessus le» peuples et les fauchent pourtant. Monstruesités des traditions barbares, deux hommes décident du sort de cent millions d'hommes... On voit cela ! Il souffle, reprend, la voix plus sombre, avec une grande foi : — Un jour viendra... Un jour, les peuples, las d'être dupes, «le s'entre-dévorer au bon plaisir d'un maître, gratteront leur vermine et secoueront leur poux. Les rois à terre! Oui. les rois éerasés sous le pied populaire... Ce fut déjà... Mais la prochaine fois sera la bonne... les trônes chavirés, balayés; un pe« de sang aux murs... la casse qu'il faudra... Après .. Quel repos dans la grande harmonie des peuples délivrés I — Oui, peut-être, concèâe Bricogne, mais nous n'y sommes pas... Et, pour l'instant, que se passe-t-il en Franee ? Un soir, à cette question répétée pour la centième fois, «ne voix du tond de la salle répondit brusquement : — Ma foi, patron, si vous le permettez, j'irai le savoir. J'en grille à petit feu. Voici des jours que ça me tient... je ne puis plus durer. Tous se tournèrent vers celui qui venait de parler de la sorte. C'était Césaire, un brave garçon ; chacun savait qu'il avait de la tête. Le patron interpellé répliqua lentement : — Garçon, tu es fou ! va à la fenêtre, regarde ce qui tombe. Où veux-tu aller ? — Mon Dieu, reprit Césaire, pas bien loin .. jusqu'à Halifax, par exemple. On doit savoir, là-bàs. — Nigaud, reparfit Bricogne, il y a cinquante lieues I Pas «ne route, pas un chemin, tout est glace. Philosophiquement. 1» bûcheron répartit : — Les raquettes n'ont pas été inventées po»r les phoques et je sais m'en servir. — Les Indiens! dit Roland. — Les loups, fit Roger. — La neige, soupira Virginie. — Les nuit», observa Lucrèce — Et manger? questionna Judith. Renaud, lui-même, tiré de sa torpeur, intéressé, donnait un avis sage : — Césaire. c'est la mort ! Et pour rien ! Mais l'entêté persistait dans son idée première.— La neige, les loups, les Indiens, bast. ! j'en ai vu d'autres. J'irai, que je vous dis... — Mais tu ne reviendras pas/ affirma Jérôme. — Et je reviendrai ! riposta Césaire. Il était du Midi, du côté de Narbonne, et ne doutait de. rien. — Je te le défends ! Tu m'entends ? conglut le maître N'en parlons plus ! — C'est bien, patron, c'est bien ! C'est ça, n'en parlons plus Il paraissait se rendre. Mais, le lendemain, il manquait à la soupe du matin II était parti sans tambour ni trompette, bravant les mille dangers de cet hiver maudit. La tristesse s'en aggrava. — C'est un meurtre de plus au passif de la guerre, déclarait Bricogne, le soir de ce jour même, encore à la veillée. Nul ne le contredit. Les fronts étaient plus lourds et les cœ»rs plus serrés. Bien souvent aussi, et fatalement, hélas ! — on s'inquiétait dans la maison française de ee qui se pajsait dans la maison allemande. Alors, les douleurs devenues exclusivement subjectives se traduisaient en plaintes sourdes, arrachaient des gémissements. Tous s'attendrissaient; une part de leur âme était captive sous ce toit si proche et si lointain, enseveli sons la neige endormeuse. Clorinde, Eitel. pour chacun; Christine pour un seul ; sans compter en surplus les sentiments secrets; passions diverses, mais angoissantes : idée fixe, opiniâtre, impossible à chasser. Anxieuse, Bertrande Bricogne égarait sa raison en monologues confus. On l'entendait murmurer comme une litanie : — Eitel était blond, Eitel était rose, avec de grands cheveux clairs et des yeux d'Aca-die... Il avait de petites dents pointues qu'il montrait en riant.. Au bon temps, les Griffeld affirmaient qu'il rappelait les enfants de leur-race ; nous répliquions que ses traits étaient nôtres... Peut-être ne ressemblait-il à personne ou bien ressemblait-il à tout le monde... Tel qu'il était, il emplissait mon cœur; mon cœur est vide à présent.La vieille brebis bêle après l'agneau perdu ! — Mère, disait Virginie, pourquoi parlez-vous de lui au passé ?... — Parce que tout ce qui sort de ma bouche appartient au passé.v. — Non. non! interrompait Bricogne... Il est ce qu'il était, — Dieu fasse qu'il ne nous oublie pas. Sa mère y veille, j'en suis sûr. Hélas I Eitel... oui, c'était un bon enfant. 11 aimait à rire, et buvait un doigt de vin, le dimanche, avec satisfaction, à cette table que, voici. — Sa mère, stggérait Lucrèce, que soutt're-t-elle, la pauvre, seule entre ces bandits? — Oh ! faisait Judith, Herbert serait le dernier des lâches s'il ne la protégeait pas I Mais Renaud, de sa voix changée, de sa voix lointaine, répliquait : — Il est peut-être le dernier des lâches... non, pourtant, pas le dernier. Il a ses frères. (A ' '/7 1" rP ) ■

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