L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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28 October 1914
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s.n. 1914, 28 October. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Seen on 28 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/np1wd3r40t/
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Ijère Année N°. 3. ÎO Centimes Mercredi 2S Octobre 1914 L'ECHO BELGE î L'Union fait la Force, «Journal quoiiuien uu Iimiiu paraissam a Aiiiswrumi Belge est notre nom de Famille. I Toutes les lettres doivent Être adressées au bureau de rédaction: N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef: Gustave Jaspaers. ( Charles Bernard, Charles Herblei, Comité de Rédaction : J Gustave Peellaert, René Chambry, ( Emile Painparé. m* m ^*0 w» m m m m w « * w » «j D •» >• » Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du journal: N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: 1775. Notre conscience gÉRmsterdam, cœur, cerveau de la Holla dé, cœur palpitant, cerveau lucide, celui contrôlant toujours celui-là, et, sans les coi primer toutefois, imprimant à ses élans u: 'ffirection, une discipline.... ^■Nous sommes reconnaissants du réconfc que nous apporte cette sympathie discrè mais efficiente. Elle agit un peu à la faç< d'un calmant. Elle tonifie nos nerfs bris par tant de secousses. Et de même ce déc d'Amsterdam, la capitale du monde qui su le mieux allier le cosmopolitisme et s< caractère propre, les conquêtes du progrès la persistance d'une tradition qui est u marque extérieure de noblesse, exerce s ;>îous son charme pénétrant. D'ailleurs co: ment ne pas laisser, aller à 'joie do respirer librement, après ta de longues semaines passées dans c alternatives d'espoir et de crainte, da vCèttc grande ville où nous sommes to étonnés de trouver de la lumière, du bru des gens effarés qui vaquent à leurs ; faires, des théâtres et des music-halls. Mi ceci ne peut être qu' une impression p: sagère, un court instant de repos dans rude et long chemin, le calvaire que no aVons à gravir. Car ce n'est pas la tra quillité que ncus sommes venus cherch ici et notre exil n' a pas la significati d'une fuite. Il e6t une protestation mueti la'seule possible en ce moment, contre u agression que nous tenons pour injustifié et, peur tout dire, encore une façon résistance. Et de la grande et fié re cité q nous accueille, refusant tout ce qu'elle no offre de commodités, d'agréments et sourires, nous autres qui avons l'âme deuil nous ne pouvons accepter que stricte et juste hospitalité. Indifférents au chant de la sirèi à toutes les sollicitations du delio: de la vie facile et douce dont cours se poursuit à nos côtés, notre pen: se reporte vers notre pays dévasté et r foyers détruits. Nous ne voulons pas dést bifcuer nos yeux de pleurer car nous ne vo long pas distraire notre pensée de ce q doit rester sa . seule et grave préoccupatio Ce n'est pas sans peine que nous avo quitté ce petit coin de pays tout chargé nos sentiments les plus chers et qui € ■comme un autre visage de nous même nie nous avons cru qu'en notre absence un oo quérant n'y saurait graver son emprein au point de le rendre indélébile, persuad [qu'à notre rétour ce sera comme si jamc Ion- étranger n'avait passé là. Car le fer Ue feu peuvent ravager les, maisons, renv< 3èer les pierres et jusqu'aux arbres des j frets, là où l'habitant ne livre rien de li même les pires ouragans sont impuissar à ihodifier l'âme d'une terre. Peut-être nous nous sommes trompés. Il < des moments où, pris de défaillance, no sentons le doute nous envahir. Des homm qui furent nos chefs et nos guides, ceux qui nous avions confié les destinées de not ville magnifique, font appel à ces mêm sentiments de patriotisme qui nou savaio dicté notre départ pour nous faire reprend le chemin du/foyer. Nous n'avons pas droit, disent-ils, de laisser sa flamn s'éteindre, dût l'ennemi venir s'y rcchauffc Nous devons veiller à ce que la vie de cité ne se trouble ni ne se ralentisse, à que les pulsations de son coeur puissant ] subissent aucun arrêt, dût l'envahisse! inquiet penché dessus en ressentir du pis sir et de l'orgueil. Ce patrimoine d'intérê communs, ces richesses que nous avo] irritées de nos pères et que nou6 avoi accrues par notre labeur, tout cela q taisait notre joie et notre fierté, noi (n'allons .point, n'est-ce pas, le laisser perdre inutilement, pour on ne sait quell craintes chimériques ni quelles folles illi Sions. Et il faut faire cela qui e t sage, ce! que nous dicte la voix de la raison et d devoir. La raison, oui, le devoir..» Avons-noi encore notre raison ? Qui peut dir< in çç8 heures terribles où, en même terni que les choses, toutes nos idées sont boule I versées, où se trouve le devoir? Est-il d< veiller sur les biens de la communauté, d'ei continuer la gestion et d'assurer son avenir' n. Oui, mais qui fera le départ entre ce qu: ci n'est qu' une simple mesure de conserva n_ tien et ce qui, à l'égard de l'usurpateui le do notre sol, pourrait sembler une complai sanoe, l'acceptation d'un fait qu'aucur Belge, encoi^, ne peut considérer comm< te accompli ?... C'est peut-être une folie de pré m férer les chemins hasardeux de l'exil, d< és tout abandonner, ses liens et .ces chose* or familières, ornement du foyer, où se conti a nue un peu de la vie intime des êtres qu: )n nous furent chers, plutôt que d'en obteni] la conservation de la magnanimité d'ur Q6 vainqueur. Si grands que soient les avanta ur ges cllie l'on puisse avoir au prix d'un< n. petite complaisance, il n'y a point ici d< ]a petite complaisance. Nous ne somme* nt point de ceux qui pour le6 commodités de [es la vie consentiraient à perdre les raisohî 11S de vivre, propter vitam vitae perdert ut causas. CHARLES BERNARD. Lt, • ,f_ : l Propos de Guerre. us n- Comment finira cette lutte sanglante, qu, er perdure sur les deux frontss et lasse les Dn nerfs les plus solides. On va, semble-t-il, e, vers ce qu'avaient prévu les stratèges les. ie plus éminents, les écrivains militaires le; •e, mieux avertis des dernières années: Vindèci le siôn finale, jursqur'X épuisement complet dt ui l'un ou de l'autre -—'des deux peut-être — us adversaire. Ainsi se trouverait réalisée leui le prophétie, dont Voptimisme raisonné endor m mit pendant quarante ans notre vigilance. la et qui affirmait l'impossibilité d'une geurrt moderne, à cause de la terrible puissance di ie, l'artillerie moderne — et surtout de la mas rs, se formidable d'hommes, que constitueraien le les armées en présence. >ée Liseg les communiqués. Justement j'en a os un sous les yeux — un des derniers, qui dif- a- fère si peu des premiers et différera sani u- doute bien peu de ceux qui suivront. Succès ui partiels à gauche, *échecs partiels "5 droite, n. Attaques manquées, contre-attaques repous- as sées. Le mouvement de telle armée, pour en- ie velopper l'aile droite — ou gauche — dt ®t telle autre armée, n'a pas réussi — et vice- is versa! Au centre, on conserve ses positions. u- Les pertes subies par l'ennemi sont te effrayantes. és Ce qui l'est bien davantage, effrayant. lis c'est cette situation qui parait inextricable. et Va-t-o?i, ainsi, s'entretuer méthodiquement. r- froidement, jusqu'au dernier homme? Va-t-o- on continuer à piétiner dans tout ce sang et li- dans toute cette horreur? On attend le choc .ts épouvantable, la ruée fratricide, la boucherie si abominable qu'elle 2>uisse être, pou-ist vaut seule solutionner cet angoissant pro-us blême. On attend l'étincelle effroyable qu, es doit jaillir du choc de ces Forces surhu à maines en présence car malgré tout, on n'ost re croire à la solution confuse qu'ont prédiit es les grands théoriciens de l'armée. Et si l'or, ut veut, honnêtement, sonder sa conscience, re chacun avouera, en rougissant, qu'une paie reille terminaison nous désenchanterait pro-ie fondement. Car la Guerre a déchaîné en r. nous les appétits ancestraux du troglodyte [a ivre de carnage... Et si nous nous voilons la face devant l'atroce vision des vies fauchées je en pleine fleur, nous sentons battre plu>. ir vite nos cœurs à l'appel des clairons,• et i_ comme une ivresse sacrée nous envahir au ts récit des grands combats...* ■F- 1S "i • 1 I 1 C '5l Les vivres à Anvers. se Le ,,Handelsblad" apprend d'Anvers: Depuis trois ou quatre jours les troupes 36 allemandes sont activement occupées à enle-l- ver les approvisionnements de toutes espèces: a vivres, vins, principalement des couvertures, des magasins d'Anvers et à les charger u en des trains qui partent pour une destination inconnue ici. La population consi-ls dère cela soucieusemen, songeant que bientôt il ne restera plus rien de son stock et ■' qu'à l'approche de l'hiver elle est menacée >s de privations $rès du£Ç6i. En Belgique. A Anvers. D'une lettre qu'un de nos amis vient d • recevoir d'Anvers nous extrayons le passag suivant : „Au lendemain du bombardement j'ai fai une visite à la morgue pour voir s'il : avait de mes amis parmi les victime! J'ai vu là plus de cent cadavres de ma] heureux tués par les shrapnells et le direc teur me disait que de nombreuses autre i victimes étaient déjà enterrées" ... * * * Dimanche dernier, environ 800 Belge sont arrivés, venant de Rotterdam. • * • ' Depuis quelques jours, on entend le canoi , parfois même la nuit. C'est ce qui a fai prendre leur vol aux nouvelles optimiste 1 que nous avons relatées hier et qui parlaien de l'arrivée prochaine des alliés. Vraisemblablement les Allemands proce daient à des essais de pointage, en vue d'un surprise toujours possible. P * £ Le bruit courait en ville que l'„Handels blad" ne tarderait pas à reparaître. L direction de ce journal vient de faire savoi que cette nouvelle était inexacte. •# * • On sait que l'Orphelinat d'Anvers s'étai réfugié en Hollande. La direction de ce établissement de bienfaisance vient d'êtr< avisé, par l'autorité allemande, que si le enfants ne sont pas renvoyés sans délai , Anvers, les Allemands confisqueront le locaux de l'Orphelinat au profit de 1 Croix-Rouge. A Liège. Nous recevons de notre correspondan particulier, les nouvelles de Liège suivante dont nous garantissons l'authenticité. Il est très difficile pour les Belges habi tant Liège d'obtenir un passe-port à desti nation de la Hollande. Ces „passiershein: ne sont d'ailleurs valables que pour u: seul voyage. Depuis quelques semaines, il est interdi de rouler à vélo ou à motocyclette. * * • î Les nouveaux timbres germano-belges on paru. Ce sont les timbres allemands ordinaire . recouverts de la surcharge ,,Belgien" et d' ' prix en monnaie belge. On s'en sert, à Liège, dans les rapport postaux entre la ville et l'Allemagne, Bruxel les et Mons. g£Car il n'est pas permis d'adresser de correspondances vers d'autres lieux. Encor les lettres doivent-elles rester ouvertes. O: ne peut fermer les enveloppes que pour le lettres circulant dans Liège même. « * » Des facteurs allemands font le service d la distribution. Deux employés belges seu lement sont restés en fonction à l'hôtel de Postes. Lorsque les Allemands, la ville tom bée, se rendirent aux postes pour s^empare de la caisse, ils ne trouvèrent plus un roug liard. Une personne dévouée, qu'il ne nou est pas permis de citer, avait sauvé l'argen et depuis, paie régulièrement, du reliqual les Belgës, employés et facteurs des posteg * * * La Banque Nationale a rouvert ses portes On y peut toucher, pour les sommes n'exe dant pas un certain maximum, les montant des livrets de caisse d'épargne. # * * A 8 heures, les bourgeois de Liège doiven quitter les cafés et rentrer chez eux. Seuls les officiers et les civils allemands conti nuent à consommer. * * » L'alcool est interdit. Il se paie d'ailleurs pour l'alcool pharmaceutique, 7.50 francs 1 litre. * « » Le Cinéma-Palace a rouvert ses portes à titre de café seulement. Il est interdit d faire passer des vues cinématographiques * * ». Il est question que le Grand Bazar de 1 Place St. Lambert soit transformé en garag pour les automobiles militaires allemande qui ne peuvent trouver place dans les garage liégeois. L'essence devient introuvable. Le Allemands ont offert à des particuliers de paye un mark le litre, sans parvenir à en trouvei Jls en font d'ailleurs une consommatio effrayante, nos routes étant continuellemen sillonnées de leurs voitures. Mais, depui quelque temps, afin d'économiser leu essence, les sous-officiers que leur missio: contraignent parfois à d'assez longs trajets demandent à prendre place dans les voiture de particuliers.' 11 n'y a pas de petite économies ! * * * Le ravitaillement se fait normalement Les vivres n' ont pas augmenté de prix à part le sel et le café. Mais — et ça : une importance pour le Liégeois — la tart va manquer sous peu! Il n'y a plus, e: effet, de froment et comme la „doreïe: s'accommoderait mal de seigle, les boulanger ont décidé de n'en plus cuire, ' A # # Ce sont des trotfpes bavaroises qui gardent la ville. Elles ont essayé, sans .y parvenir, e de remettre en état les forts que les nôtres e avaient fait sauter. Elles ont abattu, toutefois, une grande t quantité d'arbres qui se trouvaient dans le y champ de tir des canons auxquels elles ont 5. assigné certaines positions que les officiers - allemands croient excellentes. Du fil de fer i-, barbelé achève, avec de nombreuses tranchées, s les ouvrages défensifs. * * * La garde civique fait service de police. Chaque homme doit marcher tous les dix s jours. Il touchait jusqu'ici, à titre de Balaire, quatre petits pains fourrés! Depuis, on leur donne un mark. Il est arrivé à un pimpant officier de t garde civique une aventure amusante. Il se s trouvait tranquillement assis à la porte de t l'Hôtel de Ville, lorsqu'un herr dokter professor s'approcha de lui et s'écria, avec l'accent que vous devinez: g „Ah! enfin, voilà le portier! Dites, portier, conduisez-moi..... L'officier, rouge de colère, clamait déjà sa qualité. Et le herr doktor professor de - se confondre en excuses. a C'est égal ! Ce que les gardes ont ri ! r • * • La ville continue d'être calme. Mais la discipline prussienne commence à faire sentir b ses effets, notamment pour la circulation t dans les rues de la ville. # > Tous les Liégeois ont confiance dans l'issue s de la lutte. i :— » A BrHge-s. Nous apprenons de source sûre qu'ilyaà Bruges plusieurs milliers de blessés allemands grièvement atteints et évacués des champs de bataille Nieuport-Dixmude. Les blessés plus légèrement atteints sont dirigés sur Gand où plusieurs cafés-concerts et 3 cinémas ont été transformés en ambulances. » * * Les troupes allemandes cantonnées à Bruges sont des Bavarois et des mariniers. î A Ostende. Un des obus tirés par les navires de t guerre anglais sur la ville d'Ostende a at-3 teint son but avec une précision remarquable. i II est tombé sur l'hôtel Majestic, où des officiers allemands achevaient trauquillement s de dîner. Ça a été un sauve qui peut géné- - ral. ... de ceux qui n'avaient pas été tués ou blessés. Et ils étaient plutôt rares! 3 * • • 3 ! Les Allemands ne laissent partir les 3 habitants du littoral qu'avec les plus grandes difficultés. Ils craignent, en effet, un débarquement des troupes anglaises 3 ou un bombardement par les Navires de guerre. C'est *pour se protéger contre un 3 tel danger qu'ils retiennent la population, escomptant que les alliés ne bombarderont „ pas les villages belges encore peuplés de ^ leurs habitants. 3 1 A Tirlemont. > A Tirlemont, il n'y a comme troupes allemandes que des hommes de la landsturm . appartenant tous à des provinces mecklem- - -bourgeoises. 3 A Knocke. * Les marins allemands occupent Knocke ' et Heysfe et, en général, tout le littoral, d'Ostende à la frontière hollandaise. Ils ont pris le phare de Knocke comme observatoire, redoutant un débarquement anglais, toujours possible. A Turnhout. ) e Le journal: „De Kempenaer" n'a pas cessé de paraître, malgré l'occupation allemande.a A As*endonk. g Le bourgmestre d'Arendonk, M. Peeters, g qui séjournait à Eindhoven, vient de décéder r à l'âge de 76 ans. La dépouille funèbre a été transportée à Arendonk, où les funérailles ^ auront lieu mercredi prochain, b r En Flandre. 1 On écrit au ,,Courant" de Koewacht : ' De nombreux fugitifs arrivent ici de Loke-3 ren. Ils déclarent que les Allemands con-3 voquent tous les hommes valides de 18 à 45 ans. Toute la journée on a entendu tonner le canon aux environs d'Eecloo. A Esschen. Hier, des mariniers allemands ont repris possession du petit village frontière et ont hissé sur l'église et la gare les couleurs 3 allemandes que les drapeaux belges, une fois < déjà, avaient remplacées. Le Roi Albert Une haute personnalité du monde officiel belge a défini le rôle du roi Albert avec l'autorité qu'on va voir. Cet hommage est aussi un document précieux pour l'histoire de notre pays : Le roi des Belges, comme vous le savez, est festé à la tête de son armée. Il a tenu à remplir jusqu'au bout son double devoir de souverain et de commandant en chef de ses troupes. Le monde entier lui rend hommage, et c'est justice. Avec une belle vaillamce et une claire intelligence des faits, il a été constamment à la hauteur de sa tâche. Chef du pouvoir exécutif, le souverain a, dans îiotre pays, une influence très grande. Il est directement en rapport avec tous ses ministres, et ceux-ci sont personnellement et individuellement responsables devant lui — comme devant le Parlement. Il faut entendre par là qu'entre le roi et ses ministres aucune autre autorité gouvernementale n'existe, ni en droit ni èn fait. Le titre de président du conseil, ou plutôt de chef du cabinet, a toujours été, en Belgique, de pure forme; il ne recouvre.pas une fonction exé-cutive, comme c'est le cas notamment en France. C'est le roi qui, chez nous, préside véritablement le conseil des ministres. Peut-être ne sait-on pas tout de l'influence qu'a exercée le roi sur les destinées du pays, en ces jours tragiques. C'est à ses instances réitérées et aussi au dévouement éclairé de son ministre de la guerre, M. de Broqueville, — pour lequel le pays tout entier^ sans distinction d'opinion, a une profonde et reconnaissante admiration, —-que la Belgique doit les lois militaires qui ont été votées l'année dernière, et qui lui ont permis de tenir efficacement tête à l'envahisseur. C'est grâce à l'intervention du roi que la mobilisation de l'armée belge fut décidée dès le 1er août — à la suite de la proclamation de l'état de siège en Allemagne. C'est le roi qui voulut qu'on nè se contentât poimfc de rappeler le6 quatre classes devant former l'effectif complet, en temps de paix, de cent mille hommes, mais que dix autres classes fussent immédiatement et simultanément mobilisées. Mais l'Histoire enregistrera tout le détail des événements dramatiques que nous venons de vivre. L'ultimatum allemand venait de nous être jeté comme une injure brutale. Il fallait qu'avant douze heures nous répondîmes à cette sommation. Notre souverain fut profondément blessé de la violence de cette menace, à laquelle, on peut bien le dire, il ne s'attendait point. Toutes les conversations qu'il avait eues à ce sujet, soit dans son royaume, soit au cours de ses voyages, lui donnaient le droit de penser qu'on n'agirait point aussi injustement envers son pays. Notre souverain, qui est un gentilhomme, attendait une autre façon d'agir de la part d'une nation avec laquelle le pays avait toujours vécu en bonne intelligence. Le conseil se réunit au palais dans la nuit du 2 au 3 août; il comprenait les ministres à portefeuille et les ministres d'Etat. Le roi le pré-' sidait. En moins d'un quart d'heure, la réponse négative à l'ultimatum allemand fut rédigée, et la décision fut prise à l'unanimité des membres du conseil. Les délibérations durèrent encore cinq à six heures, niais la décision principale était prise irrévocablement.Cette assemblée des ministres avait lieu, vous disais-je, dans la nuit du 2 au 3 août. Le 4 au matin, les Allemands envahissaient le sol de la Belgique, au moment même, pour ainsi dire, où le roi donnait lecture de son message au Parlement. Cette date du 4 août restera dans la mémoire de nos souverains ' et de • leur peuple. Elle leur était chère, jusque-là, car c'est aussi la date anniversaire de la naissance de la jeune et gracieuse princesse Marie-Josée, qui a aujourd'hui huit ans et que toute la Belgique chérit. L'extraordinaire résitance physique du roi depuis le commencement de la guerre a pu étonner. C'est qu'on ne sait point qu'il est un soldat accompli.. Sorti de l'Ecole militaire, il gagna snccessivement, dans l'armée ses épaûlettes de lieutenant, de capitaine, de commandant, de colonel et de général, exerçant effectivement les fonctions de chaque grade. C'est un vrai officier de carrière. Ces derniers temps, pressentant que la situation de l'Europe allait devenir critique, il s'était fait tout spécialement initier aux problèmes les plus récents de la tactique militaire. C'est non seulement un chef plein de vaillance, mais aussi un savant capitaine. Enfin, les douceurs de la vie moderne ne lui sont pas indispensables. Causeur charmant, d'esprit raffiné, aimant passionnément les études philosophiques, il est de mœurs et d'habitudes simples. H pratique l'alpinisme avec ardeur. Souvent, parti pour quelques jours dans les Alpes, il allait, seul avec son guide, excursionner sur les hauts sommets, couchant n'importe où, dans la première hutte d'étape venue, mangeant n'importe quoi. La rude vie qui est maintenant la sienne ne saurait donc le surprendre ni amoindrir son énergie. A la tête de ses troupes, le roi Albert ne porte aujourd'hui sur son uniforme que deux décorations: la médaille militaire que lui a .récemment décernée le président de li t)'* Tp.mn.» <3a pan? la République française, et la croix de Saint-Georges que lui a envoyée l'empereur de Russie, De toutes ses décorations, c'est à ces deux-là que Sa Majesté tient le plus. La croix de Saint-Georges lui est encore chère à un autre titre: son grand'père, le roi Léopold 1er, qui avait été l'un des plus brillants généraux de l'empereur Alexandre de Russie, avait lui-même reçu cette distinction sur le champ de bataille. Préparatifs. Quel sort prépare leur occupant aux villes belges qui ne sont pas encore détruites ? A en juger pas les inventions romanesques que la presse allemande essaie d'accréditer dans le public de3 pays neutres, ce sert n'est rien moins que brillant. C'est ainsi que le ,,Corriere dolla Sera" rapporte d'après la ,,Vossische Zeitung" l'état d'esprit de la population belge qui, de l'avis de l'autorité allemande, ne semble pas accepter avec assez de bonne grâce le joug qui lui est imposé : ,,Le pays entier semble une mine prête à exploser. Partout où l'on va on trouve des gens qui sont dans l'attente. Ils attendent la nouvelle que les Allemands ont été vaincus et alors la Belgique entière se lèvera comme un seul homme et pas un Allemand n'arrivera sauf à la frontière. Les. Belges ont un système d'informations qui couvre le pays entier; jusqu'à présent il n'a pas été possible de le détruire. Il existe des stations de télégraphie sans fil que les Allemands ignorent. La nuit des signaux lumineux sont faits et des pigeons voyageurs continuent à porter des messages. A côté de cela, des civils continuent à attaquer nos soldats, spécialement à Gand." ,, Ainsi l'esprit de la population paraît être l'esprit dee vêpres siciliennes et deux fois déjà une nuit a été fixée pour le massacre des Allemands. L'une d'elles était celle du 6 octobre mais une fois de plus la nouvelle de la victoire qui devait être le signal de l'insurrection n'arriva pas". Le ,,Times" fait remarquer que la parution, sous le contrôle de la censure allemande, dans des. journaux berlinois, de nouvelles de ce genre a une ministre signification. Des rapports circonstanciés sur les mesures prises par les autorités militaires allemandes à Bruxelles en vue de la destruction des édifices publics et sur la pose de mines dans les rues et les squares ont été publiés. Dès maintenant les Allemands veulent rejeter sur les Belges mêmes la faute des actes de vandalisme qui vont se perpétrer bientôt. Cela promet de ,,la belle ouvrage"* —W- Un enterrement Be.rg.en op Zoom. Une trompette assourdie qui sonne comme si les notes étaient couvertes d'un crêpe, un peloton de soldats hollandais, un corbillard noir flanqué de quatre soldats belges et escorté de blessés belges, plusieurs notabilités d'Anvers, dont MM. Coetermans et Van den Abeele: c'est le cortège funèbre d'un soldat belge, Van Rompaey, de Cap-pellen, à peine guéri d'une horrible blessure. Evacué d'un hôpital d'Anvers, pendant la retraite, il a préféré, à l'état de prisonnier, les tortures d'une fuite de plusieurs heures, qui lui fut un calvaire de tous les instants au bout duquel le tétanos le crucifia dans un lit d'hôpital à Bergen op Zoom. Las autorités hollandaises, selon l'habitude, ont voulu que les honneurs militaires accompagnent sa dépouille. L'ordonnance en est sobre et d'une noble simplicité et plus émouvante d'être plus dépouillée d'ornements vains. Les couleurs belges couvraient le cercueil du brave, ses frères d'armes l'accompagnaient et d'innombrables civils belges que personne n'avait convoqué et qui cependant étaient à leur poste, témoignaient que la patrie n'est pas morte et que le sacrifice qu'il a fait ne fut pas vain. Sous un ciel gris, dans un décor émeraude et fauve d'un automne qui s'attarde en splendeurs pacifiques sur un monde en furie, le cortège dense s'est porté vers le petit cimetière champêtre. Et là ce fureut, après de courtes absoutes, la mise en terre, suivie de deux salves croisées, la première vers le ciel, la seconde vers la fosse, les prières finalesj un mâle discours du chef militaire de la place de Bergen op Zoom qui fit sangloter soldats belges et soldats hollandais en une même émotion fraternelle, les lourdes pelletées de terre sonnant sur le cercueil puis le défilé silencieux des assistants qui déchiffraient l'inscription d'une gerbe : „à un de nos braves". Qu'il repose ce brave, dans la paix de la terre de Hollande. Sa femme ignore qu'il est mort. Dans l'angoisse de l'exil, elle pleure sans doute, et espère et se lamente, pour reprendre courage et désespérer encore. Qu'elle n'ignore pas plus longtemps que son mari est mort au service dé la patrie et que la patrie ne l'oubliera pas et qu'elle en soit fière, comme nous l'étions tous, par ce matin d'automme, tous ces Belges qui ne se connaissaient pao mais harmonisaienl des sensibilités frémissantes dans un même amour et une même haine autour de cette tombe d'un oetit soldat de „gallant Belgium". C. H»

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