L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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28 February 1916
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s.n. 1916, 28 February. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Seen on 17 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/4f1mg7gs1h/
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2ôme Année TV0. 493 S cents CIO Centimes) Lundi 2@ février 1916 L'ECHO BELGE L'Union fait la Forcer Journal quotidien du matin paraissant en Hollande. Beige est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction: pu. Z. VOORBUItGWAL, 234-240, AMSTERDAM. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef : Gustave Jaspaers. — .,, . ( Charles Bernard, Charles Herbiei, Comité de Rédaction: < „ , . , ( René Chambry, Emile Painparé. Pour Ces annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du journal: N.Z. Voorburgwal 234—240, Amsterdam Téléphone: Ï77S. Abonnements: Hollande II. 1.50 par mois. Etranger fl. 2.00 par mois Annonces: 15 cents la ligne. Réclames: 30 cents !a ligne. Exportation de gaz asphyxiants L'autre sein-aine, dans le salon de conversation d'un grand hôtel hollandais, nous n'avons pas été pou surpris de trouver, dans un coin perdu, un certain nombre de bombes à gaz asphyxiants de provenance boche. A dire vrai, ces bombe© avaient un air as-kz inoffensif, du moins à première vue, et portaient cette étiquette d apparence rassurante- ,,Gazette des Ardennes", journal des pays occupés. Eh oui, c'était tout un lot de numéros, non dépliés encore, de cette feuille boche. Comment ces^ journaux avaient-ils échoué dans ce paisible séjour? C'est ce qu'il noue fut impossible de savoir au juste. Nous apprîmes plus tard que ces imprimés étaient mis à la poste en Hollande même et expédiés par quatre ou cinq exemplaires sous bande à de nombreuses adresses. D est vraisemblable que le service de ce journal est fait par les soins et pour le compte de l'Allemagne. Domptant un haut-le-coeur presque insurmontable, j'ai entrepris de parcourir, ^ le crayon à la main, cette nauséeuse littérature pour laquelle le terme gaz asphyxiants ne me paraît pas exagéré. C'est à l'aide de la ,,Gazette des Ardennes" et de quelques autres feuilles, du même acabit, que l'Allemagne s'essaie à intoxiquer ■les Belges et les Français des pays occupés. C'est pour eue l'instrument d'une torture morale dont nos compatriotes doivent cruellement souffrir. Je n'en finirais pas si je voulais analyser ici, même sommairement, le contenu de ces récipients à asphyxie morale mais je veux au moins vous en donner uin échantillon. Le ton et le style sont souvent du plus pur bcche, même quand l'auteur signe: ,3un .Français", ou bien encore ,,un poilu". Voici par exemplè, sous la signature : un Français, un éloge de l'Allemand, comble de l'impudence : ,,Les Français et les Françaises des départements envahis, écrit le rédacteur anonyme (tous les rédacteurs sont anonymes dans la dite feuille), savent d'expérience que les Allemands ne se conduisent pas en soudards, en brutes, en barbares.... pas même en vainqueurs, parlant liaut, criant fort, faisant retentir les pavés du talon de leurs bottes ou de leurs, sabres à demi dégainés.Ils ne font pas violence aux hommes, respectent les femmes, aiment beaucoup les enfants, et ils ne sont pas dhidhes d'un morceau de pain et d'un bout de viande, d'urne portion de rata ou de haricots, pour les vieux et tes vieilles qui vont leur tendre leurs casseroles et leurs marmites à la porte idjes casernes. „0hez l'habitant, ils sont affables et complaisants ; chez le commerçant, corrects et polis... à part, bien entendu, quelques rares exceptions. Il est des goujats chez eux comme chez nous; il en est dans les cinq parties du monde et nous ne croyons pas que l'Allemagne ait la sotte prétention de ne pas en avoir du tout." Et voulez-vous connaître la conclusion de ce dithyrambe, dont je ne transcris qu un alinéa à peine. j Le ,,Français" signataire de 1 article conclut : ,,Nous, gens des pays investis, nous connaissons les Allemands depuis dix-huit mois que nous vivons avec eux, au milieu d eux ; nouç les connaissons et noift savons. Et nous avons appris à les estimer." N'est-ce pas attendrissant que cet éloge du loup dans la bouche de l'agneau? Ne vous indignez pas trop de trouver au bas de l'article la signature ,,um Français . C'est le même soi-disant Français qui dans un autre numéro de la ,,Gazette des Ardennes" signale, parmi les grands classiques français, entre le Cid de Corneille et les odes et ballades de Victor Hugo, Faust, oui Faust, ni plus ni moins. Il est clair n'est-ce pas que le collaborateur français de la „ Gazette des Ardennes" est natif de Berlin ou de sa banlieue. Le dernier des potaches ne confondra jamais Faust, ni avec les classiques, ni avec les romantiques fran-çais.Mais n'est-ce pas le comble de 1 impudence que d'oser signer ,,un Français ' l'éloge de l'envahisseur. Le procédé sent bien son teuton. Si le droit de réponse existait viS-à-vis de la ,,Gazette des Ardennes", que je voudrais lui adresser cette citation de Léon Maccas (pages 277 et 281 de son livre sur les cruautés allemandes) parue dans ,,l'Allemagne et les Alliés" de Mgr Baudrillart. Tous les Allemands n'ont pas tenté de justifier par des principes les actes répré-hensibles de leurs armées. Plusieurs, nous leur rendons hommage, les ont déplorés. Les meilleurs parmi les officiers et les soldats ont écrit des notes vengeresses comme celles-ci, que nous signalons à l'impartialité des neutres qui nous lisent: ,,Nqs hommes se sont conduits comme des V.andaies. Les Vandales n'auraient pas pu commettre plus de dégâts. Pareils à une meute en débandade, chacun y alla à sa fantaisie. Les officiers précédaient et donnaient le bon exemple. Une nuit dans une caserne, do nombreux ivrognes, ce fut fini. Cette journée m'inspira un mépris que je n* saurai* décrire. Ils (les hommes du 65e i d'infanterie de la landweihr) ne se comportent pas en soldats, mais bien en voleurs de grand chemin, en bandits et en brigands, et ils sont un déshonneur pour notre régiment et pour notre armée. Nulle discipline (il s'agit du 77e d'infanterie de réserve), les pionniers ne valent pas cher, quant aux artilleurs, c'est une bande de voleurs." Voilà les gens que la ,,Gazette des Ardennes" voudrait nous apprendre à estimer! Tout le journal, de la première colonne à lia dernière ligne, est ainsi truqué, machiné pour donner le change, aussi bien à nos pauvres compatriotes, condamnés depuis de. longs mois à cette lecture empoisonnée, qu'aux neutres chez lesquels on dépose sournoisement/ dans les coins, ces récipients à gaz délétères. La ,,Gazette des Ardennes" pousse le cynisme jusqu'à publier, en quatrième page, une liste des ,,Victimes de leurs compatriotes", dans laquelle elle recueille, sous cette rubrique spéciale, ,,les noms die personnes civiles, françaises ou belges, tuées ou blessées à l'arriére du front allemand par le feu de l'artillerie des alliés ou par des bombes de leurs propres compatriotes aviateurs." Le rédacteur, préposé à cette jolie besogne, devrait publier aussi la liste des personnes civiles françaises ou belges tuées ou blessées pour avoir été exposées, comme otages ou rideau, par les Allemands, devant le front allemand, les innocentes victimes des Zeppelins, des sous-marins allemands, etc., etc. Et, je le répète. Il ne suffit pas que tout ce poison moral, savamment dosé, empoisonne nos compatriotes et nos amis des pays occupés; ce qui en reste est expédié aux neutres, en Suisse, en Norwège, en Hollande, partout. Le loup de la fable se contentait de dévorer l'agneau. L'Allemagne ajoute un supplice: avant de le dévorer, elle entend le déshonorer... Nous l'en empêcherons bien. Augor de Busbeek. ■w n i n ■ La centrale des oignons Par ce besoin maladif d'organisatzion qui les caractérise en toute chose, jusques et y compris dans le crime, les Allemands ne se lassent pas de créer en Belgique des centrales de toute sorte. Il y a des centrales pour tout: pour le charbon et pour les métaux, pour les textiles et pour les cuirs. Il y a même une centrale des oignons... Toutes ces centrales, dont les fonctionnaires boches ont plein la bouche, n'ont été créées généralement que pour abriter l'embuscade de quelques fils à papa; ces messieurs, pour justifier leur présence loin du front, se battent les flancs pour manifester une activité quelconque, fût-elle stérile ou néfaste, et, généralement, cette activité s'exerce au dépens des communes, des comités d'alimentation créés par les Belges, qui fonctionnent à merveille, et où l'on voit des représentants de la Maison du Peuple voisiner avec ceux de la haute finance et du , clergé. Le Comité national d'Alimentation, tra- 1 vaillant d'accord avec la ,,Commission for relief" anglaise et les Américains avait im- î porté au 31 décembre dernier: 1.100.000 tonnes de marchandises, d'une valeur totale de . 380 millions de francs. A raison de bateaux 1 de 4000 tonnes, cela représente 3000 navires I ' venus d'outre-mer à Rotterdam. Et, pour le * transport en province, cela fait 35.000 bateaux d'un tonnage moyen de 400 tonnes. Voilà le bilan de près d'une année et demie. ( Et savez-vous ce que ce travail énorme a coûté comme frais d'administration : 5000 francs. Le dévouement, l'entr'aide patriotique ont fait le reste. Pendant ce temps, les Allemands créent à Bruxelles centrale sur centrale, dans l'espoir ] que des choses qui sont envoyées d'outre-mer s pour le seul usage de la population civile, et • qui passent à travers les mailles serrées du -filet tendu par le blocus, il restera toujours < quelque chose à grapiller pour leur arn^e qui i crève la faim. Si bien que les communes, les < sections du Comité national d'alimentation 1 ont à chaque instant à se défendre contre les ] propositions insidieuses, les immixtions fâcheuses dans leurs affaires d'une- série do ] petits jeuues gens, fonctionnaires, dont l'ho- i norabilité d'ailleurs leur est parfois des plus < suspectes. [ Récemment? M. von Sandt, chef du dépar- s tement civil en Belgique, a placé à la tête < d'une centrale des pommes de terre un sien i neveu, un sieur Kaufmann, qui s'est livré à un i véritable sabotage des mesures que les communes ont prises d'accord avec von Bissing. 1 Cet importun veut naturellement centraliser 1 l'importation et la vente des pommes de terre, alors qu'elles sont réglées, et excellem- ï ment, par un accord entre les communes et 1 deux commissions siégeant en Hollande, la i commission Fleskéns- et la commission Huys- < nians—Buysse, qui ont toute la confianoe du t ministre de l'agriculture. Qu'importe à ce s monsieur que les pauvres gens aient le ven- 1 tre vide et s'assemblent devant les maisons 1 communales, pourvu qu'il justifie son embus- 1 cade. Et puis, ne faut-il pas que nous puis- 6 sions apprécier la Kultur dans l'exercice 1 d'une de ses plus nobles qualités: die Organi- < sation. / t Ces Belges, quels mauvais coucheurs: ils € ont chez eux une Centrale des Oignons et I lire qu'ils ignorent encore leur bonheur!... c M. von Bissing l'a dit: ils sont indécrot- 1 tables. * Louis Piérard. h ^~^âvÎB. " c Nous serions reconnaissants à nos abonnés P qui reçoivent leur journal par la poste et dont P l'abonnement expire le 29 février de bien * vouloir nous envoyer un mandat poste de a Fl. 1 50 en menthnnant sur le mandat poste : i, Renouvellement d'abonnement, c En Belgique. A Bruxelles Le secrétaire général du département des sciences et des arts, M. de la Vallée-Poussin, vient de prendre une intéressante initiative en ce qui concerne les manuels scolaires utilisés par les élèves des écoles sub-sidiéee par l'Etat. Des circulaires ministérielles antérieures ont établi que les objets confectionnés par les élèves au cours des travaux à l'aiguille deviennent leur propriété. Il n'appartient pa6 à l'autorité scolaire d'en disposer de quelque manière que ce soit. Cette jurisprudence est fondée sur les principes du droit civil ; ellle 6'applique à tous les objets consommés par l'usage qui en a été fait, et elle 6'étend donc aussi aux cahiers de classe qui sont remis aux élèves. Mais il n'en est pas do même des manuels ■ classiques qui ne subissent pas semblable appro- i priation par le travail. En droit, l'autorité sco lia ire peut donc 6e réserver la propriété de ■ ce6 manuels: la loi ne l'oblige qu'à en procu- j rer gratuitement la jouissance aux élèves, en vue de l'enseignement à l'école. Mais si tel est le droit strict, le département des sciences et des arts estime qu'il y a, d'autre part, des considérations qui doivent engager les communes et lies directions scolaires à abandonner en toute propriété aux élèves les manuels dont ils se sont servis au cours de leurs études. La première de ces considérations è'appuie sur les raisons d'hygiène, qu'il suffit d'indiquer. L'usage successif des mêmes manuels par plusieurs élèves présente un danger évident de contagion, dont les autorités scolaires ont le devoir de préserver les familles. Au point de vue éducatif, il y a aussi un intérêt réel à ne pas remettre aux élèves des manuels usagés. L'enfant, lorsqu'il reçoit des manuels déjà employés par des condisciples qui ['ont précédé, souvent en mai vais état de conservation, parfois souillés ou en partie lacérés, n'y attache pas le prix que l'on attache à la chose qui est à soi. Au contraire, la .possession d'un livre neuf, propre ou même coquet, et qu'il pourra conserver, stimule naturellement son goût pour l'étude, en y ajoutant un attrait sensible. Il y trouve, en même temps, une occasion d'appliquer les leçons d'ordre et de propreté qui font partie de l'éducation. D'autre part, il est désirable que l'élève, après avoir quitté les bancs de l'école, puisse, au moyen des livres classiques qu'il aura emportés, conserver en quelque sorte le contact avec les choses qu'il a apprises. En supprimant ce contact, on risque, dans bien des cas, d'ôter aux jeunes gens le moyen d'entretenir les connaissances acquises ; par le fait, ceux-ci se déshabituent peu à peu de toute préoccupation intellectuelle et, finalement, les fruits de l'instruction sont en grande partie perdus. Telles sont les raisons que le secrétaire général du département des sciences et des arts fait valoir à l'appui de sa thèse. * » » Le Pathé-Palace Bourse est devenu le Ihéâtre Angèle Van Loo. On y joue la ,,Pou- Dée'' avec le concours de notre concitoyenne. * * * On apprendra, dans la capitale, avec de vifs regrets la mort de la princesse Koudacheff, èmrne du ministre de Russie près le gouverne-nent belge. C'était la soeur de Mme Isvolsky, imbassadrice de Russie à Paris, où elle est lécédée. Le service funèbre a eu lieu dans 'église russe de la capitale française.. La princesse Koudacheff éta^t très connue et res populaire à Bruxelles. Bonne et charitable, :11e a secouru de nombreux Bruxellois qui îa lonsidéraient comme la fée même de la bien-aisance.I^e prince Koudacheff, lui aussi, est fort aimé lans notre capitale. A Les tristes exploits de la soldatesque aHe-nande à Louvain ne sont pas tout à fait sans )récédent. Au XVIme siècle, les Autrichiens accagèrent la ville et, quoique leurs déprédations n'eurent pas l'importance de celles le leurs émules d'aujourd'hui dans le lomaine d'une certaine ,,Kultur", ils n'en irent pas moins beaucoup de mal à l'antique :ité universitaire. Une de leurs victimes fut e botaniste flamand Dodoens qui, en retour-îant chez lui, trouva son • fameux jardin bota-îique, où il avait mis un quart de siècle à ■assembler les plantes les plus rares, complète-nent détruit par les soudards du Danube. Do-loens pleura, mais il ne se découragea point, tranquillement, il se remit à l'oeuvre, recon-titua son jardin et ses herbiers et, quelques innées plus tard, il présentait à son ami Plan-■in le manuscrit de cette fameuse ,,Flore" qui este un des monuments de la botanique. En plein vingtième siècle, nos sauvants lou-ranistes sont en train de suivre cet exemple Listorique, remarque ,,La Métropole". On n'a peut-être pas assez insisté sur leurs nalheurs. La destruction de l'admirable bi-•liothèque de l'Université de Louvain semble voir accaparé toute l'indignation du monde ivilisé au sujet des événements de la ville miversitaire. Mais les Allemands n'ont pas eulement incendié cette collection unique. jes ,,pastilles Ostwald" ont aussi servi à brû-sr les trois-quarts des maisons de la ville, et lotamment celles du ,,quartier des profes-eurs", où les titulaires de la plupart des chai-es de l'université^ avaient leur domicile ; cha-un d'eux possédait, non seulement une biblio-hèque particulière composée d'ouvrages rares t de collections de périodiques souvent irrem-laça.bles, mais aussi ces accumulations de do-uments, tirés à part, notes, correspondance, ittérature spéciale, _ qui constituent le véri-able outil de travail de tout savant dans la ranche particulière où la. spécialisation des re-berches l'a conduit. La perte do semblables ocuments est pour tout savant une véritable < alamité, car non seulement elle détruit un atient labeur ,mais encore elle désorbite com- < lètement le travailleur intellectuel en l'assignant, à chaque pas, à de longues reclier-hes dans les bibliothèques publiques. C'est ussi celle que les professeurs de Louvain ont < ) plus vivement ressentie dans l'odieux in-endie de la ville^ Jusqu'à présent, on sait que les bibliothèques | privées et les papiers d'au moins une vingtaine | de professeurs n'existent plus. Les pertes ' lés plus sensibles sont celles des Magnifiques collections de documents recueillis par les professeurs Carnoy, Verelst, Forget, Sencie, Lemaire, Van Gehuchten, Michotte, de Wulf, et de la Vallée Poussin. On a vu pleurer l'orientaliste Forget sur les ruines de sa maison qui avaient I enseveli le résultat de quarante années de probe labeur; le professeur Sencie en retrouvant sa demeure détruite s'écriait: — „Pour moi, le professorat est fini ; mon travail de vingt années est en cendres ; je ne possède plus un livre, plus un tiré à part, plus même une seule note manuscrite!" On sait que le professeur Van Gehuchten n'a pu survivre à la catastrophe et est mort en exil. Et cependant, nos savants travaillent encore. Presque tous se sont remis à la tâche. Plusieurs, grâce à d'obligeants concours, ont déjà réussi à réunir une partie des matériaux perdus. ,,C'est un arrêt de deux ou trois ans peut-être, déclarait en déoembre dernier le proiesseur Carnoy, mais ce ne 6era qu'un arrêt!" Et cet homme a dépassé l'âge des espérances et a derrière lui tout un passé de gloire scientifique! Malgré cela, il ne jette pas le manche après la cognée. Mieux que cela. De nombreux professeurs do Louvain ont repris le cours, interrompu pendant quelques mois, de leurs publications. Les presses do Centerick, les seules qui. aient échappé à l'incendie, sont chargées d'une réédition de la fameuse ,,Critériologie" du cardinal Mercier. La même firme prépare un ,,Traité de Physique" d'un jeune louvaniste. Le professeur Nys, de l'Institut Saint-Thomas (épargné par la tourmente) annonce une nouvelle édition, oorrigée et augmentée, de set ,,Cosmologie". Le professeur Balthasar a retrouvé à \ erviers (en partie sur le fumier et dans la cave à charbon de sa maison paternelle, où il passait ses vacances en août 1914) les épreuves d'une étude sur les fondements de la métaphysique et de la philosophie naturelle, amplification de son article sur le même sujet dans F,,Encyclopredia Philosophica" du professeur Lusky, de Pétrograde. Cette- étude est à l'impression. Moins heureux, le professeur C. Lecoutère n'a pu retrouver dans 6a maison pillée le manuscrit de son ,,Manuel do l'histoire de la littérature néerlandaise", mais il l'a complètement reconstitué, l'a publié chez Dewit, et prépare en ce moment une ,,Anthologie de Potgieter" et une réédition de son „Keur van Brieven met Betje Wolff en Aagje Deken", dont tout le stock a disparu dans l'incendie du libraire-éditeur Peeters. L. P. Salsmans met sous presse une ,,-Deontologia Medica", en néerlandais, et en prépare , une édition française. Le chanoine Appelmans a fait paraître une nouvelle édition de sa ,,Theologia Moralis", le Dr \erhelst un ,,Traité d'apoîo-gétique" préfacé par le cardinal Mercier, donu une édition néerlandaise est sous presse ; le Dr J. Vande Vorst, conservateur du ,,Muséum Biblicum" une ,,Histoire du peuple d'Israël" qui sera sans aucun doute accueillie avec faveur par les spécialistes hébraïsants. Tout cela, sans compter les collaborations des professeurs louvanistes restés en Belgique ou exilés aux revues et publications spéciales. A Moîis Une cérémonie touchante et tout intime a eu lieu au Conservatoire de Mons. Il s'agissait de la remise du portrait de feu Achille Tondeur, que ses anciens éléves et les élèves nouveaux des classes de chant ainsi que'leurs professeurs offraient à la \ ille, pour être placé à demeure dans la classe de chant. _ M. Maistriau, le sympathique échevin, président de la commission du Conservatoire, a parlé de la carrière du regretté disparu, et a terminé son discours en disant: „Si Achille Tondeur avait voulu, il serait arrivé au faîte de la réputation artistique. Mais il a préféré rester fidèle à Mons et consacrer à l'enseignement son avoir, son talent, sa vie". Il a remercié au nom de la Ville les souscripteurs de leur pieuse pensée' et a Obi longuement applaudi. M. Van den Eeden, directeur, a également parlé en termes élevés du défunt. Et la réunion a pris fin au. milieu d'une vive émotion. A CSnarleroi Pour la troisième fois depuis quatre mois, le jeudi 17 courant, on signale des inondations dans, certaines localités de l'arrondissement de Oharléroi. A Châtelet, les vastes prairies dénommées la Prée sont de nouveau sous l'eau, et les berges de la rivière sont invisibles en de nombreux endroits A Châtelineau, de nombreuses caves seront une fois de plus à vider, à nettoyer et surtout... à désinfecter. A Le Campinaire-Farciennes, l'eau atteignait jeudi midi une hauteur de près de 1 mètre sur la route de Farci en nés à Pont-de-Doup, près des usines Demoulin ; la circulation était de ce fait rendue impossible, et les nombreux voyageurs vers Châtelet devaient emprunter îa route de Châtelineau, d'où perte de temps assez considérable. A Montignies-sur-Sambre, on se réjouissait ïléjà de voir depuis quelque temps entreprendre, sur la route de Charleroi, une série de , travaux qui devaient empêcher désormais ['inondation de la chaussée. Seulemènt— nul ! ne comptait que des pluies torrentielles et ] jersistantes viendraient se mettre dé la par- < tie! Bref, sur une bonne cinquantaine de mè- < :res de longueur, la route de Montignies à Dharleroi est encore sous l'eau, un fameux : ,,Bosquetville". A Marchienne-au-Pont, c'est toujours - au ^uai du bassin que la situation se laisse aper- * :evoir tout d'abord. Là, c'est môme terrible, 1 2ar voilà la troisième fois depuis quatre mois f lue les demeures des habitants de ce quartier i >ont envahies par les eaux. j A Couillet, sur une assez grande étendue, es berges de la Sambre sont sous l'eau, reniant toute circulation impossible. Enfin, On constatait jeudi matin 17 pou- < celles levées à Solre-sur-iSambre, 26 à Thuin x i et 20 à Charleroi ; la crue s'accentuait rapidement, car bientôt 30 poutrelles étaient enlevées.De nombreuses caves sont inondées ; on peut déjà voir, dans certaines rues, des chômeurs embauchés par les inondés et qui pompent sans relâche ! A Aradenne, • M. von Bissing voyage plus souvent dans le pays wallon que dans les Flandres. Voilà qui doit faire rager les vaillants flamingo-boches de la classe de3 Minnaert, Borms et Van Roy. Oh! ce n'est pas que M. von Bissing aime beaucoup les Wallons, mais il, sait que daais les Flandres, où commande le Wurtembergeois, il n'est rien qu'un général de cavalerie. Et il préfère rester premier au pays wallon que 9econd dans les Flandres. Pauvres Wallons, il ne leur aura donc été épargné aucun châtiment! Peur en revenir aux voyages de Son Excellence, nous dirons que celle-ci devait inaugurer le nouveau pont jeté sur la Meuse à Andenne par nos ennemis. Andenne est ! une localité que les chevaliers de lia Kultur ont eu le temps d'illustrer. On ne les oublie- i ra pas de longtemps, M. von Bissing peut I être tranquille à cet égard- Et, cette fois, le | pont étant jeté, ce furent des fêtes et des libations. Car nos ennemis l'ont d'ailleurs eu dur avant que leur oeuvre fût menée à bien. La Meaiee elle-même leur jouait des tours pendables. Trois fois, ils durent reprendre les travaux interrompus. Le pont de bateaux fut enlevé par une crue, puis un pont de pilotis qui s'appuyait sur l'île de Belgrade s'effondra. Enfin, en juillet dernier, le pont die fer était terminé que von Bissing fut convié à inaugurer récemment. Ce qu'il fit avec une joie visible. Tout Andenne fut mis sens dessus dessous. Le koin-mandant allemand demanda — rien ne les rebute, ces Boches — le concours de Fhiar-monie communale. On fit répondre à ce IJpche que la plupart des membres de cette société avaient été fusillés par les troupes allemandes... Il fallut s'adresser à Namur, d'où une musique militaire fut dépêchée à Andenne. Un concert fut organisé à l'intention du gouverneur général et, par une attention toute spéciale, il eut lieu sur la place même où, en 1914, le massacre de deux cents Andennais avait été ordonné. Or, la plus jeune des victimes avait 8 mois et la plus âgé 94 ans. ,,Des franks-tireurs, vous compreniez, des fnanjks-tireurs de huit mois ; ces Belges sont si prégosses", comme disent les Teutons. Mais M. von Bissing put faire quelques constatations édifiantes. Tous les habitants étaient restés chez eux, claquemurés. Les musiciens, les soldats et lies officiers, parés et travestis, défilèrent entre les maisons fermées. aux volets clos. Quelle réception, Excellence! On en parlera longtemps à Andenne. A ES 5 rata rat Le Comité de secours aux Dinantais a organisé, à Bruxelles, une fête wallonne pour les malheureux que les Allemands ont privé d'abri. Cette soirée, à laquelle le cercle Namur pp tôt prêtait son gracieux concours, a rapporté 5.172,30 francs. -W— // y a m an 28 février 1916: Tempêtes de neige et de pluie sur tout le* front. Attaques emnexmàes repo\ussées à Mesnil-le.s-Hurlus, a<w nord-&st de Munster, près do Sulzerew, et. œiu Hart-mannvsuÀllerkopf. Au bois Lo Prêtre, un blo\cklia<us allemand est enlevé par les Français, qw d'autre part progressent dans les Vosges, entre Badonviller et le Donrni. Front oriental: la retraite allemande s'accentue; combat acharné à Prasnysch, repris et reperdu, par l'emvemi; en Galicie, sanglante iéfaite autrichienne dans la vallée de la Tchetchaxa et entre Essassinovetz et Rozna-. îof, ainsi qu'en Bucovine. Dans les Dcvrda-v>etyes, b ombardem erit par le golf e de Saros; concentration d'un corps d'armée turque à *allipali; mise en état de défense de l'Ue des Princes (Bosphore). En Allemagne, disettb ïe caoutchouc et interdiction de la circula-'ion des autotmo\bzles privées. mjjs <sb— Encore e! toujours la question fe la rairalité Extrait de ,,La libre Belgique": Les Allemands ont inauguré un nouveau iystème de défense au sujet de la violation ! le la neutralité et en même temps une gnoble propagande pour détruire dans le -;oeur des Belges l'amour et la vénération- \ ju'ils ont pour le Roi Albert 1er. Ils essaient dans plusieurs opuscules répandus j i. foison de nous prouver, au moyen d'arguments soi-disant juridiques, que notre : *oi et son gouvernement nous ont mis dans 'erreur en nous persuadant que la Belgique \ itait inviolable et que notre situation de lation neutre nous engageait, d'honneur, à « tous opposer, le 4 ,aout 1914, au passage ^ les armées allemandes. Salton cette nouvelle théorie, péniblement ] >xtraite dies ouvrages de juristes belges et T allemands, nous serions lss victimes die no tre Roi et de notre gouvernement. Notre Souverain aurait beaucoup mieux compris les intérêts de son peuple et ses véritables devoirs internationaux en laissant entrer librement chez nous les armées impériales. Ln tâcliajnt de nous faire changer d'avis sur ce point important, nos maîtres nous rendent un inconscient hommage : ils ont d abord tenté de nous faire regretter notre attitude loyale en nous faisant subir les tortures d'une cruelle invasion; voyant que, chez nous, l'honneur parle plus haut que l'intérêt, ils voudraient maintenant nous persuader que nous sommes victimes d'une lamentable erreur et que, sans nous déshonorer, nous aurions pu éviter nos malheurs. Les auteurs de ces élucubrations tardives oublient, cela va sans dire, de nous parler des prorhesses réitérées de l'empereur et de ses ministres et des consentions de La Haye proclamant l'inviolabilité des frontières ^neutres ; ils oublient même la cynique déclaration de leur chancelier le 4 août : >>Nos troupes ont pénétré en Belgique. Cela est contraire au diroit des gens." Alors lui aussi se faisait donc ui.e conception fausse de notre nationalité? * * * Mais si nous avions le droit et même tout avantage (a en croire ces auteurs) à laisser passer Guillaume II, nous avions bien cependant la liberté, nous semble-t-il, de ne pas accepter ses ,,honnêtes propositions" ? Non, cette liberté même nous est refusée par plusieurs et voici un de ieurs arguments : Notre neutralité est d'une nature tout à fait spéciale. Le royaume des Pays-Bays, dont nous nous sommes séparés en 1830, a été institué en 1814 pour servir de barrière à l'ambition conquérante de la France, et le traité l'obligeait à conserver les. fortifications de ses frontières sud joignant la France. Ayant hérité des obligations de la Hollande à cet égard, nous deviens considérer l'Allemagne comme notre mère et le traité de 1814 comme existant encore... virtuellement. Nous devions donc oublier que la. France a contribué à notre naissance en chassant les Hollandais d'Anvers et qu'elle est garante de notre existence comme les autres puissances, d'après le traité de paix de 1839, renouvelé en 1870 par la Prusse, l'Angleterre et la France. Quand il s'agit de l'Allemagne, tout cela ne compte plus aux yeux de ces étranges défenseurs du droit; notre neutralité devient une neutralité perméable (sic). * * * Selon un de ces mêmes auteurs, notre neutralité nous défendait même d'envisager officieusement, dans de simples conversations entre officiers, l'éventualité d'une attaque de l'Alljemagne, parce .qu'elle mettait en état d'infériorité un de nos garants (l'Allemagne) vis-à-vis d'un autre (l'Angleterre), à qui ces -officiers auraient livré des secrets^ militaires. Mais laisser le passage libre à l'Allemagne à travers notre terri-tare, ce n'eût pas, sans doute, été mettre la France, notre garante aussi, en état d'infériorité bien plus manifeste que de livrer de soi-disant secrets militaires. Cette objection, qui vient tout naturellement à l'esprit, n'a aucune importance: l'intérêt de l'Allemagne, encore une fois, prime tout aux yeux des Allemands, à tel point qu'ils ne voient p<is eux-mêmes à quelles conclusions insensées les conduisent leurs raisonnements absurdes. On reste stupéfait quand on voit développer sérieusement pareille argumentation, dont nous n avons -donné ici que des fragments.Ce qui fait rêver aussi, c'est de voir mettre- sur un piédestal le chancelier, l'homme du ,,chiffon de papier" et l'entendre appeler par ses compatriotes „uu homme d'hon- ■ neur irréprochable". Il est vrai que l'honnêteté de ses défenseurs égale l'a sienne car tous ces ouvrage^ pullulent d'erreurs manifestes, de contre-vérités et de contradictions svidentes. Il faudrait être doué d'une dese d'indulgence' invraisemblable pour admettre la bonne foi de leurs auteurs. Cette littérature révèle à quel point sont iaussés le jugement et le sens moral de toute une nation. Il ne s'agit plus seulement de [a folie pangermaniste, il y a ici, vraiment ine autre sorte d'aberration qui obscurcit les Intelligences et les empêche d'avoir une rlaire notion des droits et dies devoirs. Ces nots perdent leur sens réel, de même que es mots de liberté, d'honneur, de vérité. Dn l'a vu dans le manifeste des 93 intel-ectuels, dans l'a réponse des catholiques al-emands à Monseigneur Baudrillart. Qu'il s'agisse de la neutralité d© notre territoire, l'Allemagne a tous les droits ; lux petits le devoir de lui obéir et de lui >ermettre d'exécuter ses pOans. Qu'il sagisse des atrocités: la négation >ure et simple (voir les intellectuels) ou >ien cette affirmation ,>nos soldats sont des Allemands, par conséquent ils n'ont p-u aire ce dont on l'es accuse, une enquête est superflue" (réponse des francs-maçons à Vlagnette). Enfin, ce qui forme vraiment le clou do outes ces belles affirmations: ,,L'Allemagne lutte non seulement pour on existence, mais pour l'indépendance des îeutres." ,,La liberté n'est point menacée par 'Allemagne, c'est la tyrannie anglaise qui nenace le monde." Liber.

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This item is a publication of the title L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam belonging to the category Oorlogspers, published in Amsterdam from 1914 to 1918.

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