L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1915, 25 August. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Seen on 19 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/bv79s1mn0s/
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. ■ jère Ar&tl&& 300 & cents flO Centimes) jviercreai ss août'1915 L'ECHO BELGE •Journsal quotidien du matin paraissant à Amsterdam L'Union tait la Forcer Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées bureau de rédaction. N.Z. VOORBURGWAL 334-240 Téléphone : 2707. Rédacteur en Chef: Gustave Jaspaers. _ , ( Ctaarles Bernard, Charles Herbiei, Comité de Rédaction: ■ „ , r „ _ . , ( René Chambry, Emile Painparé. four les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du Journal: N.Z. VOORBUBGWAL 234-240. Téléphone : 177S. Abonnement ( En Hollande fl. I.SQ par mois, payable par anticipation \ Etranger fl. 2.00 „ ,, I Prenez garde I Les soldats de von Arum, dans la folie .adique qui accompagna les premiers jours do l'occupation, organisèrent une mascarade au Palais de Justice de Bruxelles. On les vit s'affubler des robes rouges des ma-gistrata de la Cour Suprême et s'en aller ainsi passionnellement, les bottes empêtrées dans les bords d'hermine, le long des couloirs majestueux. Cette parodie qui con-I Serve un aspect comique est une image aseez exacte de ce bouleversement de tout qu'est la guerre, une protestation brutale contre le „cedant arma togae" qui consacre en temps de paix la suprématie du pouvoir civil. Mais s'il, était au pouvoir de la soldatesque allemande de déchirer nos codes, de fouler aux pieds l'appareil de la justice ^Hest'iné à raffermir le coeur des honnêtes H„3 et à faire trembler les coupables, il ^H'ékait pas en leur puissance de tuer l'idée do justice elle-même. Celle-ci continue à papruler comme une flamme dans le ooeur de -viios magistrats et s'il n'y,a plus de juges à .^Berlin il est bon qu'on sache à Berlin qu'il y a toujours des juges à Bruxelles. ■ Os sont ces jugea, on l'a vu, qui proclamèrent dans les attendus d'un jugement ^Ronguement motivé qu il n'y avait pas, en ce moment, do journaux belges en Belgique. Nous le savions. Il nous est agréable cependant de l'entendre dire avec toute l'autorité que donne ce que l'on appelle en droit la chose jugée, et cela d'autant plus que cette indépendance dont le pouvoir judiciaire tire le meilleur de sa force est aujourd'hui mise en péril. If II "n'y a pas de journaux belges en Bel-K l^ue. J'entends l'un ou l'autre petit im-Wpertinent de la ,,Vlaamsche Post" approu-ver en ricanant : ,,Nous sommes un journal flamand, distinguons. En effet, il faut distinguer. Il faut même pousser cette distinction à l'extrême et conclure qu'un tel journal ne peut-être qu'un journal allemand. Pas n'était besoin pour s'en rendre compte des révélations qui ont fait récem ment le tour de la presse sur les attaches jf officieuses qui existent entre la petite feuille gantoise et le pouvoir étranger. La langue f dans laquelle il ést rédigé ne fait rien à l'affaire et ce n'est pas une circonstance IBtténuante pour la ,,Belgique'*, de Bruxelles, ni pour le ,,Quotidien" que, trahis* : "fiant, ils^trahissent en français. ■ Que ijBlnser maintenant d'un journal publié îW^nême dont la tendance est iden-t. [ue à celle des feuilles que l'or allemand . a [fait pousser en Belgique pour ranimer avant terme une querelle interrompue le 4 août 1914 ? Ce n'est assurément pas un .{fréunial belge. Est-ce un journal flamand? îïbus avons vu que la langue importe peu. Si I on considère maintenant que cet organe sert une politique de division -profitable à IfUlemagne, une politique qui a été condamnée» dans les termes les plus nets par les chefs et les personnalités les plus en vue du mouvement flamingant, la conclusion n'est pas difficile à tirer. Depuis que l'ancienne Hwdaction de la ,,Vlaamsche Stem" a dû se retirer devant une manoeuvre rusée qui a mis entre les mains d'un étranger la majorité des actions, ce journal n'a plus de fla-• f^Jnand que le nom. H On peut dire que c'est encore trop, en ce qu'une enseigne trompeuse peut enga- ■ 8^ à entrer dans la boutique. La prudence ■Bvec quoi la ,,Vlaamsche Stem" a caché sa ^Bansformation, son refus de publier le ^wxte de la démission de M. Deswarte et de fcî amis, montrent suffisamment combien y■•.'file a soin de prolonger une équivoque aussi misérable dans ses effets que dana ses ^Hioyens. Il est de notre devoir d'appeler là-^Bessus l'attention de nos compatriotes. Aux K|ecteurs flamands de savoir s'ils sont avoc ^ signataires des manifestes qui ont paru simultanément en Belgique et en ^Hwllande ou avec les trois ou quatre mal- ■ .fceureux dévoyés que le hollandais Ger?et-•on a pris à sa solde, B Je suis persuadé cjue le bon sens flamand, aussi ce Sentiment d'honnêteté, de gg&yauté qui est au fond du peuple flamand, ■"auront pas de peine à se dégager du filet Jpisidieits: où l'on essaie de capter les ■pnsciences. Quand les Allemands ont en-| Jani notre pauvre pays, ils n'ont pas plus épargné Dinant que Louvain, Andenne |U« Tcrmonde. Flamands et Wallons, nous ■.*vons été entraînés dana la même catas-et bien plus que quatre-vingts an-i fewlœ.ur commun n.ov$ fyons senti pendant l'année terrible qui vient de s'écouler l'indissoluble communauté du malheur. Hé bien, je dis que les coeurs froids, les esprits ambitieux qui veulent nous diviser aujourd'hui n'ont rien éprouvé de ce malheur et qu'ils n'ont point de part à notre détresse. Au nom de quoi, s'étant retirés de nous, prétendent-ils que nous les écoutions? La leçon que nous donnent nos soldats sur l'Yser est autrement intéressante que celle de ces maîtres d'école ^ambitieux. Charles Bernard. ///ara an! 25 août 191Jf. En Belgique, violents combats. Malines est occupé par les Allemands; à Anvers un Zeppelin jette des bombes, tuant huit personnes et blessant une dizaine d'autres victimes. Le prince Adal-bert de Prusse, oncle du kaiser, est tué près de Unarleroi. Les alliés se replient sur Cambrai, le Coteau, Landrccies et entre M au-beuffe 'et Givet mais tiennent encore les débouchés des ÂrdetMes. Evacuation de Mulhouse et de la> Haute Alsace par l'es Français.) Occupation de Sedan, de Raan-l'Etape par les Allemands; nouvelles et sanglantes atrocités. Déclaration de guerre de i'Autriche au Japon. Chez les irarssfyges La ,,Vlaamsche Stem" se paie la tête de ses lecteurs. Une flottille anglaise ayant bombardé Zeebrugg© ainsi qu'une usine où les Boches préparent leurs gaz puants, elle en a profité pour publier une manchette large de deux doigts : ,,Vlaandrens kust bc-vryd ?" La gravité de la situation ne permet pas de pareilles plaisanteries. La ,,Vlaam-sche Stem" peut prendre le pirée pour un homme. Personne ne tiendra ie sieur Jacob pour quelqu'un de sérieux. * * * Une querelle s'est élevée entre 1'-ancienne rédaction de la ,,Vlaamsche Stem" et la nouvelle. Noua n'entrerons pas dans des détails qui n'offrent aucun intérêt. Nous appellerons seulement l'attention sur ce fait inouï que la ,,Vlaamsche Stem" oousse l'impudeur jusqu'à publier les lettres confidentielles qui lui sont adressées. C'est mieux encore que de livrer à la publicité des documents cambriolés comme font les Boches. Voilà donc le public averti. Personne ne se fiera plus à une bande où l'on fait fi des principes les plus élémentaires d'honneur et de loyauté qui ont cours entre gens d'une certaine éducation. * * * La ,,Vlaamsche Stem" publiait voici trois jours un appel à la trahison. ,,Le sentiment s'éveille plus que jamais en nous de réclamer nos droits après la fin de la guerre. Si on nous traitait encore en parias, ce qui est inisnaginavle, nous n'aurions plus alors de patrie et le sang versé n'aurait aucune valeur. Mais non, cela n'est pas possible. Cela ne peut être. Qui oserait encore combattre les droits des Flamands? Il faut que-cette situation inique prenne fin. Tel les Flamands versent actuellement leur sang pour la liberté de la patrie, tel ils verseront après la guerre leur sang, s'il y a lieu, pour conquérir leurs nroits. C'est alors qu'on déploiera le Lion q-ui nous criera: Serrez-vous autour de moi, vous Flamands d'action et de caractère." On noua dit que l'auteur de ce factum n'est pas un, simple enfant du peuple comme le journal l'imprime hypocritement. Ce charabia romantique'est voulu. Le soi-disant enfant du peuple cherche tout simplement à détourner le succès. Mais n'importe. Nous connaissons l'auteur. Ce n'est ni De Clercq, ni Jacob, ni même leur patron, mais, c'est un intellectuel qui.collabore à cette feuille. Si l'auteur n'habitait pas un pays neutre, il passerait en conseil de guerre et les juges se montreraient inexorables. De braves gens Voici ce que disent nos vaillants poilus de nos moins vaillants cheminots: Les cheminots italiens ont donné un magnifique exemple de patriotisme. Ils ont décidé de renoncer en faveur de la Croix Rouge au supplément de 3 millions que leur avait accordé le gouvernement. Les cheminots français n'ont pas fait montre de moins de générosité. Malgré les maux de la guerre et les charges auxquelles ils sont astreints, ils viennent de remettre au président de la République une somme de plus de S millions et demi de francs, produit d'une souscription fkite entre eux. Les cheminots belges sont dignes de leurs collègues alliés. Ils souffrent la misèie et la faim pour la sainte cause de la liberté humaine. Chaque jour nous apporte des nouvelles du pays au sujet de ces vaillants patriotes. E'ies nous annoncent qu'ils restent fermes vis-à-vis de l'ennemi; ni la prison, ni l'exil souffert par eux-mêmes, ni l'horrible îus-lade infligée à leurs collègues n'o; t ébranlé leur foi. C'est beau, c'est grand, c'est sublime. Camarades des tranchées, un triple ,,ban" pour les cheminots! En Belgique. A Bruxelles. La journée du 20 août s'est passée à Bruxelles et dans les faubourgs dans un calme complet. Les ordonnances des bourgmestres exhortant les populations au calme ont éî<i suivies . à la lettre. La plupart des maison sont restées fermées, le6 habitants sont sortis le moins possible comme il avait été convenu; la ville a été morte. Jamais, certes Bruxelles ne donna le spectacle d'un tel manque d'animation. * * * Les Allemands ont fait la semaine passée une perquisition chez les pères Jésuites de la rue Brialmont. Le père Ruquoi a été arrêté 60Ut l'inculpation d'avoir aidé des jeunes gens l passer en Hollande, mais il est parvenu à tromper la vigilance dè ses gardiens et à disparaître 6ans laisser aucune trace. A Anvers. Nous reproduisons, volontiers l'énergique défense que publie notre confrère ,,Neptune" de la villeN d'Anvers. Cette défense . est en tous points exacte et noué ne pouvons que l'approuver. Daii6 l'émouvant récit sur les derniers jours du siège, publié dans ,,La Grande Revue", sous le titre: ,,L'Agonie d'Anvers," d'après les notes- inédites du commandant belge d'un des forts de seconde ligne, figurent ces douloureuses réfléxionf inspirées par le passage du premier obus du bombardement: ,,Anvers va payer, comme les autres malheureuses villes belges, son ruineux tribut à la guerre. Mais on devra recon-i naître que c'est un châtiment mérité. Cett^ ville ne s'était-elle pas laissé fermanisei depuis longtemps? Toutes les sympathies y allaient naguère à ceux qui devaient noue attaquer et nous trahir. Et Anvers fut aussi la ville de l'égoïsmç et du mercantilisme à outrance, la Carthage qui haïssait l'armée et" s'opposait à toute dépense et défense militaires. Tout le pays paye la . lâcheté des boutiquiers anversois." Nous avons déjà eu l'occasion de prendre ici la défense d'Anvers à propos d'autres attaques mais nous tenons à y revenir, dans l'intérêt de la vérité. L'opinion qu'émet le commandant belge est chère à beaucoup d'officiers de notre armée et elle est totalement erronée. Nous avons entendu des gens très sensés dire: ,,On aurait dû détruire Anvers de fond en comble." Et ces idées préconçues se sont infiltrées dans les masses à ce point que, l'autre jour, un groupe de personnes influentes auxquelles un ami avait recommandé une entreprise anversoise répondit qu'il ne ferait plus rien pour les Anversois, qui étaient allemands de coeur! Il faut absolument. que cette campagne cesse ! ! Anvers n'était pas plus allemand que les autres villes, et la haine du ,,Boche" y était enracinée dans tous les coeurs. Si Anvers a été plus la victime des entreprises allemandes, c'est que c'était un grand port, un contre commercial important et que ces capharnaums mondiaux sont en général plus cosmopolites que les centres de luxe ou de plaisir. L'élément allemand a prévalu, comme il prévaut dans bien des grands marchés et des grands débouchés du monde. Il a prévalu parce qu'Anvers n'était pas armé pour se défendre, parce que le6 autorités tant gouvernementales que communales ne te soutenaient pas ; parce que les étrangers eux-mêmes ne se sont pas défendus et se sont laissé manger la laine sur le dos. Si Anvers est allemand c'est la faute à toute la Belgique et la faute aux alliés. Et sous ce rapport nous avons assisté au "déclin du pavillon français et à la réduction de l'influence anglaise, qui n'a. été arrêtée, celle-ci, que par l'énergique travail de sir Cecil Hertslet. D'ailleurs pouvait-ii en être autrement de l'influence allemande à Anvers? Le seul hinterïand qui était largement ouvert au port d'Anvers était l'hintérland allemand. Nos amis les Français avaient élevé à leurs frontières une muraille de Chine quasi infranchissable. Sans cela l'influence allemande aurait été contrebalancée. A quoi bon taire ces choses ? A quoi sert de se nourrir d'illusions et d'erreurs? Si Anvers était allemand au point de vue économique, seulement — car la population anversoise est germonaphebe — c'est donc notre faute à nous tous, Belges, votre faute amis Français et votre faute amis Anglais ! Un autre passage qui est une erreur flagrante c'est quand il est dit qu'Anvers haïssait l'armée,qu'il 6'oppcsait à toute dépense et défenses militaires. Cela n'est pas vrai: Anvers était militariste, Anvers même. Mais ce n'est pas seulement Anvers qui envoyait au Parlement des députés, c'était tout l'arrondissement, et cet arrondissement, qui était antimilitariste, rétouffait la voix d'Anvers ville, du centre maritime et commercial même. Nous n'en) donnerons qu'une preuve, c'est que quan'd le ,,Neptune" réclamait souvent de plus grands sacrifices militaires, une armée, une marine de guerre, il obtenait l'approbation du haut commerce belge de la place, tandis que ... Mais nous en avons dit assez. Nous voudrions que ces quelques lignes tombent sous les yeux de ceux qui à tort abominent Anvers et de ceux qui présideront aux né- 1 gcciaticns de paix afin qu'ils mettent Anvers dans la position d'être tout à fait belge J ! * Èt cela ne sera possible qui si on nous donne les zones rhénanes au moins au fcoint de vue commercial. — A (SaracS. C'est mardi dernier qu'une grève générale <a été proclamée dans les usines travaillant sous le contrôle d'officiers allemands. Il y a 6400 grévistes. Les usines suivantes ne travaillent plus : la fabrique de fil barbelé à G-entbrugge, celles des frères Van Glieluwe, de la firme Motte, Parmentier— van Hoogaarde, Van Haeghen, ,,La Coriandre", ,,Florida", la filerie ,,Vooruit" | et ,,Le Tissage" à Gentbrugge. A Charîeroi. Un de nos amis nous fait parvenir les derniers renseignements sur le pays do Charleroi. La situation est assez calme, le travail a repris un pou partout mais les ouvriers ne travaillent que quelques heures par semaine. Sur 30,000 habitants que compte la ville, 12,000 sont secourus par les comités. Pour ceux qui savent payer leur nourriture rien ne manque. La ration de pain est de 350 grammes par jour. * * * Pour ce qui est de la grève dont nous avons parlé hier, il n'y a pas eu de troubles graves. Il y eut un meeting à Gilly, les ouvriers demandant une augmentation de salaire. Ils furent dispersés par la force armée allemande et les orateurs détenus pendant quelques heures. * * * M. le bourgmestre Mascot, de Marcinelle, et le major de la garde civique Thibaut ont été arrêtés pour avoir caché des cartouches au cimetière. * * * M. Poot, échevin des travaux publics de Couillet, a également été détenu pendant deux mois pour avoir reproché au fossoyeur d'avoir eu plus de soins pour les tombes des Allemands que pour les tombes des soldats belges. * * * L'autorité allemande avait demandé aux directeurs de journaux de Charleroi de faire reparaître leurs feuilles. D'un accord unanime ils ont tous refusé. C'est alors que quelques individus ont accepté de publier un nouveau journal, ,,La Région de Charleroi". Ceux qui se prêtent à cette vile besogne sont: L. Briard, H. Pieret, Maurice Robbe et Delmeule. Parmi ces quatre individus il n'y a pas un seul journaliste de profession. Ils tâchent do s'excuser près du public en imprimant qu'ils ont fondé ce journal pbur éviter au pays l'action pernicieuse et dangereuse des journaux censurés de Bruxelles. Seulement, comme le leur est censuré lui aussi, il ne vaut pas mieux que les autres. C'est le même bloc enfariné, qui ne dit rien qui vaille; ce qu'il répand, c'est du poison, des gaz lentement asphyxiants. Les bons journaux, c'est-à-dire ceux de l'étranger, no parviennent , plus guère à Charleroi. Ils sont aussi rares que des merles blancs. Parfois cependant quelques hardis „passeurs" parvienent à en amener quelques numéros qui suffisent pour réconforter tout un village. Les exemplaires passent dans cent mains différentes;'on s'en repaît pendant 15 jours durant... A Loiivain M. Albert. Fuglister publie en ce moment, dans le ,,Petit Journal", le récit de ce qu'il a vu et entendu à Louvain pendant les terribles journées du mois d'août dernier. Le témoignage de M. Fuglister est particulièrement digne d'attention. Citoyen' suisse, il n'a aucun intérêt dans le procès fait par la Belgique à la cruauté allemande ; c'est au péril de sa vie qu'il a fait l'enquête dont il apporte aujourd'hui les résultats ; pour étouffer son témoignage les Allemands ont essayé de l'acheter, et comme <ils n'y réussissaient pas, ils ont veulu le faire bâillonner, en Suisse, par de£ autorités complaisantes. Aujourd'hui, M. Fuglister parle librement et on peut croire ce qu'il raconte. Reproduisons, d'après le ,,Petit Journal", le récit fait par M. Fuglister de l'assassinat de M. Leenertz, professeur de dessin industriel à l'Université catholique de Louvain et originaire du grand-duché de Luxembourg. On y trouvera ensuite quelques traits de la destruction et du pillage de la malheureuse cité louvanigtè par les soldats du kaiser : Nous arrivons devant une jolie maison qui, par miracle, avec la villa d'un Hollandais, est restée debout. — Tiens, dis-je, la maison de M. Leenertz (un Luxembourgeois que je connaissais) est intacte. Allons, tant mieux pour lui. Derrière nous, une voix tremblante prononce : — Oui, sa maison est debout, mais lui ,,ils" l'ont fusillé! Nous nous retournons en sursaut. Une enfant d'une quinzaine d'années, une petite Flamand^, est plantée au pied d'un arbre, tremblante, hâve, ses mains tordant machinalement un coin de son tablier. —Comment, interrogeons-nous, ,,ils" l'ont fusillé? Pourquoi? — Oui, tenez, dit-elle en éclatant en gros sanglots, il est là... Ello nous montre un tas de terre fraîchement remuée ,d'où émerge un pied humain... C'est atroce. Et dans l'air calme de cette matinée de septembre, au milieu du silence énorme de ce boulevard, où les ruines semblent enveloppées d'une chape de plomb, cette blonde petite Flamande, au regard de chien fidèle, nous fait le récit de co qu'elle vécut dans la nuit du 25 août : ..La fusillade commença à huit heures. Le ,,boulevard était désert, plongé dans l'obscurité. Aux premiers coups de feu, M. Leenertz .,ordonna à sa femme et à ses enfants de se ,,cacher dans la cave. Des soldats arrivent, se ..mettent à tirer à travers les soupiraux, dans ,,la cave obscure, mais où ils devinaient qu'il 1 ,,y avait quelqu'un. M. Leenertz court à la ,,porte d'entrée, l'ouvre toute grande et crie .,en allemand* ,,— Ne tirez pas, mes enfanta 6ont là. Je „vous en supplie, ne les tuez pas! Des soldats l'empoignent et l'entraînenl dans les arbres du boulevard. Pendant les quelques pas, il a la présence d'esprit de leui crier : ,,— Je suis Luxembourgeois, je vous en ,,supplie, ne me faites rien, ne tuez pas ma ,,famille.... Ceux qui l'arrêtèrent font semblant ,,de se rendre à ses raisons, et, le lâchant, lui ,,disent de rentrer immédiatement chez lui. M. ,,Leenertz fait demi-tour pour rentrer dans ,,sa maison. Il n'a pas fait trois pas qu'il ,,tombe, ,,lâchement assassiné à coups de ,,fusil dans le dos!" * * * A la chaussée de Tirlemont, la dévastation est totale. Il y a une fabrique de cigares, que le feu n'a pas détruite : des camions stationnent devant l'entrée principale. Dans la maison, c'est un va-et-vient de grosses bottes, un cliquetis de baïonnettes, de sabres. Dans ie vestibule, des fusils sont appuyés au mur. Sur les sièges des camions, les chauffeurs attendent, en fumant des cigares chers. Puis, sortant de la maison, voici une procession de ces soldats, portant des piles plus hautes qu'eux, de caisses de cigares, de ballots de tabac. Les bras chargés, ils déposent leur butin, avec beaucoup de soin, dans les camions. Méthodiquement ils rangent les caisses de cigares d'un côté: ils font un triage des'diverses qualités; ils placent et calent les ballots de tabac d'un autre côté. Tout cela se fait tranquillement, avec un calme, un naturel inconcevables. C'est ce qu'en bon français nous appelons le cambriolage, le vol, le pillage. En allemand, cela s'appelle: ,,Requirieren,, .,réquisitionner"... Les euphémismes sont faits pour s'en servir!... Et celui-là vaut son pesant de cynisme. Ce mot n'est pas de moi, c'est un de ces Allemands qui me l'adressa: il avait l'air de vouloir s'excuser!... Et je ne lui demandais rien, cependant. Au bout d'une demi-heure, la fabrique était vidée. C'est par millions que les cigares furent emportés vers des corps de garde, qui attendaient impatiemment leur arrivée ; je précise : un do ces camions partit à destination de Tirlemont.Juste en face de cette fabrique, un de mes bons camarades avait une droguerie. Il fut fait prisonnier avec des centaines d'autres civils." Collectionneur émérite, il avait dans son coffre-fort une collection de timbres estimée à 20,000 francs. Lorsque, rendu à la liberté, il fit faire des fouilles dans les ruines de sa maison dévastée, il retrouva sous les décombres son coffre-fort intact... Mais, lorsque, l'ayant ouvert, il voulut y prendre sa collection, l'album et les timbres s'effritèrent entre ses doigts. Ils avaient ,,cuit" dans l'incendie... * * * A la rue des Joyeuses-Entrées, la maison qui fait l'angle de cette rue et de la rue Vé-sale portait à la craie une longue inscription en flamand dont voici exactement la teneur : ,,De Vrouwen thuis bliiven. De mannen ,,naar het stadhuis om te helpen blusachen." ,,Les femmes à "la maison- Les hommes à ,,l'hôtel de ville pour aider à éteindre l'incen-,,die."Puis, en dessous, en allemand : ,,In dieser Strasse solle niohts gemacht wer-,,den: ,,Dans cette rue, il ne sera rien .fait." Cette inscription fut faite le matiii du mercredi 26 août. A co propos je veux encore noter ici un cas typique de la manière allemande : Ce même mercredi, alors que le feu dévorait Louvain, des patrouilles circulèrent, tambour en tête, et proclamèrent que les gardes civiques devraient se rendre à l'hôtel de ville pour composer les équipes chargées d'enrayer le désastre, d'éteindre l'incendie. La plupart des gardes civiques obéirent à cet ordre, et. lorsque les Allemands estimèrent avoir ^devant eux les effectifs au complet, — ils n'avaient pu trouver la liste, — ils les expédièrent prisonniers de guerre en Allemagne, à Munsterlager et à Soltau... Les gardes civiques furent rendus à la liberté le 27 janvier 1915. Ils durent signer une déclaration par laquelle ils s'engageaient ,,à ne plus prendre les armes contre la garnison allemande de Louvain..."Soyez certain qu'après la guerre, l'Allemagne, faisant état de cette déclaration extorquée, prétendra par ce document que les gardes civiques avouent avoir tiré le soir du 25 août 1914... Partout, sur presque toutes les portes, je relevai des inscriptions à la craie, par exemple: 3/53. 10 mann. C'est ainsi que je pus noter que le soir du 25 août,- quatre iV^gi-ments étaient représentés à Louvain par des effectifs formant un total d'au moins 15,000 hbmmes: les 35, 53, 163 et 165e d'infanterie, plus le 7e hussards (de Bonn).. Et, dans leurs communiqués, les Allemands ont l'audace de prétendre qiie se soir-là la garnison de Louvain ne se composait que ,,d'un bataillon de landsturm". C'est faux, c'est un mensonge éhonté. * * * Plus tard, vers le 15 septembre, je fus intrigué par certain brassard blanc que les soldats de la garnison allemande portaient aU bras gauche. J'en demandais un jour la raison à l'un d'eux, et voici la réponse typique qu'il me fit: — Nous portons ce brassard blanc afin que, si une panique comme celle du 27 août se renouvelait, nous puissions immédiatement nous reconnaître, même la nuit, et ne pas nous entre-tuer, comme cela est arrivé cette fois-là." Je reviens maintenant aux inscriptions à la craie écrites sur les portes; il y on avait de toutes les sortes: ,,Gut Leute" (bonnes., gens) ; ,,Bitte scho-nen" (prière de proifger) ,,Deutsch freund-lich" (amis des Allemands) ,,Niclit pblndern', i (ne pas piller). Je relevai beaucoup de ces inscriptions sur les murs encore debout de maisons incendiées, sur les volets de magasins cambriolés, pillés. Lorsque le calme revint en ville, la kôin-ma^dantur délivra aux habitants oui en firent la demande des pancartes qu'elle fit imprimer par centaines; ces pancartes portaient l'in-; scription : Dieses Haus ist zu schùtzen ! Es ist sizeftg verboten, ohne Genehi^igung der Kommandantur, Hauser in Brand zu setzen*. Die Etappen Kommandantur^ Traduction : ,,Cette maison doit être protégée. Il est „séverement interdit dp mettre des maisons ,,en feu, ,,sans l'assentiment de la Kommau-,,dantur."Vous avez bien lu. Si donc il plaisait à la ,,Kommandantur" que tel ou tel immeuble fût incendié, il n'y avait pas de recours contre cette fantaisie. On croit rêver, et l'on trouve dans leô quelques mots de oetté pancarte, dont je donne une reproduction dans mon ouvrage ,,Louvain, ville martyre", l'aveu implicite et formel què le sac et l'incendie de Louvain furent organisés. Voici maintenant un© autre inscription que j'ai relevée sur le mur d^ane maison située au coin de la rue Léopold et de la place du Peuple. ,,Aus diesem Haus wiel geschossen — Zur Lohnung", ce qui se traduit comme suit: On a tiré de cette maison: à récompenser. Comme les autres, cette maison fut détruite. Un jour, peu de temps après la fin de l'incendie, jo fis un tour par la rue des Chevaliers, et je descendis vers les Entrepôts, au ca°nal. A la rue do l'Ecluse, je restai pétrifié devant une énorme tache de sang dont le. mur était éclaboussé. à la hauteur d'un homme agenouillé. Un civil fut exécuté là et son cadavre resta exposé pendant plus ae cinq jours. Derrière l'Entrepôt il y a quelques tombes, que des mains pieuses avaient fleuries : encore des civils fusillés. L'Allemagne ei^[a presse hollandaise. Notre confrère *d'Amsterdam, M. Jacques Rinse, écrit au ,,Telegraaf" ce qui suit: Au Reichstag, l^chancelier dit notamment: ,,L'Allemagne doff établir et f'ortifier sa position de telle façon que d'autres puissances ne pensent plus jamais à pratiquer une politique d*isolement" Par hasard, je suis en état d'expliquer ce que les paroles de M. von Bethmann-Hollweg, si vigoureusement applaudies de tous les côtés au Reichstag, signifient pour la Hollande. Le 21 mars, on me pria, au nom de hauts personnages allemands, de prêter mon concours pour travailler la presse hollandaise en faveur de l'Allemagne. Que je ne fus pas un pro-allemand ne faisait rien à l'affaire, pas plus d'ailleurs que mon opinion, à savoir qu'une victoire de l'Allemagne ne profiterait pas à la Hollande. Tout cela ne devait pas être un obstaele... Puisqu'on ne regarderait pas aux fîais. Je connaissais la presse néerlandaise et je devais seulement faire connaître mes exigences, auxquelles, visiblement, on avait déjà satisfait à l'avance. On ne regarderait pas à 10,000 marks de plus ou de moins. Je n'avais qu'à déclarer que je me tenais prêt et immédiatement après aurait lieu une conférence dans laquelle on discuterait le plan de campagne. # Comme je fus immédiatement d'accord avec moi-même et que j'aurais pu mettre fin à la conversation, je ne pus résister au désir de.faire mieux préciser sur quoi l'opinion publique en Hollande devait bien être préparée. Le résultat de la suite do la discussion, que bientôt la reponse a la question put etre résumée ainsi: que notre gouvernement ne devait pas trouver un obstatilè dans l'opinion publiquo pour'permettre ce que le gouvernement belge avait refusé, à savoii; une occupation de nos ports de la Mer du Nord dont l'Allemagne avait besoin si elle voulait être en état d'entreprendre quelque chose contre l'Angleterre.L'opinion publique devrait être préparée avec précaution. ,,Le poison devrait être versé dans l'oreille, goutte à goutte", comme je le fis observer. Des feuilles de propagande créées expressément no devaient pas entrer en ligne de compte. Elles ne prêchaient que des convertis. . - - Après cette discussion provisoire, je donnai immédiatement ma réponse : Je ne désirais pas collaborer à une oeuvre de trahison, au contraire, je ferais tout mon possible pour la faire échouer. Peut-être qu'au point de vue tactique, j'aurais mieux fait d'aller assister d'abord à la conférence sur le plan de campagne à laquelle on m'avait invité. Jo me bornai à communiquer ce qui m'était arrivé au ministre de l'intérieur, auprès duquel je me suis rendu le 23 mars, muni d'une introduction do M. le bourgmestre d'Amsterdam. A présent, après le discours du chancelier et cinq mois après que j'ai porté le fait à la connaissance du gouvernement, jo ne crois pas qu'une publication précoce puisse encore entraver l'examen. Je crois qu'à présent il n'y a plus aucune raison pour ne pas donner de la publicité à la chose. Simples réflexions. Nous lisions l'autre jour dans 1',,Echo Belge" ces paroles de Schopenhauer : ,,En prévision de ma mort, je fais cette confession que je méprise la nation allemande à cause de sa bêtise infinie et que je rougis de lui appartenir". Son disciple do Hartmann est allé jusqu'à dire que nous devons tenir tout Allemand ,,pour uu fripon jusqu'à preuve du contraire". Inutile d'illustrer cette citation du philosophe allemand et d'en .faire voir toute la brutale réalité; inutile aussi, de dire que ,,la preuve du contraire" est loin d'avoir été fournie. Heine disait à son tour: ,,Quand l'autorité allemande édicté une loi, elle l'envoie à la police pour la faire exécùter et aux philosophes nour la justifier". Ces paroles amèrement ironiques du poète sont d'une actualité toute exceptionnelle. N'a-t-on pas vu se lever tqute une phalange de savants et de jurisconsultes allemands pour justifier les actes les plus barbares exécutés sur l'ordre de l'autorité par les sujets du kaiser ? Voilà des épith'ètes d'une aménité toute allemande que les Teutons se laissent appliquer par leurs propres philosophes. Et personne ne dira que les paroles de ces philosophes ne soient-v l'expr-^ioii cle la vérité ,,iusau'à preuve du contraire", A. Wuyts.

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This item is a publication of the title L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam belonging to the category Oorlogspers, published in Amsterdam from 1914 to 1918.

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