L' illustration

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l-r Avril 1916 L'ILLUSTRATION fj-o 3313 — 31g La route conduisant au fort de Vaux : au fond, le profil du fort. Les photographies illustrant cet article ont été prises le 11 mars, quand la garnison française eut reçu la nouvelle du communiqué allemand mensonger du 9 mars. Section photographique de l'Armée. AU FORT DE VAUX On se souvient que le communiqué allemand du 9 mars ne craignit pas d'annoncer au monde la prise du fort de Vaux et même donna des précisions destinées à dissiper le moindre doute: « A l'Est du fleuve (la Meuse), disait-il, pour raccourcir les liaisons de notre position au Sud de Douaumont avec nos lignes de la Woëvre, le village, le fort cuirassé de Vaux, ainsi que les nombreuses fortifications voisines de l'adversaire ont été, après une forte préparation d'artillerie, enlevés dans une brillante attaque de nuit des régiments de réserve de Posen n°" 6 et 19, sous la direction du général de l'infanterie von Guretzky-C'ornitz. commandant la 9e division de réserve. » On ne pouvait laisser passer sans démenti un mensonge aussi flagrant. Notre communiqué du 9 en marqua l'impudence: le fort de Vaux n'avait même pas été attaqué. Prise la main dans le sac, l'Allemagne préféra nous attribuer la reprise du fort, plutôt que de reconnaître qu'elle s'était trompée ou qu'elle avait voulu tromper : « Les Français, dit son communiqué du 10, ont fait de violentes contre-attaques sur notre nouveau front à l'Est et au Sud du village ainsi que près du fort de Vaux. Au cours de ces actions, l'ennemi a réussi à reprendre pied dans le fort cuirassé lui-même. » Ainsi, nous aurions repris le fort après que nos ennemis s'en seraient emparés. En réalité, le 10, pour sauver l'honneur de leur communiqué, et le 16 encore, les Allemands lancèrent Le terrain bouleversé aux abords immédiats du fort de Vaux. Les défenseurs, après avoir tenu sous l'effroyable bombardement, ont secoué la poussière des explosions pour se dresser devant les assaillants qui se croyaient déjà maîtres de la position. — Section photographique de l'Armée. de furieux assauts sur la croupe que domine le fort et furent chaque fois repoussés, laissant de nombreux morts sur le terrain. L'ennemi ne connaît pas l'intérieur du fort. Il n'a jamais pu y entrer. Plus heureux, nous allons y pénétrer avec un officier d'état-major qui y fut envoyé dans la nuit du 13 au 14 mars, qui en redescendit le 14 au matin, et que nous avons pu interroger à son retour. « .Nous avions compose notre petite caravane comme pour une ascension de montagne. Chacun de nous — nous étions trois officiers d'état-major, chacun avec une mission différente — avait son guide. Nous partîmes en pleine nuit, afin de reconnaître le terrain au petit jour, mais le clair de lune rendait la marche facile. C'était une nuit magnifique, avec des coulées bleues dans les bois. Quand nous traversions une route, des chevaux morts ou des voitures brisées nous auraient rappelés à la réalité de la guerre si nos oreilles avaient pu se fermer un instant au bruit continu du bombardement dont les obus passaient en sifflant au-dessus de nous ou tombaient dans notre voisinage, écrasant le sol et éclatant en colonne noire qui tachait d'ombre la nuit tout» claire. » Notre caravane commença de s'essaimer au Sud de la Laufée, l'un de nous prenant le chemin d« Damloup. » Au poste de commandement de la brigade, seconde séparation, mon second camarade ayant pour objectif le village de Vaux, tandis que je me rendais au fort, en compagnie d'un officier de la brigade qui tenait à m'en faire les honneurs. » Il nous restait à parcourir 1.500 à 1.800 mètres sur un terrain battu, protégé çà et là contre les vues par des boqueteaux, la plupart du temps à découvert. Les obus y tombent comme la grêle. La terre qu'ils ont labourée et remuge est devenue friable et pareille à une poussière. Il faut s'orienter sur leur sifflement, et parfois se coucher ou s'arrêter dans les trous qu'ils ont creusés — on n'a que l'embarras du choix — pour laisser passer les rafales, heureux si le trou qu'on a choisi n'est pas à demi obstrué par

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