La chronique: gazette quotidienne

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13 October 1918
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s.n. 1918, 13 October. La chronique: gazette quotidienne. Seen on 20 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/sx6445k47x/
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DIMANCHE 13 OCTOBRE Î9ÎS, LE NUMÉRO i 10 CENTIMES 51® ANNÉES N- S. LA CHRONIQUE bureaux 31, Rue de Mogador, 31 PARIS 9«) JOURNAL D'UNION BELGE TÉLÉPHONES : CENTRAL 30-13 GUTENBERG 67-92 ABONNEMENTS : Fronce et Colonies.... Un an T fr. 50 Autres Pays âO fr. » Abonnements Militaires.. 5 fr. » Journal Quotidien à Eraxslles DIRECTEUR : Frédéric ROTIERS RÉDACTEURS EN CHEF j ££ -r'~TmTiiiTi r-f- -Il ii II il Mil h I» 11 IIII ■■ iwmmiii' iî iwm - -num-f iii m m ■wriufhurnan i ■miiih ii \m i ibmmm ■ ii ■■ i n i ai ■ni iw MiT Journal hebdomadaire à Paris pendant la Guerre PUBLICITÉ : Aux Bureaux du Journal 31, Rue de Mogador La Belgique et la Paix Il n'y avait pas, quelques années avant la guerre, de pays plus pacifique au monde que la Belgique. Elle était entrée résolument dans le rôle que lui avait confié l'Europe et, soixante-quinze ans de tranquillité aidant, malgré son passé belliqueux, elle avait pris cet état d'esprit des grands peuples d'affaires, l'Angleterre, les Etats-Unis pour qui ra ^erta militaire n'est pas la première des vertus, par qui la carrière des armes est infiniment moins honorée que celle de négociant. Un mot dédaigneux du président Wilson au début de la guerre nous a montré quel dédain un juriste, un philosophe, le chef d'un grand Etat pouvait avoir pour la guerre. M. Wilson se dit « trop fier pour se battre — too proud to fight », il voyait à entrer dans la lutte une déchéance morale très nette. La Belgique n'en était pas arrivée là; ce vieux champ de bataille d'Europe était hanté par trop de souvenirs sanglants et glorieux, mais son bon sens qui lui montrait dans la guerre une loterie dangereuse, sa loyauté à tenir l'emploi de neutre et de tampon qu'on lui avait confié, l'avantage que de longues années de paix lui avaient procuré, tout l'incitait à se garer de la brutale aventure. Même, limitée à un pays qui n'a plus de lrontières naturelles, dépouillée de contrées qui auraient dû naturellement lui revenir, ne possédant pas intégralement le dé-. bouché iluvial de son grand port, elle ne fit jamais entendre la moindre revendication. Dites que ce silence, cette résignation étaient bien terre à terre, mais reconnaissez que l'Europe n'a pa^leiMointîne grief à élever contre sa filleule de 18HQ-1839, la sage, la pacifique Belgique. La Belgique se trouvait resserrée entre deux peuples armés. La France est pluls guerrière que militaire, elle accepte la servitude militaire par idéalisme; depuis les Croisades jusqu'à la rev; nche, qu'il s'agisse du tombeau du Christ ou de l'Alsace-Lorraine elle se bat, je parle du peuple, moins pour une conquête tangible que pour une idée. L'Allemand, lui, accepte la servitude militaire par ambition collective. avec l'espoir individuel d'un jour de pillage. Le caporalisme a fait de lui un grand peuple, a dégagé ses qualités essentielles. Qu'il soit libéré demain dn joag de Ses maîtres, de la discipline du dieu-état il descendra du sommet qu'il avait atteint. Mais quelque tût le mobile qui armât ses deux voisins, la Belgique désarmée était, dans une situation singulière. Son obstination pacifiste poussée à l'extrême limite, si elle lui ï causé les pires malheurs, a lait au moins une ■démonstration péremp-toirc. Et elle en a profilé. L'Angleterre en a profité en même temps qu'elle, et l'Amérique trois ans après; mais à tous il fut prouvé par l'exemple belge qu'il ne faut pas être 'e plus faible, qu'il ne faut pas à un moment donné offrir la tentation d'une P'oie facile. Et nous savons où en sont venus M. Lloyd George, qui jadis parlait si rudement à l'Angleterre en guerre contre les Bo ts, et M. Wilson, trop fier pour se battre. Et la Belgique demeurant comme l'a qualifiée M. Charriaut « une terre d expérience y, le pays, je dirais, représentatif, se trouve maintenant le pays le plus guerrierdu monde et c'esl parce qu'il est par excellence le pays du bon sens. En effet, l'ennemi propose la restauration de la Belgique; la formule est vague et générale mais il semble bien qn on puisse en déduire le sens le plus complètement favorable. A ce pays incendié, pillé, ravage, à ces gens qui n avaient rien a gagner à la guerre, on offre la paix, on offre des réparations. La Belgique est victorieuse la première de tûùteîs les nations belligérantes, elle obtient exactement, en plus de la paix, tout ce qu'elle voulait à la veille de la guerre. En ce qui la concerne, elle a donc gagné la guerre. , Cependantla proposition Allemande la laisse complètement indifférente et dédaigneuse. C'est qu'en effet la sombre aventure a montré combien la situation de la Belgique était chimérique, paradoxale; il a fallu jadis à son peuple, pour qu'il ne vît pas clair, une loyauté, une confiance prodi gieuse. 1res sagement, la Belgique n'a pas le désir de se retrouver dans ce périlleux statu qvo anie' II en est de même pour d'autres Voisins de la Bochie. Les siècles pré cédents ne les avaient pas assez ins truits; puis sous la pression d'idée; neuves, l'internationale politique bancaire, touristique, scientifique aidant, était née cette conviction qu'i n'y aurait plus de guerre, et dès lors i était infiniment sage d'être pacifiste jusqu'aux extrêmes conséquences. Le xx8 siècle a montré la gravité de cette erreur. Mais il n'y a là une erreur que tanl que subsiste dans l'Europe civilisée un pays de proie. L'attitude belge s'explique donc lucidement, c'est celle des Anglais devenant militaires par haine du militarisme : « enrôlez-vous disail une affiche des premiers mois, poni que vos enfants ne connaissent pas la caserne », c'est celle d'un peuple qui ne voit d'autre moyen que la guerre pour tuer la guerre. Ce n'est qu'en apparence une façon de faire à Jç Gribouille. «P* C'est surtout la démonstration qu'L y a un peuple qui tire de 1 fcxpérience les conséquences les plus pratiques, fussent-elles les plus pénibles, c'est une preuve de ce bon sens capable de la placidité la plus absolue et de l'héroïsme le plus têtu qui mettent le peuple belge à part parmi les peuples civilisés. / Il se monlre aussi digne de la confiance du monde aujourd'hui par son sens pratique, comme hier par son honnêteté. L'Europe pourra entièrement se fier à lui, quelque soit la mission qu'elle lui confie et on pourrait lui en confier d'importantes, depuis la Terre-Sainte jusqu'à la rive gauche du Bhin, si on a besoin quelque part d'une sentinelle honnête, brave, et qui, par dessus le marché, sache parfois interpréter intelligemment sa consigne. Certes le vœu le plus naturel des Belges est « qu'on nous rende notre bon pays, tel qu'il était, tel que nous l'a vions fait et que nous l'aimions et f...aites nous la paix»; mais capables de la plus longue guerre par amour de la paix, résolus à prolonger la guerre par haine de la guerrè, les Belges accepteront sans joie, mais avec bravoure, toutes les difficultés, toutes les corvées, si vous voulez, nécessaires pour garantir à leur petit pays sa sécurité laborieuse. Ils le prouvent en élant sourds, aujourd'hui, aux propositions allemandes. Léon SOUGUENET. • >-« e •»—< —.— Faits menus, menus propos L'ALERTE Ce matin là, en voj'ant monter dans l'ascenseur le monsieur du premier qui tenait son journal à la main, j'ai compris qu'il se passait quelque chose de très grave Le monsieur du premier avait l'air d'àvoi reçu un coup, il avait-l'œil éteint et la balèvre molie. C'est un homme qui jouit de la considt ration de la concierge et même de la femm. de chambre de la concierge. Ses antécédent l'expliquent, bien qu'ils ne remontent qu' quatre ans. On l'a vu successivement ac quérir une auto, des œuvres d'art, uni autre auto, faire apprendre l'équitation à s; demoiselle et prendre en ville une petiti amie qui n'est autre que mademoisell Fafouillette des Folies-Yankees ; en même temps le chiffre de ses pourboires et gratifications augmentait constamment. Une telle atmosphère de respectabiliU émanait du Monsieur, qu'on lui cédait ma chinalement et instinctivement le pas. Sa prospérité était le lustre de l'immeuble, je constatais avec une satisfaction tacite que son embonpoint élégant emplissait de plus en plus le cube de l'ascenseur. Une inquiétude me gagna à voir l'air sombre d'un homme que je n'avais connu que radieux, je ne doutai point que c'était à la lecture de la gazette matinale qu'il avai' en main, qu'il devait cette douleur morak peinte sur ses traits, je me précipitai au prochain kiosque, j'acquis pour un penny une feuille publique et je lus : Les centraux demandent la paix et un armistice immédiat.Alors je compris ! Pauvre, infortuné, Monsieur du premier ! qu'elle angoisse doit être la sienne et celles d'un tas d'autres Messieurs du premier et d'une quantité appréciable de Messkur voilà la chose chimérique, inatten due, invraisemblable qui paraît à l'horizon, qui immine : la paix ! Evidemment la guerre suppose que la pa'X suivra ; comme on devrait toujours se dire que la pluie vient après le beau temps et la maladie après la santé. C'est dans ce sens qu'un grand médecin philosophe a pu dire : la santé est un état précaire qui ne me dit rien de bon — Le changement est la condition de tout — Mais le Monsieur du ' premier habitué dans la guerre avait éloigné ' de sa pensée les pensées troublantes, cette guerre était pour le moins la guerre de cent 1 ans et il disait : après moi le déluge,c'est-à-dire ta paix. Je crois maintenant qu'il est un peu rassuré... Ce ne sera pas pour aujourd'hui, ni peut-être demain soir. Le bon Max de Bade n'a pas réussi à faire prendre au sérieux le nez rouge dont il s'est déguisé. Cependant l'alerte fut chaude. Puisse, ah le Monsieur du premier, puisse ! en tirer l'enseignement qui convient. Puisse-t-il —lui et d'autres — envisager froidement la redoutable réalité : la paix viendra, elle est en marche. Il faut se faire là-dessus une raison. La redoutable colombe aux olives va prendre son essor. On peut estimer que l'alerte de dimanche fut à la paix, ce que l'alerte d'Agadir fut à la guerre. A dater d'elle on ne peut plus douter. Aussi n'écoutez pas les théoriciens es rêveurs en chambre qui vous disent d'un , ton rassurant La paix ! mais vous êtes fou ! les hommes ont maintenant bien trop de bon sens pour faire la paix. Nous avons atteint à trop de progrès dans la balistique. La paix au siècle de l'ypérite et de la pastille incendiaire ? Allons ! vous déraillez.. . ». Non, soyons calmes, mais résolus, voyons nettement ce qui immine : la paix viendra. Dimanche ne fut qu'une alerte; sachons en tirer parti. bob: • La Situation Politique L'ECROULEMENT D UN MONDE Les événements se précipitent au point qu'il est devenu bien difficile de les suivre dans une chronique hebdomadaire. Chaque jour apporte un nouveau coup de théâfrê. Comme les drames de l'histoire ne sont pas nécessairement des .pièces bien faites il est possible que le dénouement traîne en longueur, mais on sent bien qu'il approche. Le président Wilson répond à l'Allemagne, demandant l'armistice et proposant de causer : « Qu'entendez-vous par là ? Les admettez-vous mes quatorze propositions ou voulez-vous ergoter à leur sujet ? Et d'abord, évacuez les territoires que vous occupez. » Et puis il ajoute avec une pointe d'humour qui rappelle un peu la manière de Clemenceau : « Au fait, M. le chancelier, est-ce que vous avez bien le droit de parler au nom_du peuple allemand ? » C'est là le .gros événement de la semaine, mais il y en a d'autres qui lui cèdent à peine en importance. Le gouvernement jeune turc démissionne et fait place à un cabinet Tewfik pacha, un cabinet d'Ab-dul Ilamid, un cabinet de la vieille Turquie et cela fait prévoir à b*ef dé'ai la défection de l'Empire ottoman. La Bulgarie débarrassée de son Tsar viennois qui rêvait d'être byzantin, accentue sa volte-face pour essayer de se tirer sans trop de dégâts de la funeste aventure. La Roumanie frémissante d'espoir attend avec impatience l'heure de se libérer du joug allemand. L'Autriche épuisée cherche à sor-tir n'importe comment du conflit. Les Bolcheviks eux-mêmes dénoncent le traité de irest-Litovsk. C'est tout l'édifice politique >âti par l'Allemagne, qui craque, se lézar-le et va s'écrouler. II y a quelques mois, Guil'aume II, dans m de ces discours grandiloquent et d'al-ire myskieo-philosopliique, dont il garde impérial secret, dégageait à sa façon le ens de la guerre : c'était la lutte de con-eption allemande du monde contre la oncepiion anglo-saxonne. (Depuis un cer-ain temps il affecte de considérer 'a Fran-e comme une quantité négligeable.) Cette 'ois, au moins dans un certain sens, il lisait vrai. L'A'lemagne moderne, création de l'aris-ocratie et de l'administration prussienne. ■s< une sorte de formidable machine po itiquè merveilleusement conçue poui j ■réer de 'la puissance. C'est, ou plutôt ! 'était devenu une sorte d'Etat abstrait f'idéal de l'Etat, si l'on considère l'Etat en 'aisant abstraction des hommes pour qui :I est fait. Cette conception de professeurs ■t d'administrateurs qui est proprement inhumaine, le peuple allemand l'avait acceptée parce que, dans son ensemble, i"i n'est guère qu'une masse amorphe, sans imagination, d'un matérialisme - épais-d'une soumission passive, parce que dans cet immense pays, cultivé, sans doute, mais peu civilisé au sens où nous l'entendons, tout ce qu'il y avait d'intelligent d énergique, de créateur, avait été intoxiqué par cet idéal monstrueux, parce que, sauf de rares exceptions, toute l'élite al-'emande, à qui la caste prussienne avait fait sa place, était pan germaniste. Comme le disait l'empereur, il s'agissait d'imposer cette conception spécifiquement al'e-mande à l'univers, il s'agissait de donner à i'humanité cet idéal abstrait, desséché-inhumain de l'Etat seul créateur d'ordre et de puissance. L'humanité, dans sa magnifique diversité, prend sa revanche. Les alliés de l'A'.lemagne s'étaient soumis à l'Etat prussien, parce que, là aussi, les classes dirigeantes ayant adopté et imité plus ou moins gauchement l'idéal germanique dont e'tes espéraient tirer profit, tenaient solidement en inain des masses ser-viles et inconscientes. Mais depuis que l'opération est devenue mauvaise, ils cherchent à renier le maître admiré naguère. Pe tous les rats qui vont quitter la nef germanique depuis qu'elle fait eau. Ferdinand a été le premier, le Sultan va suivre et l'on assure que la demande d'armistice a été exigée par l'Autriche. Et le peuple allemand lui-même ? Commencerait-il à voir, c'air ? On le dit. Mais que nous importe. Même s'il entrevoit l'abîme où il a été entraîné, il n'est pas capable de se révolter contre ceux qui l'ont conduit à la catastrophe. Il a été te le-ment habitué à leur obéir, à croire en eux, qu'il continue à compter sur eux pour le sauver du désastre. Cette administration prussienne, ce militarisme prussien, c'était un cadre merveilleusement so ide. mais c'était le seul cadre allemand. En dehors de lui, il ne reste plus rien. La social-de-mokratie elle-même avait subi l'emprise ; ses minoritaires, sur lesquels nos bolehe-vicks honteux ont cru ou feint de croire qu'ils pouvaient compter, ne représentent rien, pas plus que ce comédien de l'anarchie intellectuelle qui s'appelle Harden. Mortellement inquiète, découragée au delà de toute expression, l'Allemagne suit ses chefs de mauvaise grâce, mais elle les suit toujours. Et ses chefs ? Devant le désastre qui s'annonce, quelle est leur attitude ? Ils sont repris d'une sorte de délire. Tandis que le Gouvernement impérial demande l'armistice. Douai, brûle, Cambrai saute, l'œuvre de dévastation commencée se poursuit. Les populations des villes menacées de Belgique et de France sont emmenées comme du bétail, on ne sait où. On dirait que la sombre imagination germanique s'est emparée de tous ces chefs, qui disent : « Périsse le monde, s'il faut que nous périssions ! » On songe au tragique banquet, au massacre qui termine le poème des Niebelungen, on songe au Crépuscule des Dieux. Les fameuses lignes, poétiquement dénommées par un état-major de cabotins mystiques . : lignes Wotan, Siegfried, Alberich, tombent les unes après les autres, le Wallalha va s'écrouler... L. DUMONT-WILDEN. >—• 9 •—< * ÉCHOS ftegpets Il y a eu dans toute cette discussion à propos de l'armistice deux sentiments juxtaposés autant que contradictoires. Tout le monde, sauf quelques exceptions, veut la paix. Vienne la paix ce sera la joie, mais il y aura un regret qui d'ores et déjà s'exprime ainsi : « Ces cochons-là s'en tireraient alors avec une amende ! » si grosse, bien entendu, que soit l'amende. Non, la boeherie dont nous fûmes quatre ans Victime ne peut s'expier par de l'argent. Ce serdit vraiment trop facile, il v a là une iniquité capable de changer en foudre de guerre le pacifiste le plus rassis. Le calcul boche, d'ailleurs, semble à ce sujet bien net. On cesse les opérations, les boches paient les frais, mais ils se mettent dès le lendemain en mesure de se faire rembourser ces frais, avec les intérêts et cent milliards en plus d'ici dix ans. iLe boche à la fois réaliste et chimérique est bien capable de tels calculs. Mais s'il a des agents dans la place, qu'i1 se méfie de l'état d'esprit qui se traduit par ces mots : « Ces cochons-là s'en tireraient avec une amende ! » et capables de déterminer les gens les plus doux du monde à se battre encore comme des chats tigres pendant vingt ans, lies beaux dimatiehes Le dernier dimanche fut peut-être le plus beau depuis la guerre. Il y en eut pourtant quelques-uns, mais aucun me donna si nettement l'impression de la victoire.A Paris on se souvient pourtant de celui de septembre 1914, où le communiqiH de Joffré qualifia la bataille de la Marne de « Victoire incontestée ». C'est vers trois heures de l'après-midi qu'il se répandit dans un Paris dominical. La joie fut grande et silencieuse : déjà on savait la réponse de Joft're, à qui on avait demandé s'il conseillait de pavoiser : il y a trop de morts, avait-il répondu. Et puis Paris qui avait lété si menacé n'était pas surpris par la victoire, il l'attendait comme unie chose due. Les Belges réfugiés à Paris commencèrent a'ors à lorgner leurs'valises. Selon le rite national, ils s'étaient demandé, à J'annonce de la victoire, s'il n'était pas >pporturi da « boire une bonne bouteille ». Les sages opinèrent qc^i va'ait mieux ittendre ; on boirait deux bouteilles à Bruxelles. Le dernier beau dimanche, celui où Max de Bade fait camarade, la même question 3SÏ posée. Falait-il pas, ou fallait-il boin 'a bonne, les deux bonnes bouteilles ? Si nous comptons bien même, il aurait fallu en boire trois ou quatre. A1 Ions, o,n se calmera, on se tiendra, et on boira les cinq ou six bouteilles à 8ruxelles. — Bientôt ? •— .Bientôt. — Mais, y a-t-il encore des bouteilles à Bruxe'les ? — Taisez-vous ! méfiez-vous ! nous savons des endroits où il y a des milliers de bouteilles que les Boches n'oint pas eues fllbsft Ier On a beaucoup écrit, depuis la guerre, sur la personnalité du roi. On a vanté, comme ils le méritent, son courage simpk et tranqui'le, son sang-froid robuste, son amour magnifique et profond pour ses soldats. Tous sont unanimes pour proclamer en lui le Héros dans le sens élevé de ce mot, c'est-à-dire l'Homme du devoir. Les qualités extérieures du souverain né sont, «n réalité, que le reflet de ses vertus privées ; car, dans l'intimité aussi, le roi est l'homme de devoir. Pas un seul de ses actes qui ne relève de sa haute et belle conscience. Dès 'e jour où l'infâme boche s'apprête à souiller notre sol sacré, Albert rassemble sa Maison militaire. — Je vous remercie, dit-il, avec, une cordialité touchante, en s'adressant à ses officiers, pour le dévouement et l'abnégation dont vous m'avez donné tant d^ preuves ; mais la Patrie a besoin de vous. Rejoignez donc vos régiments qui vous récla- ADOLPHE MAX BOURGMESTRE DE BRUXELLES Sa figure domine les premiers temps de de l'invasion. Il fut l'âme et l'inspirateur de la résistance. Il continue à donner à ses concitoyens les plus belles leçons d'énergie. Ses lettres à son frère et à 6es amis sont lues le cœur serré dams un pieux recueillement. Elles apportent aux Belges opprimés du réconfort et de la fierté- Elles racontent sans une plaints avtec une philosophie détachée les rigueurs et les injustices de la plus odieuse captivité. Déporté en septembre '1914 pour subir selon les paroles du gouverneur von der Goltz « urne honorable détention » Max fut interné à la .forteresse de Glatz en Silésie. Il y reste plus d'un an et demi, seul et isolé. Envoyé à Celle-Schloss, il y retrouve des compatriotes. Des photos cfe cette époque le représentent au milieu de soldats du 0e et du 11° de ligue ou entouré d'amis Belges ou Français. Un délégué de la légation d'Espagne vint un jour à Ge'lle-Schloss ; Max se. fit le porte-parole de ses compagnons ; il exposa lçurs griefs. Il fût aussitôt transféré dans "une prison militaire de Berlin. On l'accusa d'intelligences avec le gouvernement belge et H® favoriser l'évasion des prisonniers. Ces accusations servirent de prétexte à un long emprisonnement. Il passa en prison le rude hiver de 1916-1917, il souffrit cruellement du froid dans une cellule humide et sans feu. Des amis au courant de stes épreuves lui envoyèrent des lainages et des vêtements. Il fut enfin traduit devant un conseil de guerre ; soin innocenrie reconnue il fut acquitté. L'autorité militaire ne lâcha pas sa victime, on lui signifia un jugement le eondafrinant à 1.000 marte d'amende ou à dieux mois d'emprisonnement subsidiaire-Refusant de payer l'amende, il fut transféré à la prison des Moabites de Berlin. A fa fin de 1917. il retourne à Celle-Schloss. T1 y retrouve MM. Pi renne, Frédérix-, professeurs à l'Université de Gand. des maires du Nord de la France, MM. Boël, Goldschmidt qui, quoique né à Berlin, est là parce qu'il est béau-frère de M. Hy-mans, M. Lippens, le fils de l'avocat Graux, et d'autres compatriotes. Son séjour n'y fut pas de longue durée. En février 1918 on lui reproche son accueil trop chaleureux aux trois Présidents de la/ Cour d'appal û.b Bruxelles déportés en'. Allemagne. Il est pour la troisième foie incarcéré à Berlin (mars 1918). Il s'y trouve en ce .moment très souffrant. Qu'importe à. ses bourreaux. Ces persécutions systématiques et odieuses- révèlent l'acharném'ent de ses bourreaux. Elles font de Max un des plus nobles martyrs de la guerre. Il n'a pas cessé de personnifier le Droit, le Droit aux prises avec ïa force, le Droit qui souffre, lutte et (ne plie jamais. Un culte pieux préserve. de la destruc-tion.Jes derniers vestiges de ses émouvantes proclamations, placardées en août 1914. On les voit encore sur les murs de la cité, usées, éosffiSes, ternies par le tennj» mais héroïques quand même .êt fières. Elles chantent leur hymne au Drapeau national, elles affirment la foi dan® la victoire, elles prêchent le recueillement et la patience « dans l'attente de l'heure de la réparation Elles clouent au pilori- le. premier mensonge allemand celui du gouverneur de Liège le général von Lutwit.z. qui publia que les Français renonçaient à défendre la Belgique. » Je donne dit Tf> bouirqroestre, à cette affirmation le cV-merfti le plus formel ». Enfin elles stigmatisent le parjure du général von deï Goltz et sa promesse si souvent violés depuis, de respecter les sentiments patr^ tiques des Belges. Ad. Max peut attendre dans la sérénité de son âme forte 3e jour de la justice ; quand il .rentrera dans sa ville, la •vieille terre brabançonne frémira et le pays entier n'aura qu'une voix pour acclamer le grand bourgmestre. La semaine prochaine " La Chronique " publiera un dessin allégorique du Lieutenant Jean Droit. ment. Mon souvenir de bon camarade vous accompagne. » Le roi pensait que ses officiers seraient plus uli'es au pays que nécessaires à son entourage qu'il réduisait, dès ce moment, au strict minimum. Il se sépare également de la majeure partie de sa Maison civile qu'il limite à deux serviteurs impropres au service de campagne. Voici bientôt l'exil et la vie dams une modeste villa bourgeoise de la côte belge. L'existence menée là par la famife royale est la simple cité même. Il n'est aucune restriction, aucune privation dont le roi me donne l'exemple. Le Chef de l'Etat fait son cabinet d'un sa'oin où, plus de six mois de l'année rè-Tne une température humide et froide. Il travaille sans feu. Le Souverain est debout à toute heure-11 dort peu. Il exige qu'on vienn> frapper à sa chambre dès le moindre événement et il est debout en un instant- Il endosse rapidement son uniforme et pousse sur un bouton électrique. Son auto, — un phaéton ouvert, cadeau de la Grande-Bretagne— l'attend au seuil de la porte, car il y a un chauffeur de service toutes les nuits qui, la main au volant de la machine, démarre au premier appel. Et l'on part. Le roi conduit lui-même, silencieusement, parfois .farouchement, d'une poigne solide et sûre — comme au temps de paix, quand, lancée en quatrième vitesse, son auto brûlait nos majestueuses routes d'Ardenne. La visite terminée, les ordres donn.é-s, ]e phaéton reprend le chemin de la villa. Dans la p'upart des cas, le roi ne se recouche plus ; il bourre une pipe et se met à sa table de travail jusqu'à l'heure du déjeuner. Réforme eofisalaife Le ministre des Affaires Etrangères a décidé de mettre à l'étude les modifications qui pourraient être utilement apportées à notre organisation consulaire, en vue de l'adapter aux exigences nouvelles qui résu'teront de la guerre. Il a, à cet elfet, institué une commission composée d'industriels, armateurs et exportateurs belges résidant actuellement en France et en Angleterre, et de délégués des minis-, tères des Affaires Etrangères, des Affaires Economiques et des Chemins de fer (administration de la Marine). Les hommes d'affaires chargés de collaborer aux travaux de cet organisme, dont les siéances se tiendront au Havre et qui sera présidé par M. Havenith, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, sont MM. le major Cumont. Léon Dens, Edouard de Roubaix, Maurice de Shret de Naeyer, Louis Elov> le commandant H. Alexandre Galopin, Constant Rensen, le lieutenant comte Adrien van der Burch et Louis van der Heyden à Mauzeur. . Le problème sera considéré spécialement au point de vue du concours que les consuls seront appelés à prêter à notre industrie et a notre commerce, pour permettre à ceux-ci de reconquérir et de développer le courant d'affaif^, qu'ils entretenaient avant la guerre avec les pay® étrangers. Certains diplomates et consuls ont éti priés de faire connaître leurs vues sur la question : leurs rapports ainsi que plusieurs communications reçues de personnalités belges directement intéressées à l'expansion de nos relations extérieures, seront soumis à la Commission, dont les discussions porteront principalement sur la détermination exacte du rôle et des moyens d'action des agents du service extérieur en matière économique, sur les attributions respectives et le recrutement des consuls honoraires et des agents de carrière, sur la formation, l'utilisation et le statut des agents rétribués, ainsi que sur la réorganisation du service métropolitain de renseignements commerciaux. Sut* les toutes de Belgique Depuis l'avance victorieuse de nos troupes, les routes de France qui mènent en Flandre sont sillonnées d'autos dévorant les espaces. Ce sont nos ministres qui font la inavette entre leur cabinet de Ste-Adresse et le Grand-Quartier général où ils ont de fréquentes audiençes avec ia roi. Hier, c'était MM. Cartoin de Wiart, vice-président du Conseil, et ministre de la Justice, Segers, minisire des Chemins de fer. Van de Vyvere, ministre des Finances, Hubert, ministre du Travail. Aujourd'hui, c'est M. Cooreman, ministre des Affaires économiques ; M. Berryer, ministre do l'Intérieur, et M. Ilelleputte, ministre da l'Agriculture et des Travaux publics. Un de ces jours prochains, nos ministres, tout en conservant des bureaux au Havre, iront sans doute s'in&tàller « à

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