La Flandre libérale

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s.n. 1914, 10 May. La Flandre libérale. Seen on 20 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/5d8nc5tx3j/
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40'Innée — Dimanche 10 Mal 1914 QUOTIDIEN. -10 CENT. I. 130 "• Elmancbe 10 Mal IBW LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENTS 1 mois. S mots. t moi*. 1 as. BELGIQUE : Fr. 2.00 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE x Fr. 3.75 9.00 18.00 36,00 On l'abonni an bureau du Journal et dans (oui les bureaux de pesta _ RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE 6AND, l, RUE DU NOUVEAU BOIS, I, GAND fi30NMEMENTS ET ANNONCES : I - RÉDACTION -Téléphone @2 ! Téléphone 13 MU—m—llll W— Il AJVIV OIY CES Ponr la ville et les Flandres, s'adresser an bnreas». Journal» _ Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresasr 1 l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. Elections législatives DU 24 MAI IU14 H*I*K I Liste IV0 S CANDIDATS EFFECTIFS : I MM. BRAUN, EMILE, ingénieur, député sortant, bourgmestre de la ville de Grand. MECHELYNCK, ALBERT, avocat, député sortant. BUYSSE, ARTHUR, avocat, député sortant. LIPPENS, PAUL, ingénieur, député suppléant sortant. DE SAEGHER, RODOLPHE, avocat, conseiller provincial. BODDAERT, HENRI, avocat, député suppléant, conseiller provi'n- DE SAEGHER, EMILE, ancien notaire, à Bottelaere. VAN DOORNE, CHARLES, directeur de banque à Eecloo. VAN ZELE, JEAN, propriétaire, bourgmestre de Bouchaute. TERTZWEIL, LEON, industriel, conseiller communal à Gentbrugge ûlTTEE, EMILE, négociant, conseiller communal à Mont-Saint-Amand.LAGRANGE, indstriel à Deynze. CANDIDATS SUPPLÉANTS : I MM. LIPPENS, PAUL, ingénieur, député suppléant sortant. DE SAEGHER, RODOLPHE, avoc. BODDAERT, HENRI, avocat, député suppléant sortant. DE SAEGHER, EMILE, ancien notaire. VAN DOORNE, CHARLES, directeur de banque. VAN ZELE, JEAN, propriétaire à H Bouchaute. I Congo et colonisation i II est très difficile chez nous de dis-I enter certaines questions. Aussitôt que H l'on émet un avis, si prudent soit-il, en ■ matière coloniale, par exemple, on vous H regarde de travers, vous devenez un H patriote douteux, et vous êtes proba- ■ blement vendu à l'Allemagne* Ceux de ■ nos compatriotes qui n'ont jamais dis-I simulé leurs défiances vis-à-vis du ■ Congo ont été considérés longtemps ■ comme des Belges de second ordre : I pendant tout le temps où, grâce à un H fégime d'exploitation exclusivement ■ commercial, le Congo produisit beau- Aujourd'hui que leurs prédictions I pessimistes se réalisent malheureuse- ■ ment, il semble que leur opinion ne ■ doive pas avoir plus de valeur que na- ■ père. Pour le colonial à tous crins, ■ celui qui se permet de discuter, qui fait ■ "es réserves est un ennemi qu'il faut I jaiiler en pièces. A en croire certains, ■ les anti-coloniaux d'autrefois n'au-I raient pas abandonné leurs noirs des-I seins. Au fond de leur âme, ils se ré- ■ Jouiraient des insuccès actuels et guet-I fraient, l'espoir au cœur, ie jour où le ■ -onh'o nous échapperait. ■ Nous n'en croyons rien. Si de telles I Wnsées peuvent animer des esprits non ■ éclairés et trop égoïstement matérialis-I ,s. nous sommes certains que les aa- ■ Clens adversaires du régime léopoldien I ®u"®itent à la Belgique, avec autant I te Slncérité et d'ardeur que nous, de ■ apporter avec honneur la lourde tâche ■ 'I11 elle a assumée. Tous ceux qui ont ■ e coeur bien placé et qui ne sont point H ,aec^a\re.s' (lui ont l'amour de leur I , Ue' désirent que celle-ci ne sorte B nfi aaî?*n(frie de son aventure colo-I nrtt' • ne i°uit Point déjà d'un I tei|S f6 3' ^tteur au point de vue ln-I rirai Uel moral .pour qu'un anticlé-I vo, j0n^e ^ diminuer encore aux ■ ïeux du monde. I C(in°US i6 T)ouvonf> pas faire faillite au I ner»\ i "n Pays comme la Belgique I enn usser croupir sa colonie. Cha-I tu,n t0!nfîrend qu'il ne peut être quea I mémo n<?onner le Congo à lui I frrj'c eû diminuant simplement les I in^.r)!;kiCC?f:)a^on façon à rendre I avoir ; déficit. Non, nous devoni I la m i.cceur d'outiller notre colonie, I main! a en va^eur> d'en faire un do I oui Anous puissions être fiers e' I l'oie a» lE Epique l'orgueil et h [ u • au r°le de civilisatrice. I de rfil' I!0ur ce'a> nous est-il défendi I }jou ',Cl"(er' de peser, d'examiner I tout oi,aU s°uscrire sans réserve I 'ni nui Petit monde colonial, ce ; 't de la colonie et la suce pro MKIIWWIIjMIIIIII fitablement, décrétera? Sommes-nous contraints, sous peine de forfaiture, de ratifier tous les gaspillages du ministère des colonies? Ne pouvons-nous plus protester contre le procédé qui consiste à remettre à un comité de financiers directement intéressés le soin de nous fixer le montant des capitaux qu'il nous faudra engager au Congo et de nous en indiquer la répartition ? Devons-nous renoncer à envisager toutes les solutions qui nous sont offertes? Ah ! vraiment, ce genre de plaisanteries a suffisamment duré, et nous protestons. , ©©© Ceci à propos des commentaires méprisants et désagréables qui ont accueilli l'idée — souvent émise — que M. Geernaert a exprimée dans la brochure où il préconise la vente à l'Allemagne d'une partie de la colonie. M. Geernaert a été bien mal inspiré en supposant que l'empire allemand puisse être l'acheteur naturel de la j partie du Congo qui touche à ses colo- ' nies africaines. Peut-être a-t-il supposé qus la France avait assez de cplonies, qu'elle succombait déjà sous leur poids , et n'avait nullement envie de se mettre une seconde Indo-Chine ou une seconde Madagascar sur les bras, ayant d'ailleurs réalisé son rêve marocain, beaucoup plus beau qu'un rêve congolais. De même ponr l'Angleterre, sur les colonies de laquelle le soleil ne se cou- ; cbe jamais. Tandis que l'Allemagne... Mais M. Geernaert a eu tort, et le Temvs d'hier n'hésite pas à dire qu'il a obéi à une suggestion allemande,*ce qui rend son cas extrêmement grave. Le même journal assure d'ailleurs ' qu' "en présence des difficultés avec lesquelles nous nous trouvons en prise au Congo et en présence de la nécessité de consentir de gros sacrifices... on assiste à un véritable élan dans les milieux coloniaux Voilà vraiment une bonne nouvelle et dont chacun se réjouira. Car nous espérons bien, n'est-ce pas, que cet élan est un élan généreux? Il se prépare donc une souscription et ce n'est pas dans la poche des travailleurs, des commerçants, des industriels, que les coloniaux à tous crins vont puiser les centaines de millions nécessaires à l'outillage du Congo. Voilà qui est vraiment nouveau et tout à fait magnifique. Qu'on nous permette d'applaudir. Nous demandons cependant un petit éclaircissement. Notre confrère parisien déclare que l'opinion publique est d'accord avec le gouvernement. Quand l'opinion publique s'est-elle jamais manifestée? Quand a-t-elle été consultée? De quel droit quelques-uns parlent-ils en son nom? L'opinion publique n'a, en réalité, que méfiance et indifférence — trop explicables — à l'égard du Congo.. L'exportation au Congo du cléricalisme le plus étroit, le plus violent et le plus vexatoire s'accentue de jour en jour, depuis la mort de Léopold II. Et depuis la disparition du roi, le déficit s'est produit et accentué avec la même intensité. Si cela enthousiasme les coloniaux anticléricaux, ils ne sont pas difficiles. Pour ceux qui sont congophiles sans être congolâtres, les mots à panache ne suffisent plus. Il faut des arguments, des chiffres, de bonnes et solides raisons désormais. Ils prétendent discuter librement, sans se laisser conduire par le bout du nez. Ils se contentent de hausser les épaules, en lisant les excitations systématiquement anti-allemandes et se disent que la France a des amis vraiment trop zélés, agaçants et maladroits. — —- Echos & Nouvelles Les ileetloni Uglilttlns Cédant aux instances de ses amis, M. Peten vient d'accepter d'être premier candidat à Hasselt ; M. Saroléa sera candidat suppléant. H. Hubert œéeanlent L'honorable ministre du travail a un caractère tout à fait particulier. Lors de ' la discussion des assurances sociales, ! mardi, il a essuyé trois échecs sans broncher. Pas un pli n'a ridé son visage olympien. Il fut beau et stoïque. i. Ne le vantons pas trop ; ce stoïcisme lui était plus aisé qu'à d"autreg, habitué, qu'il est, aux humiliations parlementai-j res. Mais jeudi, au Sénat, ce calme l'a abandonné soudain... 1 Un père conscrit, ayant déclaré que les lois sociales ne pouvaient servir de - rançon à la loi scolaire, on vit soudain la ministre du travail gesticuler et protester avec une violence rare. La droite, étonnée, le regarda se dé^ mener sans le seconder et M. Poullet, toujours maître d° lui, parut blâmer oette gesticulation intempestive. Quel noble exemple de distinction ministérielle ! cria-t-on à gauche, tandis que les curieux, des tribunes, approuvaient en souriant. Il est donc .démontré que M. Hubert, en bon sectaire( s'indigne quand on s'insurge contre l'idée de limiter le débat sur la loi Poullet... S'il a perdu l'amour-propre il a plus que jamais l'amour de renseignement confessionnel. % flrèïe i'amfur Les suffragettes, décidément, n'hési tent devant rien pour obtenir satisfac tion. Les suffragettes américaines, elles, ont trouvé mieux que leurs sœurs anglaises, elles veulent faire la grève de l'amour. C'est mistress Havelock-Ellis, une mi litante notoire de New-York, qui a émis cette proposition, à un thé donné en son honneur au quartier général des sociétés pour le suffrage des femmes. — Mieux vaut briser des cœurs que des fenêtres, dit mistress Havelock-Ellis. Si les femmes refusaient de faire la cuisine ou la lessive pour leurs maris, et si elles refusaient de les embrasser ou de les regarder, je crois qu'elles ne tarderaient pas à obtenir le droit de vote. En Cornouailles, mon pays natal, j'ai 'demandé une1 fois à un vieux fermier ce qu'il pensait de ce projet. Il m'a répondu;: "Charmant! Les femmes obtiendraient le droit de vote dans l'espace de quinz© jours." Eh! Eh! les vieux fermiers du pays de Cornouailles tout de même! Mais la proposition de mistress Havelock-Ellis risque fort de n'avoir pas grand succès... auprès des suffragettes. ■ Billet bruxellois 9 mai. • M. de Selliers de Moranville, le premier de nos gendarmes, devient chef de l'état-major général de l'armée. C'est un catholique bon teint et il ne 'manque pas da valelur, affirment ses amis. Nous nous plaisons à le croire, bien que M. de Selliers de Moranville se soit distingué davantage, jusqu'ici,' par ses circulaires cléricales que par des exploits sur les champs de manœuvres. Mais comme on possède un excellent organisateur en la personne du baron dé Ryckel — qui malheureusement ne sait pas monter" à cheval — on tenait à avoir un homme à poigne, avant tout, ne fût-ce que pour mettre le holà à certaines velléités de trop grande indépendance.N'importe, ouellc belle image du régime: M, de Broqueville à la tête de l'armée a.vec 'l'archevêque de Malines comme coadjuteur et un gendarme fanatique comme chef d'état-major. Enfin, onl peut s'attendre à ce: que l'armée soit dressée, de la même façon que les enfants sont "dressés"' dans les écoles, et les électeurs "dressés" dans les mutualités. Ce dressage général devient bien intéressant. ©©© A la ,prochaine soirée aristocratique, un valet pourra donc annoncer: — M. le comte Woeste... La- marotte du vieux ministre d'Etat vient enfin d'être satisfaite. Ce désir d'anoblissement le tourmentait depuis de longues années, et les méchantes langues racontent qu'un refus opposé par le gouvernement Schoiîlaert-Helleputte n'aurait pas été étranger à l'attitude indépendante qu'il prit en 1911. Tout au moins, c'est ce que les amis de M. Helleputte insinuent. Inutile de dire que nous n'en croyons pas un mot. Enfin, si cela peut faire son bonheur, à l'Eminence Verte, d'être comte au même titre que M. Simonis est vicomte et MM. X..., Y..., Z... barons de finance ou de politique, tant mieux ! Mais dire que M. Delbeke est baron depuis deux ou trois ans déjà! Et dire que M. de Crack et M. de la Trouille sont comtes et marquis depuis des siècles lointains où leurs dignes aïeux guettaient les marchands aux coins des bois... C'est flatteur pour "l'aristocratie" que la suprême ambition d'une vie de travail soit d'être admise dans ses rangs dédaigneux. Mais oe n'est guère flatteur pour M. Woeste d'avoir eu cette faiblesse. M. Woeste était bien plus grand hier. Il ' dominait de toute sa stature trente années de notre vie publique. Il était redoutable; il était l'homme néfaste. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un homme oui a eu la fantaisie — un peu sénile — d'être comte. N'importe, les saucissonniers d'Alost vont être bien fiers d'avoir un comte. ©©© Vernissage du salon, hier. Ouverture solennelle, à grand tralala, aujourd'hui. Le Roi, .la Reine, îles dignitaires, les car rosses, les ministres, les chamarrures, les décorations, les tapis, l'orchestre des grands jours. Le Roi et la Reine ont cru devoir cela. encore, aux artistes, qui ne peuvent vraiment pas se plaindre de la famille royale. On ne voit au Salon, que bustes et portraits du Roi, bustes et portraits de la Reine, bustes et portraits des princes, de la princesse. C'est à croire que tous les peintres et les sculpteurs de Belgique ont passé leur hiver dans les salons royaux... Par ces temps de crise, où les artistes sont les premiers atteints, ils ont dû trouver les modèles particulièrement intéressants. C'est pourquoi ils y ont déployé du tarent, — et un talent cette année assez rare —, sans doute. A part le prince Léopold, de Knopff, autour duquel on discute déjà beaucoup, les tètes et les bustes de nos princes ont valu à leurs auteurs d'unanimes louanges. On ne peut en dire autant des trois quarts de» œuvres exposées. La première impression est franchement mauvaise1, et même tout à fait décevante. Il n'y a point progrès et même les pins qualifiés prétendent qu'il y a recul. Remarqué1 des Claus, des Frédéric, cfes Laermans — Laermans dont le cas est particulièrement intéressant car, ayant dû subir une opération aux yeux, il est devenu presbyte alors qu'hier il était myope, d'e sorte que sa vision s'est complèteriient modifiée — ; deux beaux portraits de femme par Swyncop et un autre portrait par Pinot ; un intéressant Verhaeren, par Mon-tald. Les Gantois ont eu également du succès: j'y reviendrai. Mais l'abstention de Baertsoen a été très remarquée. Rien vu non plus de De Br.uydker qu'on attendait avec curiosité. Un prince Léopold en piedl ,par Paul Du Bois attirait les regards : de la vie, du naturel^ de la souplesse, une distinction étonnante. Le buste de la Reine par Rousseau a toutes les qualités de grâce, de-noblesse qu'on trouve dans toutes les œuvres de ce beau statuaire. Des nus de Gouweloos et de Colin ont provoqué la sévérité de nos officiels les plus prudes. L'archevêque ne sera pas content Pour le reste, beaucoun d'oeuvres bizarres, tourmentées. A certains moments, on se croirait là la "Zwans-Exhibition "• au joyeux salotn humoristique que nos confrères bruxellois ouvrent lund!i à la Madeleine et que je vous recommande : ça ne donne pas mal à la tête et c'est amusant. ' La barbarie volontaire —*— Il ne faudrait sans doute pas trop se dépêcher de voir là un argument contre le dogme optimiste du progrès indéfini en faveur de la terrible hypothèse nietzschéenne de "l'éternei retour", mais il semble que rien ne soit plus près de la barbarie que certaines formes extrêmes de la civilisation. Dans tous les cas, on constate souvent chez les "très civilisés" une sorte de nostalgie de la barbarie. De là la vogue d'un art élémentaire et primitif dans des milieux ultra-raffinés, surtout quand les raffinements trop récents n'ont pas pour contre-poids cette sagesse un peu timide, un peu grise que donne l'habitude de la civilisation ; de là la vogue d'un poète comme Walt Withmann, d'un peintre comme Gauguin, comme Cézanne ou comme Van Gogh. Pour bien comprendre ce phénomène psychologique, assez fréquent de nos jours, il faut l'examiner dans des cas particuliers. Un des plus caractéristiques est celui d'Isabelle Eberhardt, dont on a publié, il y a quelques années, les notes (Te route et Dans l'Ombre chaude de l'Islam, impressions algériennes qui enchantèrent les lettrés, précisément parce qu'on y trouvait fort peu de littérature, mais des sensations vives, étonnamment sincères et directes, de merveilleux documents sur la psychologie indigène et sur le paysage algérien. Puisqu'elle les avait prises, ces notes, il est évident qu'Isabelle Eberhardt était, tout de même, quelque peu femme de lettres. Elle les avait prises pour en tirer quelque chose. Or, le peu qu'elle en a tiré a un peu déçu ceux-là mêmes oui avaient le plus admiré ses notes. M. Vigné d'Octon vient de publier (chez Figuière, à Paris) son œuvre la plus importante restée jus-au'ici inédite, Mektoub!... C'était écrit!... Cela ne dépasse pas le mérite d'une honnête nouvelle pour magazine. Mais en guise de préface, — une préface qui dépasse l'importance de l'ouvrage. — il raconte la vie de l'auteur. et c'est, de beaucoup, ce qu'il y a de plus intéressant et... de plus artiste. On la connaissait en gros, cette vie, et l'étrange personnage de cette femme qui, pendant quelques années, parcourut toute l'Algérie, habillée en hom-1 ine, vivant de la vie indigène, courant les aventures les plus singulières, et finissant par épouser un spahi pour ' échapper à un arrêté d'expulsion, d'ailleurs complètement imbécile. Seulement, dans cette étrange biographie, y beaucoup d'inexactitudes s'étaient glissées ; des journalistes avaient voulu embellir, certaines gens avaient peut-être intérêt à calomnier. M. Vigné d'Octon, qui s'est, en quelque sorte, constitué le chevalier de la pauvre Isabelle a mis une admirable piété à rétablir la vérité. ( Isabelle Eberhardt était la fille naturelle d'une grande dame russe, la baronne Nathalie d'Eberhardt, qui, brusquement, après avoir vécu à Saint-Pétersbourg et à Moscou de la vie la plus brillante, quitta son mari, le général de Moerder, et le monde, pour aller vivre à Genève avec un réfugié politique, qui fut le père d'Isabelle. Elle fut doDC élevée dans un milieu cosmopolite à la fois très libre, très avancé, très cultivé, par un oncle, un être chimérique, paradoxal et délicieux comme on n'en voit que dang les romans russes, Alexandre Trophimowsky. A dix-huit ans, elle avait tout lu; c'était une de ces fleurs de civilisation infiniment délicates, comme on n'en voit que dans les milieux cosmopolites, une Marie Bashkirtseff, irrégulière et un peu anarchiste. La santé de Mme d'Eberhardt exigeant le Midi, on se rend à Bône, et c'est là que, brusquement, se fait l'illumination : le paysage, les mœurs arabes, tout enchante les deux femmes. Mme d'Eberhardt prétend retrouver, dans ses origines lointaines, l'explication de la séduction que l'Islam exerce sur elle. Elle se souvient qu'elle est de famille musulmane. Quant à Isabelle, elle étudie l'arabe et la religion arabe avec la fougue, la fièvre qu'elle a mises à toutes choses. Elle devient si savante qu'elle peut se faire recevoir dans une confrérie. Mais tous les soins sont inutiles ; Mme d'Eberha,rdt meurt. Voilà la jeune fille maîtresse de sa petite fortune. Mais elle a, au sujet de l'argent, les conceptions d'une Eusse, d'une anarchiste et d'une musulmane: il est pour elle inintéressant. Elle confie son avoir au premier venu, sans lui demander aucune garantie. Elle est naturellement tombée sur un escroc qui lui enlève tout. Sans ressources, elle songe alors à demander sa subsistance à la littérature : elle veut écrire des nouvelles, des articles, des traductions. Mais cela donne peu. On la voit à Paris, dans le monde des petites revues, de la Revue blanche. Puis elle disparaît. C'est qu'elle est retournée en Algérie parmi ses chers indigènes. Je ne la suivrai pas dans son odyssée africaine que M. Vigné d'Octon conte par le menu. ftTictime< dl'une tentative d'assassinat de la part d'un fanatique, elle n'échappa que par miracle. Expulsée par des fonctionnaires maladroits, qui ne comprenaient pas cette vie étrange, elle imagine, pour avoir le droit de continuer à vivre la vie qu'elle s'était choisie, d'épouser un sous-officier indigène naturalisé français. Elle vécut quelques années avec lui et, pour terminer par un dernier paradoxe sa vie singulière, trouva moyen de se noyer dans le désert : elle périt dans l'inondation d'Aïn-Sefra. La singularité de cette biographie suffirait seule à ce qu'elle méritât d'être racontée. Mais ce qui fait le véritable intérêt d'une personne étrange, çe sont les documents psychologiques qu'elle nous apporte sur ces âmes très civilisées qui sont prises un jour de la nostalgie de tout ce qui n'est point civilisé. Cette Isabelle Eberhardt avait connu toutes les variétés de la sensibilité européenne. Ayant épuisé plusieurs cultures, elle avait vu ce qu'elles ont, dans le fond, d'identique et de restreint. Dans toute sa< vie et dans les quelques pages où elle a laissé transparaître un peu de sa sensibilité, ce qu'on trouve d'abord, c'est une immense lassitude de toutes les contraintes, de toutes les conventions sur lesquelles repose notre vie sociale. Cette vie sociale, il semble qu'elle l'ait épuisée avant d'avoir commencé à la vivre. Il n'y a plus qu'une chose qui compte pour elle : c'est ce qui est neuf, brut, essentiel comme l'instinct. Tout l'effort de cette Européenne tend à renoncer à l'Europe; tout l'idéal de cette civilisée, c'est de retourner à la barbarie. Elle est Eusse, il est vrai, elle appartient 4 ce peuple magnifiquement tragique, où l'on est toujours à la veille d'un crime ou d'un acte d'héroïsme ou d'abnégation. Mais son cas dépasse l'intérêt d'un cas de psychologie nationale. Il présente sous sa forme la plus aiguë une crise de la civilisation : le retour vers la barbarie volontaire. L. DUMONT.WILDEN. NOTES LITTERAIRES I « BALLADES ET CHANSONS » Sous ce titre, M. Maurice) D'Annema-rie vient de publier de très gracieux poèmes en prose. L'auteur n'^i pas de prétention : aussi bien il n'a pas ajouté à la Lyre une corde nouvelle. Il chante tout simplement l'amour, l'amour qui enivre l'âme et exalte tout l'être, et aussi l'amour qui blesse, torture, fait longuement souffrir. Cela a été dit et redit mille fois, m'objectera-t-on. Eh ! oui. Et cela sera redit mille fois encore, soyez-en sûrs, tant qu'il y aura des i hommes sur la terre, et qui aimeront. Le mérite de M. D'Annemarie n'est pap. dans l'originalité ni dans la puissance de l'inspiration : il est dans la fraîcheur, dans la sincérité, dans la naïveté juvénile dirai-je, du sentiment, dans la mélodie d'une phrftse, plus exactement de strophes doucement chantantes, où se perçoivent les battements presque réguliers du, rythme décasyllabique. «LA FAUSSE PRINCESSE» conta M. Henry Couannier est un aimable conteur, qui mérita d'être couronné par l'Académie française. Sa "Fausse prin- j cesse" fera les délices de tous ceux, pe- j tits et grands, — et ils sont encore nombreux, plus nombreux même qu'on ne se le figure, en oe siècle de positivisme —• de tous ceux qui aiment les vieilles his- j toires, les histoires du temps passé, du Bon Vieux Temps. La "Fausse princes- I se", c'est sobrement, mais pittoresque-ment narrée, l'odysséei d'une jolie et | pauvre paysanne qui par suite d'exceptionnelle® circonstances devient reine — et qui, aimée par le roi, son époux, adulée, comblée de toutes les humaines félicités, ne se sent néanmoins pas complè- i tement heureuse ; a.u milieu du luxe qui l'entoure et qui l'accable, la " Fausse princesse" est prise de regret et de' nos-talgie : c'est qu'elle comprend que "ni l'or ni la grandeur ne1 nous rendent heu- j reux". Oette gentille bluette, parue aux.édi- J tions d'art du "Croquis"(l), est un véritable bijou d'exécution typographique, | « CARNAVAL » pièce en trois actes C'est une féerie dramatique que nous donne soua ce titre symbolique de Carnaval un jeune (je 1© suppose) écrivain de talent, doué d'une imagination pimpante et d'une sensibilité délicate. Le "Carnaval" de M. Louis Hellen fait songer aux "Fêtes galantes" de Ver- j laine ; mais ce sont des "Fêtes galan- j tes" qui se terminent tragiquement. ; Dans un décor de rêve, au milieu d'un peuple de fous, évoluent les personna- j ges traditionnels, l'inconstant Arlequin, Pierrot, le poète amoureux de la Lune, Colombine, tête folle, mais qui rachète par une belle mort sa cruelle légèreté, Polichinelle, le philosophe sceptique, et j désabusé, — et Méphisto, le Diable, l'Esprit du Mal. Ces fous, qui se ruent au plaisir avec i l'ardeur frénétique d'êtres qui se savent éphémères, ces fous, qui, hélas! sont aussi des méchants, ces fous qui s'en! vrent de volupté et s0 complaisent dans les orgies des sens et la débauche, c'est le troupeau des pauvres humains ; Pier- ; rot, c'est le rêveur, le fervent idéaliste j qui ee repaît des généreuses chimères, le doux poète que meurtrissent et que tuent finalement les réalités, mais qui meurt heureux, l'âme pleine de sérénité, car il a connu le véritable Amour, l'immatériel Amour. Le "Carnaval" de M. Louis Hellen est une œuvre intéressante qui dénote de réelles qualités littéraires et dramati-aues.PAUL HENEN (1) 4 et 6, rue Bezout, Paris. Abonnements électoraux Le prix de l'abonnement électoral, à servir à partir tfe ce jour jusque fin Juin est fixé à DHIITiX: FRANCS Les personnes qui désirent jouir de i l'abonnement électoral ou en procurer le bénéfice à des tiers, sont priées de nous faire connaître l'adresse à laquelle le journal doit : être envoyé et d'y joindre DEUX J FRANCS en timbres-poste (de 10 ou de 25 centimes).

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