La Flandre libérale

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19 February 1914
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s.n. 1914, 19 February. La Flandre libérale. Seen on 23 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/dz02z13g07/
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LA FLANDRE LIBÉRALE I * - ABONNEMENTS 1 mois. 8 mois. » mol». 1 an. BELGIQUE 2 Fr. 2.00 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE s Fr. 3.75 9.00 18.00 36.00 On s'abonna au bureau du Journal et dans tous les bureaux d« poste RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE GAND, 3, RUE DU NOUVEAU BOIS, 3, GAND &30NNEMENTS ET ANNONCES : -• RÉDACTION » Téléphone 32 Téléphone 13 ANNONCES Pour la ville et les Flandres, s'adresser an bureau c2si Journal. — Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser à l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. Affaires congolaises , x La Chambre a terminé hier la discussion de l'interpellation sur le Congo. Cette discussion a été un peu confuse, mais instructive. On a perdu pas mal de temps à écouter les dénonciations de M. Brifaut, l'interminable et perfide discours de M. Van Cauwe-laert, exposant les griefs des missionnaires contre les fonctionnaires de l'Etat, la sotte amplification de M. Tibbaut, toute pleine de fanatisme enfantin. M. Renkin, qui est le chef de l'administration de la colonie, a senti sa responsabilité engagée. Il a compris que son honneur l'obligeait à rétablir la vérité contre tant d'accusations injustes. Il l'a fait avec fermeté, avec un talent incontestable et une réelle énergie. Il a été de taille à faire bonne justice du procès général de tendance que les serviteurs trop passionnés des prêtres ont tenté de faire cette fois à son administration. Qu'il soit en état de résister toujours à la pression des missionnaires, nous ne le croyons guère. Mais c'est M. Hymans, qui a, si l'on peut dire, tiré la morale de ce débat ; il l'a fait avec une sobre et énergique clarté. Nous le citons, d'après le Compte rendu analytique. Nous ne pourrions qu'affaiblir la force et l'autorité de sa parole : M. HYMANS. — Je tiens à faire remarquer que l'on n'a pas prononcé, _ à gauche, un seul mot d'hostilité aux missions. Celles-ci peuvent certainement faire beaucoup de bien. Mais je redoute qu'elles confondent la vraie moralisation . avec des conversions artificielles, _ appa;-i rentes ou intéressées. (Très bien! à : gauche. ) Il ne faudrait pas, en effet, confondre l'œuvre de moralisation avec certaines conversions de nègres, qui ne sont qu'un vernissage catholique, le mécanisme d'une foi sans âme. Je redoute, d'autre part, l'ambition des congrégations _ au Congo comme en Belgique. Les missionnaires | «nient incarner à eux seuls la vérité._ Us ont des prétentions qui m'inquiètent, et le monde catholique croit que les missionnaires doivent jouir au Congo d'âne situation privilégiée et se trouver an-dessus des lois. Or, il nous faut proclamer maintenant plus que jamais l'égalité devant la loi. Le missionnaire, comme les autres blancs, est faillible au Congo, où le climat, les conditions de la vie coloniale agissent fortement sur la psychologie et le tempérament de 1° Européen. Il faut que le magistrat soit convaincu qu'il peut à l'occasion rappeler sans crainte les missionnaires au respect de la loi. M. RENKIN. — C'est évident! M. HYMANS. — Oui, mais il ne faut pas alors que, dans des campagnes de presse et autres, on laisse croire que les missions catholiques doivent être intangibles.Dire que* la civilisation consiste à fabriquer le plus de catéchumènes possible, c'est émettre une idée absolument fausse. Le droit commun doit régner au Congo. M. VAN CAUWELAERT. — Vous in-, sinnez. Mais vous ne prouvez rien. M. HYMANS. — Mais non. Je ne vise personne. M. VANDERVELDE. — Seriez-vous atteint de la manie de la persécution, monsieur Van Cauwelaert? (On rit.) M. HYMANS. — Je rappelle simplement des principes sur lesquels nous de-Tons tous être d'accord. Je redoute aussi certaines tendances ® ce qui concerne le recrutement de l'administration. La "Gazette de Liège", en faisant l'éloge de M. Van Cauwelaert, — t c'est le rapprochement des Flamands et ! des Wallons, — écrivait hier que nous manquons de bons fonctionnaires. / La dite gazette entendait par la qu'il faut recruter de bons petits jeunes gens seraient les auxiliaires dévoués et i «i® obéissants' des religieux. , Je redoute qu'on en vienne ainsi à con-I fesioanaliser toute l'administration colo-' oiale. 1 . Nous ne savons quel est l'ordre du jour que votera la majorité de la Chambre. Cela importe peu. Son vote ne Pourra avoir d'autre valeur, que celle Que lui donne la considération dont elle jouit, et l'on sait si cette considération est mince. La conclusion du débat, pour tous ceux qui, en Belgique, mettent l'intérêt du pays au-dessus de celui des congrégations et de leurs petites passions, se trouve dans le discours de M. Hy-| ftans, puissant par la justesse et la Modération de sa thèse. La tâche que la Belgique a assumée I devant l'Europe, ce n'est pas de caté-| chiser l'Afrique, c'est de la civiliser et sont choses fort différentes. On Pourrait apprendre au noir à réciter \ des litanies et à faire des génuflexions, ! voire à ajouter foi aux miracles du catholicisme, sans le civiliser, en le laissant brute et ignorant comme il est. Il I est possible aussi de travailler à son progrès intellectuel et moral, sans en faire un enfant docile de l'Eglise catholique. Ce n'est pas au degré de l'or thodoxie d'un peuple qu'on peut juger de son degré de civilisation. Si même d'une manière générale, il est vrai que la diffusion du christianisme parmi les nègres soit un moyen de les rendre plus éclairés et meilleurs, absolument rien ne prouve qu'il est plus utile d'en faire des catholiques que des protestants, de n'importe quelle secte. Ce à quoi le Congo, la Belgique, l'Europe ont un intérêt évident et capital, c'est que les populations natives du Congo sortent de leur barbarie, subissent l'influence de la pensée, de la moralité européennes. En faire des catéchumènes dociles, ne peut intéresser que les prêtres et les moines. Il est un autre point que M. Hymans a indiqué avec raison et avec fonce. Ce que veulent les missionnaires et leur parti, c'est d'une part imposer le respect de leur puissance aux fonctionnaires qui sont au Congo, c'est aussi de fermer la porte du Congo, à tous ceux qui ne sont pas décidés à mettre avant tout© chose, le progrès de cette puissance et de ce prosélytisme. Or, c'est là une politique qui n'est" pas seulement mauvaise; elle est directement contraire à la Constitution belge, qui consacre la liberté de conscience, qui met sur le même rang le droit de toutes les religions et de toutes les philosophies, le droit du croyant et celui de l'hérétique. Consacrer des forces et des richesses à convertir l'Afrique noire au catholicisme, pour accroître la force de l'Eglise, ce peut être le but des missionnaires. Ce ne peut pas être celui de l'Etat. En deux mots, le but que la Belgique doit poursuivre au Congot M. Hymans l'a dit excellemment et l'on ne saurait trop le redire, c'est de. civiliser le Congo, non d'y fabriquer des cate- chumènes. _____ — Billet bruxellois —*— La séance d!ei la Chambre fut encore variée, intéressante, et les prises de bec de M. Renkin aveio son vieil ami Tibbaut eurent le caractère d'aménité qu'on devine. . Maisi enfin, il ri'y a rien de tait, iout est remis à demain... c'est-à-dire à aujourd'hui. On s'est donné une dernière nuit pour réfléchir. Le dompteur sera-t-il mangé par les fauves? Ou bien rugira-t-.il avec eux et fera-t-il le coup? L'Anglais qui suit le spectacle sera-t-il récompensé enfin, après une aussi longue attente ? Ou bien le dompteur préférera-t-il filer par une porte de fond!? Si cela n'avait que cet intérêt pour nous, nous serions fort à l'aise. _ Mais nous avons la faiblesse de ne considérer que les causes, et non point les hommes, les idées et non point les querelles personnelles. Ce n'est pas un homme qui peut-être succombera demain légalement, mais un principe. C'est beaucoup plu® grave. Car, jusqu'ici, on s'attachait à sauver la. face, au moins. Et pourtant, la droite votera l'ordre du jour Woeste... Alors?.., Alors, tant de choses se disent... que nous en reparlerons demain. *** Journée agitée, à Bruxelles : chute du Roi le matin, drame tout à fait parisien l'après-midi, grand débat à la Chambre...Voilà ce que c'est que d'être prudent: car le Roi est un cavalier prudent. Si étonnant que cela paraisse, c'est ainsi. Le Roi, en effet, est un automobiliste passionné de vitesse jusqu'à en être un peu cassel-cou. Du cent vingt-cinq ne l'effraie pas. Il a eu toujours la chance de n'avoir pas d'accident. De même, c'est un alpiniste téméraire qui se baladait fort bien au fond des précipices, au bout d'un câble, autrefois. La majesté l'empêche sans doute de renouveler aujourd'hui ces exploits. Et c'est unx"footiste" déterminé au point que naguère, par quelques degrés sous zéro, il se promenait en veston le long de la mer.. Jamais un pneu n'a éclaté mal à propos. Jamais un alpenstock ne s'est brisé à un moment inopportun. Et le simple gilet de flanelle a toujours suffi à cette constitution herculéenne pour vaincre messire Borée, même quand il souffle droit du nord1. Mais voilà une piemre au fond d'une allée. Le cheval, qui n'est pourtant pas une rosse, butte. Comme on allait tout doucement ©t que les rêneis flottaient, on n'a pas le temps de retenir et pan! Voilà 1'a.ccideint "bête"... Le supplice, c'est de devoir rester chez soi, de ne plus pouvoir bouger. Comment sortir encore, en effet? Toutes les braves petites mères de BruxeUes regarderaient le Roi avec compassion : — Och! God ten Heere, toulle même... voyez une fois comment ce qu'il est arrangea e !... Ça est d'aller à cheval, tenez...Et cela, vous savez, c'est drôle une fm« à. la. mrYn milli&mp Echos & Nouvelles Erratum Hier, nous avons cité quelques paroles de M. Malou, disant que " la Con-' ' stitution a parfaitement fait1 d'établir " que le mariage civil, au point de vue " de la loi civile, devait précéder le raa- riage religieux, que c'est là" la vérita-" ble formule de la liberté et la garan-" tie de tous les intérêts. " Une faute d'impression nous a fait dire que ces paroles ont été prononcées par M. Mal&u au Sénat, le 18 août 1882, C'est le 18 août 1 8 62 qu'il faut lire. La Isi scalaire li les amemUmints flamants Voici le texte de l'amendement présenté pat, le gouvernement en vue de la discussion en deuxième lecture de la loi scolaire: " Dans toutes les écoles communales, adoptées ou adoptables, la langue maternelle des enfants est la langue véhiculai-re aux divers degrés de l'enseignement. " Dans l'application de la règle ci-dessus, certains tempéraments pourront être autorisés selon les besoins des écoles, dans l'agglomération bruxelloise et dans les communes de la frontière linguistique. Ces tempéraments ne peuvent avoir pour effet de nuire à l'étude approfondie de la langue maternel/le. " Les arrêtés ministériels d'autorisation seront publiés au Moniteur. " La langue maternelle ou usuelle est déterminée par la déclaration du chef de famille. Si le chef d'école juge que l'enfant n'est pas apte à suivre, avec fruit, les cours dans la langue désignée par le chef de famille, un recours est ouvert à ce dernier auprès de l'inspection. " L'inspection présente chaque année un rapport spécial sur l'application des dispositions ci-dessus." ### Les graatScs mssœuvres Les grandes manœuvres auront lieu du 31 août au 5 septembre, du lundi au samedi. Trois divisions d'arrnée- y prendront-part: la Ire (Gand), la 5me (Mons) et la 6me division (Bruxelles). Le 31 août, au début des manœuvres, la Ire division se trouvera au camp de Beverloo ; la 6me division et les compagnies universitaires seront au camp d'Ar-lon; la 5me division sera dans ses garnironsPins It eastlolôret ! Les cantinières ont véoui; 'elles dispa^-raissent, emportées par le grand vent de réorganisation qui souffle sur l'armée. Le ministre de la guerre vient, en effet, de signer un arrêté supprimant l'emploi. L'aslan dts llbérsmi liégeois ait eaaelia Après des pourparlers très longs et très laborieux, il est permis d'annoncer aujourd'hui eue l'union dea libéraux conservateurs et des libéraux progressistes liégeois est virtuellement conclue. A l'assemblée de oes derniers, dimanche passé, uni ordre du jour proposait la juxtaposition des listes. Les délégiuiés de l'Association libérale ont écrit qu"ils acceptaient cette proposition, quittes à discuter les modalités accessoires de cet accord. Comme les délégués progressistes avaient fait savoir déjà qu'ils étaient autorisés à chercher une entente sur ces questions de pure forme, on peut considérer l'union des libéraux comme conclue pour les prochaines élections législatives.La suee;ssl8B ds Léapold II Le ministre de la justice a déposé mardi sur le bureau de la Chambre un projet de loi approuvant les conventions conclues entre l'Etat belge et l'impératrice du Mexique ainsi qu'entre l'Etat belge et les princesses Louise, Stéphanie et Clémentine de Belgique. L'objet de ce projet étant de nature juridique, la Chambre en a envoyé l'examen à une commission spéciale. Parties épIstepaWs Le© évêques sont partout les mêmes. Mgr Humbrecht, évêque de Poitiers, a fait paraître dans la "Croix" une lettre où il s'élève contre la liberté de la presse dont usent les... anticléricaux. Il travestit de façon scandaleuse lia morale et la conduite de tous ceux qui ne partagent pas sa foi. Voici les sentiments au'il leur prête: " Dieu est le mal. Les lois les plus jus-" tes sont une tyrannie, les pouvoirs une " erreur, l'obéissance un avilissement, " l'insurrection un devoir, la liberté des " autres une guitare, la grande institu-" tion du mariage un mal, l'adultère et " le divorce un retour vers les droits in-" descriptibles et l'indépendance inalié-" nable des époux, la famille un vain " mot, la justice une duperie, la proprié-" té un vol. Voilà, N. T. C. F., les so-" phismes qu'on enseigne couramment " dans les journaux inspirés par la secte. " Dès lors, quels sont leg devoirs des "catholiques? Ils devront rigoureuse- " ment s'abstenir de lire ces journaux, "de les soutenir, de les répandre, mais, par contre, ils devront s'intéresser à la " bonne presse pour l'établir, la propa-" ger et en multiplier la bienfaisante &c-" tion." . Ces diatribes Sont le procédé habituel de nos adversaires. Mgr. de Poitiers a-t-il donc oublié que le clergé français, en s'insurgeant par la violence contre la loi ordonnant l'inventaire des églises, a considéré comme tyrannique une loi tellement juste que son principe est appliqué en Belgique depuis nombre d'années, sans aucune opposition ? Les officiers ca-tholiaues n'ont-ils pas été excités à ne pas obéir à leur chef ? En Belgique, la guerre scolaire n'a-t-elle pas été une révolte oontre la loi ? Approuvée par les évêques, cette insurrection-là devenait-elle un devoir? Mgr Chollet n'a-t-il pas enseigné aux enfants qu'ils peuvent désobéir aux parents qui ne les envoient pas dans des écoles neutres? Cette désobéissance-là devenait-elle sacrée ? Les encycliques papales ne jettent-elles pas l'ana-thème sur "la liberté des autres" ? Et n'est-ce pas une abomination de prétendre que la presse qui n'est pas cléricale défend au sujet du mariage et de la famille des sophismes contre lesquels Mgr Humbrecht proteste avec une trop gran-i de violence pour ne pas en deviner les ; intentions électorales? j Voilà cependant le langage odieux que ! les instituteurs congréganistes continue-j ront à tenir dans notre pays — aux frais de l'Etat! Ingénieuse traduction. . A l'étalage d'un magasin hollandais figure une petite statuette en plâtre, représentant un gamin4 coiffé d'une casquette énorme qui lui letombe sur les yeux, et chaussé de bottines qui lui viennent jusqu'aux hanches. Il a dans la bouche une formidable pipe allemande, qu'il semble^fumer avec délices. Le piédestal : porte l'inscription : « Comme napa ». Ce j que le boutiquier a cru pouvoir « tradui-ie » comme suit : « Kom, papa ! » (Viens, papa). One parodie de Saphsele La parodie, on le sait, est la consécration définitive d'une œuvre géniale. Cela vrai surtout d-ans le -domaine littéraire. Il y a des parodies célèbres : " les Heures graves ", par exemple, ahurissante déformation des "Burgraves" de Victor Hugo, et "Cyrannez de Blairgerac", caricature du fameux "Cyrano" de Rostand. Mais voici que les classiques grecs eux-mêmes — ce siècle est sans pitié! — sont victimes de cette espèce d'apothéose à rebours. Vingt-deux siècles après sa mort, l'illustre tragique Sophocle se voit parodié sur une scène de music-hall, ô profanation! On joue actuellement, à Amsterdam, une grosse bouffonnerie, qui a pour titre "Koning O! die Poes ! " ( Oh ! ce chat ! — parodie du fameux " Roi Œdipe ", " Œdipous " en grec et... en néerlandais). Et le comble, c'est qu'au dernier acte de cette pièce sacrilège les auteurs exécutent une danse que l'affiche appelle " le tango thébain ". Les dieux s'en vont... La pèlerine écossaise On sait que c'est là le titre d'une spirituelle comédie de Sacha Guitry qui se joue en ce moment à Paris avec un grand succès. Sous ses allures ultrafantaisistes, elle cache un certain fond sérieux qui prête à la méditation. En résumé, c'est l'histoire de deux vieux "jeunes époux" : il y a six ans qu'ils sont mariés, et ils s'aiment encore, sans doute, mais ont le tort de ne plus se le dire assez souvent. Ils ont pris, l'un vis-à-vis de l'autre, une attitude négligée. Monsieur est en bras de chemise, Madame se couvre les épaules d'une odieuse pèlerine écossaise, toute usée et sans grâce. Ils sont trop sûrs de leur droit de propriété mutuelle. Pour qui et pour quoi se gêner? Leur vie est faite. Leur histoire est finie. Ils peuvent impunément se laisser aller et du négligé tomber dans le débraillé. C'est ce qu'ils font du rçste, et ils reçoivent à leur foyer un ménage et des amis interlopes. Bien vite, Monsieur s'aperçoit qu'une de leurs invitées ne porte pas, elle, de pèlerine écossaise, et il lui fait une cour serrée, tandis que Madame, convoitée par un de leurs invités, remarque sans peine que celui-ci est plus galant, plus empressé et plus soigné dans sa mise que son mari. La catastrophe est imminente. Il s'en faut de peu que ces époux négligents n'aillent grossir, de part et d'autre, le lot des maris... trompés et des femmes abandonnées. Tout se répare, heureusement, tandis qu'il en est temps encore. Demeurés seuls, leurs invités congédiés, ils examinent froidement la situation et découvrent que la cause de tout le mal est cette damnée pèlerine écossaise,symbole parlant de la mollesse, du laisser-aller, de la négligence qui s'étaient introduits peu à peu dans leur ménage. Désormais, Madame sera plus élégante pour . son mari, et celui-ci sera plus préve nant pour sa femme. Et ils seront derechef parfaitement heureux, parce qu'ils se donneront la peine de l'être. La leçon est jolie et elle s'adresse à bien des maris et à bien des femmes de notre connaissance. Mais j'entends déjà ces dames protester: "Comment! Vous nous accusez de n'être pas assez élégantes ! ! Elle est forte, celle-là ! et vous prétendez que si nous l'étions davantage, cela ramènerait la paix, le bonheur et l'amour à notre foyer désolé? Pauvre chroniqueur ignorant et léger ! Que vous connaissez donc mal la vie ! Apprenez que c'est précisément notre élégance qui est la cause, ou du moins le prétexte de tous nos dissentiments (Conjugaux! C'est notre élégance que nos maris nous reprochent, parce qu'elle les inquiète, parce qu'elle leur coûte cher. Et vous voudriez que nous l'accentuions encore? Mais ce serait la fin de tout... et le divorce à brève échéance!..." De grâce, Mesdames, ne vous énervez pas et considérez, s'il vous plaît, que Sacha Guitry, tout comme Ibsen lui-même, est un symboliste, un symboliste amusant (il y en a!) mais un symboliste. Sa pèlerine écossaise est un symbole, vous ai-je dit. Il faut la prendre pour telle. Quand on vous parle d'élégance, ce n'est pas le luxe extérieur de la toilette que l'on vise, mais bien le luxe, plus riche et plus précieux, de l'esprit et de l'âme. Certes, un mari ne se plaindra jamais que sa femme soit trop bien parée, quand il aura le sentiment que c'est pour lui seul (allons! ne soyons pas trop exigeants, et disons: pour lui surtout „.) qu'elle se fait belle. Mais cela suffit-il? Eh non. Qu'importe une jolie robe, si celle qui l'habite n'a ni culture, m amabilité, ni rien de ce qui rend agréable la vie en commun? Une femme a le devoir impérieux, non seulement d'être toujours bien coiffée et bien habillée pour plaire à son seigneur^ et maître, mais aussi, mais surtout d'être capable d'entretenir avec lui une causerie qui l'intéresse et qui l'amuse. Trop de femmes s'absorbent dans les soins exclusifs du ménage, ou dans les superfluités des modes et des chiffons, ou datis les difficultés et démêlés ancillaires. Quand le mari rentre au logis, il faut qu'il y trouve la vraie compagne de son esprit, une associee, une égale sur tous les terrains. De même — car les devoirs conjugaux 'sont strictement réciproques — le mari » ne doit pas réserver pour son logis le trop plein de ses mauvaises humeurs et y apparaître sous les ^traits d'un grognard, sans cesse en quête de mauvais motifs de querelles. Lui aussi a l'obligation de faire un effort sur lui-même, de secouer, au seuil de sa maison, ses soucis, ses déceptions, ses rancunes, et de montrer bon visage aux siens qui l'attendent. La fermeté qui convient à son caractère d'époux et de père, peut et doit se nuancer de douceur et de tendresse. L'atmosphère de la famïïîe y gagnera en sérénité, en confiance mutuelle. Il y a des ménages où l'on respire toujours on ne sait quelle vague odeur de catastrophe. Malgré soi, on se surprend à chercher sous les meubles des débris de vaisselle. Si l'on y dîne, le maître et la maîtresse de maison sont parfaits pour leurs invités, mais on remarque qu'ils ne disent rien entre eux. Un désaccord latent pèse sur l'assemblée. Et peut-être n'est-il le résultat que d'un simple malentendu. Pris à l'origine, traité par le régime de la bonne humeur, de la confiance réciproque, il serait résolu en une cordiale et franche explication. Les malheureux l'ont laissé peu à peu s'envenimer et il est devenu incurable. Cette mauvaise volonté, cette aigreur, ce besoin de contredire, de chicaner, ces bouderies, ces longs mutis-mes, cette froideur, cette négligence, ce sans-façon dû à l'habitude de la cohabitation, ce manque d'empressement, de galanterie, de douceur, de tendresse, qui sévissent dans tant de familles, tout cela, c'est la "pèlerine écossaise", au tissu usé, miteux et graisseux, bonne pour le chiffonnier. Empressons-nous, si de quelque façon, symbolique ou non, nous nous en affublons dans le privé, de renoncer à ce vêtement négligé qui provoque — — ici c'est de 1' "effet" que l'on remonte à la cause... — toutes les négligences de l'esprit et du cœur. Ceux qui ont voyagé en Angleterre savent comment l'on y garde, dans les familles, un certain respect les uns poui les autres, comment les rapports des époux entre eux et avec leurs enfants conservent toujours une tenue parfaite. Eh bien, quoique l'Angleterre soil toute proche de l'Ecosse, les pèlerines écossaises à la Sacha Guitry n'ont pas droit de cité dans les familles anglaises. Le soir, au moment où tous leurs membres sont enfin réunis, chacun s'habille pour descendre à la salle à manger. Les dames se mettent en toilette de soirée. Les messieurs passent le smoking ou l'habit. Les Continentaux sourient de ce souci du décorum. Ils ont tort. C'est peut-être à cette cérémonieuse coutume que la ^ famille anglaise doit sa force de cohésion et. la belle splendeur de sa santé morale. Georges RENCY. — 41 Parsifal,, à Monte Carlo ♦. Ces deux termes ne jurent-ils pas de se trouver accolés l'un à l'autre? Un chef-d'œuvre du plus pur idéalisme dans l'antre même où sévit la passion du jeui la plus effrénée, n'est-ce pas un non-sens? Il ri'y a pas à dire: la sallei de spectacle est contiguë à celles où les croupiers ra^ffient l'argent à l'aide duquel de grosses subventions s'accordlent à M. Raoul Gunsbourg, directeur da l'Opéra, placé sous; le haut patronage de S A. S. le prince de Monaco. La promiscuité est indéniable, mais je me hâte d'ajouter qu'une fois installé dans l'amphithéâtre qui, en dépit de sa décoration très chargée, rappelle, en petit, celui du Festspielhaus de Bayreuth, on oublie totalement qu'à deux pas de là retentissent les mots fatidiques: "Faites le jeu, Messieurs.... Rien ne va plus!" J'avoue même que dès le prélude se sont renouvelées en moi les sensations de Bayreuth. Léon Jehin, notre compatriote, qui dirige depuis vingt-cinq ans l'orchestre du Casino de Monte-Carlo et qui assistait à la première de "Parsifal", en 1887, du vivant de Wagner, a soin d'attendre un certain temps pour attaquer le thème de la Cène, il observe les longs silences qui ponctuent les retours de ce thème et cela donne au début do l'œuvre une solennité pleine d'onction, un caractère de grandeur qui préparent excellemment l'a/uditeur. Et d'emblée on reste sous le charme d'un ensemble instrumental de premier ordre, de sonorité exquise, dant les éléments de choix concourent avec la plus complète intel-i ligence à l'expression incessamment variée du discours musical. Ah ! cet orchestre de Monte-Carlo, formé et conduit comme il l'est, par uni musicien dont la science s'avive au feu de l'enthousiasme, comme il se montre pénétré de la pensée wagnérienne, comme il en comprend toutes les nuances et en fait valoir les moindres intentions. Je l'ai écouté religieusement, cet orchestre, durant les trois actes sans oou-pures (oui, sans coupures, ri'est-ce) paa merveilleux, alorsi qu'on en fait à Paris et aiPeurs?) de "Parsifal", et je n'ai saisi aucune défaillance ; au contraire, je n'ai cessé d'admirer sa souplesse, son éclat, les beaux ensembles veloutés du quiatuor, la qualité supérieure des boia et des cuivres, une vaillance qui ne se dément pas un instant. Si l'orchestre interprète fidèlement la partition instrumentale, les chanteurs de leun côté rivalisent de talent et de zèle pour donner aux personnages du drame sacré le caractère traditionnel. M. Rousselière incarnel l'ingénu, le simple puir, de la façon la plus intéressante. Sa belle plastique, son expression naturelle, la simplicité de son jeu rythmé sur la musique, sa voix mâle et prenante, son chant très accentué en font un interprète absolu du rôle de Parsifal. A côté de lui, Mme Litvinne déploie des qualités de style qui mettent en grand relief le rôle de Kundry. Que ce soit dans les scènes mimées ou dans le long dUo d'u deuxième acte, elle a l'autorité qui s'impose en créant l'illusion.La séduction qu'elle doit exercer sur Parsifal emprunte les1 apparences fantastiques d'une déesse indous. Quant à Gurne-manz on n'en peut souhaiter de plus parfait que celui que personnifie M. Journet, de l'Opéra de Paris. Ce chanteur parait s'être assimilé la façon del s'exprimer des meilleurs interprètes wagnériens, tout en conservant les avantages d'une voix superbe. Et j'en dirai presqu'autant d!u Klingsor de M. Bourbon.JJai trouvé l'Amfortas da M. Ma-guenat, moins pitoyable que celui de notre Rouard, à Bruxelles, qui lui est certes supérieur. Quant à la mise en scène, elle est, à très peu de chose près, celle du théâtre de la Monnaie, pour l'excellente raison que l'on se conforme, à Monte Carlo, aux traditions de 401 innée — JeniH 19 Février 1914 QUOTIDIEN. - 10 CENT. g. 50 Jeudi 19 Février 1914

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