La Flandre libérale

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s.n. 1914, 21 July. La Flandre libérale. Seen on 28 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/cc0tq5t19z/
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40'Innée - Hardi 21 Juillet 1914 QUOTIDIEN. -10 CENT, H. 20' Hardi 21 Juillet 1914 LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENTS I molt. I moii. t naît. 1 BELGIQUE s Fr. 2.00 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE s Fr. 3.75 9.00 18.00 36.0© On «'«banni an bureau du Journal el dans tout les bureaux da posta RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE 6AND, l, RUE DU NOUVEAU BOIS, I, GANI AB8MNEMENTS ET ANNONCES ; Ij -- RÉDACTION — Téléphone 32 |j Téléphone 13 ANNONCES Pour la vîlle et les Flandres, s'adresser an bureau il Journal. — Pour îe reste du pays et l'étranger, s'adresser 1 l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. Le cléricalisme et la Belgique C'est le titre d'une série d'études sur l'histoire contemporaine de notre pays, commencées par M. Franz Foulon et dont les deux premiers fascicules, que nous avons sous les yeux, nous promettent une œuvre de grande valeur et de la plus incontestable utilité. Nous (vk>ï"ons bien! le c|léricalismiel sa dresser puissant devant nous, menaçant d'accaparer pour lui seul toutes les libertés, qui nous sont si chères. Mais comment a-t-il conquis cette force redoutable ? Les luttes incessantes que nous avon3 à soutenir chaque jourt pour refréner ses empiétements nous laissent à peine le loisir de nous occuper du passé. Et cependant, combien l'histoire de ses conquêtes est intéressante! Quelles le-jçons elle contient pour l'avenir! C'est cette histoire que M. Foulon nous retrace en s'aidant d'une documentation solide puisée aux sources les plus sûres. Le peuple belge est profondément religieux. Comme l'a dit M. Kurth : "Plus que la liberté, le Belge a aimé la foi C'est le sentiment que le parti clérical a toujours exploité à son profit. Nationaliste, il ne l'est pas en Belgique ; il est purement confessionnel. Toujours on l'y a vu subordonner l'intérêt de la nationalité à celui de la religion. Chaque fois qu'un conflit a pu se produire entre les deux principes, il a sacrifié le principe de l'unité nationale à celui de l'unité religieuse. Ainsi, lorsque Joseph II forma le plan d'abolir une foule de privilèges qui accablaient le peuple, mais dont le clergé était le détenteur le plus favorisé, d'accorder le droit de cité aux juifs et aux protestants et de rendre les fonctions publiques accessibles également à tous, le clergé cria à la tyrannie et ameuta le peuple contre ses réformes. M. Foulon reproduit les griefs formulés dans le manifeste du peuple brabançon. Ce ne sont que des (revendications du cléricalisme le plus étroit. En vain y chercherait-on une protestation contre un droit civil méconnu ; c'est la violation des droits de l'Eglise qu'il dénonce, c'est l'intérêt de l'Eglisa qu'il défend contre le sien propre que le souverain philosophe avait à cœur. Pourquoi le clergé s'est-il associé à la Révolution de 18301 Ce n'est pas par amour de la patrie, mais bien parce que bous le régime hollandais il ne se trouvait pas assez maître. Il accepta les libertés constitutionnelles pour se soustraire à un régime dont la suprématie de l'Etat sur l'Eglise était le principe. Mais, comme le dit Renan : "Les partis religieux ne se croient libres que lorsqu'ils dominent". La liberté religieuse implique nécessairement la subordination de la loi civile à la loi divine. Tout ce qui n'est pas conforme à la foi catholique ne peut être toléré. La liberté des cultes devient ainsi, dans la conception j catholique, la toléranoe de l'erreur ; la liberté de la presse, le droit de corrompre l'esprit des populations, tandis que la liberté d'enseignement est pour l'Eglise le droit d'enseigner les théories les plus contraires aux principes de notre nationalité, sans qu'on puisse y mettre aucune entrave. Comme le fait remarquer M. Foulon, il n'y a qu'en Belgique qu'on puisse ensei-I gner sans donner aucune garantie de ca-: Pacité ou de moralité. Mais l'Etat, d'après la Constitution, a son enseigne-I "lent public qui doit servir de régulateur à l'enseignement privé et inculquer avec les connaissances usuelles, le patriotisme. " Jamais, a dit Guizot, un changement, une amélioration considérable dans le système de l'éducation nationale n'a eté l'œuvre de l'industrie particulière. Il y faut un détachement de tout intérêt personnel, une élévation de vues, un ensemble, une permanence d'action qu'elle ne saurait atteindre. " C'est pour cela qu'un enseignement publie est nécessaire. C'est à supprimer cet enseignement civique et national que tendent depuis 1884 | tous les efforts du parti catholique pour le remplacer par un enseignement confessionnel favorable à ses intérêts. Par la loi de 1842 il s'était installé en maître dans l'enseignement public pri ®>aire, mais les écoles étaient encore celles des communes ; c'était une gêne. Et puis il y avait des communes qui tenaient à rester maîtresses de leur enseignement et ne se laissaient pas déborder. Aussi jugea-t-il qu'il valait mieux encore faire payer par l'Etat l'enseignement clérical, | conforme aux intérêts de l'Eglise, de détruire l'instruction publique, de manière à conserver le monopole de l'instruction populaire. C'est la tendance de la dernière loi scolaire. Ce qui ressort des études de M. Franz Foulon, c'est que le parti clérical ne s'est à aucune époque laissé distraire de son but, qui est de dominer. Il l'a caché chaque fois que la prudence le lui a conseillé, mais il n'y a jamais renoncé, et il n'y renoncera jamais parce que son chef, le Pape, a dit que dans les choses de Dieu il fallait subordonner et non préférer la volonté royale à celle des prêtres du Christ. G. t Echos & Nouvelles Le Bol et las vétérans de 1870 Dimanche matin, à 11 heures, dans le parc de Bruxelles, sous un clair soleil, le Roi a passé en revue les sociétés belges des vétérans ayant pris part à la mobilisation de 1870-1871. M. Schoutteten, président fédéral, lui a remis une plaquette en le remerciant d'avoir créé pour les vétérans une médaille commémorative. Il dit que le courage et la bravoure des soldats belges de 1870-71 furent mis, avec succès, à l'épreuve, car ils répondirent sans faiblesse aux ordres de mobilisation et se montrèrent prêts à accepter sans broncher les plus rudes éventualités. Les affres et les incertitudes de la préparation de la guerre sont égales et plus pénibles peut-être que le mortel danger du combat. " Le rôle du soldat belge en 1870-71, ainsi que l a dit le général Chazal, fut au-dessus de toutes critiques. En ce temps-là, continua M. Schoutteten, les enfants du peuple seuls accomplissaient le devoir militaire et, _ après les lourdes épreuves de la mobilisation, beaucoup d'entre eux, en rentrant au foyer, y trouvèrent la misère et la désolation. Le souvenir de ces rudes journées a, rassemblé les anciens soldats en une fédération dont est exclue toute question politique, religieuse ou linguistique. Elle n'a pas cl'auj tre idéal que le bonheur et la prospérité de la Belgique par l'union féconde de tous les enfants du pays." Le Roi remercia alors: "Je suis profondément touché, difc-ilei> ^'adressant à tous, Tîés paroles que vient de m'adres-ser votre président. Il m'est extrêmement agréable de recevoir de vous un souvenir précieux de cette belle solennite. Je vous remercie et je vous félicite d'être venus si nombreux attester les sentiments de loyalisme que vous avez acquis à l'école du devoir qu'est l'armée." Puis, aux cris de "Vive le Roi ! ', tous les vieux braves défilèrent devant le souverain, qui rentra aussitôt après au Palais. La province de Hainaut contre l'Etal Le conseil provincial du Hainaut a, dans sa dernière séance, décidé à l'unanimité la constitution d'un comité de juristes, choisis dans son sein et en dehors de l'assemblée, chargé d'examiner la possibilité d'engager un procès contre 1 Etat pour l'astreindre à payer à la province de Hainaut les subsides ordinaires et extraordinaires qui lui sont dus, suivant engagements pris, pour l'école des mines et faculté polytechnique, pour 1 Université du travail et l'école industrielle supérieure de Charleroi, pour le musée proviil- vial et divers cours professionnels.^ ### Faute d'un point... Monsieur le directeur de la "Flandre libérale", Je lis dans la "Flandre" d'hier, que à Yillers-la-Ville, c'est bien faute d'un point, ou faute d'un poil, Martin perdit son âne. . D'après une légende que ] ai recueillie à Viliers la Ville, c'est bien faut d'un "point" qu'il faut dire, et voici pourquoi : C'était pendant un hiver très rigoureux, le directeur de l'abbaye de Viliers, voulant venir en aide aux malheureux voyageurs qui passaient le long du couvent, donna ordre à son secrétaire, le moine "Martin", de mettre au-dessus de la porte de l'établissement l'inscription suivante : Porta patens esto. (Que la porte soit ouverte à tous). Nulli clodator honesto. (Qu'elle ne soit fermée à aucun honnête homme). Or, le bon père Martin voulant jouer un mauvais tour à son directeur, inscrivit : Porta patens esto nulli. Clodator honesto.Il mit le point après nulli, et voici le sens complètement changé : Que la porte ne soit ouverte à personne. — Qu'elle soit fermée à tout honnête homme. Le directeur furieux d'avoir été joué par son secrétaire Martin, le chassa du couvent et sur sa feuille l'expulsion il inscrivit : Faute d'un point Martin perdit son âme. Voulant informer les habitants de Viliers du fait il fit inscrire la même chose à la craie sur la porte du couvent. Mais l'écrivain mit la première jambe de m trop près de l'a et on lut : âne au lieu de âme. Les habitants dirent donc : Faute d'un point Martin perdit son âne. Un abonn'é. j Un descendant de marie-Louise La presse viennoise a critiqué assez unanimement ces jours-ci, le prince de Montenuovo, grand chambellan de la Cour d'Autriche, lui reprochant, entre autres, d'avoir empêché les souverains et les princes étrangers d'assister aux funérailles de l'archiduc héritier et de la duchesse de Hohenberg. ■Or, d'après le protocole, si les souverains et les princes avaient pris part aux obsèques, le corps de la femme morganatique de l'archiduc n'aurait pas pu partager les honneurs rendus à la dépouille de son mari. D'où une séparation choquante, impossible dans les circonstances tragiques de leur mort. François-Joseph a: du reste rendu justice à son chambellan dans une lettre dont les journaux ont parlé. Il est curieux de noter que le prince de Montenuovo, gardien si rigide de l'étiquette, est issu lui aussi d'un mariage morganatique, celui de Marie-Louise, veuve de Napoléon, aveo le comte de Neippeirg. Le nom de Montenuovo n'est en effet, que la traduction italienne de Neipperg, une corruption de N e u b e r g, nouvelle montagne. La sensibilité ft distance chez les plantes Un naturaliste américain, S'. Léonard Bastin, publie, dans le "Scientifie American", les résultats d'une suite d'expériences intéressantes, qui prouvent l'existence d'une faculté des plantes de reconnaître la présence d'objets qui ne sont pas en contact avec elles et de régler leurs mouvements sur un but donné. Il est notoire qu'une plante Carnivore attrape des mouches. Les feuilles de cette plante sont pourvues de tentacules très sensible®, qui agrippent leur proie. La feuille de cette plante -est douée d'une autre faculté plus extraordinaire. Si l'on présente à une distance de plus d'un centimètre une mouche à une de ces feuilles, on voit la feuille se tendre vers la proie, les tentacules ont bientôt fait d'enlacer la victime. La mouche se débat un instant sous l'étreinte mortelle, puis succombe. Nous nous trouvons donc ici devant le fait d'une plante qui non seulement saisit la proie mise fortuitement en contact avec elle, mais qui s'étire pour atteindre sa victime et s'en empare comme le ferait le chasseur d'une pièce de gibier. Beaucoup de plantes sont absolument sans scrupule. Incapables de se nourrir elles-mêmes, elles cherchent une plante plus active. Certaines parasites n'ont ni racines, ni feuilles ©t sucent las sucs d'une plante sur laquelle elles se fixent. Un de ces parasites, pourvu de tentacules soyeux, germe et se développe sous l'herbe. Il est d'importance vitale pour la jeune pousse de trouver le pli^s vite possible une plante qui la soutienne et la nourrisse. Un trèfle se trouve-t-il près d'elle, elle hâte sa croissance pour l'atteindre, l'entoure de ses fibres délicates { qui se muUiplient rapidement et emprun- Stent à la plante de trèfle la substance nutritive dont le parasite a besoin pour i vivre. 1 Co'mme preuve encore de la sensibilité ; à distance des plantes, le professeur Bastin cite le cas souvent observé des plantes de pois. Si à côté de la jeune pousse, mais à une distance de cinq centimètres, | on fixe dans le sol un tuteur, on pourra remarquer après peu d'heures un fait surprenant. La jeune plante qui jusqu'ici poussait tout droit se courbe peu à peu vers le bâton. Et dès qu'elle l'a atteint, elle s'y appuie et ses pousses s'enroulent autour du soutien. U est difficile de ne pas admettre ici, écrit le professeur Bastin, que la plante savait, s'il est permis de se servir de cette expression, que le tuteur était là, et à une distance telle qu'il lui était possible de l'atteindre. Humour américain L'humour, cette tournure d'esprit particulière à la race anglo-saxonne, est parfois assez irrévérencieux et l'humoriste passe volontiers sur le respect pour placer une de ses joyeuses ironies. La "Pensée" en rapporte un amusant exemple d'après le "Freidenker" de Mil-waukee.Dans une petite localité du Nebraska, encore dépourvue de journaux, les avis relatifs à la communauté des fidèles sont affichés à la porte de l'église, où on pouvait lire dernièrement : " Le frère Nelson est parti à cinq heures pour le ciel. " Le lendemain, une main irrespectueuse avait ajouté : " Paradis, 8 h. 30. — Grave inquiétude ici : le frère Nelson n'est pas encore ar-rive. ' *** Soyez bon pour, ete... L'Espagne n'est point — loin de là! — un pays barbare. On y mène tout comme chez nous, le bon combat contre l'œillère. Et Madrid a sa S. P. A. Elle est même sur le point d'en avoir deux. Une nouvelle société sera prochainement créée qui encouragera les bons cochers, gourmandera les brutes; et étendra sa sollicitude aux chats, aux chiens, aux mouches à qui nous faisons la guerre;.Mais voilà! Cette société voudrait bien "partir avec un petit capital". Elle organise donc avant de s'organiser un bénéfice, un spectacle populaire. Et naturellement, elle a choisi de donner... une magnifique course de taureaux ! L'esprit critique et le public Vous savez qu'aux temps très lointains où les fées avaient quelque part au gouvernement du monde, les rois étaient accoutumés de les inviter à un grand banquet chaque fois qu'il leur naissait un fils ou une fille. En manière de remer-ciment, les puissantes dames dotaient le nouveau-né de toutes les qualités imaginables. C'était charmant. Seulement, il arrivait parfois que l'on oubliait quelque vieille fée solitaire. Alors celle-ci, furieuse, arrivait au dernier moment, et donnait à l'enfant un gros défaut ou même une qualité apparente qui viciait tous les dons qu'on lui avait faits jusque-là. Si les fées existaient encore et que l'une d'elles voulût faire à un jeune Belge d'aujourd'hui un funeste présent, j'imagine qu'elle lui donnerait l'esprit critique. L'esprit critique est, en oe moment, horriblement mal porté dans notre pays. On l'appelle généralement débinage systématique, envie ou antipatriotisme. Si vous entendez quelque orateur s'écrier avec conviction : " La Belgique, petite à la vérité par son territoire, est un des premiers, sinon le premier pays ctu monde par sa population relative, son commerce, son industrie et ses arts et que vous murmuriez : " Oui, oui, c'est entendu, mais il vaut mieux le laisser dire par d'autres que de le proclamer nous-mêmes ", on vous regardera de travers et l'on vous parlera de la manie belge de débiner son pays ; si vous lisez dans quelque article : " Providentiellement placée entre la France et l'Allemagne, la Belgique réalise la synthèse de la culture latine et de la culture germanique; elle unit la grâce et la spontanéité françaises à la solidité allemande; elle est le point oentral de l'Europe, et sa destinée est de devenir le pivot du vieu.x monde", et que vous fassiez timidement remarquer qu'il n'est pas absolument démontré que la Belgique ait été fondée en 1830 pour devenir le oentre de l'univers : débinage; si, devant les grands travaux que l'on projette à Bruxelles, vous objectez que, malgré un développement très remarquable, Bruxelles n'est encore ni Paris, ni Londres, ni Berlin : débinage; si vous ne croyez pas ferme comme roc que nos peintres, nos musiciens, nos écrivains sont les plus géniaux de l'époque : débinage. Vous voilà classé : vous êtes un mauvais patriote, un envieux, un médiocre. Cependant, si vous avez un peu d'esprit critique et quelque sens du ridicule, vous aurez de la peine à admettre in globo toutes ces vérités patriotiques. Vous vous direz que le patriotisme n'est pas l'aveuglement, et que si le peuple belge a de grandes et nobles qualités, il n'a pas toutes les qualités. Mais vous aurez tort: il ne faut pas avoir l'esprit critique, et si vous êtes affligé, d'un sens trop aiguisé du ridicule, vous n'arriverez jamais à rien ". C'est une grande folie de vouloir être sage tout seul, dit La Rochefoucauld.Pourtant, ce ton de dithyrambe que, depuis quelque dix ans — pas davantage — on prend chez nous dès qu'il s'agit de la Belgique et des Belges ne laisse pas que d'avoir certains inconvénients. C'est que, quand on a pris du dithyrambe, on n'en saurait trop prendre. Lorsqu'on a loué des choses et des gens qui ne le méritaient guère, il faut bien louer au delà du raisonnable les choses et les gens qui méritent d'être loués raisonnablement. Dans la critique artistique et littéraire, oe ton de perpétuel enthousiasme finit par prendre aux yeux des spectateurs désintéressés un accent vraiment comique. Des critiques professionnels, il n'y en a que fort peu, mais tout le monde s'improvise critique. On fait de la critique d'abord pour faire plaisir aux amis qui vous le rendront bien un jour, puis pour embêter ses ennemis, enfin pour se faire des relations.Pour faire plaisir aux amis, le meilleur moyen, c'est de dire qu'ils ont du génie. Même si l'ami a assez d'esprit ou de modestie pour ne pas être enchanté de ce compliment en coup de poing, il sera bien forcé d'être reconnaissant au critique en considération de l'intention. Le critique aura donc atteint son but. Mais le public ?... Le public, cela n'a pas d'importance... Seulement, le public se venge en n'accordant plus aucune importance à la critiqua. Dame ! Comment voulez-vous qu'il s'y reconnaisse 1 Ces critiques-amateurs ont tellement haussé le ton que le langage modéré et raisonnable semble froid. Pour Maeterlinck, on l'a comparé à Gœthe, à Shakespeare, à Marc-Aurère, voire à Jésus-Christ. Si vous vous contentez de dire que c'est un essayiste fort intéressant, un excellent prosateur et parfois un grand poète, vous passerez pour un débineur envieux. Pour un Verhaeren, qui est simple, cordial, accueillant à ses jeunes confrères, et surtout qui est présent, on est un peu plus modéré, mais on se rattrape quand on parle en général. Alors, c'est le grand lyrisme. Bah ! d'ira-t-on, excellent procédé pour réveiller la torpeur du public. Croyez-vous? Le public s'y connaît beaucoup plus qu'on ne croit. Il demande à être renseigné, éclairé, conseillé, mais dès qu'il s'aperçoit qu'on s'est moqué de lui ou simplement qu'on l'a»trompé par intérêt, veulerie, il se fâche et ne veut plus rien entendre. C'est pourquoi la critique laudative qui paraît si agréable aux écrivains et aux artistes pris individuellement finit par leur rendre le plus mauvais service. En Belgique, un public — assez peu nombreux parce que la nation, dans son ensemble, manque encore d'instruction — mais un public fidèle, témoigne a l'art et à la littérature belges une admirable bonne volonté, — il suffit de voir la nombreuse assemblée qui assiste à chaque conférence des Amis de la littérature pour s'en convaincre. Qu'on prenne garde de le décourager en essayant de lui faire prendre des œuvres moyennes pour des chefs-d'œuvre et d'uniformes essais pour les manifestations remarquables d'un jeune et magnifique tempérament. L'abus de l'esprit critique est évidemment stérilisant, mais son absence est peut-être plus funeste encore. L. DUMONT.WILDEN. 5—• ••—? Notes littéraires -La République des Camarades» par Robert de Jouvenel w Un livre amusant, cruel, exact et qui fait réfléchir. Est-ce une description véri-dique du régime républicain ou n'en est-ce qu'une satire? C'est probablement les de'ux, une description nuancée d'ironie, relevée d'esprit satirique. Analysait il y a quelques mois, ici même, un article de M. Marcel Sembat, nous faisions observer qu'à l'heure actuelle tous les bons esprits, outre-Quié-vrain, à quelque parti qu'ils appartinssent, s'inquiétaient de rajeunir la République en lui infusant un sang nouveau, en la dotant d'institutions solides. La France souffre d'un excès de parlementarisme, disait M. Sembat : et le leader so cialiste de proposer d'énergiques remèdes à la prussienne, — nous les avons exposé3 en détail. Pour M. de Jouvenel, qui est, — notez-le bien — un républicain sincère, la République souffre d'un excès de camaraderie: et la description que nous trace du "régime" M. de Jouvenel explique et justifie la thérapeutique de M. Sembat. L'étude du député socialiste apparaît ainsi comme le complément logique et nécessaire du livre de M. de Jouvenel.Michelct appelait la République "une grande amitié". Aujourd'hui, dit M. de Jouvenel, elle "n'est plus qu'une grande camaraderie. Entre les hommes chargés de contrôler à un titre quelconque les affaires publiques, une intimité s'établit. Ce n'est ni de la sympathie, ni de l'estime, ni de la confiance : c'est proprement de la camaraderie, quelque chose, en somme, d'intermédiaire entre l'esprit de corps et la complicité ". Les "camarades", M. de Jouvenel a pu les étudier à loisir, les fréquentant journellement, connaissant à fond le théâtre et l'envers du théâtre où se joue la comédie républicaine, sachant comment se cuisine la pièce et comment se répartissent les rôles, ayant vu de près auteurs et acteurs, et ayant percé le mystère d'ailleurs peu opaque des coulisses. M. de Jouvenel affirme avoir fait une impartiale description de "ce que ses yeux ont vu" : il s'est borné à peindre et à analyser "1© cas normal" ; il a soigneusement évité "le cas monstrueux " et il n'a point voulu céder "à l'attrait du scandale". Son livre qui n'est point écrit "dans le ton des doctrinaires", est sérieux : sans doute l'auteur n'a pas insisté "sur la mélancolie du spectacle" ; mais il l'a fait à dessein : c'est qu'il estime qu'à notre époque, l'optimisme est un devoir. M. de Jouvenel, dans un chapitre liminaire, a pris la peine do s'expliquer sur ses intentions ; et il a présenté lui-même la synthèse de son livre : son projet, dit-il, peut-être trop ambitieux, est de guider le lecteur parmi les grandes institutions de l'Etat et de lui dire : " Vous avez assisté aux grands débats parlementaires, mais voici comment on les prépare. Vous vous êtes prononcé sur des programmes politiques, mais voici comment on les élabore. Vous avez lu des journaux, venez voir comment on les fait. Vous vous êtes émerveillé devant la solennité des audiences, accompagnez-nous dans la chambre du conseil. Vous avez vu passer des ministres dans la gloire des comices agricoles, contemplez-lea maintenant dans le secret de leur cabinet. " Projet ambitieux, dit l'auteur. Pas tant que cela cependant, car l'époque à laquelle nous vivons est sans mystère. Cela est si vrai qu'à lire M. de Jouvenel, nous avons l'illusion d'être en pays de parfaite connaissance : c'est que, en réalité, il n'a fait rien d'autre que de ramasser en un raccourci saisissant des choses que tout le monde sait déjà, soupçonne ou devine. Mais n'est-ce pas là précisément, le propre du talent que de composer une œuvre d'art aveo des éléments empruntés à la réalité et harmonieusement groupés? Pour un observateur superficiel, un ennemi de la France ou un clérical, le livre de M. de Jouvenel n'est qu'un réquisitoire d'une implacable ironie dirigée contre le "régime" et particulièrement contre le radicalisme : c'est une erreur, car si M. de Jouvenel a critiqué les institutions républicaines actuelles — d'accord en cela d'ailleurs a,vec un Sembat, — il a nettement indiqué que sa patrie, malgré tout, a conservé le culte traditionnel des grandes vertus oui font encore sa gloire et sa force. Quoi qu'on en ait dit, M. de Jouvenel a fait la œuvre de patriote éclairé et de bon républicain : et on peut affirmer qu'un pays où de pareils livres, aussi courageux et aussi sincères, voient le jour n'est pas précisément encore sur la voie de la décadence. Sans doute, M. de Jouvenel dénonce avec l'esprit le plus fin les maux du parlementarisme ; il déplore la faiblesse des ministres et l'omnipotence des bureaux ; il regrette l'intrusion de la politique dans la magistrature et il se plaint de la servilité de la presse : mais ces plaies dépeintes avec un art si sobre et une ironie si attique, ces plaies sont-elles propres à lai France? Sont-elles, comme d'aucuns — des cléricaux, faut-il le dire? — l'ont prétendu, la caractéristique du "régime" 1 Sont-elles la résultante du radicalisme? Et, par hasard, de ces plaies, ne souffrons-nous pas, nous aussi, autant et plus peut-être encore que les Français ? A la vérité, il ne faudrait pas changer grand' chose au livre de M. de Jouvenel pour que cette peinture mordante des institutions de la Franco actuelle devînt un tableau saisissant de nos institutions à nous, qu'a gangrenées le cléricalisme le plus délibérément sectaire, le plus odieusement fanatique. Prenons bien garde : avant de répandre des larmes do crocodile sur lai "pauvre France", ex-fille aînée de l'Eglise, il convient de nous demander si nous sommes, en conscience, nous, à l'abri de tout reproche ; et il faut examiner aussi si les critiques de M. de Jouvenel n'ont pas une portée plus large — qui dépasse les limites de la France — et ne s'appliquent pas d'une manière générale, m u-tatis mutandis, aux institutions des principaux pays de l'Europe contemporaine. Et alors, mais alors seulement, libre à nous de dauber sur la France — et même de verser des pleurs, si cela nous amuse. Encore, cela ne nous dispense-t-il pas d'analyser complètement et exactement le livre de M. de Jouvenel. Je disais plus haut que l'auteur avait "fait œuvre de patriote éclairé et do bon républicain". Je m'explique : M. de Jouvenel, à côté du mal, s'est efforcé de voir le bien ; certes, il dénonce les vices du "régime", mais il se plaît également à insister sur les merveilleuses qualités de probité et d'énergie du peuple français. Ainsi, si M. do Jouvenel raille le parlementarisme, il reconnaît que tous les députés fournissent une belle somme de travail dans l'élaboration et la rédaction des multiples rapports, généralement fort bien étudiés et très savants, dont ils demandent eux-mêmes à être chargés; plus loin il so plaît à souligner ce fait quo " les magistrats sont presque toujours intègres " et que la justice, tout bien considéré, " n'est peut-être pas aussi mauvaise qu'on le dit " ; ailleurs il convient que si la presse est trop souvent servile,

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This item is a publication of the title La Flandre libérale belonging to the category Culturele bladen, published in Gand from 1874 to 1974.

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