La Libre Belgique

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23 November 1918
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4 0 Centimes le numéro. I Samedi 23 Novembre 1918 * RÉDACTION ET ADMINISTRATION: BRUXELLES 12, MonJagac-aux-Herbes-Potagères, 12 « jLes annonces sont reçues exclusivement au bureau B du journal, rue Montagne-aux-Herbes-Po.tagères, 12, w et à l'Agence Havas, place des Martyrs, 8, à Bruxelles LA LIBRE BELGIQUE N, 177. ANNONCES : DEMANDES et OFFRES D'EMPLOIS et de SUJ liTS, 1 à 3 lignes . . 1.00 Chaque ligne supplémentaire 0.40 PETITES ANNONCES : la ligne 0.80 RECLAMES avant les annonces : la ligne . ■ 2.00 Ï7UTS DIVERS : la ligne. . . . S.00 e.OO 4.00 NECROLOGIES : la ligne 2 50 LA GRANDE JOURNÉE Avez-vous dormi pendant cetto nuit d'avant 1© triomphe? Non, n'est-ce pas? Môme ceux qui se sont | conformés à l'usage traditionnel d aller se mettre au lit n'ont pu trouver le sommeil..., tant l'ivresse de la délivrance obsédait le cœur en feu î C'est pourquoi les plus avisés lurent ceux qui, simplement, ont |passé leur nuit en promenades variées, mais toiles patriotiques. Et il y en eut beaucoup. Dès jeudi soir on était fixé sur le temps qu'il ferait : on pressentait le soleil qui illuminait si radieusement la matinée de vendredi, que la pluie nationale montrerait du patriotisme en ne •* manifestant »» pas... ^ Le brouillard disparaissait. Dans le ciel limpide scintillaient les étoiles. Quant aux chants patriotiques, aux accla-'mations à l'égard de nos soldats attardés, cela a duré toute la nuit. Toute la nuit aussi, des citoyens moins... oxubérants ont travaillé aux derniers préparatifs. Le palais royal demeura illuminé comme un palais de féerie, et c'est en effet la plus réelle, la plus sainte, la plus inoubliable des féeries qui va y fêter le triomphe du Droit. Qunnt à notre magnifique forum, il était tout bonnement superbe aux premiers rayons du clair soleil d'automne. Dès les premières heures du jour la foula commence à venir chercher la t bonne place », le '• bon endroit ». Les meilleurs endroits ont été retenus, d ailleurs, pendant toute la nuit. Le grand mouvement porte d'abord vers le centre. C'est ainsi que la rue do Flandre est déjà pourvue d'une double haie de spectateurs, alors qu'à la rue Royale les vides sont encore nombreux. Le lever du jour est splendide ; il nous garantit un soleil de roi, celui du Roi Albert 1 . . Le ciel est tout de vermeil pale, dans lequel les tours de Sainte-Gudule se détachent comme d'émail bleu. La décoration des voies publiques Les travaux, on s'en aperçoit vite, ont marché leur train. Au matin, tout l'itiné-| raire du cortège est déjà sablé. La décoration de la place des Palais est complétée par un tertre artificiel que les jardiniers de la ' ville installent (souvenir des tranchées ? !) au pied du monument central. Les mâts, énormes, portent les drapeaux des alliés, qui flottent doucement. Tout le monde a remarqué l'entrain de nos ouvriers. Ils ne ! travaillaient plus pour leur salaire, mais . pour prendre part, de tout leur cœur, au bonheur national. Toutes les œuvies sculpturales sont terminées, sauf celle qui se trouve en haut ' du Mont des Arts. La figure principale est encore privée d'une tète que les ouvriers s'apprêtent, du reste, à installer sur ses épaules; elle complétera 1111 joli monument rappelant celui de la « Victoire de Samo-tracc ». A la Grand'Place, quelques maraîchers ont persisté à « jouer marché matinal ». Ils forment un groupe pittoresque au milieu d'un des plus beaux décors qu'on puisse } rêver. D'ordinaire, les moments de fête gâtent plus ou moins un ensemble monumental; ici, au contraire, les architectures prestigieuses sont magnifiquement mises en valeur par ces deux énormes « pavois » descendant des doux côtés de la tour, par les bannières des maisons corporatives, les tentures des balcons, les guirlandes de tuyas et de lauriers. Le monument, où une « Brabançonne » d'or acclame, en brandissant le drapeau, •• le Roi, la Loi, la Eiberté »,prend, dans cet ensemble, une belle animation. Au Cenire Bans tout le cœur de la vieille ville, l'enthousiasme semble encore plus enfiévré. Les maisons disparaissent sous des draperies surajoutées au pavoisement des derniers jours. Il n'est pas jusqu'à l'antique église de St-Nicolas dont on n'astique le vieux porche, tandis qu'à l'intérieur, la h Madone célèbre occupe encore le dais sous F lequel elle fut installée dès le premier jour de la guerre, et qu'un drapeau national ahrite l'image du Sacré-Cœur. Rue Ste-Ca-therine, rue de Flandre, deux courants se heurtent déjà avec des remous terribles — celui dos gens qui veulent se choisir une place ici même, et celui des curieux impatients courant hors la porte do Flandre pour atteindre les premières troupes du cortège royal. Il n'est aujourd'hui d'autre ambition que celle-là : voir et acclamer, le plus vite possible, revoir et acclamer encore Albert Le Fort et ses troupes. Les enfants des écoles, gaillardement, vont prendre possession de leurs emplacements. Ils marchent d'un pas cadencé, tout comme ces » poilus î> qui, au son du tambour, se rendent à la rencontre du Souverain.Dès groupes de délicieuses fillettes, sous la conduite do leurs maîtresses attentives OU do braves smnrs rirnnprniv An iûfn Hoc rubans tricolores dans les cheveux flottants, dans les lourdes tresses blondes ou brunes, Chantent des airs patriotiques — la « Brabançonne » et "Vers l'Avenir», surtout. Le spectacle émeut jusqu'aux larmes. Des aéros survolent la ville. Nos avions sont aussi de la fête, et leurs gracieuses évolutions ajoutent je ne sais quoi de puissant et de gai à la fois, aux fastes de cette matinée radieuse, cependant que des foules innombrables, animées, circulent de tous côtés. Dès le lever du jour, nos aviateurs survolent la ville, notamment les abords du palais royal. La foule les salue d'acclamations enthousiastes, dont sans doute les échos ne parviennent pas à nos valeureux champions de l'air. A Berchem-Sainte-Agathe. Dès six heures du matin, la foule s'est portée vers le joli village, où l'on attend le Roi et l'armée. Les services d'ordre sont faits par la garde communale renforcée d'une compagnie de carabiniers cyclistes. L'arrivée du Dr Lemans, ff. de bourgmestre, accompagné du conseil communal au grand complet, fait espérer au public qu'il verra bientôt lehéros du jour, la reine, les princes, l'armée. On entend au loin une musique ; immédiatement c'est le délire; la foule, sans rien voir, pousse déjà des vivats. C'est la musique dos carabiniers précédant le l'égiment. Les carabiniers sont acclamés, comme on pense, avec frénésie, Les troupes se succèdent, le génie, l'artillerie; mais à 10 h. 1/2, le Roi n'est pas encore là. Il y a eu malentendu. Le Roi, venant du front, est passé à la place communale de Berchom accompagné de la Reine. La princesse et lespriaces «ut-vent dans uns seconde auto. Ils ont fait arrêt à la place communale, et ont été acclamés par le personnel enseignant et les enfants de toutes. les écoles. Le Roi arrive à Kiolenheek Le Roi continue jusqu'à la limite de la commune de Molenbeek, où il est reçu par les habitants du faubourg, qui l'ovationnent frénétiquement. L'auto stoppe; M. le bourgmestre et M. le doyen de Molenbeek s'approchent et souhaitent la bienvenue à nos souverains. En quelques phrases éloquentes, M. Met-tewie retrace toutes les horreurs de l'occupation allemande : oppression, emprisonnements, fusillades, déportements, travaux forcés, manœuvres do presse stipendiée, travail de désunion, et il ajoute: " Elle est venue enfin cette heure désormais acquise à l'histoire. Notre peuple a reconquis sa liberté, son unité et son indépendance, et du même coup tous les peuples opprimés verront luire l'heure de leur émancipation. » Gloire à tous ceux qui ont contribué à cette œuvre grandiose! Gloire à notre Roi, à qui le monde a déjà décerné le titre de « Grand » et qui illustre de sa haute figure la page la plus glorieuse de notre histoire nationale ! <• Gloire à nos admirables soldats ! Gloire à ceux qui, morts pour la patrie, dorment du sommeil des héros ! » M. Mettewie poursuit par la glorification de nos alliés et des neutres qui nous vinrent en aide,et il termine par d'enthousiastes re-merciments adressés à la Reine et au Roi. L'alloe.ution de M le doyen est également très émouvante Le Roi cont.inuo vers les Etangs-Noirs où il descend de voiture. Accompagné de la famille royale, il se rend dans le jardin de la propriété occupée par M. Debusscher, chef de division au ministère. Là il monte à cheval, ainsi que la Reine, la princesse Marie-José, le prince Léopold en tenue de lieutenant du 12e de ligne et le comte de Flandre. Ils vont prendre la tête des troupes pour se diriger vers la capitalei A la porte de Flandre.—En attendant les Souverains. 10 heures. — Il y a foule, une foule énorme. Dans les rues de ce quartier populaire le public s'est tassé à s'écraser. Plusieurs personnes se sont trouvées mal. Un service d'ambulance, admirablement organisé, les emporte tout de suite. Depuis la Bourse jusqu'à cet endroit, dos femmes attendent depuis 5 heures de matin, et,prudentes, se sont munies do vivres caloriques. Malgré la petite gelée qui pince les oreilles et les doigts, tout le monde est patient. enthousiaste. A toute occasion, le public crie : « Vive le Roi ! Vive la Belgique ! » Ce sont des ovations sans fin au passage d'une auto militaire, d'«n officier,et même do celle de la presse,qu'on acclame. 11 semble que le public nous sait gré autant de nous être abstenus de paraître que du service que nous lui rendons chaque jour, maintenant, en paraissant. M. Max, entouré des bourgmestres des communes de l'agglomération, attend. Il a hnnriA minp hinn nn'.in rinn ivMrt T « échevinal de Bruxelles l'entoure. Sur l'estrade qui se dresse, dos au canal, se tiennent des personnalités de l'administration communale de Bruxelles et des officiers belges, anglais et français. Parmi les officiers, on signale le colonel Briart, commandant la 160° batterie française, qui a nettoyé le Kemmel. Certains de cos messieurs prennent des notes, photographient et font des croquis. L'un d'eux saisit la silhouette de notre bourgmestre. Les chalands amarrés au canal sont pavoisés. Au faîte des pauvres arbres qui longent le canal, des curieux sont grimpés. La foule accroît sans cesse. Il y a du monde assis dans les gouttières, les jambes dans le vide. Le bourgmestre, de temps en temps, quitte les personnalités et veille lui-même au service d'ordre. Arrivés du Roi dans sa capitale. Il est 11 heures. Le Roi est annoncé par des cyclistes. Une minute après, le cortège débouche de la chaussée de Gand. Les gendarmes belges précèdent. Ils ont gardé la tunique bleue, mais portent le casque. Derrière eux, immédiatement, le couple royal, leurs enfants : les princes Léopold, Charles, la princesse Marie-José, et, surprise agréable, le prince de Galles —• tous à cheval.. Le Roi, montant un cheval blanc, est en uniforme kaki et casqué. Le teint s'est cm-bruni légèrement. Il est souriant, virilement heureux. La Reine est pâle. La Reine Au milieu do l'étonnement profond de tous à la premiire apparition du -Roi; une émotion nouvelle saisit les spectateurs, au même instant, en reconnaissant la svelte silhouette de la Reine. On distingue d'abord l'allure générale, une toilette grise; puis les regards fiévreux peuvent discerner de plus près celle que nous admirons depuis quatre ans. Elle n'a guère changé ! C'est toujours son doux, grave, maternel visage, dans lequel les yeux semblent encore agrandis par de légers cernes, témoins du martyre passé. Les cheveux encadrent, en boucles légères, une calotte de soie gris beige. Comme toujours, la toilette de Sa Majesté est d'une distinction, d'un goût suprême. Elle porte une amazone gris de fer, la jupe à plis larges, la jaquette à revers étroits, très légèrement ouverte en pointo sur un dessous blanc. Les gants sont blancs. La Reine monte un cheval brun foncé. C'est avec un véritable ravissement que la foule découvre derrière nos Souverains une toute jeune, exquise et déjà souriante amazone, dans laquelle les mères ont reconnu déjà celle qu'on appelait la « petite princesse ». Sa toilette n'est pas moins simple ni moins heureuse quo celle de la reine. Elle porte une amazone tailleur d'un gris brun analogue à celui que porte la reine. ^ Les revers étroits s'ouvrent sur une blouse blanche à petit col. Sous une coiffure do cheval en forme de casquette de jockey, les : cheveux sont toujours en « mousse », mais 1 la teinte s'est bronzée ; ils ressorfent légèrement et forment par derrière deux tresses 1 ramassées et crêpés. Pendant toute la mar - che triomphale, et pendant le long défilé, lf princesse montre une aisance et une correc iion sportives admirée de tous. Rien n'a plu: ' profondément ému la foule que de voii quelle gaieté profondo demeurait chez no: 1 souverains, au milieu do la joie formidabh 1 du retour. Us n'oublieront jamais nos morts et nous les en aimons davantage. Lo Roi et la famille royale sont suivi: immédiatement d'un cortège d'officiers bel ges et alliés. Ce sont le général français Dégoutté, les généraux belges Léman, Bie buyck, lo général français de Brissouly, lt général anglais d'Athowl, beau-frère du ro d'Angleterre. Leurs uniformes sont beaux quoique simples. Le Roi, la Reine et leurs enfants s'arrê tent devant la tribune. Le bourgmestre M. Max, prononce d'une voix claire le dis cours suivant : Discours du bourgmestre Max. 1 Sire. Depuis plii3 de quatre ans, la Capitale at ; tendait cette minute. Elle l'attendait avec im patience, avec fièvre, mais Jamais le doute n'z 1 ébranlé sa foi. El!o avait la certitude que, tô ' ou tard, il lui fierait donné de voir revenir ver: > elle, -victorieux, le Roi dont elle avait, au dé . but de la guerre, salué la noMo et virile déci t sion et dont l'exemple l'avait enflammée d< ' cette abnégation généreuse qui élève et gran ■ dit le patriotisme an point de l'égaler à l'a l mour de l'Humanité. Oui, la Beïgwjue s'es" . offerte en sacrifice pour un idéal qui plane biei au-dessus des intérêts qu'enferment les limite: ' de ses frontières. ! Le peuple de Bruxelles a connu des souffran , c^S indicibles, mais il les a supportées sans plainte, les yeux tournés vers l'avenir. La ren trée du Roi et de l'armée, dans l'apothéos< du triomphe, lui «apporte aujourd'hui la ré 1 compense qui lui était due et c'est trémissan-de bonheur que, fier de pouvoir parler en sor ' nonij j'enveloppo dans un même hommage d< ! gratitude et d'admiration no3 soldats incompa rables, dignes partenaires de» troupes alliées aux côtés desquelles ils ont combattu, et l'héroïque Souverain, qui, à leur tête, a conquis pour lui-môme et pour la Belgique, dont il incarne l'âme, la gloire la plus pure. Qu'il me soit permis d'associer à cet hommage notre Reine dont nous savions, dès avant la guerre, la bonté, mais dont nous connaissons aussi maintenant le mâle courage, et de confondre noe jeunes princes et la gracieuse princesse Mario-José dans les acclamations que nous adressons à ceux dont les exemples guideront leur avenir. Vive le Roi! Vive la Reine! Vive la Famille royale! Vive notre armée! Vivent nos alliés! Le discours do M. Max est acclamé. Les bravos se succèdent. Lorsqu'ils paraissent s'apaiser un instant, le Roi prend la parole et dit : Réponse du Roi à M. Max. « Messieurs, la Reine et Moi nous avons écouté avec émotion les éloquentes paroles que vient de nous adresser M. le bourgmestre. C'est pour nous la plus grande joie de notre existence que lo jour où nous rentrons dans cetto belle capitale, délivrée enfin, après quatre années et demie d'oppression, par la victoire des Alliés. (Applaudissements.)Nous nous réjouissons de tout cœur de retrouver nos concitoyens, qui n'ont jamais cessé d'avoir une confiance absolue dans la victoire du droit, et qui n'ont pas cessé de rester lo front haut, comme il sied à des hommes libres, sous la brutalité deToppres-seur. (Applaudissements.) JfJ.'Jiens àrendro ici un profond hommage d'admiration à M. Max, l'exemple de toutes les vertus civiques. M. le bourgmestre a été héroïque, il tiendra sa place parmi les plus grands magistrats communaux de notre histoire. » (Applaudissements. Cris de vive Max ! vive lo Roi ! vive la famille royale !) Mesdames Lemonnier "et Steens remettent à la Reine doux bouquets d'orchidées blanches.Les applaudissements continuent et le cortège se remet en marche. Le cortège à travers Bruxelles ~£ë cortège quitte la chaussée de Gand et se dirige vers la Bourse par les rues de Flandre et Sto-Catherine. La foule est immense place Ste-Catherine et au boulevard Ans-pach.La place de Brouekère présente, avec son vaste terre-plein et sa ceinture de hautes bâtisses respirant la fièvre commerciale et l'activité d'une grande capitale, le cadre le plus parfait qui se pût trouver dans Bruxelles pour un déploiement de pompe comme celui qu'attendait aujourd'hui la foule. Aussi lui accorde-t-on la préférence, car clés 8 1/2 heures son vaste espace était comme re:ouvert d'une mer humaine où flottaient des drapelets, et contre le flux de laquelle luttaient, avec une patiente sollicitude, des agents de police et des grenadiers. Aux balcons et aux fenêtres on s'écrasait ; des gens étaient assis dans les gout-' tières , les jambes pondantes. Certains 1 avaient réalisé le tour de force de se nicher 1 sur les branches des grands candélabres qui [ bordent les trottoirs, Trois soldats anglais, ! agiles comme des chats, s'agrippaient aux aspérités d'une façade et allaient s'asseoir ; sur la corniolie surmontant une vitrine. Le soleîl, qui éclaire cette animation ei | cet enthousiasme,donne à l'endroit|un caractère de réelle beauté. Des drapeaux, des oriflammes, des tentures, flottent à toutes ' les fenêtres; des écussons sont accrochés à ' toutes les façades. Le long des trottoirs sont rangés les enfahts des écoles, qui agitent leurs drapelets, acclament au passage les groupe; 1 d'officiers belges ou étrangers. La foule l'ail ] do nSéme. Elle salue de ses cris de joie les ' autos qui passent et, à un moment donné, ; les 6 ou 8 avions qui, venant de l'Ouest. 5 passent rapidement dans lo ciel clair. Les ] avions évoluent, planent, piquent, montent 3 virent sur l'aile. Ce sont de beaux avions clairs dans lo ciel lumineux, portant le; 3 couleurs belges. Dans l'a7.ur incomparabh ; d'aujourd'hui, leurs ailes ont la transpa 5 ronce du fin ivoire. Vers 11 h. 1/4, un remous de la foule ? pour autant qu'un remous soit possible dan: 1 une telle cohue, et les gestes des curieu? ' penchés aux fenêtres annoncent du neuf C'est l'auto du bourgmestre Max et celle; du collège qui s'avancent. M. Max descent ' un instant de voiture. On l'acclame. Mais des extrémités du boulevard Ans pach montent des clameurs plus forte; encore qui vont s'accentuant. Le cortègi s'avance, le Roi, la Reino, les princes Léo pold et Charles, la princesse Marie-José : cheval, le grand état-major. On agite de - drapeaux, des mouchoirs, des chapeaux; oi - crie : Vive le'Roi! Vive la Reine l Viven J les princes I Les acclamations montent, for s midables. Le cortège passe comme dans une visioi ; qui laisse tout le monde ému jusqu'aux lar l mes! C'est admirable, vraiment. Il fau i avoir vu ce spectacle pour sentir ce qu'un' t nation peut ainsi, sans autres moyens qu | ses vivats, exprimer à la fois de joie e d'attachement à ses princes. On acclame les Américains, on chante li s " Marseillaise » au passage des troupe l françaises défilant aux accents de leu - entraînante et populaire marche 1' « Entr t Sambre et Meuse » ; on pousse des " hi 1 liip hourra ! » frénétiques au passage de !j Anglais, et l'on ovationne à pleins poumon ! nos braves et chers carabiniers qui ouvren le défilé des deux divisions belges. Des soldats aident la police. Ils font la haii depuis la Porte de Flandre jusqu'au Palais Mais leur barrage n'est pas tel qu'on ni puisse voir. A la Porte de Schaerbeek, le servici est assuré par les chasseurs à cheval. Sui le reste du pareour, ce sont les lignards les carabiniers, les carabiniers cyclistes e les grenadiers qui contiennent la foule. La tenue de ces troupes de police est ad mirable. La mine des hommes est saine l'équipement propre et martial. Mais tou: les hommes, comme ceux du cortège, on un aspect de gravité.Leur sourire est grave Leur regard est héroïque et atteste qu'ils ont vécu des tragédies. Pendant le parcours de la Porte de Flan idre aux ministères par le boulevard Anspacl et la rue Royale, des avions circulent dan: l'espace.Ils lancent des fusées, qui semblen des perles au soleil. D'autres forment >< 1; boucle », dont les évolutions arrachent à h foule des cris d'enthousiasme. Ils volen très haut ou très bas, tiennent enfin i augmenter notre joie d'un émerveillemen supplémentaire, si l'on peut dire. Ils rasent,avec une audace incroyable, le: toits de la rue Royale. Toutes ces prouesse: d'aviation appellent la comparaison ave< les taubes noirs qui avaient l'air aussi ba lourd que leurs passagers. D'ailleurs tou dans.,cette journée inoubliable invite à 1; comparaison avec nos oppresseurs d'hier. Surtout le pareours se tiennent les enfant: de toutes les écoles de l'agglomération. Le cortège arrive à 12 heures en face di Palais de la Nation. Tout le long des ministères sont rangés par faveur, les mutilés de la guerre et le victimes de l'oppression. Parmi celles-ci oi en voit un nombre assez respectable qu ont été condamnées pour propagande et dil fusion de « La Libre Belgique ». Elle portent ostensiblement le journal qui fut 1 cauchemar de von Bissinget la cause de leu emprisonnement. Des officiers de toutes les armes et de tou les pays alliés, des photographes et de cinématographistos sont montés à droite t à gauche du Roi et en face le long de 1 grille du Parc. Les Chambres finies Dès dix heures,les abords du Palais de 1 Nation sont déjjk inabordables. Le servie à l'extérieur est fait par les uxenaditfrs e à l'intérieur par les Carabiniers* Malgré ] grande cohue, ministres, députés et sén< tours arrivent assez facilement jusqu'au 1( cal des séances. La foule est docile et s [prête avec la plus grande sagesse aux o: dres de la police et de l'armée.Bdontôt, d( aviateurs viennent survoler la rue de 1 i-oii et font la boucle plusieurs fois, ce m provoque des acclamations et des arWai d-issements sans lin. Il serait exagéré de dire que les Iocau parlementaires ont retrouvé leur pronrci de jadis. Cependant la grande crasse -a él enlevée et beaucoup de détériorations 01 été masquées (par la décoration des plante vertes, disposées avec le meilleur goi dans la 'salle des ipas-perdus et le loin# d( esoaliers, tant du Sénat que die la Chambra La salle des séances a été sobrement d< corée. Le trône -pour la Reine <et La Famil! Royale est dressée contre lia porte nui donn accès des locaux de la Chambre dans, eeu du Sénat. De ohaq.ue côté du 'bureau se d< iploiesit des drapeaux tricolores, dont ] hampe est surmontée de renommées coi\ ronnant la .victoire- Aux colonnes des tr hunes réservées sont également dressés d< drapeaux .nationaux et lo long des balcoi des tribunes du second étage entre cha-ni colonne sont appliqués les éousssons de toi i tes les nations alliées se détachant sur ur j (guirlande de lauriiers dorés.En dessous d< i tribunes diplomatiques et du Sénat, d< i écussons, .un portrait du Roi Albert, de quels se détachent des faisceaux de dr. peaux alliés. A onze heures, les mandataires du pa: commencent ià arriver dans la salle di séances.Il en est beaucoup dent on à neii à se rapeeler les noms, tant ils ont chang< Cependant ce ne sont pas les prisonniie politiques de l'odieuse Allemagne qui oi plus mauvaise mime. M". Braun, le bourgmestre de Gand, e aussi souriant et de bonne humour que j dis. M. Franck, le nouveau ministre di colonies ; M. Poncelet, le sympathique d pu té de Luxembourg sont rvarfaifeement r iablis de leurs souffrances.Les déoca aval été nombreux, députés et sénateurs su pléants se font présenter aux ^anciens. Pa mi ceux-ci, M. Woeste est très entoure, a de longs entretiens aivec M. le minist: Jaspar, avec M. Paul Hyma/ns, minist: des affaires étrangères. Les uniformes c ministre de la. guerre, général De Comnc des officiers .Devèze, Pêcher, Pastur,Cric Carpentier et Pirme'/.,jettent une note -rière dans l'ensemble des toilettes de vill Pendant un moment la rotbe de .pourpre c Cardinal ,fu'lgura >à l'.entrée de la salle l'on vit s'emipresser -auprès de Son Lu nence les membres du ministère nouye; comme ceux du gouvernement domissio maire et les membres de la Chambre s ai distinction de parti- La tribune diplomatique ne tarde p. non plus à être remplie, de même ^e les du Séna.t, de Jia Cour et des depurt suppléants. Les tribunes réservees et 1 tribunes puibliqaies ont leur contingent d puis l'ouverture des portes. Dans le tpou tour, au .rez-de-chaussée, ont ete : les sièges 'réservés aaix dames de MM. 1 ministres. , , A La redingote à boutons dor et La en an ' dorée manquent 'à nos huissiers, mii porte: 1 i-. iv>din.fmt.f» noirp. av<eo. duir 'la, ma a a che, un brassard tricolore. On remarque l'entrée de M. Lemonnier, dont le costume «échevinal d'apparat, rehaussé du grand cordon du Cambodge, fait une note de somiptuosité particulière p<armi ces banc3 trop (uniformes et ces longues rangées de pupitres sur lesquels s'étalent, comme à un plant de concombres, d'immaculées feuilles de papier blanc. La première séance, II est 11 h. <15 lorsque le doyen d'£*gie, M. Le comte Visart de Bocairmé, monte au fa>U!-feeuil de la présidence, /ayant à sa droite le premier lieutenant Devèee et à sa gauche 1 auditeur militaire Féche-r. Derrière se profile la sympatthiqu» figure de M. îe greffier Pauwcls. M. le président déclare la séance ouverte. Il est fprooédé aiu tirage au sort dos dépurations qui doivent recevoir Sa Majesté à son ontree au Palais de la IN a tîoïi. rour ba Uhambre sont désignés MM. Rover, ^auvvermans, Visart de Boearmé on'iiD-plaudit Lamgjuement), Drion, Gilles de - - è-lichy, G«endebien, Oams, Rens, I écher, Se-gers, Poncelet et# Lemonnier. La déléga-recev°ir la Reine se composera de MM. Claes, Peten, Helleputte et Bor-boux.tu-™1 du Sénat se oon^pose de MM. De Beeker-Remy, Capelle, de Ker-chov-e a'Exaerde, délia Faille d'Hu^sse, Libbrecht et Emipam pour le Rci, et de MM. Dubost et Max fiallet pour la Reine. 51. le président annonce le Te Dourn qui sera chanté demain à Siainte-Gudiule. Pendant cette lecture, de dehors arrivent les échos des premières acclamations a<ceueil-lant le défilé royal. Aussitôt, les dames quittent leurs tribunes et s'empressent de se rendre au balcon et aux fenêtres, où elles assistent à ia merveilleuse apothéose., Discours de M Cooreman. Cependant, M. Cooreman, à la tribune, prend la parole : « Messieurs, vous vomis rappelez les fières paroles que le Roi lançait ici, le 4 août 1914, en opposant le Droit et la Justice aux brutalités de la Force. « Un ipavs qui se défend s'impose au -respect de tous; ce oa.ys ne périt pas. » En parlant ainsi, le Roi fut l'interprète fidèle de la nation. Il fpjudra le recul du temps pour raconter le • phases de cette lutte titan-esqne qui a dure quatre ans^ et" oui se te i mine- nar l'effondrement des empires qrjii ont déchaîné le cataclysme. Enfin, la libéré est rendue à notre pays et la Belgique revoit le iîoi Albert sorti vainqueur du défi de i{>14. Ma tâche n'est pas de rappeler les hauts faits ue la guerre. En août 19-14, le -Roi déclara que le gouvernement avait la confiance de la nation. Il s'est efforcé de la consevvsir toujours alors -qiue la difficulté était grande de prendre des décisions graves sans le concours du Parlement. » Le trouble suscité par la guerre a.u<*-mentait encore les tâches dm gouvernement; conduite de l'armée; alimentation du --^u-ple resté au pays ; relations internationales, il y avait des tâches énormes à remplir sans ressources régulières. Tout cela devait être fait avec des services restreints. Le gouvernement, cependant, a toujours agi de façon à n'engager l'avenir qaie dans la mesiure la plus réduite ossible. Vous jugerez bientôt -de son activité et des travaux qiu'il a préparés. » Dès que l'armistice fut conclu, le gouvernement a estimé qu'il devait remettre sa démission entre les mains diu Roi sans qu'il y eût toutefois le moindre conflit entre Sa Majesté et lui. Cette démission fait remise entre les mains du Roi le 17 novembre.» Nous devons aiu Parlement compte" de ce que nojus avons vu. Le premier hommage ira au Roi, dont le prestige vis-à-vis des chefs des autres nations est aussi grand ou o possible. (Appl*) Il a conduit ses soldats à la victoire, étant leur général après avoir été leur frère. (Apol.) La Reine fju d'une inépuisable bonté pour les soldats, qui la considéraient comme une mère. (Lar.es a^»-plaaidissemenfcs.) Hommage à l'armée bel-xe. (Ovation interminable'. Tonte la «afie se lève et .acclame longuement.) j\Tos soldats ont eiu une endurance, une vaillance s torque. La victoire Leur était bien due. Le pays, libéiré au prix de le.ur sang, leur doit, (urne reconnaissance é,t«°rnéîle pour la liberté reconquise et l'indépendance ires tau rée. 'Nouveaux an.plaudisse-monts. ) » Hommage aux jeunes gens qui ont passé la frontière pcvwr servir le T>aivs, et ijous devons confondre dans le même dommage tous -ceux .qui, en essavant do rejoindre l'armée, ont succombé devant les artifices de l'ennemi. (Appl. répétés.) » Saluons aussi nos morts, nos mutilés, nos prisonniers, nos déportés. (Ap'nl.'ï Honneur aux -populations du territoire occupé dont quatre années d'oppression n'ont pu abattre le courage ! Honneur airc travailleurs qui ont acceoté les nires souffrances pultôt que de collaborer avec l'ennemi. (Appl.) Honneur à tous ceux qui ont empêché -une population optorimée de mourir de faim ; .au Corniné National et aux généreux diplomates qui ont bien voulu être ses protecteurs. Le Roi et le gouvernement ont adressé uo hommage tout particulier à M. Hoo.ver. en lui décernant par arrêté royal le titre « d'ami de la Nation Belge ». (Longues acclamations.)Ce n'est pas seulement à l'alimentation matérielle (qu'il a été pourvu pendant l'occupation. Des personnalités ont surgi oui ont soulevé l'admiration du monde entier. Nous citerons avec l'admiration la t>1us entière et le respect le puis profond S. li/. le cardinal Mercier, le bourgmestre Max, M le conseille» Leby-Morelle, le bâtonnier Théodor et* comme un exemple d'héroïsme militaire, le igénéral Léman. (Ovations répétées.)N'oublions pas d'exprimer notre reerm-naissance aux armées des nations alliées (les applaudissements recommencent). La France a des titres tout particuliers à notre gratitude. (A ces mots,toute la salle se lève à nouveau comme un seul homme et acclame longuement en criant : Vive la France !)

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