La semaine d'Averbode

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Averbode, 7 Juin 1914. Nous verrons bien ! " —ycquës, je ne te croyais pas si arriéré. Si tu lisais les rap-/. ports sur les grèves passées, tu devrais constater à ton tour /jjTTg que nos chefs les ont menées presque toutes à bonne fin. lèl tu es excusable parce que MbÊlffl/ if *-'u es mal renseigné. — Moi, mal renseigné ! mais, mon cher Jean-Pierre, je suis au contraire bien documenté. Quant aux rapports dont tu me parles, je les connais ; ils sont remplis d'inexactitudes voulues et cela pour induire en erreur les affiliés de vos syndicats. Sur 10 grèves, il y en a tout au plus 3 qui se terminent à l'avantage des ouvriers et, la plupart, c'est encore et surtout grâce à l'intervention des syndicats chrétiens ; quant aux autres, ou elles maintiennent les situations antérieures, ou elles tournent au détrimen: de l'ouvrier. Ah ! je suis maï ■ renseigné! mais je me documente dans le « bulletin » de l'Office du Travail, dont les erreurs ne manqueraient pas d'être relevées par les jour- tiens, que de torts ils ont faits — Ce n'est pas aux ouvriers idffjratfliiË) qu'ils ont fait tort, mais aux politiciens du parti socialiste. Chaque fois que ces syndicats 9k£oBS5 chrétiens ont trouvé fondées les revendications des ouvriers BShH contre leurs "patrons, ils les ont vaillamment soutenus et ^ÊBSSSgÈ ils n'ont pas même hésité à plusieurs reprises de joindre leurs efforts à ceux des syndi-cats socialistes ; mais ce qu'il S y a de plus drôle, c'est que ces derniers ont lâché souvent les premiers quand ils voyaient que leur intervention allait amener une rapide solution du conflit. Dans les syndicats* chrétiens, les intérêts profes- C3 sionnels des ouvriers priment la politique ; dans les vôtres, c'est la politique qui passe avant tout. — Oui, parce que c'est par la politique que nous obtiendrons finalement l'égalité sociale. — Mon vieux, pour croire à l'égalité sociale comme but final de ton parti, il serait bon qu'elle y fût d'abord donnée en exemple. Or, que vois-tu aussi bien que moi ? Il y a là, comme dans le reste de la société, des millionnaires et des pauvres diables ; des types qui roulent en auto, habitent de luxueuses maisons ou campagnes, se paient de coûteuses excursions et villégiatures, font d'excellents dîners, et des malheureux qui vont pieds nus, n'ont pour toute demeure qu'un misériable taudis et crèvent de faim par-dessus le marché. En voilà un modèle d'égalité sociale ! — Il est bon qu'il y ait des riches parmi les lutteurs de notre parti, car, avec leurs richesses, ils ont en même temps une bonne instruction : ils ont plus de temps et sont plus capables que la grande majorité de nos compagnons pour défendre nos intérêts et pour nous mener au but. — Et tu ne vois pas qu'en ayant l'air de défendre les intérêts des compagnons, ils soignent tout d'abord les leurs. Tu ne les vois donc pas cumuler les places comme tout autre bon bourgeois qui cherche à vivre le plus largement possible et à se créer de gros revenus. Tu ne vois donc pas que ce «ont les plus malins de ton parti qui arrivent à se caser aux meilleures places dans les syndicats et coopératives. Tu ne vois pas qu'en temps de grève tous ceux-ci touchent leurs appointements et que les grévistes n'obtiennent que des miettes de la caisse qu'on a bien la précaution de ne pas mettre complètement à sec. Tu n'as donc pas fait, d'après les journaux de ton parti, l'addition des dons de tous les dirigeants plus ou moins richards en faveur des compagnons carrossiers, mis sans tiavail et réduits à la misère; tu as alors perdu une fort belle occasion de constater que la « fraternité » de la bourse est bien peu en honneur chez ceux qui osent se proclamer les « amis » du pauvre peuple. — Tu es un antisocialiste enragé ; tu ne LE CHATEAU DE MIRAMAR, PRÈS TRIESTE.

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