COURRIER DE L'ARMEE paraissant le Mardi et le Samedi \ Ce journal est destiné AUX SOLDATS BELGES ; chaque compagnie, escadron ou batterie reçoit dix ou quinze exemplaires français et flamands. Les Prisonniers de Guerre L'Office central belge pour les prisonniers de guerre, dont le siège est au Havre, publie un volume de près de 300 pages sur son activité du 1er septembre 1916 au 1er septembre 1917. Depuis sa création, le Comité dut élargir sans cesse, nous apprend le rapport, le champ de ses travaux, surtout depuis que son action a été étendue aux prisonniers belges qui, réunissant les conditions voulues, sont transférés en Suisse, où ils bénéficient du régime beaucoup moins dur de l'internement. Le développement continu de l'Œuvre d'assistance, son organisation de plus en plus complexe, ses ramifications et son fonctionnement dans les pays alliés et dans plusieurs pays neutres, la nécessité d'une intervention pécuniaire de l'Etat toujours plus importante, tous ces motifs donnent une idée de l'importance qu'a prise l'Office en cette dernière année. Plus la guerre se prolonge, plus devient nécessaire et indispensable le ravitaillement de nos malheureux compatriotes prisonniers en Allemagne, plus précaire aussi devient ce ravitaillement, étant donnée la misère qui règne chez nos ennemis. Les envois de pain ont dû être intensifiés. Depuis le début du fonctionnement du service, soit depuis juillet 1916 jusqu'à fin septembre 1917, il a été expédié aux prisonniers 6,729,316 kilos de biscuits pour une valeur approximative, à râison de 70 centimes par kilo, de 4,710.661 fr. 20. L'Office étendit aux officiers les envois hebdomadaires de pain qui, au début, étaient prévus simplement pour les sous officiers et soldais. La ration, qui avait été fixée au début à 2 kilos par homme et par semaine, fut portée, à partir du 14 mai 1917, à 2 kil. 500. Le 1er juillet 1917 arrivèrent à Holzminden les otages coloniaux ; ils furent logés sans le moindre confort et sans vivres. Les prisonniers fortunés du camp, mus par un sentiment patriotique, aidèrent 3ans la mesure du possible nos compatriotes. Mais l'Office intervint bientôt et aida à leur ravitaillement ! Ils reçurent ainsi jusqu'à fin septembre 582 colis représentant une valeur de 6,258 francs. Des expéditions de vêtements et sous-vêtements ont eu lieu également à nos prisonniers et internés ; ils avaient été fournis par les services de l'intendance. Du 1er octobre 1916 au 30 septembre 1917 furent expédiés 21,997 capotes, 28,706 pantalons, 26,251 vestes et 25.322 képis, représentant une valeur de 858,034 fr. Il y a lieu de noter que la valeur totale des uniformes expédiés depuis l'origine est de 1,177,255 fr. 80. L'Office a constitué des noyaux de bibliothèque m 1 ■1 j 1 ■—» A la Mémoire du baron Capelle Un Télégramme du Roi Le Roi a adressé le télégramme suivant à M. Robert Capelle, attaché au ministère des Affaires étrangères, à l'occasion de la mort de son père : La mort du baron Capelle, votre père, me cause un profond chagrin. Il n'avait cessé de consacrer au pays toutes les ressources d'un esprit clairvoyant et d'une admirable puissance de travail. La Belgique n'oubliera pas les services éminents de ce grand serviteur de la nation, dont les derniers jours s'auréolent de la captivité que lui valut son dévouement patriotique. La Reine et Moi,comprenant combien la perte que vous venez de faire est rendue plus cruelle par l'éloignement de l'exil, vous adressons nos bien sinceres condoléances et vous prions d'être auprès de tous les vôtres l'iutejw'ète de notre douloureuse sympathie. Albert. Un service religieux a été célébré samedi matin, en l'église de Sainte-Adresse, à la mémoire du baron Capelle, ministre plénipotentiaire, décédé à Namur, à la suite des mauvais traitements que lui avaient infligés les Allemands au cours de la déportation dont il fut victime. La famille était représentée par MM. Robert Capelle, le lieutenant Nève, professeur à l'Université de Liège, et Melot, ministre plénipotentiaire. Le général Deruette, commandanuupérieur territorial du Havre, représentait le Roi ; tous les membres du gouvernement, conduits par MM- Coore-man <>t Hvmans. étaient Présents. dans les camps les plus importants, en y envoyant des livres d'étude, de science et de récréation. Le rapport fournit d'amples détails sur l'action des sous-comités. Il nous fait connaître, par des documents officiels, la situation des prisonniers, au point de vue sanitaire. Le Dr Prémont a été chargé d'examiner nos compatriotes libérés au moment de leur arrivée en Suisse ; voici ce qu'il dit: « Au début, les premiers évacués étaient dans un état de misère "physiologique déplorable : aujourd'hui, l'état des nouveaux arrivés est encore pire, et tous, officiers et soldats, sont unanimes à dire que, là-bas, les prisonniers qui ne sont pas ravitaillés en vivressont fatalement voués à la mort par inanition. » Faut-il ajouter que nombre de nos camarades, nombre de prisonniers civils sont morts dans les lugubres camps allemands. A tous, nous envoyons une pensée de patriotique pitié et d'admiration pour leur sublime héroïsme. J. R. POUR NOS HÉROS Médaille commémorative de la Bataille de l'Yser A l'approche du quatrième anniversaire de la bataille de l'Yser. le Conseil des ministres, sur la suggestion du Roi et d'accord avec Sa Majesté, a décidé la création d'une médaille commémorative des glorieuses journées d'octobre 1914. La médaille sera décernée à tous les hommes, Relges et Français, qui ont pris part à la bataille. Le ministre des Sciences et des Arts a été chargé de s'occuper de la confection de l'insigne. Sur le Front belge (Communiqué hebdomadaire du 31 août aï| 6 septembre 1918.) Au cours de la semaine écoulée, nos reconnaissances, opérant dans la région de Dix-mude et de Langemarck, ont pénétré à plusieurs reprises dans les organisations ennemies et ramené des prisonniers. Dans la nuit du 3 au 4 septenîbre, nous çvons avancé notre ligne dans la région de Merckem, en enlevant plusieitrs ouvrages ennemis solidement organisés. Au cours de cette opération, les troupes belges ont capturé une trentaine de prisonniers, des mitrailleuses et des mortiers de tranchée. Le 6 septembre au matin, sous le couvert d'un épais brouillard, des troupes spéciales d'assaut, choisies dans les trois régiments d'une division ennemie, renforcées par le bataillon d'assaut de la armée, se sont élancées sur un Jront d'environ 3 kilomètres à l'attaque des positions conquises par les troupes belges dans la nuit du a 6 au 2 y août, aux environs de Langemarck. L'adversaire est parvenu, en mettant en œuvre des lance-flammes, ce pénétrer en certains points dans nos lignes ; les troupes belges ont contre-attaqué immédiatement et reconquis, après des combats acharnés, tout le terrain perdu, sauf en un seul poste. En plus des pertes sanglantes qu'il a subies, l'ennemi a laissé entre nos mains plus de vingt prisonniers et une mitrailleuse. Un avion ennemi a été abattu par l'artillerie belge. Trois ballons captifs ont été incendiés par nos aviateurs, dont deux par le sous-lieutenant Coppens, qui a remporté ainsi ses ao® et 3oe victoires. LA SITUATION APERÇU D'ENSEMBLE Nouveaux progrès des armées alliées Ham, Chauny et la basse forêt de Concy occupés. Le canal de Saint-Quentin franchi Sur le front belge, l'ennemi a attaqué sur UII front de 3 kilomètres les positions conquises récemment par nos troupes dans la région de Langemarck et a réussi à y pénétrer en certaints points ; contre-attaqué aussitôt, il a été rejeté et n'a conservé qu'un seul de nos postes ; 20 prisonniers ont été capturés. Une autre attaque a été repoussée dans la région Merckem-Langemarck. Sur tout le front franco-britannique, lei Allemands poursuivent leur retraite sous ta pression continue dés armées alliées. Entre Arras et Péronne les troupes britanniques ont réalisé une avance d'une dizaine de kilomètres environ ; au S. de Péronne, malgré la vigoureuse résistance des arrière-gardes ennemies, elles ont franchi à leur tour la Somme et ont poussé vigoureusement de l'avant. Elles bordent actuellement la ligne Hamel-Marquion, Metz-en-Couture, Roisel-Villévêque. Plus au S., les armées françaises ont continué à progresser sur tout leur front entre la Somme et l'Aisne, en dépit des efforts tentés par les Allemands pour enrayer leur avance, notamment an N. de l'Ailette et au canal de Saint-Quentin, Elles se sont emparées de 3 localités importantes, de Ham, Chauny et Tergny, de toute la basse forêt de Coucy avec Barisy. Elles ont atteint le canal de Saint-Quentin et l'ont franchi à Pont-de-Tugny et à Saint-Simon, malgré la résistance opiniâtre de l'adversaire. En certains endroits, l'avance réalisée par le» troupes françaises dépasse 20 kilomètres. L'ennemi, dans sa retraite précipitée, a abandonné sur le terrain un matériel de guerre considérable et d'importants dépôts de munitions. De nombreux prisonniers ont été capturés. Le chiffre des prisonniers faits par les troupes britanniques pendant la première semaine de septembre dépasse 19,000. Sur les autres fronts, rien de bien particulier à signaler. Une Manifestation de sympalhie en l'honneur de ia Belgique Une réunion franco-américaine vient de se tenif à Paris. Parmi les invités on remarquait le comte Goblet d'Alviella, ministre d'Etat, représentant le Cabinet ; M. Klobukowski, ancien ministre de France à Sainte-Adresse, et de nombreux officiers et universitaires belges et alliés. Le professeur de Lapradeile, qui a pris le premier la parole, a parlé du rôle glorieux de la Belgique qui arrêta l'invasion à ses débuts et dont l'armée se couvre encore de gloire devant l'Yser. Le professeur américain Nettleton a exprimé la svmpathie des Etats-Unis pour notre pays et a affirmé la volonté inébranlable du peuple américain de lutter jusqu'à la victoire. M. Klobukowski, qui a vécu la douloureuse période de l'invasion et de la retraite sur l'Yser, a salué en termes émouvants ses amis de Belgique et, dans un langage plein de noblesse, il a exprimé la confiance des alliés dans la victoire prochaine. Le comte Goblet d'Alviella, prenant la parole à son tour, a répondu en exprimant toute la gratitude du peuple belge pour les Américains qui ont secouru avec tant de dévouement le pays en détresse et qui l'ont sauvé de ia famine. Il a flétri le crime allemand et a dit ce que nous pouvons espérer de cette guerre pour le triomphe du droit, de ia liberté et delà sécurité du monde. iO Septembre 1918 Numéro 609

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