Le matin

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s.n. 1914, 30 July. Le matin. Seen on 28 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/1z41r6p07j/
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f^eudi 30 Juillet 1914 DIX PAGES — CirVQ CKIVXÏmiE®_ 21me Année — N° 211 ,.rj , ,*fjÉdACT10N ,9 BOURSE, 39 f „v,.ASIVER« jàéphone Rédaction î «17 ^poaaements : iDnan . , . . .ir. 1S.OO , /Sixmois • » » « . 6.ÎÏO ^ /Trois mois «. .«.* • 3.KO t Un an . * t • « * Ift.OO , «otciir < Siï mois . . . « . IfrW /Trojs mois , . « « S.OO ' ,v,-m • France, Angleterre, Allemagne et Union 5Se par trimestre, fr. O.OO. - Hollande et 5-DucW. rar trimestre, fr. Î .OO. abonnement se poursuit jusqu'à refus formel. LE MATIN TOTJKN^JD QUOTIDIEN ADMINISTRATION 39,VIEILLE BOURSE, 39 AWVElftS Téléphone Administration : S 61 C. de CAUWER, Directeur An m onces : Annonces la petite ligne, fr. O.SO Annonces financières id. » 1 UU Réclames la ligne, * > 1 .KO Faits divers corps id. i 3 00 Chronique sportive id. » 3 OO Faits divers fin id. j &00 La Ville id. > S.OO Emissions Prix à convenir. Les annonces de la France, de l'Angleterre et de l'Amérique sont exclusivement reçues à Bruxelles chez MM. J. Lebisgue & *-,J- LA GUERRE AUSTRO-SERBE Milites - Négociations Les premières escarmouches VIENNE DONNE DES DETAILS SUR »S EVENEMENTS CONNUS. — LE PONT DE SEML1N VIENNE, 29. — Les Serbes ont fait sauter, à jjgure 30 du matin, le pont de Semlin à Bel-rrade, sur la Save. !L'mfanterie et l'artillerie autrichiennes, apurées par des monitors du Danube, ont bom-lardé ensuite les positions serbes au delà du iont. Les Serbes se sont retirés après un court lorabat. Nos pertes sont tout à lait insignifiantes. Hier un petit détachement de pionniers ailés de gardes-douaniers a réussi à s'emparer le 2 vapeurs serbes chargés de munitions et le mines. Après un court et violent combat, es pionniers et la garde douanière ont réussi i maîtriser l'équipage serbe, supérieur en «libre, et ont pris possession des vapeurs sites, ainsi que de leur cargaison. Les vapeurs ont été emmenés par deux vapeurs au-ïichiens du Danube. BELGRADE NE SERA PAS DEFENDU LE SANDJAK DE NOVI-BAZAR SERAIT IMPRENABLE MILAN, 28. — Le Secolo de Milan reçoit de sebl: ■ Lorsque Belgrade sera envahi par les roupes autrichiennes, aucune résistance ne eia opposée. Le drapeau blanc sera arboré. i Les milieux militaires serbes affirment ueleSandjak de Novi-Bazar est imprenable. ■ Aucune nouvelle n'est arrivée de Bel-rade. » Bombardement de Belgrade PETERSBOURG, 29. — On annonce que es Autrichiens bombarderaient Belgrade. Le pont se trouvant sur le Danube (le (ont de Simla?) aurait été dynamité. Chez les Austro-Hongrois LA PRESSE AUTRICHIENNE ET LA DECLARATION DE GUERRE VIENNE, 28. — Le Fremdenblatt termine ain-i an article : "Maintenant il n'y a plus qu'une pensée, il 'y a plus qu'un mot : En avant ! L'empereur i la monarchie comptent que tous ceux qui titrent en campagne feront leur devoir et que os troupes rapporteront leurs drapeaux cou-îrts de gloire. L'empereur envoie ses soldats la victoire, c'est victorieux qu'ils rentreront ins leurs foyers. » ■ES AUTRICHIENS BLOQUENT ANTIVARI DURAZZO, 28. — Les Autrichiens ont bloqué port monténégrin d'Antivari. Chez les Balkaniques L'ATTITUDE DE LA GRECE ATHENES, 28. — Le ministre de Grèce à Cet-?ne dément avoir déclaré que la Grèce serait Me de fournir 100,000 hommes à la Serbie. Dans le courant de la semaine, le roi se ndra à Moudros, à bord d'un croiseur, pour nvre les grandes manœuvres navales et in-«cter la flotte. En Serbie LA SKOUPTCHTINA NISCH, 28. — La Skoupchtina n'a pas pu se UMr ce matin, par suite du manque de wum. Les communications postales et télégraphi-j sont interrompues. j® Prince-régent n'est pas encore arrivé. Mobilisation continue. Le pays est tran- Le retour de WS. Poincaré UNE POLITESSE ALLEMANDE jj' NKERQUE, 29. — Le président de la Rémi'110 e,st. arrivé à 9 heures 30. Il est re-^roédiatement pour Paris, où il arri-|d :i « heures 15. a m VUn petit cr°iseur allemand, dont on pu lire le nom, probablement le Magde-rr?vAeVvant 1UB Ie cuirassé La France fût e a hauteur de la baie de Kiel, a passé, '«I rrt f6S matin> à un mille environ, par Hta": Iafsant route en sens contraire. Il a ï,'„ .e.vingt et un coups de canon le pavil-!iil résidentiel. Le Jean Bart a rendu le sa- FA|T AU PRESIDENT DE LA clique un ACCUEIL ENTHOUSIASTE 'êsi<w ~~ Le train spécial ramenant le résirtpnt i la République et M. Viviani, wd i , c°useil, est entré en gare du |jque heure 20. Le président de la Répu-[\l Rj reçu à sa descente de train par ins J3nvenu-Martin, Fernand David, Nou-iin'e iim^' Gauîhier, Augagneur, Lau-ideur La,,été .également salué par l'ambas-eine u uss'e> M. Isvolski, le préfet de la ure 'gLi)réIet de police, M. Pichon, secré-nie Qp , 1 d : la présidence. Une compa-onneurs ^ar<^e républicaine rendait les i LrpéSl<lent. s'est dirigé vers la sortie de st montiU railleu des vivats de la foule. Il !ge ét«;t en au.to avec M .Viviani. Le cor-iers, La fSi0rté Par un peloton de cuiras-are, a BP ?ule' tr^s dense aux abords de la fis ' réi^tA ïonguement M. Poincaré aux 'tancei, , ''e : "Vive Poincaré 1 Vive la 'agiter,, i chapeaux et les mouchoirs • Les acclamations ont continué mê- i me lorsque le cortèg'e présidentiel était passé. Les cuirassiers qui fermaient la marche du cortège ont été salués aux cris de: «Vive l'armée ! ». La foule s'est ensuite dispersée en chantant la Marseillaise. CONFERENCE j PARIS, 29. — M. Bienvenu-Martin, ministre i des affaires étrangères par intérim, a reçu ce 1 matin M. de Schoen, ambassadeur d'Allemagne à Paris. UNE BANQUE POURSUIVIE POUR AFFICHAGE DE FAUSSES NOUVELLES TOULOUSE, 28. — Le parquet de Toulouse vient d'ordonner des poursuites contre une maison de banque pour avoir affiché des fausses nouvelles annonçant l'intervention de la Riiqqîp HnriQ 1a rnnflit. a n st.rn - s Arhe. En Allemagne GUILLAUME II ET LE TSAR. INFORMATION TENDANCIEUSE DEMENTIE COLOGNE, 28. — On mande de Berlin à i la Gzzette de Cologne : «Un journal étranger de Pétersbourg dit que la nouvelle s'est répandue dans les milieux bien informés que l'empereur Guillaume a envoyé au tsar une dépêche le mettant en garde contre une intervention de la Russie dans le conflit austro-serbe. » Cette prétendue démarche est interprétée comme une ingérence de l'Allemagne dans les affaires de la Russie. Selon ce même journal étranger de Pétersbourg, la Russie aurait répondu à Guillaume II en se préparant à toute éventualité dans le cas ou le conflit prendrait de l'extension... » Il s'agit là, dit la Gazette de Cologne, d'une tentative pour porter atteinte aux relations russo-allemandes. a II nous suffira, ajoute-t-elle, de déclarer que jamais l'empereur Guillaume n'a entendu parler d'une démarche à Pétersbourg. » MEETINGS SOCIALISTES A BERLIN BERLIN 29. — Dans la capitale et dans les faubourgs, vingt-neuf meetings socialistes ont eu lieu. Toutes les salles, archibondées, étaient placèès sods là surveillance étroite de la police. Une motion finale a été adoptée partout déclarant que le devoir précis des ouvriers allemands et français était d'agir sur leurs ; gouvernements respectifs pour que les travailleurs de ces nationalités ne soient pas sacrifiés à la politique de prestige et de conquête de l'Autriche et de la Russie : « A bas toute provocation belliqueuse et v've la fraternité internationale des peuples ! » Après la clôture des réunions des milliers de manifestants se dirigèrent vers la promenade « Unter den Linden », où se déroula d'abord une manifestation pacifique. Les cris de : « A bas la guerre ! » se firent entendre. Les spectateurs placés sur les trottoirs répondirent par ceux -de: «Vive l'Autriche! Vive l'Allemagne ! » Des bagarres suivirent. La police opéra i quelques arrestations. En Angleterre MOBILISATION RUSSE NE VEUT PAS DIRE RUPTURE AVEC L'AUTRICHE LONDRES, 29. — L'Agence Reuter apprend qu'une mobilisation partielle russe a été ordonnée dans le Sud et le Sud-Ouest hier soir. Cela n'implique nullement une rupture des rapports entre l'Autriche et la Russie et on' espère toujours avec confiance que quelque puissance européenne réussira à amener une entente entre ces deux Etats. LEPOINT DE VUE DU «TIMES»: IL FAUT MAINTENIR L'EQUILIBRE EUROPEEN LONDRES, 29. — Le Times publie l'article que voici : « Ce n'est pas « d'un cœur léger » que le gouvernement et le peuple anglais considèrent ce qui se passe à l'étranger. » Us savent bien quelle serait la portée d'une ' guerre européenne pour le monde entier. Mais ils savent aussi que le moyen le plus sûr et peut-être le seul moyen de conserver cette paix qu'ils souhaitent tant, est de faire bien . comprendre à tous que si leurs amis sont entraînés dans' une guerre, l'Angleterre, pour sa part, les soutiendra jusqu'au bout. » Nous n'avons pas d'intérêt égoïste à ser-v'r ; nous n'avons pas d'intérêt direct du tout, sauf celui qui consiste à voir une équité élémentaire présider à la querelle entre Vienne et Belgrade. Nous n'avions guère d'intérêt direct dans les différends qui prirent fin à Alge- . siras, et nous n'en avions aucun dans celui ; qui se produisit à Agadir. : » Néanmoins, nous étions prêts, et nous avons montré que nous étions prêts dans ces 1 deux occasions, à donner à nos amis toute l'aide possible pour que leurs justes revendi- ; cations fussent couronnées de succès. » Nous avons agi de la sorte parce qu'il est de notre intérêt permanent et conforme à notre politique traditionnelle de maintenir l'équilibre des forces en Europe. » C'est dans ce but que nous avons conclu l'entente avec la France et que nous avons étendu cette entente avec la France à son alliée. , » A cette entente, nous resterons fidèles dans ] l'avenir quoi qu'il arrive, de même que nous y avons été fidèles dans le passé. » . En Italie i LA PRESSE PARTAGE L'OPTIMISME ' ANGLAIS , ROME, 29. — Tous les journaux reconnais- 1 sent la gravité de la situation, mais espèrent ; < encore dans les démarches faites à St-Peters- j ; bourg et à Vienne par les quatre puissances 1 qui ont- adhéré à la médiation. :1 Le Messagero espère que l'Autriche-Hongrie 11 a voulu simplement, par la déclaration de guerre et les premiers actes d'hostilité, satisfaire jusqu'à un certain point son amour-propre et celui des sphères militaires. (Voir la dépêche de l'Agence Reuter.) En Hollande LES PRECAUTIONS MILITAIRE3 LA HAYE, 29. — Le conseil d'Etat a été convoqué d'urgence pour exaitiiner le projet de ratification des mesures déjà prises en vue de maintenir sous les armes la milice et la land-weer. En conséquence, une nouvelle assemblée extraordinaire du conseil des ministres est attendue. En Belgique TROIS CLASSES DE MILICE SONT RAPPELEES BRUXELLES, 29. — Le Conseil des ministres a décidé ce matin le rappel d'urgence de trois classes de milice, celles de 1910, 1911 et 1912. Le Roi a eu cet après-midi, au palais de Bruxelles, une longue conférence avec les ministres de la guerre, des affaires étrangères et des finances, conférence à laquelle assistait le chef d'état-major général de l'armée. LE BUREAU DE LA PAIX BRUXELLES, 29. — De notre correspondant. — Le Bureau international de la Paix a convoqué télégraphiquement, pour vendredi matin, à Bruxelles, une réunion générale des dirigeants des organisations pacifistes, à l'effet de prendre ensemble les mesures concertées tjue dicte la situation présente, notamment : action par la presse, appui au plan de médiation de Sir Edward Grey, démarches jointes des petits Etats menacés par une conflagration européenne. LES LANCIERS A GAND GAND, 29. — De notre correspondant. — Le ime régiment de lanciers a été ramené hier soir par trois trains spéciaux, qui se sont arrêtés à Gand-St-Pierre. En sortant de la gare, les soldats furent acclamés. On cria : « Vive l'armée I Vivent les lanciers I ». Le passage des ^cadrans dans les rues de la ville fut, très remarqué. Les habitants se mettaient aux fenêtres pour voir passer la cavalerie. A OSTENDE OSTENDE, 29. — De notre correspondant. — La nouvelle de la déclaration de guerre est parvenue à Ostende hier, vers 5 heures de l'après-midi. On s'y attendait généralement, sar, depuis avant-hier, les départs étaient devenus très nombreux. Hier, le personnel de la gare d'Ostende-Quai s'est vu forcé d'ajouter plusieurs wagons aux trains internationaux partant pour l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, la Serbie, la Russie, etc. C'est un vrai exode et, si cela continue, nous n'aurons bientôt plus d'étrangers à Ostende I Il est un fait certain que la guerre nous sausera un tort incalculable. Tout le monde prétend ici que c'en est fait de la saison d'été 1914. Loin d'être aussi pessimiste, nous devons avouer cependant que son succès subira un rude assaut. Et cela est compréhensible si l'on sait que la clientèle d'Ostende nous est 3n grande partie fournie par les pays engagés ians le présent conflit européen. A Blankenberghe et à Heyst, les départs se sont effectués dans des proportions plus importantes encore. Il est vrai que ces deux belles plages sont les favorites des Allemands et des Autrichiens. Tous les bureaux téléphoniques et télégraphiques du littoral sont sur pied et ont reçu jrdre de fonctionner jour et nuit. Et avec toutes ces nouvelles sensationnelles, ce que l'on vend de journaux à Osten-ie dépasse réellement les bornes de l'imagination.La guerre, l'affaire Wilmart, l'affaire Cail-laux nous valent des éditions spéciales des journaux de Bruxelles et de l'étranger, qui sont écoulées à Ostende, rue de la Chapelle, Digue, boulevard van Iseghem, Kursaal, etc., en moins de temps qu'il ne le faut pour l'écrire. Quelle débauche de nouvelles sensa-.ionnelles et que de papier, Et que de vendeurs; on dirait qu'une armée de camelots s'est abattue sur la Reine des Plages I C'est réellement trop, d'autant plus que cela n'est sas encore entré dans nos petites habitudes. A quand la fin de ce cauchemar? SUR LE LITTORAL KNOCKE, 29. —■ De notre correspondant. — L,es Allemands qui viennent en masse passer ci le mois de juillet nous quittent précipi-amment pour regagner leur pays, devançant le quelques jours leur exode habituel. Les Allemands vont être remplacés par les Anglais, qui arrivent déjà en masses compacts. A moins que les bruits de guerre... Conséquences économiques LES BOURSES ET LES MARCHES LONDRES, 29. — On annonce que la bourse le Saint-Pétersbourg est fermée. BERLIN, 29. — A la bourse des fonds publics ;t au marché des céréales de Berlin, le mar-•hé ultime et le marché à.terme sont provisoirement suspendus. Au marché du comptant, les opérations de :hange continuent. AMSTERDAM, 29. — Le taux d'escompte de a Banque néerlandaise a été porté de 3 1/2 à . 1/2 %■ Le comité des fonds publics, dans une réu-lion avec les présidents de la Banque Néer-andaise, de la Compagnie néerlandaise du Commerce, et de la Chambre de Commerce i décidé de fermer la Bourse aujourd'hui >our avoir l'occasion d'examiner les mesures [u'il y a lieu de prendre conformément aux j )gsoins du marché des fonds publics. . 1 REPORTAGE PARISIEN (Correspondance particulière du Matin.J i Le procès de Mme Caillaux — La déposition du Dr Doyen — L'incident Bernstein — Les plaidoiries — Le verdict Mardi, 101/2 heures du soir. SAMEDI 25 JUILLET, 7 heures soir. — Mme Caillaux. livide, a regagné son banc. C'est à présent le défilé des médecins qui commence. Fallait-il opérer Gaston Calmette 1 Ne fallait-il pas l'opérer? Fallait-il le transporter dans une clinique? Ne devait-on pas l'y transporter? Pendant trois longues heures, des sommités médicales viennent, tour à tour, défendre chacun leur façon de voir. «Nous avons opéré à l'instant précis où nous le devions », clament les médecins de la partie civile. « Vous ne deviez pas transporter le blessé, crie la défense, et les médecins de la défense. Vous deviez tenter une intervention immédiate ! » La querelle est ardente et rappellerait Molière, si la Cour d'assises n'élevait pas autour de ces hommes en redingote ou en toge, ses murs sombres. Mais le professeur Delbet, cité par M. le bâtonnier Chenu dans l'espoir de détruire, vingt-quatre heures à l'avance, la thèse que soutiendra lundi M. le docteur Doyen, le professeur Delbet crée tout de suite un incident. «Je jure de dire la vérité, rien que la vérité, mais je ne puis pas jurer de dire toute la vérité ! » — Qu'est-ce à dire ? On se regarde, étonné. Mtre Labori proteste déjà et le rouge de la colère lui monte au visage: «Vous invoquerez le secret professionnel, si vous voulez, mais la formule du serment...» — «Pardon! le secret professionnel n'a rien à voir là-dedans !» Oh ! oh ! M. Delbet, très calme, très grave, forme un contraste frappant avec le défenseur de l'accusée, qui, penché sur son banc, éclate : «Mais qu'y a-t-il ?... » Un silence. Et puis le professeur Delbet laisse tomber : « J'ai été l'objet d'une démarche... J'ai promis le secret... Mtre Labori sait bien... » «Quoi? Qu'est-ce que je sais? Quelqu'un s'est présenté chez vous, de ma part ? Ce quelqu'un en a menti !... » L'émotion est grande... Mais enfin, sur l'assurance que M. Delbet ira voir la personne qui l'a sollicité et paraîtra ensuite de nouveau devant la Cour, le conflit s'apaise. Le témoin prête serment et parle. Bien entendu, l'audience levée, l'incident qui vient d'être soulevé fait l'objet de toutes les conversations. Le bruit court — le bruit — que, à la demande de M. Caillaux, Mtre André Hesse, à qui l'on aurait promis la rosette de la Légion d'honneur, aurait été trouver le docteur Delbet, en lui promettant à lui la cravate, s'il consentait... Vous devinez la suite. Mais ce bruit est invraisemblable.« * » DIMANCHE ,26 JUILLET. — Journée de repos. Journée de calme. MM. les jurés sont aux champs, pourrait-on dire, si le ciel n'avait pris subitement tous les tons du gris et si les arbres n'agitaient pas aujourd'hui, comme avec désespoir, leurs branches dont les feuilles, par endroits, ont déjà toutes les nuances de l'or et du feu. L'automne est dans tous les cœurs. Il pleut par instants. Par instants aussi un soleil blafard fait toutes choses plus pâles. '1 fait froid. Mais toute Cette mélancolie de la nature n'empêche pas les Parisiens d'aller, de venir, et c'est, sur les boulevards comme à Montmartre, comme ailleurs, une animation presque inusitée. Les terrasses des cafés regorgent de consommateurs et, le soir venu, les éditions spéciales des journaux s'arrachent.. Il est vrai que le procès que nous suivons passionnément depuis huit jours n'est pas, à cette heure, ce qui intéresse la foule. On croit a la guerre, et une certaine anxiété règne... « * * LUNDI 27 JUILLET.—Les mesures de précaution (?) prises par le président Albanel et par le commandant du Palais sont,ce midi, plus rigoureuses encore que ces derniers jours. Les journalistes eux-mêmes — les journalistes surtout, dit-on — ne sont pas exemptés de mille petites formalités aussi ennuyeuses que vexatoires. C'est à croire que l'on suppose en chacun d'eux quelque porteur de bombe ! Les cartes qui nous sont délivrées seront donc, à partir d'aujourd'hui, poinçonnées à chaque entrée et Sortie du prétoire. Si bien que ceux d'entre nous qui, pour le besoin de leur service, font la navette entre la salle d'audience et le téléphone, risquent fort de ne plus avoir de carte à la fin de la journée!... Les barrières établies dans les galeries ont été, en outre, doublées, et les municipaux qui y veillent semblent vous prendre pour des repris de justice. C'est infiniment joyeux ! Je note que M. Caillaux n'a pas affronté aujourd'hui le vestibule de Harlay et est entrée à la Cour d'assises par certain couloir secret qui relie celle-ci à la conciergerie. A midi dix, un fauteuil-pliant a été apporté dans le box des accusés. Sitôt arrivée, Mme Caillaux, très déprimée, les paupières lourdes et le teint blême, y prend place d'un geste las. Ainsi que je l'avais prévu samedi soir, l'incident André Hesse-Delbet a trouvé tout de suite son explication. Mtre André Hesse l'apporta lui-même à la Cour, avec simplicité et franchise. Le professeur Delbet affirma l'authenticité de la version en question, et M. Caillaujc eut alors la parole pour « une déclaration de quelque importance ». * * * Cet homme dont l'énergie est incroyable, le «ressort» presque surhumain, ferait durer le procès plusieurs mois, si cela était en son pouvoir, tant il est habile à compliquer le débat, à l'obscurcir, à venir parler de la victime de sa femme quand c'est de sa femme qu'il est question, tant il veut, à tout prix, sortir lui-même absolument blanchi de ces audiences où il a fait, à plusieurs reprises, figure d'accusé. Le Figaro qui, tous les matins, publie de nombreux articles acerbes contre la personne même de l'ancien ministre, le FU garo a-t-il à peine inséré la moindre attaqua que voici M. Caillaux à la barre, armes en mains, prêt à répondre. Aujourd'hui, il a sa voix des grands jours et ce ton indéfinissable où il y a de la suffisance, de l'insolence et de l'autorité à la fois: «On m'attaque sans cesse...-J'en ai assez!... Voici la preuve que des combinaisons sont intervenues entre M. Calmette et le gouvernement hongrois.» Un silence. «Je la tiens du comte Karoly lui-même! » Sensation. «Voici aussi le testament de M.Calmette!» Stupeur! M. Prestat bondit: «Comment l'avez-vous eu? » — « De la même façon que vous avez eu la lettre «Ton Jo », Monsieur!...» Mais Mtre Chenu s'est dressé. Mtre Chenu a l'air... mon Dieu! oui, très «embêté»... Le président Albanel, de son côté, jette des regards inquets vers Mtre Labori... Mais la passe d'armes commence, immédiatement assez violente — heureusement courte. J'en détache deux phrases qui peignent mieux que n'importe quels mots le sang-froid de M. Caillaux: Mtre Chenu: ... Vous ne vous rendez pas compte que tous ici nous sommes exténués? M. Caillaux : Voulez-vous me permettre de vous répondre, M. le bâtonnier? Mtre Chenu: Parfaitement, Monsieur. M. Caillaux: Monsieur??? Mtre Chenu: Comment voulez-vous que je vous appelle? Ah! oui: Monsieur le ministre? Eh bien, parfaitement, M. le ministre! I La salle a souri. Elle sourit moins lorsque I lecture est faite du testament de M. Calmette. , Les mots de millions tombent dans le grand I silence qui s'est fait: « Deux millions de M. j Chauchard... Huit millions de Mme Boursin j (l'amie de M. Chauchard); trois millions provenant d'opérations, de placements... » Les jurés se regardent, les humbles jurés que la treizième partie seulement de cette fortune ferait riches... Le silence règne toujours, auquel est venu s'ajouter une gêne indicible. Mais M. Caillaux, implacable, poursuit: «Comment, pourquoi Mme Boursin s'est-elle dépar-c tic de 8 millions au profit de M. Calmette?... » Et puis enfin: « Il y a quelque chose de pis que de perdre la vie: c'est de la conserver quand on s'attaque aux femmes et qu'on s'enrichit à leurs dépens! » La fièvre est dans l'auditoire. Un vent de bataille souffle dans cette salle surchauffée. Les avocats eux-mêmes en viennent presque -- ohl presque — aux mains... Les nerfs sont surexcités de part et d'autre... Le public, qui est à présent cohue, et cohue frémissante, applaudit ou hue tel ou tel acteur dp ce terrible drame, comme au théâtre. La dignité du prétoire s'en est allée. Et l'incident qui éclatera tout à l'heure entre M. Caillaux et M. Henry Bernstein montera à un sommet de violence non encore atteint jusqu'ici. .x. Mais voilà les médecins. Mais voici le docteur Doyen. Parce que le docteur Doyen s'est, depuis de nombreuses années déjà, délivré de certains préjugés en honneur dans les milieux scientifiques et n'a pas craint de dire leur fait aux médecins, ses confrères de l'Académie; parce que le Dr Doyen fabrique un remède remarquable, qu'il répand à profusion et distribue même au besoin avec une inlassable bonté; parce que le Dr Doyen fabrique aussi du Champagne au du moins est propriétaire d'une marque cotée de Champagne; il est de bon ton à Paris de dire de lui: c'est un charlatan. Sur ce chirurgien fameux, Jacques Ferny a écrit jadis l'une de ses meilleures chansons, et bon nombre de Parisiens, depuis, ne voient plus en M. Doyen qu'un « Docteur Tranche » en train de bonimenter perpétuellement sur des tréteaux forains. Il a cependant suffi que l'illustre savant paraisse devant la Cour pour que le calme aussitôt renaisse et que l'attention générale soit de nouveau soutenue. Sa conférence — on pourrait dire son cours — documentée, précise, technique, mais mise à la portée de chacun grâce à des planches établies pour la circonstance, produisit donc une impression profonde. Oui, le docteur Doyen est un acteur: il se lève, se baisse, mime la scène du meurtre, met son pardessus sur lequel il a repéré la trace des balles qui ont atteint Calmette, sort un browning, fait le geste de tirer, haut, bas, essaie de reproduire chacun des gestes mêmes qu]a dû faire l'accusée... Mais quel effet ne produit-il pas sur les jurés,dont certains sont debout pour mieux suivre la démonstration! Enfin, il conclut: On n'aurait pas dû transporter la victime; il fallait l'opérer sur place, immédiatement. Ella eût été sauvée. Alors accourent à la barre, MM. Reymond, Hartmann, Pozzi, Delbet... C'est la querelle des médecins: Péritonie, sacrum, artère iliaque, artère fémorale, plaie ici, plaie là... On se croirait à l'Académie de médecine, au bien au deuxième acte du Malade imaginaire. En vérité le dramatique s'en est allé et la scène est presque comique. Le drame renaîtra avec l'entrée de M. Henri Bernstein — naturellement. J'ai dit la haine que paraît éprouver le célèbre dramaturge à l'égard de l'ancien ministre. Tout à l'heure celui-ci a dit, à propos du testament: « Il est vraiment trop commode à la partie civile de n'opposer à nos précisions qu'un témoignage de moralité générale, qui a été donné par M. Bernstein, dans le passé duquel il y a certains faits... » On connaît ces faits: M. Bernstein, jadis, a déserté. Je ne sais pas si- ce fut pour une Carmen, mais il a déserté. A présent, M.Bernstein est là, debout, les yeux désorbités.Tout de suite agressif, il ira jusqu'à la grossièreté — non sans allure, d'ailleurs. « Etes-vous là, Caillaux?... parce que, moi, je n'insulte pas des adversaires en leur absence 1 » Et aussi-

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This item is a publication of the title Le matin belonging to the category Liberale pers, published in Anvers from 1894 to 1974.

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