Le soir

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26 November 1918
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LE SOIR LE SOIR a été particulièrement frappé par les Allemands, (fui lui ont enlevé la presque totalité de son matériel. Des 80 bons de réquisition qu'il a ou devrait avoir en sa possession, un seul constate l'enlèvement de près do 50 moteurs électriques; d'autres de 200,000 kilos de papier, qui ont été pris pour être livrés aux Journaux censurés. Nous paraîtrons donc jusquîà nouvel ordre avec des moyens de fortune. Nos lecteurs nous excuseront. Des machines, un outillage complet ont été commandés il y a six mois aux Etats-Unis, et nous permettront de paraître bientôt dans des conditions meilleures que celles de 1914. Les abonnements sont provisoirement suspendus, l'ennemi nous ayant enlevé nos approvisionnements. Ils seront rétablis sous peu, cotre papier arrivant à la suite de l'armée. Nous déduirons du prix fle l'abonnement nouveau la valeur dos mois non servis en 1914. m .1. I. ...T., -'gsrev-J—SiT Demandes d'emplois (tarif réduit) ... 8 petites ligne». 1.00 Toute ligne en plus , . . » 0.40 o Toutes autres rubriques ou annonces commerciales " « • 0.80 Faits Divers (ir* partie) . , , , , Ja ligne, 6.00 — (2m* partie) . ' J • . fi • — 5.0t — (3*« partie) . . . . » p — a.qî Sport et Réparations judiciaires • , '/>' •— s.00 Nécrologies ; # 2.50 Réclames avant les annonces. • » • 2.00 Théâtres et Spectacles — j.oo Téléph. : Annonces : A 591 — Administ. : A 4738 — Réd. j A 198 ot A 3548 Rédaction et Administration : 23, Place de Louvain, Bruxelles. Peux éditions : AB à 2 b. et B à O h, Manœuvres allemandes Les Allemands demandent un adoucissement des clauses Se l'armistice. Ils considèrent déjà le document qu'ils ont signé le 11 novembre comme un chiffon de papier. 11 faut s'attendre à d'autres surprises.Les Allemands manquent totalement de psychologie. On se rend parfaitement compte des difficultés au milieu desquelles l'Allemagne se débat. Les Alliés n'ont pas une mentalité boche, et personne ne songe à faire mourir les Allemands de faim. Mais d'autre part, on les connaît trop pour les croire sur parole et s'apitoyer sur leur sort. Les maux dont ils souffrent ne sont en rien comparables à ceux qu'ils nous ont infligés. Aussi lo docteur Soif, qui sait tout cela aussi bien que nous, ne compte pas sur les cris de détresse plus ou moins sincères pour nous amener à composition. Il a recours à la menace. Si les Alliés ne consentent pas à atténuer les conditions de l'armistice, le gouvernement allemand ne répond plus de l'ordre. L'Allemagne sera bo'cheviste à son tour, et on laisse sous-entendre que lo nouveau choléra russe pourrait bien passer le Rhin. Menace maladroite, danger imaginaire. Les successeurs de Ludendorf et de Hindenburg, MM. Soif, Erzberger et Scheidemann, se trompent. Leurs agents, nous ne l'ignorons pas, ont obtenu quelques suocès en Hollande et dans la (Suisse allemande, — succès passagers, d'ailleurs. Mais les Allemands ont tort de confondre les pays des « poilus » avec la Russie et certains neutres. Les démocraties occidentales sont d'une autre ^rempe. Nous ne nous sommes pas laissés contaminer pendant les heures difficiles, et aujourd'hui la victoire nous a complètement immunisés. Libre donc*aux dirigeants boches de bolchéviser leur pays. Cela ne modifiera en rien les conditions, les décisions de l'Entente. Que les Allemands renoncent donc aux jérémiades et aux menaces. Rien ne pourra leur éviter de ! fournir de justes réparations pour le passé, et de ] souscrira aux garanties nécessaires pour l'avenir. 1 M" La question du Luxembourg ÏRéunis à la Salle Patrla, lès Luxembourgeois demeurant à Bruxelles ont émis solennellement un vœu en faveur de l'annexion Ûu Grantl-Duchô à la Belgique. Ils ont posé eux-mêmes la question du Luxembourg, dont voici quelques rétroactes : Le 9 Janvier 1831, le Gouvernement provisoire, à la suite des premières menaces de séparation formulées par la Conférence de Londres, envoyait cette proclamation aux habitants de la province : ■ Vous avez appartenu à l'ancienne Belgique ; en 1815, la force étrangère a disposé de vous, sans votre aveu; en 1830, vous vous êtes spontanément associés à la révolution belge, et vous vous êtes réintégrés dans vos droits... Les députés que vous avez élus directement siègent au Congrès belge; et là seulement vous Êtes représentés». JLfe9 mars 1831. le Régent écrivait: % Luxembourgeois f vous êtes depuis trois siècles Belges comme nous, et vous vous êtes fnontrés dignes de ce nom. Depuis le règne de JPhllippe-le-Bon, vos eîforts comme les nôtres, ont eu pour but une nationalité commune. En [1815, vous avez eu, pour la premiè/e fois, des 'rapports particuliers avec i'Aflemajatœs .njats^ iVous avez continué à viv*e *8©es les mêmes Institutions que le reste de la Belgique .. Vous ïi'êtes pas étrangers à nos combats, 6 nos victoires ; vous vous êtes spontanément associés À la révolution belge, et les noms de vos volontaires sont inscrits dans l'histoire de nos Journées... Vos députés ont concourru à donner à la Belgique la Constitution qui la régit... Au ïlom de la Belgique, acceptez l'assurance que iTOS frères ne vous abandonneront jamais I •. M. J. B. Nothomb disait à la Chambre belge 28 octobre 1831, en protestant contre la séparation du Luxembourg et de la Belgique : « Peut-être ce qu'on refuse à la Belgique aujourd'hui, elle l'obtiendra, dans la suite, par le cours naturel des événements et par cet enchaînement, cette génération d'idées dont le temps seul a le secret... Comme Belge, j'ai loi dans l'avenir. Le Jour de la réparation se lèvera pour nous, et tous les enfants de la famille belge se réuniront dè nouveau. • ïji «fe * fA la suite du refus du roi de Hollande qui exigeait la cession du Luxembourg tout entier, la séparation n'eut pas lieu en 1831. Le Grand-D-uché resta belge ef crut l'être pour toujours. La Hollande étant revenue subitement sur son refus en 1838, la Prusse massa des troupes à nos frontières pour exiger l'exécution du traité, et les puissances suivirent. La Chambre des représentants protesta à l'unanimité des voi», le Sénat fit de même, le Conseil provincial du Luxembourg également. Le Î7 novembre 1838, la Chambre envoyait une adresse au Roi dans laquelle elle disait : « Nos droits Sire, sont ceux que toute nation doit revendiquer : son unité, l'intégrité d« son territoire ; ils reposent sur cette antique nationalité que le neuple belge n'a fait que reconquérir en 1830. ...Depuis quatre siècles, le Luxembourg est uni à la Belgique. La révolution belge n'a ponjt opéré sa réunion aux autres provinces ; elle n'a fait que la maintenir. Cette province, bien que qualifiée de grand-duché, n'a jamais été régie comme Etat allemand. Les actes or- c ganiques et publics du gouvernement des Pays- i Bas ont constitué les neuf provinces méridio- j nales, conformément à leur existence antérieure, sans établir aucune distinction pour le Luxembourg. La Belgique n'a rien ajouté à leurs limites... * La Belgique n'a donc été mue par aucun esprit d'envahissement ; aujourd'hui encore, elle ( ne veut que conserver des concitoyens qui lui < sont unis par une longue communauté. \ Comme on l'a vu par l'assemblée entho.il- j siaste des Luxembourgeois de Bruxelles, ce , sont ces concitoyens qui maintenant, demandent à renouer les liens de cette longue communauté. J Le Roi à la coup de Cassation La Cour de Cassation a reçu le Roi, ce matin, à 11 heures, à l'occasion do la reprise de ses travaux.Le Souverain, arrivé en automobile, a été reçu au pied do l'escalier du palais par M. lo premier président Van Isegliem, et par une délégation de la Cour. Le Roi était en uniforme. La foule massée sur la place Poelaert a ovationné le Souverain, qui a été conduit dans la salle de la Cour, où des délégations . des diverses chambres et du barreau étaient massées.Monsieur lo premier président Van Isegliem, a remercié le Roi de venir honorer ce Palais d'où le Droit fut violemment chassé et où le Roi et l'armée l'ont fait rentrer en triomphateur.il rappelle les atrocités allemandes, les phases principales do la guerre. Il explique l'attitude do la Cour de cassation, qui éleva sa voix pour protester contre les violations du Droit, et termine en disant que la magistrature s'associera à l'effort de reconstruction du pays dans le cadre de notre pacte fondamental,et que lo pouvoir judiciaire est lo sauvegarde du peuple dans une démocratie sage et laborieuse. M. le procureur général Terlindon dit que la Belgique est l'image du Droit vainqueur de la Forco et l'instrument de la justice de Dieu. La magistrat uro a pu endurer bien des choses, mais elle ne pouvait souffrir qu'on touchât à la Justice elle môme : elle quitta le prétoire. L'orateur estime que la strict-e application de la loi rendra à nos populations les mœurs paisibles et douces que la guerre est venue bouleverser. Il rend hommage à. la mémoire des magistrats tombés à l'armée, voulant combattre pour le Droit, ils sont morts pour lo Devoir. Il salue la magistrature française représentée par la Cour de Douai. Comment séparer désormais, dit-il, le souvenir glorieux du soldat belge et du soldat français. Enfin, après un hommage à la Reine et aux Enfants royaux, il déclare ouyertsles travaux de la Cour, au cri de : Vive le Roi, que l'assistance répète longuement. M* Eugène Hanssens, au nom du barreau, prononce une éloquente apologie du Droit et un réquisitoire contre les crimes allemands. Maintenant le Droit est ressuscité. Puisse-t-il régir le monde jusqu'à la fin des siècles. A midi, au milieu -des acclamations de la magistrature, du barreau et de la foule, lo Roi quittait 10 Palais de Justice. PETITE GAZETTE ILes cSoyonscs&nîréei C'est une nouvelle Joyeuse-Entrée que lo Roi et la Reine'feront à travers nos villes belges reconquises.Cette semaine, ils iront à Mons, à Gharleroi, à Namur et à Liège. ILe retour de M. SSasson. M. Masson, le nouveau ministre de la guerrç, qui était interné à Cello-Schloss depuis plus de six mois, vient enfin de rentrer en Belgique Ls^éparleasut da l'Antérieur. M. de Broqueville est rentré, hier, à Bruxelles. 11 a manifesté, à plusieurs de ses amis de la drojte, ses hésitations à reprendre un portefeuille. Mais de pressantes instances sont faites auprès de lui. Le ciiaifclèro du Scienc» ci Arts. C'est dans les locaux provisoires de la rue Hydraulique que M. Poullet a présenté, lundi matin, M. Harmignie, son successeur, au personnel du département des Sciences ec Arts. Dos inaolfesiailon ci i'Jsonaenr da c a: «final SBrreler. Une granfte manifestation en l'honneur du cardinal Mercier, le grand archevêque de Mulines, au ra lieu le dimanche 29 décembre prochain. Le cardinal célébrera, à 10 heures du matin, une messe pontificale en l'église Sainte-Gudule. Ail heures, une séance plénière réunira les manifestants en la salle Patria, rue du Marais. An fténat. La réunion du Sénat est fixée à vendredi pro chain, à 2 heures. tLe retour à la vie normale Ce qu'il faut faire pour y arriver. Essentiellement et avant tout, pour permettre aux Belges de se ravitailler et, dans ce but, rétablir le commerce libre, la concurrence, d'aucuns nt songé à l'imposition de prix maxima. L'oxpô ienco tentée à cet égard, un peu partout, et en France notamment, est concluante. J Jamais la hausse des denrées et leur raréfaction j l'ont été plus manifestes que dès l'instant où l'on z , voulu appliquer paraille mesure, Il faut donc rétablir la libre concurrence. Pour :ela accorder la franchise des droits, pendant cinq >u six mois,à tous les produits alimentaires géné- ^ ■alement quelconques, permettre ainsi la constitu- ' ipn de quelques stocks, et obtenir dos gouverne- * nents français, britannique, américain, la licence ^ l'exportation quo leur amitié pour la Belgique < îous fera certes obtenir prompteiuent. Il y a là pour le nouveau ministre des Affaires ] économiques, M, H. Jaspar, une belle entrée en »cène. Rtos chcyallifl de fer. A partir de ce jour, un train partira quotidien-lernent à 8 h. 1/2 de Bruxelles-Nord pour Anve. s ; 3t, à 9 heures, pour Gand, Incessamment, un service avec Liège sera établi. Lo bureau des billets est installé rue du Progrès Un saa.i!iesle des SUcrivains. La revue Le Thyrse publie un manifeste des écrivains belges, rédigé par M. D. J. De Bouck, auteur des Vies Agrestes. Après quelques phrases enthousiastes par lesquelles les écrivains expriment leur joie de la délivrance, on lit ce .passage : Et d'abord, nous fustigeons comme do faur frères c«ux des nôtres qui on* trahi le mot d'ordre de la Littérature. De la même famille que les innommables flamingants, ils ont courbé davant les Barbares leurs esprits comme dis échines d'esclaves, et ils auraient, «'ils avaient fait nombre, pu nous déshonorer. A la Potence de la Publicité ceux qui ont cru, dans une ruée immonde, prendre des places qu'ils voyaient vides, celles des jeunes en armes, des morts enterrés derrière lo front, des aînés en exil ! Journalistes cupides, fabricants d'opéras, marchands de vers, do prose et do comédies, accapareurs do renommée, votre rôle fut do verser aux âmes des flots do b'étise et d'hypocrisie et d'être, pour aider les empoisonneurs du Peuple, les falsificateurs de la Pensée et de la Beauté ! Ils sont bien deux, que nous vénérions du nom de Maîtres, et qui ont reçu les émissaires des feuilles censurées pour leur confier des choses qui nous ont fait rougir. C'est notre droit de les montrer du doigt aujourd'hui et de renier le respect que nous leur portions. fëo!r« clrvag®. Rencontré le député Poten, le grand éleveur lirabourgeois, auquel nous demandons si l'éle vage du cheval de gros trait est a jamais perdu chez nous? — Que non pas, nous répond-il, nous avons heureusement pu mettre u l'abri, en Hollande, en France, quelques-uns de nos meilleurs producteurs, et comme nous avons pu garder — au prix de quels subterfuges ! — quelques types de jeunes juments nous allons pouvoir « refaire » la race. Nous n'aurons pas grande abondance au début, mais e;jhn, quand môme, tout n'est pas perdu, E*»ar r6J»îon Barrée. — 0Jne déclm-alioa de 132. Anscelo. Interviewé par un confrère français, M. Anseele a dit : « Je suis fermement partisan d'une politique d'union basée sur la reconstitution du pays. Quant | à l'Union sacrée, j'en suis également partisan, à condition, toutefois, que l'on ne ruse pas avec la démocratie, et qu'on oublie toute» les querelles d'avant la guerre — querelles qui ne peuvent qu'etre nuisibles a la prospérité du pays. * ïlïn télégramme do !82. I*oïucnré Voici lo télégrammo que l'Administration communale a reçu en reponse aux félicitations qui ont été adressées au président do la République française, à l'occasion do la délivrance de la Yillo do Bruxelles ; Monsieur Maurice Lemonnier, Bourgmestre tf. do Bruxelles. Je remercie de tout cœur la Vd-Ie de Bruxelles de l'affectueux souvenir qu'elle adresse au PeupleFrançais, et je vous exprime,à vous et à vos concitoyens, mes vives félicitations pour votre délivrante. (signé) Raymond Poincaré. ÏJa îélégremine d« 193. Clcaionesaa L'administration communale vient de recevoir do M. Georges Clemenceau, président du Conseil, le télégramme suivant, en réponse aux félicitations qui lui ont été adressées à l'occasion do-la délivrance de la ville de Bruxelles : Président Conseil, ministre Guerre à Maurice Lc-nionnier, Bourgmestre ff. à Bruxelles. ISO a/a. Je suis heureux, au moment où la capitale de la Belgique vaillante et indomptée voit luiro à nouveau la liberté, de répondre à votre salut par le témoignage mu de mon admiration et l'expression de tous mes vœux pour le plus bel avenir. (signé) G. Clemenceau. K&'os inittraié* c© Nous avions en Hollande, au lendemain de la prise d'Anvers, uno trentaine do mille interné , Quelques milliers réussirent a gagner l'Angleterro ec la Franco, c'est-à-(in e l'armee beîge. Une dizaine de miilo trouvèrent de l'ouvrage et gagnèrent leur vie Mais nombre d'autres restèrent — d'aucuns malgré eux, d'autres parce qu'ils le voulurent bien — sans rien faire. lis furent très malheureux et, en ces derniers mois — tout comme les Hollandais d'aJleurs — ils curent faim, On va s'occuper de leur prompt rapatriement. M. Louis Franck qui, en attendant l'arrivée de ri, Masson, assume les fonctions de ministre de la j fûerre, est partie pour La Haye pour négocier cette ,flaire au nom du gouvernement belge. : Ros tramways. , Ceux d'entre nous qui viennent de rentrer de 1 rrance n'ont guère été étonnés de l'encombrement ixtraordinaire de nos tramways. Il n'était pas un ram, au Havre, qui n'eût juché sur l/i^périale ou à 'arrière, sur lo trottoir ou bien agrippés, comme los singes, sur les rebords, des « tommies », des yanks», des «poilus» ondes «jass» — mais la lalme revenait indiscutablement aux Anglais, qui ;e î évélaient maîtres en acrobatie. &<n {Ligne des PalrioUs. La Ligue des Patriotes a à sa tête un comité'pro-nsoire composé de MM. Amédée Begault, ancien officier d'artillerie ; le juge d'instruction Raymond Bilaut ; lo notaire Ernest Bourgeois ; l'avocat Henri Catens ; Albert Cardinaël, l'avocat Jacques desCressonnières;AlexandreDelcommnne; le comte d'Oultromont ; les avocats Dewinde ; Norbert Die-derich ; Eugène Flagey ; Georges Kerckx ; 0. Le-preux, directeur de la Banque Nationale ; l'avocat Edmond Loicq ; Jules Mahillon, agent de change ; Aug-uste Michot ; Henri Raclot ; le colonel Oscar Tahon ; le docteur Tournay ; Paul Ugeux, professeur à l'Université de Louvain ; Vandenbroeck, industriel ; Paul Van der Eycken, professeur à l'Université de Bruxelles, et Albert Vlemincx, administrateur de l'Union du Crédit. Eilo a assumé la mission de reconstituer l'unité moralo de la nation, d'entretenir les sentiments patriotiques et de perpétuer les hauts faits de notre armée et des actions d'éclat de nos soldats, d'assurer un appui e.lectif aux défenseurs de la Patrie et particulièrement aux invalides do la guerre, do répand ro la religion des morts et le culte des héros, La Ligue des Patriote® est ouverte à tous les Belges désir, ux de travailler au relèvement de la Patrie et décidés à n'oublier jamais les crimes allemands, ni les souffrances endurées en Belgiquo pendant l'occupation teutonne. Kos mineurs Le Comité national des mineurs, réuni le mois dernier, a émis le vœu de voir s'élever de 360 à 720 le taux do pension annuelle et le maximum de sa'aire admis commo base de calcul pour les pon-sion« de 2,400 à 4.000 francs par au. De plus, étant donné l'état de dépression dans lequel ces quatre années de misère ont mis les ouvriers, lo Comité national émet le yceu de voir fixer a 8heures au lieu de 9 le maximum d'heures do travail. Enfin le Comité a émis le vœu de voir « nationaliser » la propriété des usines de charbon, A PEco.'e IBSîlïSalre. Il parait que les Allemands ont volé les livres de la bibliothèque do l'Ecole Militaire, de môme que des collections et des appareils de grand prix. Ils ont détérioré beaucoup de meubles, pillé des bureaux, enlevé des instruments de valeur, la collection des minéraux réunie par le professeur Gody Bt son frère, etc. Bref, toujours la « Kultur » G,e fanion e!u cîasssenra j Parmi les troupes françaises qui ont défilé de-nous 1$ jour de la rentrée triomphale du roi Albert figurait-un bataillon de chasseurs à pied — Ip 43" bataillon, 9* compagnie. 11 était préc dé d'uu magnifique fanion jaunB avec bande verte; portant un cor de chasse brodé en argent. Le chiffre du bataillon s'étalait au milieu; diins chacune dos angles- un grand 9, numéro de la compagnie. Retenez bien cette description. Pourquoi-?. . Ce drapeau a disparu, il a été volél Oui, ce glorieux insigne quo les soldats ont défendu, au prix de leur suig, dans plus de vingt batailles; qui a flotté glorieux surl'Hartmannweiler.à Verdun,au Chemin des des Dames, dont les plis frissonnent au souffle de la gloire et de la victoiro, a été "pris sans combat, et les bravea qui l'ont sauvegardé ont eu la larme à l'œil lorsqu'on leur a appris qu'ils l'avaient perdu. Ils étaient logés au Vert-Chasseur On l'avait fiié au'dessus de la porte du casernement. Et la nuit, un inconscient, désireux de posséder un souvenir de la guerre, le prenant pour un drapeau quelcon que, se l'est approprié. Simple manie do collectionneur sans doute. Celui qui a emporté ce trophée des épopées des grandes offensives n'est pas un voleur de profession, n'est-ce pas, monsieur? Vous n'avez pas songé au mal quo vous faisiez à tous ces héros en leur enlevant leur drapeau, quelque chose do leur cœur, un lambeau de leur chair!... Vous le leur rendrez... Vous n'attendrez pas qu'une enquête poli c ère vous fasse découvrir et vous accable do honte... Vous no voudrez pas qu'en approfondissant les indices que l'on possède, on arrive à vous contraindre à résipiscence. Non!... Vous comprendrez votre erreur... Vous restituerez le fanion du bataillon... Faites le rapporter en nos bureajx. N'ayez aucune crainie. Nous vous garantissons la plus complète discrétion que nous impose en la matière lo secret professionnel.Ce geste vous allégera la conscience et fera excuser votre légèreté. lueurs Insignes. Â' Quoi reconnaît-on les grades, dans notre îouvelle armée ? Voilà une question que beaucoup de personnes se posent, et en voici la •éponse : Les grades sont marqués uniquement sur le ;ollet. Les officiers portent : le sous-lieutenant me étoile d'or; le lieutenant deux étoiles d'or; le capitaine une étoile d'or et uno étoile d'argent; le commandant trois étoiles d'or ; le major une barrette et une étoile d'or; le lieutenant-colonel une barrette et deux étoiles d'or; le colonel une barrette et trois étoiles d'or; le ?énéral-major deux barrettes et deux étoiles l'or; le lieutenant-général deux barrettes et trois étoiles d'or. Quant aux sous-officiers, ils portent : le caporal un galon sur les manches ;, le sergent un ?alon brun, le sergent-major deux galons, l'adjudant une étoile d'argent au collet. Et maintenant, étudiez 'cèéî avec soin et vous pourrez interpeller nos militaires, sans crainte de vous tromper : * Mon lieutenant ! Mon commandant! » Cela fait très bien. An Gouvernement provincial Il y a quelques Jours, M. le gouverneur Beco a repris officiellement possession de son poste a 1 administration provinciale du Brabant. Il n y eut aucune cérémonie. Ce fut très simple et digne, comme il convenait. M. Beco a exprimé toute sa satisfaction d'être enfin revenu au siège du gouvernement, et il eut des paroles aimables pour le personnel provincial, qui a particulièrement souffert des vexations allemandes. Prirent aussi la parole : au nom du personnel, M. Desgain, greffier provincial. revenu à son poste, et M. E. Richard, député permanent, au nom de ses collègues. N'oublions pas de dire qu'au cours de son discours, M. Beco tint à saluer la mémoire de MM. Janssens et J. Janson, députés permanents, décédés pendant la guerre. La députation du conseil provincial ne cpmpte plus que quatre députés sur six. Que faire? Il en est qui pensent qu'en raison de la presque certitude d'une réforme électorale prochaine, qui aura pour résultat de bouleverser complètement les représentations au conseil provincial, il ne paraît pas utile de pourvoir actuellement et pour quelques mois, au remplacement des députés disparus. D'autres estiment qu'il serait plus sage de désigner, suivant une nouvelle représentation des partis, des conseillers provinciaux qui seraient chargés de certaines missions, au même titre que les députés. Rien n'est encore arrêté à cet égard. —— A l l'iiiversiîé de Bruxelles Le manifeste des savants allemands. Les professeurs de l'Université de Bruxelles, réunis plénièremcnt sous la présidence de M. Léon Leclère, ont voté l'ordre du jour suivant ; Les professeurs de l'Université libre de Bruxelles, réunis pour la première fois depuis la libération de la Patrie, Protestent contre le manifeste des intellectuels allemands plein d'affirmations mensongères et erronées à l'égard de la Belgique ; Déplorent que des hommes de savoir est d'enseignement aient pu plier leur conscience à un pareil acte de servilité, que leur raison ne les ait pas préservés d'une aussi outra&euse vilenie, que leur cœur ne leur ait pas dicté la moindre réiract^lib'n, altfrS' que 1 a taiiss^téTde îoxjrs^ aCéusatibhè était dfeVenue "èy'îdenle et dé'mô&-trèe ; Défèrent le manifeste du 2 octobre 1914 au jugement sévère de l'Histoire, Dans la même réunion, le corps professoral a décidé, à l'unanimité, de conférer le titre de «professeur honoris causa» à MM. Hoover, président du comité de ravitaillement, et Vanra, directeur du comité hispano-américain.On pense que l'Université pourra rouvrir sous pou, mais aucune date n'a encore été fixée. Nombre de professeurs sont toujours mobilisés. Quand les rendra-t-on à l'enseignement? D'autre part, on considère comme désirable une entente entre les diverses universités du pays pour la reprise des cours. Au Borinage L'activité se borne, pour le moment, dans les mines du Borinage, aux travaux urgents d'entretien. Lundi dernier, l'Association charbonnière s'est réunie à Mons. Elle a examiné les moyens qu'il conviendrait d'employer pour obtenir la reprise, au moins partielle, du travail. Cette reprise est urgente. Dans neaucoup de sièges, l'exhaure n'a été fait, ces dernières semaines, que de façon tout à fait insuffisante. De plus, la \enfilation n'ayant pu être tsrrrée normalement, il y a, dans les mines à grisou, une surabondance de gaz. Contrairement aux bruits qui ont couru, les dégâts dûs aux Allemands, pour préjudiciables qu'ils soient, ne sont pus de nature à empêcher le travail, et déjà, dans certains ateliers, on exécute les réparations du matériel mécanique minier les plus urgentes. De plus, nous affirmons que l'on a retrouvé, à Seneffe, un bateau chargé de pièces de centrales électriques et de machines d'extraction, que les Allemands avaient enlevées aux exploitations du Borinage, dans le but d'arrêter les travaux durant des mois. Le mauvais coup n'a pas réussi. La; précipitation des événements n'a pas permis aux Huns de convoyer jusqu'en Allemagne le produit do leurs rapines. Ce matériel va être ramené au Borinage. Dans les ateliers de constructions mécaniques on compte reprendre partiellement le travail dans quelques jours. Déjà certaines firmes oc« cupent quelques brigades à des travaux de ré-», parafions. Ce qui contrariera le plus la remise; en activité, c'est le manque de nombreuses ma« chines-outils. Enfin, on répare les réseaux électriques et dir gaz, fort abîmés, dans différentes communes, lors des dernières batailles. Un service, à peu près normal, sera rétabli au début du mois prochain. Les négociations (iô'paix Les délégués des pays alliés à la conférencs, de paix de Versailles désignés jusqu'ici sont : France: Clémenceau, Briand, Tardieu, Bour-geois.Angleïerre : Lloyd fie.s^ge, Balfour, probablement lord Reading, uri délégué des ouvriers et un ou plusieurs délégués des colonies. Etats-Unis : Wilson, Elihu, Root, Lanslng et Houss. Italie : Sonnino èt Orlando. Japon : Echinda et Matsin, respectivement ambassadeurs à Paris et à Londres. Roumanie : 'I'ake Jonescu. Grèce : Venizelos. Serbie : Pachtts. Tchecho-Slovaques : Masaryck. Sud-Slaves : Devecz. Les délégués belges seront désignés inces< samment. On cite dès â présent MM. Paul Hymans, Delacroix ou Vand'en Heuvel, et Emile Vandervelde. La Russie n'a pas encore annoncé de déléi gués. Au Parlement français. Un hommage à la Belgique et à boa Roi A la séance de la Chambre françaiie de venr dredi, alors que Bruxelles acclamait le Roi et l'Armée, M. Desphanel a dit : Pendant que le» armées françaises rentrent en Alsace •t en Lorraine au milieu d'acclamations enthousiastes, les Souverains et l'armée belgei rentrent triomphants dans Bruxelles. En celte heure de joie suprême pour nos Alliés, notre pensée se reporte à ces premiers jours d'août 1914, où l'Allemagne, après avoir essayé d'endormir la vigilance de ses voisins, se rua sur eux «t joignant, comme toujours, la violence à la ruse, commit l'effroyable forfait que i'iiumanité jamais n'oubliera. Alors,dès le premier moment,le roi Albert, interprète de la volonté unanime delà nation, s'écria : «Avant qu'on anéantisse.notre armée, il faudra qu'on me marche sur le corps. Las Belges lulteront jusqu'à la mort pour assurer leur indépendance ». A côté du Roi, nous acclamons la reine Elisabeth, toute de simplicité, charité et courage, qui, à travers ies plus cruels déchirements intimes, est demeurée tidèle à sa parole et à sa patrie ; les grandes figures qui resplendiront toujours au ciel des Flandres, le général Léman, et les vaillants dé:enseurs de Liège, qui, par leur énergique résistance, ont retardé l'envahisseur et lendu possible la victoire de la Marne; le bourgmestre Max, qui a opposé à l'insolence germanique son héroïsme souriant, son ironie roilée; le cardinal Mercier, fidèle à l'esprit de l'Evangile, et tous les héros belges qui ont combattu avec les nôtres »ur nos champs de bataille immortels. 1 •-Mû/ïura-t-iLçermi*^ ttirinoment -où la Belgique est •■riffraftthlerd'un&yiominationodieu-ie etx>ù*la République donne à la France plus de gloire qu'elle n'en eut jamais, de rappeler qu'il y a soixante-sept ans, des Français qui étaient l'honneur des lettres, des sciences, des arts, de l'armée, de l'université, proscrit» pour avoir déiendu le droit et la loi, trouvèrent en la libre Belgique une hospitalité généreuse dont nous demeurerons toujours reconnaissants ? La France a été heureuse et fière d'accueillir, pendant l'invasion, le gouvernement belge. Les deux peuples, qu'anime le même génie, ont lutté et Bouflfert ensemble ; le sang deieuri fils versé dans la lutte sacrée a cimenté une amitié qui durera autant que l'honneur, la morale et la justice, M. Pichon, ministre des affaires étrangères, s'est associé à M. Deschanel pour saluer la Belgique. Le peuple français,'"Bit-il, s'unit au peuple belge pour célébrer, aujourd'hui, la rentrée triomphale du roi Albert dans sa capitale. Où l'ennemt vaincu a trouvé, en s'en allant, le moyen d'ajouter un nouveau crime à ceux qu'il aura à payer. D'ici quelques jours, Paris aura l'honneur de recevoir les Souverains belges. Il manilestera à la Belgique, sortie d'une neutralité qui n'était qu'un leurre, h* sentiments du pays, qui n'ont jamais varié et qui, dans la paix, se traduiront par une étroite collaboration. Les discours de MM. Deschanel et Pichon ont été vivement applaudis. Au Sénat, M. Antonin Dubost, président, a, dès l'ouverture de la séance, salué à son tour, la nation belge : Par une symbolique concordance, dit-il, la Belgique et sa capitale fêtent aujourd'hui même leur liberté, leuit enfants, leur Parlement et leur Roi: nous partageons sa joie et sa fierté» La Belgique nous a couverts de son corps et a été piétinée avec nos belles provinces. La même victoire la redresse aujourd'hui pour la mOme justice. Je vous invite à lui envoyer l'expression de notre ihal* térable reconnaissance, de noire volonté de poursuivre toujoui-s avec elle l'œuvre commune de la pacification et de la régénération ! Ces paroles ont été, à plusieurs reprises, interrompues par des applaudissements. Le procès te Miss Cayf ' par M* Sadi KIRSCHEN (Suite) Des rôles moins importants furent joués par : a) Les convoyeurs des Anglais qui ne parlaient pas le français et qu'il fallait accompagner jusqu'à Bruxelles, Mmes Tellier, Jeanne Dubuisson, Larlrière, Jolly, etc. Ces convoyée étaiem reçus par le consortium Cavell, Baucq, Bodart, Séverin. b) Les accusés qui avaient lojré ces soldats: M0 Demoustier, de Mons, Maurice Crabbe, Ca-vcneel, François Craopez, Oscar Mathieu, Julie Vandemergel, Paul Godefroid. Delphine Sauvet. c) Ceux qni donnèrent leur appui financier, tel M. Hostelet, ingénieur chez Polvay, d) Ceux qu- indiquèrent des hôtels pour les loger, tel M. Armand Heuze, de Bruxelles. - e) Les hôteliers qui les hébergèrent: Pan-eaers, Rasquin. etc. Tous ces accusés furent condamnés à des peines séw-- "liant de deux ans de prison à la peine capitale Furent acquittées les femmes de ceux cru! «.vaient, caché des soldats. Pour Mmes Cavoneel et Crabbe, les juges ont admis qu'elles avaient agi sous la contrainte maritale. Furent acquittés également quelques malheureux ouvriers mineurs qui n'avaient agi que par charité, et ne s'étaient pas rendu compte du danpei qu'ils couraient. Le service semble *voir admirablement fonctionné de novembre 1914 à juillet 1915. * Comme nous l'avons dH. l'auditeur commença par l'interrogatoire de miss Cavell; j'en donne, d'après mes noies, un compte rendu analytique. Miss Cavell déclara être flmrée de 49 ans, protestante et de nationalité anglaise. — De novembre 1914 fi juillet 1915 vous avez logé des soldats français et anglais, dont i.ii •colonel, tous en habits civils. vou6 avez aidé des Belges, des Français et des Anglais fint*" au service militaire en leur fournissant les , moyens de se rendre au front, .îotamment en les recevant chez vous et en leur donnant de l'argent ? ~ Oui. — Avec qui étiez-vous en rapport pour commettre ces actes? -- Avec M Capiau, Mlle Martin (Mlle Louise Thulier), MM. Derveau et Libiez. — Qui était le chef, l'auteur de l'organisation ? — Il n'y avait pas de chef. — N'était ce pas le prince de Croy ? — Non. Le prince de Croy s'est borné à nous envoyer de hommes à qui il avait fourni un eu d'argent. — Pourquoi avez-vous commis les actes qui vous sont reprochés ? — On m'avait adresssé au début deux Anglais qui étaient en danger de mort; l'un était blessé. (Ici l'auditeur relève ies mots « en danger de mort», et un échange d» vues se produit,comme nous l'avons dit plus haut, sur le sort qui attendait les soldats anglais au cas où les Allemands les auraient appréhendés. Miss Cavell déclarant avec une évidente bci:.ie foi qu'elle devait croire qu'ils seraient fusillés, l'auditeur ipostant aigrement que la loi martiale ne commine pas, dans r. ras la peine de mort .1 — Une fois ces gens passés à l'étranger, vous ont-ils fait snvolr de leurs nouvelles? — Quatre ou cinq seulement l'ont fait. — Baucq et Fromage, c'est la même personne ? — Oui. — Quel a été le rôle de Baucq ? — Je l'ai fort peu connu. Je ne l'ai rencontré qu'une fois, et j'ignore quel, a été son rôle. — Maintenez-vous ce que vous avec dit ù l'instruction au spipf. rlps nerso^np^ nvec lesquelles vous avez travaillé en vue du recrutement, c'est-ù-dire ara le prince Réginald de Croy, Baucq, .Séverin, Capiau, L. jiez, Derveau, Mlle Thulier et Mme Ada Bodart? — Oui. — Savez-vous qu'en recrutant ainsi des hommes. vous désavantagiez les Allemands et «vantagiez l'ennemi T — Ma vrêoccujpalion n'a pas été d'avantager l'ennemi, mais de faire oagner la frontière aux hommes Qu'on m'adressait; une fois â la frontière, Us étaient libres. — Combien de personnes avez-vous envoyées à la frontière ? — Environ deux cents. Ce fut tout. Mlle Louise Thulier, 33 ans, Française, de Lille, avait â répondre d'une inculpation supplémentaire : avoir répandu des exemplaires de la Libre Belijiquc; elle s'en défeuuit à l'instruction ; elle avoua avoir participé ù des distributions des Mots du Soldat ; elle reconnut également avoir, du 10 mars 1915 jusqu'à fin juillet de la môme année, amené de la France à Bruxelles et fait conduire à la frontière par des convoyeurs quarante-cinq soldats anglais, soixante-huit soldats français et treize soldats beJges, en tout cent vingt-six personnes. — Avez-vous, par la suite, eu des nouvelles de ces personnes ? — Non. — Vous avez cependant dit à Mme Bodart que vous aviez eu des nouvelles d'un Anglais auquel elle s'intéressait? — Oui. — Quel était le chef de l'organisation ? — U n'y avait pa? de chef ; il n'y avait pas d'organisation. Nous étions tous d'accord pour mener à bien une entreprise collective. Sur les cent vingt-six personnes que j'ai dirigées vers la frontière, j'en avais trouvé vingt à Bruxelles. J'ignore combien sont arrivées en Hollande. — Et les guides? — Je ne me suis jamais occupée des guides. Je confiais les jeunes gens qui se présentaient — il y en avait résidant à Bruxelles, il en venait de Mareilles et d'Arbre-Fontaine — à miss Cavell et Baucq. Capiau nous en a convoyé quelques-uns; j'en ai remis quelques-uns aussi à la comtesse de Belleville. — Qui vous a donné l'argent pour ce transport ? — Le prince de Croy m'a remis cinq cents francs pour mes frais de voyage et pour 1« voyage des transportés. — La princesse de Croy a-t-elle fait des pho tographies pour les fausses pièces d'identité / — Oui. — Pour quel motif avez-vous agi ainsi T — Parce que je suis Française, « * C'est maintenant au tour de -Philippe Baucq. 35 ans, architecte à Schaerbeek, père de deux enfants. A la question habituelle : « Etes-vous catholique et Belge ? », Baucq répondit en regardant hardiment les juges : « Oui, et bon -patriote », et cela donna à M Stœber l'occasion de l'appeler au cours des débats avec une ironie amusée : « le bon patriote ». Baucq commence par reconnaître avoir distribué des Libre Belgique et des Mots du Soir dat, mais conteste avuir centralisé chez lui la distribution du journal II avoue avoir reçj i n paquet de lettres qu'il rêpartissait entre deux ou trois amis qu'il refuse de nommer. — Reconnaissez-vous qu'il y a eu accord entre Thulier, Cavell, Bodart, de Croy et vous, , pour conduire des jeunes gens à la frontière, de façon à ce qu'ils pussent rejoindre l'ar.i:'-e 9 — Oui, mais mon rôle était seulement de fixer des rendez-vous et d'organiser Jcs départs. Je disais à certaines personnes d'avertir les jeunes gens, qu'à telle heure et à tel endroit, ils pourraient rejoindre un guide, sans indiquer quel était ce guide. — Avez-vous été l'intermédiaire dans les dix transports au-delà de la froutièie — Oui, pour autant qu'il s'agissait de fixer des rendez-vous. — Je vous soupçonne d'avoir été l'organisa-tear ? — Je proteste respectueusement. — Pourquoi avez-vous pris le nom de Fromage ? Baucq répond avec flegme: — Pour qu'on ait moins de chance de me retrouver. * * * Mme Ada Bodart, 34 ans, protestante, mère de deux enfants, et Irlandaise par la nais sance, devenue Belge par son mariage, reconnaît avoir depuis le 15 mai 1915 logé chez elle trente-quatre jeunes gens français qui n'étaient pas soldats, un soldat français ei un soldat anglais ; tous voulaient gagner la^frontiève hollandaise. Dix d'çntre eux n'y ont pas réussi, six lui sont revenus deux fois en attendant une occasion meilleure. — Jusqu'ou accompagniez-vous ces jeunes gens ? — L'Anglais, comme compatriote, je l'ai conduit jusqu'à l'église Sainte-Marie, à Schaerbeek, les autres sont partis tout seuls. Elle a demandé à Baucq un Itinéraire pour ces jeunes gens. Sur les trente-quatre qu'elle a eus chez elle, elle avait prié Baucq d'en prendre douze chez lui. Les transports vers la Hollande se faisaient le mercredi et le samedi.— Savez-vous qui avait organisé ces transports ? — Non. — Vous connaissez le prince Réginald de Croy ? — Oui. Depuis deux ans. J'avais habité dans les environs de son château (dans le Nord de la France) avec mes deux enfants. Ayant pris par la suite une maison à Bruxelles, Je l'en ai informé et lu' m'a adressé des Jeunes gens par l'intermédiaire de Mlle Thulier. — Quel était votre but en agissant ainsi ? — D'être aimaMe vis-à-vis des gens qui me demandaient de les obliger. — Etes-vous patriote ? — Ce n'est pas un défaut. Un incident vaiment dramatique se produit au moment de l'audition des témoins. On in troduit un jeune «arçon de quatorze ans, Ions et fluet, habillé de deuil, d'nne pâleur morbide sous de longs cheveux bouclés. L'interprète lui ayant posé la question de style : « Vous n'avez ni parent ni alli* parmi les accusés? », une femme répond <ivec lui : « SI, moi. Je suis sa mère. » C'est Mme Bodart. L'auditeur la fait taire d'un mot distant C sévère. L'interprète dii. au Jeune homme : c La loi allemande punit le faux serment de peines allant jusqu'à dix ans de travaux forcés ; songez aussi comme chrétien que ne pas dire la vérité c'est, commettre un péché mortel. » Le double fait sur lequel le "jeune garçon va être questionné est d'une importance capitale : D'abord, Baucq portait-il à Mme Bodart des Libre Belgique, que lui était chargé de distribuer ensuite, et c'est ici le fait le plus grave : Est-il vrai que Baucq a dit un jour chez lui et devant lui, à Mme Bodart, qu'il était occupé à tracer une route sOre pour lo passage des soldats à la frontière hollandaise ? Si l'enfant répond oui, la complicité entre Mme Bodart et Baucq devient évidente, et la conséquence est une condamnation grave. Le petit répond affirmativement... Baucq fait remarquer tout' de suite que l'enfant a mal compris, qu'il a l'habitude de parler l'anglais et non le français, que le milieu l'a troublé, que son Jeune âge explique sa méprise, que lui. Baucq, nti pas dit : « Je suis occupé à repérer une route mais on est occupé à-.- » L'auditeur ne réplique pas.' Cette explication parfaitement admissible sera-t-elle acceptée par lui ? Mais la scène devient plus poignante encore: le jeune garçon est autorisé ù embrasser -sa mère, et leur étreinte nous met les larmes dans les yeux, ce baiser est peut-être le dernier que le fils et la mère échangeront. Tous ceux qui ont dos enfants, t^us ceux suitfout sur lesquels, dans cette salle, pèse la menace horrible de la mort ou de la prison qui les retranchera du monde pour des années, sentent leur cœur se gonfler à la fois d'angoisse et de pitié, et ce sera un soulagement général quand on apprendra par la suite que le tribunal n'a condamné Mme Bodart qu'à quinze ans d« travaux forcés fA tuivrêJ! MABM 26 I@VraBBE 1918. EDITION A B S S0 AIIEJE Le numéro provisoirement : lO centimes.

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