LE TRAIT D'UNION BULLETIN DE GUERRE des Anciens du Collège Notre-Dame de la Paix 2 1 a • G 3 ! « h al Pi S I Adresser toutes les communications à R. VAN BENEDEN, D. 206 NOËL INTIME « Re.v pacificus magnificatus est, « cujus viiltum desiderat universa terra. » Non, les cloches de Flandre ne sonneront pas la ▼eillée de Noël ! Mai* dans la Flandre rouge, toujours plus rouge, les canons éparpillés sur la plaine, chercheront quelque part l'homme pour lui cracher la mort par leurs gueules bruyantes. Fumes ! tu feras taire tes églises et ton beffroi, car tes enfants sont en exil et ton béguinage est désert ! Là-haut, dans ton ciel triste, où pleurent des étoiles, rolent les grands oiseaux qui jettent sur ta ville, un peu partout, des paquets de ruines. Loo, fais silence, car ton clocher n'est plus ! Tu as cessé de sourire à Nieucapelle et à Oudecapelle qui t'ont regardée si longtemps avant de mourir ! Et tu ne te tiendras plus toute droite dans le ciel, comme une expression de vie, comme un fier défi à la mort, au milieu de tes termes basses aux toits de ' chaume. r Et toi, Ypres, ne remue pas tes cendres ! On aime la beauté navrante de ton néant. Flandre grise de décembre, ô bonne vieille Flandre, il ne faut pas, vois-tu, que l'homme puisse s'attendrir en écoutant le vent caresser tes ruines et, lps cloches chanter leurs romances pieuses dans tes 'tours épargnées ! Non, les cloches de Flandre ne sonneront pas la veillée de Noël ! * * * Silencieuse, la Flandre ne dit aucune parole d'amour ; elle n'entonne aucun chant d'allégresse. Noël, une nuit comme toutes les nuits, un jour comme tous les jour* ! Des hommes, pauvres choses boueuses, passent lentement sur la route, avancent avec peine sur la passerelle, dorment sur un peu de paille dans l'abri aussi sale que la mangeoire des animaux, épient leê mouvement* de l'ennemi par delà l'Yser, dans la tranchée inondée. Et il y en a qui meurent sur le coup de minuit, ayant ' 'Mt juste le temr de soupirer » Dieu 1 » ef dont l'âme suit de près ce soupir d'amour jusqu'en la patrie des martyrs. D'autres tombent, affreusement blessés, dont le sang généreux gicle tout rouge tur des lambeaux d'étoffe. Ils attendent l'ange à la croix rouge, en regardant le ciel avec des pauvres yeux de fièvre et d'espoir. Silencieuse, la Flandre est très silencieuse, elle ne dit aucune parole d'amour, elle n'entonne aucun chant d'allégresse ! * » * Pourtant, en Flandre, en cette nuit de Noël, il y a des âmes qui chantent... Ecoutez ces voix dans la nuit, ces colloques intimes entre la terre et le ciel.. ; Glissements d'ailes blanches dans le lointain ténébreux, glissements si doux, qu'ils passent avec harmonie... Symphonies discrète* ! Ces confidences divines ! Envoyés du ciel qui traversent les espaces, frôlant délicieusement, de la pointe de leurs ailes, les âmes de bonne volonté et leur murmurant la grande nouvelle... Et toi, petite âme ? Pour chanter dans ces ténèbres, en cette tranchée de souffrances, seule devant la mort, tandis que souffle le mauvais vent de décembre, pour chanter un doux chant de bonheur ; pour rêver tranquillement endormie, en un abri fragile secoué par l'éclatement des obu* dont , chacun te menace, pour rêver un beau rêve d'éternité ; pour prier de toute ton âme, avec une simple insistance, au pied d'une crèche, dans l'humble chapelle de plan- Publication autorisée par l'autorité militaire Deuxième animée,.— N° £¥. — Noël 1917. ✓ . .. ;

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