L'indépendance belge

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30 November 1916
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s.n. 1916, 30 November. L'indépendance belge. Seen on 28 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/q23qv3d803/
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87ème aînée. No 284 L'INDÉPENDANCE ROYAUME-UNI : ONE PENNY CONTINENT: 15 CENTIMES (HOLLANDE: 6 CENTS) ADMINISTRATION ET REDACTION : rtjDOP HO'JSE, TUDOR ST., LONDON, E.C. TELEPHONE: CITY 3960. BUREAU A PARIS : 11. PLACE DE LA BOURSE. TELEPH.: J 31 1-57 et ( 238-75. JEUDI 30 NOVEMBRE 1916. £n vente à Londres à 3 h. Se mercredi 29 nov. « om-snmimc f 3 MOIS, 9 SHILLINGS.) _ t. ABONNEMENTS :j6 M0IS, 17 SHILLINGS.!- CONSERVATION PAR LE PROGRES* ! 1 A "NT 70 GTITT.T T'\mS I LA SITUATION. Mercredi, midi. L'avance allemande en Roumanie se poursuit, et chaque jour rapproche l'ennemi un peu plus du camp retranché de Bucarest. Giurgevo, que îles troupes du général von Macken-sen viennent d'occuper, se trouve à moins de 70 kilomètres de la capitale, dont les forts avancés ne sont distants que d'une trentaine de kilomètres, et selon toute probabilité le plan ils retraite de nos Alliés consiste à concentrer leurs forces daris le camp retranché de Bucarest, lequel est appelé à jouer (avec plus de bonheur espérons-le) le rôle que jouait en Belgique le "réduit national" d'Anvers. Les fortifications de Bucarest, conçues d'après les plans de notre génial général Brialmont, occupent une superficie énorme. La capitale, située dans une plaine de trente-trois kilomètres carrés environ, est protégée par une série d'ouvrages dont les plus .rapprochés sont à huit kilomètres de la ville. La ligne des forts intérieurs comprend dix ouvrages distants les uns des autres de quatre et demi à cinq kilomètres. Dix-huit forts avancés défendent cette ligne intérieure, derrière laquelle se trouve établi le camp retranché proprement dit. La défense de cette formidable citadelle. dont la ceinture extérieure occupe une circonférence de plus de cent kilomètres, nécessite une garnison d'au moins cent mille hommes, et on comprendra dès lors pourquoi la Roumanie offre si peu de résistance sur les rives de l'A'uta et de la Vedea. Xos Alliés roumains renforcés par les Russes vont pouvoir bénéficier, dans la iléfense du camp retranché de Bucarest, de 3'expérience acquise par les Alliés à ] iége, à Anvers, à Cracovie, à'Przmysl et, "iast not least," à Verdun ! Avec une année mûrie par trois mois de guerre, s'appuyant sur une puissante armée russe, avec laquelle le contact reste assuré, les Roumains vont pouvoir attendre avec confiance le développement de l'offensive germano-aiistro-bul-gare qui sera arrêtée plus tôt qu'on ne le Dense généralement après les -récents succès de nos ennemis. Certes, la rapidité de l'avance de nos adversaires frappe l'imagination, surtout si on la compare à la lenteur des opéra-Lions sur les autres fronts, mais sans vouloir parler d'un nouveau "miracle de la Marne," il y a lieu de se rappeler que la victoire ne se compte pas par -kilomètres carrés de territoire ennemi occupé (sinon il y a beau jour que les Alliés, maîtres des immenses territoires des colonies allemandes, seraient proclamés vainqueurs), mais par le nombre des armées battues. Les avantages que les Austro-Allemands ont tirés jusqu'ici de leur avance sont minimes, étant donné que le nombre des prisonniers et des canons capturés est peu important et qu'il n'y a pas cj jusqu'ici de bataille rangée. Falken-liayn a remporté un succès stratégique et tactique qui a contraint l'adversaire à battre en retraite, mais le résultat "définitif" de sa manœuvre reste dans la balance.On aura certainement remarqué le laconisme des communiqués de Berlin et de Vienne qui trahit l'incertitude du lendemain, et les généraux Fa'kenhayn et Mackensen auraient de beaucoup préféré sans doute voir les troupes, roumaines •>-*—-— s'user dans des positions désavantageuses que de les voir se replier sous Bucarest, qu'il s'agira d'assiéger. Les Austro-Allemands ne pourront pas distraire pour longtemps l'armée de siège que nécessiterait l'attaque du camp retranché de Bucarest. La pénurie d'hommes est trop grande chez nos ennemis qui ont dû racler lesdé.pôts,etle^ tranchées dans tous les autres théâtres de la guerre pour réunir l'armée d'attaque qui opère contre la Roumanie, mais cet expédient ne résoud nullement le problème qui se pose pour nos ennemis et qui consiste à faire face à l'offensive généralisée des troupes alliées au printemps prochain. Il en sera de la manœuvre de Roumanie comme de celle de Verdun qui sont, l'une comme l'autre, des tentatives désespérées de nos ennemis de reprendre le dessus, de forcer la chance, d'échapper à l'inexorable destin. De -même -que Verdun, malgré les premiers etsi inquiétants progrès allemands du début, a engendré la victoire de la Somme et du Ca-rso, de même la -manœuvre de Roumanie, si toutefois nos ennemis se résignent à la pousser à fond, sera le germe d'une victoire russo-roumaine qui, on peut en être certain, se prépare à l'heure qu'il est. Le calme actuel sur les différents fronts, exception faite du front macédonien où les Alliés continuent de progresser, ne sera pas de longue durée et les duels d'artillerie dont parlent les communiqués de Paris et de Rome ne sont probablement que le prélude de nouveaux combats d'infanterie. Le raid de Zeppelins que nous avons mentionné hier, a entraîné la destruction de deux des navires aériens. Au moment même où la bonne nouvelle était confirmée, un aéroplane ennemi, survolant Londres, lança plusieurs bombes, qui blessèrent neuf personnes. I^e raider, comme nous l'apprenait u.n télégramme publié vers minuit, a été descendu deux heures plus tard dans les environs de Dunkerque, par les Français ! D'autre -part, les Allemands ont effectué, pour la troisième fois en quelques semaines, un raid naval dans les eaux anglaises, et cette fois, comme les précédentes, les navires ennemis sont parvenus à se sauver. Les navires allemands qui participèrent au raid coulèrent (près de Lowes-toft dit le communiqué allemand) un pèche-mine armé, le "Narval," dont l'équipage fut fait prisonnier. Les journaux allemands font grand tapage autour de cet exploit qui, comme les précédents, a probablement pour but d'attirer une partie de la flotte britannique dans quelque piège : champ de mine ou à proximité de sous-marins placés en embuscade. On a tort, à notre avis, de harceler à ce sujet, l'amirauté britannique parce qu'elle n'empêche pas ces attaques, qui se font à la faveur de la nuit et qui ne durent, généralement, que quelques minutes, après quoi les navires allemands (contre-torpilleurs extra rapides généralement) se sauvent à toute vapeur. L'amirauté britannique^ a une tâche très ardue à remplir, et on pourrait lui éviter des sarcasmes qui ne peuvent que l'inciter à faire le jeu des Allemands, qui n'osant affronter la flotte britannique dans une bataille rangée, essayent de l'attirer dans quelque piège. MORT D'ÉMILE VERHAEREN. Comme Wax-vraler, Emile Verhae-ren, notre grand poète, est mort tragiquement, et la tristesse de ses compatriotes s'en est accrue avec leurs regrets. Nous avons dit hier l'accident dont l'auteur des "Flamandes" avait été victime. En apprenant sa mort, Louis Martin a proposé à M. Briând de décréter pour Emile Verhaeren, le grand ami de la France, des funérailles nationales avant ^u'il ne soit inhumé dans le Panthéon qu'élèvera la Belgique libérée à ses grands hommes. Cette noble pensée indique à elle seule rôle joué par Verhaeren et la place qu'il occupait au rang suprême dans la p'éiade des plus grands littérateurs et lies plus nobles poètes de l'époque. LE POÈTE/ \ oici l'hommage que rend à la mémoire du poète nôtre confrère Delche-^ alerie : Ce n'était donc pas assez des désas-t:'cs de la guerre? Voici qu'au moment °u la Belgique se sent une fois de plus atf'eiisement éprouvée, celui de ses cn-oui lui avait dédié les chants les plus fervents succombe brusquement, emporté par, le plus 'banal, par le plus stupidement imprévu des accidents. -Emile Verhaeren, qu'une gloire méritée avait mis au rang des grands Européens, disparaît en'pleine force, à l'âge de 61 ans, quelciues jours après l'apparition aux vitrines du recueil de ses poèmes inspirés par la tourmente actuelle : "Les Ailes rouges de la Guerre"... En agonisant, nous dit-on, il prononça ces paroles : "Ma femme, ma patrie !... Suprême résumé d'un double et magnifique amour ! Tous ceux qui ont communié dans l'émotion que suscitait en ' ses vers ce grand poète continuellement exalté par toutes les nobles tendresses, par toutes les hautes inspirations du cœur et de l'esprit, songent aux "Heures claires," où Verhaeren traduisit divinement -la profonde et sereine effusion du bonheur domestique, et à ces innombrables pages, qui vont du livre des débuts, lés "Flamandes," à ces cahiers encore récents de "Toute la Flandre," où il célébra son pays natal avec un culte filial sj intense et si pénétrant. La Flandre, -il la saluait hier encore, pieusement, dans la beauté de son deuil. en cette finale d'un poème intitulé : "Un Lambeau de Patrie" : ...Jadis, je t'ai aimée avec ua tel amour Que je ne croyais pas qu'il eût pu croître ua jour, Mais je sais maintenant la ferveur infinio Qui t'accompagne, ô Flandre, à travers l'agonie lit t'assiste et te suit jusqu'au bord de la mort. Et même, il est dos jours de démence et de rage Où mon cœur te voudrait plus déplorable encor Pour se pouvoir tuer à t'aimsr davantage. Ces rimes passionnées, donnent la mesure de son âme frénétique. Verhaeren était le plus viril, le plus véhément des poètes contemporains, et dans cette littérature de tradition française qu'il vénérait à l'égal de sa patrie poldérienne, il apportait la rudesse et la force d'un tempérament barbare. Il avait retrouvé dès ses premières armes l'ampleur des images hugoliennes : dans son lointain recueil des " Moines," il dépeint ses imystiques héros en traits inoubliables : Abatteurs d'hérésie à larges coups de croix ou bien encore : Prêcheurs tenant levés vos bras à longues mauohes Sur les remords ploy'és des peuples à genoux... Mais autant qu'il était véhément, il fut sensible, et tous les problèmes qui troublèrent son temps trouvèrent en lui un écho sonore. Après les "Flamandes" et les " Moines," il eut sa crise de pessimisme, et publia cette trilogie des "Soirs," des "Débâcles" et des " Flambeaux noirs " qui restera comme une des plus puissantes expressions lyriques du désespoir. Désespoir qui ne pouvait longtemps torturer une nature aussi saine et aussi généreuse, que le repliement sur soi-même ne pouvait longuement contenter. Bientôt lassé de ■sa souffrance, il regarde souffrir autour de lui. Il évoque le désarroi social dans îles pages visionnaires des "Villes tentacuiaires," des "Villages illusoires," des "Campagnes hallucinées" et dans le troublant chaos des forces qui s'évertuent il trtiuve des raisons d'enthousiasme, de confiance et d'espoir. Les cc livres jaillissent et s'accumulent, pleines du culte exalté de la vie. Dans les "Forces tumultueuses," dans la "Multiple splendeur," dans les "Rythmes souverains," Verhaeren voit sans cesse son horizon s'élargir et s'illuminer. Cc cantique généreux et forcené lui vaut des admira'ions qui passent les frontières; il est célèbre' dans îles pays slaves et anglo-saxons comme en terre latine, et l'on s'accorde à saluer en lui le chantre génialement fervent de l'effort civilisé. Cependant il s'essaie au théâtre et son talent dote d'une rare grandeur tragique les silhouettes en haut relief du "Cloître" et -d' "Hélène de Sparte," et, dans ses loisirs, -il atteste dans la critique d'art une divination singulière. Il est un des maîtres élus de l'élite universelle, un des prophètes dont l'optimisme reflétait, avant îa tempête qui nous laisse pantelants, la volonté d'harmonie de l'humanité montante : La vie e3t à monter et non pas à descendre, proclamait-il, et ailleurs il disait : Vivre, c'est prendre et se donner avec liesse ! ...Et voici, le dernier, le douloureux, le cruel chapitre de cette haute destinée. La guerre éclate. Certes, parmi les consciences représentatives en qui se reflète le meilleur d'une époque, Verhaeren, si religieusement confiant dans les réserves de l'humaine sagesse, dut se sentir particulièrement accablé par le crime inattendu. Il ne fut pas abattu. Déchiré par toutes les souffrances de la patrie, il voua à l'ennemi les accents d'une colère inextiftguible, il proclama la nécessité de la haine salutaire en présence de tant d'horreur accumulée. Il dut en coûter à ce cœur magnanime, dont le regret s'exprima de façon touchante lorsqu'il dédia son réquisitoire si éloquemment indigné de la "Belgique sanglante" ; "A l'homme que j'étais autrefois." Mais il sut avec 'a plus noble énergie lutter par la plume comme nos hérois se battent sur la ligne de feu. Il salua dès le premier exploit nos victimes sacrées : ...0 vous, les hommes de demain. Dût la guerre mortelle et sacrilège, Même nous écraser dans nn dernier combat Jamais, sous le soleil, une âme n'oubliera Ceux qui sont morts pour le monde, là-bas A Liège ! Son dernier livre, son testament, est un long cri de colère et d'amour. La cause immortelle des Alliés, fa défense du patrimoine hu-main menacé, il la célèbre avec un lyrisme frémissant. Et à chaque page il revient aux morts pour leur tresser de nouvelles couronnes : Je recueille en mon cœur votre gloire meurtrie, Je renverse sur vous les feux de mes flambeaux Et je monte la garde autour de vos tombeaux, Moi qui suis l'avenir, parce que la Patrie. Et voici qu'il tombe à son tour, comme un soldat, le grand poète au visage cordial et ravagé de rides, qu'éclairaient des yeux si tendres et si purs ! Il n'aura pas eu la joie de voir luire l'aurore du triomphe, le jour béni où refleurira l'invincible espérance. La mort d'un tel homme provoque une douleur immense, pieuse comme son œuvre et fraternelle comme son cœur. Elle grandit ceux qui la partagent. Elle les fait communier, sous l'aile d'une haute mémoire, dans la religion de ce sol natal que le poète des "Tendresses premières" a si noblement aimé. La nation qui perd un Verhaeren, après avoir tant perdu, se sent plus âpre-ment meurtrie, mais à s'incliner devant la tombe d'un tel fils, elle prend plus fortement conscience de ses vertus immortelles.CHARLES DELCHEVALERIE. L'HOMME. En expirant, Emile Verhaeren a crié "Ma femme! Ma Patrie! " Ma femme! 11 avait épousé Mlle Massin, une artiste-peintre, née à Bruxelles, qui, trop modeste pour exposer, avait emprisonné dans son atelier des toiles d'un harmonieux coloris. Elle fut la compagne de sa vie, partagea ses jours noirs, jours de découragement et de misère, et elle vit son apogée. Dans nombre de ses volumes il fait allusion à celle qu'il aima tendrement jusqu'à son dernier souffle. Emile Verhaeren ne se plaisait qu'à la campagne et suivant son mot "l'air empesté des villes tentaculaires" ne convenait pas à son inspiration. A l'extrémité du Borinage, non loin de Boussu, il avait découvert un petit ermitage, au site pittoresque, au "Caillau qui bique" — Le rocher qui pointe — où il vécut des jours heureux tout à la Muse et à ses amis. Lorsque les éditeurs lui firent pour la publication de ses poèmes des offres plus sérieuses, il répondit à l'invitation de quelques littérateurs parisiens et s'installa dans les environs de Paris. Mais il revenait toujours avec joie au " Caillau qui bique," d'où il se rendait à Woluwe, chez son aimi Monitald, le peintre réputé. Il y passait les belles semaines de septembre et d'octobre, heureux de se retrouver là au sein d'une vraie Thébaïde. Pendant qu'il résidait en la villa du Passeur, Constant Montald -se plaisait à retracer les traits de son ami. J'ai admiré, non encadrées, vingt^deux toiles où Verhaeren surgissait, toujours d'une vitalité intense. Plus tard pour nos Musées nous somnjes assurés de voir se perpétuer ses traits expressifs, cette figure d'ancien Gaulois, aux larges moustaches, si typique, toujours d'un accent puissant. Plusieurs de ses portraits ont été exposés aux triennales et deux surtout ont été trouvés remarquables. Mais, le plus caractéristique, celui qui a interprété -le plus sincèrement et avec le plus de vigueur le poète n'a jamais quitté son sanctuaire, l'esthétique salon de Montald. Emile Verhaeren avait l'accueil aimable, -mais .il ne se livrait pas à tous et il savait se débarrasser rapidement des g-ens qui voulaient vivre à l'ombre de sa gloire. Par contre, nul ne se montrait plus cordial, plus affable envers les jeunes poètes. Et même au temps où il connaissait la gêne il savait les seconder en partageant avec eux. C'est ainsi qu'il leur abandonna souvent son logement aux portes de Paris, il y a quelque quinze ans. Depuis la guerre il ne cessa d'encourager les poètes qui naissaient et c'est 1 avec joie qu'il écrivit pour la " Flandre Rouge " de Marcel Wyseur une préface qui restera. S'il n'avait pas les dons oratoires d'un tribun il trouvait le ton juste du conférencier et de toutes parts on lui demandait des causeries. 11 en avait donné en Angleterre, et, pendant l'automne de 1914, appelé par les universités écossaises et ' anglaises, al leur avait parlé de son pays, de l'héroïque Belgique, de nos littérateurs, de nos aspirations. C'est à Londres, après un discours d'Emile Vandervelde, qu'il fit connaître son immortel poème "Ceux de Liège," acclamé par des centaines de Belges. Après avoir séjourné en Grande-Bretagne pendant quelques mois, l'objet des témoignages de sympathie de la nation et de ses littérateurs, il partit pour Paris, pour la France, qu'il considérait comme sa seoonde patrie. C'est là que parut son dernier livre : "Les i\iles rouges de -la Guerre.'' LE ROÏ ET LA REINE. Le Roi et la Reine ont appris avec beaucoup de peine la mort d'Emile Verhaeren. Il fut, à maintes reprises, au château de Bruxelles, à Laeken, à Os-tende, à Ciergnon, à La Panne, l'hôte, le commensal de nos souverains. Bien avant cle monter sur le trône, le prince Albçrl avait oour l'œuvre de Verhaeren une profonde admiration et 1a princesse récitait déjà ses plus beaux poemes. ^ Lorsqu'il était reçu par nos souverains il partageait leur vie familiale, et les enfants royaux le traitaient comme un grand ami. Il leur disait des vers et ils apprenaient les siens. Il fallait entendre Verhaeren parler du Roi et de la Reine. L'opposé d'un courtisan, il s'exprimait sur eux comme suides parents qu'on chérit. Mais, jamais, au lendemain du séjour qu'il avait fait dans l'une ou l'autre des résidençes royales, il ne sortait d'une complète réserve en ce qui touchait la politique ou les questions internationales. Le Roi ne l'ignorait pas et lui donnait toute sa confiance.Nos souverains perdent en Emile \ er-haeren le témoin attendri de leui^vie intime et l'on peut ajouter de l'un de ceux qui les ait le plus sincèrement aimés. XXX. UN DEUIL ENTRE LES DEUILS. La mort d'Emile Verhaeren doit avoir un écho douloureux dans le cœur de tous les Belges; les événements tragiques que nous traversbns ont haussé le niveau cle notre sensibilité; les horreurs que nous avons connues et les morts que nous avons comptées autour de chacun de nous, nous ontdonre '-ne cer.'iire accoutumance de la douleur et de l'idée de !a mort. Et pourtant, cette nouvelle fin tragique d'un poète qui a chanté la Belgique — comme jamais personue d'autre ne la chantera — nous frappe droit au cœur; il était celui d'entre tous les poètes belges qui était désigné pour écrire un jour l'épopée glorieuse que nous vivons aujourd'hui ;il fut le chantre inspiré et vigoureux des gloires périmées, il aurait été le chantre des héros de la campagne de Belgique. Son premier poème, "A ceux de Liège," en était déjà la merveilleuse promesse.La Destinée ne l'a point voulu; elle a éteint brusquement ce génie en pleine puissance ; elle a choisi pour sa fin cette époque où toutes les forces qu'il a chantées s'entre-détruisent ; elle a voulu pour lui, aussi, une mort tragique au milieu de la plus grande tragédie de l'Histoire ; il est tombé broyé par un de ces engins qu'enfanta le génie humain et que lui-même avait célébrés dans' des strophes immortelles. Il y a quelques années l'un des plus grands poètes français de l'époque, Catulle Mendès, est imort tragiquement, le cerveau broyé par une locomotive. Le rapprochement s'impose dans toute son horreur... ! Que ceux qui usent avec trop de facilité de l'épithète de poète national pour les-tard-venus de la poésie en Belgique se rappellent que, tel le chêne qu'il a chanté, et qui semble -mort tant l'ouragan ' l'a dégarni, Emile Verhaeren reste debout au milieu de toute notre époque ; il la domine de toute la hauteur et de la puissance de son génie ; il -reste le seul grand poète qui ait chanté toute» nos gloires et nos vertus nationales. Et pour tous ceux qui s'élanceront sur ses traces, afin de ramasser le flambeau tombé de ses mains défaillantes, il' demeurera le Père vénéré dont la grande voix a éveillé dans l'âme des hommes d'aujourd'hui des échos frémissants que nul autre n'éteindra jamais. ARMAND VARLEZ. A SAINT-CLOUD. Je déplie 1' "Indépendance" pour y trouver des détails sur ,1a destruction de.s deux Zeppelins par les aviateurs anglais et sur le raid audacieux de l'avion allemand, et voilà que tout à coup, en "Dernière Heure," je lis la nouvelle de la mort d'Emile Verhaeren. Dix fois je relis la courte et cruelle dépêche. J'attends, adossé à une façade, abasourdi, comme si un coup de maillet m'avait atteint en plein front. Ah ! l'affreuse, l'incroyable nouvelle ! Serait-il vrai que lui, le meilleur des hommes, le prodigieux lyrique, le plus grand de ce temps, lui, le grand patriote belge qui eût dû voir jusqu'au bout l'épopée, la tragédie que nous vivons, est mort de cette mort horrible, d'un accident aussi stupide que ceux qui tuèrent un César Franck, un Zola, un Curie ? Si îles détails connus jusqu'à ce moment sont exacts, il y a pourtant dans sa mort comme une sorte de logique fatale, de ricanement de la destinée. Lui, le chantre de notre civilisation industrielle, de nos "forces tumultueuses," de cet âge du fer et du feu, où nous vivons avec frénésie, il trouve la mort dans une gare, en voulant sauter dans un train en marche... Je l'avais revu il y a un peu plus de quinze jours, dans sa maison de Saint. CloudJ plus ardent, plus jeune auc ia«

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