L'indépendance belge

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23 November 1918
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Samedi 23 novembre 1918. 10 centime 89» année. L'INDÉPENDANCE BELGE TÉLÉPHONE I Direction.. ». • > «• •• .. A 2278 Administration .. .. .. B 73 Rédaction. •• •« •• •• •« B 75 Aisttf télégraphique : LINDEBEL - BRUXELLES Fondée en 1829 ADMINISTRATION ET RÉDACTION : RUE DES SABLES, I' Bureaux parisiens : place de la Bourse, Il ABONNEMENT : BELGIQUE i Un an, 24 fr. ; six mois, 12 fr. ; trois mois, 6 francs. ÉTRANGER : Un an, 40 fr.; sis mois, 22 fr.t trois mois. 12 francs. Le Retour des Vainqueurs La Journée frémissante Par toute la terre, aujourd'hui, l'atmosphè- ! 5re est sonore.. Il y a des clameurs partout. A Paris, à Londres, à Strasbourg, à Rome, à Bel- i grade, à New-York, des vainqueurs crient leur ; enthousiasme; dans l'Europe centrale, des vaincus anathématisent leurs maîtres d'hier; j à Varsovie, à Prague, à Agram, des opprimés : célèbrent leur libération. Sans doute, des on- : des frémisssantes nous apportent les échos ! 'de tout cela et rencontrent celui de nos accla- : mations. Ce n'est pas nous seulement : c'est le : ïnonde entier qui tressaille. D faut chercher quelque chose de plus vaste que nous-mêmes pour exprimer ce que nous venons de voir chez nous, pour donner une 1 idée de l'émotion à laquelle nous venons de participer. Ce quelque chose c'est la conscience de vivre, un événement formidable, auquel tous les hommes sont associés, un événement lormidable marquant des temps nouveaux, après la plus pathétique aventure de l'Histoire. Pour la population de ce pays, l'aventure fcut particulièrement violente et .tragique, et plus stupéfiante fut la soudaineté du dénouement merveilleux. Nous étions dans le silence et sous l'oppression. Nous ne pouvions rien prévoir. Et brusquement ce fut la lumière, la libération et le droit de crier notre joie. Notre ville était sombre, morne. Et brusquement c'est la gaieté des drapeaux et des clairons; et nos amis viennent, les mains tendues. Nous sommes ennivrés, ennivrés d'être libres, ennivrés de n'être plus sépares tle l'Europe, enni-VTés d'être do nouveau agissant parmi les nations, d'être un peuple m'ailre de soi parmi les peuples qui refont l'Euror» . Tout est exaltant, tout est symbolique. Nous savons que jamais plus nous ne revivrons une heure aussi solennelle, nous nous disons que, peut-être, jamais plus des hommes ne revivront cela. Nous le savions en partant avec toute la ville, avec sept ou huit cents mille hommes vers le grand spectacle; et cela élargit notre pensée, cela exaspère nos sens. Tout devient symbolique, prolonge les significations. Seulement, nous voyons mal; nous éprouvons violemment, mais sans nettement distinguer ce qui passe et ce qui se passe. Les yeux, souvent, sont obscurcis, tandis que les dents "39 seirent. Il se passe, d'ailleurs, trop de choses à la fois ; le spectacle est partout ; dais le cortège, dans la foule, dans la rue et dans le ciel, dans le ciel pur, radieux, où passent, frissons d'argent ensoleillé, des avions aux couleurs belges, des avions qui ne sont plus redoutables, en lesquels aujourd'hui on admire la science humaine et vers lesquels montent les cris admiratifs et reconnaissants de la foule. Oui, l'atmosphère est sonore... Et dans cette atmosphère sonore voici que passe ce cortège inouï, fabuleux. Il est fabuleux parce que nous avions cru, jadis, que jamais l'Europe ne verrait cela : la rentrée d'une armée dô vainqueurs. Nous avions lu des récits du passé, qui décrivaient des solennités de ce genre. Mais cela ne se reproduirait plus.; La guerre venue, nous avions pensé que peut-être nous reverrions quelque chose d'analogue. Et puis nous avions subi, lo militarisme hideux, celui de la servilité et de la menace, et du meurtre, celui qui voulait nous terroriser.Et voici que, tout-à-coup, surgit une armée qui ne ressemble en rien à celle qui nous a opprimés, une armée d'hommes de chez nous et d'hommes d'autres nations qui fraternisent, une armée conduite par un roi qui n'est un chef que par la force morale, une armée où la discipline et l'élan semblent acquis sans hiérarchie : tqus ceux qui les commandent ou agissent, paraissent animés chacun d'une individualité propre. Point d'or, ou si peu, point 4'insignes prétentieux, sauf des chevrons qui gisent l'endurance, et des décorations qui dirent l'héroïsme. Français, Anglais, Américains,tous ont presque la même allure, le même uniforme sobre jt grave. Ils ne sont pas soldats pour la parade, pour l'orgueil de' qii 'iques princes ; ils sont soldats pour une cause dont ils savent la grandeur. Cette armée-là, ce n'est pas le militarisme qui l'a faite : c'est la démocratie. Et chacun de ceux qui la composent, chacun de ces jeunes officiers et de ces hommes du rang, chacun, sous ce costume • simple, avec cette face intelligente, ces yeux francs sous le casque, pourrait prendre place parmi les figures du Labeur créées par Meuneir. C'est l'armée de la démocratie. Et c'est l'ar-Jcnée de la Science qui a vaincu la Force, de la Science qui a vaincu par tous les outils puissante et souples que fièrement leurs servants accompagnent. Cette armée, c'est un monde nouveau; c'est le contraire, exactement, de ce que nous venons de subir, de l'effroyable organisation 60us laquele nous avons gémi. Cet hier odieux est bien évanuoi. Des choses naissent, gonflées d'espoir. NoUs pouvons vivre. Nous pouvons, avec confiance, chanter la victoire. La foule a raison d'acclamer. La terre doit frémir, l'atmosphère doit être sonore. Crions*.acclamons ces Américains impassibles et si conscients de la gravité de l'heure ; chantons avec ;es cornemuses de ces Ecossais; adoptons le rythme alerte, audacieux de cette musique française. Crions, chantons, voici les Belges. Vous entendez leurs clairons? Et... et leur musique... £llo joue.Elle joue.-. Vous, reconnaissez l'air? Vous le reconnaissez? Nous l'avons entendu quand nous étions de petits infants. Nous l'avons entendu souvent : « Carabiniers, soyons soldats! » Comme il y a longtemps! Comme il y a longtemps! Nous avons cru, parfois, que nous ne l'entendrions plus jamais Et voici que.... nous ne pouvons plus crier... Il faut serrer les dents et fermer les paupières. Il ne faut pas qu'on voie. Nous sommes des hommes. Ces soldats pourraient sourire. Non, ils ne souriront pas. Ce sont des hommes, eux aussi. Voyez le geste délicieux de ce jeune officier qui salue de l'épée, avec un regard de triomphe et de tendresse, une femme qui le regarde là-haut, à une fenêtre. Nous redevenons des hommes. Et les accents de la musique des carabiniers viennent de nous dire, simplement, que nous sommes des hommes libres, dans le monde sauvé,dans le monde où l'on va tout réédifier, par la force de toute, cette science qui passe avec les soldats. Tout, ceia, la foule, la foule immense le comprend confusément. Elle pousse de cris de joie; mais les gorges sont serrées et les yeux souvent s'humectent. Elle n'éprouve qu'enthousiasme généreux, désir éperdu d'action f*. fle> nnhlp.çso. Acclamons, acclamons les soldats dont l'héroïsme nous a fait soudain cette foule-là. En celle-ci, le souvenir de cette heure restera. Et tous les espoirs sont légitimes. Le Cortège AUX CONFINS DU GRAND-BRUXELLES C'est par le plus populeux des faubourgs, Molenbeek-Saint-Jean, que le Roi a fait, avec *ses troupes, son entrée dans la capitale. L'antique chaussée de Gand, qui vit, il y a peu de jours, la lamentable retraite des armées désorganisées et battues de l'ex-Kaiser, a vu défiler nos soldats victorieux. Antithèse totale; que de clarté après tant d'ombre! La température était clémente, la lumière adorable! Et quel cadre original que ce tournant de vieille route où, à l'entrée du faubourg industriel, on avait dressé la tribune d'honneur, sur laquelle les édiles molenbeehois attendaient la venue du Roi et de la Reine. Paysage à la fois rural et urbain, coin de banlieue où les maisons à étages alternent avec des champs; les habitants, mi-paysans, mi-ouvriers, se serraient le long des accotements, bruyants, impatients, joyeux et fébriles derrière les mâts à banderolles ornés d'écussons au chiffre royal, aux couleurs des nations de l'Entente et reliés entre eux par des guirlandes de feuilles de sapin et de chêne allant jusqu'au seuil même de la cité dans l'attente. Mais, à mesure que s'écoulent les minutes, le spectacle se transforme, se modifie, c'est la plus merveilleuse des cinématographies, la plus colorée. Dès huit heures, il y a là du monde, beaucoup de monde; et les unes après les autres, des sociétés de la commune, chorales et fanfares, en jouant, en chantant, arrivent avec leur drapeau et se massent des deux côtés de la chaussée, aux abords de la tribune tendue de velours rouge et. écussonnée aux couleurs belges. A neuf heures un quart, premiers roulements de tambours. C'est un corps do musique américain. Il ouvre le défilé. Des compagnies d'infanterie marchent au pas accéléré, en kaki ; les hommes sont en bonnet de polico. Le drapeau du régiment et, celui, étoilé, des Etats-Unis, flottent hampe à hampe. On crie : « Hurrali! Vive l'Amérique! » L'artillerie succède, les pièces sur deux rangs, les servants sur les caissons croisent les bras. Les mouchoirs frissonnent dans l'espace;; une clameur nous parvient, qui approche, roule, grandit : -. Vive, la France! .. Et, des « poilus » paraissent, ceux'du 74e régiment d'infanterie, en uniforme bleu-horizon, en casque d'acier. Leur musique exécute « Entre Sambre et Meuse. .. La <( Brabançonne » retentit, puis 1 air national anglais. Des détachements britanniques défilent. Les cîrapeaux s'inclinent 1 devant l'infanterie, devant l'artillerie... Tout à coup retentissent des cornemuses, des caisses, des tambours : musique écossaise, suivie de quelques compagnies d hommes portant la courte jupe : Hip, hip.hourran !... On trépigne, on crie,' ,on lève les bras aux ; échos bien connus des clairons qui sonnent avec un puissant ensemble. C'est une mu-i sique belge ; « Vivent les carabiniers ! Ce sont eux. Ils marchent allègres. Quels hommes ! Le drapeau avec les noms des victoires brodés en or : Yser, West-Roosebeke... , Il est dix heures et demie. Une grande ! auto brune, tout a àcoup, silencieusement, arrive, stoppe, devant la tribune, suivie d'une seconde limousine. Derrière les gla-! ces on reconnaît deux images : « Vive le Roi ! Vive la Reine ! » Ce sont, nos sofiivï-i rains, en effet. Le Roi est en uniforme de [ général, en kaki. La Reine,, assise à sa ■ droite, porte un manteau et u-n charmant bonnet de fourrure gris. Elle sourit. Elle a i un peu maigri, ses traits se sont en-^ cor© affinés... Dans la seconde voiture on aperçoit la princesse Marie-José et ses frères le prince Léopold, en uniforme, av5c e ' casque, le prince Charles, portant 1 uïiiior- ■ rfre de la marine anglaise, et le prince de ; Galle, un tout jeune homme blond, en kaki< - VlLa portière s'ouvre, M. Mettewie. ff. de t bourgmestre, s'avance jusqu auprès du ' marche-pied et lit une altucabion dont nous marche-pied et lit une allocution saluant le ; Roi, la Reine et disant la résistance opiniâtre - de la population bruxelloise. ; Le Roi, qui est demeuré assis, la tête découverte, répond : . .. « Au nom de la Reine et au mien, je tiens : à vous remercier de tout cœur des paroles ; élogieuses que vous avez eues pour nous. La • Rc'ne et moi nous avons été profondément touchés de l'accueil vibrant de votre com- t mune. Pendant ciiKfuante-deux mois je sa-s ■ combien vous avez souffert, mais je sais - aussi combien vous avez opposé aux bruta-: lités de l'ennemi les plus hautes vertus ci-> viques. Je tiens à vous dire combien L ar- • niée belge, combien les alliés même ont L trouvé un appui moral dans l'exemple ma- • enifique qu'a donné le peuple belge vis-i à-Vis du plus brutal, du plus formidable en-5 ne mi. Je rends hommage à vos concitoyens, " à tous les Belges, qui ont soutenu vailla.n-5 ment l'unité nationale, les libertés constitu- • formelles. oNue avons toujours eu foi dans le succès et envisagé l'avenir avec conhttn- : ce Nous devons travailler maintenant a la ' reconstruction et au relèvement de notre 5 patrie bien-aimée. Laissez-moi faire dos ' vœux chaleureux pour le bien-être de votre commune; puisse-f-elle retrouver son activité industrielle d'avant la guerre. Voa-e i volonté et votre intelligence garantissent la réalisation de ces vœux. » . Des oris retentissent, se croisent,, s elè-vent en un chœur formidable : « Vive le Roi! Vive la Reine ! Vive l'armée! » mus fillettes s'approchent, offrent des fleurs a la Reine, à la princesse Marie-José. Les au-los démarrent, partent en vitesse, suivent la chaussée de Gand. . Place des Etangs-Noirs, le Roi, la Reine, les princes -montent à achevai et, en tête des troupes, se dirigent vers la porte de ■ Flandre. Porte de Flandre s De l'autre côté du canal, dans la tribune . dressée sur le territoire de Bruxelles, M. 5 Max et les bourgmestres des faubourgs ont pris place. Quand: le Roi, salué par les sc-3 clamations de la foule, et suivi de gené-i raux français, anglais et américain, pa-c rait, le bourgmestre s'approche de lui et prô- - nonce une chaleureuse allocution, où il dit i avec quelle loi fervente le peuple, si éprou- toire. Le Roi, s'adressant au Collège et a Conseil tout entier, répond en ces termes ; « Messieurs, la Reine et moi nous avon W écouté avec émotion les éloquentes parole f que vient de nous adresser votre bourgrnes tr'ë. C'est pour nous le plus beau jour le ne tre existence que celui où nous rentrai! dans cette belle capitale libérée enfin nar 1 é- victoire des alliés après quatre ans et t. ii d'épreuves. Nous nous réjouissons du fon lt du cœur de retrouver vos concitoyens qt n'ont jamais cessé d'avoir une foi ardeni dans la victoire du Droit, qui n'ont arna. cessé de rester le front haut comme il sie à des hommes libres devant les brutalité de l'oppression.Je tiens à leur rendre ici u profond hommage d'admiration.Meesieur: nous saluons en M. Max l'exemple des pli: e hautes vertus civiques. Votre bourgmesti a été héroïque, il s'est rangé au- premit s, rang des plus illustres magistrats comnn ?c naux de notre histoire. » Acclamations nouvelles. Le Roi repart av< a la Reine, suivis dés princes. Le défilé, devai r- la tribune des édiles, reprend. Et la foule a] r, plaudit les régiments qui passent dans un o >e dre admirable. Ce ne sont pas des troupes qi reviennent de la guerre, mais des troupes qi -e se rendent à une revue. On est frappé Pc l'ajlure martiale de tous ces hommes; c'e le une armée de jeunes soldats, alors que l'a s- mée allemande nous a donné l'impression d' ir tre une armée de vieux. Dans le public, dt la voix féminines chantent un couplet flamam la de circonstance : « A toutes celles qui .ont airr ?s des Allemands, nous couperons les cheveux.! 3 ; Mais les troupes passent toujours, avec leui r- drapeaux, avec leurs canons, dont la soie o [i- l'acier portent, brodés ou peintes, des norr à de victoire : Yser, Ypres, Staden, West-Roos ,1, beke, Dixmude, Saint-Georges, Merckhem. îs Après les carabiniers ce sont les lanciers e a- pour finir, deux énormes pièces lourdes de : le centimètres, remorquées par des autos, engir effrayants, colossaux et qui méritent bten lt s, noms inscrits en claires lettres près de lei [a gueule : « La Foudre, », « La Terrible ». L a sol tremble à leur passage. On les applaud i- comme des hommes, ils ont une personnalit îs et ils l'ont fait sentir aux barbares. 3S Le cortège défile maintenant rue de Flandr it où il a de la peine à se frayer un chemin dar ô- la foule délirante, qui veut serrer des m n ie qui semble folle. On voit des femmes s'ag ix nouiller. Rue Sainte-Catherine, même enthousiasm e- ie Dans le centre de la ville à! Boulevard Anspach, les façades sont vivai e tes, avec leurs innombrables drapeaux et li aS curieux qui se pressent aux balcons, aux f nôtres, sur les corniches; la foule est mass< c'. là depuis trois heures ; les sociétés, les enfan ta des écoles s'échelonnent; tout le monde agi u. des drapeaux ; on acclame les officiers des n a_ lions alliées qui attendent le cortège ; et quai; e, arriva celui-ci, quand on voit apparaître drapeau de soie Tricolore derrière lequel ma e che te Roi, c'est la tempêta des vivats, d< r' chants, des hurlemefils, de folle allégresse, et Place de Brôuckêrè. Le soleil monte.dai un ciel admirable, dore les façades, fait eh ir toyer les innombrables drapeaux. La fou n- arrive de partout. Bientôt c'est une invre semblable cohue, que la police et les soldat un piquet do grenadiers — très doux, tr ês patients,ces héros!—contiennent avec :wiri e II y a du monde sur tous lés toits, des gra =g pes humaines suspendues à tous les rêve bères. Et la foule acclame. Elle acclame les ot Qt, ciers français qui passent, les soldats isolé n les drapeaux des écoles. Elle acclame 1 -g avions, qui font leur apparition vers dix he p. res au-dessus de la' place et qui évoluent gr ; cieusement, poissons d'argent nageant dai l'air bleu... L'audace des aviateurs émerveil jg les Bruxellois. Décidément, il n'y a pas qi it les Boches pour faire lo looping-the-loop a ..ô dessuis de Bruxelles! t L'heure passe. On attend avec patience. C a attendu quatre ans. On attendra bien qui ques minutes encore. I.a foule est de boni i:" humeur. On chante. Les enfants des écol( rangés tout le long des. boulevards, entonne 'f la « Brabançonne », puis la « Marseillaise : La foule reprend en chœur ces chants gl Tieux. Elle les chantera tantôt, pendant to ,n" le défilé. .; On lait un succès à quelques officiers a ,p glais qui, le long d'un tuyau de gouttière, esc ladent une maison et vont se placer aux pi f' mières loges, dans la corniche. Ils ont d muscles et du nerf en Angleterre! Enfin, le brouhaha, les clameurs annonce le cortège. Voici l'étendard royal. Et, dans ui gloire, le Roi, la Reine, les princes. On les vc mal. Les veux sont brouillés de "ar.n f heureuses. On se félicite mutuellement < ,e vivre cette heure inoubliable. Déjà la i re sir,n a disparu, est entrée là-bas dans tonnerre formidable des -cris et des -hou e~ rahs... Et maintenant, c'ect l'armée qui passe. Coi BS ment dire l'émotion qui remue cette fou'.e il es mense, qui la fait hurler, pleurer, sanglotî délirer! Des gens se penchent aux balcoi: 11 tout le buste en avant, inconscients du dangt Et toutes les bouches clament, et tous les mo choira s'agitent. C'est une ivresse, une fol: as .Sous cetic marée retentissante de brave •»- de vivats, de chants passent les flegmn q.ues Américains, imperturbables, av ir: leurs visages rasés, roses et joufflus; l nt Français souriants, émus, heureux; 1 .a' Ecossais avec leur pittcrescjue musique; 1 iS" Anglais robustes, corrects; et puis les B n' ges pour qui la. foule retrouve du soufflé 1S' des poumons et qu'elle acclame sans las; n" tude* jusqu'à la fin du. défilé. u" Un général a un geste chairenant. 11 e M voie de la main des baisers aux petites t f; tes qui l'ovationnent et qui agitent urne 1 la rét de drapeaux. re On admire les pièces lourdes de notre ? 05 tillerie. On épelle les noms glorieux, ir f.e crits sur les boucliers des canons. t]" Et tandis que passent, les derniers c ','e valiers et les cyclistes au glissement hz la monieux, on entend au loin la foule <j continue à crier, à chanter, sous le ronf , ment doux des clairs et sveltes avions, le ix Porte de Schaerbeek ,u_ Depuis 7 heures du matin, la foule < nt tend, massée en rangs compacts le long boulevard Botanique .Dans les rues voi ie nés, sur la porie de Schaerbeek, c'est i ,tè déferlement, une suite de vagues humain de qui Huent et refluent en un mouvement marée. A toutes les façades, des grapj humaines s'accrochent, se tassent dans 1 balcons, se massent aux fenêtres, envah ne sent même les toits. VI. Il y a là des milliers et des millit nt d'hommes, de femmes^ d'enfants; il y ic- a juchés sur des chaises, sur des tonneau iê- sur des tréteaux hâtivement montés; il >a- en a sur des estrades, à l'angle du hou -o- yard Bisshoffsheini; il y en a partout, iit La vague a conquis la rampe du Jardi 'U- Botanique, s'est installée sur le toit de 1 a i mion-automobile militaire qui stationne li .'par hasard .Et tout le long des boulevards _ dans les arbres dépouillés dé leurs feail 'les, des grappes humaines s'accrochent c pendent, des grappes en rumeur,qui crient 1 qui chantent, qui hèlent la rue. Et, su: . toute cette masse qui attend le procnaii cortège, les couleurs nationales flottent e C'est un envahissement de petits drapeuu: U belges, chantant dans le soleil. 'i La foule attend. Mais cette.foule est bon ^ ne entant. 11 y a si longtemps qu'elle n'i pi u.s .'connra cette joie de manifester à soi , aise qu'elle s'en donne à cœur que veux lu. Elle a oublié déjà ses douleurs d'hier _ Elle respire à pleins poumons, au sorti de l'asphyxiante atmosphère qu'elle a su ^ bie pendant quatre ans. Et elle s'amuse d : tout : des enfants des écoles qui traverse!] la chaussée, en rangs flottants, les une 'avec le bonnet de 1830 orné des couleur nationales; les autres, avec le drapeau be c ge en travers de la poitrine, tous avec de a drapelets en mains. Élte s'amuse des scciï y_ tés enfin réapparues parmi nous; elle a< r_ "clame des Ecossais, cies officiers frança.i ,i | qui longent le boulevard, et qui souneni ,i i et qui répondent aux vivats par do joyeu: r saints. Mais, brusquement, son e'nthousi.asni f. éclate. Là-haut, dans ^l'espace libre, de s, avions évoluent, brillants, dans le soleil, 's L'attente devient plus légère; on rit, o: L chante. La « Marseillaise » répond a 1 é : « Bràaiiançonne », jusqu'au moment oi » enfin, le cortège monte le boulevard Botz ■s nique. u n est onze heures et demie. Les premii s res autos passent, dans la clameur reten i- ;.fissante. Le bourgmestre Max, reconnues .. 'salué d'acclamations. Puis, voici les gei: t, 'dajmes; puis,' derrière l'auto chargée d .3 -chrysanthèmes, voici le Roi, la Reine,. le .s princes, et leur suite. ■s La foule, houleuse, éclate en saluts er ir thousiastes. Les chapeaux, les mouchoirs e s'agitent; les drapeaux battent au vent.De it cris fusent : « Vive le Roi! Vive la Reint '• Vivent les princes! » Mais, à présent, les troupes arrivent. Maintenant, l'enthousiasme devient d ;S délire. C'est un débordement affolant d cris, de chants, d'acclamations, Les eu ''' v-res éclatent; les sonneries de clairons ri tentassent, et le délire s'accroît. La foule et debout, tout entière, qui regarde, qui salu ses fils revenus et les acclame, qui le trouve beaux, forts et grands, trempés pa j. toutes les pluies, cuits par tous les soleil; ,5 et s'attendit devant les drapeaux des ri B. giments qui portent en lettres d'or sur leu ie étoffe sacrée, les noms de leure bataille; Is de leurs victoires. ie Les derniers vainqueurs ont dispar i- dans la rue Royale. La masse populaire s d fond, se"désagr'ège, se heurte, dans un pi< le finemeçjjt énorme" r- . Lïi-bàs, sur les hauteurs de Koekelber; :s :fdes masçnis'blanchis chantent dans la U foière. car . tout est lumière, Car tout -e; is joie, car l'enthousiasme national déferle ; i- se gonfle,' comme jamais encore il n'ava le fait. .i- AU PARLEMENT p- La Séance historique La salle des séances de la Chambre « encore enveloppée de silence et d'otnbi s> quand nous pénétrons dans notre tribun->s on achève la décroation de l'émicycle, i: j. on achève la décoration de l'hémicycle, 1 a- quelle est simple.et jolie. Les colonnes soi is ornées de drapeaux belges. Les balustrad! le des tribunes, publiques sont décorées d< ie écussons des nations alliées, alternant av< u- des écussons belges. Les squbas&emenj de-la tribune du. Sénat et de la Iribune d m plomatique sont rehaussés de faisseau :1- de drapeaux alliés entourant le médaillo îe du roi Albert. La tribune présidentielle e: s, encadrée de grands drapeaux belges:toi it ces drapeaux -sont surmontés d'une petr ». statuette représentant la Gloire offra. o- urne- couronne de lauriers.... L'effet e: ut charmant, car tous les drapeaux sont I gèrernent inclinés et se teaident vers l'ei n- droit où tantôt se trouvera le Roi. a- Peu à peu l'hémicycle s'emplit. Les d «- patéS entrent. MM. Pirmez, capitaine -f ss cavalerie; Crick et Devèze, lieutenan d'artillerie; Pécher, auditeur militaire; Ca nt pentier, capitairie-insiructeur; Pasteur, lie ie tenant d'infanterie, sont l'objet de l'atle: ,il tion sympathique de leurs collègues. 1 ,s ont l'allure tris "maritale et-on leur fa ta un accueil cordial. On se montre ans les . parlementaires qui ont échappé ci jours derniers aux geôles allemandes c r' aux camps de concentration : le séii'ilei Coileaux, le sénateur Halot, le député B n" logne. On remarque les nouveaux députés n" M. Ralhenbeek, qui remplace -M. Lorand M. 1-iobyn, qui était le suppléant de N s' Louis Huysmans. M. Behaegel succède c r' sénateur Càteau. II est présent. Les dép u; lés, qui ont trahi la cause nationale : Hyj e: derickx et Auguateyns ont naturellemei leur place vide. Celle de M. Camille, Huy "" mans l'est aussi :les gens de mer angla fJ n'ont pas voulu qu'il s'embarque... Il y a beaucoup d'animation. Les mer f8 bres des familles des députés occupent H fond de la salle, dans le pourtour. Là ti I hune diplomatique est établie, cette foi .. vis-à-vis * du siège présidentiel. On y -:1" marque surtout M. Brand Withlock, marquis de Villalobar, ministre d'Espaga M. Van Volienhoven, ministre de Holla de: Mgr Nicotera, rconce du Pape. °* Près du bureau' d'où tantôt parlera Roi. ont été disposés des sièges d'appar destinés à. trois grands citoyens belge 6" Mgr Mercier, M. Ernest Solvay, M. Ail-phe Max. A' onze heures trois quarts, le doyi r. d'âge de la Chambre, M. le comte Visa de "Bocarrné, député catholique de Brugt ; monte au fauteuil présidentiel. .11 est ento ré des secrétaires d'âge, tes députas Oev ze et Pécher, officiers de l'armée belge. M. le doyen d'âge annonce que l'on ' it- tirer au sort la composition des délégatio lu quii von t recevoir le Roi et la Reine. Cet 'i- formalité protocolaire remplie, M. Coo: m ni an monte à ta tribune et y. prononce i es clair mais rapide discours dans lequel il i Je" trace, à grands traits, l'histoire de la Bi es gique-depuis le 4 août 1914, les luttes dive es ses dont'ta pavs est sorti vainqueur, apr s- tant de sacrifice et d'héroïsme. Mais et n'est qu'un prélude. Ce que M. Coorem: J-s tient à- dire, c'est la raison pour laque1 ?n son cabinet démissionne. Convaincu q. x. le gouvernement avait la confiance du pa> y il a continué à remplir tous ses devoirs,m: le- gré -les circonstances qui ont rendu irr'n sable tout contact entre le Parlement et. n- cabinet. L'orateur en profite pour faire 1 u- loge de cette collaboration et. regretter l elle était de s'affirmer. Le gouvernement qui a été aux affaires de 1914 à 1918 a con-■ nu de graves problèmes, il a dfl résoudre l ou préparer d'importantes questions, telles , la rénovation de l'armée, la reconstruc-• tion et le ' ravitaillement du pays, le i réveil économique, etc. « Le gouvernement, dit M. Cooreman, ; a essayé de maintenir la dignité nationale, d'assurer la libération du territoire avec le - concours efficace des 'alliés. » i L'orateur signale que l'armistice a mis i fin à la situation existante et que la colia- - boration, si nécessaire du parlement et du . gouvernement, est possible. C'est pourquoi, r sans qu'il y eût de conflit entre le cabinet - et la couronne, le cabinet a pensé que 3 son mandat exceptionnel devait prendre t fin, pour pouvoir permettre à ceux qui s sont restés en Belgique de prendre u:ne part 3 active au gouvernement, M. Cooreman rend alors un très élogieus s hommage au Roi et à la Reine, à l'armée - belge. Toute l'assemblée se lève et accla- - me" les paroles du président. On crie : Vive 3 le Roi ! Vive la Reine ! Vive l'année ! Vive . la Belgique! ^ M. Cooreman salue toutes les victimes de la guerre, la population du pays occupé, l'œuvre » grandiose du Comité national, les diplomate: 3 d'Espagne et de Hollande. 11 annonce que le gouvernement du Roi a dé t cerné à M Koover le titre de bienfaiteur de 3. la nation belge. Il rend hommage à Mgr Mercier, au bourgmestre Max, au bâton I nier Théodor, et célèbre avec chaleur le rôle du général Léman. L'orateur remercie aussi les alliés et particulièrement la Fran ce à qui nous devons une gratitude spéciale t pour l'hospitalité exceptionnelle qu'elle a donnée au gouvernement belge. Toute l'as semblée, pour ponctuer cet hommage, ,se - lève, acclame et crie : « Vive la France! » 3 Le discours de M. Cooreman se termine par un salut au nouveau gouvernemen national, qui conduira le pays dans une tre 5 de concorde et de paix. La séance est interrompue. Tous les par lementaires et tous les invités se précipi tant vers la place de la Nation, où le -ItfiK commence. On entend le bruit joyeux dee e fanfares et la clameur des ovations... Roi arrive ' Une heune plus tard on annonce la R-jirr e et aussitôt l'assemblée se lève et éclate er s acclamations unanimes. La Reine, introdui r te par la délégation, s'avance lentemen . suivie de la charmante et douce princesse - Marie-José, du prince de Galles, très crâne r et du prince Charles, en bleu som , bre de cadet de marine. La souveraine e la princesse tiennent toutes deux à le u main un boueiuet d'orchidées. La Reini e se place sur l'estrade cjui lui est ré > servée ; presque aussitôt les acclamation: n'ayant pas encore tari leur source, on an f, nonce : le Roi! i- Tjé Roi d'un pas ferme monte les marchés di ;t - lœrpSv. {M urf.taateuil d'apparat est t II se tient difebSin"devant i'àssemblée qu'i t salue profondément. Il tient à la main soi casque qu'il dépose près de lui, tandis qui les vagues d'acclamations déferlent de tou tes les tribunes et de l'hémicycle, où les as sistants agitent'les mouchoirs. C'est un< minute ds vive émûtion. On sent vibre: l'amour du pays. ,, Le prince Léopold suit son père, gravi les degrés de la tribune derrière lui et s. e place à sa gauche, un peu -à l'arriére. L; -• suite royale se dispose au pied du bureau L~ Parmi elle, en tête, on remarque le gén-H'a ^ Léman que le Roi a sollicité de se trouve là. Près de la Reine se tiennent le lieutenan ;s général Jungbiuth, adjudant général, et 1 ® général Hannoteau, aide de camp. " Soudain les acclimations s'apaisent. L s Roi déploie les feuillets de son discour l" dont il commence la lecture. Sa voix e; x claire et forte .Le débit est mesuré. Certain J} passages, sont vivement ponctués et l'oro teur, do la main libre, les accentue encur •s d'un geste discret, le long du corps. Lïrii "j pression que dégage cette lecture est ,exccl lente. On sent que celui qui parle a reçu 1 baptême de la force; il a acquis une asesii j' rance pleine de' fermeté. :- LE DISCOURS DU TRONï ie ■& Messieurs, f- Je vous apporte le salut de l'armée ! i- Nous arrivons de l'Yser, mes soldats et mo i- à travers nos villes et nos campagnes libérée: is Et me voici devunt les représentants di it pays.. =i Vous m'avez confié, il y a quatre ans, l'a; îs mée de la Nation pour défendra la Patrie e u danger; je viens vous rendre compte de me ir actes. .Te viens vous dire ce qu'ont été les so > dats de la Belgique, l'endurance dont ils or : fait preuve, le courage et la bravoure qu'i] ;t ont déployés, les grands résultats. acquis pa L leurs efforts. (Longs applaudissements.) u Quelles sont les règles qui ont dirigé ma coi i- duiie au cours de cette longue guerre ? i- D'une part, remplir, en restant toujoui it dans le domaine du possible, la plénitude d 5- nos obligations internationales et sauvegarde le prestige de la-Nation, devoirs auxquels toi peuple qui veut être considéré doit rester f i- dèle; d'autre part, ména.ger le sang de ne le soldats, assurer leur bien-être matériel et m< ral, alléger leurs souffrances. (Vifs applaT 3j dissemente.) e- le Notre rôle dans La guerre e' Dans la-Campagne de 1914, les opérations c l'armée belge furent décisives pour permette , aux grandes armées alliées d'arrêter la pui ^ santé offensive allemande sur la ligne 01 1 pendant près de quatre ans, elle s'est stab lisée. C'est pendant cette campagne que se joi véritablement la liberté du monde ; la lut m gigantesque qui se livre en Belgique et « rt France doit décider si, vraiment, c'est déso 5' mais l'hégémonie allemande qui régira l'h n" manité. è" Les nations de l'Entente n'étaient pas ég lement prêtes pour soutenir, de toutes leu: '"a forces, le formidable choc qui allait se pr 15 duire. t-3 Deux, d'entre elles seulement, la France e_ la Russie, étaient en mesure de s'opposer si ,n terre, sans grand délai à l'entreprise d< e- Empires centraux qu'un© longue et min *1" tieuse préparation avait portés à l'apogée c 'i'- leur force.. A l'aimée belge échut le magnifique, ma ci périlleux destin d'être placé au point où 1 et-a in major allemand, sûr de- la décision, allait la le cp.r le plus gros et le meilleur de ses force lô (Longs applaudissements.) s, Luttant seul pendant deux mois et dei û- sur l'entière profondeur de son tenitoir li- de Liège à Anvers, puis d'Anvers le l'Yser, l'armée belge d'abord brisa 1 è- premières et audacieuses tentatives de 1 env la hisseur, puis, ralentit et modéra les mouv ,ii ssttflil1 ant : plie COOtribl enfin, par la longue et héroïuue bataille qu'elle livrasur les bords de l'Yser, à l'arrêt dé flnitil des troupes allemandes. (Toute l'assemblée se lève et acclame.) La campagne de 1915 s'ouvrit sous de meilu leurs auspices; la Cirande-Bretagne créait d# puissantes armées et l'Italie apportait son important concours à l'Entente. Quatre grands peuples militaires allaient maintenant lutter contre les Etats centraux. Bientôt réorganisée, grâce surtout au patriotisme de cette jeunesse ardente qui. 'bravaru tous les dangers, franchit les frontières pou' se mettre aux ordres de la Patrie, l'armée' commença dans les tranchées boueuses d'e l'Yser, dernier rempart où elle avait planté le drapeau national, la garde vigilante qu'elle devait monter, sans trêve, inlassablement, pendant près de quatre années. (Vits applaudissements.)Elle y soutint de nombreux et durs combats pour en maintenir intacte la possession, attendant patiemment le jour où il serait enfin possible de sortir de ses positions, de battre l'adversaire et de le chasser. (Bravos ! acclamations.)L'année 1918 amena ce jour tant désiré. L'Amérique, nouvel et puissant allié, ayant ajouté le poids de son effort grandiose et enthousiaste à celui des autres nations, le formidable adversaire. chancela. C'est ce momi-nt que l'armée belge choisit, Le ÎS septembre, à l'aube, tendant toute son énergie, .elle bondit à l'assaut des lignes ennemies et, d'un seul mais irrésistible et sublime élan, conquiert cette crête des Flandres qui avait jusqu'alors défié les attaques des troupes les plus valeureuses. Après ces journées mémorables, elle continua d'attaquer et de poursuivra l'ennemi à côté des ai-mées alliées, jusqu'au jour où celui-ci fut forcé de se déclarer vaincu. En terminant ce court récit de nos opérations militaires, ,ie vous dis à tous : la Belgique peut regarder avec fierté la fâche accomplie par son armée; au cours de cette lutte sans précédent, l'armée a fait pleinement son devoir, elle a porté à un haut degré le prestige national et la réputation de nos armes; elle a rendu au monde entier un service inestimable . (Nouveaux applaudissements auxquels participent les tribunes.) l'ai un autre devoir à remplir, celui de témoigner des belles vertus militaires des troupes alliées qui ont combattu sur le sol d» I la Patrie, fraternellement confondues avec les i nôtres, toutes animées d'un même idéal et d'un même esprit de sacrifice. Honneur aux soldats de la France (acclamations), de l'An-i gleterre (acclamations) et des Etats-Unis (acclamations), qui se sont portés à notre secours ! Je m'incline respectueusement devant ceux qui sont morts et, qui reposent dans notre terre à jamais sacré : la Belgique re-i connaissante entretiendra pieusement leur glorieux souvenir. (L'assemblée se lève et ac-i clame ; les tribunes applaudissent.) Honneur aussi à nos morts, à nos glorieux morts : à ceux qui sont tombés face à l'enne-[ mi sur les champs de bataille et devant le peloton d'exécution; à ceux qui ont succombé 1 dans les fils de fer le long de la frontière hol-t landaise; à ceux qui ont été lâchement assas-, sinés; à ceux qui ont été martyrisés dans les prisons et les camps de concentration attroces ; à ceux qui sont mon,s de douleur et de mi-, sère. Tous ont bien mérité de la Patrie. Que '. leurs noms soient ajoutés à oaux des combattants de 1«30, à noire Panthéon, là-bas, à la t place des Martyrs ! (Nouvelles et longues ac-5 clamations.) i. Messieurs, Il me tient à cœur de féliciter le pays oc-'[ cupé di la noble attitude qu'il a gardée sous ■ le joug allemand. i Une première pensée va d'abord aux pe-: rents des soldats qui sont demeurés presque sans nouvelles pendant quatre ans et demi. > Tandis que les combattants des autres ar-^ niées restaient en contact avec -les leurs et + qu'ils puisaient les uns et les auires dans l'en-. tretien d'une correspondance affectueuse et au ' cours des congés périodiques, un réconfort né-, cessaire, les Belges du dehors et ceux de l'in-' térieur se sont trouvés séparés par un mur d« plus en plus infranchissable. En dépit des ef-à forts ingénieux et admirables de ceux qui, au l péril d'î leur liberté, se sont appliqués à maintenir de fréquentes relations, la guerre a infligé à nos enfants au front et à leurs parents , demeurés au foyer le supplice prolongé de U vivre et de souffrir sans savoir ce que la destinée leur réservait. Avec quelle vaillance tout le peuple belge n'a-t-il lias supporté celte épreuve si longue et si cruelle î (Vifs applaudissements.) Elle devait ajouter chaque jour quelque chose d'aigu aux privations matériel-i les, aux soucis du lendemain, aux atleint.es de la misère. La multiplicité des œuvies d'assis--. tance, si magnifiquement ecloses au fur et à n mesure des nécessités, a atténué la riguer d'un s pareil régime. On a vu toutes les classes de la société, animées d'un même souffle d'en-t icnte et d'affection, se rapprocher intimement s pour apaiser les souffrances et les infortunes ; r les femmes ont montre une fois de plus ce qu'il faut attendre de leur bonté et de cette t_ intuition qui leur fait découvrir la plaie à panser et la peine à soulager. (Vives accla-,s mations auxquelles prennent part les tribu-e nés : les regards se tournent vers la Reine, et T l'assemblée se lève et pousse plusieurs fois le lt cri de : » Vive la Reine! .,) Les nobles senti-]. ments de solidarité maintinrent dans tout le s pays les liens Ic-s plus solides et constituent le "témoignage vivant d'une union que l'on ne t. saurait briser dans l'avenir. La sourfrance noblement partagée et subie d'un cœur ferme est devenue un patrimoine commun ; elle a maintenu, à travers les temps, dans toute la population, cette confiance sereine que les événe-e ments ont pleinement justifiée. (Longs ap-'e plaudissements ) s- Messieurs, 1, On ne comprendrait pas que l'union féconda i- dont les Belges ont donné un si admirable e:; triple pendant la guerre fît place, dès le te lendemain de la libération du territoire, à la ■e reprise de querelles stériles. Cette union doit n rester une réalité dans les circonstances pré-r- sentes. (Longs api '■ n'dLuenients i- Detnain •s Telle est la raison d'être de la composition 3- du nouveau ministère qui a accepté de reprendre, à son point d'arrêt, la tâche ardue ac-2t complie par les deux cabinets précédents dans ir i des circonstances angoissantes et avec un pa-■s triotisme qui n'a jamais faibli-,. ' ijE pays sera heureux de voir la représen-lo iation nationale reprendre contact avec le gouvernement en attendant la daôe prochaine is à laquelle il pourra être consulté par la voie t. électorale après le retour de ceux qui ont été 3. éloignés du pays par la guerre et après l'ac-s cotiTOlissement des préliminaires nécessaires. L'égalité dans la souffrance rt dans l'endu-ù rance a créé des droits égaux à l'expression c des aspirations publiques. Le gouvernement à proposera aux Chambres d'abaisser, dans un =s accord patriotique, les anciennes barrières e» i- de réalise- la consultation nationale sur la e- base du suffrage égal pour tous les hommes ia dès l'Sge de la maturité requise pour l'exercice

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This item is a publication of the title L'indépendance belge belonging to the category Liberale pers, published in Bruxelles from 1843 to 1940.

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