L'indépendance belge

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27 November 1916
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s.n. 1916, 27 November. L'indépendance belge. Seen on 29 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/r20rr1qs0b/
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-|7èm& année.. No 281 L'INDÉPENDANCE R( YAUME-UNI: ONE PENNY BELGE. \ CONTINEN'v tg CENTIMES (HOLLAND. g CENTS) \ .—•—— — ADMINISTRATION ET REDACTION : ttJDOE HO USE, TUDOE ST.. LONDON, E.C. TELEPHONE: CITY 3960. BUREAU A PARIS : 11. PLACE DE LA BOURSE. TELEPH.: J 31 1 -57 et LUNDI 27 NOVEMBRE 1916. En vente à Londres à 3 h. fe samedi 25 nov. .cnvmuuvTC f3 MOTS, 9 SHILLINGS.) \ „ . ABO^EME^TS : j6 M0IS 17 gHILLINGg ! U|&VATION PAR le PROGRES 11 AN, 32 SHILLINGS. ) ; LA SITUATION. Samedi, midi. Les crimes des pirates teutons se multiplient. Après 3c "Britannic," le plus grand paquebot construit jusqu'à ce jour (transformé en navire-hôpital ultra-moderne), dont nous avons relaté avant-hier le sort tragique," voici qu'on annonce la perte, dans les mêmes parages (Mer Egée), d'un autre hôpital flottant, 5e "Braemar Castle," qui ramenait des soldats blessés en Grande-Bretagne ! Tout le monde à bord a pu être sauvé, fort heureusement, mais s'il n'y a pas cette fois de victimes à déplorer ce n'çst pas la faute aux Allemands. Le communiqué officiel britannique dit que 3e "Braemar Castle'' a été coulé par suite du contact soit avec une mine soit avec une torpille comme ce fut le cas pour le "Britannic." Mais que les sous-marins allemands aient placé des mines sur la route suivie habituellement par les navires-hôpitaux ou qu'ils les aient torpillés, leur responsabilité reste entière.Ce que nos ennemis visent c'est la destruction complète des flottes alliées aussi bien que neutres, et la croix de Genève, respectée par toutes les nations civilisées, sauf par l'Allemagne, ne suffit pas pour protéger les navires contre les attentats criminels de nos ennemis. (Jeux-ci ont torpillé ouvertement en mars et en juillet 1916, dans la Mer Noire, les navires hôpitaux "Vespiod" et " Portugal," et ils n'ont raté 1' "As-turias," navire-hôpital anglais, attaqué on février 1915, que de quelques mètres ! Quant au " Rohilla " et à 1' " An-glia," autres navires-hôpitaux, ils ont été coulés, eux aussi par des mines allemandes, et le total des victimes de tous ces " accidents " se chiffre par 375 tués ou noyés ! Les, Allemands peuvent êtfe fiers de leur œuvre ; leur Kultur défie tous les-records de la bestialité, de la fourberie et de l'inhumanité ! Les attentats contre les navires neli-tres continuent également, et les derniers rapports signalent la destruction, par les sous-marins teutons, du vapeur suédois "Arthur" et du "Joannis," et du "Spars," battant tous deux pavillon grec. Le jour du règlement des comptes, la note à payer par les Allemands sera salée. En attendant, ils ne risquent, en ce qui concerne les neutres, que des notes diplomatiques, et on sait le cas qu'on fait de ces documents diplomatiques à Berlin. Les Etats-Unis viennent encore d'en faire l'expérience avec l'affaire du " Rowanmore " et du pétrolier hollandais " Antwerpen," torpillés sans avertissement, qui avait motivé une demande d'explication de la part du gouvernement de Washington, t/office des affaires étrangères de Berlin s'est contenté de répondre que ces bateaux avaient été coulés légalement et que les sous-marins allemands n'avaient pas attaqué les navires américains qui formaient l'objet des autres réclamations américaines ! Reste l'affaire du "Marina," dont on dit que le président Wilson l'envisage comme étant "des plus sérieuses." At tendons-nous à voir les Allemands accuser les Alliés de l'avoir torpillé eux-mêmes ! Les nouvelles de Roumanie ne sont toujours pas satisfaisantes. Cédant à la pression de plus en plus grande de forces ennemies supérieures en nombre et en grosse artillerie, les Roumains continuent de se replier en Vala-chie et le dernier communiqué de Bucarest annonce que nos Alliés se sont repliés sur la rive gauche de l'Oltetsu, un affluent de l'Aluta entre Craiova et Slatina. Simultanément, Y'en ne et Berlin signalent l'arrivée de leurs têtes de colonnes sur l'Aluta qui, venant de Transylvanie en traversant la passe de la Tour Rouge, constitue 3a ligne de démarcation naturelle de la Yalachie occidentale.Cette barrière naturelle semble tout indiquée pour être adoptée comme ligne de défense par nos alliés, qui, maintenant que les Austro-Allemands ont forcé une des portes d'entrée de la Yalachie, vont avoir à supporter tout le poids de la poussée ennemie. Celle-ci recommencera également à se faire sentir sur le front sud s'il est vrai, comme l'annonce le communiqué allemand, que les forces du maréchal Mackcnsen ont franchi le Danube "sur plusieurs points." Il est évident que le maréchal Mac-kensen est chargé de l'exécution d'une partie importante du programme que le général Falkenhayn a pour mission d'accomplir et qui ne vise ni plus ni moins qu'à faire subir à la Roumanie le sort de la Belgique et de la Serbie. Le maréchal Mackensen, voyant les progrès de Falkenhayn, dont les troupes ont occuyé également Orsova et sont devenues ainsi maîtresses des Portes d'Enfer (Danube), croit sans doute 'c' moment venu d'inquiéter les Roumains sur le front sud et essaye, par des tentatives de passage du Danube, d'attirer de ce côté des troupes dont nos alliés roumains auraient besoin ailleurs. En résumé, la situation sur le front roumain n'est pas brillante pour les Alliés, mais il ne faut pas pendre de vue que l'avance de nos ennemis peut devenir la cause même, demain, d'un succès des Alliés. La position des Austro-Allemands n'est pas sans danger et offrirait, à un général entreprenant, des chances sérieuses de placer une riposte qui pourrait bien faire chanceler l'adversaire. Les incidents de la retraite roumaine de Transylvanie ont été, à ce sujet, un enseignement qui, espérons-le, n'est pas perdu. Quant au passage du Danube, il entre, lui aussi, dans la catégorie des opérations dangereuses, car combattre avec une rivière dans le dos, place l'adversaire dans la situation du duelliste poussé au mur: il n'a plus de champ pour rompre, et est à la merci d'un coup de surprise. Dans la situation actuelle le tout est de savoir si le haut commandement russo-roumain dispose des éléments nécessaires pour tranformer en victoire un échec qui aurait pu et dû être évité. Rien de particulier n'est signalé des autres fronts. TRIB UNE LIBRE. NOS HOMMES. CHARLES DE BROQUEVILLE. Le caractère belge. " L'Indépendance Belge " me per-nettra-t-elle de rendre à M- de Broque-ville ce qui appartient à M. de Broque-\ ille? Les journaux français, anglais, suisses, espagnols ont chanté les louanges de notre premier ministre, me sera-t-i permis de lui rendre simplement justice dans un journal belge? Le Belge n'a pas la bosse de l'admiration. Le Belge ne croit pas aux grands hommes. Il ne "gobe" rien, il ne " gobe " personne. Rubens et Vandycl-Jadis, comme aujourd'hui Verhaeren ci Maeterlinck, ne connurent la gloire qu-'î l'étranger. Encore le Belge se contente-t-Il d'ignorer ses penseurs et ses artistes. Mais il montre moins de mansuétude à l'égard de ses- hommes d'Etat et de ses politiciens. A quiconque, en : domaine,semble même légèrement dépasser la moyenne, il oppose _une dédaigneuse hostilité. Par crainte des aventures, sans doute, et par amour de sa tranquillité, il ne veut être conduit que *»ar des, médiocres. En un tournemain il s'est débarassé de Frère-Orban et, ensuite, des triumvirs de 1884. Léopold II n'a cessé de le scandaliser et de l'in-, quiéter. Si l'on pouvait chasser un roi comme on chasse un ministre, il n'existerait pas, aujourd'hui, de Congo belge , et Bruxelles ne serait pas l'une des plus [ belles villes du monde. Et cette méga-: lophobie nationale ne date pas d'hier : à preuve, la tragique aventure de Jac- ■ ques Van Artevelde. Un rôle de premier pian. Ce début, après le titre de cet article, va faire croire que j'ai à l'égard de notre "Premier" des projets hostiles; que je ■ veux, soit -le dénoncer comme un grand homme à :1a vindicte de ses compatriotes soit simplement, squs couleur de flatterie, le couvrir de ridicule. Mais je ne suis pas un ours manieur de pavés et ie n'a> aucune arrière-pensée. C'est pourquoi je me hâte de dire que M. de Broqueville n'est pas èt, surtout, ne se croit pas un grand homme. Mais aile/, donc chercher les grands hommes parmi notre pejs.onnel politique et parlemen taire ! La Belgique, n'ayant pas besoin de grands hommes politiques, -ne voulant pas de grands hommes d'Etat, tout naturellement n'en produit pas. Lorsque M. de Broqueville accepta la présidence du conseil il se voyait simplement le successeur de toute une série de braves gens qui avaient gouverné de leur mieux le pays qui, sans être précisément des aigles, avaient accompli leur mandat, et M. de Broqueville sans doute se disait, "après tout, je ferai aussi bien que mes prédécesseurs." Comment aurait-il pu deviner alors les formidables responsabilités dont les circonstances s'apprêtaient à le charger? Comment aurait-il pu prévoir qu'il était appelé à jouer un rôle de premier plan dans la politique européenne, à prendre, au nom du peuple belges, la résolution la plus tragique qui se soit jamais imposée à un peuplé, à diriger la politique belge au milieu du fracas du plus formidable cataclysme de tous les temps? Je n'en doute pas : s'il avait été possible de prévoir de telles éventualités, M. de Broqueville eût hésité à prendre la succession de M. de Smet de Xaeyer. Mais, embarqué sur le navire alors que la mer était belle et d'un calme qui paraissait imperturbable, le pilote, surpris par l'effroyable et imprévue tempête, ne put songer à déserter son poste devenu tout à coup si périlleux. Il s'agissait de naviguer quand même, d'accepter des responsabilités illimitées, de prendre des résolutions aux incalculables conséquences. Avouons que ce n'est pas sans quelque étonnement que la Belgique, un instant désorientée, s'aperçut tout à coup que son premier était à la hauteur des circonstances, qu'il osait oser, et que même il savait communiquer son audace à son équipage affolé. M. de Broqueville sera pour l'Histoire l'homme qui osa dire " Non !" au nouveau fléau de Dieu. Sept millions de Belges ont répété ce "Non!" et la conséquence fut que l'At-tila de Berlin ne put même pas atteindre les champs catalonniques. A briser la résistance de Liège et à se venger sur nos populations désarmées, les hordes du Kaiser perdirent un temps précieux qui permit à l'armée française de se réformer, et à Galliéni de sauver Paris, sans que sainte Geneviève eût besoin de se déranger une seconde fois. Promptitude de décision. Sans doute, à la place de M. de Broqueville, tout Belge eût agi comme lui... en principe. Mais est-il bien certain que tout autre eût eu la même promptitude de décision, la même absence de toute hésitation, une aussi farouche énergie? Est-il certain qu'un, autre n'eût pas essayé de parlementer, de gagner des heures—hésitation qui eût été un 'malheur irréparable pour les Alliés et un gain inappréciable pour le roi de Prusse ! Est-il certain qu'un autre eût, comme lui, hâté et poussé, sans hésitation, sans crainte et sans faiblesse la mobilisation de notre armée dès que le péril fut visible ? Ce n'est un secret pour personne que dans certains milieux belges insignifiants par le nombre unais en possession d'importants moyens d'influence, on avait plus de sympathie pour l'Allemagne conservatrice que pour la France révolutionnaire. M. de Broqueville osa ' résolument faire face à ces Puissances plus ou moin's occultes et celles-ci devant sa détermination s'évanouirent subitement. Vous chercherez en vain aujourd'hui la trace de leur existence falote et discrète—ce qui ne veut pas dire qu'elles aient définitivement cessé d'exister. Sans doute, pendant ces Jours de désarroi et d'incertitude ; qui aboutirent à l'héroïque résolution, M. de Broqueville plus qu'aucun autre citoyen belge dût comprendre l'immensité de la disproportion entre les forces de notre',pays et la tâche qui leur incombait subitement. Il avait été, dans son parti, au nombre des rares hommes politiques belges clairvoyants qui avaient eu le pressentiment de la catastrophe. Il était mieux placé qu'aucun autre pour savoir à quel point nous n'étions pas prêts. Mais sa conscience était nette. Il avait été le sonnejjr d'alarme et s'il n'avait pas été aussi bien suivi, si la niaiserie de nos politiciens l'avait forcé à faire des; concessions et à s'arrêter aux demi-mesures, il pouvait se dire qu'il avait fait tout son possible et que ce n'était pas de sa faute si les forces de notre armée n'étaient pas à la hauteur de son courage. Clairvoyant patriotisme. Avec quelle amertume ne devons-nous pas nous dire aujourd'hui que si nous avions écouté notre grand Léopold II. dont les projets nous pàraiss lient si follement ambitieux et surtout si eoû-teux^-les horreurs de l'invasion nous auraient- probablement été épargnées. . Mais si ccs projets ont reçu, tardive ment, au moins une exécution partielle, c'est surtout à l'obstiné et clairvoyant patriotisme de M. de Broqueville que nous la devons. C'eV grâce à lui qu'à Liège nous avons sau\V2 Paris et que, sur l'Yser, nous avons ^eut-être sauvé l'Angleterre. Car, à voir te •parti que les Allemands tirent aujourd'hui des misérables ports d'Ostende et de Zeebrugige on se demande avec effroi ce qu'ils auraient fait, s'ils avaient réussi à se saisir de Dun-kerque, de Calais et de Boulogne. Pendant ces semaines de gloire et de désastres d'août et de septembre 1914, conscient de l'énorme responsabilité qui pesait sur (lui, M. de Broqueville dut souvent faire un retour sur le passé et songer avec tristesse aux erreurs, aux sottises, aux mesquineries de la politique de parti qui a toujours contrecarré chez nous toutes les grandes initiatives, tous les projets généreux, qui avait empêché le peuple belge de se faire une notion exacte et claire de sa position réelle dans le monde, de sa nationalité. L'Union fait la force ! Jusqu'en août 1914 cette devise nationale avait depuis ■MMM.ir.wiMniinmIBIIm mu imii n miii rm mmn nr~irrrram des anné&m Sens plutôt ironique. Et ce -n'est pïsans mélancolie que M. de "Broquevil.le|ut parfois passer en revue 1 'état-major,0litique dont il était le chef. Si Finauds et Wallons je sont rapprochés, \ cléricaux et anti-cléricaux ne se htsent plus, ce n'est vraiment pas fau. de zèle brouillon chez certains de no\|10,mmes politiques. Dette d^econnaissance. Le rôle de minore- civil de la guerre est, certes, un m ingrat. M. de Broqueville le remplit \ec tact, avec adresse et, quand il le fauKavec énergie. Tous ceux que n'aveugleVs l'esprit de parti reconnaissent que leVays lui doit beaucoup. Il ne faut pa\que la mesquine politique d'esprit étroique certains voudraient continuer en Miliciens de village, incorrigibles qu i\ >ont, nous empêche de rendre justice/à ceux qui ont bien servi la patrie. Les\cuples, comme Dieu, ne font pas leurs \pmptes toutes les semaines. Lorsque la Belgique fera les siens elle traitera ses ninistres selon leurs mérites. \Ar. V. B. LA VIE DE PARIS. Melchior de Vogué. Paris, novembre 1916. Tandis que les batailles se poursuivent, que les combats meurtriers se livrent tous les jours, nous avons à enregistrer la disparition de ceux que l'âge arrêta au passage, ne leur permettant pas de voir la fin de cette longue guerre. Cette semaine, coup sur coup, on nous a annoncé les morts du marquis Melchior de Vogué, de Léonie Rouzade et d'Alfred Naquet. Les journaux, accaparés par ailleurs, ont consacré une colonne au marquis Melchior de \ ogué, n'ont pas parlé du. tout de Léonie Roulade -et ont accord-' quelques lignes à Alfred Naquet. C'ci-t la guerre qui veut ça. Quand des milliers et des milliers de morts tombent aux tranchées, comment trouver le temps de parler de ceux qui ne représentent que le passé? Tous les esprits sont tournés du côté de l'avenir.Du marquis Melchior de Vogué, on aura tout dit quand on aura constaté qu'il fut ambassadeur sans relief à Cons-tantinople et à Vienne, qu'il avait une très grosse fortune, qu'il se maria plusieurs fois et laissa toute une lignée alliée à des ducs et des barons—Une de ses filles a épousé un fils du maréchal de MacMahon. Il était membre de l'Académie Française et on n'a jamais entendu dire qu'il ait fait du mal à qui que ce soit. C'est beaucoup, quand les grands ne sont pas malfaisants. Un journal, où écrivent ses amis, a raconté comment le marquis Melchior de Vogué avait donné sa voix à Jean Richepin quand celui-ci se présenta à l'Académie Française. Le poète de la "Chanson des Gueux" rendit visite aux vieux diplomate, mais celui-ci avoua que son suffrage était promis. M. Richepin se leva, mais dans l'antichambre s'arrêta: "N'est-ce pas là un tambour? — Mais si, dit le marquis. — Mais c'est même le tambour d'un de vos ancêtres ! Et, passant le baudrier sous son bras, serrant les baguettes dans ses doigts, M. Jean Richepin rentra dans le salon en tapant dru et ferme la marche du " Royal-Voguë. " L'Académicien le suivait enthousiaste Et quand Jean Richepin reposa les baguettes, il avait conquis par le tambour la voix du marquis Melchior de Vogué. Si "Excelsior," à qui j'emprunte ce récit, ne s'est pas moqué de nous, ces personnalités que nous apercevons dans la gravité de leurs habits sont parfois des personnages de vaudeville. Si une élection à l'Académie dépend d'une scène digne d'une parade de foire, bien 'des choses S'expliquent. Léonie Rouzade. Léonie Rouzade, qui fut une sincère, était plus simple, mais combien plus ! humaine. Ce n'est que par une notice de la Chronique de la Société des Gens de Lettres» que nous avons appris sa mort; aucun journal n'ayant cru devoir lui réserver dix lignes de nécrologie. Le premier croquant venu, en s'adres-sant à une agence spéciale, qui a affermé la publicité mortuaire de grands journaux du matin et du soir, peut faire annoncer la perte de ses parents, fussent-ils les pires coquins ou-les plus insignifiants individus.' En payant le tarif, n'importe qui sera mentionné dans les deuils parisiens—--pour ceux-là on a toujours de la place. Mais une femme de lettres, qui fut une convaincue, une croyante danj> la foi laïque ut dans i'é-* mancipation intellectuelle ci u^nt toute la vie fut une existence de proV.'" et de dignité, de celle-là, on ne s'occupe pas. Quelles mœurs ! \ C'était une fille de la petiteA bourgeoisie. Son père, un horloger, l\ii laissa une aisance suffisante pour . es\goûts simples; ce n'était pas la fortune, mais le nécessaire. En 1871, elle publié, coup sur coup, quatre volumes originaux, parmi lesquels "Le monde renverse et "L'île d'Utopie," dans lesquels elle développait les principes du féminisme, que nous avons fait triompher en partie depuis, mais qui alors provoquaient la surprise et parfois les quolibets. "Le sifceès ne rcpeXn-f'.it pas à rr.es es* pérances, me disait-elle un jour, et comme je n'étais pas riche, je cessai d écrire • et je me suis^mise à soutenir mes idees par la parole ; voilà comment je suis devenue conférencière." Elle parlait sans emphase; c'étaient des causeries, des raisonnements familiers. Contrairement à bien d'autres mijorées, elle avait tenu a demeurer ce qu'elle était : bonne et sans façons. Une déclaration de Léonie Rouzade la dépeint tout entière. C'était à 3'époque—déjà lointaine—1 où je dirigeais des enquêtes littéraires, alors à la mode e.t qui étaient surtout intéressantes au point de vue pittoresque. J'avais adressé à quelques douzaines de personnalités en vue, cette question : "Quelles ont été la grande joie et la grande douleur'de votre vie? ' Léonie Rouzade, avant de rappeler sa grande joie et sa grande douleur, débutait ainsi : "La grande joie et la grande douleur de ma vie? "En vérité, j'ai passé une existence simplement heureuse : bonne harmonie intellectulle aux côtés de mon excellent époux ; bon travail utile alternant chaque jour avec bon repos ; suffisant bien-être avec assez de raison pour apprécier le bienfait du pain assuré alors que. la misère est si souvent installée chez les autres ; bref, j'ai vécu une existence heureuse à la façon des oiseaux qui ne demandent que la pâture, Je soleil et la liberté, j'avais tout cela, grâce à mon bon compagnon qui gagnait la v ie pour deux. " Toute la femme de bien qui vient de mourir est là. Dans le discours ému qu'il a prononcé sur sa tombe au nom de la Société des Gens de Lettres, M. Jean Jullien, le délégué, a rappelé la dernière lettre que Léonie Rousade écrivait au président, le 27 octobre 1914: "Par ce temps de tourmente, je m'étais abstenue de me présenter à la caisse de la société, lors de l'échéance de mes pensions, au terme d'octobre. Mais, puisque les pensions ont été payées quand même, je vous prie, Monsieur le président, et je prie le comité d'accepter, pour en faire retour à la caisse de secours, la somme que je n'ai pas touchée et que je suis heureuse d'offrir en témoignage de solidarité à mes confrères." Depuis la guerre, Léonie Rouzade; qui n'était pas riche, abandonnait les mille francs de sa pension à ses confrères éprouvés. Quand je pense que des écrivains fortunés touchent intégralement ces modestes allocations, j'admire davantage celle-ci qui est allée mourir sur un lit d'hôpital. Il nous souvient avoir vu Victorien Surdon Venir, un des premiers, cite'' Rougemont, toucher les trimestres de sa pension, lui, qui était millionnaire, et recevait plus de cent mille francs du droits d'auteur uar un. Ou «a

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