L'opinion wallonne: journal belge, indépendant

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s.n. 1918, 08 August. L'opinion wallonne: journal belge, indépendant. Seen on 28 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/ng4gm8335t/
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Le XX' Siècle ouvrira l'ère des Fédérations ou l'humanité recommencera un purgatoire de mille ans (PROUDHON 1860) T .<> Numéro : ÎO Centimes N°s 73 à 75. — 3° Année. — JEUDI 8 AOUT 1918 L'OPINION WALLONNE Pour ta Wallonie libre dans la Belgique Indépendante ! TOUS LES JEUDIS ABONNEMENTS : FRANCE 6 mois 5 fr. — 1 an 8 fr. ETRANGER — 7 fr. — 1 an 10 fr. Abonnement de propagande — . 0 fr. Abonnem. Sous-officiers et soldats... — 4 fr. HCONOMIQUJE — POLITIQUE — LITTERAIRE \ Raymond COLLEYE, Directeur BUREAUX : 9, rue de Valois PARIS (1er) Téléphone : Ccutral 46>«'5 A Sie-AHRESSE Après la réunion amicale i j faatre ans après.— Déduction d'un t srdre du jour sur la question des ! Kangues. — La question obsé= J dante. — Dans deux mois! i i i .Après quatre ans de guerre, les grou- ] pc-s parlementaires de France, d'Angleterre et de Hollande, las de voter des ordres r du jour séparément ont fini par prendre ' .Mmtact afiin de voter des ordres du fpsr tous ensemble. . Cette fameuse réunion ^ ioai on faisait semblant d'attendre quel- ^ chose, a été deux fois anoncée et puis L re?u.ise. Tant d'objections étaient "»oiile- :TiMS* t Les parlementaires du dehors ne c marqueraient-ils pas, dans leurs décisions, c •âes divergences de vues avec les parle- l aiEntaires de l'intérieur ? Les ministres ne Souffrirai ent-ils pas de l'indiscrétion de [ certains conflits? Les discussions, rappe- . Jani inévitablement les jours féroces de la rue de la Loi, ne seraient-eSiles pas habile- 1 'merd exploitées par l'ennemi ? Vraiment, nos honorables sont devenus jftme timidité déconcertante. On peut s'é- . vertuer à leur momtrer les parlements belligérants fonctionnant en pleine lumiè- ( •te., sans craindre que l'ennemi exploite c des délibérations — qui ne révèlent, en , somme, que la vitalité cérébraile de la na- J — pourtant, nos parlementaires ■croient encore que leurs palabres pour- ^ Ts:"ent faire apparaître à l'adversaire quel- que aspect fâcheux de nos divisions. Ils 1 5>îïf)Ment que les Allemands occupant notre pays depuis 1914, leur en apprendraient, pTntôt. Quant aux parlementaires de l'intérieur, t 2s sont à l'intérieur et c'est tant pire. Ils p seraient plus utiles à l'extérieur. S'ils me A zfmi. pas ici, contrôlant le gouvernement c ■■zL se préoccupant de donner au pays une ^ •orientation conforme à ses intérêts, ça f s'est évidemment pas de leur faute. Le P g:*ccvernement avait à les appeler à lui P zvcmt la chute d'Anvers. La besogne administrative qu'ils accomplissent en ce mo- «frenî en Belgique occupée, les conseillers ^ provinciaux, les conseillers communaux. ^ fc-s députés et sénateurs suppléants la s Pourraient, aisément et brillament rem- (] q Ici, autour du Roi, était leur rôle d'élus ci ifo: peuple, de protecteurs de l'armée. a Minoritaires, nos parlementaires en exil CQ arasent pas sortir de leur faiblesse numé- c •rique pour affirmer leurs droits. Ils ont f- torZ. ' ■ . . v II 1 r S'ils se sont réunis, nos honorables, \ c"est parce que un courant d'opinion les a passés, qui a eu, finalement, raison de lenrs hésitations. La campagne des journaux libres, pour que soit institué le'contrôle parlementaire, recueillie donc un succès partiel. Nos députés ont compris que, tout de g 'même,. après quatre année de guerre, ils . enraient dû faire autre chose que des dis- , 2oars. Ces conclusions abstraites d'un ^ -mandat parlementaire, paraîtront minces j aux électeurs. Nous voulons que se tradui- j se par des réalités, l'intervention de ceux îrne nous chargeâmes de porter notre voix J à la Chambre. — Une réunion officielle serait incons- j fôutionelle, répliquera-t-on... 1 » î Bref, nos parlementaires ont cru le mo- j sent venu de faire ce qui leur permettra , 3c dire à leurs ouailles: « Nouo avons rem- j jtli notre devoir ». Si t'aint est que nous ne paissions réclamer de ces braves gens accablés par quatre ans d'exil, autre chose ^ire de s'être « amicalement » assemblés, Us sauront affimer en effet qu'ils approuvèrent en commun, à Ste-Adresse, une àouzaine d'adresses. Car l'officieuse réunion fut officiellè-ment amicale. Le gouvernement n'autorisa la partie qu'à condition qu'on ne s'y engueule pas. Les ministres — assistant aux débats comme députés et non comme Excellences — purent ainsi profiter d'une t*?casion rare de raconter leur gestion, sans craindre les interpellations. L'une {Telles était à craindre, qui eût fait_ remarquer que le bilan de l'activité ministérielle tiendrait dans une année. Contraints d'être silencieux, nos parlementaires ont été sages comme des images. Ils se sont contentés d'émettre des tceux platoniques, d'écouter des rapports :TIgnes d'un meilleur sort, de nommer des «munissions. Il y a beaucoup de commis-Ttans dans la vie politique belge en ce moment. I'I y en a qui furent nommées par le gouvernement, d'autres par les parlemen-faires en exil, d'autres par les! parlemen-ïaîres en Belgique. Nous rirons bien, quand, en présence des gens quî s'attendent à des résultats concrets, les rappor-îpitts de toutes ces commissions liront ïrrers les rapports de toutes les commissions..Mais la réunion dè Ste -Adresse nous préoccupe essentiellement au point de vue notre mouvement. Une commission de îî membres fut chargée de rédiger un texte condamnant l'activisme. Un premier texte rencontra l'opposition de deux membres, En séance pleinière, seules les conclusions des cogitations parlementaires ayant réuni l'unanimité, furent présentées. Voici cé qu'ils dirent, tous ensem-Ué : -■?vo.nt â? ce «épater, l'.A-^emblée airicnle ulé- nière des parlementaires belges a voté la protestation suivan/te : « L'Assemblée plénière, s'inspirant de la volonté unanime des Belges : « 1° De maintenir intangible l'unité natio- | nale ; -î « 2r De résoudre dans un esprit d'union, * d'équité et de justice absolue, toutes les questions linguistiques dans la pleine indépendan- J ce de la nation souveraine et sans aucune ingérence ou influence étrangère; « Condamne les actes des mauvais citoyens qui prêtent leur criminel concours aux manœuvres de division vainement tentées par l'envahisseur ; » Envoie l'expression de ses vives sympa-II thies et de son admiration aux patriotes qui, - en présence de l'ennemi et sans rien abdiquer ~ de leurs desiderata en matière linguistique, z' ont publiquement répudié les mesures prises P par les Allemands en matière de séparation Si administrative de la Belgique ; a « S'associe aux fières déclarations faites par n tous les membres du Parlement demeurés au d pays. » ■' • c" L_ Qu'il y a-t-il là-dessous qui condamne d notre texte et notre mouvement ? Rien f, n'est défavorable, dans cette rédaction ti assez inodore, à ceux qui prétendent d avoir le droit et le devoir de proposer dès 1T maintenant les solutions des problèmes ^ ethniques et linguistiques, en attendant n que ces solutions soient appliquées dans p] la pleine indépendance de la nation sou- Cl veraine. yoilà ce que nous pensons, d'ac- fj cord a7ec îe chef du Gouvernement, dé- q clarant, le 21 juillet « qu'il n'appartient à v '' personne d'empiéter sur les droits des r, Belges restés au pays occupé. Le gouver- q nement, a-t-iUajouté, se bornera à préparer f\ les documents et matériaux nécessaires au ^ Parlement qui aura à décider, dans la plé- cj nitude de sa souveraineté, des solutions à n adopter ». cj Nous ne faisons pas autre chose. C( Au contraire, si nous relisons l'ordre du *jour de Ste-Adresse,nous sentons vivement que les sympathies des parlementaires vont " aux citoyens qui n'ont pas abdiqué de leur e desiderata en matière linguistique et qui « (comme nous ne cessons de le faire depuis « trois ans) répudient publiquement les me- s sures prises par les Allemands en matière 0 de séparation administrative de la Belgi- k, s ir e III p; m Si nous tenons à tirer ces déductions na- si -, turel'les du texte de nos représentants, c'est m s parce que, profitant de la réunion de Ste- d< e Adresse, la Nation belge essaye de faire m t croire que les parlementais ont condamné d< e les égarés qui s'obstinent à parler du peu- cl a pie flamand et du peuple wallon pour faire et e penser qu'il ij a pour ainsi dire deux peu- cc i pies en Belgique. la Nous sommes donc de ces égarés, qi rc s qui affirmons la perénnité de la Flandre et de la Wallonie, et qui proclamons néces- ' a saire l'individualisme fécond et intangible , des glorieuses races qui forment la Belgi- que et puisent dans leurs profondes * s différences comme dams leur foi et leur ' activité régionaliste, le secret de leur ^ 1 génie. En séance de section, plus près encore f } de notre thèse, les parlementaires, par 9 , s voix contre 2, avaient estimé que la solu- . tion de la question linguistique devait être résolue par la liberté individuelle. C'est „ l'esprit même de la Constitution. a e n ! . d IV ? II Bref, la question des langues ne fut point sj e spécialement soulevée à la réunion de Ste- g Adresserais c'est elle qui agita la plupart « ' des/discussions particulières. Le grand pro- « blême était dans l'air. Les parlementaires « s l'eussent-ils oublié, que MM. Van Cauwe- « l~ laert et Van de Perre suffisaient à les rap- <( * peler au sentiment des réalités. Le 21 juil- p 1 et, ils organisèrent un grand meeting fia- ^ m and à Ste-Adresse. Le 28 juillet, ils en ' réunissaient un second. Au cours d'une n des séances Franz Van Cauwelaert affirma e ses principes en parlant flamand. Et au j- banquet de clôture, c'est M. Théodor qui -j s'exprima en moedestaal incitant le chef du ^ gouvernement « dans un esprit de concilia- ^ tion » à lui répondre dans le même langa- c 'a ge. Voilà le flamand bien installé dans les ^ 1_ réunions officielles. Le bilinguisme a fait ^ ,e un bond à Ste-Adresse et chaque avance du f c" bilinguisme est, par réflexe, une victoire ^ îe pour notre thèse unilinguiste. s' Nous ne désespérons donc pas de voir à ^ 'a prochaine réunion des parlementaires, ^ ie qui aura lieu dans deux mois (alors que f nous les espérions hebdomadaires, sinon e" quotidiennes) nos parlementaires présenter J 53 résolument au Gouvernement les proposi- ( n~ tions de concorde qui émanent des Wallons ( IX et doivent mettre fin aux conflits des { langues en instaurant le régime des libertés { ie " que nous espérons. ^ , n' Raymond COLLEYE. t r- =========== 1 t: La Ligue de Défense Wallonne^ tiendra so» Assemblée Générale cons- -titutiW le Dimanche 18 Août à 3 heures à l'Opinion Wallonne, 9, rue de Valois i Tous les Wallons sont invités à faire partie de la Ligve et à assister à cette ( sêamce. t Des cartes sont envoyées sur demande , adressée à M. HULET président, 21, * rue Le Peletier. Wallons ! Si vous êtes soucieux de défendre vos droits et les libertés wallonnes, FAITES PARTIE DE^LA F LIGUE DE DÉFENSE WALLONNE Cotisation (facultative)..'5"! fr. minimum Droit d'inscription 1 fr. — Envoyer votre adhésion à M. Joseph HULET, président, 21, Rue Le Peletier, Paris 3 AOUT t9t4 LES VILLAGES ASSASSINES Debemur morti nos nostraque Horace. A peine la rumeur qui annonce la guerre probable émeut-elle le cœur ardent d'un peuple étonné, à peine la promesse des sacrifices promis à la gloire de la Patrie a-t-elle été hurlée dans l'orgueilleux tumulte des cités et le naissant grondement des villages clairs et heureux où les cloches martèlent sur leur bronze le tocsin d'un pathétique appel aux armes de la Défense, que parjure à l'Honneur et âpre à la tuerie l'Allemagne fait déferler au seuil des terres belges la vague formidable et menaçante de ses cohortes. Av&nt-coureurs des troupes impériales, trois corps d'armées foulent le sol étranger à Gemmenich, Henri-Chapelle, Membach, Hockay, Fran-corchamps. Accourus vers l'horizon de la frontière les troupes belges font crépiter dans la lumière des chaudes journées les* vives fusillades. La hurlante marée grise rugit devanjt la conquête promise et tandis que tombent les premiers morts, que Liège fait chanter ses canons fougueux qui scandent le « Non ! » de tout un peuple et le défi d'une armée, les villages de la Wallonie s'ensanglantent soudain et trouent le ciel pesant de la vrille rouge de létirs incendies.* * * « La Belgique wallonne tout entière sai-« gna dans chacun de ses villages et dans « chacune de ses, villes... » (1) « Que rien ne vous arrête ! » hurlent les officiers aux soudards avides de l'orgie belliqueuse et dont les désirs se tendent impérieusement vers la souffrance de la proie offerte. L'obscure cruauté qui sommeille en eux s'éveille, tyrannique et préside à l'atrocité de leurs' gestes. Les armées qui oscillent et se désagrègent autour de Liège victorieuse se vengent d'une première et profonde déception. Le pillage, la destruction, le carnage sont disciplinés. Le chef ordonne au soldat qui obéit avec joie et promptitude. La similitude des actes se constate en quelque lieu que ce soit, depuis la ressemblance des prétextes inventés jusqu'à la mélhodique'barbarie des illégitimes représailles. Qu'il s'agisse des premiers hameaux de la frontière, de ceux du pays de Namur et de Dinant, ou plus tard de la douloureuse tristesse des Flandres martyrisées et saignées, nous ne pouvons évoquer que l'Allemand ivre et menteur ricanant devant d'effroyables charniers et titubant ignoblement sur une terre gluante et chaude. Le premier choc que l'ennemi doit affronter aux rives délicates de la Meuse en des combats que soutient le fort de Pon-tisse fait s'exaspérer son courroux dans l'aimable Visé. Il incendie l'église dont les flammes montent, droites, pour mieux illuminer l'ijorreur des fusillades. Puisqu[i!s ne peuvent vaincre les alertes fantassins dont la digue leur est funeste, les Allemands tuent les civils et triomphent de l'épouvante des femmes. Des survivants s'en iront vers l'Allemagne susciter l'enthousiasme d'un peuple irrité et attester la grandeur d'une première conquête. « De « nombreux civils furent pris comme ota-« <ges, d'autres au nombr.î de 144 furent « forcés d'aller travailler en bande aux « tranchées que les Allemands creusaient « le long de la Meuse » (2) Il y eut 600 déportés, troupeau misérable que l'on traîna brutalement vers le supplice des exils. Et fa navrante tragédie villageoise se multiplie. Le reître à la flamme joyeuse et se révèle généreux d'un sang innocent. Dans la nuit du 4, la journée du 5' août 1914, l'assaut des forts coûte de grandes pertes. Il faut faire l'équilibre. Des bataillons arrivés à l'aube encombrent Francor-champs.- Réquisitions et pillages. Le samedi 8, rassasiés, gorgés, ils tirent vers les fenêtres des paisibles et craintives demeures. Treize cadavres se crispent au pied des murailles. Des habitants s'enfuyent; on pille encore. La chaleur d'août accable. Une vieille femme de 65 ans s'avance vers un groupe, tendant la cruche de bière rafraîchissante. Une balle de fusil l'étend pantelante et souillée de sang. On rit... Les cloches du dimanche ne sonnèrent pas dans le silence du village épouvanté. Quelques jours passent... Le 14 août on met le feu; 25 maisons s'écroulent dans la crépitante fournaise. On fusille, on insulte, on . viole, on chante et l'on s'enivre. Les nommés Dertet, Laude, sont assassinés, d'autres encore, femmes, enfants... (!) E. Verhaeren. La Belgique sanglante. (2) F. Olyff. La Belgique sous le joug. Per-rin, éd., p. 59. e Un homme, à Hockoy, s'offre en holo- di causte à la fureur étrangère pour sauve- A garder ses concitoyens. C'est le curé. On O e accepte, on l'entraîne et c'est à Tiège qu'il d; j agonise, percé de balles. cl s Des troupes avancent devant les forts d' e d'Embourg et de Boncelles qui crachent pi vers leur menace le % tonnant accueil des al ; aciers. Elles parviennent à Chanxhe le 4 es _ août. Les Allemands mitraillés s'inquiètent pl j et s'irritent violemment. Ils accusent et d< _ mentent avec énergie pour pouvoir s'ac- j corder la joie des vengeances. Au loin « 1 Poulseur brûle sinistrement. Le canon des « t forts persévère. Le jeudi suivant, le village re 5 est mis à sac. Des civils garrottés sont vi . traînés sur le pont dont les cinq arches en- « jambent l'eau rapide de l'Ourthe. Ils sont « fusillés avec méthode et complaisance. Les « j cris d'agonie s'éteignent dans la froide r étreinte des courants. Des hommes se dé- a£ s*-' séspèrent, captifs dans l'église. La désola- F' 1 tion pèse sur le misérable village où traîne îi< ; la récente fumée des poudres, où baillent bc ; les portes éventrées des maisons. Le soleil P( . y sèche le sang des morts pendant que, in- P<' > terminablement, les glorieuses troupes tr ! prussiennes défilent, et savourent l'orgueil la , d'un facile et évident triomphe. le Le 5 et le 6, Poulseur compte déjà 8 ha- bc bltants massacrés. Ses maisons doivent Se brûler bientôt. Lincée connaît aussi l'im- ™ pitoyable cruauté. Deux innocents villa- geois, Naudrin et son fils sont tués. Le Pc prêtre est insulté et frappé, une jeune fille sa blessée, une fillette de 12 ans est abattue, ™ en expiation de quel crime, hélas ? Et quel "c meurtre avait pu commettre aussi le vieillard paralysé que l'on retrouva odieuse- ment égorgé ? Les habitants que 'es pil- P' lards chassent à coups de crosse abandon- nent 33 de leurs tués, et le hameau à v.e l'étreinte ardente de la flamme incen- £*' diaire. ' . A Louveigné, un ulhan paraît le 4, haus- c" sant du poing tendu un drapeau blanc. Il nl n'y a pas de troupes belges dans l'endroit. î10 L'envahisseur s'avance, s'empare d'otages .e et répète la classique accusation : — On e a tiré ! « On emmène des hommes, pour sa « les fusiller, malgré les pleurs et les pro- m « tes'ations des femmes, les cris des en- « fants. On les entasse dans une petite P1 « forge située dans l'angle N.-O. de l'in- :a « tersection des routes. Vers 6 heures on e « leur dit : « Partez maintenant, mais à la (c course sinon... » « Les malheureux cou- (j « rent et l'on s'amuse à les abattre à coups (. t « de fusils. Quelques-uns échappèrent à la ^ I « mort en se blotissant au fond d'un fossé 1 « ou d'un égout... » (1) Les chemins sont r.c couverts de cadavres. II y a là 29 martyres. s" - Incendiées, les maisons s'effondrent. Il i faut rire I C'est la guerre... ^ L'opiniâtre résistance du fort de Fléron ^ > double l'ardeur au massacre des armées j 5 impériales allemandes. Aussi, Battice est-il |e " complètement livré aux flammes. « Ra- . s zieren... » ricanent les officiers roides eit . s inaccessibles à un sentiment de pitié ou = " d'honneur. Ils mettent tout en oeuvre, usant - d'un matériel prévu et généreusement em-1 ployé. Fusées, pastilles incendiaires, ben-" zine, pétrole. Il ne reste que des pierres 1 calcinées et des décombres solitaires ou Cj e chantent les brises indolentes de la douce d' " saisgn. Il fallait des morts. Un témoin oc- di 1 culture nous con'te ce qui se passa : Les ei s habitants s'étant enfuis, un officier deman- c t da-au curé, G. Voisin : « Pourquoi ont-ils d; «c peur ? Allez leur dire de revenir, vous g] a « leur rendrez service. Dites-leur qu'ils r< n'o.it rien à craindre. Le brave homme el e se laissa convaincre par cette promesse : le e « Je partis plein de confiance dans ses t- « paroles. Mais, je n'avais pas atteint le ha- n it « meau que le pillage de Baltice commen- p s « çait. Plus de 20 personnes furent tuées J£ l- « ou brûlées vivantes, tout le village mis à d « feu, à part le quartier de la gare dont g. ■■ « les troupes avaient besoin. » (2) p :s Evidemment. Cela se fit à Termonde p i- aussi où l'on épargna une rangée de mai- h d sons qui hospitalisaient l'ignoble et fas- e n tueuse sâoulerie des officiers casqués. v e- Et cependant, en ces villages infortunés, r 's l'accueil des populations était correct et n loyal. Les gens regardaient en silence l'en- u d nemi, les soldats lassés buvaient les ra- o ;s fraîchissements que tendait le geste pitoya- ip !S ble des femmes. Les blessés étaient soi- d i" gnés avec humanité. Il en fut ainsi à Herve r '.e ce qui n'empêcha que, devant partir pour r i" la bataille, au milieu de la nuit, les hom- c n mes firent siffler des balles vers les mai- c sons où ils avaient logés. Le 6 août, le a i- (1) G. Somville. Fers Liège. Le Chemin du Crime. Perrin, éd., p. 49. (2) Déposition de M. G. Voisin, curé de -<r- Battice. H. Davignon. La Belgique et l'Allemagne. Pavot, éd., p. 59. - drame commence. Vaincus par Fléron, les - Allemands reviennent. Le 8, c'est la tuerie, i On traque les malheureux « civilistes '» 1 dans les caves, les abattant comme des chiens. Serments, attestations, preuves ; d'innocence ne servent à rien. On tue. Le t pillage dure encore le 17. Les survivants j affolés s'affament en ce sépulcre qui leur [ est une prison. Les Teutons rient triom-t phalement, traînent des pianos sur le pavé t des ruesa boivent et dansent... Meleri-la-Bouxhe compta 81 victimes, i « Dans une seule tranchée on enfouit pèle-i « mêle 57 cadavres d'homme » (1). La fu-: reur atteignit son paroxysme én ce sinistre village où, « dans les conditions les plus ■ « injustes, furent assommés, égorgés ou : « fusillés tous les hommes, massacrées des i « familles entières » (2). ! Parfois, . les Allemands se raffinent èt agrémentent le crime. L'instituteur de Forêt est placé devant le peloton d'exécu-: iion. On veut lui faire outrager le drapeau belge avant que de mourir. Ce geste — qui I pouvait sans doute être allemand — ne fut . pas accompli. L'instituteur tomba, la poi-: trine percée et la bouche crispée encore de la colère du dernier refus... Des obus éclatent à Saint-Hadelin. Par représaille des bourgeois sont tués. A Ronsée également : Sous les projectiles de Fléron, les Allemands ripostent... et « tuent au hasard », 29 morts. Les survivants sont entraînés, , poussés sauvagement devant le front d'as-. saut, offerts aux canons belges. Le génie militaire d'Outre-Rhin a découvert un bouclier ! Et sans cesse, tandis que les batailles hurlent parmi les terres ébranlées de la province attaquée, brûlent les hameaux parsemés dans la souriante campagne : Vi-vegniés, Hermée, Hallembaye; leurs brasiers illuminent l'horreur de l'inconcevable attentat et semblent prolonger dans le ciel la traînée de sang qui éclabousse leurs ruelles, 18 personnes meurent sous les coups à Haccourt-Hallembaye, 27 à Heure-le-Romain, les échos "de Rétinne . répètent le râle atroce des moribonds, Soumagne saigne horriblement. On y identifie 160 martyrs. Warsage, au début — le 5 août — apprend le spectacle des supplices. Les habitants rassemblés sur la place contemplent le pillage de leurs foyers et frémissent aux cris d'un malheureux qui, attaché à la roue d'une voiture, est frappé cruellement. Pendant que les compagnies défilent et ca-dencent le pas, on pend Marcel. Keerf, Nestor Gaelen, Léon Soxhelet et d'autres en,-core... L'invasion est clémente durant plusieurs jours à Wandre. Le 15, cependant, on parque les hommes. Les femmes supplient, repoussées durement. La fusillade... Des fumées blanches stagnent au-dessus du sol, se dispersent; des plaintes... le si-I lence... 32 morts. La flamme danse contre le mur de maisons qui se consument. 38 i s'écroulent. Satisfaits les 53% 24°, et 35° régiments d'infanterie se félicitent et partent ' vers d'autres gloires à conquérir... * ■ * * s L'ênumération de ces violations, de ces i crimes prémédités, organisés et pimentés - d'une effroyable férocité, de ces violences destructrices est interminable et dépasse i en horreur tout ce que l'on peut imaginer. - Ce n'est pas un réquisitoire, c'est une con-5 damnation qui frappe et souille l'Allema-s gne en plein front, marque infamante et s rouge qui la voue à l'immortelle opprobe ; et lui vaut une haine profonde et juste que : le temps ne doit pas effacer. s Dépassant la Wallonie saccagée, piéti- - née, incendiée et gorgé de sang, ses trou- - pes renouvellèrent partout l'attentat pour s la grande" douleur de la Flandre poignar-à dée aussi. Le sang et les cendres des villa-t. ges wallons, dès les premiers jours en appelèrent à notre vengeance. Le cri des sup- e pliciés s'élève encore pour nous, à cette - heure, plus puissant et terrible que jamais, - et nos yeux se souviennent cruellement des visions sanglantes et incendiaires. Peuple i, résistant au joug, soldats massés sur TYser, ■t nous ne combattons plus seulement pour i- un idéal de Justice et d'Honneur. Notre i- offrande persévérante et totale s'est faite i- plus généreuse encore puisqu'il nous fallut, i- dans l'horreur des lourdes journées et des e nuits sinistres d'août 1914, par la voix de ir nos cités, de nos villages, de nos frères et i- de nos femmes, entendre crier vers nous, i- outragée, déchirée et sanglante, notre Mère .e assassinée I Théo FLEISCHMAN. 'M Au Front le e- (1) F. Olyff, op. cit. p. 115. ' (2) G. Somvi'Jle. op. cit. p. 85. La Vie des Nationalités L'ECOSSE ET LA LANGUE GAELIQUE Le comité parlementaire de 1' « Education Bill » pour l'Ecosse a décidé de rendre obligatoire l'enseignement de la langue gaélique dans les districtj, où cette langue est généra!ement parlée. CITATIONS / P. POULLET Ministre des Sciences et des Arts, (Le Livre du Soldat belge). AVIS A NOS LECTEURS Depuis son numéro du 18 juillet, L'Opi-- nion Wallonne n'a point paru. Ce numé-e ro remplace les retardataires. La firme pa-e risienne qui imprimait notre journal est la cause d'une interruption que tous nos lecteurs comprendront et excuseront en raison du temps de guerre. L'imprimerie ayant brusquement fermé ses portes le mercredi 24 juillet, laissant notre numéro du 25 aux trois quarts composé, sur le marbre, nous nous sommes trouvés dans l'obligation de chercher d*autres presses, ce qui, pour un journal a. en terre d'asile » n'est guère commode, ni rapide. Pour le préjudice causé nous avons fait établir les responsabilités. Cette fois> nous espérons être à l'abri de nouvelles mésaventures et nous engageons vivement nos amis à continuer, avec plus d'énergie encore et de dévouement, leur propagande pour le recrutement d'abonnés et de partisans nouveaux. Et l'Entente Franco-Belge? Les militants de l'alliance franco-belge continuent à travailler sérieusement. Une « Union anglo-belge » a été constituée avec l'approbation cordiale des gouvernements des deux pays. Elle est fondée sous le patronage des rois George et Albert et ayant parmi ses vice-présidents honoraires, MM. Lloyd George, Asquith, Balfour, Bonar Law, le ministre de Belgique à Lon-[ dres et les membres du gouvernement bel-i D'autre part une « Ligue Belgo-Britanni-: que » fondée également à Londres se signale par le lancement d'ordres du jour , politiques variés et prenait le même programme d'alliance. Dans notre dernier numéro, nous si-• gnalons les manifestations officielles d'en-■ tente belgo-suisse. Entende anglo-belge. Entente belgo-; suisse. Très bien. Mais que devient le pro-[ jet d'entente franco-belge ? Quand fonde-; ra-t-on une Union officielle pour consacrer ? cette alliance d'intérêt vital pour les deux pays ? EN nElM&IQXJE L'Activisme Flamingant Les activistes veulent former une armée. — Leur désaccord s'accentue sur la question de l'aufono» mie flamande. — Au Conseil des Flandres. LA RYKSWACHT FLAMANDE Le gouvernement activiste flamand (conseil des Flandres) a l'intention de créer, d a.ccord avec les Allemands, une garde nationale dite Rykswacht. Les journaux affirment que le rôle de cette armée serait uniquement celui d'une force de police MSlsi on croit que le but véritable est de constituer ctes légions flamandes combattant pour l'affranchissement de la Flandre. C'est l'aboutissement logique de la politique activiste. LES RECRUTEURS Le « ministre de la guerre » Auguste Borms, a envoyé partout, à Munster, à Gotongen, et, ailleurs, des agents recruteurs chargés d'offrir à nos compatriotes de s enrôler dans les rangs de la « Reich-wacht » ; on leur promet — de les remettre en liberté et de leur payer le voyage de retour en Belgique ; les simples soldats seront nommés sous-officiers, et les sous-officiers seront ptomus lieutenants et capi-tames. * ■ C'est sous les auspices d'une organisa-tion d origine purement allemande, la « Deutsch-Flàmische gesellschaft », et de son initiateur,le lieutenant Môckel, que les piecheurs du flamingo-bochisme mènent leur ardente campagne d'enrôlement. un certain professeur Jolies, qui est depuis longtemps fro-boche, les'Allemands 1 lui ayant confié une chaire à l'Université de Munster,'les nommés Jef van den Eyn-de et Faingnaert, envoyés tout spécialement de Belgique » un certain docteur Jan Bernolet, tels sont les noms des principaux embaucheurs dont le rôle est de trouver des gradés pour la nouvelle armée. LES DEUX TENDANCES ACTIVISTES L'union la plus parfaite ne règne pas précisément dans le parti activiste. Tandis qu un petit clan, qui expose ses idées dans la « Gazet van Brussel », préconise l'union avec la Wallonie, l'immense majorité, dont lorgane officiel est la « Vlaamsche Nieuws », suit aveuglément Tack, Borcns et consorts et s'agenouille devant l'Allemagne.L'OPINION. DE LEO PICARD La revue germanophile « De Toekomst », publiée en Hollande, avait imprimé une interview du « ministre aktiviste» A Brijs ou ce dernier avait communiqué ses idées au sujet de l'Eîât flamand indépendant dont revent les quelques « Jeunes-Flamands » qui se sont imposés au sein du « Conseil de Flandre». Dans son numéro du 6 juillet 1918, « De 1 oekomst » insère une lettre de L. P'card concernant cette interview. Picard a évolué.U écrit : « Le danger de la politique jeune-flamande réside, d'après moi, en ce que l'Etat flamand, idéal de cette politique^ n'est pas viable comme Etat réellement autonome et que, dans les circonstances présentes, il ne peut s'agir que d'une « fiction politique », dont la signification réelle serait 1' « annexion par l'Allemagne ». L. Picard finit sa lettre en disant : « Toute discussion ouverte avec les Jeunes Flamands est condamnée à la stérilité, aussi longtemps que ces Messieurs ne veulent faire connaître leur programme proprement dit, aussi longtemps qu'ils parleront devant le public d'autonomie, d'indépendance, etc., alors que leur idéal le plus élevé est de jouer pions du peuple flamand « comme fonctionnaires allemands et avec l'appui des soldats allemands iv. AU CONSEIL DES FLANDRES On a remarqué qu'au bas de la récente déclaration par laquelle le « Raad van Vlaanderen» exprime sa confiance dans la victoire allemande, manquent les noms de deux_ des personnages que le compromis flamingant avait,le 22 janvier dernier,affu, .blés du titre de ministre. Nous voulons parler de Flor Heuvel-mans, « chargé de pouvoir de la justice », et de l'ingénieur Biniez, qui s'était fait attribuer la haute direct-ion des postes, des télégraphes et... de la marine ! Dans le manifeste, « Raad van Vlaa.de-ren» 22 juin, nous voyons que Heyndrickx. qui était déjà ministre de l'intérieur, oC cupe en outre maintenant l'intérim de la justice, et que les postes et télégraphes sont dévolus au dénommé Vernieuwe, qui avait déjà dans ses attributions l'agriculture et les travaux publics. La marine seule reste donc sans titulaire.ILS VEULENT LA FLANDRE FRANÇAISE La « Ligue Flamande d'Anvers », association activiste, réunie le 7 avril dernier, a voté une résolution dans laquelle on lit notamment : 1° Considérant qu'en 1662 et 1678, par les traités, la France enleva aux Pays-Bas le morceau de Flandre situé entre l'Aa, la Lys et la frontière sud-occidentale actuelle de la Flandre belge ; 2° Que malgré les mesures de coercition les plus impitoyables contre sa langue maternelle, la population est restée là, dans l'immense majorité, flamande de langue et d'esprit ; 3° Qu'en vertu du droit des peuples, le coin de terre appartient donc à la Flandre devenue indépendante depuis l'application de la séparation administrative en Belgique, etc. En conséquence, les activistes qui ont rédigé ces considérants demandent que le Conseil des Flandres réclame à la conférence de la paix la « restitution de la Flan, dre française ». Et avec ça ?

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This item is a publication of the title L'opinion wallonne: journal belge, indépendant belonging to the category Oorlogspers, published in Paris from 1916 to 1919.

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