[NUMERO 10 CENTIMES. 39e ANNEE 30 AVRIL. —• N. 31 MEPHISTO JOURNAL HEBDOMADAIRE PARAISSANT TOUTE T.'AT'NEE ■ ■ FK1A L) ADUJNlJNt.Mt.lN 1 Un AN (Belgique) .... Fr. 6.00 (Étranger .... 10.00 L'abonnement se poursuit jusqu'à refus formel. r es abonnements prennent cours le 1" octobre de chaque année RÉDACTEUR EN CHEF: Georges Warfaaz, 51, RUE OSY. Téléphone 17 21 Anvers Bruxelles : 68, rue Maes. Les annonces sont reçues au bureau du Journal Il sera rendu compte de tous ouvrages dont DEUX exemplaires seront envoyés à la rédaction Les manuscrits ne sont pas rendus. Les articles signés n'engagent que leurs auteurs. Le Bilan théâtral Le Théâtre des Variétés M. PAUL JORGE. SOUVENIRS. — LES ANCIENNES VARIETES. — LE THEATRE FRANCO-BELGE A L'EL-BARDO. — LES TROUPES DE PASSAGE ET LES TOURNEES. — LES REPRESENTATIONS DE COMEDIE AU ROYAL. —- HEUREUX PATRONAGE. --UNE BELLE SAISON. — CHRONIQUE DOCUMENTAIRE. — PROPOS DE THEATRE* — LE THEATRE BELGE. — M. PAUL-JORGE. — LA TROUPE. — DECORS, MISE EN SCENE, REPERTOIRE. — LA VOGUE DU THEATRE DES VARIETES NE FERA QUE CROITRE ET EMBELLIR.C'est maintenant au tour de l'entreprise du Théâtre des Variétés de passer sur la sellette. M. Paul Jorge, faites votre examen de conscience! Et le sympathique directeur de la coquette bonbonnière de la place de Meir, avec-une séreinité parfaite et une tranquillité d'âme pareille à celle de l'abbé Constantin, d'une voix calme et posée, pourrait nous répondre: « Souvenez-vous-en, chers amis, ce que fut Anvers il y a bien longtemps, lorsque la pioche des démolisseurs avait jeté bas la vieille bicoque de la rue Gérard, qui avait fait pendant de longues années, la joie de nos pères à l'époque du Carnaval et où dans les derniers temps, s'abritaient de faméliques comédiens, qui tâchaient en vain d'attirer la foule indifférente à des productions du théâtre du vieux Dumas. Le public était plutôt rare, et la vieille concierge du théâtre d'alors, pourrait raconter les misères des beaux seigneurs qui le soir évoluaient sur la scène, des belles dames qui paradaient dans les salons figurant le luxe factice d'une duchesse ou d'une personne de sang. Les artistes de comédie étaient de pauvres hères égarés en province, réunis par un impressario de fortune, qui s'éclipsait trop souvent au moment du règlement des comptes. Les anciennes Variétés démolies, nous eûmes la troupe franco-belge à l'El-Bardo, dirigée par un brave directeur que nous retrouvons actuellement au Diorama. Ce fut M. Richard, qui pendant quelque temps, organisa avec succès des soirées de comédie et de vaudeville. Ensuite vinrent quelques troupes de Bruxelles et de Gand, qui jouèrent devant des banquettes. Au Royal nous avions les tournées Sarah Bernhard, Coquelin, et c'était tout. C'est alors qu'un groupe décida de faire venir à Anvers pour une série de représentations, les principaux artistes de la Comédie-Française. Trois ans durant nous eûmes des spectacles de choix. Le vieux répertoire de la Comédie Française, les pièces à panache: « Hernani », «Ruy Blas», « Le Monde où l'on s'ennuie », « les Burgraves >■ etc. Nous applaudîmes Mounet Sully, Mme Blanche Toutain dans la « Souris », Mme Jane Hading, etc. Les soirées étaient brillantes et mondaines. Toute la haute aristocratie assistait régulièrement à ces spectacles que nous devions à l'inlassable activité et au zèle désintéressé du baron van Haeften et de M. Hertogs fils. Ce furent ces brillantes soirées de comédie qui portèrent un groupe à se constituer en vue de la création d'une société pour organiser à Anvers, des représentations de comédie française dans un local spécialement construit. Le Théâtre des Variétés de la place de Meir était fondé. * * * Plus de 10 ans se sont écoulés depuis; nous avons fêté cette saison celui qui fut le principal artisan du succès, le directeur habile autant que compétent qui sut donner à l'exploitation une si grande vitalité, et lui faire prendre un large essor, malgré toutes les difficultés inhérentes. Si nous dressons le bilan artistique de la saison, nous devons conclure à un « satisfecit ». Exécuter un brillant programme, attirer la foule, offrir un spectacle d'art, un spectacle agréable, varier sans cesse l'affiche, présenter des vedettes, faire connaître les succès parisiens: voilà bien résumé le travail fourni par la direction. Ce qui est plus beau encore, c'est que la réalisation du programme s'est faite avec des ressources très restreintes. Dans le budget du théâtre le subside communal est un appoint bien léger. L'entreprise du Théâtre des Variétés n'est pas une exploitation commerciale proprement dite ; les actionnaires n'y ont pas mis leur argent dans l'espoir de retirer de gros dividendes. On ne connaît donc pas dans la maison des petites mesquineries, des procédés d'exploitation qui sont courants dans certains théâtres de notre connaissance, et où les bénéfices se font au détriment des artistes. Le Théâtre des Variétés est géré avec économie, certes, mais tout y respire l'air d'une grande maison, non d'une boutique de 3me ordre. M. Paul Jorge, homme du monde parfait, fait également ressortir dans sa direction ce caractère de grandeur, d'aristocratie qui attire au théâtre la belle clientèle mondaine, le public sélect, le tout Anvers brillant. C'est un beau triomphe pour un direction, d'avoir su intéresser à une entreprise le public intellectuel, l'élite de la population. Car on peut affirmer que les réunions le-; plus brillantes au point de vue mondain eurent lieu cette saison, au Théâtre des Variétés, réunions où se coudoyaient l'aristocratie, le haut commerce, la bonne bourgeoisie, le barreau et la finance. Ici se plaoe un hommage bien mérité autant que respectueux à l'adresse d'une des principales protectrices du Théâtre des Variétés, j'ai cité Mme L. Osterrieth, qui a pris le théâtre sous son patronage et a mis ses nombreuses relations mondaines à contribution pour soutenir l'en-teprise de comédie française à Anvers. Mais nous nous écartons légèrement du but que nou-; nous étions proposé d'atteindre, celui de passer l'exploitation au crible. Nous voilà occupés à répandre des éloges, et, ma foi, nous sommes heureux de pouvoir agiter l'encensoir et de féliciter la direction pour sa belle et brillante saison. Mais la documentation nous réclame: Rappelons dans l'ordre la nomenclature des pièces jouées: « La rue du Sentier », comédie en 4 actes, de Pierre Decourcelle et André Maurel ; « La Présidente », comédie en 3 actes de MM. Maurice Hennequin et Pierre Veber; « Le Chemineau », 5 actes en vers de Jean Richepin ; «Yvonic», pièce en 3 actes, en vers, de M. Paul Février et Mlle Jeanne Février, sa fille; « Le Fils à Papa », vaudeville en 3 actes de MM. Antony Mars et Desval-lières ; «Le Baptême», pièce en 3 actes de MM. Alfred Savoir et Nozière; « Simone », pièce en 3 actes de M. Brieux ; « Triplepatte », comédie en 3 actes de MM. Tristan Bernard et André Godfernaux ;« Les Affaires sont les Affaires », pièce en 3 actes de M. Octave Mirbeau ; « Le petit Babouin », pièce en 1 acte de M. André Mv- cho ; «Le Vieux Marcheur», 4 actes de M. l.avedan; <(La Sacrifiée», 3 actes de M. Gaston Devore; « Education de Prince », pièce en 4 actes de M. Maurice Donna}, avec Mme Jane Ziziane en représentation; «Le Monde où l'on s'ennuie », pièce en 3 actes d'Edouard Paille-ron (gala au bénéfice de M. Alex. Van Lil, contrôleur en chef) ; « Ix1 Réveil », de M. Paul Hervieu ; « Un cas de conscience », de M. Bourget et Serge Basset ; « La petite chocolatière», comédie en 4 actes de M. Paul Gavault ; « Gonzague », comédie-vaudeville en 1 acte de M. Pierre Veber; «L'Abbé Constantin», comédie en 3 actes de Hector Crémieux et Pierre Decourcelle (bénéfice Paul Jorge); «Vouloir», 4 actes de M. G. Guiches; « Le petit café», 3 actes de Tristan Bernard; ((La Marche Nuptiale», de M. Henry Bataille; «L'Embuscade», de Kis-temaeckers ; « Un beau mariage», de Sacha Guitry, avec le concours de Mme Isa Linska et M. Georges Colin ; «Nuit d'Octobre», pièce en 1 acte d'Alfred de Musset; (( Chez nos Vieux », pièce en 1 acte de M. Modeste Col-§myt.Au total 26 œuvres. MATINEES LITTERAIRES: « Athalie », de Jean Racine; «Le Philosophe sans le savoir», de Sedaine ; «Les jeux de l'Amour et du Hasard», de Marivaux; ((Les demoiselles de St-Cyr », d'Alexandre Dumas, père ; « Le lion amoureux », « Le Flibustier », au total 6 œuvres. PIECES BELGES: «La Bombe», de M. Eug. Lan-doy (reprise) ; « La Dame et le Fou », de Mme Van Mal-derghem et M. de Tainay (création) ; « Les Chimères », 2 actes de M. Gauchez (création), au total 3 œuvres. GALAS DE BIENFAISANCE : gala au profit de la caisse de secours de l'école grecque d'Anvers : « L'Homme qui assassina ». Comme TOURNEES nous avons eu : « Le Secret »,de M. H. Bernstein, par la tournée G. Ouinson ; « Serrez vos rangs, de M. M. Bernède et Bruant ; « La Prise de Berg-op-zoom », avec M. Sacha Guitry, Mme Charlotte Lyzèes et M. Baron fils (tournée Ulmann), « L'Embuscade », de Kistemaeckers (tournée Féraudy) ; « Cyrano de Bergerac », d'Edmond Rostand ; « L'HIfibit vert », de MM. de Fiers et Caillavet (tournée Baret) ; « Le Minaret », de Jacques Richepin avec Mme Cora Laparcerie, M. Jean Worms et la danseuse Léonora ; « Les Honneurs de la guerre », par la tournée Baret ; « La Demoiselle de Magasin », par la troupe des galeries ; « Bébé », avec M. Max Dearly, au total : 10 œuvres. LES CERCLES nous ont donné : « Amourette », comédie en 3 actes de M. Pierre Veber, et « Le Cœur a ses Raisons », comédie en 1 acte de M. de Fiers et Caillavet, par le Cercle Laetitia; ((Nos bons Villageois», de Victorien Sardou par le Cercle Mimosa ; « Servir » et « La Chienne du Roi », de Lavedan, par la tournée Baret avec M. Henry Krauss en tête pour le gala annuel de la Fédération des anciens Elèves des Athénées de Belgique ; ((Les Corbeaux», de Henry Becque, par la troupe de l'Odéon de Paris, pour le gala du Cercle Français ; ((La Gervaise», pièce réaliste en lacté d'Edmond Duisberg ; « La Dame du 23 », vaudeville en 3 actes par Paul Gavault et Albert Bourgain, pour le gala de la Wallonie au profit de l'asile de nuit et la Bouchée de pain ; « Le Cœur dispose », de M. Francis de Croisset pour le Cercle Mimosa ; « Papillon dit Lyonnais le Juste », de M. Bénières pour le Cercle Le Gardénia ; « Prête-moi ta femme », comédie de M. Maurice Desvallière ; « L'Extra », comédie en 1 acte de M. Pierre Veber, pour le Cercle Laetitia, au total 11 pièces. Voilà certes un fort beau bilan, des pièces intéressantes, de la variété, du plaisant, du sévère. L'art national, le théâtre belge y est largement représenté. * * * Parlons de l'art belge. Dans un article intitulé : « PROPOS DE THEATRE», paru dans le « Soir », sous la signature de Gringoire nous lisions dernièrement ces lignes fore justes que nous reproduisons ci-après : Assurez-voiis au PHENIX BELGE SÎÏSïï! Siège social : Rempart Ste-Catherine, 55, ANVERS. Administrateur-Directeur: René KINART

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