(Auc)un nouveau rôle pour la femme

(Auc)un nouveau rôle pour la femme

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Redactie 15 August 2016 736

En Grande-Bretagne, l’armée absorba une partie importante de la main-d’œuvre masculine pendant la Première Guerre mondiale. Le travail des hommes à l’usine ou au champ fut souvent temporairement repris par des femmes. Leur dévouement eut cependant peu d’impact sur leur rôle d’après-guerre. En Belgique, l’emploi des femmes dans l’industrie de guerre et dans les métiers dits d’hommes eut une ampleur très limitée. 
 
Les femmes belges dans l’industrie de guerre
 
Contrairement à la Grande-Bretagne, la majeure partie de la Belgique était occupée. Les fermetures d’usine découlant de l’occupation allemande engendrèrent un chômage massif. Pas question donc de remplacer les hommes. En outre, certains secteurs employant de nombreuses ouvrières d’usine, comme l’industrie textile, étaient presque paralysés. 
 
Tout comme avant la guerre, le travail des femmes avait un caractère provisoire : elles travaillaient tant que la guerre durait ou tant qu’elles n’étaient pas mariées. La plupart des secteurs qui les employaient (l’industrie de la dentelle, en tant qu’employée de maison...) offraient peu de perspectives d’avenir. 
 
Elles ne furent par ailleurs pas concernées par le travail forcé en Allemagne, instauré par l’occupant en octobre 1916. Un très petit nombre de femmes fut contraint de travailler en Belgique à la réparation des routes, aux champs, aux chemins de fer et dans les aéroports. L’activité dans la petite partie inoccupée de la Belgique – sur et derrière le front de l’Yser – était également réduite. Aucune véritable industrie de guerre ne s’y développa. Le rôle des femmes y resta conscrit à la réparation du matériel de guerre, comme les uniformes et les armes. Au front, les femmes trouvaient du travail dans les hôpitaux de campagne, les blanchisseries, les ateliers, les restaurants, les magasins et parfois la prostitution.
 
Un demi-million de Belges passèrent la guerre en exil à l’étranger. Les femmes y effectuaient leurs tâches ménagères traditionnelles, parfois organisées collectivement, dans les camps de réfugiés. Certaines furent également recrutées par l’industrie de guerre britannique et française, dans les ateliers de couture et le secteur des soins. À l’instar de leurs compagnes d’infortune britanniques et françaises, ce travail avait une connotation provisoire et exceptionnelle. 
 
Émancipation?
 
Pour certaines femmes, la guerre fut toutefois synonyme de nouvelles opportunités. À l’image des infirmières du front, celles-ci provenaient souvent des classes sociales supérieures. Dans la Belgique occupée, les femmes jouèrent un rôle important en matière d’aide et de charité. Si elles avaient peu à dire au sein des organisations d’aide officielles, elles s’occupaient d’une grande partie du travail pratique – elles composaient des colis alimentaires, préparaient de la soupe et distribuaient des marchandises. 
 
Ces nouvelles formes d’emploi permettaient aux femmes isolées de sortir de chez elles et de faire leurs premiers pas dans le domaine public. Elles acquirent de l’expérience et de nouvelles compétences. Ces expériences leur inspirèrent peut-être les choix qu’elles posèrent pour elles-mêmes ou pour leurs filles après la guerre. Mais pour la plupart, peu de choses changèrent. Contrairement aux hommes belges – auxquels on accorda le suffrage universel – le statut juridique et social de la femme demeura inchangé après la guerre. Bien au contraire ! Les aspirations de paix, de calme et de normalité d’après-guerre renforcèrent le rôle traditionnel de la femme en tant que mère et épouse. Si de nombreuses femmes travaillaient, elles étaient toujours vues comme de (futures) mères. Il leur fallut attendre jusqu’en 1948 pour se voir accorder le suffrage universel.