1914 illustré: revue hebdomadaire illustrée des actualités universelles

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s.n. 1917, 01 Janvrier. 1914 illustré: revue hebdomadaire illustrée des actualités universelles. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/g15t728771/
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et la plus expressive. Car où tendaient toutes les théories ? A détruire les préjugés. En quoi se résumaient fatalement comme faits, ces préjugés? Dans la mort. Mais j'avais pour mission de l'anéantir dans la loi. Malheureusement ma volonté seule ne suffisait pas. Sur douze juges, je n'avais, moi treizième, comme président, que ma voix isolée ; ma voix forcée de prononcer en public les arrêts qu'elle avait combattus dans la délibération. Haï bientôt à la Cour pour ma tolérance, suspect à mes confrères, tous routiniers, mon dévouement fut nul. Quelques-uns même, par esprit de corps, se montrèrent plus sévères qu'auparavant envers les accusés, et, mon rôle leur étant devenu à charge, ils le réduisirent à être plus odieux, à mesure que je penchais à le rendre plus humain — voici comment ils y parvinrent. Les moins âgés de nous, — nous n'avons plus d'amour propre sur l'âge, n'est-ce pas ? — les moins âgés de nous ont vécu du temps où la question judiciaire n'était pas encore abolie. La question judiciaire, qui cassait un doigt pour un demi-aveu, un bras pour trois quarts d'aveu, une cuisse pour un aveu entier, et qui, avant de savoir tout, vous avait broyé la tête d'un coup de barre de fer ou crevé la poitrine en l'emplissant d'eau. En 88 donc, la question ou la torture existait encore. Calculez, cela ne fait pas quarante-cinq ans. Nous avions les uns dix ans, les autres quinze ; j'en avais vingt. 88 doit être si rapproché pour nous, que je me souviens de quelques événements antérieurs au moins de six ans. Ainsi, par exemple, cinq ans avant 88, époque sur laquelle je vais rappeler votre attention, en 83, je me souviens fort bien de Françoise, ma sœur de lait qui, sa mère, ma bonne nourrice, étant morte, vint à pied de Monte-reau à Paris à travers vingt lieues de neige. Enhardie par la misère, par le désespoir, et peut-être par le lien commun du même lait que nous avions puisé au sein de sa mère, Françoise m'attendit sur l'escalier de la Sorbonne, institution où j'achevais mes études de droit ; et, lorsque je sortis au milieu des élèves, mes camarades, fils des plus hautes familles de robe, elle s'élança à mon cou et m'appela son frère. Je fus pour elle un frère. Accueillie chez moi, je lui fis une condition heureuse entre une domesticité douce et des attentions sans contrainte pour son éducation que j'allais reformer. Ce petit épisode de ma première jeunesse vous assure avec quelle fidélité ma mémoire garde le souvenir des événements qui la suivirent, et particulièrement de celui sur lequel je vous ramène. Mes ennemis au Parlement, à propos de je ne sais plus quel procès en matière de fausse monnaie, imaginèrent, pour abattre mon orgueil de tolérance, et me faire passer au dehors pour aussi redoutable qu'eux, de ressusciter, ils en avaient le droit, l'application de la torture. La discipline me bâillonnait : je ne pouvais protester ni par mes actes, ni par mes paroles, ni par mes écrits contre cet infâme attentat à l'humanité. Il y a plus, ma bouche fut obligée de proclamer solennellement l'emploi de la torture dans les procès que dirigeait ma présidence. Ma réputation d'homme sage, de magistrat vertueux, fut perdue. Le peuple me confondit avec mes odieux confrères, et ceux-ci s'applaudirent de m'avoir presque aussi avili qu'eux dans l'opinion. Les philosophes me méprisèrent dans l'âme, je les remerciai. Ce ne fut pas le soufflet public que j'avais reçu sur la joue qui me blessait le plus : ce fut l'affreuse idée d'avoir fait revivre, par une mesure de vengeance dont j'étais la cause, la torture qui brise les os, déchire les chairs, boit le sang et renvoie innocent de l'accusation. Je fis écrire sous main des mémoires pleins de larmes, de paroles chaudes et vraies, et senties, car j'étais celui qui condamnait à la question ; je fis présenter au roi Louis XVI des placets où je ne déguisais pas même mon écriture : rien n'eut un résultat. Aucun nom ne recommandait ces protestations. Le peuple les lisait avec avidité, mais la Cour, — les brûlaient-on, — torturait en attendant. A cette époque, je fus volé. Mme de Hacqueville sonna de nouveau pour que la bonne servit le thé et ranimât le feu. Très curieuse, la vieille bonne, après avoir méthodiquement rempli son office, s'accroupit près de la cheminée; elle aussi voulut écouter. — A cette époque je fus volé, reprit M. de Page, et je portai ma plainte au procureur général, mon confrère. Le vol consistait en une tabatière en diamants de la valeur de vingt mille livres, et j'y tenais d'autant plus, qu'elle venait de la succession de mon père. Le procureur général alla aux enquêtes. Il fallut lui livrer ma maison et ses moindres recoins. Cette condescendance était rigoureusement nécessaire, si je voulais charger la justice de mon affaire. La tabatière en diamants fut retrouvée. Un des gens de la Cour la découvrit dans la paillasse de Françoise, ma sœur de lait. Il se fit alors un mouvement général dans le salon de Mm# de Hacqueville. Le Président de Page laissa mollement tomber sa main de son jabot sur le côté : le récit lui coûtait. — Françoise, ma jolie sœur de lait, la fraîche paysanne de Montereau, celle qui était venue se jeter à mon cou, par la neige et le givre, sur les escaliers de la Sorbonne ; Françoise, à la peau encore duvetée de la campagne, mais déjà un peu lisse par la retraite et l'heureuse vie, Françoise... Le marquis aspira une prise de tabac ; mais je vis tomber le tabac à terre. 1914 ILLUSTRÉ — N" 138

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Cet article est une édition du titre 1914 illustré: revue hebdomadaire illustrée des actualités universelles appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Bruxelles du 1914 au 1918.

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