N" 21 l«r Août 1916 AMON NOS AUTES BULLETIN LIÉGEOIS DES TRANCHÉES Calais — A. T., 5, Rue de Valenciennes Prière de communiquer tout ce qui concerne la 'Rédaction à M. l'abbé L. LEVSCH, Aumônier Militaire, 20, rue de la Rivière. Calais et tout ce qui concerne V A dministration au Frère 7. JADOVL, B 32. h mm ■ m miêêê* m m Vive le Roi ! Le 13 Juillet 1913, le Roi Albert, la Reine, les petits Princes faisaient leur Joyeuse Entrée à Liège, la capitale de 4* Wallonie. C'était fête partout Ouvriers. bourgeois, étudiants, enfants, n'avaient qu'un seul cœur pour aimer la Famille Royale, qu'une seule voix pour l'acclamer. Elle vibrait, la cité ardente, d'une fièvre de loyalisme ; elle, toujours si coquette, s'était faite plus belle encore pour plaire à ses augustes visiteurs. Et tous les Liégeois, ceux du centre où des boulevards comme ceux du Dju d'ià, les professeurs d'Université comme les ouvriers armuriers, les pauvres et les riches, tous, réalisant autour de leurs Souverains, l'union sacrée avant la lettre, poussaient vers le ciel ce cri où passait toute leur âme : Vive le Roi ! ★ ★ ★ Un an plus tard, le 4 Août 1914, l'Allemagne déclare brutalement la guerre à la Belgique : coup de foudre dans.un ciel d'azur! Liège, la première, est menacée. Elle se dresse aux frontières de la patrie, armée de ses forts, hérissée de ses multiples clochers aux fines dentelles, ceinte de l'écharpe molle et souple des eaux Mosanes. Liège sait que l'orage va fondre sur elle. Déjà elle entend dans le lointain « le piétinement sourd des légions en marche. » C'est un torrent d'hommes, de canons, de caissons, que la Germanie vomit contre elle. Pourtant au sein de son angoisse patriotique, Liège ignore la peur. Elle bande toutes ses énergies pour la résistance,elle fête la vaillante troisième Division d'armée, sous les ordres du grand général Léman, et faisant écho à l'appel sublime lancé du haut de la Tribune Nationale par Albert Ier, elle exhale son indignation, sa fierté, son amour passionné de la Patrie et de la Liberté dans ce cri rugi par des milliers de poitrines : Vive le Roi ! ★ ★ ★ Hélas, le destin suit, son cours. Apic.s u-r.f rcsio'nncc "q*u qut sauve la civilisation, Liège, décorée de la Légion d'Honneur, succombe sous la force et le nombre et la traîtrise. La cité vierge est indignement violée. Le pas des soudards teutons résonne place Saint-Lambert, près de la Violette, autour du Perron. Les casques à pointe se reflètent dans la Meuse. C'est, dans toute sa hideur, appliquée à une ville où, selon la formule antique. « pauvre homme en sa maison est roi », la tvrannie : le régime de l'espionnage, des amendes, du cachot, de la fusillade. Qu'importe! Si le corps doit plier, l'âme se redresse. Le Liégeois reste plus fier, plus indépendant, plus loyaliste que jamais. Sous la botte allemande, il frémit de rage patriotique. Qui pourrait lire sans une émotion profonde, ces lignes qui viennent d'arriver de là-bas, et qui furent écrites il y a peu de temps : « Nous ne pouvons plus, comme jadis, manifester dans nos rues. Mais parfois, quand nous sommes chez nous, dans notre maison, portes et fenêtres closes, c'est plus fort que nous, nous ne pouvons plus contenir nos transports, et en cachette, tout notre être tressaillant, nous saisissons l'image de notre Souverain vénéré, nous la baisons respectueusement et ardemment, et d'une voix

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