N» 781 bis 14 Août 1918 Informations Belges L'art belge en Norvège. — On sait que le commandant de Gerlache, l'explorateur bien connu des mers antarctiques, a organisé en Norvège, de février 1917 à fin mai 1918, des expositions d'art belge qui eurent le plus vif succès. Voici quelques détails à ce sujet : Ces expositions eurent lieu, successivement, à Christiania, Bergen, Aalesund, Trondhjem, Christiansund et Stavanger. Dans chacune de ces localités elles provoquèrent maintes manifestations singulièrement flatteuses pour l'amour-propre national belge, le nombre dos visiteurs et le chiffre des ventes dépassant d'ailleurs, et de beaucoup, tous précédents. En dépit de la guerre sous-marine, et grâce à des expédients qu'il sera piquant de dévoiler plus tard, le commandant de Gerlache parvint — en étroite collaboration avec la direction belge des Beaux-Arts — à réunir des œuvres de la plupart des artistes belges qui sont au front ou qui se trouvent dispersés en Angleterre, en France et en Hollande : Bastien, Baertsoen, Bliëèk, Claus, Cluy-senaer, De Bruycker, de Saedeleer, Léon De Smet, Jeffe-rys, Gilsoul, Qpsomer, Paerels, Paulus, Bonner, Bous-seau, Sterckmans, Tytgat, Van Bysselberghe, Viérin, Wagemans, les Wytsman et bien d'autres encore. Le directeur des Beaux-Arts, M. P. Lambotte, put même joindre à ses premiers envois des œuvres de choix dues à des artistes éminents restés dans le pays occupé, les Frédéric, les Lacrmans, les Marcette, les Bassenfosse, œuvres qui étaient exposées à Venise au moment où la guerre éclata. Ces expositions belges en Norvège furent donc, aussi représentatives de l'art belge moderne que le permettaient les conjonctures actuelles. Quelques chiffres donneront une idée de l'œuvre accomplie : Plus de 300 tableaux, aquarelles, gouaches, dessins, plusieurs centaines d'eaux-fortes et une douzaine de sculptures furent vendus. Et tous frais couverts, le commandant de Gerlache eut la satisfaction do pouvoir envoyer aux exposants plus d'un demi-million do francs et de verser, en outre, au « Belgian Orphan Fund », qu'il représente en Scandinavie, plusieurs milliers de francs provenant des entrées et do la ventedes catalogues. Chaque exposition étant sensiblement différente de la précédente, six versions du catalogue furent successivement éditées. Ce n'étaient pas de simples nomenclatures des œuvres exposées, mais bien de véritables petits guides à travers la Belgique sanglante et dévastée. Le total des frais de transport, assurance, encadrements — plusieurs centaines de cadres durent être confectionnés sur place — manutention, location de salles, entreposage entre les expositions, réclame, etc., etc., s'élève à quelque cent mille francs et il faudrait même doubler cette somme si l'on tenait compte du fret et d l'assurance lors du transport des premiers contingents frais dont l'organisation parvint à être exonérée (c qui, soit dit en passant, rendit les expositions pos sibles). — Un album, richement édité, vient de paraître Christiania, qui contient, sous le titre de l'Art belge e\ Norvège, des reproductions" photographiques, en noir e en couleurs, d'un certain nombre des meilleures parir les œuvres exposées. Et, tout comme les expositions don il ravive le souvenir, cet album est accueilli avec grand faveur par la presse et par le public norvégiens. L Norske Inteïligenssedler, de Christiania (organe officieux dit, notamment, au sujet de cette publication : « Aucune exposition d'art n'eut jamais, chez nous, 1 succès qu'obtint l'exposition belge Organisée l'année dei nière au Cercle artistique... Non seulement les visiteur furent exceptionnellement nombreux, mais encore 1 vente fut énorme... Celui à qui revient, en tout premie lieu, l'honneur d'avoir mené à bonne lin cette entrepris que les circonstances rendaient particulièrement ardue est le commandant de Gerlache, l'infatigable champio de la cause belge. Ce fut lui aussi qui, de concert ayec 1 Directeur des Beaux-Arts de Belgique, M Paul Lambotte choisit les œuvres exposées. « Si cette exposition réunit tant de suffrages, ce n'es pas seulement à cause des sentiments que suscite natu Tellement en nous le sort du peuple belge. Ce furent le réels mérites des exposants, la qualité et l'élévation d leur art, bien plus que la pitié que nous inspireleur cor dition présente, qui déterminèrent leur triomphal su< ces. Aussi bien, cet art nous prouva, bien plus éloquem ment qu'aucun discours ne l'eût pu faire, que le peupl belge ne désire pas être pris en commisération, qu'il n sollicite pas notre compassion ; qu'ils soient Wallons oi Flamands, les Belges ont toujours porté la tête haute ils savent lutter fièrement, de préférence pour la vrai culture, mais aussi, lorsqu'il le l'auto sur les champs d bataille : traditions d'honneur, plusieurs lois séculaires qui sont l'apanage de la patrie des frères van Eyck, di Bubens, de Van Dyck, traditions qui ne sauraient êtr foulées aux pieds, qui ne périront point, et que l'art belg a conservées intactes jusqu'à ce jour. « Ainsi que nous l'avons dit déjà, la plupart des œt vres exposées resteront dans ce pays, Mais, comme elle sont entre les mains de particuliers, elles ne sont plus accès sibles à tout le monde et elles ne sont pas aussi connue du grand public qu'elles méritent de l'être. Or, ici non retrouvons l'inlassable de Gerlache ; il a fait un choi do 70 de ces œuvres et les a fait reproduire photograph quement. Ces reproductions sont réunies en un b< album et accompagnées d'une chaleureuse introductio de Jappe Nilsseli...»

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