Journal de Bruxelles: politique, littérature, commerce

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18 novembre 1918
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s.n. 1918, 18 Novembre. Journal de Bruxelles: politique, littérature, commerce. Accès à 19 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/xk84j0bx1d/
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Direction eî Rédaction : 4, Impasse de la Fidélité, 4 lîruxelles Directeur: L. GILLE f ABONNEMENTS: Les prix seront fixés trè« prochainement «££>. «ps? /f m $m> Atoinistraîiia : 4, Impasse de la Fidélité, 4 E2«-uxeIïe» ANNONCES & RÉCLAMES Pour tout e.e qui concerne la publicité s'adresser directement et exclusivement à la» DIRECTION DU JOURNAL n° 4, impasse de la Fidélité, à Bruxelles. RESURRECTION Quand les Allemands entrerent dans Bruxelles, le 20 août 1914, les journaux, d'un mouvement unanime, cessèrent aussitôt de paraître. Ils le firent sans ordre de personne, de la façon la plus spontanée, sentant d'instinct que tel était le commandement de l'honneur professionnel et du devoir patriotique : soldats de la cause nationale à leur manière, surpris par l'ennemi en pleine .bataille. ils n'auraient pu continuer à manier leur arme, la plume, sans l'abaisser d'abord devant l'arrogant et odieux vainqueur du moment, sans la mettre ensuite à son service en allant prendre quotidiennement son mot d'ordre à la censure. Ils préférèrent disparaître sur-le-champ. Ce fut le suicide net et brusque... en attendant la résurrection. Attente p]us longue qu'aucun de nous ne l'avait prévu, attente de plus de quatre ans, subie àvec chaque jour plus de rage au cœur : la tyrannie de l'ennemi, l'astuce démoralisatrice de sa presse multipliait ses coups contre les nôtres, nous nous sentions en main une bonne arme pour y riposter, et il fallait la garder inerte!... Nous ne parlons pas du préjudice indirect, bien qu'aux pertes résultant naturellement d'un chômage si prolongé soit venu s'ajouter le pillage, après mise sous séquestre, des journaux chômeurs : papier, machines et le reste du matériel des imprimeries, livres, papiers, ameublement des bureaux furent enlevés pour être livrés comme en butin à la presse asservie et à des imprimeurs allemands installés en Belgique ; certains journaux furent dépouillés à fond; on n'y laissa même pas une chaise dans les bureaux de la rédaction; ce fut à peu près notre cas. Outre le désir de ruiner complètement la presse patriote et de récompenser de ses dépouilles les feuilles serviles, une autre intention inspirait certainement cette entreprise de pillage : mettre les anciens journaux hors d'état de reparaître dès l'heure définitive de la résurrection.Or la voici cette heure. Elle vient d'être sonnée, aux acclamations de la foule, par des trompettes thébaines, du haut du balcon de notre vieil hôtel-de ville, tandis qu'au loin fuient, en ;a plus humiliante des débâcles, les derniers restes des troupes d'occupation. Il n'y a plus de Boches à Bruxelles, ni gris, ni rouges, ni blancs ; le pavé en est complètement nettoyé ; après cinquante mois d'oppression, la bonne vieille liberté belge règne à nouveau ; et nos fils, nos pères, nos amis de l'héroïque armée belge sont là, accompagnés de leurs admirables compagnons d'armes des pays alliés. Aussitôt, nous voilà aussi dans la rue, pour joindre nos acclamations à celles de la foule, nous, les journaux d'avant l'occupation; nous sommes tous là, — catholiques, libéraux, socialistes, neutres, — unis dans la résurrection comme nous le fûmes dans le suicide ; le calcul de nos pillards est déjoué. Celà, c'est le résultat de., l'aide que nous nous prêtons mutuellement : les journaux moins atteints viennent au secours de ceux qui l'ont été davantage: on se partage fraternellement le peu de papier dont on dispose; celui-ci qui a du matériel imprime celui-là qui n'en n s plus, —,et nul ne se préoccupe de savoir si le confrère auquel il rend et duquel il accepte un si précieux servies est ou non de son bord politique. Les divergences d'opinion subsistent, inutr le de le dire, mais on n'en parle pas on ne se souvient que de ce qui unit Depuis le 20 août 1914 l'on a souffert haï, espéré et tenu bon ensemble; l'or a reconnu que, vraiment, l'on avait er commun deux grands sentiments qui rapprochent par-dessus l'abîme des di vergences de parti : l'attachement au so! natal, à la patrie; l'amour, la passior de la liberté. Certes, la solidarité actuellf de la presse sert un intérêt matérie commun, mais îa préoccupation de ce avantage n'en est) pas le stimulant prin cipal et cette solidarité ne serait, d'ail leurs, pas possible sans une certain* unité d'idéal. Si nous nous permettons de souligne: cet exemple de solidarité donné par li pressa, c'est un peu pour expliquer ai public les difficultés au milieu desquel les nous reparaissons et le rendre indul gent à propos de l'imperfection qu'offri ront, sous de nombreux rapports, no premiers numéros; maïs C'est surtou parce que ce cas est à mentionner aprè tant et tant d'autres fournis par l'his toire de l'occupation, comme signifies tif d'un grand changement qui s'est pre duit dans l'esprit public chez nous. La guerre nous a tous rendu plu Belges. Elle nous a révélé à tous davar ' or que c'était qu'une patrie et cok bien nous aimions la nôtre, et quels grands sentiments nous avions en commun, capables de nous rapprocher les uns des autres, mais les querelles politiques nous voilaient cette réalité psychologique.Nous avions été trop heureux en Belgique depuis que nous existions à l'état de nation organisée et reconnue. Nous étions trop gorgés de biens que nous ne croyions convoités par personne et de libertés, que nous croyions à l'abri de toute oppression. On aurait pu dire à notre propos: « Heureux les peuples qui n'ont pas d'histoires », en altérant uniquement par un s ajouté au dernier mot le texte d'une parole souvent répétée, mais qui n'en est pas moins fausse. 11 manquait aux Belges la communauté dans le malheur, la communauté cimentée à tout jamais par le sang versé à flots pour la cause nationale; il leur manquait la communauté dans les douleurs (le la défaite et d:_ ; les ivresses de la victoire. Tout cela nous a maintenant été donné en surabondance. C'est pourquoi la nation belge existe pius que jamais aux yeux du monde entier; c'est pourquoi nous-mêmes nous nous sentons plus que jamais une nation, nous comprenons aussi jilus que jamais l'intérêt national et ce qu'il commande. C'est cela qui nous sauvera au milieu des tempêtes qui doivent fatalement sortir pour l'Europe entière d'un bouleversement de l'atmosphère politique et du régime économique aussi formidable que celui que la grande guerre vient de produire. C'est ce qui nous donne l'inébranlable confiance que sur les ruines accumulées par la guerre et bientôt effacées, la Belgique rossuseitée s'élèvera, non seulement plus glorieuse, mais plus riche, plus forte, plus sûre de ses destinées.Se Journal de Bruxelles <*, —i A nos Lecteurs Nous iaisons allusion ci-dessus aux dilticultés d'oidre matériel au milieudesquelles nous reparaissons par suile du pillage de nos ateliers par les, A lie m a n ds. JLlles nous iorcent à oîirir au public, — comme, d'ailleurs, la plupart de nos conlréres, — un journal dont h loi mat, le papier, la physiono mie typographique " ne son que provisoires; ,, on voudra bien ne pas le perdre de vue. Il est impossible pour le mo ment aux journaux, à eau si notamment des variations pré cipilées que l'on prévoit dans h cours du papier, d'établir ut prix d'abonnement. Nous ne servirons donc pat d'abonnement d'ici quelques jours. Notre administration, 4, Im passe de la Fidélité, reçoit ce pendant à partir de mainte nant les inscriptions pou 1 abonnement. > O-frCE—< Dans le parti socialiste Le Conseil général du Parti Socialisé réuni le 30 octobre à la « Maison di Peuple » avec les membres de la Com mission syndicale et les parlementaires a discuté l'attitude qu'il convenait d< prendre à l'égard du Gouvernement dè, la rentrée de celui-ci à Bruxelles. Deu: tendances se sont aussitôt manifestées celle dés extrémistes qui repoussaien toute participation à un gouvernemen national et celle de ceux qui l'admettent | mais sous conditions. M. Lekeu repré sentait la première tendance, M.Wauten la seconde. Ce sont les partisans de M.Wauter, qui l'ont emporté à une très forte majo nté. En effet, l'ordre du jonr suivant présenté par le député de Huy-Waremme a été adopté par 29 voix contre 3 e 1 1 abstention : 1 « Le Conseil Général du Parti ouvrier estim qu'au lendemain de la libération du territoire, i y a lieu rie réclamer immédiatement, la realisatioi " du Suffrage Universel à 21 ans, six mois de «pi - dence, avec la Représentation l>ro]iorlionncll 3 intégrale, l'abbolition de l'article 810. Pextonsioi L du droit d'association à tous'les fonctionnairi s t , ouvriers dr? services publics, la taxation des béné 3 lices de guerre et la poursuite des traîtres et de ■ accapareurs. » A ces conditions, il approuve évcnluellemer pour la période transitoire, la constitution d'u gouvernement national, sans majorité de part chargé de gérer les aflaires du pays, préparer lf s élections dans un délai maximum de six mois, > - prendre les jnesures urgentes que nécessitent 1< „ événements. * Aux Soldats de l'Yser 0 vous que notre espoir n'a pas cessé d'attendre, Salut! Clairons en tête et drapeaux déployés, Par l'antique chemin qui s'en vient de la Flandre, Vous voilà donc enfin regagnant vos foyers ! A voir votre ombre au loin s'allonger sur le chaume, Les arbres de la route, augustes vétérans, Disent entre eux : " — Ce sont les tombeurs de Guillaume ; Les grçgnaras 0'autrefois nous ont semblé moins grands ! ,, Votre fanfare, émoi du cheval qui s'ébroue, Va devant vous, portant des rameaux brabançons ; Et c'est comme un vaisseau pavoisé, dont la proue A, pour entrer au port, des fleurs et des chansons. 0 bouclier de chair, infrangible muraille, Rempsi'i d'airain par qui notre honneur fut sauvé, Sa/ut ! tout éclairas qu'ils soient par la mitraille, Vos bataillons en marche ébranlent le pavé. Déjà l'on vous annonce aux portes de la ville ; Et, dans le martial roulement dès tambours, Votre avant - garde, épée au clair, pointe et défile, Soulevant lesvivats du peuple des faubourgs. Ah ! quand vous rentrerez dans votre vieux Bruxelles, Rien qu'en apparaissant vous rendrez presque fous Tous ceux qui n'attendaient que vous, et toutes celles Dont le cœur veuf d'amour ne battait que pour vous! Alors, parmi les cris étranglés dans les gorges, Parmi le piaffement confus des escadrons, Et l'éclatant tracas oes clairons de Saint-Georges, Et l'immense rumeur du ciel, — nous entendrons ' Tonner le grand bourdon qui, de Suim'e-Gudule, Sonne au Brabant les Jours de fête et de fierté, Ec claquer les drapeaux dont l'ample sois ondule Au souffle de la gloire et [de la liberté! Franz MSEL La revolution allemande »o« Il nous a paru intéressant de relater : les événements dont la capitale fut le - témoin depuis le 10 novembre, jour où - les représentants du Gouvernement Im-' périal Allemand furent culbutés parla révolution des •, ldats. On peut aujourd'hui mettre do l'ordre dans les impres- - sions de confusion et d'incohérence dont - les manifestations tumultueuses de ces - journées tioublées remplissaient les : esprits. On peut raffermir les grandes ! lignes et mettre à leur place ceux des détails de l'affaire qu'il importe de * retenir. La journée du dimanche 10 novembre. Chez les Allemands c'est la révolu- - tion. Des marins venu de Kiel et de Hambourg prennent la tête d'un mouvement auquel tous les soldats étaient préparés. Sans secousse et sans résistance, le Gouvernement Impérial à Bruxelles est renversé; le Conseil des Sol- ; dats s'installe à sa place et arbore le 1 drapeau rouge. Les révolutionnaires - parcourent la ville, oiganisant des mee-, tings en plein air pour l'édification et la ; conversion de leurs camarades. L'acti-3 vite publique de la révolution consiste ; piincipalement dans la dégradation des officiers. Meeting contradictoire entre t marins et officiers dans un tea-room de l la rue Neuve. Les marins célèbrent le triomphe de leur mouvement et prient . leurs camarades de ne plus vendre leuis ; armes. Les officiers se déclarent d'accord avec eux sur les principes de la révolution, mais veulent la mener à bien dans . le calme et la paix. Ils annoncent qu'ils ont fondé un deuxième Comité ne différant du premier que par cette question i de méthode. Ils protestent contre les dégradations qu'on veut les infliger. — Il vaut mieux, dit l'un d'eux, que 1 nous nous dégradions nous-mêmes avec 1 honneur (sic) que d'être dégradés avec ' déshonneur par nos inférieurs ! , Et ces messieuis, se retirant à la 1 queue leu leu derrière un paravent,.ar- - radient luurs épouletles et leurs insi-» gnes! En ville, animation extraordinaire. Toute la population de la ville, renforcée des milliers d'évacués de Flandre et de France, flâne par les rues, se précipite, se bouscule. De petits cortèges circulent. On y voit des drapeaux bel -T ges et français ; parfois un drapeau rouge. Les manifestants — peu nombreux — sont des jeunes gens des Ma-rolles, des gamins. Cela marche bras dessus bras dessous, avec des boches, tout ravis de faire « Kamarades ». Des camions allemands passent chargés de braillards et de soldats. Des révolutionnaires expulsent de leurs autos des officiers supérieurs qui passait. Le soir, l'effervescence augmente encore. On met le feu aux kiosques où I on vendait des journaux allemands. ^ ers 10 heures, les mitrailleuses entrent en action. Beaucoup de bruit et de trouble mais peu de ma), sauf devant la gare du Noid, où il y a des victimes. A la police est parvenu ce message, envoyé par le Conseil des Soldats : « Invitez les cabaretiers à fermer leurs cafés. Invitez le public à rentrer chez lui. Des patrouilles circulent en. ville avec des mitrailleuses pour disperser les groupes. » Ce n'est que vers minuit que les rues se vident petit à petit. Dans la soirée, dans une réunion politique, le ministre d'Espagne a déclaré que le gouvernement destitué reconnaissait la régularité du gouvernement nouveau.' La journée du lundi 11 novembre. En ville règne une grande animation. C est fini de rire. Plus de joie, plusde manifestations en cortège. Les drapeaux à présent flottent aux balcons. Les Bruxellois n'ont jamais eu l'à-propos du drapeau. Jadis, avant la guerre, rares étaient ceux qui saluaient les drapeaux des régiments quand ils passaient par les rues. Par mesure de compensation, la moindre kermesse aux boudins se pavoisait du drapeau national, rehaussé, pour surcroît de pompe, d'une vessie de cochon. Les circonstances font, peut-être, des événements d'hier une fête patriotique pour les Boches ou pour certains d'entre eux. Mais ils continuent à souiller le pavé de notre capitale et à s'y conduire en maîtres. Hier, iïs nous ont généreusement offert leur camaraderie, qui nous dégoûte, et nous ont, pour finir, servi des coups de fusil et de mitrailleuses. Que les primitif# et les alcooliques qui. hier, donnaient 1e bras aux prussiens émancipés pavoisent aujourd'hui leurs impasses, c'est dans l'ordre. Mais que les braves gens les imitent, voilà qui ne s'explique point, sinon par une impatience surexcitée et énervée. Enervée, la foule l'est très certaine-nent ce-matin, et anxieuse aussi. Pas autant cependant que les allemands dont les affaires paraissent se compliquer. Sans cesse, la rumeur de la rue se martèle de pétarades de mitrailleuses et de fusillades. Les Allemands — révolutionnaires et impérialistes — tirent les uns sur les autres. Des gardes rouges, l'arme au poing, patrouillent çà et là. Des automobiles circulent à grande vitesse. Les soldats qui les occupent, debout, le doigt à la gâchette du fusil se donnent des airs sanguinaires et menaçants. L'inspiration bolchéviste, l'énerve-ment et la hantise du franc-tireur aidant , le « man hat geschossen ? qui fut le prétexte de tant de crimes au début de la guerre, recommence à faire des siennes. A maint endroit, les boches prétendent qu'on a tiré sur eux. Ça se gâte. Place Rogier, fusils et mitrailleuses s'en donnent à cœur joie. Là, la circulation est barrée. Le public qui passait au moment où l'échauffouriée a commencé se précipite dans quelques cafés des extrémités nord de la place. C'est de là que sortiront tantôt les témoins qui raconteront l'histoire. Réfugiés derrière le comptoir? sous les tables ou dans les cabinets, croyez bien qoi'ils ont vu des choses merveilleuses et terribles. Puis le soir tombe. Cafés et magasins sont fermés. Des gardes-rouges font enlever les drapeaux et les cocardes. Les lampes à arc du boulevard s'allu ment. Oh ! la belle lumière ! L'armistice est donc conclu. On n'a plus peur des aéroplanes alliés ! La nuit est calme, sauf quelques sursauts de fusils. Les patrouilles arrêtent les passants, les fouillent pour trouver des armes. La journée du mardi 1 2 novembre. (Le pillage) C'est le jour où les Allemands, reprenant conscience d'eux-mêmes, reprennent les traditions. Six soldats ont pénétré dans la Banque Josse Allard, ont demandé à visiter les livres, les coffres, ont enlevé la somme de 63.650 Mks, ainsi qu'une somme de 51.860 Mks, qu'un encaisseur apportait précisémsnt. Des faits identiques se sont produits dans une maison de la rue de la Loi où 011 a enlevé 12.000 Mks, chez Tambourini, rue Royale, puis, surtout dans la soirée et même dans la nuit, dans nombre de maisons du boulevard du Nord, entre la rue de Malines et la place Rogier. Dans ces maisons, presque toujours sous le prétexte qu'on avait tiré sur eux, ils ont pillé les maisons et les magasins, enlevé de fortes sommes et, dans l'une des maisons, pour 25.000 francs de bijoux. lie Conseil des Soldats, avisé, proteste contre ces faits et les répiouve. Un pillard assassin est fusillé. A chaque instant de nouveaux rapports de police montrent la gravité des événements de lundi et de mardi. Dans la nuit de lundi à mardi, des soldats allemands avaient pillé le magasin de cigares du coin du boulevard du Nord et du boule-vaîd Botanique, les maisons de la rue du Colombier et attaqué le poste de police de la rue de la Fiancée. Ce jour-là, il y avait à l'hôpital de Biuxelles quatre rts dont un agent de police et un enfant de quatorze ans et quinze blessés. Il y a également dix morts à Schaer-beek, trois morts à St-Josse, deux femmes écrasées à Boitsfort, sans compter les nombreux blessés qui ont regagné leur logis sans se faire connaître. Le mardi a donc été la journée du pillage, les Allemands enlevant partout les mobiliers, entre autres le mobilier du ministère de la Marine, les magnifiques bureaux de l'hôtel occupé par le prince Rupprecht et vendant le tout de la main à la main. Dans la nuit de mardi â mercredi, des soldats ivres ont tiré contre des gardes communaux et ont attaqué la permanence centrale de police à l'Ilôtel-de-Ville de Bruxtlles. La journée du Mercredi 1 3 novembre L'animation est toujours grande, mais l'effervescence se ca'me. Les pri-onniers libérés commencent de paraître sans les rues, aux acclamations de la doule. On attend l'Armée... on attend lé fRoi... on attend M. Max. Des nom elles contradictoires circulent. On commence à respirer. Jouamée de itiiicSi Rue de la Loi, on déménage. Des factionnaires méladcoliques regardent se consumer plusieurs mètres cubesde paperasses et d'archives que les Allemands ont semées sur les pavés de la rue Beyaert et auxquelles ils ont mis le feu. Rue Ducale, on déménage aussi, mais le spectacle est plus mélancolique ou plus drôle, suivant le point de vue auquel en se place. Car c'est le personnel activiste que l'on expulse. M. Moreau, directeur général au ministère de la justice, est arrivé avant l'ouverture des bureaux pour prendre possession do son ministère. Il a enjoint àu concierge de fermer la porte au nez de tous les m- mbres du personnel activiste et ceux-ci ont trouve en arrivant porte de bois. M. Hende-rickv, député d'Anvers, secrétaire géné rai du ministère flamingant de la justice, se bute le premier à l'inexorable consigne. Fini de rire! La bande paraît écrasée de stupeur. Un jeuno fonctionnaire activiste se précipite vers la rue de la Loi et somme un soldat de lui prêter main forte et de l'aider à enfoncer la porte obstinément close. Il est repoussé avec perte. Les quarante flamingants, consternés, tiennent un rapide conseil de guerre et, convaincus cette fois qu'on 11e leur accordera aucun arriiistice, se dispersent, l'oreille basse. A la Société Générale, où siège le Comité National, M. Francqui fait, au milieu des acclamations, le récit de la Joyeuse entrée à Gacd, du Roi, de la Reine et du prince Lêopold. Une délégation de parlementaires est partie ce matin pour Gand en vue d'exposer au Roi la situation politique. Pendant que cette délégation partait pour Gand, une automobile conduite par un soldat belge, ancien membre de la police bruxelloise, ramenait à Bruxelles M. le ministre Vandervelde, venu de Gand en ligne directe. L» député socialiste a été aussitôt reconnu et. la voiture arrivée sur la Grand' Place, a été suivie jusqu'à l'hôtel de ville par la foule dont les acclamations allaient autant ac soldat-chauffeur — le premier que l'on eut tu ici en uniforme khaki— qu'au ministre. M. Vandervelde a été reçu parle Collège, dans la grande salle du conseil toute ruisselante de lumière. En réponse aux souhaits de bienvenue de M. Le-monnier, il a dit : « J'espère, dit-il, que vous me pardonnerez si j'exprime d'une manière imparfaite les sentiments que j'éprouve. Je viens de passer des heures inoubliables. Je suis parti ce matin de Bruges, traversant les lignes de notre armé: disciplinée, vaillante,frémissante encore des combats nombreux qu'elle vient de livrer. Puis j'ai vti Gand, la grande ville industrielle, toute à la joie lie la liberté reconquise. Puis, sur la route d'Alost, plus rien, pas de soldats belges, pa même de soldats allemands. Une terre qui semble 11'ètre à personne, mais ou 01 voit des paysans qui 11'osènt croire à leur bonheur et mettent timidement la cocarde tricolore. A Alost, les premières troupes allemandes, dans la confusion de leur mauvais coup manqué. Et, à côte d'elles, une foule acclamant le drapeau belge, un meeting s'organisant, des députés acclamant leur adversaire politique d'hier et ne voyant en lui que leur compatriote. Puis, l'armée allemande en retraite. Et enfin, en arrivant ici, la joie indicible d'avoir retrouvé tous ceux que j'avais laissés il y a quatre ans et qui ont donné tant do gages de dévouement « Vous m'avez demandé tantôt ce que je faisais. Celà n'a aucune importance, Nous savions, nous, ce que vous avez fait, vous tous qui avez soufferts pour notre cause et qui avez acquis des titres que la Patrie n'oubliera jamais, à sa reconnaissance. » Ce que nous avons fait! Pendaut quatre ans, nous avons fait line triple préoccupation : Il fallait d'abord maintenir dans l'exil notre union nationale. J'ose dire que si nous avons été divisés sur bien des questions, pesées par la guerre, — et li y en avait de formidables,— jamais, dans le conseil des ministres, nous n'avons voté droite contre gauche. Notre seconde préoccupation a été de refaire l'armée belge. Si vous l'aviez vue après Anvers, après l'yser réduite à quelques milliers debaîonett.'S avec des canons usés jusqu'à l'âme, des soldats dont les pieds nus sortaient de leers souliers éculés ! Il y a eu pour la réorganiser un effoit tenace et patient. Le goifvernement a organisé au Havre, avec ses soldats, des usines de guerre, qui bu bout de quelqus mois, se suffisaient à elles-mêmes. Car il n'y a pas un obns, pas un canon, qui n'aient été faite par l'armée elle-même. Vous la verrez dans quelques jours notre armée de campagne et vous aurez l'impression, comme 011 l'a eue à Gand, que derrière l'armée hailonneuse qui s'auance dair le désarroi de la retraite, marche uni armée belge plus grande, plus forte qu'elle n'a jamais existé. , » Notre troisième préoccupation, la plus douloureuse, c'était de vous savoir menacés de la famine, atteints par la misère, frappés par la tuberculose. Et nous eussions été impuissants âconjure les maux qui yous frappaient s ctmtîmee îe numéro JLmm §8 iïib .. £MBR£ 1918 98,, «ïErï'êe. — ra

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Cet article est une édition du titre Journal de Bruxelles: politique, littérature, commerce appartenant à la catégorie Katholieke pers, parue à Bruxelles du 1841 au 1926.

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