Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 21 Août. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/5m6251jv8m/
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Saint?»li '21 août 19la ^ centimes le numéro 59^ année — N° 233 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS BELGIQUE : S fr. par an ; \ fr. pour six mois ; 2 fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port cri sus lïS'DACTiON & AJJMIM(STRATION : 3, RTTïG DE ^L^.USTIDIR.Eî, 3, Q-AlsTD TELEPHONE 665 A N N 0 N C E S : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. •wasfamHB 9MBamKNtemummemsmm*miœammmimaa jUis officiels de l'autorité allemande AVIS Les prix maxima suivants sont fixés pour les régions de l'Etape et des Opérations, jusqu'à nouvel ordre : promeut, par 100 kilos 36 fr. | Seigle, " * * 30 » Mélange d'orge et d'avoine, » » » 36 » | Orge, » » » 45 » ■ \yoine " " » 38 » I Le prix maximum des pommes de lerre sera Hf«é ultérieurement. (Et. T. B. 429/5). I Gand, le 18 août 1915. Le Commandant de l'Etape. AVIS Les provisions de laine doivent être déclarées, | [ par écrit, dans les trois jours de la publication I du présent arrêté, à la Commandature, qu'elles I soient chez leur propriétaire ou mises en dépôt. Les provisions qui n'auront pas été déclarées ou l'auront été d'une façon inexacte seront saisies sans indemnité. En outre les déclarations fausses ou l'absence de déclaration sont punissables d'une amende proportionnée à la valeur de la marchandise dissimulée, ou d'un emprisonnement correspondant. Le nom, la firme et le domicile des détenteurs doivent être indiqués exactement. Un bureau d'achat de la laine utilisable pour les besoins de la guerre est institué à Bruxelles, sous le contrôle du Ministère de la guerre prussien. La laine peut y être offerte en vente. La vente est volontaire. Les détenteurs de laine doivent, en même temps qu'ils font la I déclaration imposée par le présent arrêté, indiquer combien ils sont disposés à en vendre au I bureau d'achat susmentionné. La laine flamande est payée, lavée, de fr. 2,75 à fr. 6,30 par kilo, I selon la qualité (Et. P. B. 428/8). Gand, le 18 août 1915. Le Commandant de l'Etape. LA G UjERRË Sur le front occidental Communiqué ofiiciel allemand Berlin, 19 août. (Midi). — Entre Angres et ■ Souciiez l'ennemi exécuta hier soir une attaque H préparée par un feu d'artillerie qui avait duré ■ toute la journée. 11 pénétra par endroits dans nos ■ tranchées avancées et en occupe encore une ■ partie au milieu du secteur attaqué. 11 a toutefois H déjà été repoussé sur le restant du front. Dans Iles Vosges, l'ennemi renouvela ses altaques au ■nord de Munster contre nos positions au Linge- ■ iopf et contre Schratzmannele. Après avoir ■ pénétré momentanément dans quelques-unes de ■ nos tranchées isolées au Lingekopf, l'ennemi y Ijuété repoussé partout. Au Schratzmannele le i combat suit encore son cours. Communiqués olficiels français Paris, 18 août (après-midi). — Canonnade intense et réciproque en Artois, en Champagne, en forêt d'Apremont, à la Louvière et à la Vaux I Féry, ainsi qu'au bois Le Prêtre dans la région I de la Croix-des-Carmes, et sur le front de la I Seille. La lutte de mines se poursuit sur un grand I nombre de points. En Argonne, des tentatives I faites par l'ennemi pour progresser à la grenade dans la région de Marie-Thérèse ont été repoussées. Dans les Vosges, la position conquise par nous sur la crête de Sondernach a été conservée, malgré un très violent bombardement. I Paris, 18 août (soir). — La nuit a été relativement calme sur la majeure partie du front. On ne signale que des combats d'artillerie dans le secteurs au nord d'Arras et entre la Somme e l'Oise, dans la région de Roye et de I.assigny Lutte à coups de bombes et de pétards e Argonne, à la Haute Chevauchée, à la Fontaine aux-Charmes et dans le bois de Clieppy. Les romanciers anglais au front français On mande de Londres au Manchester Guar dian que M. Rudyard Kipling est actuellemei; sur le front français et que M. Hilaire Belloc sera bientôt. Ces visites des deux célèbres écri vains, aux champs de bataille de l'ouest, son faites en réponse à une invitation du gouverne ment français. Le romancier H. G. Wells a également reç pareille invitation. «te-*» a-* Sur le front ©s-ianîai Communiqué ofliciel allemand Berlin, 19 août. -- Groupe d'armée du géné rat feldmaréchal von Hindenburg. Lors de 1 prise de Kovno, 30 officiers et 3,900 homme ont été faits prisonniers. Sous l'impression de 1 prise de Kovno, les Russes ont évacué leur positions vis-à-vis de Kalwarja-Suwalki. No troupes les suivent. Plus loin au sud, les force allemandes ont emporté le passage du Narew l'ouest de Tykocin; elles y firent 800 Russe prisonniers. L'armée du lieutenant général vo: Gallwitz fait des progrès dans la direction d l'Est. Au nord de Bielsk, la ligne de chemin cl fer Bielostock-Brest-Latowsk a été atteinte 2,000 Russes ont été faits prisonniers. Dans 1 secteur nord de Nowo-Georgiewsk, nos troupe ont emporté le secteur de Wkra. Deux forts d front nord ont été pris d'assaut. Plus de 1,00' prisonniers et 125 canons tombèrent en no mains. Groupe d'armée du général feldmaréclu prince Léopold de Bavière. L'aile gauche refoulé l'ennemi devant elle en combattant et atteint le soir la région à l'ouest et au sud-oues de Mielojozyco. L'aile droite, avançant au del du Bug, près de Mielnik, a chassé l'adversair de ses fortes positions au nord du secteur et continué à avancer. Groupe de l'armée du général feldmaréclu von Mackensen. Ici également le passage d Bug a été forcé par les troupes coalisées entr Niemierow et Janow. Devant Brest-Litowsk nos troupes ont pénétré dans les positions avan cées de la forteresse près de Rokitne,au sud-es de Janow. A l'est de Wlodawa, nos troupe suivent l'ennemi défait. Sous la pression d notre avance, l'ennemi a également évacué 1 rive est du Bug en aval et en amont de Wlo dawa. Il est paursuivi. Dernière heure.—Un télégramme de vendrec matin, à 8 heures, annonce la chute de Novo georgiewk. 6 généraux et 85,000 hommes or été faits prisonniers, 700 pièces de canon ont ét prises. Communiqué ofliciel autrichien W. T. B. Vienne, 18 août. — Les troupes d Feldmarschalleutnant von Arz, tandis que le forces allemandes s'avançaient le long de 1 rive gauche du Bug, ont refoulé les Russes de deux côtés de la route venant de Biela dans 1 rayon des canons de défense de Brest-Litowsk Le cercle d'enveloppement sur la rive occiden taie est fermé. Dans la région de Janow, l'armé de l'archiduc Joseph-Ferdinand a débarrassé 1 rive sud du Bug d'ennemis. Rien d'important signaler de notre front en Galicie Orientale. Communiqué ofliciel russe W. T. B. St-Pétersbourg, 18 août. — Dan la région de Riga et Jacobstadt, pas de change ment notable. Le 15 et 16 août nous avon: arrêté les tentatives ennemies d'avancer. Ver: Dunaburg des combats acharnés se poursuivent Nous avons arrêté toutes les attaques ennemies mitV.MSUMMWlllll—IIIIBIIII 11—1111111 ■! WJMIIIII'Wr—ir^J s Près de Kowno les combats ont pris un carac-t 1ère extrêmement violent. Le 15 et le 16 août, après une préparation d'artillerie de tout calibre i y compris de canons de 16 ponces, l'ennemi concentra ses efforts pour prendre les forts à la rive gauche du Njemen. Le 16, vers le soir, il réussit à prendre un pelit fort détruit par le bombardement et à pénétrer entre les autresdaps t le secteur occidental. Les combats continuent. f A la rive gauche du Narew supérieur, le 15, nous avons arrêté une série d'attaques (ou-t gueuses allemandes dans la direction de Bielo-stok et Biebsk. L'offensive ennemie continue, à progresser au i Nurzec et au Bug. L'ennemi tente, dans la région de Wlodawa, de s'organiser sur la rive droite du Bug. Violente canonnade dans le secteur de Nowo Georgiewsk. L'ennemi y a placé des canons de . gros calibre. Le 15 août et la nuit suivante, les j troupes allemandes entreprirent une série d'at-s taques principalement contre les ouvrages entre a le Narew et la rive gauche du Wkra. Aux autres 3 fronts, aucun changement. s Dans la mer Noire un de nos sous-marins a s coulé un vapeur turc chargé de houille, à j»— 5 Sur le front italo-autnciîîan i 3 Communiqué oiiiciel autrichien - W. T. B. Vienne, 18j août. — Sur le iront italien on s'est battu violemment hier dans la - région de la côte, pendant qu'un calme relatif s régnait à la frontière de Carinthie, qu'au Tyroî le I feu de l'artillerie lourde de l'ennemi persistait et J qu il s y livrait quelques petits combats d'infan-3 terie. Dans la région de Gûrz nous avons repoussé ' quatre attaques des Italiens contre San Martino. II Devant la tête de pont ae Gôrz calme relatif. Au a contraire un combat violent se déroule à la tête ' de pont de Tolmein. Ici encore quatre attaques à ennemies échouèrent. De même ont échoué s toutes les poussées ennemies conlre nos posi-a tions sur les hauteurs au nord de la tête de pont de Tolmein. ' A la frontière du Tyrol, nous avons repoussé J des attaques italiennes contre le Toblinger Riedel - (Dreizinnengebiet) et contre Milegna (Plateau de > Folgaria). Avec un esprit enthousiaste, fondé sur le souvenir de dures épreuves du feu et des t victoires chèrement achetées, l'armée impériale s célèbre, aujourd'hui, au nord et au sud sur le î champ de bataille, l'anniversaire de naissance de a son commandant en chef. Dans un même esprit, avec une fière confiance, les fils de tous les peuples de l'empire renouvellent le serment de i fidélité qu'en ces douze mois écoulés tant de braves ont scellé de leur sang. ' Le 17 août, le matin tôt, une de nos flottilles a s bombardé pour la troisième fois l'île Pelagosa occupée par les Italiens, pendant que des aviateurs opéraient au-dessus de l'île avec bombes, •> mitrailleuses et fléchettes. A cette occasion le 3 phare, reconstruit depuis le dernier bombarde- 1 ment, fut à nouveau détruit, des baraques et des s tentes furent incendiées, une position d'artillerie 5 démolie, plusieurs dépôts de matériel, des monceaux de matériel élevés sur le rivage et plusieurs bateaux détruits. La garnison s'est tenue à l'abri 2 dans ses tranchées et réduits sous-terrains et ne 1 fit aucune résistance. On n'a pas aperçu d'unitéê i marines ennemies. Communiqué ofliciel italien s W. T. B. Rome, 18 août. — Dans le massif alpin de l'Ortler, entre les vallées élevées de > l'Adda et de l'Etsch, un détachement de nos i troupes parti dans la nuit du 15-16 de la cabane . de Milano a dépassé le Col Camosei (3038 m.) et la Vedretta di Campo. 11 a gravi ensuite le glacier de la pointe « Turckett » à une attitude de 3469 m., où il surprit un détachemen ennemi. Puis notre troupe marcha sur la points Madatsch (3434 in.), en délogea les troupes de la défense et fortifia ensuite Vetta. Dans le Rienz supérieur nouvelle avance' de notre infanterie, qui a occupé le Sattelberg, ; l'ouest de l'Alpe longue. Dans le région du Monte Nero nous avons pris d'assaut quelques tranchées entre la crête Vrsic et la village voisin. Ici. nous avons repoussé une série de contre-attaques ennemies Dans la zone de Tolmein, nous avons commencé l'offensive contre les hauteurs Sant Mari; et Santa Lucia, qui dominent la région sur 1; rive droite de i'ïsonzo. Après une active préparation de l'artillerie, nos fantassins attaquèrent Esi ÂiigjetssTi! Appel au service général Le Times publie un manifeste en faveur di service général. Il est signé par des notabilités de tous les partis. En HoSlande L'industrie textile Cette industrie esl menacée par le défaut de matières premières, notamment les fils de jute De nombreuses fabriques sont déjà arrêtées. En Grèce Le nouveau cabinet Venizélos On annonce d'Athènes, que M. Venizélo; vient d'accepter la mission,qui lui avait été offerte par le roi, de former le nouveau cabinet. En Perse Un Beig-e assassiné La « Frankfurter Zeitung » annonce que le directeur belge de la Banque persane, M. Paquet réorganisateur des finances persanes, a é;e assassiné au cours d'une promenade à Téhéran, Le meurtrier a pu s'enfuir. M. Paquet avail échappé, il y a quelque temps, à une tentative de meurtre. IX H OS Comment faire du bon café ? Un amateur nous donne à ce sujet sa recette.Le Moka est le plus fin.Il gagne à vieilli] en sic, loin de toute odeur. Mélangé ac Bourbon ou au Martinique, il joint la force au parfum. Le faire griller au moment de faire le café, mais on ne peut griller ensemble des qualités différentes qui exigent plus ou moins de temps. Faire le café hors de la cuisine, loin de toute odeur. Ne pas le tasser, si ce n'esl très légèrement. Tenir la cafetière dans un bain d'eau chaude, pour que le café con serve sa chaleur. Enfin et surtout ne jamais laver les ustensiles du café, principalement la cafetière, qu'à l'eau froide passée rapidement. Une cafetière rincée à l'eau chaude perd tout lt parfum accumulé. 11 faut qu'une cafetière, comme une théière soit « culottée », ainsi qu'une pipe. La comparaison est triviale,mais elle dit la raison d'être de ce principe essentiel. Si bon que soit le café, si bien fait qu'il soit, il perdra la moitié de son arôme dans une cafetière « rincée ». La musique tue-cousins 1 La nouvelle nous vient d'Amérique.... IUn savant de Boston aurait découvert que les cousins se font attirer, non seulement par la lumière, mais aussi par les gammes musicales. A la vibration de ces sons ils s'empresseraient de se serrer sur l'instrument qui les produit. Partant de cette constatation, le savant de Boston vient d'inventer un attrape-cousin musical. Cet instrument, en forme de diapason, émet des sons quand on y touche légèrement; il est également traversé à la surface par un coulant électrique qui tue les cousins attirés par les sons séducteurs. A Grarnmoni L'Œuvre de la soupe populaire, institution neutre de bienfaisance établie dans le local du Cercle libéral, vient de publier un rapport sur ses travaux au cours des 31 premières semaines. L'œuvre est constituée par des personnes qui se sont engagées à opérer toutes les semaines un versement de 1 à 5 francs. Elles reçoivent un certain nombre de bons pour un demi litre de soupe, dont elles disposent librement en faveur des familles dans le besoin. La distribution de la soupe se fait sans que jamais on se préoccupe des opinions philosophiques ou politiques des nécessiteux. Durant les 31 premières semaines, les dépenses se sont élevées à fr. 15.004,03, dont fr. 4575 ont été couverts par un subside du Comité hispano-américain et le reste par les souscriptions des membres et par des dons divers. L'Administra-lion communale et le Bureau de bienfaisance ne sont pas intervenus. L'œuvre distribue journellement plus de mille portions de soupe. En moyenne elle a secouru par jour 513 ménages, composés de 2260 personnes' ou par semaine 3591 ménages, comprenant 15,820 personnes, à qui ont été distribuées 7,000 portions de soupe. Quoique le prix de la viande ait augmenté sensiblement, ainsi que celui des autres aliments, et malgré une certaine diminution du produit des souscriptions, la soupe fournie est restée un aliment complet et la quantité n'a pas été réduite. Le Comité adresse ses remerciements à tous ceux qui lui ont permis de distribuer environ 203,160 portions de soupe et fait appel à leur concours pour maintenir et étendre les bienfaits de l'œuvre. Dans ie Hainaut Pour les invalides de la guerre Les écoles professionnelles du Hainaut vont s'occuper, de façon très active, de l'admission des invalides de la guerre à leurs cours professionnels. Le nombre des invalides est relativement considérable dans la province et le problème qui se pose est assez complexe, car c'est surtout dans les écoles professionnelles possédant des cours-ateliers à côté des cours techniques qu'il faut placer ces intéressants élèves nouveaux. La question a déjà été examinée à l'Ecole des estropiés de Charleroi, qui se propose d'ouvrir pour eux de nouveaux ateliers du fer et du bois, en plus des ateliers de vannerie, reliure, cordonnerie, brosserie, etc., déjà en activité. Rien que dans les communes voisines de Charleroi, il y a déjà plus de cent invalides de la guerre ! La question sera examinée très prochainement à l'Ecole provinciale des arts et métiers de Saint-Guislain. 11 existe là assez de cours spéciaux avec ateliers pour qu'on puisse éventuellement admettre nombre d'invalides. liftpunique Gantoise LA GRLVE des tisserands gantois est terminée, 1 autorité allemande ayant supprime les causes qui avaient déterminé les ■ ~ "" i riTMi-irtn... ramiraTir-riH il ■ s.h»rT..'v.7rirr...f ■ Feuilleton du Journal de Gand 72 Le Comte DE Monte-Cristo PAR ALEXANDRE DUMAS Edmond sentait trembler la roche sous «quelle il s'abritait; les vagues, se brisant contre la base de la gigantesque pyramide, faillissaient jusqu'à lui; tout en sûreté Ju il était, il était au milieu de ce bruit profond, au milieu de ces éblouissements fui-SUrants, pris d'une espèce de vertige; il lui ^mblait que l'île tremblait sous lui, et d'un [Moment à l'autre allait, comme un vaisseau a| ancre, briser son câble, et l'entraîner au milieu de l'immense tourbillon. 11 se rappela alors que depuis vingt-qua-|re heures il n'avait pas mangé; il avait faim, il avait soif. Dantès étendit les mains et la tête, et but ' eau de la tempête dans le creux d'un rocher. Comme il se relevait ,un éclair qui semblait ouvrir le ciel jusqu'au pied du trône éblouissant de Dieu illumina l'espace; à la lueur de cet éclair,entre l'île de Lemaire et le cap Croisille, à un quart de lieue de lui, Dantès vit apparaître comme un spectre glissant du haut d'une vague dans un abîme, un petit bâtiment pêcheur emporté à la fois par l'orage et par le flot; une seconde après, à la cime d'une autre vague, le fantôme reparut, s'approchant avec une effroyable rapidité. Dantès voulut crier, chercha quelque lambeau de linge à agiter en l'air pour leur faire voir qu'ils se perdaient, mais ils le voyaient bien eux-mêmes. A la lueur d'un autre éclair, le jeune homme vit quatre hommes cramponnés aux mâts et aux étais; un cinquième se tenait à la barre du gouvernail brisé. Ces hommes qu il voyait le virent aussi sans doute, car des cris désespérés, emportés par la rafale sifflante, arrivèrent à son oreille. Au-dessus du mât, tordu comme un roseau, claquait en l'air, à coups précipités, une voile en lambeaux; tout à coup les liens qui la retenaient encore se rompirent, et elle disparut, emportée dans les sombres profondeurs du ciel, pareille à ces grands oiseaux blancs qui se dessinent sur les nuages noirs. En même temps un craquement effrayant se fît entendre, des cris d'agonie arrivèrer jusqu à Dantès. Cromponné comme u sphinx à son rocher, d'où il plongeait su l'abîme ,un nouvel éclair lui montra le pet bâtiment brisé, et parmi les débris des tête aux visages désespérés, des bras étendu vers le ciel. Puis tout, rentra dans la nuit, le terribl spectacle avait eu la durée de l'éclair. Dantès se précipita sur la pente glissant des rochers, au risque de rouler lui-mêm dans la mer; il regarda, il écouta, mais i n'entendit et ne vit plus rien; plus de cris plus d'efforts humains; la tempête seule cette grande chose de Dieu, continuait r1 rugir avec les vents et d'écumer avec le flots. Peu à peu le vent s'abattit; le ciel roui; vers l'occident de gros nuages gris et pou ainsi dire déteints par l'orage; l'azur repa rut avec les étoiles plus scintillantes que ja mais : bientôt, vers l'est, une longue band< rougeâtre dessina à l'horizon des ondu lations d'un bleu noir; les flots bondi rent, une subite lueur courut sur leurs cime: et changea leurs cimes écumeuses en cri nières d'or. C'était le jour. Dantès resta immobile et muet devant c( J grand spectacle, comme s'il le voyait pou t la première fois; en effet, depuis le temps n qu'il était au château d'If, il l'avait oublié, r 11 se retourna vers la forteresse, interrogeanl t à la fois d'un long regard circulaire la terre s et la mer. s Le sombre bâtiment sortait du sein des vagues avec cette imposante majesté des 5 choses immobiles, qui semblent à la fois surveiller et commander. s II pouvait être cinq heures du matin; la 2 mer continuait de se calmer, ! — Dans deux ou trois heures, se dit Edmond, le porte-clefs va entrer dans ma chambre, trouvera' le cadavre de mon pauvre ami, le reconnaîtra, me cherchera vai- 3 nement et donnera 1 alarme. Alors on trouvera le trou, la galerie; on interrogea ces \ hommes qui m'ont lancé à la mer et qi?i ont r dû entendre le cri que j'ai poussé, A.usitôt des barques remplies de soldats armés - courront après le malheureux fugitif, qu'on î sait bien ne pas être loin. Le canon avertira - toute la côte qu'il ne faut point donner asile - à un homme qu'on rencontrera errant, nu et î affamé. Les espions et les alguazils de Marseille seront avertis et battront la côte tandis que le gouverneur du château d 11 fera battre la mer. Alors traqué sur l'eau, cerné sur - la terre, que deviendrai-je ? J'ai faim, j'ai froid, j'ai lâché jusqu'au contenu sauveur ; qui me gênait pour nager; je Suis à la merci au premier paysan qui voudra gagner vingt francs en me livrant; je n'ai plué ni force, ni idée, ni résolution, O mon Dieu ! mon Dieu ! voyez si j'ai assez souffert, et si vous pouvez faire pour moi plus que je ne puis faire moi-même. Au moment où Edmond, dans une espèce de délire occasionné par l'épuisement de sa force et le vide de son cerveau prononçait, anxieusement tourné vers le château d If, cette prière ardente, il vit apparaître à la pointe de l'île de Pomègue, dessinant sa voile latine à l'horizon, et pareille à une mouette qui vole en rasant le flot, un petit bâtiment que l'œil d'un marin pouvait seul reconnaître pour une tartane génoise sur la la ligne encore à demi obscure de la mer. Elle venait du port de Marseille et gagnait de large en poussant l'écume étincelante devant la proue aiguë qui ouvrait une route plus facile à ses flancs rebondis. — Oh! s'écria Edmond, dire que dans une demi-heure j'aurais rejoint ce navire, si je ne craignais pas d'être questionné, reconnu pour un fugitif et reconduit à Marseille ! Que faire ? que dire ? quelle fable inventer dor*i*i)s puissent être la dupe ? (A cuivre).

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Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

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