Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 18 Juin. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/cv4bp01d72/
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Vendredi 18 juin 1915 Sp centimes le numéro 59rne année — JNU 169 JOURNAL DE GAND I ABONNEMENTS : BELGIQUE : H fr. par ail ; \ fr. pour six mois ; S fr. pou^ trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, RXJ'iD ODE FLA N lRE, 3, GANi TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. Avis officiels allemands AVIS Par ordre de Son Excellence M. l'Inspecte ■ de l'Etape, je porte à in connaissance des co I iiuines ce qui suit : i » L'atti.ude de quelques fabriques qui, so ■ prétexte de patriotisme et en s'appuyant sur I Convention de La Haye, ont refusé de travi H |er poùr l'armée allemande, prouve que, par I |a population, il y a des tendances ayant po I but Je susciter des difficultés :'i l'administi 1^™ non Je l'armée allemande. A ce propos je fais savoir que je réprin mi par tous les moyens à ma disposition, pareilles menées qui ne peuvent que trouh! |.. bon accord existant jusqu'ici entre l'Admin [ration de l'armée et la population. « |e rends responsables, en premier lieu, I ■ autorités communales de l'extension de pare I les tendances, et je fais remarquer que la pou ■ lion elle-même sera cause que les libertés ; ■ cordées jusqu'ici de la façon la plus large I I seront enlevées et remplacées par des mesur ■ rsstriciives rendues nécessaires par sa prop I faute. » Lieutenant-général, (sig.) Graf von Westarp. ! Gand, le 10 juin 1915. . Le Commandant de l'Etape. EXECUTIONS L'autorité allemande a arrêté en Belgique 1 I p;rsonnes accusées d'avoir fait parvenir ai I armées de l'Entente des renseignements sur l I mouvements des troupes militaires en Belf ■ ' Le Conseil de guerre allemand siégeant I Liège a prononcé la peine de mort contre 1 I des accusés : les 6 autres_ ont été condamn: ■ des peines formant un total de 77 ans. Le 7 juin, huit des condamnés à mort ont é [ Quant aux trois autres,l'exécution de la peii ■ est suspendue jusqu'à décision sur le recou I Voici les noms de ceux qui ont été exécuti ■ Louise Frenay. née Derache, marchande, c I Jean-Victor Bourseaux, marchand, de Liégi [ Julé5"Deseheutter. marchand, de Liers; I Pierre Pfeiffer, ouvrier, de Haut-Pré; I Oscar Lelarge. employé de chemin de fer, c H Statte (Huy); Justin Lenders, installateur, de Liège; François Barthélémi, marchand, de Griv I Charles Simon, dessinateur, de Namur. LA GUERRE Sur le front occidental Communiqué ofliciel allemand WTB. Berlin 16 juin. — Excités par de noi velles défaites russes, les Français et les Angla nous ont attaqués sur plusieurs points avec d grandes forces. Les Anglais ont fait reculer u peu nos positions à l'étang de Bellewaerde, l'est d'Ypres. Le combat continue. Les attaque de quatre divisions anglaises entre la roui Estaires-La Bassée et le Canal de La Basse ont été complètement refoulées. Nos vaillanl régiments westphaliens et une division de I garde repoussèrent leurs derniers efforts. Butin ; plusieurs mitrailleuses et lance-bon bes. Près de Moulins, le combat continue. Le tentatives en vue (le briser nos lignes dans le Vosges, entre la Fecht et la Lauch, échouèren Le combat ne continue plus qu'au nord-oue; île Metzeral et près du Hilsenfirst. ——— Communiqués officiels français Paris, 14 juin (15 heures). — Rien d'impôt ur tant à ajouter au communiqué d'hier soir. Le troupes belges ont détruit un blockhaus ennerr aux abords du château de Dixmude. us Dans le secteur au Nord d'Arras, plusieur la actions d'infanterie se sont engagées en fin d il- journée ; l'une nous a rendus maîtres d'un ou ni vrage allemand à l'Est de Lorette, l'autre nou ur a fait perdre, sous un violent bombardement, un partie des tranchées conquises dans l'après-mic au Nord de la sucrerie de Souchez. ^ Sur le restant du front, rien de nouveau. er Paris, 14 juin (23 heures). — Dans le secleu is- au Nord d'Arras, nous avons repoussé, dans 1 nuit de dimanche à lundi, plusieurs attaques con es tre nos tranchées de la route Aix-Noulette-Sou il- chez, consolidé les positions conquises par nou a-, à l'Est de Lorette,gagné à droite de ces position c_ 150 mètres environ et progressé dans la partb U1 Sud-Est du « Labyrinthe ». La lutte d'artillerii a été dans ce secteur à peu près continuelle. rc Au Sud-Est de Hébuterne, nous avons arrêté par un tir de barrage, une attaque contre no tranchées de la route de Serre à Mailly-Maillet Dans la région de la ferme Quennevières, nou avons légèrement progressé dans les boyaux e dans les sapes ; la lutte d'artillerie a été toute 1; journée assez vive. _ En Lorraine, nous avons porté nos lignes ei JX avant dans la région d'Ambermenil et de 1; ,s forêt de Parroy. à Sur le front oriental ;s Communiqué ofliciel allemand W.T.B. Berlin 16 juin. — Les attaques russe; ;é contre les positions allemandes échouèreni dan; le secteur de la Dwina,au sud-est de Mariampol 'e Notre poussée sur le front Ripowo-Kalwarj; "s nous a fait gagner de nouveau du terrain. Plu sieurs villages ont été pris ainsi que 2040 prison :s niers et 13 mitrailleuses. Au nord de la Vistule supérieure, nos troupe: ont repoussé les attaques russes contre le' ,. positions que nous avons conquises le 19. Les armées russes battues ont tenté hier sui tout le front entre le San,, au nord de Sieniawa ie et les marais de la Dniester, d'arrêter la poursuit! des alliés. Le soir ils lurent chassés partout d( leurs positions, près de Kiepliece, au sud-est d( Lubaszow-Zawadowka. L'ennemi est poursuivi par l'armée Macken sen, qui a capturé depuis le 12 plus de 40,00( prisonniers et pris 69 mitrailleuses. Entre les marais de la Dniester et Zurawnc les Russes ont gagné quelque terrain. La situa tion générale dans cette région reste inchangée Communiqué ofliciel autrichien i- Vienne, 16 juin. — Par l'attaque des armée; s coalisées de violents combats se son; dévelop e pés sur tout le Iront de la Galicie. Les troupe; n de l'armée de l'Archiduc Joseph Ferdinand ^ après la prise de Sieniawa, à la rive Est du San avancent dans la direction du Nord et du Nord Est. Le château et la métairie de Piskorowice ont été pris d'assaut hier e; nous avons fait de e nombreux prisonniers .Dans des combats achar-s nés, l'armée du lieutenant-général von Macken-a sen avance des deux côiés de Krakowice vers Oleszyce. En connexion les troupes du générai Boehm F.rmolli attaquent les Russes à l'Est ei au Sud-Est de Mosziska, où de nouvelles posi s lions ennemies couvrent la direction vers Gro-s dek. Au Sud du Dnjetr supérieur, des forces con-t sidérables russes détiennent les tètes de pont de Mikolajow, Zydaczow et Kalicz" contre les ■ M—MM—Mi I .Y»' •— •WVV. ' troupes coalisées progressantes de l'armée de Linsingen, tandis que, en aval, les troupes du général Pflanzer-Paltiu se trouvent devant Niz-s niaw et Czernetica e; maintiennent la ville prise 1 de Zalesczyki contre toutes les attaques russes. Des parties de cette armée ont de nouveau s obligé les forces russes se trouvant dans la Bes-» sarahie, entre le Dny. tr et le Pruth, à se reti rer et les refoulèrent vers Chotin et le long du s I .-uth. Le nombre d prisonniers amenés de-a puis le 12 juin dans les combats de Galicie a j augmenté hier encore de quelques milliers. Communiqués officiels russes Pétrograde, 15 juin. — Sur la Windau, nous avons refoulé, au cours du 13 juin, des tentatives répétées de l'ennemi de passer le fleuve avec des forces de combat considérables dans la région de Liazkow. En même temps nous avons arrêté l'offensive de forces ennemies qui avaient traversé la Waidau en aval de la localité susnommée. Le combat pour la possession de la position à Schavlen perdure avec succès changeant. La ville de Schavlen est bombardée par l'artillerie ' lourde. 5 Sur le front sur le Njemen et la Narew ainsi que sur la rive gauche de la Vistule, l'adversaire s n'a pas continué à développerses attaques entre-' prises. Lors d'une contre-attaque énergique, 1 notre infanterie s'est emparée le 13 juin, au Nord de Prasnicz, de presque toutes les tranchées qui i nous avaient été enlevées la veille par l'ennemi, i En Galicie, un combat acharné s'est prononcé au cours des 12 et 13 juin sur tout le front de , Piskorowice, situé sur le San, jusqu'à Moscisca. L'ennemi a réalisé une attaque en colonnes compactes sur le front le long de la Lubaczowka, qu'il a réussi à passer à son cours inférieur, ainsi qu'entre Lubazowka et Wiszina, où il a enlevé > le village de Tuchla. ' Sur le Dniester, l'ennemi attaqua avec opiniâtreté, pendant la nuit du 13 au 14 et pendant le 1 jour suivant, la tête du pont sur la rive gauche du Dniester. Pétrograde, 14 juin. — Dans la direction d'Olti, nos troupes ont repoussé le 12 juin une tentative des Turcs d'attaquer Iscqkhan. Dans ; les vallées du Sewritscnai et de l'OUischai," les Turcs ont pris à plusieurs reprises l'offensive contre nos troupes; toutes leurs attaques furent toutefois vaines. Le 11 juin, nos troupes ont occupé la localité d'Akhlat. Sur le front iîaio-autrichien Communiqué ofliciel autrichien De nouvelltes tentatives des Laliens d'arriver jusqu'à nos positions près de Tolmein et Plava sont res;ées sans résultat. Hier, le calme a régné dans des sections isolées du front de' l'Isonzo. La demande faite par un parlementaire autrichien de cesser le feu afin de permettre l'enterrement des tués a é;é refusée pour des raisons militaires. A la frontière de la Carinthie, la Landsturm de la Styrie a pris d'assaut Ki Pal, à l'Est du défilé de Plocken, et repoussé trois contre-atta-ques de l'ennemi contre cette . montagne de frontière. Dans territoire du Tyrol, l'adversaire s'avance vers nos positions et entretient un feu d'artillerie inefficace. Sur un point de frontière, un poste de gendarmes obligea une compagnie italienne à la retraite sans subir lui-même des pertes et il fit 58 Italiens prisonniers. Aux Dardanelles Communiqué officiel turc - Co.istantinople, 15 juin. 1— Sur le front des Dardanelles, notre artillerie, é.ablie en face d'Ari Burnu, a détruit le matin du 13 juin la position que l'ennemi avait récemment créi pour ses lance-mines, ainsi que ses positio; pour ses mitrailleuses. Par ce feu efficace < noire artillerie, un incendie éclata derrière 1 tranchées ennemies, incendie qui dura tu demie-heure. Dans la nuit du 13 au 14 jui une de nos petites patrouilles de reconnaissani pénétra dans les tranchées ennemies de Sed ul-Bahr et y prit une mitrailleuse avec accessc res, 15 fusils avec baïonnettes et une quanti de cartouches. Un de nos avia.eurs survola hier avec succi les iies d'imbros et de Lemnos et jeta des bor bes sur un camp ennemi à Lemnos. Nos batteries de la côte ont bombardé hi< les positions de l'artillerie ennemie près i Sedd-ul-Bahr, ainsi que le gite des navire transports de l'ennemi. L'ennemi, qui est pre que journellement exposé au feu efficace de n. batteries, fi. monter hier un aviateur au-dessi de celles-ci; celui-ci jeta 7 bombes sans obten aucun résultat. S » e En mer Copenhague, 13 juin. — Le vapeur dano « Absalon », faisant route de New-York à C pen'nague avec 12,000 tonnes d'huile, a é amené, hier, par les Anglais. Le navire sei retenu jusqu'à ce que les Anglais se seront a surés que le chargement est destiné exclusiv ment à des consommateurs danois. Stockholm, 14 jui n. — Le capitaine du v peur suédois » Vidar » annonce que, pendai son séjour à Kirkwall, un vapeur hollandais débarqué l'équipage d'un grand vapeur de iigne Wilson. Les communiqués officiels r lont aucune mention de cette perte. ECHOS La recherche des projectiles A l'Académie de médecine de Paris il a é' présenté, au nom d'un ingenieur éleciricien c Cannes, un nouvel appareil tort intéressant de tiné à la recherche et à la localisation précù des projectiies égarés dans la profondeur d< ■tissu?. —« « —>— L'appareil, qui dérive de l'instrument bie connu des physiciens sous le nom de balani de Hughes, permet d'effectuer les recherche jusqu'à dix centimètres et plus de profondei et avec une précision absolue, si bien que l'en ploi s'indique chaque fois que la radiograph n'a donné que des renseignements nuls ou ii complets. Tous les essais qui en ont été faits jusqu'i par divers chirurgiens ont donné les résulta les plus satisfaisants. Une opinion intéressante sur les épidémie M. Legroux, de l'Institut Pasteur, a fait, à u rédacteur de l'Information, la rassurante décl; ration suivante : La décomposition des cadavres, même à l'a libre, ne présente aucun danger réel pour 1 santé des soldats, non plus que pour la sant publique en général. Les microbes pathogène sont détruits, par suite de la concurrence vi aie par ceux qui se développent au cours de 1 décomposition. Les essaims de mouches, qt tourbillonnent au-dessus des cadavres, n'appoi lent pas de microbes pathogènes. Ceux-ci sor incontestablement plus nombreux sur n'import quel sol ordinaire. — La décomposition de nombreux cadavre est donc incapable de provoquer une épidémie a demandé le rédacteur. — Absolument incapable, puisque, au lieu d favoriser le développement des microbes patho gènes, elle tend à détiuire ceux qui existaien chez l'individu vivant. Le choléra, la peste, etc. ont un tout autre mode de développement. fe Pansements transparents en celluloïd ls Le médecin allemand Heusner a fait des este sais nombreux avec des pansements de ceilu-:s loïd, qui auraient bien réussi, assure-t-on dans le la « Deuische Medizinische Wochenschrilt ». La guérison serait accélérée par ce procédé irès :e simple. -1" Voici en quoi il consiste : On place sur la "" blessure bien nettoyée une feuille de celluloïd k' transparente, de telle sor.e que la feuille s'étende à peu près à trois centimètres au delà -s des bords de la plaie. La partie qui environne la n" blessure est enduite d'une matière collante quelconque. On enveloppe ensuite le tout d'un ■' bandage. Le plus grand avantage de ce traite-'e ment consisterait en ceci que l'on n'aurait qu'à s" ôter le bandage pour se rendre compte de l'état s" de cicatrisation, sans toucher à la blessure elle-,s même. is ;r Goya en musique La vie du célèbre peintre espagnol Goya, a ^ fourni à l'écrivain espagnol Periquet la matière d'un livret, dont la partition est due à un compositeur également espagnol,Enrique Granados. is La « première » de cet opéra, intitulé « Goyes-y cas », aura lieu au Metropolitan Opéra House :e de New-York. Cet événement offre un intérêt ■a particulier, car ce sera la première fois, depuis s- la guerre américano-espagnole, il y a 17 ans, ;- qu'une œuvre espagnole sera représentée aux Etats-Unis. 1 Au Portugal Résultat des élections Lisbonne, 14 juin. — (Havas). — Les résultats des élections assurent la majorité aux démocrates. Le calme est complet. Au Mexique La Haye, 15 juin. — On mande de Washington au « Daily News » ; cc Le Président Wilson a atteint un résultat e complet avec son ultimatum aux partis mexi-e cains. Les leaders principaux. Villa et Carran-s- za, ont fait des déclarations où ils se disent e prêts à faire des démarches pour éviter l'effu-lt, sien de sang et pour arriver à une entente. De cette, façon l'intervention des Etats-Unis n n'a plus de raison d'être. ». A Malines î Le 12 juin, le gouverneur général a fait savoir e par une proclamation qu'un nombre suffisant ^ d'ouvriers s'étant remis au travail à l'Arsenal, les mesures prises contre la ville de Malines ;l étaient rapportées. _A_ Don ri e m en t ~ Les personnes qui prendront un abonne-n ment au Journal de Gand pour le trimestre i- prochain recevront le journal gratuitement jusqu'au 1er juillet. 1 Prix de l'abonnement par trimestre, a payable par anticipation ; é DEUX FRANCS. à Chronique Gantoise ii UNE RÉUNION de brasseurs des deux Flandres a eu lieu mardi après-midi au Grand Hôtel, 1 boulevard Zoologique. L'assistance, qui était e nombreuse, a reçu communication d'un projet d'envoi d'importantes quantités de malt, de s Californie, à un prix avantageux ? Mais les expéditeurs ne peuvent garantir la date de livraison de la marchandise et l'envoi s doit se faire aux risques des destinataires. Les brasseurs ont jusque vendredi pour se t décider. , ' POUR le Comité provincial de secours et d'alimentation Mad. E. H. et A. S. 6 frs. ■ Feuilleton du Journal de Gand 19 Le Comte De MONTE- CRISTO PAR ALEXANDRE DUMAS Cetie forme étrange, cette prison autour de laquelle régne une si profonde terreur, cette forteresse qui fait vivre depuis trois cents ans Marseille de ses lugubres traditions, apparaissant ainsi tout à coup à Dantès qui ne songeait Point à elle, lui fit l'effet que fait au condamné à mort l'aspect de l'échafaud. ■— Ah I mon Dieu ! s'écria-t-il, le château dit! Et qu'allons-nous faire là? Le gendarme sourit. — Mais on ne me mène pas là pour être emprisonné ? continua Dantès. Le château d'If est une prison d'Etat, destinée seulement aux grands coupables politiques. Je n'ai commis aucun crime. Est-ce qu'il y a des juges d'instruction, des magistrats quelconques au château d'If? —- Il n'y a, je suppose, dit le gendarme qu'un gouverneur, des géôliers, une garnison e de bons murs. Allons, allons, l'ami, ne faite; .pas tant l'étonné; car, en vérité, vous me farie; croire que vous reconnaissez ma complaisancs en vous moquant de moi. Dantès serra la main du gendarme à la lu briser. — Vous prétendez donc, dit-il, que l'on m< conduit au château d'If pour m'y emprisonner: — C'est probable, dit le gendarme; mais er tout cas, camarade, il est inutile de me serrei si fort. — Sans autre information, sans autre forma lité? demanda le jeune homme. — Les formalités sont remplies, l'information est faite. — Ainsi, malgré la promesse de M. de Ville-fort?...— Je ne sais si M. de Villefort vous a fai une promesse, dit le gendarme, mais ce que jt sais, c'est que nuos allons au château d'If. Ef bien! que faites-vous donc? Holà! camarades à moi ! Par un mouvement prompt comme l'éclair, qui cependant avait été prévu par l'œil exercc du gendarme, Dantès avait voulu s'élancer à h mer; mais quatre poignets vigoureux le retinrent au moment où ses pieds quittaient le plan-J cher du bateau. Il .retomba au fond de la barque en hurlant de rage. • i ■■— Bon ! s'écria le gendarme en lui mettant : un genou sur sa poitrine, bon! voilà comme ; vous tenez votre parole de marin. Fiez-vous donc aux gens doucereux ! Eh bien maintenant, mon cher ami, faites un mouvement, un seul, et je vous loge une balle dans la tête. J'ai manqué à ma première consigne, mais, je vous en réponds, je ne manquerai pas à la seconde. Et il abaissa effectivement sa carabine vers Dantès, qui sentit s'appuyer le bout du canon contre sa tempe. Un instant il eut l'idée de faire ce mouvement défendu et d'en finir ainsi violemment avec le malheur inattendu qui s'était abattu sur lui et l'avait pris tout à coup dans ses serres de vautour. Mais, justement parce que ce malheur était inattendu, Dantès songea qu'il ne pouvait être durable; puis les promesses de M. de Villefort lui revinrent à l'esprit; puis, s'il faut le dire enfin, cette mort au fond d'un bateau, venant de la main d'un gendarme, lui apparut laide et nue. Il retomba donc sur le plancher de la barque en poussant un hurlement de rage et en se rongeant les mains avec fureur. Presque au -même instant un choc violent ébranla le canot. On des bateliers sauta sur le roc que la proue de la petite barque venait de toucher, une corde grinça en se déroulant autour d'une poulie, et Dantès comprit qu'on était arrivé et qu'on amarrait l'esquif. En effet, ses gardiens, qui le tenaient à la fois par les bras et par le collet de son habit, le forcèrent de se relever, le contraignirent à descendre à lerre, et le traînèrent vers les degrés qui montent à la porte de la citadelle, tandis que l'exempt, armé d'un mousqueton à baïonnette, le suivait par derrière. Dantès, au reste, ne fit point une résistance inutile; sa lenteur venait plutôt d'inertie que d'opposition; il était étourdi et chancelant comme un homme ivre. Il vit de nouveau des soldats qui s'échelonnaient sur le talus rapide, il sentit des escaliers qui le forçaient de levei les pieds, il s'aperçut qu'il passait sous une porte et que cette porte se refermait derrière lui', mais tout cela machinalement, comme à travers un brouillard, sans rien distinguer de positif. Il ne voyait même plus la mer, cette immense douleur des prisonniers, qui regardent l'espace avec le sentiment terrible qu'ils sont impuissants à le franchir. Il y eut une halte d'un moment pendant 'a-quelle il essaya de recueillir ses esprits. 11 r garda autour de lui ; il était dans une cour carrée, formée par quatre hautes murailles; on entendait le pas lent et régulier des sentinelles; et chaque fois qu'elles passaient devant deux ou trois reflets que projetait sur les murailles la lueur de deux ou trois lumières qui brillaient dans l'intérieur du château, on voyait scintiller le canon de leurs fusils. On attendit là dix minutes à peu près; certains que Dantès ne pouvait plus fuir, les gendarmes l'avaient lâché. On semblait attendre d;s ordres; ces ordres arrivèrent. Où est le prisonnier? demanda une voix. — Le voici, répondirent les gendarmes. — Qu'il me suive, je vais le conduire à son logement. — Allez, dirent les gendarmes en poussant Dantès. Le prisonnier suivit son conducteur, qui le conduisit effectivement dans une salle presque souterraine, dont les murailles nues et suantes semblaient imprégnées d'une vapeur de larmes. Une espèce de lampion posé sur un escabeau, et dont la mèche nageait dans une graisse fétide, illuminait les parois lustrées de cet affreux séjour, et montrait à Dantès son conducteur, espèce de geôlier subalterne, mal vêtu et de basse mine. (A suivre)

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Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

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