Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 23 Decembre. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 25 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/c824b31h5z/
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Jeudi 23 décembre £5> centimes le numéro 59me année no 3»7 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : H fr. par an ; \ fr. pour six mois ; S fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : GAND — 3, RUE DE FLANDRE, 3 — GAND TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au b«s "de la dernière page du journal. LA GUERRE Sur le front occidental Communiqué officiel allemuii- Berlin, 21 décembre. (Communiqué de midi.) — A l'ouest de Huiluck, un détachement allemand a occupé une sape anglaise el repoussé une eonire-a.taque nocturne. Véhéments duels d'artillerie en beaucoup d'endroits du front. Pas d'événements intéressants. Communiqué officiel français Paris, 21 décembre. Rapport de lundi après-midi. Un Artois, comDats de bomDes au nord du Bois-en-Hache. Lutte d'artillerie dans le voisinage de Fay, entre Somme et Oise. Une batterie. ennemie fut reduiie au silence à St-Leccade, au sud de Moulin-sous-Couvènt. Nous avons abandonné,dans la soirée d'hier, les petits postes que nous avions pris par un coup de main, le 15 décembre, au sud-est de Bailly. Au hameau Mortmare en Wœvre et au Ëois-le-Prètïé, nos batteries ont bombardé les tranchées ennemies de' communication. Kappoi t uu soir. — urande activité uc 1 ai ilm'.c eii Artois, uans les efivuuns uc Loos,- ei niG..io Aanae pie;, ue oany ou rc-u a.iciicinent ue oivcncny et Qe ia rua.e vers Lille. Le ieu de nos canons et de nos engins de tranenées tui Uirigé sur oes ton,ricanons allemandes' près Oe Baniy ; il y provoqua des explosions. nn Cnampagne nous avons canônné et dispersé une troupe ennemie au nord dAuberive. lin Argonne bombardement des tranchées allemandes de La Fille Morte. Près de Courte-Chaussée nous avons tait exploser un dépôt de muniiions. Feu actif d arnllerie au nameau Lainorville au nord-est de St-Mihiel. 11 détruisit les tranchées ennemies sur différents points ainsi qu'un blockhaus. Une escadrille d'avions jeta des bombes sur Mulhouse. Communiqué officiel belge Le Havre, 21 décembre. — La nuir passée ei la journée d'aujourd'hui furent marquées parade violents combats d'artillerie. Nos batteries bombardèrent efficacement les postes de Dentern et le camp ennemi d'Eessen. L'ennemi répondit en tirant sur des rassemblements de troupes derrière nos lignes. Sur le front oriental Communiqué officie! allemand Berlin, 21 décembre. — Dans la nuit du j9 au 20 décembre un détacnenient d'avant-garde russe, qui avait occupé la fermé de Dekschi (au sud-ouest et tout près de VVid-sy), située à proximité de notre ligne de front, en a été chassé hier. Des forces ennemies, envoyées en . reconnaissance, ont été repoussées au sud du lac Vigonowski et près de Kosciuchnovka (au nord-ouest de Czartorysk). Communiqué officiel autrichien Vienne, 21 décembre.— Un détachement d'éclaireurs russes a été dispersé près de Ravalonka sur le Styr, Communiqué officiel russe St-Péiersbourg. 21 décembre. — Rencontres sans importance, dans les environs de la ville de Widsy. L'ennemi fit exploser deux mines devant nos tranchées à Drobro-r.owce (17 kilomètres au sud-est de Zalesz-czikyj. Il ne parvint pas à en occuper les • entonnoirs. Sur le front des Balkans Communiqué officiel allemand Berlin, 21 décembre. — La situation générale n'a pas changé. Communiqué officiel autrichien Vienne, 21 décembre. — La poursuite des Monténégrins nous a fait prendre d'assaut hier les positions ennemies au nord de Bérane. Nos troupes amenèrent environ 600 prisonniers pendant les deux derniers jours. Offensive turque sur Gailipoli Ccnstaminopie^ 21 décem. — L Agence Wclft annonce: Depuis hier, un furieux co.Ttba; s'est engagé sur tout le front. Nos troupes ont commencé l'attaque générale à Anaforta et à Ari-Burnu. L'ennemi, pour riposler aux attaques, prononça une con-ire-attaque à Sedd-ul-Bahr, qui a été repoussée par nos troupes avec des pertes excessives pour l'ennemi. Nos troupes ont enlevé des points d'appui ennemis importants à Anaforta et à Ari-Burnu. La retraite des Anglais de la baie de Suvla Londres, 21 décembre. — La communication de la retraite heureuse des troupes anglaises de la baie de Suvla et de la zone d'Anzac et de leur transport sur un autre théâtre de la guerre, a été accueillie avec approbation. Asquith déclara que la retraite a eu lieu à la suite d'une décision prise il y a quelque temps par le Cabinet. Sur le front itaio-autrichien Communiqué officiel autrichien Vienne, ,21 décembre. — Les combats d'artiller.e continuent au front tyrolien. Deux compagnies italiennes, qui essayaient d'avancer pendant la nuit contre le mont San Michele, furent balayées. Communiqué officiel italien Rome, 20 décembre. — Les troupes principales ennemies, soutenues par un feu violent d'artillerie, attaquèrent le 18 déeem-cre nos positions du mont Gocca, au nord du lac Ledro. Elles furent repoussées. Des détachements ennemis qui tentèrent de nous surprendre, dans le voisinage de Milegrobe, subirent le même sort. Comba.s d'artillerie sur l'autre front. Le Japon et ia Chine D après des informations cte Londres, le coup d'Etat chinois et la lutte de la Chine en faveur de l'empire ont décidé le Japon à une action plus étendue. Le gouvernement japonais a demandé des explications à la Chine. Une division de la flotte japonaise serait partie pour le port de PekeLer où elle attendra la rénonse à la not<* nui a été Abonnemeus L?s personnes qui prendront un abonnement au Journal de Gand pour le trimestre prochain le recevront à'partir d'aujourd'hui. Le prix d'abonnement, payable par anticipation, est fixé à DEUX FRANCS par trimestre Chronique Gantoise REQUISITIONS. — Par ordre de M. le Commandant de l'Etape, le Bourgmestre porte à la connaissancedes intéressésque les reconnaissances de réquisitions pour vivres et fourrages de la période s'étendant jusqu'au 14 décembre 1915 inclus, et celles pour nourriture allant jusqu'à la même date ou jusqu'au 2i> décembre, devront être soumises, par les fournisseurs, à l'approbation de la commandature, sans retard et au plus tard jusqu'au 23 décembre 1915, pour autant que la chose n'ai pas été faite. Les reconnaissances de réquisition produites après ce délai ne seront plus payées par la Zalils-telle fur Beitreibungeri. Garni, le 21 décembre 1915. Le Bourgmestre, E. Braun. A L'ESTIMABLE PUBLIC GANTOIS. — L'Administration de la Société Anonyme Belge des Hôtels et Cafés-Restaurants « Ganda » a l'honneur de porter à la connaissance de ses fidèles habitués que, dans un but philanthropique, elle reprendra, à partir du 24 décembre prochain, (Veille de Noël), ses soirées musicales d'autrefois, tant goûtées par l'élite de la population gantoise.Un orchestre symphonique, exclusivement composé d'artistes musiciens gantois, s'efforcera, par une exécution artistique d'un répertoire aussi choisi que varié, d .. grémenter la monotonie des longues soirées d'hiver. La Direction du « Ganda », soucieuse de contribuer dans la mesure du possible au soulagement de la classe nécessiteuse, si digne d'intérêt, abandonnera 10 "ô de la recette brute au profit d'oeuvres philanthropiques et de la caisselie du prisonnier. Nul doute que cette innovation sera favorablement accueillie, et que les concerts artistiques de la Taverne Ganda redeviendront, comme jadis, le rendez-vous favori des amateurs de bonne musique. (1040) ON DEMANDE des renseignements au sujet des personnes suivantes-qu-t habitent peut être encore le lieu de leur résidence d'avant la guerre. (Réponse au Bureau officiel de renseignements, Halle-Beffroi, Gand). Mouscron. — Delebecque Désiré (famille); D'Helf-Delespaul, rue Philipe-le-Bon, 14; D'Helf-Van de Walle, et épouse, riie Sainte Germaine, 36; Ghesquiere, épouse Jules et cinq enfants, rue de la Marlière, 82; Leches, épouse Louis et trois enfants, Bazar franco-belge, rue du Gaz, 3; Locufier, Florin, et épouse; Saelens, Hector, et enfants, boucherie Saint-Pierre; Schnach, Bernard, Collège Notre-Dame; Schlosse, Henri, et épouse et fille, rue des Moulins, 51; Van den Brouck, Victor, rue des Villas, 8; Vergin, épouse, née Van Veterloo, Gabrielle, 12, rue des Lilas; Vergin, épouse Paul, et famille, 15, rue des Lilas; Sœur Marie de Saint Louis, mère supérieure des Dominicaines. Nieuwmunster. — Maenhout, Charles, et épouse, née Traen Anna, et trois fils. Nieuport. — De Vry, Henri, rue de l'Eglise, 1; Thielen, Euphrasie et El vire, rue du Faucon. Ooigem. — Sœur Marie Godelieve, couvent des Bénédictines du St. Sacrement. Oostcamp. — Ganoy, Gobert (la mère de Mme Adolphine), qui est parti en juillet 1914 de Les Tailles (Sibrain), Luxembourg, pour Oostcamp. Oost-Duinkerke. — Isaye, Joseph, et fille. Ostende. —• Steppe-Van Keymeulen, Joseph, rue François Musin, 6; De Roy-Van Thilke, aide-éclusier, Sas Léopold, phare ; Rosseeuw, Auguste, et De Poorter, Sophie, boulevard Alphonse Pieters, 78 ; Pilliaert, Marie, rue d'Ouest, 33. Oost-Nieuwkerke. — Sœur Marguerite, supérieure de l'Hôpital. Oudenburg. — Van Vyve, Louis, brasseur ; 1 Vve Hancke-De Schrijver, chez Van Vyve-Loosveldt, brasseur. Passchendale. — De Forcks, Emile, et épouse née Logron Mathilde. Ploegsteert. — Vervest, épouse Auguste, née De Rumeaux, hameau Hauts Loys. Poelkapelle. — Hapells, Jules ; De Veter Camille. Poperinghe. — Pirotte, Jules, épouse, née Desain, chez Mme L. Dave, charcuterie, rue d'Ypres. Roulers. — Callens, Marie, Marguerite, Hélène; Castelyn, épouse, rue d'Heren ; Heydens Marthe, chez Mme Berheyl ; Hoffman Geysens, Herman, et cinq enfants, rue du Nord, 30 ; Nonkele, Jules, . famille, rue d'Ypres ; Paret, Arthur, et épouse, commerçants, Avenue ; Renier Colette, 23, chaussée de Rumbeke ; Samyn, épouse François et épousa Alphonse; Thibau, J. et A., dentelles; Van de Putte, Julie ; Van de Wal'e, Jules, époux et enfants, 47, rue d'Ambert. Roubaix. — Van de Walle, veuve, rue Mou-veau (fort Bataille). Ruddervoorde. — Schumacker, Camille; Baert, Liévin. Rumbeke. — Corteville, Camille, et famille; De Keyzer-Vuylsteke, Auguste, et é|fOuse; Gcermans, frères; Canraert, Jules; Seys Alphonse.Saint-André-lez-Brugge.-— De Clerck Camille. Saint-ldesbald. — Da Silva, Aima, veuve, et enfants. Staden. — Monthaye, épouse Emile, née Samyn Adeline; Monlhaye De FVâncq, veuve el Marie, rue de Roulers. Steene-lez-Ostende. — Opsomer-Dufou# Auguste, rue de l'Eglise, 22. Steenkerke. — De Wull Cyrille el épouse, née De Clercq Céline. Stuivekenskerke. — Willaert Auguste. Thielt. — Gillis, Lytlie, et Horta-Gillis, veuve, Huststraat; Horla, Amandine. Théâtre Pathé Le rallie 11e désemplit pas avec US TfrQlS MOUSQUETAIRES film d'Art en 12 actes (pas confondre). Vendredi 24, 2me série des Trois Mousquetaires, 6 actes. Samedi, Noël, et dimanche, Matinée de 4 à 8 (le film passe deux fois). Entrée permanente. Lundi 27 el jeudi 30, Mat-née à 4 heures. (1047) ŒUVRE du vêtement, quartiers du Rabot et Porte de Bruges. — Une distribution gratuite d'effets d'habillement aura lieu lundi 27 courant, à 3 1/2 heures, dans les locaux du Théâtre Néerlandais, au profit des enfants des écoles communales des sections du Rabot et de la Porte de Bruges. Le Comité distribuera à 800 élèves de nos écoles communales un p'aquet de vêtements utiles et solides. F IdFfTiaiPITF inslall. très soignée. GENIETS, Mtuiniuilt. 14, rue de Brabant, Ganu (940) POUR NOS PRISONNIERS de guerre. — En guise d'étrennes, la société « Werken en Leeren » de Meulestede enverra un 4' colis postal à 26 prisonniers de guerre du quartier. 11 contiendra des sardines, ues biscuits, des cigares et des cigaret'es. Le Comité a décidé de faire un envoi tous les quinze jours, tant que dînera la guerre. FOOTBALL. — A l'A. R. A. la Gantoise, samedi 25 décembre, Noël, le matin à 11 1/2 h., match entre les scolaires B. de la Gantoise et du Racing Club. A 3 heures, match pour le championnat entre Racing Club et Eendracht F. C.; arbitre : M. Cornelis. Dimanche 26 décembre, à 3 heures, continuation du tournoi de la Gauloise : match entre l'A. R. A. G. I et le F. C. Union Gantoise; arbitre : M. Blanckaert. Entrées : 0,15 et 0,30. EXPLOITS d'ivrogne. — La police de la 7e section a été appelée lundi soir rue de la Bieniaisance, pour apaiser un habitant qui, sous l'empire de la boisson, démolissait son mobilier et maltraitait sa femme et ses enfants. Les agents, mal accueillis par l'ivrogne, durent se décider à l'arrêter et à le conduire en lieu sûr. .SUICIDE. — Une femme de 37 ans, mère de trois enfants en bas âge, a été trouvée pendue lundi soir dans le grenier de sa demeure, rue St-Hubert. La malheureuse était maladive depuis un certain temps. SOUS LES VERROUS. — Lundi soir, vers 9 heures, un habitant du marché aux Légumes, pris de boisson, se livrait à des fantaisies excessives sur la voie publique. Un agent de police s'élant avisé de vouloir le rappeler à la raison, fut empoigné par le pochard ; dans la lutte l'agent eut le pouce foulé et l'uniforme déchiré. Mais l'ivrogne fut maitrisé et amené à la prison communale. L'art d'aimer sa femme A observer superficiellement, il semble que la réciprocité des.obligations conjugales soit aDsolue. La formule que nous adoptions l'autre fois: « Chercher chacun le Donneur de l'autre » est, en effet, symétrique et convient également aux deux contractants. Mais c'est précisément cette recherche du « bonheur de l'autre » qu';i faut entendre et poursuivre avec discernement. Et l'on peut affirmer sans paradoxe que l'épouse et l'époux arrivent a se rendre heureux l'un à l'autre par des procédés opposés.Je m'explique; Que diriez-vous d'un mari qui, dormant le matin tout le temps nécessaire pour restituer la traicneur de son teint,.passerait la première partie de sa matinée â combiner un joli négligé bien dans le goût de l'épouse à laquelle il veut plaire, puis appellerait dans son cabinet le chet ou la cuisinière, afin de régler le menu au gré du palais de Madame, ferait des mots d'esprtt et débiterait des tendresses à celle-ci durant le repas, après quoi, il se mettrait à sa disposition pour raccompagner dans ses courses d après-midi? Un tel mari, n'est-ce pas, aurait dégoûté sa femme de lui et oe ses grâces excessives, avant même d'être capturé et épinglé par Lavedan? L'homme, en effet, des qu'il s'efforce d'être simplement délicieux, devient odieux ou ridicule aux yeux des femmes. Nous pouvons, je crois, imaginer assez exactement- l'effet répulsif qu'elles en. ressentent par celui que nous produisent les femmes à façons d'homme, ies femmes trop sûres de leurs nerfs, de leur logique, de leurs muscles. Elles nous font horreur. Nous avons, en ce genre, as-oez de nous-mêmes et de nos amis. Faut-il en conclure que le mari, une fois marié, doit renoncer à plaire à sa femme, par son extérieur et par son esprit? Je ne .eux pas dire cela tout net; mais on ne Feuilleton du Journal de Gand 177 Le Comte DE Monte-Cristo par ALEXANDRE DUMAS Ce sont MM. le comte de Château Renaud, dont la noblesse remonte aux douze pairs, et dont les ancêtres ont eu leur place à la Table-Ronde; M. Lucien Debray, secrétaire particulier du ministre de l'intérieur; M. Beauchamp, terrible journaliste, l'effroi du gouvernement français, mais dont peut-être, malgré sa célébrité nationale, vous n'avez jamais entendu parler en Italie, attendu que son journal n'y entre pas; enfin M. Maximilien Morrel, capitaine de spahis. A ce nom, le comte, qui avait jusque-là salué courtoisement, mais avec une froideur et une impassabiiilé tout anglaise, fit malgré lui un pas en avant et un léger ton de vermillon passa comme l'éclair sur ses joues pâles. — Monsieur .porte l'uniforme des. nouveaux vainqueurs français, dit-il ; c'est un bel uniforme. On n'eût pas pu dire quel était le sentiment qui donnait à la voix du comte une si profonde vibration, et qui faisait briller, comme malgré lui, son œil si beau, si calme et si limpide, quand il n'avait point un motif quelconque de le voiler. — Vous n'aviez jamais vu nos Africains, Monsieur? dit Albert. — Jamais, répliqua le comte, redevenu parfaitement libre de lui. — Eh bien I Monsieur, sous cet uniforme bat un des cœurs les plus braves et des plus nobles de l'armée. — Oh ! monsieur le comte, interrompit Morrel. — Laissez-moi dire, capitaine... Et nous venons, continua Albert, d'apprendre de Monsieur un trait si héroïque, que, quoique je l'aie vu aujourd'hui pour la première fois, je réclame de lui la faveur de vous présenter comme mon ami. Et l'on put encore, à ces paroles, remarquer chez Monte-Cristo ce regard étrange de fixité, celle rougeur fugitive et ce léger tremblement de la paupière qui,chez lui,décelait l'émotion. t — Ah ! Monsieur est un noble cœur, dit 1e comte, tant-mieux! Cette espèce d'exclamation, qui réponda.t a la propre pensée du comte plutôt qu'à ce que venait de dire Albert, surprit tout le monde et surtout Morrel, qui regarda A'ion-te-Cristo avec étonnement. Mais en même temps l'intonation était si douce et pour ainsi dire si suave, que, quelque étrange que fût cette exclamation, il n'y avait pas moyen de s'en fâcher. — Pourquoi en douterait-il donc? dit Beauchamp à Château-Renaud. — En vérité, répondit celui-ci, qui ,avec son habitude du monde et la netteté de son coup d'œil aristocratique, avait pénétré de Monte-Cristo tout ce qui était pénétrable en lui, en vérité Albert ne nous a point trompés, et c'est un singulier personnage que le comte; qu'en dites-vous, Morrel? —Ma foi,dit celui-ci.il a l'œil franc et la voix sympathique, de sorte qu'il me plaît, malgré la réflexion bizarre qu'il vient de faire à mon endroit. — Messieurs, dit Albert, Germain m'annonce que vous êtes servis.Mon cher comte, permettez-moi de vous montrer le chemin. On passa silencieusement dans la salle à manjer. Chacun prit ca pla::. I 1 — Messieurs, dit le comie en s'asseyant, jjèrmetiez-moi un aveu qui sera mon excuse pour toutes les inconvenances que je pourrai faire: je suis étranger, mais étranger à tel point que c'est la première fois que je viens à Paris. La vie française m'est donr parfaitement inconnue, et je n'ai guère jusqu'à présent pratiqué que la vie orientale, la plus antipathique aux bonnes traditions parisiennes. Je vous prie donc de m'excu-ser si vous trouvez en moi quelque chose de trop turc, de trop napolitain ou de trop arabe. Cela dit, Messieurs, déjeunons. — Comme il dit tout, cela! murmura Beauchamp ; c'est décidément un grand seigneur. — Un grand seigneur, ajouta Debray. — Un grand seigneur de tous les pays, monsieur Debray, dit Château-Renaud. II LF, DÉJEUNER Le comte, on se le rappelle, était un sobre convive. AlbefTen fit la remarque en témoignant la crainte que, dès son commencement, la vie parisienne ne déplût au voyageur par son côté le plus matériel, mais en même temps le plus nécessaire. — Mon cher comte, dit-il, vous me voyez •rieint d'une crainte, c'est que la cuisine Je la rue du Helder ne vous plaise pas autant que celle de la place d.Espagne.J 'aurais dû vous demander votre goût et vous faire préparer quelques plats à votre fantaisie. — Si vous me connaissez davantage, Monsieur, répondit en souriant le comte, vous ne vous préoccuperiez pas d'un soin presque humiliant pour un voyageur comme moi, qui a successivement vécu avec du macaroni à Naples, de la polenta à Milan, de l'olla podrida à Valence, du pilau à Con-sianiinopie, du karrick dans l'Inde, et des nids d'hirondelles dans la Chine. 11 n'y a pas de cuisine pour un cosmopolite comme moi. Je mange de tout et partout, seulement je mange peu; et aujourd'hui que vous me reprochez ma sobriété, je suis dans mon jour d'appétit car depuis hier matin je n'ai point mangé. — Comment, depuis hier matin! s'écrièrent les convives; vous n'avez point mangé depuis vingt-quatre heures? — Non, répondit Monte-Cristo; j'avais été obligé de m'écarfer de ma route et de prendre des renseignements aux environs de Nîmes, de sorte que j'élais un peu en retard, et je n'ai pas voulu m'arrêter. (A suivre.)

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Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

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