Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

1168 0
close

Pourquoi voulez-vous rapporter cet article?

Remarques

Envoyer
s.n. 1918, 05 Decembre. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 19 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/mg7fq9rz7s/
Afficher le texte

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Jeudi 5Mée*rabre IÎH8 ÎO aantimfs le numéro *>*** ****** jV'"' 'US V - - < JOURNAL DE GAND ÉCHO DES FLANDRES ABONNEMENTS : DEUX FRANCS PAR M«IS .RÉDACTION & ADMINISTRATION : 6MW — 3, SUE SE Fi AN DRE, 3 - S^SO TBLEPHONE 865 j Annonças fr. 0.10 la ligne. Séalamss (avant las annonces) 1 tr. la ligne. Bâalamàs en Chrenitoe gantois# «a dan* la eorgs du jearïal 2 tr. 1* ligne. I«fermsii«ns financières at. Réparations judiciairss 2 fr. la ligne. On traite à fartait pour las annonces souvent répétées. 'Autorisé par la Censure Nos hsras civils On nous signale un acte de eourage et de . ivouement vraiment digne des plu» grands : oges, et dont l'artisan le plus important fut j l de nos conciteyens, M. 0. Spilliaert, habi- I nt rua d'Akkergem, 18. A.U mois d'août 1914, par suite de l'avance | is troupes allemandes en Belgique, la direc- : on du Service de Santé do l'Arméo Belge se t obligé» d'évacuer les soldats malades et lissés lur des hôpitaux civils et militaires tués dans des localités éloignées des champs bataille. C'est ainsi que la ville de Wette-:n reçut à un moment donné un certain nom-:i de militaires se trouvant dans cas coudions. Paraii eux il y avait un soldat belge, un jir, Jaeques Ilanga, âgé de 20 ans, origi-(ire du Congo Belgo, engagé volontaire au itjiment dos Grenadiers, 1* compagnie, Ie lîition, et venant de St-Nicolas-Waes, où son lité était momentanément cantonnée.Il était tttint de la fièvre typhoïde. Lors de l'avance t l'arméo envahissante vers Grand, il fut ncué sur l'Hôpital Civil de Qand, où il fut dmis «n traitement. Tout fut fait à ee moment pour laisser l'en-lemi dans l'ignorance de la qualité militaire (Jacques Ilanga et de sos camarades. Mais is Allemands fiairont par l'apprendra, et sur signifièrent que dès leur guérison, ils se-tisnt dirigés sur on eamp d'internement de itiionniers de guerre. Désireux d'éehapper au malheureax sort iii les attondait, ils décidèrent de s'évader et i rejoindre l'armée belge en eampagne. Aidés par la famille Alloneius, rue des ans-Noms, 36, à Gland, trois do ces militaires, ont le dit Jacques Ilanga, s'évadèrent de Hôpital Civil dans la nuit du 15 au 16 nombre 1914, à 3 heures du matin. Ils furent itnsillis par la famille Alloneius,logos, nonr-|i aux frais du comité dirigé par M. Spil-tert, jusqu'au joar où les autorités civiles, revenues par un voisin qni s'était aperçu de ; chose, vinrent faire une enquête à la mai-in Alloneius. Cette enquête n'aboutit pas. Le lendemain, M. Spilliaert décida de faire langer ses protégés de domicile. Un des oldats retourna à Bruxelles, où il fut malheu-euiement pris par les Allemands et déporté, je second s'éehappa et parvint à, rejoindre innée. Il fut plus difficile de transférer bnga; cependant M. Spilliaert réussit à le pla-ln Chaussé® de Termonds, dans la nuit du 7 li8 juillet 1915, pour finalement, le 27 de ee pane moi*, le eacher chez M. Coppens, 19, ïaee Marie-Thérèse. C'est là que le pauvre noir tomba malade, reçut les soins de M. le docteur Vande iitte, mais mourut de suites de tabereulose 111 juin 1016. Par suite des circonstances exceptionnelles lesquelles survint ce décès, et pour iter des poursuites de la part de.; Allemands a contre la Ville de (Jand, que contre les sonnes qui s'étaient fait un devoir de straire le malheureux à toutes recherches, fut impossible de déclarer son décès à îïtat Civil, puis qu'il n'était pas inscrit aux «gistres. Il fut donc décidé de l'inhumer rorisoirement dans le jardin de la maison :cupé par M. Spilliaert, ce qui fut fait dans ■ nuit du 14 juin 1916. Par une émouvante lettre, dans laquelle il icrit toutes les péripéties de ce sauvetage ftriotique, M. Spillaert vient de porter le lut à la connaissanee de M. le Procureur du loi, priant ce dernier de bien vouloir ordon ner l'exhumation du corps <u pauvre Ilanga, ] afin qu'on puisse l'enterrer dans une sépulture j officiel!». Noua croyons que le courue et le j dévouement déployé par M. Spilliaert et par ! ses eollaboratears se passent de commentaires. Il suffira de porter leur aetion à la connaissance de nos compatriotes poar qu'ils honorent suffisamment tous ceux qui ont coopéré à cette belle et dangereuse action. Il convient pourtant de réhabiliter M116 Alloneius qui, par suite de dénonciations répétées, a gravement soafiert de la part des Allemands. Que la satisfaction da devoir accompli lui sait un soulagement aux souffrances endurées. K Echos du paSais 4 décembre. Calme plat ! C'est la caractéristique d» moment, du moins pour ce qui concerne les juridictions civiles et commerciales. Ceux qui ont cru à une reprise immédiate des affaires au palais se sont trompés ; et d'aucuns qui prétendent avoir quelque eonnaissance de ces choses déclarent que la vie judiciaire ne ressuscitera guère avant le mois d'octobre prochain. II faut bien le temps de se resaisir d'abord, de sa remettre et de se seatir d'aplomb ensuite. Et d'ici l'année judiciaire nouvelle il y aura des débats aux Chambres, une revision de la Constitution, des élections à tous les degrés, événements auxquels les membres du barreau prennent une part prépondérante, quand ils ne les absorbent complètement. Les activistes gantois ; Cela y est ! Depuis hier, une instruction est ouverte à charge de ceux qui ont pactisé avec l'ennemi — da quelque manière que eo soit, ou fait tort à leurs compatriotes — le tout conformément aux arrêtés-lois pris au Havre contre les traîtres et les délateurs. Combien il s'en trouvera ? Il est difficile de le dire dès à présent, car il faudra voir jusqu'où les recherches de la justice s'étendront. Quant à l'instruction, nous pouvons avoir l'espoir qu'elle sera bien menée, ayant été confiée à M. le juge Van Sinderacht or, l'un de nos magistrats les plus distingués. Divorças at séparations On ne se rend pas compte du nombre de drames intimes que la guerre aura provoqués — surtout à cause de sa durée prolongée. Et ii ne faut pas croire que ce soient toujours les femmes qui eurent tort, ou qui seules aaraiant trahi leurs devoirs d'épouses. Si nous eûmes à cet égard des exemples déplorables, il faut s'abstenir de généraliser. Ce serait d'ailleurs manquer surtout à la galanterie qu'à la vérité historique !... De l'autre côté du front, il en est aussi qui ont oublié les serments da Idélité qu'ils avaient prêtés. Ils ont goûté d'une vie nouvelle, pris des habitudes et une manière de vivre qui ne s'aeeommode plus guère de-la paix du foyer familial ou du prosaïque pot-au-feu conjugal. Les unes comme les autres ont voulu * vivre leur vie » — selon la formule consacrée, sans se soucier des désastres et des ruines qu'ils •laissant derrière eux. Et voilà comme quoi l'usine à divorce bientôt ne chômera guère ! X. X. Comité Natisaai de Scçoars et d'Alimentation Séance du 2 décembre J918 du Comité Provincial delà Flandre Orientale Monsieur le Président de Hemptinne dit qu'il est heureux de pouvoir offrir à Monsieur Lippens, à l'occasion de son retour d'Allemagne sos cordiales félicitations. Monsieur Lippens fut déporté l'un des premiers parce fa'il servait trop bien son pays; ii a. pendant plusieurs aimées, connu les sonftrances de l'exil; tous les membres du comité se réjouissent de ce que son banissement ait pris fin et de ce que leur zélé collège reprenne au Comité Provincial la place distinguée r;u'if y occupait avant son départ. (Applaudissements). Monsieur le Président appelle l'attention toute spéciale des délégués sur '.'appel que le Comité National adresse à tous les membres des Comités Régionaux et Locaux, afin qu'ils demeurent au poste du devoir jusqu'au moment où le pays aura repris sa vie normale. Dans les circonstances actuelles, chacun se doit à lui-même de faire abstraction de ses convenances pour n'envisager que l'intérêt commun et est intérêt eommande impérieusement que l'on n'abandonne pas les malheu-; veux. i Monsieur le Président espère pouvoir dire j à Bruxelles que cet appel sera entendu, en ' Flandre, de tous nos membres (Adhésion unanime). Monsieur Pussemier (Eeeloo) explique dans quelles conditions M. Maas et lui ont été chargés par le Gouvernement de ravitailler les populations des parties de la Flandre ; libérées avant que Gland ne fut dégagé. Dès que le contact avec le Comité Exécutif put être repris, la direction du ravitaillement lut à nouveau centralisée à Gland pour toutes les régions du ressort provincial et 1 honorable membre dit s'être entenclu avec M. Feyerick pour que toutes les denrées reçues tant de l'intendance que de l'arméo passent par Gand pour être ensuite envoyées aux régions qui an ont besoin. Ce serait le meilleui moyen de donner à chacun ce qui lui est nécessaire. Monsieur Vandef fiinden (Grammont) se plaint qu» sa région n'ait rien reçu jusqa'ici; il demande instamment, des vivres. Monsieur Teyeriek lui répond que les vivres existent dans ,1e dépôt provincial, mais que les moyens de transport font défaut. Si les régions désirent des vivres, elles n'ont qu'à envoyer à Gand des chariots pour les charger; sont le rationnement auquel elles ont droit leur sera immédiatement délivré. Monsieur la Président fait observer que si les régions ne trouvaient que difficilement des chevaux, elles n'auraient qu'à prier les Bourgmestres des communes de réquisitionner pour le transpart les chevaux nécessaires. Le ravitaillement des populations est la plas urgente des nécessités auxquelles.il convient de parer. Monsieur Feyerick insiste pour que les Comités Locaux ne tardeat plus à faire parvenir au Comité Exécutif les procès-verbaux constatant quels dégâts les allemands ont causés aux marchandises du Comité National et au matériel. Il y a lieu de renseigner tout ce qui a été pillé, exactement, sans exagération. Parmi les marchandises il y a lieu de comprendre les froments et les seigles livrés au Comité Provincial par les communes. Monsieur le Président signale au Comité Provincial que d'après les notes la-ration de pain est portée depuis le 1 décembre à 400 grammes et sera de 450 grammes à partir du 15 du même mois. L'augmentation de ration pourra être provisoirement donnée en biscuits.Monsieur le Président propose et l'assemblée décide de se reunir extraordinairement lundi prochain; les nécessités du ravitaillement l'exigent. Mesures da Le ministre île la guerre, gén|r*l De Ceu-ninck, au moment où il allait quittai' le pouvoir, le 20 novembre, a lancé la circulaire suivante, à laquelle son successeur a donné sa pleine adhésion : « L'armée cuerle les fruits de sa glorieuse résistance, de'sa remarquable endurance, de sa récente et magnifique victoire des Flandres. » L'ennemi quitte le territoire national qu'il n'a que. trop longtemps souillé. Demain, le pays fêtera le retour du roi et de ses troupes héroïques; la joie sera partout. » Cette joie sera, hélas! assombrie ehez beaucoup de nos compatriotes, qui pleurent nos morts vénérés. » Il ne faut pas qu'elle le soit aussi chez ceux dont les pères, les fils et les frères ont eu une défaillance, dont une condamnation tache le passé et qui, par une conduite et une manière de servir exemplaire, méritent que leur faute soit oubliée. » A cette fin, dès propositions devront être faites au département de la guerre, en vue de mesures de clémence (réhabilitation, grâce ou remise èe peines sans égards aux délais qui pourraient avoir été prescrits par des circulaires antérieures.) » ï.'" — " ' " " Dans.Sa Presse befge La Roi a exprimé le désir de recevoir prochainement une délégation de la Presse belge. * * » M. Ad. Max, Bourgmestre de Bruxelles, qui appartenait jadis à la Presse de cette ville, vient d'être nommé Président-d'honneur de la section bruxelloise de la Presse belge. orj- Nos Souverains à Paris Le « Petit Parisien » de lundi annonce : Il est officiel à présent, et depuis hier seulement, que la reine .Elisabeth accompagnera le roi Albert 1"; mais il est à peu près certain que le prince héritier ne viendra pas. On ne sait encore si nos hôtes royaux quitteront Paris dans la soirée de vendredi. En tout cas, il n'y aura ni dîner, ni réception à la légation : l'hôtel de la rue de Béni, qui est l'ancien hôtel de la princesse Mathilde, subit en «e moment d'importantes réparations, qui rendent impossible toute réception. L'aide américaine à la Belgique Les Etats-Unis ont aceordé à la Belgiqae un nouveau crédit de 12 millions de dollars. Le ravitaillement New-York, 1 décembre. — M. Davison, président de la Croix rouge Américaine, revenant d'une tournée d'inspection de trois mois en Europe, a déclaré au gouvernement qu'il doit assurer lè ravitaillement dans une large mesure. Il ajouta que les besoins de la France, de la Belgique, de l'Italie, de la Russie et des Balkans ne cesseront pas lors de la déclaration officielle de la paix. Le peuple américain est le mieux à même d'intervenir pour une grande part ; il a d'ailleurs contracté une grande dette à l'égard des souffrances humaines. . .i -» a «.»-*!». *■» a»"*»** o-*«-o p» L'Avance des Armées alliées en Allemagne Bruxelles, 3 décembre.— Communiqué belge de mardi : Le 3 décembre, les troupes belges continuant*leur progression vers le Rhin atteignirent la ligne Jakerath, Immerath, Qarzweiler, Otzenrath. La 3* armée américaine a atteint la ligne générale Krewintal, Metterich, Rioverich, Mar-scheid, Hirschfelderhof. L'importante ville de Trêves a été occupée par les Américains. Pradamatson du sr.arécha! Foch 3?ficSiëe dans la Prusse rhénane Lamaréehal Foch vient de faire afficher la proclamation suivante dans les territoires allemands que nous commençons à occuper j L'autorité militaire alliée prend le com-j mandement du pays. Elle exige de tous la plus stricte obéissance. Le"s lois et règlements en vigueur, au moment de l'occupation, seront garantis par nous, en tant qu'ils ne portent pas atteinte à nos droits et à notre sécurité. Sous la direction et le contrôle des autorités militaires, les services publics seront appelés à fonctionner. Les fonctionnaires ont le devoir et seront tenus d'exercer eonsciencieusemant et honnê-tement les emplois dont ils ont la charge; les tribunaux continueront à rendre la justice. Les habitants doivent s'abstenir, en paroles et en actions, de tout acte d'hostilité directe ou indirecte à l'égard des autorités alliées. Us doivent obéir aux réquisitions qui leur sont adressées conformément à la loi. Tout individu eonvaineu d'un cime ou d'un délit, qu'il soit auteur ou complice, sera immédiatement arrêté et traduit en conseil de guerre. Toute infraction anx arrêtés portés à la connaissance des populations, comme tout refus d'obéir aux ordres donnés, seront sévèrement châtiés. La présente proclamation consacre i'oceu-\ pation du pays par les armées alliées ; elle ] marque à chacun son devoir qui est d'aider i à la reprise de la vie locale dans le travail, le calme et la discipline ; que tous s'y em-| ploient activement. , — | Chez la grande-duchesse d« Luxembourg La grande-duchesse e?t actuellement à son j château de Colmarberg. Le général Pershing j lui a rendu visite, à son arrivée, ainsi que le général commandant les troupes françaises. Le maréchal Foch, qui n'a fait que passer, lui a fait remettre sa carte. ë » . — En France L'Emprunt de la Libération Hier, le ministre des finances de France M. Klotz, annonça à la Chambre des Députés le résultat des souscriptions à l'Emprunt de la libération. Le total dépasse de moitié celui des emprunts pi éeédents les plus importants. La questien des électiens en France Dans les milieux parlementaires, on continue de se préoccuper tout natnrellement de la question du renouvellement des assemblées électives. Des indications recueillies par diverses personnalités politiques, au cours de récents entretiens avec des personnages autorisés, il semble ressortir d'une façon générale, en les rapprochant contre elles, que le gouvernement envisage actuellement la possibilité de procéder aux élections générales dans le mois d'avril, sinon en mai, cela sans rien modifier au régime électoral actuel, dont la réforme évidemment ne pourrait que retarder cette consultation que l'on estime aussi urgente que possible. La démobilisation en France M.Victor Daibiez, député, déposera mardi sur le bureau de la Chambre une proposition de loi tendant à la démobilisation immédiate de toutes les troupes qui ne font pas psrtie de l'armée active. pUteto^d^yourac^e Qanci. 14 La Mère Patrie ROMAN PAE MAURICE MONTÉGUT Puis, lasse d'nn tel effort, d'une telle con-Miction à sa nature passive, elle renon-lit soudain ; s'asseyait, les bras tombés, les aius pendantes, et ne soufflait plus mot. Jérôme Bricogne, le père, le chef, résuma ss ces avis contraires ; et; pour plaire à lacnn, choisit les moyens termes : — Soit ! attendons. Laissons aux regrets issibles le temps de s'exprimer. Et, d'ail-urs, que faire en dehors de cela ? A présent le nous sommes de sang-froid, d'esprit Iule, l'ivresse passée, vous sentez-vous le ût des violences immédiates, l'envie de tr les premiers coups de feu ? Songez qu'il a Clorinde et Eitel, que les'balles sont eugles et frappent au hasard. Donc, accor-ns trois jours francs pour laisser place au ientir. Mais si, au rebours de mes espoirs, bataille doit commencer, rassurez-vous, ' ' garçons ! A la première grimace, nous répondrons comme il convient. Alors, pour ne plus attrister les vieilles femmes, les jeunes gens consentirent l'attente, l'expectative. Mais .Renaud affirmait : — C'est reeuler pour mieux sauter. — Eh bien, on sautera, lui glissait Roger. — En musique, je te le jure, si chacun fait comme moi, riposta son grand frère, en serrant ses deux poings. Après ce conciliabule, les Bricogne résolurent d'aller à la forêt, comme si rien n'était changé de 1a, vie coutumière. Mais il fut convenu qu'ils resteraient à proximité de l'habitation, et qu'en «as d'alerte le eloche devrait les avertir. De sa hauteur, Closed-House dominait les entours ; le moindre mouvement d'hommes dans la campagne ne pouvait échapper à des yeux vigilants. Cependant, Jérôme, suivi de ses fils, rejoig- \ naient "les équipes rassemblées en bas dn ! perron ; les ouvriers attendaient en causant entre eux des événements du jour ; il les avertit. — Garçons, en plus de vos haches et de vos cognées, emportez vos fusils Vous savez | où nous en sommes ? Peut-être que, bientôt j il n'y aura pas, pour nous tous, que des arbres à abattre. Le plus vieux, un nommé Planturon, Français immigré depuis vingt ans, et qui était de Senlis, répondit pour les autres. — C'est bien, on y va, patron. On y avait pensé, mais on n'osait pas sans ordre. Et vous savez, comptez sur nous. Quand ça démange, il faut se gratter. Cinq minutes après, la petite troupe était de nouveau réunie et cette fois en armes. Une trentaine de lurons dru plantés, énergiques et robustes, tous Acadiens ou Canadiens Français,habitués à ehasser l'ours ou àcourrir l'Indien. — A Dieu va ! lâcha Jérôme ; la Nouvelle France tient bon. Toute la journée, comme en temps ordinaire, la haehe et la cognée retentirent sourdement au cœur de la forêt, et la chute des ormes séculaires gémit seule dans les profondeurs. Seul le sang des pins coulait en lésines épaisses. La scie mordait le bois et la poudre envolée, pacifique celle-là, se collait dans la sueur sur les faces tannées, poudrait à frimas la barbe et les cheveux des bûcherons au travail. Dans cette besogne accoutumée, tous, un SBnsxikstms -asstà. ttvoscuamiaasaaï moment, oublièrent les changements survenus dans leurs mœurs paisibles, les ennemis peut-être en route et les dangers possibles. Du côté de l'habitation, aucun bruit suspect : la cloche se taisait ; et des courriers, détachés d'heure en heure, revenaient en répétant la même phrase : — Rien de nouveau. Tout va bien. Quand, sur les six heures, la nuit tomba, ce jour avait coulé pareil aux autres jours, dans ' une grande paix. Tous revinrent alors vers la maison commune, la haehe à la ceinture, le fusil sur le dos. — Us n'osent pas ! dit Roland à son père. — Oui, fit celui-ci... mais quelle existence, s'il fait passer son temps à redouter toujours? Alors Renaud grogna : — Vous verrez, puisqu'ils se terrent, que nous serons foreés de leur rendre visite nous-mêmes.Mais ni Bricogne, ni Roland ne relevèrent le propos. Roger sifflait, presque gaiement, en marchant., ses deux mains dans ses poches. Ses dix-^ept ans s'amusaient de l'aventure. Pourtant lorsqu'il songeait, à Charlotte qu'il aimait, en secret, il arrêtait sa musique et fronçait \ les sourcils. Ah ! sans elle, ees nouveautés tragiques et ces menaces dans l'air l'eussent réjoui tout à fait. Aux abords de l'habitation, le père respira fortement, comme si sa vaste poitrine s'allégeait d'un grand poids. Tout apparaissait en ordre, à sa plaee, avec sa physionomie particulière. Derrière les fenêtres, il apercevait, les femmes occupées sous les premières lampes à des travaux divers. Dans son fauteuil de tapisserie antique, Bertrande considérait par la vitre les dehors et la to»bée du'eré-piiseule. Virginie coupait, des étoffes sur une table ; ses filles cousaient, la tête penchée. Dans la salle à manger, les servantes garnissaient la nappe blanche pour le repas du soir. Il salua sa demeure, les siens, son existence entière, tous ceux qui l'aimaient, qu'il aimait, d'un grand geste attendri ; puis s'arrêtait sur le perron de bois escaladé de lierre. Derrière lui, sous la surveillance de ses fils, les charrettes rentraient aux ehantiers, apportant l'abatis du jour, les hêtres, les sapins, les bouleaux démembrés, pleurant leurs sèves, les planches fraîches sciées, les branches en fagots. f,i suivre.)

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.
Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

Bekijk alle items in deze reeks >>

Ajouter à la collection

Emplacement

Sujets

Périodes