Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1918, 26 Novembre. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 16 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/hq3rv0fq53/
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Mardi novembre S**'# centimê» le nuinéi ft'J5me année -v N-' :ri9' JOURNAL DE GAND ÉCHO oss w-iL*jÊk;m assuras ABONNEMENTS : DEUX FRANCS PAR MOIS RÉDACTION & ADMINISTRATION : GAND — 3, RUE DE FLANDRE, 3 — GAND TELEPHONE 6b5 Annonces fr. 0,80 la ligne. Réclames (avant les annonees) 1 fi la ligne. Réclames en Chronique gantoise ou dans le corps d journal 2 fr. la ligne. Informations financières et Réparation judiciaires 2 fr. la ligne. — On traite à forfait pour les annonce Autorisé par la Censure Les Expositions Salon du ■■ Coin de Rue» Si nous reprenons notre visite au point où nous l'avens interrompue, il nous faut tout d'abord congratuler pour sa vaillance le peintre et dessinateur Arm. Heins. Il est de ceux que la tyrannie jermanique n'a pas réussi à déprimer : inlassablement il a, pendant toute la guerre, peint, crayonné, buriné, collaboré à des manifestations artistiques diverses, organisé les exposition». Et le voici de nouveau, remplissant tout un panneau de ia salle, et se glissant encore par-ci. par-là, entre ses confrères plus timides, plus idolents ou plus discrets. Tout n'est pas également intérsssant dans l'œuvre ci'Arm. Hsins : l'artiste a une. tendance à abuser de son extrême facilité pour faire de rien un tableau; mais quand il a véritablement été séduit par son sujet et qu'il l'a traité avec attention, il nous donne des oeuvres exquises, par exemple : « (loin de jardin à Laethem » savamment mis en page et richement coloré, ou » La clôture » d'une exécution toute juvénile en sa printa-nière fraîcheur. Est-ce le voisinage des légères aquarelles d'Aim. Heins qui empreint d'une lourdeur les, sous-bois di .y116 De Revue? Ses chemins semblent ti uellés au mortier et ses troués ont la massivité de piliers romans; pourtant, dans ses feuillées se jouent, de délica ts rayons et sa « Chaumière rose » est traitée avsc brio. I.a vue dt> « Château » qu'expose la même artiste a. des grandes qualités de couleur et compte parmi les bons morceaux de cette exposition. Il en est de même du « Vestibule » de M11' De Hec.k, dont la technique a d'étroites analogies avec,celle de M11* De Relise. L'une et l'autre de ces débutantes nous apportent les plus sérieuses promesses d'avenir Le « Fumeur » de il. De S rnv'lle marque un nouveau progrès chez celui-ci. Il y a là une application et une persévérance que l'on ren-contie rarement chez les amateurs et qu'il faudrait souhaiter à maint artiste. 0. V. ÉCHOS D'ART Au Grand Théâtre Le Mariage de M'le heulernans Voici qu'après bientôt cinq ans nous retrouvons riotve place au Grand Théâtre. Quelie satisfaction d'y voir nos bonnes fleures d'.intan et "la vie "dans la vue si connue et depuis lors délaissée! Les nouveaux : émps viennent ; ils y sont ; avec. eux. la confiance ! La troupe divisionnaire de la X. 0. A. Belge ,au profit du Fonds Divisionnaire nous a régalé dimanche et lundi par le célèbre Mariage de Mlle ijeulenucnsS cmnèdit de MM. Fonson et Wicheler Pièce trop connue pour insister, que dans ses vires le publie, aux aguets de pittoresques locutions locales, n'oublie pas les grandes qualités morales qu'elle contient I Sous la direction de notre tout sympathique chef du 2*, M. Carlier, plus guilleret que jamais, la musique du régiment, forcément réduite par les circonstances — congés bien mérités — a introduit 1a soirée par une combinaison bien trouvée de Tipperai y et 'Arte-velde-lied pour continuer par une fantaisie de Higoletto. La pièce de Fonson-Wieheler avait trouvé dss interprètes spécialistes-inoubliables. Il ne nous appartient pas de faire des comparaisons. Disons cependant en toute sincérité que | nous l'avons vue dans des conditions bien infé-: rieures par des artistes se disant de carrière, i Nous ne .pouvons qu'applaudir — et ce avec le public — à ces braves qui se dévouèrent d ans le but de distraire leurs copains aufront, de seconder leurs frères mutilés. A tous nos félicitations ! •Nous ne discuterons pas ici l'interprétation qui. eu somme, fut satisfaisante. Notre public gantais leur a fait du reste uu accueil chaleureux et bien mérité. M1U Wiliei- ens. Suzanneke, a fort bien compris le dou le caractère de son personnage. Une note toute spéciale pour Mr H. Rogei dans le rôle d'Albert ainsi que pour M. Maheu dans celui de Bénlemans. Ensemble honorablement complété par MmoDuinont, Mlla Willy M. M. Malier, Ysset, Lenaers/Delepière, etc Q.ie certains interprêtes se gardent cepen pant d'exagération et de débit trop rapide * * * Notre passage à Bruxelles nous a donné l'occasion de constater le succès de la nouvelle pièce Helgiqu des mêmes auteurs. : Le patriotisme, par voie de théâtre, n'exis-! ts-t-i! qu'à Bruxelles ? Echos du palais Le retour des « exilés » Les voilà revenus parmi nous ces excellents confrères que l'arbitraire teutonique avait, pour le- punir de leur attitude patriotique", mais sous des prétextes aussi divers que mal j fondés, déportés dans dss prisons ou des . camps de concentration outre-Rhin: Albert ! Ceuterick, Maurice De Weert, Pierre Ver-haegen. Joseph De Brabanuere; seul Maurice Lippens manque encore à l'appel, mais il ne tardera pas de rentrer à Gand. Inutile de dire que le barreau tout entier leur a fait fête, et qu'ils ont été félicités tant à raison de leur conduite courageuse qu'à propos de leur bonne mine ! Car ils se sont heureusement, retrouvés, dans leur bonne ville, en excellente santé, et même pleins d'ardeur, de courage et de combativité. L'atmosphère, d'ordinaire déprimante, des prisons et des camps ns semble avoir porté aucune atteinte à leur santé, soit physique, soir morale; et Pierre Verliaegen notamment qui avait subi une incarcération de vingt-six mois, n'avait point changé. Parmi les plus animés notre ami De Weert, très entouré lors de sa réapparition, narrant avec verve et br» les souvenirs de son séjour à Celle-Schloss et les péripéties de son voyage de retour par la Hollande. **« Soit dit en passant, parmi les aouvelles — inédites croyons-nous — .rapportées par lui, notons les suivantes : Ce sent les soldats de marine et les équipages de la flotte qui ont donné, on le sait, le signal de la révolution. Lear mouvement, de révolte naquit du fait que le Kaiser avait décidé de jouer son « va-tout „ dans une grande bataille navale. Il espérait, le misérable, en remportant un succès sur mer — tout en sacrifiant des milliers d'existences humaines .consolider pour un certain temps encore son trône vacillant. Mais cette fois, le bon sens des victimes vouées au sacrifies certain l'a emporté, et on lui a dit : Zut ! Sans compter que les alliés veillaient! On sait le reste. D'autre part, si la situation est encovs assez calme à l'heure a> tuelle, et s'il n'y a à proprement parler, guère de troubles saglants, grâce à l'kabitude invétérée de la diseiplin» chez le Boche, il semble que l'avenir se pré sente sous dss dehors plus sombrss et qu'il y ! ait lieu de craindrs la guerre civile dans un laps de temps plus ou nioins rapproché, avec tout es qu'elle entraîne à sa suite. Faut-il eu accepter l'angure, ou préférer la continuation de l'état de choses.actuel, c.-à-d. la révolution pacifique? L'Université flamand* L'on fait circuler, dans les milieux judiciaires, «ne pétition demandant au parlement de. n* pas statuer hic *t nune sur la question qui a soulevé tant de. discussions et «le légitime émotion. Cette pétition a rencontré, au sein de la magisti ature et du ba eau. l'accueil le plus favorable, et elle se couvre de centaines de signatures ; rares sont les abstenants et moins nombreux encore les adversaires systématiques.Aussi est-ce avec fraîcheur — presqu'au-tànt qu'à la Chambre même I — qu'a été accueillie, dans les sphères du palais le passage du discours dn Trône prévoyant que l'on j o itérait immédiatesusnt les bases d'une université fiamaide à Gand, en attendant que les détails d'organisation en seraient réglés par la législature à vçnir : l'on eût souhaité un peu moins de hâte, afin de permettre à l'opinion publique longtsssps opprimés - de faire entendre sa voix. Les locaux Comme il apparaît que le Palais de Justice, souillé par l'occupant, ne pourra être occupé d'ici des semaines, voire des mois, la Cour d'Appel continuera à siéger à. l'académie flamande, jusqu'à nouvel ordre. Quant au Tribunal de Ie instance, fort à l'étroit, dans les locaux du Conseil dss Prud'hommes rue du Bas-Poldre. il sut probable qu'il ira s'installer.à l'hôtel Carels, marché au Lin, où il faudra brûler du sucre pour y purifier l'atmosphère; tandis que le parquet et le cabinets d'instruction seraient legés à la salle des notaires. Les Juges de Paix demeurent, en attendant, à l'Institut St Liévin, et le Tribunal de commerce continuera à baigner dans les flots d'harmonie du Conservatoire royal..., X. X. Les examens subis devant les jurys composes d'activistes On nous demande si les diplômes décernés par des jurys composés d'activistes et constitués par les sieurs Meert et Libbrecht seront reconnus valables. II nous semble qu'il ne peut pas plus y avoir de doute sur ce point qu'au sujet des diulômes décernés par la fameuse Université flamingo-boche. La question en tout cas nous semble prématurée. Mais il est certain que l'administration belge aura à examiner les conditions dans lesquelles ont fonctionné ces jurys et trouvera des motifs suffisants pour déclarer'les diplômes sans valeur. Les détenteurs de ceux-ci devront s'estimer très heureux s'ils reçoivent l'autorisation de se représenter devant un jury composé de Belges. Nécrologie On annonce la mort de M. Caluwaert, député socis.lisi e pour l'arrondissement de Ciiar-leroi. Le défunt a succombé des suites d'une congestion, ^.ncien mineur lui-même, il était le fondateur d'une ligue de mineurs u Les Chevaijers du Travail. » . Détail tragique : il est mort au moment où l'armée anglaise faisait son entrée à Charle-roi. Son successeur à ia Chambre dss Représentants est M. Victor Eruest. * * * M. J. Antheunis, 1* revuiste bien connu i vient de mourir en à Malines. Une Réhabilitation A la séance tenue dimanche dernier pai VAction patriotique,' M. l'avocat Nève, ai ceurs de son discours, a fait avec émotion une éclatante réhabilitation qu'il imports de si gnal-r à toute la population. Parlant des réparations et des réhabilitations à fairs à côtf : dss châtiments à infliger, M. Nève a cité li . cas de M. D'Havé-De tfnlder qui, à certaiï moment, fut l'objet de la réprobation de tous . ses concitoyens parce qu'il était accusé de fa'-i iquer des sac pour l'autorité allemande Si M. D'Hâve a entrepris cette fabrication c'est, avec l'autorisation du Gouvernement belge en vue de dissiper les soupçons des allemands. li se livrait en effet à l'espionnage pour le compte de l'armée belge à laquelle i a i-'Hrui des : enseignements d'une importance . énorme ; ils étaient transmis pai sa jeune fille j qui passé a frontière dans ce but pas moins I de 17 fois. 1 iiéros malheureusement a succombé pai la bonté de se voir méprisé par ses concitoyens et par étouffement • de ne pouvoir letti crier la vérité. Honneur à lui ! Qu'une place lui soit réservée dans ia mémoire de tous les patriotes. .jf. ■ «ut a> la libération des territoires Communiqué belge du 22 : Aujourd'hui, 22 novembre nos élément! avancés se sont portés vers la ligne Loramel. Bourg-' .éopold, Diest. Communiqué britannique du 23 : Notre marche vers la frontière allemande continue d'une manière satisfaisante. Les élém<; tits avancés de 1a. 4e armée ont traversé l'Ourthe au sud de Bomal et progressent à l'est de la rivière. Le nombre des canons abandonnés pal l'ennemi en retraite et maintenant entre nos mains, dé asse six cents. Des avions et une <rande quantité de matériel de chemin de fei sont aussi en notre possession. Communiqué américain du 23 : La 3" armée poursuivant son avance à travers le Luxembourg, a atteint la frontière allemande de Nallendorf à Schengen. Communiqué français du 23 : L'occupation complète des territoires libérés de Lorraine et d'Alsace est en voie d'à-j chèveinent. i Au cours de la journée nos troupes se sont installées dans un certain nombre de villes et villaues de la vallée de la Sarre, en particulier à Dillingen, à Sarrebruck et ^arrelouis . où 1 général commandant la 10e armée est i entré à la tête de ses troupes. En Alsace, les régiments fiançais atteignant par Iturs avant-gardes l'ancienne frontière ont pris possession de Woertli. Frœschwiller, ReLchoffen ainsi que de Soultz et de Bisch-willer.Partout les troupes françaises ont été ac-cùeiiliî-:. ii ec enthousiasme par les populations délivrées. Félicitations de M. Wilson au Roi Washington. 23 novembre. — Le président Wilson a adressé au roi Albert I"r le télégramme suivant : « Au moment où vous rentrez à Bruxelles, à la tête de votre armée victorieuse, qu'il me ; soit permis de vous exprimer tsute ma joie, ainsi que celle du peuple américain,en saluant votre retour dans votre capitale — triomphe final de cette, gusrre, source de. tant de souffrances pour votre nation qui va s'élever désoi«sais, avec des forces nouvelles, vers les plus hautes destinées. » Le Roi à Paris Paris, 24 novembre — Le a Petit Journal « annonce que le Boi Albert arrivera à Paris le '5 décembre et repartira le lendemain au soir ; pour ^Bruxelles. (Havas) I .«—«4. Les " activistes " è Anvers ! On annoncé l'arrestation de plusieurs flaraboches d'Anvers, entre autres les députés Augusteyns et Heuderickx ainsi que que Van ■ Hoof, compositeur de musique Las trains Bruxelles-Paris L'Agence des chemins de fer belges à Paris î espère que la circulation des trains entre : Paris et Bruxelles pourra être rétablie vers 's la fin de ce mois. Divers itinéraires sont étu-! diés et! ce moment, celui où les voies onc le ! moins souffert obtiendra naturellement la , j préférence ; sans doute les premiers trains j passsront-ils par Lille. Hommage à MM. Hoover et Saura Bruxelles, 22 novembre. — L'Université libre de Bruxelles a conféré le titre de docteur honoris causa à M. Hoover, président de la commission du «Relieffor Belgittm ». et à M. Saura, directeur du comité hispano-néer-j landais de protection et de ravitaillement. Le Ravitaillement de là Belgique Paris, 25 novembre. — Un vapeur belge, ayant à bord le Général Léman, a quitté j aujourd'hui Le Havre pour Anvers avec des vivres pour la population civile. C'est le premier navire effectuant ce voyage depuis l'ouverture des hostilités. (Havas) Un don britannique pour les territoires dévastés Londres, 22 novembre.— La société royale d'agriculture vient de recueillir une somme de 3,750,000 fr. pour l'achat de bétail qui sera distribué dans les régions dévastées de France, de Belgique et de Serbie. Le passage des troapes allemandes à travers le limbBurg hollandais L'agence Havas présente comme inexacte la note de la légation des Pays-Bas prétendant %ue le passage à travers le Limbourg fut autorisé r.vtx troupes allemandes dans l'intérêt de la population belge et après accord avec les représentants de l'Entente. Ceux-ci ayant été invités à faire connaître dans quelles conditions leurs gouvernements respectifs accorderaient l'autorisation, n'emirent aucune opioion, attendu qu'ils se trouvaient devant, un fait accompli. Epuration Bruxelles, 21 novembre. — Le directeur de la Deutsche Bank a été arrêté. La commission de la Bourse de Bruxelles a décidé l'exclusion de tous les étrangers de nationalité allemande. Le Grand Orient de Belgique a prononcé la déchéance à perpétuité de la loge allemande « Hansa », d'Anvers, et l'exclusion perpétuelle de la maçonnerie universelle des ressortissants allemands, autrichiens, turcs et bulgares. ■a——a«a—!wwni ■ i Feuilleton'du Journal de Gand. 6 La Mère Patrie ROMAN PAR MAURICE MONTÉGUT Ce fut vers cette époque que les Grifield survinrent. Ils apparurent en piteux équipage sous l'aspect miséreux de letix voyageurs égarés, trompés, illusionnés par des légendes mensongères et de fausses relations. Dans ces pays nouveaux, où ils espéraient rencontrer sinon la fortune, au moins des possibilités d'existence, ils apportaient quelques florins en poche et beaucoup de naïveté. On leur avait dit : « La terre est à qui vent la prendre ». Et, sans songer aux difficultés de la réalisation, ils s'étaient embarqués avec leurs rêves. Ils fuyaient l'Europe, la Prusse, à la suite d'une aventure dont ils s'exagéraient sans doute les conséquences. Hermann, étudiant pauvre, avait romantiquement, séduit, enlevé Thècle, fille d'us bourgmestre du Brandebourg, homme important et riche. Et, devant la rancune, la colère des siens la pauvre Thècle s'évadait éperdument — avec celui qu'elle aimait et qui l'avait épous-sée en cours de route — plus loin, dans un monde inconnu où plonger et se perdre ; c'était leur seul désir. En Acadie, ils arrivaient à la saison des pluies, aux approches de l'hiver, souvent terrible, parfois meurt rier ; on leur enseigna l'habitation des Bricogne comme hospitalière. Ils s'y présentèrent eu vagabonds, exténués, criant pitié et grâce. Jérôme les accueillit, les mains ouvertes; Bertrande, devant leur détresse, leur pardonna d'être Allemands «t, pendant six mois, ils vécurent sous le toit des Français ; traités d'abord comme des hôtes snvoyés par les dieux, puis eomme des amis retrouvés brusquement.j Au printemps, ils bâtirent, installèrent leur maison, qu'ils baptisaient poétiquement : « Asyl der Walder > (l'Asile de la forêt), parquèrent leurs bestiaux, semèrent leur maïs, dans une paix, une confiance robuste, à trois milles du domaine des Bricogne qui les y aidèrent ; apprirent, l'existence des bois et ; furent rassurés sur leurs lendemains. Aux mêmes jours, Jérôme époussait Virgi- ■an—— MMMuyii m—m usa nie Hertel, d'une vieille famille franco-canadienne de Riiuouski. Alors eutiv les deux familles, entre ces jeunes gens du même âge, une amitié solide s'établit lentement. Et c'est à ce passé qu'Hermann Gr.iffeld aimait, en l'occurence à faire allusion, resté reconnaissant comme un brave homme qu'il semblait. Depuis, en maintes occasions, ils s'étaient alliés, tenu les coudes, toujours épaulés. Quand les Indiens pillards menaçaient une habitation, la cloche d'alarmes, les coups de feu, réveillaient la campagne, prévenaient les voisins qui accourraient en hâte et l'ennemi. commun fuyait devant les familles unies. Ifs parlaient rarement entre eux des folies convulsives de la vieille Europe que I«s trafiquants de fourrures racontaient au passage en tirant, de leur sac des journaux pêle-mêle avec les marchandises. Ils sentaient que c'était un point sensible de distorde ; et, puisque leurs intérêts, comme leurs sentiments, leur commandaient l'union parfaite, tons se taisaient volontiers. Cependant,-l'influence française, 'tâce à Bertrande peut-être, restait prépondérante, j Ce fut ainsi que l'unique langage des divers j colous demeura le français. Peu à peu, Her mann et . Thècle se désaccoutumaient de s'exprimer en allemand et les enfants qui leur vinrent plus tard connaissaient mieux la langue de Corneille que la langue de Goethe. Il y avait là une sorte d'assimilation, d'absorption, dont, après des années, les fils d'Hèrmann souffrirent sourdement et qui les prédisposaient bientôt à la révolte ouverte. Jérôme, toujours équitable, le comprit bien vite et ne les en blâma pas. Mais il était trop tard pour que rien pût changer. De leirs côtés, les petits fils du Colonel, fiers de leur epu : -nce et de leur race ancienne, manifestaient souvent un orgueil .peu trai-table ; parfois des querelles éclataient entre ces fougtux héritiers de nations différentes. Il fallait toute l'autorité de leurs ch"fs pour calmer las rancunes. Pourtant, de part et d'autre, la douceur des filles, avec des idées d'amour, forçait les réconciliations ; mais ces filles elles-mêmes n'allaient pas sans parti pris ni variations d'humeur. Malgré tout, rien de grave encore jusqu'au ; jour de fiançailles de Christine et de Roland j n'avait jama's troublé l'accord de la colonie ; et, ce jour-là, tous les cœurs étaient en fête, la joie également, partagée. A présent, le convoi filait sous des branches énormes, au pas rapide des bœufs aiguillonnés. des. chevaux impatients. La forêt commençait à s'habiller d'automne ; et sa robe éphémère t esplendi-sait des plus folles couleurs ; rouges et sanglantes au feuillage des érables, jaune pâle sur les trembles, les bouleaux, les noisetiers ; d'un vert dur et foncé sur des épinettes, plus tendre sur les mélèzes ou les aiguilles luisantes des sapins. C'était « l'Eté des sauvages », comme l'on dit là-bas; un fouillis de pourpre et un pêle-mêle d'argent bleuâtre et de cuivre en fusion, où s'accrochaieât, dans un éblouissement féerique, les derniers rayons du soleil au déclin, descendu sur la mer. tout > ond, tout rouge aussi, dans le fit marnent mauve. Beau temps de chasse, de hardiesse et de liberté, avant l'hiver boréal qui clôt la route et l'horizon. Dans ce décor, resté le même depuis les premiers jours du monde, sous ces arbres gigantesques et sans âge. l'homme in us paraissait, déplacé, misérable'et sans .n-deur, d'une importance à peu près é?;.-<le à celle d'un écureuil au lias d'un de nos chênes. 'A suivre.j

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Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

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