Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1914, 19 Juillet. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/5h7br8ns9g/
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Dimanche 19 juillet 1914 5 centimes le numéro 58me année — —M—fci 200 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 15 fr*n<» par an ; 7-60 frano» jow «il mois ; 4 Iranea pour Iruw mail Pour Cétranger, le po?I en sut RÉDACTION & ADMINISTRATION : & RUE DE FLANDRE, 3. GAND TÉLÉPHONE 665 ANNONCES' Voir le tarif au bas de la dernière page dn journal. n -s;s Un Graiil Procès Criminel aa ' a. " . L'événement de la semaine prochaine se-' ra évidemment le procès de Mme Caillaux ls devant la Cour d'assises de la Seine. Les circonstances dramatiques dans les-lUl quelles M. Gaston Calmet-te, directeur du Dj Figaro, fut tué par la femme du ministre !S des finance^, provoqueront les passions les plus diverses et les plus violentes. Elles auront évidemment leur répercussion dans le prétoire et influeront sur la décision du jury. Amis et ennemis se préoccupent des cou-Ul séquences que pourront avoir, pour Mme Caillaux, le verdict des jurés. Il est intéressant de rechercher quelles sont les peines qui pourront la frapper dans les diverses hypothèses possibles, le- Tout d'abord, rappelons que, contraire ment à la législation belge, le droit cri-ty, minel français met à la disposition des ju-p. rés. les circonstances atténuantes ; ajou-P tons que si le recrutement du jury en Bel-^ gique est censitaire et intellectuel, en France, il est plutôt démocratique. 50 D'après le réquisitoire, Mme Caillaux îQ est accusée d'assassinat, c'est-à-dire d'ho-jn micide prémédité, crime entraînant la pei-•a ne de mort, si le jury répondait affirmati-vement et sans circonstances atténuantes ^ aux deux questions, la première visant le [Di meurtre, la seconde la préméditation. [K Supposons que la réponse des jurés ne rfl| soit affirmative que sur la première ques-L tion, sans circonstances atténuantes ; la ' peine serait alors les travaux forcés à perpétuité. Avec les circonstances atténuantes, [Bi la peine serait des travaux forcés, vingt ans maximum, avec minimum de cinq ans Ai de réclusion. ^ Si le verdict est affirmatif sur la prerniè-' ' re question, et affirmatif également sur ta 01 seconde, mais avec circonstances atténuantes, la pein? sera des travaux forcés à temps, avec cinq ans de minimum, re Si la- réponse est négative sur les deux questions, c!est l'acquittement. Mais d'autres hypothèses sont encore à ,, ' prévoir. w Le président dés assises a le droit de poser au jury, comme résultant dos dé-• - bats, la fameuse question subsidiaire de i coups et blessures pouvant entraîner la mort sans intention de la donner. La peine pourrait alors, en cas de réponse affirmative descendre très, bas, suivant que la • préméditation serait rejetée et les ' circonstances atténuantes admises. Mme. Caillaux pourrait, en pareil cas, s'en tirer avtc deux ans de prison et peut-~ être bénéfic.er de la kii du sursis. Tout' est -possible dans un procès semblableOui s'étonnerait d'un .acquittement, en présence de la çamoagne personnelle du Fiaaro contre Mme Cai'laux par la publication de lettres intimes ? D'autre part, on raconte déjà que des contre-expertises, provoquées par M* La-bori, défenseur de l'accusée, établiraient que celle-ci semble avoir tiré pour faire peur â M. Gaston Calmette, que tous les coups de browning furent tir^s dans la direction du plancher et que si le directeur du Figaro a été atteint mortellement, c'est parce que, épouvanté par les premières détonations, il s'était jeté par terre. L'audience réservera des surprises. Elle sera, en tout ras, un assaut d'éloquence entre le ministère public, la partie civile et la défense. Ce sera un des grands procès du siècle. JULES NOIRFALISEï ~ ECHOS Les prédictions -de Mathieu Laens-" I I berg; On peut lire dans ÏAlmanach de Maître Mathieu Laensberg pour 1914 la curieuse prédiction suivante : « On élève des statues à un vulgaire imposteur. Voilà bien la bêtise humaine ! » Diable ! s'agirait-il -du monument à Léo-pold II et de ses promoteurs ? I I VVV» Une bonne histoire que raconte l'Etoile belge : « «La scène se passe à Malines l où. Mercredi soir, un concert se donnait sur la piace de la Station. Ainsi qu'il convient, cette place est entourée d'un certain nombre de cabarets, et, ainsi au'il convient aussi, ces cabarets se divisent, selon les convictions politiques de leurs propriétaires, en bleus, jaunes, etc. Mais, ainsi qu'i' ne conviendrait pas, le kiosque des musiciens avait pris, depuis plusieurs années, ~ii fâcheuse habitude de quitter le centre de la. place et de se dresser non loin du cabaret tenu par un jaune militant. Habitude condamnable, en vérité, puisque le public, suivant le kiosque, se dirigeait fatalement. vers, ce cabaret plutôt que .vers les autres.. » Mercredi soir, ces autres se fâchèrent. Tout d'abord, ils tendirent au-dessus de la rue, de leur côté, une vaste banderole, sur le calico: de laquelle on lisait ces mots protestataires : « Au coin des délaissés de la place de la Station ». Et ils n'en restè-- rent pas la : au moment précis où les premières notes dn concert se firent entendre, toutes }c? lumières s'éteignirent dans le coin des délaissés et, en même temps, une tempête effroyable se déchaîna ; tous les orchestrions, tous les pianos, tous 'es instruments de musique de Malines semblaient s'être réunis dans ce coin noir de la place, et vers le ciel s'éleva la plus formidable, la plus écervelante, la plus étourdissante des cacophonies... Malines tout entier, d'abord abasourdi, se mit à rire, puis à crier, à apolaudir, à protester... Ce fut un charivari épique, dont on ne connut la fin qu'avec la fin du- concert lui-même.» La vicloire resta d'ailleurs aux délaissés. Un échevin s'en vint vers eux et fi amende honorable. » Désormais,le kiosque se tiendra ai centre géométrique de la place de la Sla tion. Malines respire. » C'est égal, ce fut une bien belle soi rée. » uv Un truc de potaches I L'histoire suivante est de l'an de grâce 1914. Le prof de seconde, en vue de la Composition, avait donné 300 vers grecs à apprendre de mémoire. Que faire? Apprendre 300 vers grecs par cœur, c'est à peu près aussi intelligent et aussi profitable que de compter les poils qu'il y a sur la tête d'un baudet. Le fort ténor de la classe eut un trait de génie. Il fut décidé en grand secret que chaque élève étudierait tout simplement 10 vers, les même pou»' tous. Le jour de la composition est arrivé. Le prof demande un certain nombre de vers. Tous les élèves reproduisent les dix vers appris, les seuls qu'ils connussent. Ahurissement du prof lors de la correction. Il distribue d'abord des « zéro », mais devant cette unanimité, un doute lui vint. C'est lui qui. a dû se tromper ! Aurait-il été distrait à re point ? Perdrait-il l'intelligence ? Revenu en classe, il s'explique avec les élèves. Ceux-ci, de l'air le plus naturel du monde, ne savent ce qu'on leur veut. Ils ont répondu à la question posée, voilà tout. Le résultat, c'est que tout le monde a eu le maximum et que le prof a perdu toute confiance en lui-même, il inscrit tout, n'ose plus se fier à sa mémoire, ne se pardonne pas son étourderie. Et les bons apôtres le regarde d'un air de commisération, lui parlent comme à un malade, ce qui augmentent encore son malaise. Le malheureux était en passe de devenir neurasthénique . lorsque, l'histoire ayant transpiré, le préfet en fut avisé. Il a pris le parti d'en rire, se contentant de mettre à la porte de son cabinet ces mêmes élèves qui étaient allés lui rappeler qu'il leur avait promis un demi-jour de congé. vw Ce que l'on fait sur le toit des édifices aux Etats-Unis. Ceux qui ont visité l'exposition comparée des villes à -Gand ont pu voir, parmi les documents provenant de la « Child-Welfare Exposition (exposition du bien-être de l'enfant), la représentation de ce que les Américains font sur le toit de certains de leurs édifices. Voici, à ce propos, ce que publie le Mouvement communal : « L'usage des toits n'est pas chose nouvelle : on les utilisait déjà il y a quatre mille ans. »Aux Etats-Unis, il y a vingt-cinq ans, les toits de la mission de l'Immaculée-Con-?eption, à. New-York, furent utilisés comme terrain de jéu. Cinq ans plus tard, les services de l'éducation, .ayant à trouver un emplacement de jeu pour les dix-sept cents enfants d'une école du district, de l'Etat, employèrent le même système. Et de cette époque date la généralisation de la méthode. - - . i » Chez nous, en Belgique, nous voyons aussi maintes communes se préoccuper de réserver ou d'acquérir -des plaines de jeux; mais que d"espaces on pourrait utiliser en aménageant le toit de certains édifices ! » Cette solution offre, en outre, cet énorme avantage die ne pas obliger les enfants à se rendre à de grandes distances de leur habitation. Cela permet aussi aux mères de famille de pouvoir, à certaines heures, se rendre sur tes plates-formes avec leurs enfants en bas âge pour échapper aux poussières et avoir du soleil. » On a ainsi, à peu de frais, des espaces libres qui, dans la même situation, coûteraient, à rez-de-chaussée, des sommes folles.» Certains ces toits sont transformés en jardinets couverts ou ouverts. D'aïutres servent à la thérapeutique des maladies, telles que la tuberculose, et de nombreux hôpitaux' ont leurs terrasses pour-tuberculeux, etc. » A Chicago, les écoles en plein air Elisabeth Me Cormick, pour tuberculeux et pré-tuberculeux, ont, en 1913, établi des jardins sur les toits. A Pittsburg, le Curie-Club a installé sur un toit une école en plein air. » Il ne serait pas plus coûteux qu'à l'avenir tous nos édifices eussent des plates-formes au lieu d'avoir des toits et que nos écoles spécialement pussent utiliser leurs toit-s pour donner aux enfants faiibles des bains d'air et de lumière qui sont essentiels pour les fortifier. » wv% Humour américain". t) Le vieil oncle. — Je vous donne mille dollars par mois et je me suis a-ssuré sur la vie en votre faveur pour deux -cent cinquante mille dollars. Que Dourrai-ie fair/î de plus pour vous ? Le neveu. — Plus rien au monde, cher oncle. H AN S F~ Si grand, qu'il s'en tient un peu penché, face ronde et rasée, avec des yeux qui sont malins, tel il m'apparut parmi les sapinières de Sainte-Odile, sous son grand feutre montmartrois avec sa « lavallière » et sa canne... Montmartre, l'Alsace, les bois où il était chez lui, comme il est chez lui à Montmartre, comme il est chez lui à Colmar... Triple accoutumance de •T.-J. Waltz dit Hansi. /itk) jfrfj) Ces Alsaciens ne posent jamais aux mousquetaires. La vie quotidienne et mesquine leur fournit assez d'occasions d'héroïsme pour qu'ils jugent inutile de sortir avec un panache et l'Alsace en a tant et tant nroduit des sabreurs; des cavaliers, des généraux, que tout Alsacien est quitte de .poser en matamore devant la postérité. Pui.'r ils ont là-bas le sentiment du pratique. Don Quichotte n'est pas de leur famille.L'Alsace, à qui ta France ne pensait plus, ne pouvait faire la guerre à ses maîtres., elle renonce à la bravade et aux lar^ mes : elle rit. C'est tous les soirs, à la brasserie de Colmar, dans certain cercle que je sais, une avalanche de bons mots et d'anecdotes où le lieutenant raide et foireux, le professeur à lunettes, le kreis director, les faméliques envahisseurs de la riche Alsace, en prennent pour leurs grades respectifs. Hansi a coljitfé la bible des rieurs. — » Comment" r.e se trouva-t-il pas dans l'empire un homme d'esprit, un puissant, intelligent et malin qui pût -.dire aux chiens de garde: «Laissez-les rire... Ils paieront,): ' Non 1 il fut, il est défendu de rire. Cela est défendu aux Alsaciens, mais non aux Bavarois du Simplicissimus ? Qu'est-ce à dire ? sinon la démonstration que l'Alsace qu'on voudrait proclamer germanisée est à jamais l'étrangère à l'empire. ; L'Alsace ne peut être française, ne veut être allemande, elle est alsacienne. Elle lit et relit son histoire ; elle s'y console de son . deuil en puisant dans le passé les plus fermes motifs d'espoir. Fils d'un noble historien de sa petite patrie, Hansi enlumina l'histoire locale d'images gaies, pour qu'elle fût comprise des petits enfants. Ainsi continuait-il l'œuvre paternelle. Mais il n'est pas de besogne plus antigermaine que de conter l'histoire d'Alsace, et les barbares savants ne s'y sont pas trompés. Ils auraient pu jeter Ilansi tout de go en prison. Ils ont d'abord essayé de le salir. > On n'oserait raconter les calomnies dont ils l'accablèrent, qui nous indignent, mais qui firent rire l'Alsace, laquelle n'en est pas encore à adopter les .mœurs de Berlin. Depuis des années, Ilansi tient, tête, sans forfanterie, à l'orage. Je le rencontrai pourtant un jour à Paris : il était fâché ; il voulait envoyer des témoins à un journaliste provocateur prussien qui, vivant à Paris, insultait la France: «Il a dit que j'étais un voleur, que j'avais de mauvaises mœurs, que j'avais assassiné, soit... Tout cela m'est indifférent. Mais il a dit que j'avais un ancêtre prussien ; aussi, je veux le tuer ! » Le sieur Karl-Eugène Schmidt, malheureusement, détalait, pourchassé par e journaliste alsacien Bourson. Depuis, les juges de Leipzig ont insulté Hansi. Voyez-vous ça? Les grands juges i Allemagne injuriant un homme qui détend les souvenirs de sa patrie. < Avec un sentiment très juste, très pratique, Hansi l'Alsacien — il ne faut se faire .uer que quand c'est utile, que quand on a a pas mieux à faire — se dit qu'il n'a pas k obéir à l'arrêt de juges qui se sont, ainsi abaissés. Et. il se doit à son œuvre et aux petits enfants de son Alsace. Il sera le rire — malgré tout — de l'Alsace qu'on bâillonne devant l'Europe indifférente, en attendant le jour de la justice,, qu'on voudrait, qu'on espère quand même voir naître de l'Allemagne elle-même, pour I incomparable gloire de l'Allemagne et. la paix du monde. B03BY —•+> — j In Pays Oémocratique LES ÉLECTIONS DANOISES Le Danemark, ce petit pays dont les îles vertes et fleuries sont comme des nénuphars posés sur la Mer Baltique — ainsi que l'écrivit poétiquement quelqu'un de là-bas — est l'un des pays d'Europe où la démocratie s'est développée le plus sainement.Il en est aujourd'hui à un point très intéressant de son histoire politique et le combat pacifique qui s'y livra ces jours mêmes mérite de retenir particulièrement notre attention à nous, les Belges. Le roi Christian X, qui vint récemment à Bruxelles avec la reine Alexandrine, a dû disscudre le Landsthing, ou Sénat, qui refusait d'accepter la nouvelle Constitution votée par la Folkething, ou Chambre des députés, et convoquer les électeurs de la Chambre Haute à donner leur avis. Ces élections se sont terminées vendredi. Elle® ont eu lieu en trois étapes. Un tiers des électeurs comprend tous les citoyens de 30 ans n'ayant pas été privés de leurs droits politiques ; un second tiers compte les personnes jouissant d'un revenu de 2,000 couronnes (2,800 francs), soit par leur travail, soit par leurs capitaux; enfin, le dernier tiers est pris parmi ceux qui payent des impôts plus élevés. Les classes I et II élisent dés électeurs qui, à leur tour, participent avec la classe III à l'élection définitive; Ce système à deux degrés paraîtra peu démocratique dans un pays qui est incontestablement très avancé et où le Suffrage Universel pur et simple fournit les membres du Folkething ; au demeurant, la situation qu'il a eréée a une analogie évidente avec ce qui s'est passé en Angleterre, où la Chambre des Lords, jadis à l'avant-garde des .idées démocratiques, s'est tout à coup arrêtée, dans son évolution politique et a fait échec à la Chambre des Communes. Il en a été ainsi en Danemark. Le Landsthing, qui, pendant ces derniers vingt ans vota les lois sociales avec la Chambre populaire, a rompu avec celle-ci le jour où cette dernière a voulu abolir les privilèges du Sénat. L'histoire de ceux-ci vaut d'être contée. Une Constitution reposant sur le S. U. fut donnée déjà au peuple danois en 1849, mais en 1866, une réaction se produisit qui accordait à la population aisée de très forts privilège» relativement à l'élection du Landsthing, ainsi qu'on l'a vu plus haut. Ajoutons que le roi y nomme un certain nombre de sénateurs inamovibles : douze exactement. Mais les pouvoirs du roi étant déterminés par la (Constitution, ces nominations se font conformément à l'avis du Gouvernement, et, par conséquent, les élus sont plus ou moins d'opinion démo-cratioue, selon la nuance du .cabinet en fonction. Or, après le pas en arriére de 18G6, la Chambre Basse, le Folkething, reprit la lutte pour revenir à l'égalité politique. Pendant des années, la droite fut majorité au Sénat et la^ gauche maîtresse à la Chambre. De 1885 à 1894, un ministère de droite put gouverner uniquement par la grâce de la Chambre Haute, mais la Démocratie devait enfin triompher en 1901, époque où le roi fit appel à des ministres de gauche. En même temps, la majorité de la droite était petit à petit descendue au Sénat. Lorsque ia récente crise politique se déclara, il y avait 33 réactionnaires et 33 démocrates. Parmi les premiers, il nie reste que trois membres à vie et parmi les seconds il y en a six. Dans ces conditions, la droite du Landsthing se contenta de faire de l'Obstruction lorsqu'on lui présenta le projet d'urne nouvelle Constitution et arrêta le travail parlementaire en ne venant pas aux: séances. Le Sénat, réduit aux 33 membres démoorates, v n'étant plus en nombre, nie put voter l'abolition des privilèges et la formule nouvelle qui donne droit de vote à tous, tout en abaissant l'âge de l'électeur de 30 à 25 ans. On prévoyait pour les élections un déplacement de trois sièges au profit de la gauche. Le résultat des élections a été une victoire démocratique plus grande encore et le Landshing compte dès à présent 38 progressistes et 28 réactionnaires. Le nouveau Sénat votera la Constitution nouvelle, puis les deux Chambres seront dissoutes, et d'après le nouveau régime électoral ou réélira le Landsthing (réunion du Landsthing et du Folkething), qui a/ura à approuver une dernière fois la Constitution. Bref, le Danemark aura les institutions politiques les plus démocratiques de l'Europe entière. * Oui, vraiment, ce petit pavs de Danemark doit nous intéresser, il a tant de points de contact avec nous. Il est peut-être aussi pour nous un exemple et un encouragement. Nous ne pourrions devenir un jour semblable que si nous parvenions à nous débarrasser de l'emprise cléricale. Au point de vue de la politique extérieure, que n'avait-il pas à craindre de deux puissants voisins : l'Allemagne et la Russie ? La première lui enleva déjà jadis les duchés de Schleswig et de Holstein. Sa sécurité relative réside maintenant en ce fait que chacune des deux grandes puissances jalouses accepte volontiers le Danemark affaibli, pour commander les détroits qui mènent de la Baltique à la Mer du Nord, de même que l'Angleterre, la France et l'Allemagne continuent à vouloir, entre elles, la Belgique indépendante. La population du Danemark est d'un peu plus de trois millions d'habitants, et encore faut-il lui compter ceux des Iles Féroé,, de l'Islande sauvage et du Groenland giacé, restes d'un vaste empire qui, avant 1814, comprenait, encore la Norvège, mais que les guerriers danois, les Vikings fameux, avaient voulu étendre par la force de leurs armes jusqu'en Angleterre et en France, avant l'an 1000. Or, ce peuple, comme nous, encore que par d'autres moyens, a conservé dans le sang et dans le cerveau le besoin ardent de la liberté, de la justice et de l'égalité. Les Danois sont restés tels que furent leurs énergiques ancêtres,' et l'activité, le courage la persévérance que ceux-ci employèrent dans leurs entreprises guerriè res. ils les consacrent maintenant à développer parallèlement chez eux le commerce et l'industrie, les lettres et les sciences. L'instruction et l'éducation physique sont les bases mêmes de l'essor merveilleux de la nation. Elle ne peut concevoir un peuple ignorant et une race affaiblie. Ils nous considéraient avec une stupéfaction non feinte lorsque nous leur disions qu'il y a encore dans l'Europe centrale des peuples qui se refusent à vouloir l'instruction obligatoire.En Danemark, terre de prairies et de champs, l'industrie commence seulement à s'épanouir réellement. Les quatre dixièmes de la population sont agricoles. Celle-ci cultive 75 p. c. de la superficie du royaume, mais son labeur est intelligent. Là-bas, les paysans sont instruits. I's sont du reste presque tous propriétaires de la terre qu'ils arrosent de leur sueur. Sur 250,000 biens-fonds, 212,000 appartiennent à l'exploitant, L'Etat, par des prêts, notamment, encourage la création des fermes moyennes. Instruit et actif, l'homme des champs a la fierté de sa tâche. Il se penche pendant les heures favorables sur le sol nourricier. Il se repose' les beaux soirs d'été en con-i templant un ciel admirable où l'aube surgit «ilors que le crépuscule s'est à peine éteint. Et pendant le long hiver, il s'instruit sur les choses et les gens ; il n'a pas besoin d'apprendre à connaître son pays, on lui enseigna dès l'école ce qu'il fut et ce qu'il doit être un jour, mais il s'intéresse aux découvertes du siècle et de l'année, à l'histoire des nations et aux hommes d'ailleurs dont les noms lui deviennent familiers. Il connaît la littérature française et l'admire, mais cela ne l'empêche pas d'aimer son grand poète Drackmann, qui écrivit des chefs-d'œuvre et de se remémorer les récits légendaires de l'époque héroïque danoise qu'Andersen a popularisée dans ses contes. Les plus anciennes familles s'honorent d'être des agriculteurs et se font appeler « les grands paysans »: L'industrie des métiers occupe aujourd'hui 31 p. c. de la population. Notez que l'agriculture danoise est elle-même indus-' trialisée grâce â un esprit corporatif très développé et elle a abouti à la création de multiples organismes coopératifs ayant à leur service la technique et la science. Mais je veux parler de l'industrie proprement dite : celle du ciment, du sucre, de la margarine, de la porce'aine, des chantiers maritimes, des constructions mécaniques, de l'industrie du bâtiment, du vêtement, de l'alimentation, du bois, du verre, de l'industrie textile, ote. Elle occupe 87,000 exploitations et 250,000 ouvriers. Là encore, le facteur instruction est intervenu admirablement. Après l'école primaire, l'ouvrier est passé par les écoles techniques et professionnelles. Il connaît son métier, et, sans échapper aux luttes industrielles qui secouent les autres pays, il est apte à discuter avec son patron les conditions loyales d'un contrat de travail, s'appuyant sur un régime de statuts volontairement consentis. L'Etat fait régler les différends par une cour d'arbitrage et un conseil de conciliation en cas de grève ou de lock-out. Notez que la Confédération danoise des Patrons est peut-être la plus puissante au monde parmi les organismes de ce genre : mais ses décisions se pénètrent toujours d'un esprit très net de justice et d'humanité, qui profite du reste "à l'une et l'autre partie. ^ La caractéristique du régime danois est l'application étendue des contrats collectifs à longue échéance, discutés soigneusement entre les patrons et les associations ouvrières qui, elles aussi, sont puissantes et se réunissent ep une grande Association centrale. Tout ceci devait être dit pour expliquer l'atmosphère démocratique du Danemark et pourquoi dans les villes où se réunissent les quatre dixièmes de la population — Copenhague, à elle seule, avec ses faubourgs, compte 600,000 habitants — il n'y a pas de miséreux. Il ne peut y en avoir, le paysan, l'ouvrier et le bourgeois ayant l'un vis-à-vis de l'autre une juste considération, n'ayant pas été élevés dans une haine réciproque, mais sachant, au contraire, que tous ont une place nécessaire dans la nation. Le capital n'exploite pas le travail ; il collabore avec lui. La femme elle-même a participé à l'évolution.On n'a pas cru devoir la tenir à l'écart des . préoccupations industrielles et même ' Feuilleton du Journal de Gand 138 LA VOLEUSE DE BONHEUR ; GRAND ROMAN DRAMATIQUE fAH ï LEON SA.Z1E PREMIERE PARTIE Le Martyre de Lucienne ' r- »ra V0U|U- a tenu' et fut oeiU! du cinquième acte de l'Ambigu, un viï, , nies dont tout le bénéfice re-V»H à la mère. — Maltie- Guérinard devait triompher. rait ri~esiÂu^re m,aît,re Guédnard au-i« 11 nutre "-voué, son adversaire, «•a., ■? pour nous trahir qu'il aurait /jaa été mieux servi. lempn? !nî^S' cllère amie' j'étais tel" ne lu gn6' fu'rieux après lui que je >, J caché ma faÇ°n de penser. | il en était devenu vert. renf et Ja marquise *3 Jamentè- nt encore un bon moment. toiw ^Jl^^136 déclaré que tfraine JU1 causaient une mi graine atroce, elle fit hâter le re™* ^oulant aller *e coucher le plus tôt pos- Armand était revenu avec son beau frère Elme de Caussiel. 11 n avait pas voulu l'abandonner, fai ble comme il le voyait, et s'était fait ui devoir de le reconduire jusque chez lui. Simone fut emmenée par son institu trice. Cependant, comme l'Anglaise allait re monter en voiture,. Emilienine s'avança e oit : — Je vous' accompagne, miss. — Bien, mademoiselle, répondit l'An glaise très calme. Néanmoins, elle s'étonnait de cette déci sion soudaine de la jolie rousse. , Celle-ci lut dans les yeux de l'Anglaise l'étonnement provoqué par ces paroles. Elle s'expliqua. Ou, plutôt, elle essaya de donner un< explication. — Simone, dit-elle, est très fatiguée.. Peut-être aurez-vous besoin tout à l'heun du secours de quelqu'un, en attendant h retour de son père. » J'aime autant être là pour vous aider L'Anglaise n'avait pas à formuler d'ob jeetion. Elle s'inclina. LinLliienne monta dans le coupé du capi taine et prit Simone sur ses genoux., L'Anglaise s'assit à côté d'elle. Dans un autre coupé suivait Maurk* Saint-Ralliez, obéissant à un signe de i sœur et ne comprenant pas encore lui-/ me la raison de cette soudaine décision dfl jolie rousse, qui ne lui avait, aupara-Sn' aucunement fait part d'intention pareil. Il ordonna à son cocher de suivre lx- coi pé qui emportait Emilienne. — Evidemment, se diit-iï, elle doit av< un plan... un projet... Suivons-la... me donnera, en temps voulu le renseignements nécessaires. Maurice connaissait les façons d'agir de ea sœur. Il ne s'inquiéta donc .plus de son signal et alluma un cigto. Le cigare n'était ptfs l'ini que son* cocher i s'arrêtait devant la griihle du petit hôtel diu capitaine de Ma^ney. Maurice sauta df voiture. Il vit Emilieniwr' traverser le petit jardin.I Elle tenait SiJ :-ne par la main et la conduisait. L'enfant, tqr ours dans son rêve... dans sa folie... cv liait des fleuns pour sa mère. ; Maurice 1 .ssa Emilienne et miss Samp-son s'occu' . de l'enfant. . Il se rer it au fumoir du capitaine. Emiiier j - ne tarda as à le rejoindre. — Qu' -t-ce qu'il y a? lui demanda-t-il ? dès qu'/ ? parut. La ]| î rousse, avant de répondre, d'un rapidfp up d'œil alla s'assurer que les : porte/ étaient, fermées... que dans les i cha^ es voisines aucune oreille ne devait, nej .vait l'entendre. ' 3 elle revint à son frère, qui la regar-"fr aller et venir, silencieux, mais in-( i. f i; savait qn'Emilienne ne faisait ri.a qui l'eût son utilité. VA tant, de précautions annonçaient qnel-■ne révélation importante. Emilienne, enfin, s'approcha de lui. — Mon cher, dit^elle, le renvoi de ce divorce nous tue. — Non. — Si. — Un simple retard.. . — C'est que tu ne sais pas 1 — Quoi donc encore ? — Il est une chose épouvantable qni mènera notre ruine. — Laquelle ? — Si d'ici cina mois, quatre mois, trois mois... même... le divorce diu capitaine et de sa femme n'est pas prononcé... »Si dans cet espace de teinps... je ne suis pais devenue la comtesse de Magney. nous sommes peroqs... entends-tu ?...•■ perdus irrévocable nijeûit. —»Tu me fais peur. En effet, Emilienne disait cela sur un ton étninemriient farouche. — Tu as peur? rugit-elle. Ah! il y s vraiment de quoi.! »Si dans ces quelques mois, ces quelques semaines dont je parle,, je ne suis pas ici, dans cette maison, une maîtresse absolue, nous n'avons plus qu'à plier bagage... et prendre le bateau vers une destination inconnue. » Nous aurons perdu ici notre temps. » Il nous faudra tout recommencer ailleurs.— Mais pourquoi ? — Parce que je sais que nous sommes perdus. — Par quoi ? — Par mon enfant!... XXXVIII LE CIEL DEJOUE LES PLUS ADROITS COMPLOTS Maurice, a la terrible révélation de sa sœur, demeura un moment abasourdi... ne trouvant pas un.e parole à répondre, ne comprenant p'as, d'ailleurs, très clairement, ce dont voulait parler Emilienne. — Ton enfant ! fit-il, quel enfanit ? —- Celui qui va naître... Je vais être mère. — Toi? — Oui, moi, mon ami... C'est un désastre...Maurice ne le voyait que trop. Il voulut s'empoîter, accabler sa sœur de reprocheiB. Mais elle l'interrompit. — Assez d'imprécations, Lui dit-elle. Tout oe que tu peux me dire, je me le suis déjà dit... »La plus ennuyée, c'est moi. — Ah! nous n'avions pas besoin de cette complication, fit douloureusement Maurice.— Assurément, non!.,. Aussi, tu comprends mon désespoir quand j'ai eu connaissance du jugement. — C'est notre ruine, tu le disais bien. — Aussi, ai-je voulu t'en parler immédiatement. .. te prévenir-. — Tu as bien fait. — Il faut aviser au plus vite. — Nécessairement. .— Prendre une décision quelconque... arrêter un plan rapide et sût--.. » Enfin, il faut nous tirer de ce mauvais pas. — Donne-moi une heure pour réfléchir. — Trouve un moyen... moi, je chercherai de mon côté. — Nous réunirons les deux idées... — Pour le moment, và-t'en... Fais comme si' je ne t'avais rien appris. » J'entends une voiture; ce doit être celle du capitaine. Emilienne courut à la croisée. Elle souleva les rideaux et regarda. — Oui, dit-elle, c'est lui. » J'aime autant me trouver seule avec lui. »Ga-t'en.... Qu'il ne croiç pas que tu pars exprès quand il arrive. » Il doit être dans un état de surexcitation extraordinaire après cette séance. » J'ai besoin de lui parler, de le ressaisir en entier, — A un moment donné, en effet, il m'a semblé trop sensible. — Lucienne aurait, j'en air peur, for! peu à faire, aujourd'hui, pour se faire écouter....» Pour devenir, à son tour, ma voleuse de bonheur ! Maurice comprenait sa sœur. — — Je me sauve, dit-il, ie m'en vais... Je te laisse seule avec lui.- "Reviens bientôt nie rejoindre à la maison.— Dans une heure au plus tard... Nous n'avons pas de temps à perdre... Maurice croisa le capitaine dans l'escalier.— Comment, vous partez, mon cher ami ? lui dit Armand. Vous parlez au moment où j'arrive ? — Excusez-moi, mais j'ai une course pressée, une visite indispensable. — Vous êtes tout excusé, quoiqu'en cette soirée pénible, j'eusse été heureux de me sentir entouré nnr des aifeclions sincères. — Emilienne vous attend, répondit Maurice. Puisque vous avez bccoin -i affection, vous n'en j>ouvez désirer de plus tendre, de plus dévouée. — En effet... Je cours retrouver Emilienne et vous laisse aller, alors, avec un regret moindre. Quelques instants plus lard, Armand pénétrait dans le petit s-alon où se trouvait Emilienne. Il trouvait la jolie rousse tout en pleurs. Aussitôt, il fut lui-même en alarmes. — Qu'avez-vous, ma chère Emilienne ? demanda-t-i.l, lui prenant les mains et les serrant tendrement dans les siennes. — Ah ! mon ami, répond't ce!ile-ci l'air navrant, mon cher Armand, celte journée est pour pous Te commencement d'un malheur épouvantable. — Vous m'effrayez ! — C'est notre dernière journée de bonheur achevée... » A présent, voici venir 1. larmes, les pleurs, la séparation éternelle. — Que signifie ce lange ? s'écria Armand. • Que parlez-vous de pleurs, de séparation? — Hélas !..{j'en suis frappée... j'en mourrai !... (A suivre)

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Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

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